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Ainsi, la faible vascularisation et la présence de cellules particulièrement agressives et difficilement
accessibles avec des molécules de chimiothérapie (délivrées par voie sanguine), rendent la tumeur
pancréatique extrêmement résistante à la plupart des traitements disponibles.
Le défrichage des mécanismes de résistance cellulaire au stress lié à l’hypoxie constitue alors une clé
d’entrée pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques, basées sur le ciblage de voies
métaboliques pro-tumorales, afin de pallier la résistance aux traitements classiques.
Les chercheurs de l’équipe du Dr Iovanna ont décrit dans l’article de PNAS une analyse qualitative et
quantitative des régions hypoxiques des tumeurs pancréatiques. Ils démontrent tout d’abord la
présence de nombreuses régions hypoxiques dans ces tumeurs. Ils décrivent ensuite des modifications
métaboliques provoquées par le stress hypoxique qui permettent aux cellules tumorales de proliférer en
consommant peu d’oxygène : les cellules tumorales augmentent simultanément leur capacité à utiliser
le glucose (processus appelé « glycolyse ») et la glutamine (« glutaminolyse ») par rapport à des cellules
normalement oxygénées. Ces modifications métaboliques se sont avérées être essentielles à la survie
des cellules hypoxiques les plus agressives.
De façon intéressante, ils montrent que les changements métaboliques provoqués par le stress
hypoxique dans les cellules tumorales nourrissent également les cellules tumorales mieux oxygénées
(dites « normoxiques ») voisines, qui pourront ainsi elles aussi se développer selon un processus dit
« symbiose tumorale » : les cellules tumorales se mettent à produire du lactate en milieu hypoxique, et
les cellules tumorales normoxiques voisines s’adaptent à leur tour en augmentant leur capacité à
internaliser le lactate puis à l’utiliser comme nutriment.
Il a été démontré que l’augmentation de l’activité de glycolyse va de pair avec une agressivité plus
sévère dans le cancer du sein. De plus, la production de lactate dans la tumeur est associée à une
acidification au sein de la tumeur, reconnue pour favoriser la dégradation de la matrice extracellulaire
et ainsi la dissémination tumorale et la formation de métastases. L’étude de l’équipe Iovanna suggère
donc que les adaptations métaboliques liées au manque en oxygène sont responsables de l’agressivité
caractéristique des tumeurs pancréatiques et de la fréquence de formation des métastases.
Ces résultats suggèrent qu’en bloquant ces modifications métaboliques, il serait possible d’empêcher
l’apparition de cellules tumorales pancréatiques résistantes aux chimiothérapies classiques et
particulièrement agressives.
Référence :
Fabienne Guillaumond, Julie Leca, Orianne Olivares, Marie-Noëlle Lavaut , Nicolas Vidal,
Patrice Berthezène, Nelson Dusetti, Céline Loncle, Ezequiel Calvo, Juan Lucio Iovanna, Richard Tomasini
and Sophie Vasseur.
Strengthened glycolysis under hypoxia supports tumor symbiosis and hexosamine biosynthesis in
pancreatic adenocarcinoma.
PNAS
2013 ; published ahead of print February 13, 2013, doi:10.1073/pnas.1219555110