Thème 2 (ECO) : Mondialisation, finance internationale et

1
Thème 2 (ECO) : Mondialisation, finance internationale et intégration européenne.
Question 2: Quelle place de l’Union européenne dans l’économie globale ?
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : Sans entrer dans le détail des évolutions historiques, on rappellera qu'en se dotant d'un
grand marché intérieur et d'une monnaie unique, les pays européens mènent une expérience originale d'intégration plus étroite
de leurs économies. On montrera que l'union monétaire revêt une importance particulière dans le contexte monétaire et financier
international, et qu'elle renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques des Etats membres. On s'interro-
gera sur les difficultés de la coordination des politiques économiques dans l'Union européenne.
Acquis de première : banque centrale, politique budgétaire, politique monétaire.
NOTIONS : Euro, union économique et monétaire
Objectifs :
Cette question doit permettre de mettre en pratique les connaissances de la question précédente et il faut
donc être capable d’utiliser les théories du commerce international, afin de montrer comment et pourquoi les États
membres ont choisi d’intégrer leurs économies ; et, de plus, réutiliser les connaissances acquises sur les mécanismes
de change pour comprendre l’importance de l’Union monétaire dans le contexte monétaire et financier international.
Enfin, cette question rappelle le rôle des politiques macroéconomiques, en précisant leurs interdépendances
dans l’Union monétaire. On s’interrogera à cet égard sur les difficultés de coordination des politiques économiques.
Le programme incite à ne pas développer les détails de la construction européenne mais, à l’inverse, il insiste
sur l’originalité de l’intégration européenne. Il faut donc montrer les objectifs de cette intégration.
Enfin, il faut insister sur l’Union monétaire et montrer la place de l’euro dans le contexte monétaire et financier
international, et sur les défis de l’UEM : préserver une politique monétaire autonome, tout en ayant un taux de change
fixe, créer une monnaie internationale capable de concurrencer le dollar, mener des politiques cohérentes dans un
espace économique intégré, où les politiques sont interdépendantes et doivent donc être coordonnées.
Plan :
I. La construction européenne.
A. La construction européenne : un projet politique.
B. La dynamique de l’intégration.
C. Les institutions de l’Union européenne.
II. L’Union européenne dans l’économie mondiale.
A. Les gains procurés par l’intégration des marchés.
B. L’Union européenne entre régionalisation et mondialisation.
C. Les difficultés de la conduite des politiques économiques.
Pour mieux connaitre l’Europe, le site officiel : http://europa.eu
2
I. La construction européenne.
A. La construction européenne : un projet politique.
A la fin de la seconde guerre mondiale, les différentes nations européennes sont totalement anéanties. Il faut
alors redémarrer les économies, envisager la reconstruction et redéfinir les rapports entre les alliés et les ennemis
d’hier.
La remise en état des économies est notamment rendu possible avec l’aide du plan Marshall et les Etats-
Unis vont alors accroitre leur influence sur l’Europe occidentale à travers ces prêts. Dans le même temps, les ac-
cords de Bretton Woods (1944) consacrent la suprématie économique et monétaire américaine.
Dans ce contexte, des voix s’élèvent en Europe pour mettre en route une dynamique européenne afin
d’éloigner définitivement les possibilités de conflit au sein du Vieux Continent.
Le 9 mai 1950, Robert Schuman met en avant la nécessité d’éliminer les oppositions entre les vieilles na-
tions européennes notamment la France et l’Allemagne.
