TES : A remettre le mardi 12 mai 2015 DISSERTATION APPUYéE

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A remettre le mardi 12 mai 2015
TES :
DISSERTATION APPUYEE SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
Il est demandé au candidat :
- de répondre à la question posée par le sujet ;
- de construire une argumentation à partir d’une problématique qu’il devra élaborer ;
- de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment
celles figurant dans le dossier ;
- de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en
organisant le développement sous la forme d’un plan cohérent qui ménage l’équilibre des parties.
Il sera tenu compte dans la notation de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.
SUJET : L’existence d’un salaire minimum est-elle un obstacle à l’emploi ?
Document 1 :
Depuis le 1er janvier 2015, un salaire minimum de 8,50 euros bruts de l’heure s’applique en Allemagne. Une
première dans un pays où l’Etat fédéral a toujours laissé syndicats et organisations patronales négocier les
questions salariales.
Le débat fait rage sur l’impact de cette mesure. La fédération des chambres de commerce craint que ce
surenchérissement du coût du travail n’entraîne la disparition de 200000 emplois. Certaines enquêtes ont même
parlé de la disparition d’un million de postes. Les économistes pointent le risque que les salariés les moins
qualifiés aient encore plus de mal qu’avant à trouver un travail. Un sondage montre que les entreprises
concernées par ces hausses de salaire ont prévu des mesures pour les compenser : augmentation des prix pour
les entreprises de la restauration, les coiffeurs, les taxis ; licenciements ou diminution du temps de travail dans le
commerce ; baisse des primes dans l’industrie. D’un autre côté, quatre millions de salariés verront leur pouvoir
d’achat augmenter et consommeront plus qu’avant. Les effets macroéconomiques sont donc difficiles à évaluer.
Angela Merkel, elle, ne voulait pas du salaire minimum fédéral par crainte d’une perte de compétitivité des
produits allemands à l’export. Mais les secteurs exportateurs ont recours à une main d’œuvre qualifiée et mieux
payée que 8,50 euros de l’heure. Le secteur agroalimentaire devrait être le seul vraiment touché. Ce qui réjouit
déjà les industriels et producteurs français de ce secteur, confrontés à la forte concurrence allemande.
Source : Cécile Maillard, L’usine nouvelle, janvier 2015.
Document 2 : Evolution de l’emploi, au Royaume-Uni, dans les secteurs à faible rémunération.
(Indice 100 en 1997)
Document 3 :
Le coût du travail est une barrière à l’insertion des jeunes les moins qualifiés. De nombreuses études
convergent sur ce point et démontrent l’impact néfaste, sur l’emploi des jeunes, d’un salaire minimum
dont le niveau serait trop élevé. En règle générale, les travaux sur la demande de travail estiment qu’un
accroissement du coût du travail de 1 % diminue l’emploi peu qualifié, qui comprend une grande
proportion de jeunes, de 1 %.
Pour un jeune de 20 ans, la France se caractérise par le coût du travail au niveau du salaire minimum le
plus élevé des pays de l’OCDE après le Luxembourg. Un minimum légal aussi élevé n’engendrerait
pas de difficulté majeure si les personnes sans qualification ni expérience professionnelle sur le marché
du travail n’étaient si nombreuses. Une part importante de nos jeunes ne sont pas assez qualifiés pour
que leur productivité couvre leur coût horaire, ce qui limite leurs chances d’insertion.
Source : Les notes du conseil d’analyse économique, Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus F.
Zimmermann, n° 4, avril 2013
Document 4 : Comparaison de différents pays en fonction des niveaux de leur salaire minimum, de leur taux de
chômage et de leur PIB par habitant.
* Adoption de ce salaire minimum à partir de 2015
** Décembre 2013
*** Janvier 2014
**** Août 2013
***** 2011
NB : L’Autriche, Chypre, le Danemark, la Finlande, l’Islande, l’Italie, la Norvège et la Suède n’ont pas instauré de
salaire minimum. La Suisse a rejeté l’instauration d’un salaire minimum par référendum le 18 mai 2014 (par plus
de 76 % des électeurs)
Source : Eurostat, 2015.
Intro : En mai 2014, les suisses ont rejeté par référendum l’instauration d’un salaire minimum. Choix
surprenant mais qui met en valeur l’intensité du débat autour du salaire minimum (appelé SMIC en
France depuis 1970).
Depuis les années 1970, les économistes s'opposent à propos de l'impact sur l’emploi, positif ou
négatif, du salaire minimum. Les uns affirment qu'il réduit l'accès à l'emploi des moins qualifiés, les
autres qu'il maintient la cohésion sociale.
Ainsi, le salaire minimum, ne risque-t-il pas de faire diminuer l’emploi des salariés au bas de l’échelle
des rémunérations ? Est-il au contraire un rempart contre la pauvreté et un facteur important de
maintien du pouvoir d’achat et donc de la consommation, condition de la croissance et donc de
l’emploi ?
Après avoir envisagé les effets potentiellement négatifs du salaire minimum sur l’emploi on montrera
qu’il faut nuancer ses effets négatifs sur l’emploi.
Les effets potentiellement négatifs du salaire minimum sur l’emploi :
A) La critique libérale du salaire minimum :
1) Sur un marché concurrentiel où le prix du travail s’établit au niveau de la productivité
marginale du travail, il faut s’attendre à ce que la demande d’emploi baisse si le salaire
minimum fixe le plancher au-dessus de ce niveau. Il faut donc laisser le marché du travail
s’autoréguler et ne pas fixer un salaire minimum qui viendrait contrarier cette autorégulation.
