le théâtre c`est dans

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FICHE PÉDAGOGIQUE
IMPECCABLE
le théâtre
c’est dans
ta classe
édition 15/16
DISPOSITIF
LE THÉÂTRE C’EST (DANS TA) CLASSE
Fiche d’identité du spectacle
IMPECCABLE
Un monologue de Mariette NAVARRO
Mise en scène Alexis ARMENGOL
Jeu (en alternance)
Mathieu BARCHE et Anthony DEVAUX
Durée 30 minutes de représentation + 15 minutes d’échange
Âge conseillé élèves de 4ème et 3ème
Production Les Scènes du Jura
Le texte est une commande des Scènes du Jura
Calendrier de la tournée 2016 dans les établissements scolaires
Canton de Genève : du 12 au 15 janvier / du 1er au 12 février / du 22 au 26 février
Jura : du 18 au 29 janvier
Canton de Neuchâtel : du 15 au 19 février
Haute-Savoie : du 29 février au 4 mars
Canton de Vaud : 7 mars
Contacts
Soraya Mebarki – [email protected] – 03 84 86 03 04
Lysiane Abitbol – [email protected] – 03 84 86 08 92
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PRÉPARATION AVANT LA REPRÉSENTATION
Proposition d’activité (45 mn maximum) Afin de préparer les élèves à la représentation, il est intéressant de les rendre curieux de la pièce qu’ils vont voir en partant
des 2 extraits du texte de la pièce proposés ci-dessous, de les mettre en regard, les comparer.
La lecture des extraits suivie d’un questionnement collectif en classe permettra en effet
d’aiguiser la curiosité des élèves, par rapport à l’interprétation que fera ensuite le comédien, et plus largement par rapport au processus dramaturgique, du texte à la scène.
Il s’agit de questionner « ce qui fait théâtre », de revenir à son sens premier (texte / voix et
jeu du comédien), de permettre ainsi une appréhension plus directe et plus personnelle de
ce qu’est le théâtre (et peut-être au passage se débarrasser de certains clichés !).
Bref, il s’agit de se questionner sur le sens du dispositif Le théâtre c’est (dans ta) classe !
Extrait 1
Avant de partir j’ai voulu parler à mes amis, comme toi tu aurais fait si
tu voulais faire la vie extraordinaire du jour au lendemain. J’ai dit « Niko,
Leo, Maria, Stan: c’est aujourd’hui pour moi devenir un homme grand, ouvrir
les yeux, respirer l’air ». Je croyais qu’ils allaient me féliciter ou quoi?,
qu’ils allaient me suivre ou quoi?, me dire « attends Viktor, on revient, on
va chercher un sac et mettre nos baskets, on laisse un mot à nos mamans et
on prend avec toi le chemin sans retour. »
J’aurais bien aimé, au moins, avoir un des amis à côté sur ma route.
Mais eux ils disaient que j’étais fou parce que j’avais tout ce que je voulais chez nous, comme un téléphone portable et un compte en banque
avec des économies, et un permis de conduire et des fêtes le week-end
avec des musiques et des boissons. Mes amis ils me disaient: «ici tu as
tout ce qu’un homme peut avoir, et même l’amour comme tu voudras
puisque tu es joli comme garçon.» Ils croyaient que c’était ça pour moi,
impeccable. Ils pensaient que ce n’était pas grave, les histoires de nation, les histoires de politique. Ils ne comprenaient pas que ça peut tuer
une personne, un pays trop fermé, que ça peut étouffer un comme moi
qui rêve d’Espace.
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Extrait 2
Lucie, elle n’est pas du tout comme moi. Elle n’a pas du tout la bougeotte dans les pieds. Elle a aménagé un petit appartement qu’elle appelle «mon petit nid» comme si elle était un oiseau, un oiseau mais pas
migrateur du tout, non, pas nomade. Elle déteste les trains et part en
vacances au bout de sa rue. C’est dans sa tête qu’elle voyage.
Un jour j’ai demandé à Lucie comment je pourrais rencontrer encore
plus de visages dans la ville. Je croyais de plus en plus qu’il fallait parler aux habitants, leur apporter des voyages avec les mots, leur dire que
c’est important les jambes libres, et la bataille pour que chacun puisse
aller vivre où il veut, avec les idées qu’il veut dans la tête. Leur dire qu’il
ne faut laisser aucun pays se fermer comme le mien sur lui-même.
Alors elle m’a dit que je pourrais faire ça: venir me promener dans les
endroits d’école. Beaucoup mieux pour Viktor Curieux, que regarder à
travers les fenêtres.
C’est joyeux, de découvrir tous vos visages. C’est comme une collection
infinie, vivante. ça fait de moi quelqu’un de riche. Impeccable.
Elle a demandé une autorisation pour moi, un papier tamponné comme
il faut. Elle trouvait que c’était une idée impeccable, que vous explique
pour mes pieds nomades, pour la terre ronde, pour la joie d’apesanteur.
Elle dit que les rencontres, c’est comme un oxygène pour l’intérieur des
têtes. Elle dit qu’il faut mélanger les pays, mélanger les histoires.
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QUESTIONS POSSIBLES AUTOUR DES EXTRAITS
> Faire lire aux élèves les extraits dans leur tête dans un premier temps.
Que se passe-t-il dans ces 2 extraits ?
Qui sont les personnages ? Quels sont les liens entre eux ?
Y-a-t-il un thème commun ?
> Demander aux élèves de lister les mots en lien avec le voyage, le déplacement
> Comment les élèves imaginent-ils Viktor ? et Lucie ? (physiquement)
Quels accessoires et/ou costumes le metteur en scène peut-il choisir pour la représentation ?
> Après une lecture à voix haute de certains élèves, leur demander quel est l’état d’esprit,
l’état psychologique de Viktor ? De Lucie ?
Quelles consignes de jeu (quelles intentions) le metteur en scène peut-il donner aux comédiens pour retranscrire cet état ?
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Pour aller plus loin, après la représentation
Proposition d’activité 1 > Mise en scène et jeu
Les élèves se sont-ils rendu compte de bien avoir assisté à une représentation de théâtre ?
(oui / non / pourquoi ?)
Si le même texte devait être joué sur la scène d’un théâtre, quelles seraient les différences ?
Les points communs ?
A partir de l’extrait suivant (extrait 3), demander aux élèves d’imaginer une mise en scène
pour la scène, et une autre pour la classe. Faire jouer le texte à certains élèves.
Extrait 3
Je croyais qu’on allait me dire « Salut Viktor on t’attendait » ou quoi?,
je croyais qu’on allait me mettre des fleurs autour du cou, danser une
petite danse? Non mais j’étais un peu fou, alors, un peu saoulé par mon
audace.
Je peux vous dire que ce que j’ai rencontré le plus souvent c’est la tête
de la peur. Sa tête violente. C’est une tête spéciale, avec le nez remonté
et de très petits yeux. Il y a tellement de gens qui ont peur, tu savais ça,
toi? Ils sont en bonne santé et ils ont peur de tout quand même.
Quand les gens ont peur ils montrent leurs dents. C’est un réflexe comme
animal. Ils se protègent. C’est contre moi d’abord qu’ils montrent leurs
dents. Parce qu’ils ne me connaissent pas. Parce que je parle un français spécial. Parce qu’à force de vivre dans la rue je n’ai pas toujours l’air
impeccable.
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Proposition d’activité 2 > Exercice d’écriture
Extrait 4
Si on m’avait dit quand j’avais quatorze années sur Terre, que je serai
aujourd’hui avec des jeunes de ce pays à partager un bout de collège
inconnu, et parler avec eux la langue que j’adore, la langue spirituelle
avec des mots jolis et difficiles comme réverbération, incertitude, asymétrie. J’aurais fait une danse de la joie, yes yes!
Viktor aime les jolis mots, mais aussi les mots « difficiles ».
Chaque élève choisit 3 mots « jolis » et 3 mots difficiles, et rédige un petit texte pouvant lui
servir de présentation.
Proposition d’activité 3 > À la place de Viktor
Demander aux élèves ce qui a poussé Viktor à partir selon eux. Que peut-il bien chercher
lors de ce voyage ?
Comment est-il accueilli aux différentes étapes de son voyage ? et par Lucie ?
Extrait 5
Est-ce que vous imaginez à quoi ça ressemble, la première journée vraiment dans ta vie où personne au monde ne sait ce que tu fais, ni où tu es?
Est-ce que tu aimerais connaître ça, un jour?
Qu’est-ce qui pourrait pousser les élèves à partir comme Viktor ? Demander aux élèves et
leur faire rédiger un petit texte sur leur motivation à un départ et sur ce qu’ils feraient lors
de cette fameuse « première journée ».
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SUGGESTIONs bibliographiques
Henry TROYAT, Aliocha
(Étonnants classiques, 1991)
Russe à la maison et Français au lycée : n’est-ce pas une situation
difficile pour un enfant de quatorze ans ? Par chance, un camarade
de classe, Thierry Gozelin, va amener Aliocha à s’accepter tel qu’il
est, riche de deux mondes et de deux natures. Bons élèves, passionnés de littérature, rien d’autre qu’eux-mêmes ne paraît intéresser
Thierry et Aliocha. En les rapprochant, la santé précaire de l’un, le
passé russe de l’autre en font des amis« pour l’éternité ».
Delphine de VIGAN, No et moi
(Classiques & cie collège, Hatier, 2007)
Lou Bertignac, élève de seconde à Paris, rencontre No, une jeune
SDF, pour un exposé sur le thème des sans-logis. Au fil des rencontres, les deux adolescentes deviennent amies et Lou décide de
venir en aide à No.
Récit d’une rencontre et de la naissance d’une amitité, ce roman est
aussi celui d’un engagement face à la question de la grande pauvreté.
Adaptation cinématographique de Zabou Breitman
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Philippe CLAUDEL, La petite fille de Monsieur Linh
(Le Livre de Poche, 2005)
Monsieur Linh est un vieil homme. Il a quitté son village dévasté
par la guerre, n’emportant avec lui qu’une petite valise contenant
quelques vêtements usagés, une photo jaunie, une poignée de terre
de son pays. Dans ses bras, repose un nouveau-né. Les parents de
l’enfant sont morts et Monsieur Linh a décidé de partir avec Sang
diû, sa petite fille. Après un long voyage en bateau, ils débarquent
dans une ville froide et grise, avec des centaines de réfugiés. Monsieur Linh a tout perdu. Il partage désormais un dortoir avec d’autres
exilés qui se moquent de sa maladresse. Dans cette ville inconnue
où les gens s’ignorent, il va pourtant se faire un ami, Monsieur Bark,
un gros homme solitaire. Ils ne parlent pas la même langue, mais
ils comprennent la musique des mots et la pudeur des gestes. Monsieur Linh est un cœur simple, brisé par les guerres et les deuils, qui
ne vit plus que pour sa petite fille.
Laurent GAUDE, Eldorado
(J’ai lu roman, 2006)
Pour fuir leur misère et rejoindre l’» Eldorado «, les émigrants
risquent leur vie sur des bateaux de fortune... avant d’être impitoyablement repoussés par les gardes-côtes, quand ils ne sont pas
victimes de passeurs sans scrupules. Le commandant Piracci fait
partie de ceux qui sillonnent les mers à la recherche de clandestins, les sauvant parfois de la noyade. Mais la mort est-elle pire que
le rêve brisé ? En recueillant une jeune survivante, Salvatore laisse
la compassion et l’humanité l’emporter sur ses certitudes... Voyage
initiatique, sacrifice, vengeance, rédemption : le romancier au lyrisme aride manie les thèmes de la tragédie antique avec un souffle
toujours épique.
La Mauvaise réputation, Georges BRASSENS
https://www.youtube.com/watch?v=Cz9NOhwK1yo
Comédie musicale Notre-Dame de Paris
Les sans papiers
https://www.youtube.com/watch?v=Ak2tTIRj5X4
Les condamnés
http://www.jukebox.fr/notre-dame-de-paris/clip,condamnes,5s8qm.html
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Imaginons la classe en tableau théâtral !
On écarte tables et chaises pour former un gradin improvisé. On peut réunir
deux classes dans une même salle. Le comédien ou la comédienne apparaît,
sans décor ni artifices lumineux ou sonores, dans un rapport direct entre aire
de jeu et auditoire.
Parole adressée, en saillie, parole d’aujourd’hui pouvant évoquer des problématiques, des paysages, des obsessions adolescents. Théâtre a cru. C’est la
proximité de l’interprète et la force de la parole qui fond l’assemblée théâtrale.
Nous cherchons, à travers ce concept, à faire sortir le théâtre de ses gonds,
faire en sorte qu’il pénètre les établissements scolaires et que fiction et
conversation, art et parole partagée, soient le cœur de notre dispositif.
Après le jeu, la conversation : l’interprète échange avec le public ; propos à
chaud, dans la résonance des mots.
Nous souhaitons au fil du temps constituer un répertoire susceptible de rencontrer des jeunes gens non engagés dans une démarche volontaire de spectateur de théâtre. Non pas pour les convaincre de la nécessité de s’y rendre, mais
parce que nous pensons primordial que la littérature soit encore un lieu habité
et vivant.
En bref, il nous semble essentiel d’adresser une parole poétique à la jeunesse,
à ses visages multiples, à son présent et son avenir, non pas dans une attitude
paternaliste et condescendante, mais dans une démarche de curiosité, dans un
désir d’échanges, parce que la poésie est une promesse et l’origine de l’action
vraie, et parce qu’au cœur de nos missions de service public, dans nos théâtres
parfois boudés par les adolescents, dans une société qui ne sait pas toujours
comment les saisir, leur place est déterminante.
Nous voulons porter haut le verbe et la poésie, nous tourner vers des espaces
qui sont le cœur même de notre être-au-monde. Nous souhaitons donner de
l’air au présent, l’aérer par la parole vivante du poème et le partage d’expériences singulières – au cœur de nos désirs et de nos missions.
Virginie Boccard Directrice des Scènes du Jura
Fabrice Melquiot Directeur du Théâtre Am Stram Gram
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Les Scènes du Jura - Scène nationale
Direction Virginie Boccard
4 rue Jean Jaurès
39000 Lons-le-Saunier
03 84 86 03 03
www.scenesdujura.com
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