Il faut, d’autre part, que de nouvelles règles édictées au niveau européen contraignent
au moins les chaînes de service public à mieux informer leur public des enjeux
concrets de l’audiovisuel.
Education aux médias et pédagogie des enjeux
Ces réflexions pourraient également alimenter le contenu d’un travail d’éducation aux
médias. Cette dernière ne devrait pas se limiter à une diffusion d’un savoir de type
encyclopédique (par exemple, expliquer comment se tourne et combien coûte la
production d’un spot de pub) mais elle devrait également opter pour une pédagogie
des enjeux (par exemple, détailler quelles sont influences concrètes de la publicité et
du sponsoring sur le contenu même des programmes diffusés par les chaînes
familières du public qui reçoit ces cours d’éducation aux médias).
Il conviendrait également que ces séances d’éducation aux médias donnent aux
téléspectateurs les outils concrets qui leur permettraient d’agir par rapport aux chaînes
(comment écrire une lettre au courrier des lecteurs d’un hebdo TV, comment adresser
une plainte à l’organe de régulation, comment s’adresser au service de médiation
d’une chaîne, que faire si l’on ne reçoit en retour aucune réponse ou une réponse en
langue de bois, etc.).
Pour une « soirée » européenne annuelle
Si le but d’une association européenne est d’éveiller des vocations de téléspectateurs
actifs, c’est-à-dire favoriser l’émergence d’un contre-pouvoir porté par des usagers
imaginatifs et revendicatifs, il faut que cette association organise à un niveau
européen un événement ludique et mobilisateur auxquelles doivent être
nécessairement associées les chaînes de télévision, afin qu’il soit relayé auprès du
public concerné, les téléspectateurs eux-mêmes.
Objectif : une soirée annuelle du téléspectateur actif en Europe.
Toutes les chaînes programmeraient, ce soir-là, au prime-time, une émission qui
aurait pour objectif de faire le point sur leurs évolutions durant l’année écoulée, en
compagnie de leurs téléspectateurs.
Sur base des informations recueillies et diffusées par l’association européenne au fil
des douze mois précédant cette soirée-événement, en ce qui concerne les « bonnes »
et les « mauvais » pratiques mises en places dans l’audiovisuel européen, un jury, ce
soir-là, décernerait en direct ses prix annuels couronnant les nouvelles pratiques
audiovisuelles, bonnes et mauvaises. Les responsables des différentes chaînes
seraient invités à réagir.
Pareille initiative renforcerait la pugnacité des usagers et des associations « en vue du
bien commun » européen et participerait au rééquilibrage des forces en présence
dans le paysage audiovisuel. Enfin, l’usager pourrait conquérir sa visibilité dans ce
secteur où étaient jusqu’à présent n’étaient omniprésents que les lobbies des
diffuseurs, des régies publicitaires et des créateurs (quotas musicaux, etc.) ainsi que
les agents régulateurs (CSA, Service de médiation , etc.).
Se mettrait enfin en place un concours télévisé dont les enjeux concerneraient
directement le public qui le regarderait. Pareille initiative permettrait d’envisager de
manière positive l’évolution du petit écran. La télévision pourrait devenir une amie !
Cette soirée permettrait à chacun, dans son propre pays, de faire le bilan de ce qui se
passe chez lui et ailleurs en Europe. Le public apprendrait que les télévisions peuvent
se comporter, ici et là, de manière fort différente et être très inventives.
Attention ! Il ne s’agit de couronner ni des émissions, ni des animateurs ou des
journalistes, ni des chaînes, ni des pays, mais bien des « pratiques », des évolutions.
Pour être concret, si je devais influencer le jury, je lui proposerais, cette année, de
sélectionner des nouvelles pratiques de France 5 et la RTBF.
Sur France 5, l’émission qui analyse les médias, « Arrêt sur images », est en différé
et montée. Dans le générique final, il est indiqué la durée réelle du tournage et le
public peut, chaque semaine, sur internet visionner la nouvelle émission dans la durée
intégrale de son tournage.