Le 10 mai 1940

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POLE RADICAL ET ECOLOGISTE 85
René Dubois
Le Traversier
85430 La Boissière des Landes
06.04.47.59.95
[email protected]
Aujourd’hui 10 mai 2017, une nouvelle page de notre Histoire s’ouvre. A la demande de mes amis
radicaux de Vendée, depuis quelques semaines j’ai repris ma plume pour écrire le combat de nos
idées, le combat de nos valeurs : Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité…
A partir du 8 mai dernier, si vous le souhaitez, je vous rends destinataire d’un billet d’humeur
quotidien que je vous invite à partager et à faire partager… Confiez-moi les adresses E-mail de celles
et ceux qui pourraient être intéressés…
Le 10 mai : une date symbole pour nos valeurs…
Le 10 mai 1774 : Au milieu de l'opprobre général, après avoir régné plus d'un demi-siècle, le roi Louis
XV, meurt à 69 ans. Dans sa jeunesse, il avait été pourtant nommé le Bien-Aimé ! Ses deux fils l'ayant
précédé dans la mort, c'est à son petit-fils, le duc de Berry, que revient le trône sous le nom de Louis
XVI…
Le 10 mai 1802 : Louis Delgrès, un métis de 36 ans adresse "à l'univers entier le dernier cri
de l'innocence et du désespoir". En affichant cette proclamation sur les murs de Basse-Terre,
en Guadeloupe, il revendique le devoir d'insurrection et lance un appel à la Fraternité, pardessus les barrières de races. Quelques jours plus tard, dans l'habitation Danglemont, à Matouba,
dans les hauteurs de Basse-Terre (Guadeloupe), il se fait sauter avec ses hommes pour échapper à la
cruauté du corps expéditionnaire du général Antoine Richepance et de Magloire Pelage. Son ami
Joseph Ignace et beaucoup d'autres insurgés dont la mulâtresse Solitude sont tués ou exécutés...
Le 10 mai 1806 : Napoléon 1er fonde l'Université
Le 10 mai 1806, une loi de Napoléon 1er jette les bases de l'Université : « Il sera formé, sous le nom
d'Université impériale, un corps chargé exclusivement de l'enseignement et de l'éducation publics
dans tout l'Empire ».
Le 10 mai 1760 : Naissance de Rouget de Lisle à Lons-le-Saulnier
Originaire de Lons-le-Saulnier, dans le Jura, Rouget de Lisle est affecté à Strasbourg comme capitaine
de génie quand la France révolutionaire entre en guerre contre la Prusse et l'Autriche. Lors d'une
soirée, le maire de la ville de Dietrich, qui connaît ses talents musicaux, l'invite à composer une
marche militaire pour stimuler la ferveur des soldats. Ce Chant de guerre pour l'armée du Rhin,
rebaptisé Marseillaise en août 1792, deviendra le premier hymne national officiel...
Le 10 mai 1871 : Traité de Francfort
Le 10 mai 1871, Jules Favre et Adolphe Thiers signent au nom de la France un traité de paix avec
l'Allemagne à l'hôtel du Cygne, à Francfort (Allemagne)...
Le 10 mai 1932 : Albert Lebrun président de la République
Le 10 mai 1932, suite à la mort tragique de Paul Doumer, les parlementaires des deux Chambres,
réunis en Congrès à Versailles, selon la coutume, élisent à la présidence de la République Albert
Lebrun (61 ans), polytechnicien et ingénieur des Mines, homme modéré et discret...
Le 10 mai 1933 : « Autodafé rituel des écrits juifs »
Le 10 mai 1933 au soir, à Berlin, des étudiants nazis escortent, en brandissant des flambeaux, deux
camions de livres de la porte de Brandebourg jusqu'à la place de l'Opéra, ou Franz-Josef Platz, face à
l'université de Berlin. Là, en dépit d'une pluie battante, ils déchargent le contenu des camions et
organisent un « autodafé rituel des écrits juifs !». 20.000 livres sont brûlés. Parmi les auteurs voués
au feu figurent Heinrich Heine, Karl Marx, Sigmund Freud, Albert Einstein, Franz Kafka, Stefan Zweig,
Felix Mendelssohn-Bartholdy. Plus jamais ça !