En novembre 1954, Jean Monnet écrit : « Nos pays sont devenus trop petits pour le monde actuel, à
l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique et de la Russie d’aujourd’hui, de la Chine et de
l’Inde de demain. L’unité des peuples européens, réunis dans les Etats-Unis d’Europe, est le moyen de relever leur
niveau de vie et de maintenir la paix ». Si l’idée d’Etats-Unis d’Europe est ancienne, c’est l’expérience des deux
guerres mondiales qui pousse les « pères fondateurs » ( Konrad Adenauer (1876-1967) ; Alcide de Gasperi (1881-
1954) ; Jean Monnet (1888-1979) ; Robert Schuman (1886-1963) ; Paul-Henri Spaak (1899-1972)) à relancer le pro-
jet européen dans le but d’éviter le renouvellement des « guerres fratricides » en Europe et pour cela de construire
des solidarités fortes entre les Etats et entre les peuples. Après l’échec de la Communauté Européenne de défense
(1954), ce sont les solidarités économiques qui sont privilégiées. C’est pourquoi, dès l’origine, il ne s’agit pas seule-
ment de favoriser la libre circulation des marchandises, mais surtout d’intensifier les liens commerciaux et cultu-
rels, de favoriser les coopérations entre entreprises, universités, laboratoires de recherche, de susciter et de
faciliter les échanges entre européens (programmes Erasmus par exemple), de mettre en place des politiques
communes (politiques agricole, régionale, énergétique, etc.). La perspective est clairement celle d’une forme ou
d’une autre d’intégration politique démocratique (élection du parlement européen au suffrage universel direct depuis
1979). C’est en ce sens que l’intégration européenne est originale, elle ne vise pas seulement à construire un espace
économique intégré mais à faire de l’Europe un acteur à part entière de la vie internationale (c’est l’Union euro-
péenne en tant que telle qui siège à l’OMC, c’est l’Union européenne qui, aux côtés des Etats-Unis et de la Russie,
participe à la « troïka » pour le Proche Orient, etc.). D’autres expériences d’intégration (l’ALENA par exemple) se si-
tuent uniquement dans la perspective du libre-échange. Mais dès lors qu’il s’agit d’exprimer un certain volontarisme
politique face aux marchés, la construction européenne est souvent présentée comme un modèle. Par exemple, c’est
en faisant référence à la construction européenne que le président du Brésil, Lula da Silva, proposait dès 2003 un
projet d’intégration latino américaine qui devait déboucher sur une monnaie commune, une citoyenneté commune et
un parlement commun. Cela a conduit à l’entrée en vigueur de l’Union des nations sud américaines en mars 2011.
L’existence d’une politique extérieure et de sécurité commune, le renforcement de la coopération mili-
taire, la charte des droits sociaux fondamentaux, interdisent donc de lire l’histoire de la construction européenne
comme la simple réalisation d’un projet « libéral » de libre circulation des marchandises et des capitaux. Si cette di-
mension est effectivement présente, elle n’est pas la composante unique du processus. Comme le soulignait François
Perroux, un processus d’intégration suppose toujours la combinaison d’opérations de marché et d’opérations hors-
marché, de procédures privées et de procédures publiques.
B. La dynamique de l’intégration.
Dans toutes les régions du monde, des processus d’intégration se sont mis place. On peut retenir la définition
classique de l’intégration de François Perroux (1903 1987) : « L’acte d’intégrer rassemble des éléments pour former
un tout, ou bien il augmente la cohérence d’un tout déjà existant » (L’économie du XXe siècle).
L’intégration économique désigne le processus par lequel plusieurs nations s’accordent pour faciliter les
échanges entre elles, afin d’unifier progressivement leurs marchés, et d’en tirer des avantages mutuels.
Cette intégration s’accompagne de la création d’institutions communes chargées de gérer les intérêts com-
muns des pays.
Selon la « Théorie de l’intégration économique » (1961) de Bela Balassa (1928 1991), il existe cinq degrés
d’intégration :
- Création d’une simple zone de libre-échange entre les pays membres (suppression des barrières douanières
entre les pays membres et des limitations quantitatives).
- Transformation de cette zone de libre-échange en union douanière quand les pays adoptent un tarif douanier
commun vis-à-vis des pays non membres. La stratégie de la zone se précise donc vis-à-vis des pays tiers.
- Marché commun quand la libre circulation ne concerne plus seulement les marchandises mais aussi les capi-
3
taux et les hommes.
- Union économique quand les pays décident d’harmoniser leurs politiques nationales pour éviter les tensions
entre eux.
- Intégration économique et sociale quand les membres de l’Union créent des institutions politiques qui gèrent
les intérêts communs. Il s’agit d’une union économique et monétaire.
1. La création de l’Union européenne.
Les différentes transformations de la structure européenne peuvent s’intégrer dans le processus décrit ci-
dessus. Dès l’origine du projet européen, la solution de la zone de libre-échange est écartée. Ce sont les adversaires
du Traité de Rome qui ont tenté de mettre en place l’Association européenne de Libre Echange à partir de 1960 et qui
se sont par la suite, pour la plupart, intégrés à l’Union européenne.
