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En pratique, cela donne naissance soit à des mouvements plutôt radicaux qui réclament le
respect absolu de la vie animale soit à des mouvements plus modérés qui acceptent
l’utilisation de l’animal par l’homme mais demandent l’usage du maximum de respect
possible à son égard.
Cette dernière vision me semble plus compatible avec le stade d’évolution actuel de
notre société mais, qui sait, peut-être que, dans le futur, quand nos enfants regarderont en
arrière, ils se désoleront de l’exploitation actuelle que nous faisons subir aux animaux au
même titre que l’esclavage des noirs ou l’oppression des femmes, eux aussi pendant un
temps considérés comme « inférieurs ».
Mais laissons l’avenir nous montrer ce qu’il adviendra et penchons-nous à présent, à
travers quelques exemples, sur les problèmes que cela soulève dans la société actuelle et
envisageons quel peut être le positionnement éthique du vétérinaire face à de telles réalités.
Nous sommes donc confrontés à l’exploitation d’êtres sensibles et intelligents, même
si potentiellement différents de nous, et cela dans le seul but de satisfaire nos besoins
(justifiés ou non), que ce soit en termes d’aliment, d’outil de travail ou d’objet de compagnie
et de loisir. Il apparaît évident que l’éthique a un rôle primordial à jouer dans cette situation et
c’est en son nom que, depuis toujours, et de plus en plus, des personnes se sont émues du
sort des animaux et ont mené des mouvements aussi variés que ceux de la protection et du
bien-être animal, de l’antispécisme ou encore du végétarisme.
Ce dernier a été soutenu par de nombreuses personnalités illustres telles que
Léonard de Vinci, Albert Einstein, Ghandi, Marguerite Yourcenar ou encore Peter Singer et
Paul Mac Cartney. Il découle directement du fait de disposer du droit de vie et de mort sur
les animaux.
C’est aussi cette question qui entre en jeu lors de l’épineux sujet qu’est l’euthanasie,
tellement controversé quand il s’agit de la vie humaine ; or le débat peut s’étendre aux
animaux si on les considère comme nos égaux. Cependant, en tant que vétérinaires, nous
sommes à même de dire qu’elle est une avancée dans le sens où elle peut soulager l’animal
d’un mal incurable ou insupportable ; encore faut-il que ce soit effectivement non acceptable
pour lui et non pour le propriétaire. C’est là que la position du vétérinaire peut s’avérer
délicate : faire la part des choses entre l’éthique animale et les bons vouloirs du client. C’est
le cas quand celui-ci, par exemple, demande une euthanasie de convenance, c'est-à-dire
non justifiée par des raisons médicales. Parfois, face à des situations de grande misère
humaine, il est difficile de faire la part des choses, et c’est là que le vétérinaire doit se
rattacher à ses valeurs éthiques personnelles afin de décider quoi faire et pouvoir agir, en
paix avec lui-même et de la façon la plus appropriée possible.
Notre code de déontologie peut nous guider, mais dans certains cas bien particuliers,
seule l’éthique peut venir à notre secours et nous permettre de trancher pour la situation qui
nous paraît la plus juste ou tout au moins la plus acceptable dans ce cas précis.
Le vétérinaire se doit aussi d’être acteur des réflexions concernant le bien-être
animal : en matière d’élevage par exemple, il a un rôle de conseil à jouer au quotidien, mais
il se doit aussi d’agir en amont pour, sans cesse, adapter et améliorer les lois, les normes et
les standards, tant au niveau français qu’européen.
Là encore, c’est d’une manière générale mais aussi dans les cas particuliers, que
l’éthique prend tout son intérêt : que dire de l’abattage rituel où l’implication sociétale d’une
minorité et les enjeux économiques entrent en conflit avec une ligne de conduite considérée
comme appropriée par une majorité ?