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Hubert Bonin, professeur d’histoire économique à Sciences Po Bordeaux et à lUMR GRETHA-Université de
Bordeaux [www.hubertbonin.com]
On a appris à la fin de l’année 2013 que la société coopératrice 3A (Alliance agro-
alimentaire), qui a son siège à Toulouse, s’intègre au le groupe coopérateur SODIAAL.
L’historien de l’économie et des entreprises peut se saisir de ce fait pour mettre en valeur
une révolution dans l’histoire de l’économie coopérative. C’est cette évolution historique
récente qu’il faut rappeler afin que ces tournants structurels prennent tout leur sens dans
l’histoire « immédiate ». Les « chocs de compétitivité » touchent au plus au chef la
mouvance des coopératives, puisqu’elles ont réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 84.3
milliards d’euros et emploient plus de 160 000 salariés permanents.
De l’esprit coopérateur à la prégnance de l’économie de marché
Sans remonter à la préhistoire des coopératives au sein du mouvement de l’économie
sociale, dans les années 1880-1930, après le règne des utopies du milieu du XIXe siècle, on
doit insister sur le tournant qu’on est en train de vivre dans l’univers coopérateur français.
C’est peut-être un mouvement vers l’équivalent que ce qui a été vécu par les Caisses
d’épargne, les Banques populaires, les caisses de Crédit mutuel ou les caisses de Crédit
agricole mutuel, voire les caisses Raiffeisen allemandes ou autrichiennes. En effet, le
monde coopérateur est confronté aux défis des restructurations qui marquent l’ensemble
des parties prenantes de l’économie sociale ou même solidaire. Le paradoxe est que
fleurissent les sociétés de micro-crédit, les SCOP (sociétés coopératives ouvrières de
production), les associations solidaires de production et vente, en un perpétuel
mouvement de recréation d’une économie de proximité sociale au profit de cohortes de
populations désireuses de s’affranchir quelque peu du poids du « grand capitalisme ».
Est-ce à dire que l’économie coopérative s’inscrit désormais dans une logique capitaliste ?
Indéniablement, elle est en tout cas soumise aux « règles darwiniennes » de l’économie de
marché, la nationale, l’européenne, mais aussi, de plus en plus, la mondiale. En effet, la
remise en cause de la PAC (Politique agricole commune) mise en place dans la seconde
moitié des années 1960 consiste sans ambages d’une logique d’ouverture progressive des
frontières de l’Europe verte. Cela va constituer un véritable « choc de compétitivité :
l’ensemble de l’économie agricole et en son sein l’économie coopératrice doivent s’adapter !
1. Un environnement de la compétition
À l’échelle européenne, des groupes capitalistes se sont affirmés avec une puissance
irréfragable : Unilever, Nestlé, Lactalis, Bel, Bongrain, Danone, pour ne parler que de notre
monde tout proche. En France, la stratégie de croissance des trois groupes familiaux
Lactalis/Besnier (5,6 milliards en 2004; 15,7 milliards CA et 54 000 collaborateurs en
2012), Bongrain (4 milliards €), Bel/Fiévet (2,6 milliards CA) a été efficace, même si
d’autres sociétés ont dû baisser pavillon (comme toutes celles acquises par Lactalis dans les
années 1980/90 (comme Bridel). S’y ajoute une offensive de groupes américains, tels
General Mills (Géant vert, Yoplait), Kraft Foods (Philadelphia) ou Mondelez (Lu).
Or, face aux tensions provoquées par la nouvelle configuration de l’économie de marché
fortement concurrentielle, le modèle coopérateur a parfois connu un fort tangage. On se
rappelle l’effondrement de l’ULN (Union laitière normande jadis), en parfait contre-
modèle stratégique et managérial, marqué par un fort essor en 1962-1992, puis la chute et
la reprise par Bongrain). La crise de SODIAAL, au tournant des années 2000, résultait d’une
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crise financière provoquée par une trop forte dispersion du portefeuille d’activités
stratégiques et une fragmentation du mode de gestion et de la production. Il a fallu opérer
un recentrage drastique, conclure une alliance avec General Mills pour Yoplait (aux États-
Unis, puis, après un portage effectué par une société d’investissement, ailleurs) et avec
Bongrain pour les fromages. Les limites du modèle économique de 3A (Alliance agro-
alimentaire, à Toulouse) ont là aussi été touchées : après la réussite de l’unification contre
le « patriotisme de clocher » à l’échelle du grand Sud-Ouest, une première crise a été
causée par une offensive espagnole réussie mais trop coûteuse ; et un plafond de verre
aurait atteint en 2012/13, d’où l’intégration dans Sodiaal, faute de pouvoir porter les
énormes frais de modernisation, de marketing et de distribution en restant isolé.