2) Constats et craintes :
- le RU, avec un PIB/hab. à peu près équivalent à celui de la France mais un salaire minimum
inférieur, connaissait en février 2014 un tx de chômage bien inférieur à celui de l’hexagone
(7,1 % contre 10,4 %) (doc. 4)
- exemple encore plus significatif : les EU avec un PIB/hab nettement supérieur mais un
salaire minimum nettement inférieur à celui de la France connaissaient un taux de chômage
très faible (6,7 %) (doc. 4)
- en Allemagne, du fait de l’introduction du salaire minimum en janvier 2015 (doc. 1),
certains (le patronat et la CDU en particulier) craignent la perte de centaine de milliers
d’emplois et des conséquences économiques négatives pour l’éco. d’outre-Rhin (hausses de
prix, diminutions du tps de travail sans compensation salariale, baisse des primes,
concurrence de l’étranger dans certains secteurs …)
I)
B) Les effets induits pour certaines catégories de travailleurs :
Ainsi, pour les travailleurs les moins qualifiés (les jeunes en particulier), on peut craindre que leur
productivité de départ soit insuffisante pour couvrir le coût du travail supporté par le patron si celui-ci
est obligé de les rémunérer à un niveau élevé de salaire minimum. Dans ce cas, leur embauche sera
bloquée du fait de cet écart. (voir l’idée d’un « SMIC jeunes »)
-
-
Au RU, on peut penser que l’introduction du salaire minimum n’a pas arrangé la situation
de l’emploi dans les secteurs du textile et du nettoyage (baisse de 10 points d’indice du nbre
d’emploi ds le textile entre le 1er avril 1999 et sept. 2000). (A noter cependant que la baisse
de l’emploi avait commencé avant l’introduction du salaire minimum (presque 20 % de
baisse ds le secteur du nettoyage entre décembre 1997 et le 1er avril 1999)
Aujourd'hui, les économistes sont quasi unanimes pour affirmer qu'une hausse de 1 % du
SMIC provoquerait une perte nette de milliers d'emplois aux dépens des moins qualifiés
(voir doc. 3). Ce qui explique qu'il n'y ait eu qu'un seul coup de pouce au smic depuis 2007,
en juillet 2012, au lendemain de l'élection de François Hollande.
II)
Des effet négatifs qui doivent être nuancés
A) Un salaire minimum qui peut avoir des effets sociaux et économiques favorables à
l’emploi :
1) Le salaire minimum a une vocation sociale : assurer un niveau de vie décent aux
travailleurs les plus vulnérables et donc de leur permettre de conserver un certain
niveau de pouvoir d’achat ds notre sté de consommation
2) Selon l’analyse keynésienne, le maintien d’un certain niveau de revenu pour les
travailleurs maintient un niveau élevé de demande effective jouant sur le niveau de
production et au final sur le niveau de l’emploi (phénomène d’autant plus important que
les personnes ayant de faibles revenus sont celles dont la propension à consommer est la
plus forte) (voir cas de l’Allemagne avec 4 millions de travailleurs qui verront leur
pouvoir d’achat augmenter (doc. 1)
Ce salaire minimum peut être une arme contre les risques de déflation que l’on connaît
en situation de crise (voir conjoncture actuelle)
3) Cela peut motiver les travailleurs (en particulier les jeunes entrant sur le marché du
travail) (selon la thèse du salaire d’efficience (qui s’applique néanmoins davantage aux
travailleurs qualifiés)) ce qui va jouer favorablement sur leur productivité, donc sur la
compétitivité des entreprises et donc au final potentiellement sur l’emploi.
B) Des effets parfois difficiles à mesurer sur l’emploi :
1) Le salaire minimum n’impacte pas tous les secteurs
- ex : cas des secteurs avec une main d’œuvre qualifiée (voir cas de l’Allemagne et de la
plupart des secteurs exportateurs Outre-Rhin)
- ex du RU : le salaire minimum n’a pas empêché la hausse de l’emploi ds les secteurs de la
sécurité ou ds les métiers de l’accueil (mais l’on ne sait pas ce qui serait advenu sans
l’introduction de ce salaire minimum)
2) Une corrélation salaire minimum/ tx de chômage peu évidente :
Ainsi, par ex. les Pays-Bas et la Roumanie ont un taux de chômage comparable alors que le salaire
minimum est plus de 9 fois moins élevé en Roumanie qu'aux Pays-Bas (doc. 4) (autre exemple
possible en comparant le Luxembourg et la Bulgarie)
3) La théorie économique ne permet pas de trancher :
Le marché du travail n’est pas toujours concurrentiel : si le rapport de force qui s’y établit est tel qu’il
permet à l’employeur de fixer le salaire en dessous du niveau de la productivité marginale, le plancher
fixé par le salaire minimum peut conduire à une augmentation de l’emploi.
Conclusion :
Selon les agents économiques concernés (patronat et syndicats en particulier) le salaire minimum
pourra être perçu comme un frein à l’emploi (en particulier pour les travailleurs les moins qualifiés) ou
au contraire comme un élément de « protection sociale », facteur par ailleurs de motivation et de
maintien du pouvoir d’achat. Les théories économiques (néo-classique et keynésienne en particulier)
nous présentent des analyses plutôt opposées en la matière, ne permettant pas d’avoir un avis
réellement tranché par rapport à la question posée. On entre alors dans un débat de nature politique qui
n’est pas prêt de s’éteindre en particulier lorsque des échéances électorales s’approchent.
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