La petite fille aux allumettes

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Sommaire du dossier pédagogique
A. LA PIÈCE EN UN COUP D’ŒIL
Au sujet du spectacle
B. PISTES PÉDAGOGIQUES
Avant de venir au petit théâtre :
- Questions à poser aux élèves en introduction
- Activités autour de l’affiche du spectacle
Après être venu au petit théâtre :
- Proposition de questions à poser aux élèves
- Les différences entre le conte et la pièce
- Activités de jeu théâtral en classe
- Les thèmes abordés
C. EN SAVOIR PLUS SUR LE SPECTACLE
Note d’intentions de la metteure en scène
Qui fait quoi? la distribution
D. INTERVIEW DE JULIE ANNEN
E. IMAGES DE RÉPÉTITIONS
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LA PIÈCE EN UN COUP D’ŒIL
Au sujet du spectacle
Une petite fille tente de vendre des allumettes un soir de Réveillon dans une rue enneigée…
le conte d’Andersen résonne dans nos mémoires, avec ses images contrastées
de fête chaleureuse et de misère glacée. Avec sa fin aussi, tragique, inacceptable. Qui n’a
pas frémi à l’évocation de la mort de la fillette et qui n’a pas redouté devoir la raconter
à son tour ?
Plutôt que de s’en tenir à cette fin si triste, Julie Annen a préféré laisser le soin aux enfants
de lui en inventer une autre. Elle a rencontré des enfants de 5 à 12 ans, en Belgique, en
France et en Suisse pour leur poser cette question et pour évoquer avec eux la précarité, ce
mal discret qui se cache parfois sous nos propres fenêtres.
Au final, leurs paroles tissées feront écho à l’histoire réécrite par Julie Annen sur la base de
ses souvenirs d’enfance. Quatre comédiens tiendront à eux seuls tous les rôles de l’histoire.
Ensemble, ils sublimeront le tragique par l’humour et tenteront, au delà du malheur, de
tendre une perche à cette petite fille.
Photo de répétitions © Pénélope Henriod
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PISTES PÉDAGOGIQUES
La pièce que vous allez voir avec vos élèves propose une multitude de niveaux de
compréhension qui sauront éveiller la curiosité de chacun. Le présent dossier pédagogique
est un réservoir de pistes qui vous sont suggérées pour préparer ou approfondir votre venue
chez nous. Mais le spectacle s’apprécie également en lui-même sans préparation exigée.
Bonne représentation !
Avant de venir au théâtre
Questions à poser aux élèves en introduction
1. Quel est le titre du spectacle ?
2. Connaissez-vous le conte d’Andersen intitulé «La petite fille aux allumettes» ? Pouvezvous le raconter ?
3. Connaissez-vous d’autres contes écrit par Andersen ?
4. À quelle époque le conte a-t-il été écrit ?
5. Pourriez-vous imaginer qu’une telle histoire se passe à notre époque ?
Note à l’attention des enseignants : le spectacle que vous allez
voir s’inspire du conte d’Andersen, mais il a été réécrit par Julie
Annen sur la base de ses souvenirs d’enfance. Le contexte est
donc résolument contemporain, des personnages nouveaux
apparaissent par rapport à la version classique du conte.
Vous pouvez leur lire le conte d’Andersen avant votre venue au
théâtre, ou le faire quelque jours après, en classe.
6. Si vous choisissez de lire en classe le conte d’Andersen, demandez aux enfants ce qu’ils
pensent de la fin de l’histoire :
- Quels adjectifs de la liste ci-dessous peuvent selon eux qualifier le dénouement du conte ?
triste
drôle
touchant
mystérieux
énigmatique
amusant
irréel
glacial
...
- Quelle autre fin pourraient-ils imaginer pour ce conte ?