Le 10 mai 1940 : Hitler envahit la Belgique
Sept mois après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, celle-ci rompt
le front occidental. Conformément au plan audacieux du général Erich von Manstein, le Führer fait
entrer ses troupes par les Ardennes, une région qui n'est pas protégée par la ligne Maginot et que le
généralissime Gamelin n'a pas cru nécessaire de défendre... Plus jamais ça !
Le 10 mai 1940 : Churchill Premier ministre contre Hitler
Tandis que les armées de Hitler rompent le front de l'ouest, Winston Churchill devient Premier
ministre de Grande-Bretagne. Il remplace à ce poste Neville Chamberlain, qui s'est déconsidéré par
ses hésitations et ses reculades face au Führer. Trois jours plus tard, le 13 mai 1940, Winston
Churchill lance à l'adresse des députés et de ses concitoyens : «Je n'ai à offrir que du sang, de la
peine, des larmes et de la sueur !...»
Le 10 mai 1974 : « Vous n'avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du coeur »
Un Face à Face télévisé oppose les deux candidats à la présidence de la République, Valéry Giscard
d'Estaing, ministre des Finances dans le gouvernement du précédent président, Georges Pompidou,
décédé un mois plus tôt, et François Mitterrand, candidat unique de l'opposition de gauche. Les
deux candidats sont au coude-à-coude dans les sondages. Le représentant de la droite lance alors
cette phrase restée célèbre : « Je vais vous dire quelque chose : je trouve toujours choquant et
blessant de s'arroger le monopole du coeur. Vous n'avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du
coeur ».
Le 10 mai 1981 : François Mitterrand président de la République
François Mitterrand est élu président de la République française… L’espoir du peuple renaît…
Le 10 mai 1994 : Mandela président de l'Afrique du Sud
Nelson Mandela, 76 ans, est intronisé président de la République d'Afrique du Sud. La plupart des
dirigeants de la planète se sont déplacés pour ce moment de grâce qui scelle la réconciliation des
Sud-Africains après un siècle de ségrégation raciale, dans une période par ailleurs obscurcie par la
guerre de Bosnie et le génocide du Rwanda...
Le 10 mai 2001 : Journée du souvenir de l'esclavage – Vote de la Loi Taubira
Le gouvernement français institue une Journée commémorative du souvenir de l'esclavage et de son
abolition et l’a rapprochée de la loi Taubira établissant cette journée ! En rappel du 10 mai 1802,
lorsque le métis Louis Delgrès adressa « à l'univers entier le dernier cri de l'innocence et du
désespoir ».
LA LOI TAUBIRA
LA RECONNAISSANCE DE L'ESCLAVAGE EN TANT QUE CRIME CONTRE L'HUMANITÉ
Le 10 mai 2001, la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime
contre l’humanité est adoptée. Elle est promulguée le 21 mai 2001, sous la présidence de Jacques
Chirac.
Cette Loi est l’aboutissement d’un long combat vers la reconnaissance du crime de l'esclavage. Dès
1993, Jean-Claude Gayssot, demande l’institution d’une journée nationale commémorant l’abolition
de l’esclavage. Une première proposition de loi relative « à la célébration de l’abolition de
l’esclavage en France métropolitaine » est présentée le 31 mars 1998, par Bernard Birsinger,
député. Cette même année, la France commémore le 150ème anniversaire de l’abolition de
l’esclavage, ce qui permet de mettre au premier plan la question de la mémoire de l’esclavage. Le 23
mai 1998, une Marche silencieuse mobilise plus de 40 000 femmes et hommes, Antillais,
Réunionnais, Guyanais et Métropolitains. Il s’agit non plus seulement d’obtenir une journée de
commémoration de l’abolition de l’esclavage, mais de reconnaître le crime contre l’humanité.
Une seconde proposition de loi est alors déposée le 7 juillet 1998, toujours à l’initiative de Bernard
Birsinger, portant la nouvelle formulation de « tendant à perpétuer le souvenir du drame de
l’esclavage ». Ce n’est que lors d’une troisième proposition de loi le 22 décembre 1998, que la
qualification de « crime contre l’humanité » s'impose. Cette proposition est portée trois députés de
La Réunion, Huguette Bello, Elie Hoarau, Claude Hoarau. La dernière étape de ce processus vient
celer la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crimes contre l’humanité, avec
la proposition de loi de Madame Christiane Taubira, alors députée de la Guyane, le 22 décembre
1998.
« Les non-dits de l’épouvante qui accompagna la déportation la plus massive et la plus longue de
l’histoire des hommes sommeillèrent, un siècle et demi durant, sous la plus pesante chape de
silence. »
« La France, qui fut esclavagiste avant d’être abolitionniste, patrie des Droits de l’Homme ternie
par les ombres et les 'misères des Lumières', redonnera éclat et grandeur à son prestige aux yeux
du monde en s’inclinant la première devant la mémoire des victimes de ce crime orphelin. »
Exposé des motifs de la proposition de loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage
en tant que crimes contre l’humanité, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 22
décembre 1998, présentée par Madame Christiane TAUBIRA et Monsieur Jean-Marc AYRAULT.
Article 1
« La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans
l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux
Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines,
amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. »
Le crime de l’esclavage dénoncé par la République française permet d'affirmer que les anciennes
colonies françaises disposent des mêmes droits que les métropolitains, et que Martiniquais,
Guadeloupéens, Réunionnais et Guyanais sont des citoyens français.
« Je me sens capable de hurler pour toujours contre ceux qui m’entourent et qui m’empêchent à
jamais d’être un homme. » Léon-Gontran Damas, cité dans le discours de Christiane Taubira
lors de la première séance du 18 février 1999, à l’Assemblée nationale.
Une Journée nationale de commémoration
À la suite de cette loi, le 10 mai est instauré comme Journée nationale des Mémoires de la Traite,
de l’Esclavage et de leurs Abolitions. Cette date correspond au jour où les élus de la République
adoptèrent à l’unanimité, en dernière lecture au Sénat, la loi promulguée le 21 mai 2001. Elle
correspond aussi à la célèbre proclamation de résistance et d’aspiration universelle à la liberté de
Louis Delgrès le 10 mai 1802, lors du rétablissement de l’esclavage. Cette date met donc l’accent
sur le passé et le présent, la lutte contre la servitude pour bâtir ensemble un monde, un avenir plus
juste. Elle permet de prendre en compte la globalité du fait esclavagiste et ses multiples facettes, et
constitue l’aboutissement d’un mouvement et d’une réflexion large et internationale sur les effets
de la traite et de l’esclavage.
Un Comité national
La loi Taubira recommande la création du Comité national pour la Mémoire et l’Histoire de
l’Esclavage (CNMHE), conseil du gouvernement sur les enjeux de mémoire, d’histoire de l’esclavage
et de discriminations induites, afin d’apporter des réponses par l’éducation, la recherche,
l’enseignement, les patrimoines, la diffusion ou la transmission. Au carrefour de toutes les
disciplines, le CNMHE aspire à enrichir la mémoire et élargir les connaissances pour le plein exercice
d'une citoyenneté érigée sur la pierre angulaire de la Révolution française et son principe
fondateur:
L’égalité entre les citoyens est un processus et un combat de vigilance continue, construite sur les
soulèvements d’esclaves conjugués aux luttes abolitionnistes, elle se perpétue avec les sentinelles
et les porteurs de ce message aujourd’hui.
Des personnalités qualifiées nommées pour 3 ans par le Premier Ministre, y siègent pour leurs
compétences et leurs expériences en recherche, enseignement, patrimoine, diffusion ou
transmission de l'histoire et des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.