Dans l’Histoire de la construction européenne, les degrés d’intégration ne sont pas des étapes qui se succè-
dent mais des processus qui s’entrecroisent. Il existe bien cependant une dynamique de l’intégration, liée d’une part à
des facteurs économiques (chaque pas en avant vers l’intégration économique incite à franchir le pas suivant) et à
des facteurs politiques (chaque crise de l’Europe donne lieu à un approfondissement de l’intégration rendu nécessaire
pour sauvegarder le projet politique d’union européenne). Par exemple, l’union douanière et la libre circulation des
facteurs de production poussent à l’intégration monétaire afin de réaliser des économies de coût de transaction et la
crise du SMI pousse à la création du SME.
L’approche de l’intégration monétaire par le Triangle des incompatibilités permet d’illustrer cette dynamique de
l’intégration.
Un petit rappel sur :
Le triangle d’incompatibilités de Robert Mundell.
Le « triangle d’incompatibilités », configuration mise en évidence par Robert Mundell (1932 ), selon laquelle
il est impossible pour un État de maintenir tout à la fois un taux de change fixe (l’appartenance au Mécanisme de
Change du SME), la liberté de circulation des mouvements de capitaux (l’absence de contrôle des changes) et le libre
choix de sa politique monétaire (la fixation du niveau des taux d’intérêt à court terme en fonction d’objectifs internes
de politique économique).
Ainsi, un pays qui déciderait une relance autonome en baissant les taux d’intérêt verrait immédia-
tement les capitaux placés dans sa devise se porter sur d’autres monnaies offrant une meilleure rémunération. Sur le
marché des changes, il en résulterait des ventes massives de sa devise et donc une dépréciation qui finirait par
rendre impossible son maintien dans la bande de fluctuation autorisée par l’appartenance au régime de changes
fixes. En revanche, l’abandon d’une des trois conditions permet la poursuite des deux autres : en changes fixes, il est
possible de conduire une politique monétaire autonome (baisse ou hausse des taux d’intérêt par rapport à ceux des
partenaires) à condition que le contrôle des changes empêche les mouvements de capitaux (respectivement sorties
ou entrées) qui inévitablement en découlent.
Si au contraire, dans ce même contexte de changes fixes le contrôle des changes est levé, il faut renoncer à
4
toute politique monétaire autonome.
Enfin, il est loisible pour un gouvernement de mener la politique monétaire de son choix en l’absence de con-
trôle des changes s’il abandonne tout objectif de change fixe. Par exemple, une relance monétaire favorise les sorties
de capitaux mais la dépréciation du taux de change qui en résulte n’est plus considérée comme problématique
puisque le taux de change est décidé par les seules forces du marché.
La Communauté européenne a fait le choix des changes fixes, d’abord dans le cadre de Bretton Woods après
l’entrée en vigueur de l’Accord Monétaire Européen (décembre 1958), ensuite, face à l’instabilité monétaire internatio-
nale, à travers le Serpent Monétaire Européen (SME) et le Système Monétaire Européen (SME). Puis, l’Union euro-
péenne a fait le choix de la libre circulation des capitaux. Ces deux choix effectués, l’autonomie des politiques moné-
taires n’était plus possible, c’est ce qui a conduit à la mise en place de la monnaie unique.
Quelques repères :
La construction de l'Europe s'est faite en 7 grandes étapes :
La naissance de l'Europe.
9 mai 1950 : Robert SCHUMAN, ministre français des Affaires Étrangères, partisan d'une réconciliation franco-
allemande et d'un rapprochement de tous les pays libres d'Europe, propose dans un discours inspiré de Jean MON-
NET, la gestion sous une autorité indépendante du marché du charbon et de l'acier.
18 avril 1951 : le traité fondant la première Communauté Européenne, celle du charbon et de l'acier (CECA), est si-
gné à Paris par 6 pays : Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et République Fédérale d'Allemagne.
La création de la Communauté Économique Européenne.
25 mars 1957 : les 6 pays constituant la CECA signent les Traités de Rome instituant :
- la Communauté Économique Européenne, (CEE),
- la Communauté Européenne de l'Énergie Atomique, dite EURATOM.
1962 : mise en place de la Politique Agricole Commune (PAC), 1ère politique communautaire.
Yaounde, les débuts d'un rôle international.
