Intro : En mai 2014, les suisses ont rejeté par référendum l’instauration d’un salaire minimum. Choix
surprenant mais qui met en valeur l’intensité du débat autour du salaire minimum (appelé SMIC en
France depuis 1970).
Depuis les années 1970, les économistes s'opposent à propos de l'impact sur l’emploi, positif ou
négatif, du salaire minimum. Les uns affirment qu'il réduit l'accès à l'emploi des moins qualifiés, les
autres qu'il maintient la cohésion sociale.
Ainsi, le salaire minimum, ne risque-t-il pas de faire diminuer l’emploi des salariés au bas de l’échelle
des rémunérations ? Est-il au contraire un rempart contre la pauvreté et un facteur important de
maintien du pouvoir d’achat et donc de la consommation, condition de la croissance et donc de
l’emploi ?
Après avoir envisagé les effets potentiellement négatifs du salaire minimum sur l’emploi on montrera
qu’il faut nuancer ses effets négatifs sur l’emploi.
I) Les effets potentiellement négatifs du salaire minimum sur l’emploi :
A) La critique libérale du salaire minimum :
1) Sur un marché concurrentiel où le prix du travail s’établit au niveau de la productivité
marginale du travail, il faut s’attendre à ce que la demande d’emploi baisse si le salaire
minimum fixe le plancher au-dessus de ce niveau. Il faut donc laisser le marché du travail
s’autoréguler et ne pas fixer un salaire minimum qui viendrait contrarier cette autorégulation.
2) Constats et craintes :
- le RU, avec un PIB/hab. à peu près équivalent à celui de la France mais un salaire minimum
inférieur, connaissait en février 2014 un tx de chômage bien inférieur à celui de l’hexagone
(7,1 % contre 10,4 %) (doc. 4)
- exemple encore plus significatif : les EU avec un PIB/hab nettement supérieur mais un
salaire minimum nettement inférieur à celui de la France connaissaient un taux de chômage
très faible (6,7 %) (doc. 4)
- en Allemagne, du fait de l’introduction du salaire minimum en janvier 2015 (doc. 1),
certains (le patronat et la CDU en particulier) craignent la perte de centaine de milliers
d’emplois et des conséquences économiques négatives pour l’éco. d’outre-Rhin (hausses de
prix, diminutions du tps de travail sans compensation salariale, baisse des primes,
concurrence de l’étranger dans certains secteurs …)
B) Les effets induits pour certaines catégories de travailleurs :
Ainsi, pour les travailleurs les moins qualifiés (les jeunes en particulier), on peut craindre que leur
productivité de départ soit insuffisante pour couvrir le coût du travail supporté par le patron si celui-ci
est obligé de les rémunérer à un niveau élevé de salaire minimum. Dans ce cas, leur embauche sera
bloquée du fait de cet écart. (voir l’idée d’un « SMIC jeunes »)
- Au RU, on peut penser que l’introduction du salaire minimum n’a pas arrangé la situation
de l’emploi dans les secteurs du textile et du nettoyage (baisse de 10 points d’indice du nbre
d’emploi ds le textile entre le 1er avril 1999 et sept. 2000). (A noter cependant que la baisse
de l’emploi avait commencé avant l’introduction du salaire minimum (presque 20 % de
baisse ds le secteur du nettoyage entre décembre 1997 et le 1er avril 1999)
- Aujourd'hui, les économistes sont quasi unanimes pour affirmer qu'une hausse de 1 % du
SMIC provoquerait une perte nette de milliers d'emplois aux dépens des moins qualifiés
(voir doc. 3). Ce qui explique qu'il n'y ait eu qu'un seul coup de pouce au smic depuis 2007,
en juillet 2012, au lendemain de l'élection de François Hollande.