la riche diversité des espèces qui le peuplent. Cette diversité est une loi
de la nature ; d'ailleurs elle ne touche pas seulement les espèces mais
aussi les individus de chacune d'elles. Hormis les vrais jumeaux, pas deux
visages qui se ressemblent ce qui permet de mettre un nom sur chacun et
d'identifier sans effort nos frères en humanité. Mais cette diversité
intraspécifique -au sein d'une même espèce- n'est pas le propre de
l'homme. Pas deux vaches ou deux chiens au pelage tacheté qui se
ressemblent, pas deux chênes, pas deux sapins, même si ces différences
souvent minimes nous échappent en raison du manque d'attention que
nous leur portons. Qui d'entre nous aurait l'idée de prêter attention à ce
qui fait que deux épicéas ou deux violettes ne sont point exactement
identiques ?
Identifier les espèces vivantes, en décrire les caractères, les classes,
établir leurs fonctions au sein des écosystèmes auxquels elles
appartiennent, telle est la tâche des naturalistes et des écologues
malheureusement trop peu nombreux. Massivement remplacés dans les
universités et les instituts de recherche par des spécialistes de biologie
moléculaire et de génétique dont l'influence est sans cesse grandissante
au sein de la biologie, ils se trouvent bien démunis pour mener à terme
l'immense inventaire des espèces vivantes peuplant la planète :étrange
paradoxe en vérité au moment où l'on parle tant de préserver les
espèces, les espaces, les écosystèmes dont on imagine mal comment on
pourrait les protéger sans même les connaître.
INVENTAIRE DE LA BIODIVERSITÉ
Depuis deux siècles et demi et grâce au grand naturaliste suédois Carl
Von Linné, on identifie, on répertorie, on classe. Pas moins de 1 800 000
espèces ont ainsi pu être décrites et ce chiffre est abondé chaque année
par environ 16000 espèces nouvelles. Au sein de cette vaste famille des
espèces vivantes connues, les insectes forment le contingent le plus
important avec un million d'espèces, immédiatement suivi par celui des
plantes supérieures qui en représentent 270000. Viennent ensuite les
mollusques avec 85000 espèces, les crustacés avec 55000, les poissons
avec 29000, suivis par des contingents plus modestes : 9900 espèces
d'oiseaux, 8200 de reptiles, 5400 de mammifères. Toutes les algues, les
champignons et surtout les êtres microscopiques, bactéries et virus sont
encore bien loin d'être connus. On estime par exemple que seules 5% des
bactéries des sols ont à ce jour été identifiées.