Depuis 2015, le CNMHE a initié le Mois des Mémoires de l'Esclavage & des Combats pour l'Égalité,
qui se déroule du 27 avril au 10 juin chaque année, couvrant une partie de la période des
proclamations d'abolitions dans l'empire français. Ce "MOIS DES MÉMOIRES" valorise et fédère les
actions populaires et citoyennes pour la mémoire de l'esclavage initiées sur l’ensemble du territoire
national. Elles rendent compte de la pluralité des mémoires et des sensibilités et montrent combien
la mémoire et l'histoire de l'esclavage participent à l'affirmation d'une citoyenneté active et
dynamique ouverte sur un futur partagé.
Valoriser l'apprentissage de l'Histoire de l'esclavage
L’article 2 de la loi prévoit que l'Histoire de la traite négrière et de l’esclavage doit être enseignée
dans les cycles primaire et secondaire, et que la recherche universitaire doit être encouragée et
valorisée, afin de mieux connaître les faits historiques, économiques et politiques liés à cette
période de l’Histoire.
Dans cette perspective, le CNMHE et les Ministères chargés de l'Éducation Nationale et des Outremer, avec l'appui de la Fédération de Paris de la Ligue de l'Enseignement, ont créé en 2016
le Concours pédagogique national LA FLAMME DE L'ÉGALITÉ, qui stimule et encourage les élèves du
primaire au secondaire à travailler sur des thématiques liées à l’Histoire de l’esclavage. Les
lauréats du concours se voient remettre un prix par le Président de la République, lors de la journée
de commémoration du 10 mai.
Discours de Christianne Taubira-Delannon devant l'assemblée nationale du 18 février 1999
Publié le 30 mai 2010 par Titine Faya
« La traite et l’esclavage sont un crime contre l’humanité »
"""[….] Le sujet dont nous sous sommes emparés n’est pas un objet froid d’étude. Parce qu’il
s’écoulera encore quelques temps avant que la paix et la sérénité ne viennent adoucir la blessure
profonde qu’irrigue une émotivité inassouvie, parce qu’il peut être rude d’entendre décrire par le
menu certains aspects de ce qui fut une tragédie longue et terrible parce que l’histoire n’est pas une
science exacte […]
Ce rapport n’est pas une thèse d’histoire […]
Il n’est pas le script d’un film d’horreur, portant l’inventaire des chaînes, fers, carcans, entraves,
menottes et fouets qui ont été conçus et perfectionnés pour déshumaniser.
Il n’est pas non plus un acte d’accusation, parce que la culpabilité n’est pas héréditaire et parce ce
que nos intentions sont pas de revanche.
Il n’est pas une requête en repentance parce que nul n’aurait l’idée de demander un acte de regret
profond et sincère à la République laïque, dont les valeurs fondatrices nourrissent le refus de
l’injustice.
Il n’est pas un exercice cathartique, ( qui libère psychologiquement de ce qui est refoulé, traumatisant
ou oppressant ) parce que les arrachements intimes nous imposent de tenaces pudeurs.
Il n’est pas non plus une profession de foi, parce que nous avons encore à ciseler notre cri de foule.
Pourtant nous allons décrire le crime, l’œuvre d’oubli, le silence, et dire les raisons de donner nom et
statut à cette abomination.
Dès le début, l’entreprise fut marquée par la férocité. Quinze année ont suffi pour faire totalement
disparaître d’Haïti ses premiers habitants, les Amérindiens. Alors qu’on en dénombrait 11 millions le
long des Amériques en 1519, ils n’étaient plus que 2,5 millions à la fin du XVI ème siècle.
Elle fut rapidement justifiée : elle relevait de la mission civilisatrice, visait à sauver des êtres sans âme,
cherchait à rassurer le rachat de certains. Elle était légitimée par la prétendue malédiction de Cham.
(référence au second fils de Noë et à sa descendance, ancêtres selon la Bible des peuples noirs
d’Afrique qui furent maudits)
[…]
La traite et l’esclavage furent extrêmement violents. Les chiffres qui prétendent les résumer sont
d’une extrême brutalité.
En 1978, un bilan exhaustif de la traite et de l’esclavage pratiqués par la France à été établit. Elle
apparaît comme la troisième puissance négrière européenne. Elle a donc pratiqué la traite, ce
commerce, ce négoce, ce trafic dont les seules mobiles sont l’or, l’argent, les épices. Elle a été
impliquée après d’autres, avec d’autres, dans l’esclavage qui transforme l’homme en captif, qui en
fait une bête de somme et la propriété d’un autre.
Le code noir, (sous le règne de Louis XIV, ce Code promulgué en 1685, régentait le statut de
l’esclavage dans les colonies françaises et la vie des esclaves noirs dans les îles. Il entérinait
(ratification juridique qui rend valide (un acte) de fait la pratique du commerce triangulaire) qui a
séjourné dans le droit français pendant près de deux siècles, stipule que l’esclave est un meuble et que
l’esclave affranchi doit un respect singulier à ses anciens maître, aux veuves et aux enfants.
Le commerce triangulaire a duré quatre siècles, puisque les premiers navigateurs ont atteint le cap
Bojador en 1416, sur le Rio de Oro ( Partie méridionale du Sahara ).
Il est vite apparu que les Amérindiens allaient être décimés de façon impitoyable, par l’esclavage, les
mauvais traitement, le travail forcé, les épidémies, l’alcool, les guerres de résistance.
Le père dominicain Bartholomé de Las Casas, qui se proposait de les protéger, a suggéré l’importation
massive d’Africains, réputés plus robustes.
Quinze à trente millions de personnes, selon la large fourchette des historiens, femmes, enfants,
hommes, ont subi la traite et l’esclavage et probablement, au bas mot, soixante-dix millions, si nous
retenons l’estimation qui établit que pour un esclave arrivé aux Amériques, quatre ou cinq ont péri
dans les razzias, sur le trajet jusqu’à la côte, dans les maisons aux esclaves de Gorée, DE Ouidah, de
Zanzibar et pendant la traversée.
Le commerce triangulaire a été pratiqué à titre privé ou à titre public pour des intérêts particuliers ou
pour la raison d’Etat . Le système esclavagiste était organisée autour de plantations domaniale (droit
qui fait partie d'un domaine ou qui appartient au domaine public ) plus prospère ou aussi prospère
que celles du clergé et de colons privés.
Pendant très longtemps, jusqu’en 1716 les compagnies de monopole ont écarté l’initiative privée
(notamment le Compagnie des indes occidentales, créée par Colbert en 1664, puis la compagnie du
sénégal en 1674.
Mais le développementde l’économie de plantation, en plain siècledes Lumière, à nécessité
l’ouverture de ce monopole. Les lettres patentes (marine attestation de l'état sanitaire d'un navire en
partance ) du 16 janvier 1716 ont autorisé les ports de rouen, de saint-Malo, de la Rochelle,de Nantes
et de Bordeaux à pratiquer le commerce de la traite, contre vingt livres par tête de Noir introduit dans
les îles et une exonération de la taxe à l’importation […]
Cette violence et cette brutalité expliquent très probablement, pour une large part, le silence qui tend
à se rapprocher et à aboutir à une concordance des pouvoirs publics, qui voulaient faire oublier et des
descendants d’esclaves, qui voulaient oublier.
Pourtant nous savons le partage des responsabilités. […]
Nous sommes ici pour dire ce que sont la traite et l’esclavage, pour rappeler que les siècles des
Lumières a été marqué par une révolte contre la domination de l’Eglise, par la revendication des
droits de l’homme, par une forte demande de démocratie, mais pour rappeler aussi que, pendant
cette période , l’économie de plantation a été si florissante que le commerce triangulaire a connu son
rythme maximal entre 1783 et 1791.
Nous sommes là pour dire que si l’Afrique s’enlise dans le non développement, c’est aussi parce que
des générations de ses fils et des ses fils lui ont été arrachées; que si la Martinique et la Guadeloupe
sont dépendante de l’économie du sucre, dépendantes de marchés protégés, si la Guyane a tant de
difficultés à la maîtriser ses richesses naturelles ( en particulier le bois et l’Or ), si la Réunion est forcée
de commercer si loin de ses voisins, c’est le résultat direct de l’exclusif colonial; que si la répartition
des terres est aussi inéquitable, c’est la conséquence reproduite du régime d’habitation.
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Nous sommes là pour dire que la traite et l’esclavage furent et sont un crime contre l’humanité ; […]
Cette inscription dans la loi, cette parole forte, sans ambiguïté, cette parole officielle et durable
constitue une réparation symbolique, la première et sans doute la plus puissante de toutes.
Mais elle induit une réparation politique en prenant en considération les fondements inégalitaires des
sociétés d’outre mer liées à l’esclavage, notamment aux indemnisations en faveur des colons qui ont
suivi l’abolition. Elle suppose également une réparation morale qui propulse en pleine lumière la
chaîne de refus qui a été tissée par ceux qui ont résisté en Afrique , par les marrons ( Esclaves en fuite
) qui ont conduit les formes de résistance dans toutes les colonies, par les villageois et les ouvriers
français, par le combat politique et l’action des philosophes et des abolitionnistes.
Elle (cette inscription dans la loi ) suppose que cette réparation conjugue les efforts accomplis pour
déraciner le racisme, pour dégager les racines des affrontements ethniques, pour affronter les
injustices fabriquées. Elle suppose une réparation culturelle, notamment par la réhabilitation des lieux
de mémoire.[…]
Mais nous allons cheminer ensemble dans notre diversité, parce que nous sommes instruits de la
certitude merveilleuse que si nous sommes si différents, c’est parce que les couleurs sont dans la vie
et que la vie est dans les couleurs, et que les cultures et les desseins, lorsqu’ils s’entrelacent, ont plus
de vie et plus de flamboyance. […]
Léon Gontran Damas (1912-1978), poète guyanais et député socialiste de la Guyane, Co-fondateur
du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor : hurlait son
ressentiment : « je me sens capable de hurler pour toujours contre ceux qui m’entoure et qui
m’empêche à jamais d’être un Homme »
Georges Clemenceau avait raison
Races supérieures, races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement
depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être
vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand.
Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une
civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs. Race inférieure, les Hindous ! Avec
cette grande civilisation raffinée qui se perd dans la nuit des temps ! Avec cette grande religion
boudhiste qui a quitté l’Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d’art dont nous voyons
encore aujourd’hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ! Avec cette civilisation dont
les origines sont inconnues et qui paraît avoir été poussée tout d’abord jusqu’à ses extrêmes limites.
Inférieur Confucius ! En vérité, aujourd’hui même, permettez-moi de dire que, quand les diplomates
chinois sont aux prises avec certains diplomates européens...(rires et applaudissements sur divers
bancs), ils font bonne figure et que, si l’un veut consulter les annales diplomatiques de certains
peuples, on y peut voir des documents qui prouvent assurément que la race jaune, au point de vue de
l’entente des affaires, de la bonne conduite d’opération infiniment délicates, n’est en rien inférieure à
ceux qui se hâtent trop de proclamer leur suprématie. [...].
et vous verrez combien de crimes atroces, effroyables, ont été commis au nom de la justice et de la
civilisation. Je ne dis rien des vices que l’Européen apporte avec lui : de l’alcool, de l’opium qu’il
répand partout, qu’il impose s’il lui plaît. [...] Non, il n’y a pas de droits de nations dites supérieures
contre les nations dites inférieures ; il y a la lutte pour la vie, qui est une nécessité fatale, qu’à
mesure que nous nous élevons dans la civilisation, nous devons contenir dans les limites de la justice
et du droit ; mais n’essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation ; ne parlons
pas de droit, de devoir ! La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que
donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires, pour s’approprier l’homme, le
torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le
droit : c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence l’hypocrisie.
Aujourd’hui, il nous faut poursuivre l’œuvre engagée … Et si nous oubliions,
nous bannissions de notre vocabulaire le mot race… A son simple
chuchotement il réveille encore trop d’outrages xénophobes…
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