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Les limites du
ratio Bâle II
Table des matières
I.
Introduction ............................................................................................................... 3
II. De Bâle I à Bâle II........................................................................................................ 4
A.
Présentation du ratio Bâle I................................................................................................................................ 4
B.
Les limites du ratio Bâle I .................................................................................................................................... 5
C.
Le ratio Bâle II .......................................................................................................................................................... 5
1.
Pilier 1 : l’exigence de fonds propres (ratio Mc Donough) ...................................................................... 6
2.
Pilier 2 : la procédure de gestion des fonds propres ................................................................................... 7
3.
Pilier 3 : la discipline des marchés (transparence de l’information) .................................................. 7
III. Les limites du ratio Bâle II ........................................................................................... 8
A.
Une application à l’unique échelle européenne ......................................................................................... 8
B.
Le principe de procyclicité.................................................................................................................................. 9
C.
L’impact des normes IFRS................................................................................................................................. 11
D.
L’insuffisance du ratio Mc Donough ............................................................................................................. 12
IV. De Bâle II à Bâle III.................................................................................................... 14
A.
Récapitulatif des différents ratios « Bâle »................................................................................................. 14
B.
Ce que Bâle III pourrait apporter comme modifications ..................................................................... 14
C.
Difficultés intrinsèques au système bancaire et au ratio Bâle III ..................................................... 16
V. Conclusion ............................................................................................................... 18
VI. Sources .................................................................................................................... 19
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I. Introduction
La régulation du système bancaire international est un enjeu clé du maintien du système
économique, bancaire et financier mondial. La récente actualité nous montre clairement que
les politiques actuellement en œuvre sont insuffisantes, puisque aujourd’hui certains parmi
les plus pessimistes craignent l’effondrement du système bancaire et la contamination à
l’économie réelle.
Dès lors, il paraît intéressant de s’interroger sur les limites du ratio de solvabilité actuel des
banques, le ratio Bâle II. En effet, ce ratio qui est appliqué de manière intégrale depuis moins
de 4 mois montre déjà des signes de défaillance.
Après avoir expliqué le cheminement qui à amené à la création du ratio Bâle II et présenté ce
dit ratio, nous en étudierons ses limites afin de réfléchir sur les éventuels axes de
développement de son successeur : le ratio Bâle III.
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II. De Bâle I à Bâle II
A. Présentation du ratio Bâle I
Le comité de Bâle a été créé par les gouverneurs des banques centrales du G 10 en 1974,
avec pour objectif primaire l'amélioration de la stabilité du système bancaire international,
lui-même garant de la stabilité d'un système financier de plus en plus internationalisé. Ce
processus de stabilisation du marché bancaire s’inscrit dans un contexte de mondialisation
de l’économie, augmentant de fait l’importance de l’impact d’une faillite sur le système
monétaire.
S'agissant dans un premier temps de limiter le risque de faillite, le Comité se concentra sur le
risque de crédit.
Lorsqu'une banque subit des pertes sur les crédits accordés, elle ne peut couvrir ces pertes
qu'en consommant son capital. Lorsque tout le capital est consommé, la banque commence
à consommer les capitaux déposés ou qui lui ont été prêtés et est en état de faillite virtuelle.
L'approche du Comité a donc été de fixer une grossière approximation (très conservatrice)
du risque crédit global en pourcentage du portefeuille de crédit en général, et d'utiliser ce
pourcentage pour fixer le minimum de fonds propres à adosser aux crédits.
Concernant le risque crédit, le ratio Cooke fixe un ratio de solvabilité à 8% des capitaux
propres. Autrement dit, la banque peut prêter jusqu'à ce que ses capitaux propres
représentent 8% de la somme globale prêtée.
Cependant, chaque type de prêt était soumis à une pondération en fonction du type de
l’emprunteur. La pondération était la suivante :
–
Crédits garantis par hypothèque = 50%
–
Crédit Etat non OCDE + contrepartie bancaire = 20%
–
Etat OCDE = 0%
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B. Les limites du ratio Bâle I
Dans ce ratio, seul le risque crédit était pris en compte. Or l’affaire Kerviel nous montre
clairement que les risques opérationnels et de marché sont eux aussi très importants.