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Hans Christian Andersen (1805 -1875) est un romancier,
dramaturge, conteur et poète danois. L’œuvre essentielle
d’Andersen, qui lui valut la célébrité mondiale, est constituée
par ses contes. S’inspirant des récits populaires, empruntant
ses personnages et ses intrigues à la légende, à l’histoire ou
à la vie quotidienne, il écrivit 164 contes, dont les premiers
furent publiés en 1835. Destinés aux enfants, ils s’adressent
aussi aux adultes par leur imagination poétique et surtout par le sens moral ou
philosophique qui se cache derrière l’anecdote. Citons par exemple La petite
sirène, La petite fille aux allumettes, Poucette, Le vilain petit canard, La reine des
neiges...
© Thora Hallager 1869
Zoom sur Hans Christian Andersen
En décembre 1860, il est reçu par le roi Christian IX de Danemark à Copenhague
comme un membre de la famille et devient le conteur de ses enfants. Andersen
goûte avec délectation cette revanche sur sa vie d’enfant pauvre et méprisé.
Activités autour de l’affiche du spectacle
1. Proposez-leur de dessiner l’affiche du spectacle «La petite fille aux allumettes». Vous
pouvez ensuite afficher les dessins en classe.
2. Il est également possible de leur présenter l’affiche du spectacle :
Qu’est ce qui est représenté ? Qu’est-ce que cela évoque pour eux ?
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Après être venu au théâtre
Dans les jours qui suivent la représentation, demander aux élèves de s’exprimer à propos
du spectacle, collectivement d’abord, dans un échange d’impressions, de commentaires,
de questions, puis individuellement, par l’écriture, le dessin ou même le jeu théâtral et la
danse en rejouant certaines séquences.
Proposition de questions à poser aux élèves
1. Pouvez-vous raconter la pièce que vous êtes venus voir ?
2. Quels sont les différents personnages de la pièce ? Pouvez-vous les nommer ? Les
décrire ? Combien de comédiens jouent ces rôles ?
3. Pouvez-vous décrire ou dessiner les objets et les décors que vous avez vus sur scène?
4. Où l’action se déroule-t-elle?
5. L’histoire de La petite fille aux allumettes est certes triste, mais pouvez-vous décrire
l’ensemble des émotions que vous avez ressenti pendant le spectacle ?
Les différences entre le conte et la pièce
1. Si cela n’a pas été fait avant la venue au théâtre, lisez aux élèves le conte d’Andersen, et
demandez-leur de trouver les différences entre l’histoire qu’ils ont découverte sur scène et le
conte. Il peut s’agir:
- des personnages
- de l’époque et des lieux ou se déroule l’action
- de l’action en elle-même
- des objets (allumettes ou briquet, etc. )
2. Par ailleurs, quels sont les éléments que l’on retrouve dans les deux versions ?
3. Quels sont les éléments du spectacle qui n’existaient pas à l’époque où Andersen a écrit
le conte ?
4. Après avoir effectué ces comparaisons, proposez aux élèves de choisir un conte dont ils
se souviennent, et de le réécrire à leur façon, comme si l’histoire se passait aujourd’hui !
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Activités de jeu théâtral en classe
Les enfants ont pu remarquer dans ce spectacle que les comédiens jouent le rôle de
personnages, mais aussi d’objets auxquels ils donnent vie. Voici deux extraits dans lesquels
apparaissent successivement dans l’esprit de la petite fille le poêle à bois et le sapin.
1. Demandez aux élèves de se répartir en petits groupes de 3 , et de choisir l’un des deux
extraits ci-dessous. Parmi les 3 élèves, désigner un(e) metteur(e) en scène, un(e) interprète
de la petite fille, et un(e) troisième qui jouera le rôle du poêle à bois (ou du sapin selon le
texte choisi).
2. L’élève qui joue le metteur en scène peut donner des conseils aux deux autres sur le ton
à utiliser, les mouvements qu’ils peuvent effectuer, ainsi que des idées d’accessoires ou de
décor afin de représenter au mieux la scène.
3. Il sera intéressant de varier les rôles, afin que les élèves se rendent compte que
les comédiens peuvent jouer à la fois des personnages, féminins ou masculins,
mais aussi des objets !
Extrait 1 : Le poêle à bois
La petite fille allume son briquet pour la deuxième fois : entrée en scène du poêle à
bois de la grand-mère.
LA PETITE FILLE : Oh. Le poêle à bois de mémé. Exactement comme quand j’étais
petite. Il n’a pas changé.
LE POÊLE : Et si pourtant. J’ai été remplacé par le fourneau à mazout. Tu ne te
rappelles pas ?
LA PETITE FILLE : Ah si, c’est vrai. Et tu parles maintenant. Comme tu es beau.
LE POÊLE : Merci. Mon Dieu que j’ai chaud. J’ai passé toute la journée à m’activer
devant une grosse femme qui faisait cuire des dindes à tour de bras. Ouvrir le four, le
refermer, ouvrir encore, refermer, ouvrir, fermer, ouvrir, fermer...Avaler la moitié de la
forêt sous forme de bûches. Et chauffer, chauffer, allez vas y chauffe, chauffe. Climat
tropical à l’intérieur du poêle !
Le poêle chante et danse
LA PETITE FILLE : Tu as de la chance. J’ai si froid.
LE POÊLE : C’est vrai, tu es toute pâle et tu as l’air gelée. Approche toi de moi, je
vais te souffler dessus pour te réchauffer.
LA PETITE FILLE : J’arrive pas. Trop froid. Mais. Oh non, fichu briquet ! Tu vas rester
allumer oui !
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Extrait 2 : Le sapin
LE SAPIN : Salut petite. Qu’est ce que tu fais assise toute seule dans cette ruelle.
C’est la fête ce soir.
LA PETITE FILLE : Je... j’ai un peu froid...
LE SAPIN : Viens danser, ça va te réchauffer. On va faire une ronde et chanter
« mon beau sapin ». J’adore cette chanson. Regarde toutes ces lumières sur moi. On
dirait des étoiles tu ne trouves pas ? Allez viens, lève toi, viens vers moi. Je veux te
prendre dans mes bras mais je ne peux pas bouger. Tu le sais bien je suis planté ici.
Viens petite te blottir dans mes bras, nous danserons, nous chanterons. Il ne faut pas
rester seule un soir pareil.
LA PETITE FILLE : Tes aiguilles me piquent le visage.
LE SAPIN : Qu’est ce que tu racontes. Ce n’est pas moi qui te pique. C’est le vent.
Le vent froid de la nuit. Lui, il pique. Mais mes aiguilles c’est impossible, tu es encore
trop loin. Viens chanter avec moi.
Les thèmes abordés
Le thème principal abordé par ce spectacle est la précarité
1. Vous pouvez profiter de ce thème difficile pour aborder le problème de la précarité
dans le monde. Rechercher par exemple des informations auprès des associations ou
organisations qui s’occupent de cette cause.
2. La pauvreté est-elle limitée aux pays en développement ?
3. En guise de témoignage, il est possible de lire aux enfants l’interview de Julie Annen en
page 11 de ce dossier, qui raconte sa propre expérience de la précarité, et qui explique
pourquoi elle a décidé de créer ce spectacle.
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EN SAVOIR PLUS SUR LE SPECTACLE
Intentions de mise en scène « Selon l’esthétique qui m’est chère, nous trouverons sur scène un plateau quasiment nu,
avec un espace de jeu désigné au sol par la lumière. Lumière féérique faite de guirlandes
lumineuses si emblématiques de nos périodes de fêtes de fin d’année.
Sur une ligne en fond de scène, quatre comédiens en tenue de soirée. A eux quatre ils
vont interpréter dans une choralité, verbale et non verbale, tous les rôles de
l’histoire, exception faite de la petite fille. Cette petite fille que nul ne semble
voir restera invisible. Seule sa voix lui donnera une existence scénique.
Cette voix sera rejointe par un chœur de voix d’enfants qui s’appropriera la
fable, dépossédant les acteurs de leurs moyens d’expression, lançant une
révolution festive contre cette fin indécente qui voit mourir la fillette dans le
froid.