20 juillet 1963 : les États fondateurs de la Communauté Européenne signent avec leurs anciennes colonies afri-
caines une convention garantissant à celles-ci certains avantages commerciaux et une aide financière. La Convention
de Lomé qui a suivi s'applique aujourd'hui à 70 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
1967 : les exécutifs des 3 communautés (CECA, CEE, Euratom) fusionnent et créent un Conseil et une Commission
uniques. On parlera désormais de la Communauté.
L'élargissement de la Communauté Européenne de 1973 à 1995.
1er janvier 1973 : premier élargissement de la Communauté au Danemark, à l'Irlande et au Royaume-Uni : c'est l'Eu-
rope des 9.
1er janvier 1981 : entrée de la Grèce dans la Communauté : c'est l'Europe des 10.
1er janvier 1986 : l'Espagne et le Portugal deviennent membres de la Communauté : c'est l'Europe des 12.
1er janvier 1995 : l'Autriche, la Finlande et la Suède adhèrent à la Communauté, c'est l'Europe des 15.
Les premières élections du Parlement Européen au suffrage universel direct.
7-10 juin 1979 : depuis cette date, les députés européens sont élus au suffrage universel direct tous les cinq ans
dans chacun des pays de l'Union Européenne.
1979 : le Système Monétaire Européen (SME) est créé, il a pour but de stabiliser les taux de change. Il se compose
de trois éléments : l'ECU (European Currency Unit), un mécanisme de change et d'intervention et différents méca-
nismes de crédit.
La signature de l'Acte Unique Européen.
17 février 1986 : l'Acte Unique Européen signé à cette date et dont l'entrée en vigueur est fixée au 1er juillet 1987,
prévoit l'achèvement du grand marché intérieur, véritable marché commun sans frontières, au 1er janvier 1993.
L'Union Européenne.
7 février 1992 : le Traité sur l'Union Européenne est signé à Maastricht.
1er janvier 1993 : achèvement quasi total du marché unique.
1er novembre 1993 : le Traité de Maastricht entre en vigueur et donne à la construction européenne une nouvelle
dimension. La Communauté Européenne, à vocation essentiellement économique, se transforme en Union Euro-
péenne marquée par la réalisation de l'Union Politique et de l'Union Économique et Monétaire qui réunit tous les pays
en mesure d'adopter l'euro au 1er janvier 1999.
5
29 mars 1996 : ouverture, à Turin, de la conférence inter-gouvernementale sur la révision du traité de Maastricht.
1er janvier 1999 : l'euro devient la monnaie unique européenne.
1er janvier 2002 : l'euro devient la monnaie nationale et est utilisée par tous les Français.
Schématiquement :
2. La construction de la zone euro.
C’est le traité de Maastricht, adopté par les douze pays de la CEE en 1992, qui prévoit la création d’une Union
économique et monétaire (UEM) et d’une monnaie unique au 1er janvier 1999.
La création de l’UEM, c'est-à-dire de la zone euro, s’est effectuée en trois phases :
- Du 1er juillet 1990 au 31 décembre 1993 : Libre circulation des capitaux entre les pays.
- Du 1er janvier 1994 au 31 décembre 1998 : création de l’Institut monétaire européen (IME) chargé de coor-
donner les politiques monétaires des différentes banques centrales. Les banques centrales deviennent indépendantes
du pouvoir politique.
- Le 1er janvier 1999 : adoption de la monnaie unique, l’euro et création de la Banque centrale européenne
(BCE), indépendante des gouvernements, chargée de mettre en œuvre la politique monétaire commune de l’Europe
et qui remplace l’IME.
Du 1er janvier 1999 au 1er janvier 2002, l’euro n’est qu’une monnaie des règlements internationaux.
Seules les opérations financières et les opérations de change peuvent s’effectuer en euros.
A partir du 1er janvier 2002, l’euro est progressivement adopté par les habitants des pays concernés sous
forme de monnaie scripturale, monnaie fiduciaire et monnaie divisionnaire.
La zone euro repose sur des institutions financières :
- La BCE détermine la politique monétaire de la zone euro.
- L’Eurosystème est composé de la BCE et des 17 banques centrales nationales de pays de la zone euro.
- L’Eurogroupe est un organe informel qui réunit les 17 ministres des finances de la zone euro. Il a pour objectif
de coordonner les politiques économiques des pays concernés.
Remarque : le Conseil Ecofin est un organe informel qui réunit les ministres des finances de l’UE.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !