MICRO-ORGANISMES ENVIRONNEMENTAUX EN MILIEU AGRICOLE G. REBOUX Laboratoire de Parasitologie-Mycologie CHU de Besançon 30e Congrès national de médecine et santé au travail, Tours 3-6 juin 2008 Qui occupe l’espace agricole? Hommes Animaux Moisissures et levures Champignons supérieurs Bactéries (entérobactéries, actinomycètes, mycobactéries…) Algues Pollens Arthropodes (Acariens…) Parasites (Amibes…) Virus Des produits d’origine biologique Des métabolites provenant de micro-organismes: Endotoxines, mycotoxines, MCOV Des constituants fongiques ou bactériens: Ergostérol, β-D-glucan, polysaccharides extracellulaires, allergènes Des débris : végétaux, cellules, poils, excréments d’acariens… Mais aussi… des poussières minérales, de l’humidité, des substances chimiques et organiques… Aspects métrologiques Où ? Plusieurs lieux (étable, grange, moulin…) Quand ? Relation avec les tâches Comment ? air /choix de l’échantillonneur surface/ standardisation maximale substances, poussières / valeur? Difficultés? Saturation des mesures d’air, durée, problèmes de reproductibilité, Absence de standardisation des méthodes / données cliniques L‘air Membrane vue au microscope (objectif X 40) après pompage de 45 L d’air d’une étable Moisissures, Pollens, bactéries, acariens, squames et fibres végétales LIMITES DES MESURES ENVIRONNEMENTALES Les espèces fongiques de culture difficile (Ustilago, Stachybotrys) Les bactéries fragiles (Chlamidiae, Legionnella, Mycobacterium) Les bactéries aux conditions de développement anaérobies Les virus et les prions Les mycotoxines, endotoxines, EPS, chitine, ergostérol, antigènes (analyses très spécialisées = 1 labo/ pays) Le choix des milieux…et des techniques (culture, PCR…) Le niveau d‘identification des moisissures Absidia corymbifera Wallemia sebi Chaetomium sp. Preussia sp. Aspergillus fumigatus Petriella sp. LES MOISISSURES Rôles infectieux, toxiques et allergéniques Espèces : Stachybotrys chartarum, Températures de croissance: Mini 7°C Max 40°C (A Aw 0,98) Habitat: Cellulose (très humide) Paille humide+++ Pouvoir Pathogène / mode d’action : Allergisant + Toxique (+ à +++) (Satratoxines H et G, verrucarine, roridine…) Hémorragie pulmonaire, saignement (discuté), Pathologie chez les chevaux et bovins Présence dans 3 à 25% des logements S. chartarum Mucorales: Espèces : Mucor, Absidia, Rhizopus Températures de croissance: Mini 5°C Max 45°C (Aw 0,84 à 0,93) Habitat: sol, s fourrage, aliments, fruits, air Pouvoir Pathogène / mode d’action : infectieux, allergisant, toxique Absidia Poumon du Fermier (Absidia corymbifera), Ouvrier du paprika Allergies à Mucor circinelloides et Rhizopus microsporus Mucormycoses Avortements chez les bovins PHS des daims Rhizopus Espèces : Penicillium (P. chrysogenum, P. brevicompactum, P. frequentans, P. olivicolor, P. roqueforti, P. naviolgensis…) (150 espèces) Températures de croissance: Mini 4°C Max 35°C (>37°C P. marneffei*) (Aw 0,79 à 0,81) Habitat: Bois, cellulose, Pouvoir Pathogène / mode d’action : PHS scieurs, subérose (liège) Charcuterie, fromagerie Allergisant + Toxique +, Odeur ++ (COV ++) Infectieux (Bambou*) L’identification des espèces est difficile et peu réalisée Aspergillacées (250 espèces): Espèces : Aspergillus fumigatus, A. flavus, A. versicolor, A. glaucus// Eurotium, Emericella, Neosartoria… Températures de croissance : Thermotolérants Opt 37-42°C: A. fumigatus (maxi > 55 °C), A. flavus, Mésophiles Max 30-35°C: A. versicolor, A. glaucus… (Aw 0,70 à 0,84) Habitat: Sol, fourrage, compost, céréales, aliments, fruits, air Pouvoir Pathogène / mode d’action : Infectieux + (esp. thermotol.), allergisant +, toxique++ (aflatoxine, ochratoxine…) Poumon de fermier (Eurotium amstelodami), Ouvriers du malt (A. clavatus, A. fumigatus) Aspergilloses invasives (A. fumigatus, A. flavus), cribleurs de pomme de terre… A. ochraceus Espèce : Botrytis cinerae, Températures de croissance: Mini 5°C Max 35°C Habitat: Plantes (vigne, tabac), air Pouvoir Pathogène / mode d’action : Allergisant, Alvéolite des vignerons Espèces : Acremonium strictum Fusarium solani Températures de croissance: Mini 3 °C Max 37°C Habitat: Plantes, sol, (eau), air Acremonium Pouvoir Pathogène / mode d’action : Fusarioses disséminées, kératites (griffure de feuille) Allergisant (V) Toxines ++ (trichothécènes, zéaralenones…) Fusarium Porosporés : Alternaria Espèces : Alternaria, Températures de croissance : Mini 2°C Max 32°C (Aw 0,84) Habitat : sol, textiles, carton, air, poutres, textiles Plantes, Plâtre, Pouvoir Pathogène/mode d’action Allergisant +++ Infectieux (Alternariose cutanée) PHS ouvrier du bois et pâte à papier Autres espèces (PHS du bois): Aureobasidium , Graphium, Paecilomyces, Trichoderma LES ACTINOMYCETES Rôles infectieux (rares), agents de PHS Saccharopolyspora rectivirgula Saccharomonospora viridis Poumon du fermier, poumon des ouvrier du malt, des champignonnistes Streptomyces spp. Poumon du fermier ? Alvéolite aux engrais (S. albus) Bagassose (canne à sucre) Autres actinomycètes des PHS: Thermoactinomyces vulgaris, T. sacchari… Rôle potentialisateur de la production de mycotoxines : S. californicus LES BACTERIES Rôles infectieux et inflammatoires La Psittacose est due à Chlamydophila psittaci, hébergé par un grand nombre d’oiseaux : . Les oiseaux d’agrément : perroquets, . perruches,tourterelles, canaris Les pigeons : urbains et voyageurs Les oiseaux domestiques:canards dindons Les oiseaux sauvages. C’est une zoonose professionnelle à caractère sporadique et à déclaration obligatoire. Les Poumons d’éleveurs d’oiseaux sont dues à des protéines aviaires présentes dans le jabot, les plumes et les fientes des oiseaux. (spécificité ++ des antigènes par espèce d’oiseaux) La brucellose (25 cas 2003) Espèces pouvant être infectées par la brucellose Brucella abortus infecte principalement les bovins, B. melitensis les petits ruminants, B. suis les porcs, les sangliers et les lièvres et B. canis le chien. Transmission de la brucellose Par contact avec des animaux infectés vivants ou morts. Par inhalation de poussières lors de la manipulation de produits souillés. Par absorption de lait cru. La tuberculose Mycobacterium tuberculosis, Filière de la boucherie Autres mycobacteries : M. bovis, M. avium LES VIRUS Le « H5N1 » Le H5N1 désigne un groupe de sous-types de virus grippal (Influenzavirus de type A), dont certains sont hautement pathogènes, responsables de la grippe aviaire (peste aviaire non encore adaptées à une transmission interhumaine épidémique). Le nom H5N1 fait référence à deux sous-types d’antigènes présents à la surface du virus : 1. l’hémagglutinine (HA) de type 5 ; 2. la neuraminidase (NA) de type 1. Premier cas humains Hong-Kong en 1997. LES METABOLITES Les mycotoxines Plus de 300 : (sterigmatocystine, satratoxin G ou H, stachylysine / A. versicolor, S. chartarum ; aflatoxine, ochratoxine / A. flavus et A. ochraceus ; fumonisines/ Fusarium sp). Pouvoirs pathogènes : •Par ingestion: effets cytotoxiques aiguë et chronique, mutagénique, tératogénique Rôle immunosupprésseur, sur le métabolisme des protéines, le taux d’hémoglobine et sur l’efficacité des vaccins. • Par inhalation: altérations locales au niveau pulmonaire peu étudiées. Potentialisateur des PHS en exacerbant la réaction immunitaire. Des mélanges de toxines ont été associés à l’organic dust toxic syndrome (ODTS) •Par la peau: pas de spécificité Les endotoxines Les endotoxines sont élaborées par toutes les bactéries Gram négative et libérées lors de la lyse des membranes des bactéries. Pouvoirs pathogènes: •Faible pouvoir antigénique •A faible dose, les effets sont bénéfiques : fièvre modérée, stimulation du système immunitaire et lutte antibactérienne •A dose très élevée les effets sont néfastes : fièvre élevée, choc létal, trouble de la coagulation et hypertension artérielle. Elles jouent un rôle dans l’asthme et la bronchite chronique et semble intervenir dans la byssinose L’ICOH (International Commission on Occupational Health) en 1993 a suggéré des seuils : 1000-2000 ng/m3 pour l’ODTS, 100200 ng/m3 pour la bronchoconstriction aiguë. Les COVm Composés gazeux très divers émis par les moisissures et les bactéries : alcools, aldéhydes, cétones, esters, terpènes et terpénoïdes, composés aromatique (odeurs). Pouvoir pathogènes : • Irritations des yeux, du nez, de la gorge • Effet synergique des mélanges de COVm sur la fréquence respiratoire (souris). • Rôle dans le syndrome des bâtiments malsains CONCLUSIONS Le milieu agricole est complexe. Les interactions entre espèces sont nombreuses (compétitions, synergies…). Chaque espèce en se développant modifie son propre milieu et crée les conditions favorables à la production de métabolites et à la sélection d’autres espèces. Les effets sur la santé de nombreux métabolites restent encore largement méconnues. Les espèces bactériennes et fongiques non cultivables restent sous-estimées quant à leurs effets sur la santé.