De plus, le fait de limiter la capacité de prêt entraine les banques à devoir optimiser la
rentabilité de leur portefeuille. Elles vont, pour ce faire, sortir de leur portefeuille de
créances, les prêts ayant un faible taux de rentabilité ainsi qu’un faible risque, de façon à ne
garder en portefeuille que les créances au plus fort taux de rentabilité. Ainsi elles optimisent
la rentabilité de leur capacité de prêt.
Enfin, la pondération des crédits ne se faisait qu’en fonction du type d’acteur ou du type de
garantie couvrant le prêt (cf. ci-dessus). Cette approche n’était pas assez personnalisée pour
réellement couvrir et surtout estimer les risques liés aux prêts. En effet, la notion de qualité
de la signature de l’emprunteur n’était pas prise en compte (ou tout du moins de manière
très simpliste) et ce n’était pas les banques qui décidaient de la pondération de leurs lignes
de crédit alors qu’elles sont les plus à mêmes de qualifier la qualité de la créance et le risque
qui s’y attache.
C. Le ratio Bâle II
Le ratio Bâle II fût une réponse directe aux lacunes du ratio Bâle I. Sa mise en place se
déroula en 5 étapes :
•
26 juin 2004 : Date à laquelle les recommandations de Bâle II ont été publiées.
•
1 janvier 2006 : Les banques ont commencé à calculer leur pondération de risque
avec les deux ratios afin de pouvoir s’adapter à ce nouveau ratio.
•
14 juin 2006 : Bâle 2 est adoptée par la commission Européenne (directive CRD).
•
1 janvier 2007 : entrée en vigueur du ratio Bâle II avec le système de pondération IRB
(internal rating based)
•
1 janvier 2008 : Mise en place du système de pondération avancé AIRB (advance
internal rating based)
Ce ratio apporte un certain nombre de nouveautés afin de répondre aux attentes des
acteurs du secteur. Son application est basée sur 3 piliers :
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1. Pilier 1 : l’exigence de fonds propres (ratio Mc Donough)
Ce premier pilier concerne la gestion des risques bancaires. Il substitue au ratio Cooke le
ratio Mc Donough. Ce ratio introduit la prise en compte de nouveaux risques. En effet, en
plus du risque crédit,, il comprend le risque opérationnel et le risque de marché.
Définition du risque opérationnel :"risque de pertes provenant
ovenant de processus internes
inadéquats ou défaillants, de personnes et systèmes ou d'événements externes"
Définition du risque de marché :"risque
"risque corrélé au marché. Il est dû à l'évolution de
l'ensemble de l'économie, de la fiscalité, des taux d’intérêts, de l'inflation
inflation... Il affecte plus ou
moins tous les titres financiers. On l'appelle également risque systématique.
Le taux du ratio Mc Donough reste de 8% des capitaux propres, cependant celui-ci
celui doit
couvrir deux risques supplémentaires réduisant l’importance du risque crédit. Afin de
contrebalancer la baisse de la prise en compte du risque crédit, laa banque peuvent
désormais pondérer leurs prêts en fonction de chaque client. Cela
Ce réduit le montant
nécessaire pour couvrir le risque crédit.
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2. Pilier 2 : la procédure de gestion des fonds propres
Le pilier 2 introduit au sein des banques un processus
processus de surveillance et d’estimation des
risques encourus par la banque.
banque En effet, afin de pouvoir pondérer les différents risques, la
banque doit mettre en place un processus de contrôle interne visant à estimer et quantifier
chaque risque. Ce processus interne de contrôle est lui même contrôlé par l’A.M.F. Le pilier 2
a pour but de renforcer le pilier 1 en assurant
assurant une bonne estimation et une bonne
pondération des risques
3. Pilier 3 : la discipline des marchés (transparence de l’information)
Le pilier 3 vise à améliorer la transparence de l’information. En effet, le but est que tous les
analystes financiers puissent être à même de juger les actifs des banques, leurs
appréciations des risques.
De plus, tout comme pour les normes I.F.R.S.,, le but est d’harmoniser l’information
financière
nancière dans le monde répondant aux besoins des investisseurs devenus aujourd’hui
mondiaux.
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III. Les limites du ratio Bâle II
Malgré son jeune âge, le ratio Bâle II présente déjà des signes de faiblesse. L’actualité nous
le montre, la gestion des risques bancaire est encore loin d’être résolue.
Appliqué dans son intégralité depuis le 1 janvier 2008, le ratio Bâle II présente de
nombreuses faiblesses telles que :
•
L’application uniquement à l’échelle européenne
•
Le principe de procyclicité
•
L’impact des normes I.F.R.S. sur ce ratio
•
Les différents problèmes d’évaluation des risques
•
L’insuffisance du ratio Mc Donough pour la couverture des risques bancaires
A. Une application à l’unique échelle européenne
Tout d’abord, l’application même de ce ratio est une limite à son bon fonctionnement. En
effet, le ratio Bâle II n’est actuellement appliqué qu’en Union Européenne. Cette application
restreinte nuit à son bon fonctionnement et va à l’encontre du pilier 3. De plus, se pose un
problème de coût de l’évaluation des risques pour les banques européennes ayant des
filiales aux Etats-Unis. Ces banques doivent effectuer une double évaluation, plus coûteuse
et créatrice d’erreur d’appréciation.
De plus, pour vraiment fonctionner et ainsi présenter de façon juste et égalitaire les
établissements financiers mondiaux. Ce ratio dit être appliqué dans le monde entier.
Concernant les Etats-Unis, le ratio Bâle II ne sera appliqué que dans 14 établissements
financiers et son application risque de se faire attendre encore quelques années.
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B. Le principe de procyclicité
est le principe qui amène au Credit
Cre Crunch. Ce principe consiste en le fait que les banques
C’est
ayant la possibilité
té de pondérer elles-mêmes
elles
leur risque de crédit vont avoir tendance, en
fonction de la conjoncture, à accentuer l’effet de la conjoncture sur les politiques de crédit
des banques.
Voici deux
ux schémas qui illustrent ce mécanisme en période de croissance et en période de
récession :
Prenons l’exemple d’une période de forte croissance. De part la croissance économique, les
particuliers vont épargner et les entreprises vont investir. Ces investissements vont réclamer
plus d’obtention de crédits, crédits que les banques vont accorder. En effet, les projets des
entreprises ont de l’avenir et risquent de générer de fortes plus values pour l’entreprise
comme pour les banques.
Les banques ayant de fortes chances de récupérer l’argent prêté, étant donné l’activité
économique et l’amélioration de la qualité de la signature des emprunteurs, vont soussous
pondérer le risque crédit de chaque prêt.
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Tout ceci va engendrer une diminution des capitaux propres nécessaires à la couverture du
risque crédit. Les banques ne vont donc pas atteindre leur limite de crédit
crédi à accorder du fait
de la sous-pondération
pondération du risque et vont pouvoir ainsi accorder de nouveaux crédits. L’effet
direct de l’augmentation des crédits accordés va être un développement de l’économie.
Ainsi nous sommes en présence d’un cercle vertueux.
vertue
En période de récession le cercle vertueux devient un cercle vicieux et le processus s’inverse.
En effet, les banques ayant sous pondéré leur risque crédit vont se trouver en insuffisance
de capitaux pour couvrir le risque crédit. Etant
Etant en sous capitalisation elles
elle sont alors
confrontées à 2 choix :
•
Augmenter leur capital
•
Diminuer le nombre de crédits
crédit octroyés
Une augmentation de capital étant onéreuse et difficile en période de récession
économique, la banque va plutôt opter pour un raffermissement de ses politiques de crédits.
Dans les pires cas, et c’est le cas aujourd’hui, les banques subissent de lourdes pertes et
leurs garanties censées couvrir les prêts perdent de la valeur. Ainsi, les banques se
retrouvent à cout de liquidité et
et perdent confiance entre elles. Le marché interbancaire se
trouve directement affecté par cette crise de confiance, les banques se prêtent
prête moins et
accordent moins de crédit. Nous voilà en présence de ce que l’on appelle un Credit Crunch,
phénomène redouté et ayant un impact très néfaste sur l’économie. Les banques ne prêtent
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presque plus car elles sont à court de liquidité. Ce disfonctionnement du système bancaire
entraine un disfonctionnement de l’économie et donc une récession plus importante !
C. L’impact des normes IFRS
Dans un contexte bancaire et financier tendu, il convient de s’interroger sur l’influence de
l’application des nouvelles normes comptables sur les acteurs du secteur bancaire, déjà
soumis à l’application des normes Bâle 2.
Le principe général des normes IFRS est la valorisation à la « juste valeur » des postes du
bilan, en remplacement du principe des « coûts historiques ». En effet, la « juste valeur » est
censée représenter la valeur de marché, en opposition à la valeur comptable des actifs (prix
d’acquisition initial – amortissements – valeur nominale des dettes).
Il découle de ce principe une série de difficultés. Tout d’abord, il est difficile d’évaluer
certains actifs, notamment les produits dérivés. En effet, il existe différentes méthodes de
valorisation de ces titres complexes. De plus, afin de comptabiliser à la « fair value » les
dettes et engagements financiers dans le bilan, il convient d’actualiser les flux futurs mais il
faut alors choisir le taux d’actualisation à appliquer et il existe différents taux avec des
performances allant du 4-5% pour le taux monétaire à 15-20% pour le taux de rentabilité des
fonds propres, sans oublier le WACC.
L’autre grand principe des normes IFRS consiste à passer les variations des postes du bilan
en produits et en charges. L’impact sur le résultat peut être tel qu’il peut fortement
déformer la performance réelle de l’établissement au cours de l’exercice ainsi que sa
rentabilité.
L’un des objectifs principaux de ces normes était d’introduire un meilleur accès à
l’information financière pour les investisseurs afin que ceux-ci aient une meilleure
appréciation des comptes. La réalisation de cet objectif s’est traduite par un plus grand
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volume d’informations communiquées. En conséquence, l’investisseur est noyé dans la
masse d’informations détaillées et n’arrive plus à avoir une visibilité d’ensemble.
Enfin, le principe de « fair value » agit sur les bilans des établissements bancaires en les
rendant instables. Cela peut fragiliser les banques, qui peuvent se retrouver en déficience de
fonds propres à la suite d’une dépréciation d’actifs ou d’une perte significative. Néanmoins il
est possible de préciser qu’un délai supplémentaire à été accordé aux établissements
bancaires quant à l’application de ce volet des normes IFRS afin de justement éviter une trop
forte volatilité des fonds propres et des résultats.
D. L’insuffisance du ratio Mc Donough
La crise des Subprime et l’affaire Kerviel à la Société Générale ont mis en avant la défaillance
du système bancaire et financier à couvrir les risques au sens large. La prise en compte des
trois risques (crédit, marché et opérationnel) dans le ratio Mc Donough semble pertinente
dans la mesure où les nouveaux enjeux du système financier comportent des risques à
l’échelle internationale ainsi que de nouveaux types de risques jusque-là non appréhendés.
La contrainte réglementaire de 1,5% de fonds propres pour les risques opérationnels et de
marché a d’ores-et-déjà été prouvée inefficace. En effet dans l’affaire de la Société Générale,
les seuls agissements d’un trader et son exposition sur les marchés ont largement montré
l’insuffisance de Bâle II pour ces deux types de risques.
En ce qui concerne le risque de crédit, la contrainte réglementaire de 6,5% de fonds propres
peut être interprétée de deux manières. En effet elle peut être considérée comme
insuffisante au vu des massifs défauts de paiements des particuliers américains engagés sur
les crédits hypothécaires à risque dits Subprimes. D’un autre côté, l’octroi massif de crédits
Subprime sans analyse suffisante du risque de contrepartie de l’emprunteur n’a été possible
qu’avec le recours massif des banques à la titrisation et la revente des dérivés de crédit sur
les marchés financiers. Ainsi il devient possible de s’interroger si l’exposition importante au
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risque de crédit des banques n’est en fait qu’un problème de titrisation et non pas de ratio
prudentiel !
En outre, le problème majeur du choix de la méthode d’évaluation des risques repose sur la
complémentarité des dispositifs internes et externes à la banque. En effet, le dispositif
avancé de Bâle II est un pas en avant vers une plus grande implication des banques ellesmêmes dans leur contrôle. Néanmoins ce système ne peut en aucun cas fonctionner sans le
contrôle externe des autorités réglementaires comme l’AMF en France. La défaillance de la
Société Générale est un exemple précis de la non-efficacité de la gestion des risques en
interne. En effet, malgré les nombreuses alertes, l’ensemble de la structure n’a pas su lutter
en interne contre les défaillances commises. Est-il donc si pertinent de s’orienter vers une
plus grande manœuvre de liberté pour les banques quant à la gestion de leurs risques ?
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IV. De Bâle II à Bâle III
A. Récapitulatif des différents ratios « Bâle »
B. Ce que Bâle III pourrait apporter comme modifications
Bâle III est une réforme nécessaire au système du risk management bancaire. En effet, nous
avons pu voir, notamment avec la Société Générale, que les différents risques (marché et
opérationnel principalement) n’étaient pas tous bien couverts.
Ainsi, plusieurs réformes, ajouts ou modifications commencent à se distinguer afin de
prévenir le mieux possible les banques des différents risques.
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L’une des modifications qu’apporterait le ratio Bâle III serait la mise en place d’un
système de notation pour toutes les créances de la banque, permettant ainsi une
meilleure appréhension du risque.
L’un des autres points importants serait l’augmentation du ratio de solvabilité. Il est
actuellement calculé de la manière suivante :
é
8%
é é é
Le risque de crédit doit représenter à lui seul 6,5% des réserves de fonds propres
tandis que les risques de marché et opérationnel doivent représenter eux deux, 1,5%.
Il semble donc nécessaire, aux vues des événements récents, d’augmenter la réserve
réglementaire de fonds propres aux environs de 10%, en gardant un risque de crédit
à 6,5% mais avec une répartition plus importante pour le risque de marché et
opérationnel (environ 2% chacun).
Le calcul du capital économique des banques est une autre manière de limiter le
risque de celles-ci. En effet, cela consiste en une exigence au niveau des fonds
propres nécessaires en fonction du rendement. Un tel ajout permettrait une prise en
compte plus spécifique sur la totalité du portefeuille.
Il est également question de laisser aux banques le choix d’utiliser leur propre
modèle de gestion du risque crédit. Cela autoriserait les banques à une plus grande
liberté d’action et surtout à une plus grande facilité d’implantation dans leur
système actuel. Cependant, il faut, afin d’éviter des situations comme celle des
Subprimes où les banques n’ont pas voulu se prémunir contre un risque important,
que les banques prennent conscience des problèmes engendrés par une trop faible
aversion au risque. Le régulateur ne servirait ici qu’à valider le modèle proposer par
la banque.
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Pour résumer, il est essentiel que le ratio Bâle III pousse les banques à maitriser
l’exigence globale en fonds propres afin de s’assurer de la stabilité du système
bancaire.
C. Difficultés intrinsèques au système bancaire et au ratio Bâle III
La mise en place du ratio Bâle III pose déjà des problèmes d’importances différentes.
L’Europe applique le ratio Bâle II depuis 2006 et, déjà, l’on commence à entrevoir une
nouvelle modification de celui-ci pour 2011 ou 2012. Les Etats-Unis ne vont, quant à eux,
adopter le ratio Bâle II qu’en 2010, soit un ou deux ans avant l’arrivée de Bâle III en Europe.
Il parait donc indispensable de coordonner l’arrivée du ratio Bâle III en Europe et aux EtatsUnis au même moment afin d’éviter une gestion des risques à deux vitesses.
Alors que les Etats-Unis pensent adopter les normes internationales IAS-IFRS en
remplacement des US-GAAP, une harmonisation totale des différentes normes serait
véritablement bénéfique afin d’assurer une certaine stabilité du système bancaire mondial.
Se pose ensuite le problème de la procyclicité. Comme nous l’avons expliqué, la procyclicité
ne peut pas forcément être évitée ni contournée efficacement. Il faudra donc une attention
particulière à cette variable afin de limiter les risques.
L’adoption du ratio Bâle III créerait un alourdissement des exigences vis-à-vis des banques
puisque celles-ci devraient consacrer une plus grande partie de leurs fonds propres à la
garantie des différents risques. Le ratio obligera intrinsèquement les banques à une
surveillance accrue de leurs portefeuilles de risques corporate, souverains et interbancaires.
La mise en place du choix du modèle de gestion des risques par les banques constitue une
obligation pour les banques d’être totalement transparente vis-à-vis des actionnaires, des
salaries et du régulateur puisque c’est ce dernier qui validera ou non le modèle.
16
Enfin, il faut préciser que certaines de ces mesures – comme le système de notation des
créances – peuvent être assez complexes à mettre en place et nécessitent un certain
nombre de modifications dans la gestion du risque au sein des banques.
Ainsi, le ratio Bâle III apportera des règles très importantes afin de palier aux limites du ratio
Bâle II. L’une des règles les plus importantes nous parait être l’augmentation du ratio de
solvabilité de 8% à 10 ou 11%. Cela obligerait les banques à faire plus attention aux
différents risques, sans négliger le risque crédit, mais en accordant une place plus
importante que précédemment aux risques de marché et opérationnel qui, comme nous
avons pu le voir dans l’actualité de ces derniers mois, sont aujourd’hui omniprésents.
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V. Conclusion
L’étude des ratios de solvabilité bancaire nous a montré que même si le ratio Bâle II a
complété les principales lacunes de son prédécesseur, celui-ci est loin d’avoir complété sa
tâche avec brio, puisqu’à peine après avoir été lancé, il montre déjà des limites évidentes.
Son incapacité à garantir la stabilité du système bancaire et financier a été illustrée par
l’actualité et la crise financière que nous traversons.
Son inefficacité à garantir la couverture suffisante des risques de crédit, de marché et
opérationnel engendre sa remise en cause. En effet, les 8% de capitaux exigés par le ratio Mc
Donough sont d’ores et déjà jugés insuffisants. De même, il ne fournit pas encore les clés
nécessaires à une bonne évaluation des risques, tant, dans la mise en place de procédures
de contrôle interne, que dans l’efficacité du contrôle externe.
Pire encore, le processus de titrisation de créances s’est avéré être, sans doute, la faille
majeure des normes prudentielles actuelles. Preuve en est de l’utilisation massive de ce
mécanisme financier afin de contourner toutes limitations d’octroi de crédit.
Du fait de toutes ces défaillances, il est nécessaire de s’interroger sur les critères que devra
posséder son successeur afin de tirer profit des divers enseignements de la crise financière
actuelle et garantir une stabilité du système bancaire, économique et financier.
Pourquoi, par exemple, ne pas prendre en compte des prévisions macro-économiques dans
la pondération du risque crédit ?
En conclusion, le ratio Bâle II, ce mort-né, nous apparaît comme une courte étape vers la
stabilité financière tant espérée. Désormais tous les regards se tournent de nouveau vers la
commission de Bâle pour instaurer les nouvelles clés ouvrant les portes de la stabilité
financière.
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VI. Sources
-
Banque de France – Revue de la stabilité financière : « Dispositif de Bâle II : rôle
et mise en œuvre du pilier 2 » –12/2006
-
Association d’Economie Financière : « De Bâle II vers Bâle III : Les enjeux et les
problèmes du nouvel accord » – Michel Dietsch
-
Association d’Economie Financière : « Bâle II et la procyclicité » – F. Béranger & J.
Teiletche
-
Bulletin de la Banque de France : « Le financement des PME et la réforme de Bâle
II » – 09/2007
-
Les Echos : « Normes IFRS : doutes et obscurités » – 27/12/07 – Alain Chaussard
-
Vernimmen
-
Financial Times : us.ft.com
-
BNP-Paribas : economic-research.bnpparibas.com
-
Cambiste – Trading de devises : www.cambiste.info
-
L’Agefi : www.agefi.fr
-
Fédération Bancaire Française : www.fbf.fr
-
Autorité des Marchés Financiers : www.amf-france.org
-
Wikipedia.org
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