Les comédiens, après avoir joué la dinde de noël, le sapin, le fourneau, la neige, les rires,
etc. devront chercher, avec le chœur d’enfants d’autres manières de finir l’histoire sans
doute plus acceptables mais qui sait peut-être aussi plus radicales, voire surprenantes.
C’est une théâtralité à la fois ludique, inventive et décalée, centrée essentiellement sur
les acteurs que je souhaite mettre en place sur scène. Il me tient à cœur de chercher des
formes scéniques libératrices qui permettent au sens d’être amplifié sans redondance ni
didactisme.
Car l’instant théâtral ne saurait à mon sens qu’être jubilatoire au risque de passer à
côté d’une notion fondamentale à tout échange sincère qu’est le plaisir. »
Julie Annen, metteure en scène
Qui fait quoi ? La distribution
Texte Julie Annen, avec l’aide de Fabrice Melquiot
D’après Hans Christian Andersen
Mise en scène Julie Annen
Jeu Salvatore Orlando, Peter Palasthy, Viviane Thiébaud, Mathieu Ziegler
Voix de la petite fille Elio Tarradellas
Scénographie, costumes et accessoires Prunelle Rulens dit Rosier
Construction décor Marc Defrise
Création sonore Michel Zurcher
Lumière Christophe Pitoiset
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L’INTERVIEW DE JULIE ANNEN
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce conte?
JULIE ANNEN: C’est une histoire très touchante car
Andersen l’a écrite alors qu’il vivait lui-même dans la
rue. Nous sommes dans les années 1800, la précarité
est différente de celle d’aujourd’hui, mais extrêmement
violente pour les enfants. Il est rare d’avoir un témoignage
d’exclusion d’un enfant, et cette histoire fait fortement écho
à ma propre enfance. J’ai vécu presque une année avec
mes parents dans un camping-car, en Suisse, dans une
situation de grande précarité et de véritable exclusion
sociale. La pauvreté est quelque chose qui fait extrêmement
peur et que l’on cherche à tenir à distance. A force d’être
incompris, le pauvre incarne la figure du méchant, et nous
finissons par accepter cette déshumanisation. J’avais envie de questionner la précarité,
qu’elle soit matérielle ou humaine.
Comment avez-vous créé ce questionnement sur scène?
Le spectacle est constitué de deux parties. La première est une adaptation du conte:
l’histoire est la même, avec quelques éléments autobiographiques insérés à travers la voix
de la petite fille. Pour la deuxième partie, j’avais envie de confronter cette histoire au point
de vue des enfants. Il me fallait une parole vraie et authentique, tout aussi légitime. Je me
suis rendue dans des classes en Belgique, en France et en Suisse romande pour interroger
des enfants entre 6 et 15 ans, que j’ai enregistrés. Un montage sonore de ces prises de
paroles donnera une autre dimension au spectacle, en écho à mon propre témoignage.
Comment se sont passées ces rencontres?
Je me suis rendue dans les classes, leur ai lu le conte, pour ensuite leur poser différentes
questions : Comment pourrait-on sauver la petite fille ? Faut-il la sauver ? Est-elle en partie
responsable de sa précarité ? Qu’auraient-ils fait à sa place ? D’abord sur la retenue, les
enfants répétaient ce qu’on leur avait appris, puis très vite, ils apportaient des réponses
étonnantes, que ce soit dans leur analyse de la société d’aujourd’hui ou dans leur capacité
d’imagination. Il me semble nécessaire que les adultes arrêtent de penser à la place des
enfants qui sont tout à fait conscients de la violence du monde et ont besoin d’en parler.
La rencontre avec les enfants a été d’une richesse exceptionnelle et d’un intérêt
sociologique que nous n’imaginions pas au départ.
Propos recueillis par Marie-Sophie Péclard
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IMAGES DE RÉPÉTITIONS...
Peter Palasthy : Le sapin de Noël
Mathieu Ziegler : Le poële à bois
Salvatore Orlando : La dinde de Noël
Photos de répétitions © Pénélope Henriod
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