2. Le modèle européen de concentration et de pluri-activité
Heureusement, un « modèle économique » a pris corps hors de France, de façon précoce.
Les principaux groupes coopérateurs européens ont entamé un puissant mouvement
d’adaptation à la pression concurrentielle provoquée par la diffusion d’une économie de
marché impitoyable. De grandes coopératives laitières se sont constituées aux Pays-Bas
(Friesland Campina) et au Danemark (Arla). Dans tout secteur d’activité fleurissent des
modes, des mouvements moutonniers, des « modèles » de stratégie, au nom des
économies d’échelle : aussi notre propos ne veut pas paraître présomptueux. Mais, en
tenant compte de la remise en cause de la PAC et des quotas laitiers, on peut prétendre
qu’un modèle de l’Europe du Nord-Ouest s’impose à nos réflexions.
Le modèle scandinave ?
Aujourd’hui, 99 % des agriculteurs danois sont membres de coopératives (dans la viande
de porc : Danish Crown, TiCan ; dans la fourrure : Kopenhagen Fur). Une forte stratégie
exportatrice a été définie, qui a imposé une intensification de la production et de grandes
usines rationalisées (abattoirs, etc.). Des « holdings coopératifs », dès le tournant du XXIe
siècle, ont débouché sur un véritable « capitalisme coopérateur ». Alors que, en 1945,
tournaient quelque 1 650 laiteries coopératives, un mouvement de fusions a bâti des
groupes nationaux. Il a été couronné en 2000 par la fusion de la Suédoise Arla (fondée en
1881) et de la Danoise MD Foods (fondée en 1970) pour créer Arla Foods, devenue le
premier groupe laitier européen et le septième mondial. Ce groupe a procédé à une solide
intégration verticale en Scandinavie, Allemagne et en Grande-Bretagne, puis aussi aux
États-Unis.
Le modèle hollandais?
Les Pays-bas ont entre-temps vécu la même aventure. Dès 1989 ont fusion deux grosses
coopératives régionales, d’où Campina Melkunie ; puis celle-ci s’est unie avec Royal
Friesland Foods en 2008. Friesland-Campina est ainsi le troisième groupe laitier et la
première coopérative à l’échelle mondiale, riche de 20 000 salariés et d’établissements en
Allemagne, Thaïlande, Russie, etc.
Une double culture ? Le grand débat philosophique
Au terme de cette convergence capitalistique, il est clair que des coopérateurs dans un ou
deux pays d’origine sont devenus indirectement des « capitalistes » hors de leur terroir, là
où leur groupe a développé sa collecte de productions agricoles et ses fabrications
industrielles. De même, la banque autrichienne Raiffeisen dispose d’un double profil : elle
s’appuie sur ses sociétaires dans ses sections en Autriche et elle gère des filiales capitalistes
classiques en Europe orientale. Or une solution a été dénichée par les Scandinaves : ainsi,
670 paysans allemands sont devenus membres coopérateurs de la filiale constituée après
achat de la coopérative Hansa Milch par Arla en 2012. La philosophie coopérative aura
donc essaimé : les racines sont préservées, mais des rhizomes ont poussé. Avant son
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mouvement de rachats/fusions, Arla rassemblait 8 024 sociétaires au Danemark, en Suède
et en Allemagne ; et elle en mobilise 12 300 sociétaires dans six pays en 2012, grâce à un
essaimage de la culture sociale coopérative, ce qui pourrait constituer un réel modèle
socio-financier, ou, en tout cas, nourrir le débat. En effet, la question clé est bel et bien :
Comment concilier histoire/racines/mentalités du mouvement coopérateur
et mouvement de concentration capitalistique et industrielle ?
Arla Foods a dû réinventer son modèle de gestion démocratique, en un cas d’étude
révélateur ; la pyramide de décision est complexe, avec :
24 districts suédois,
25 districts danois,
tous avec une assemblée générale annuelle et un conseil de district ;
trois régions suédoises et quatre régions danoises accueillent des assemblées de
débats ;
un conseil des délégués regroupe 179 élus dont dix représentant les salariés, avec en sus
des représentants des sociétés sœurs étrangères (Allemagne, UK) ;
le conseil d’administration est fort de 24 membres dont quatre issus des salariés.
Des débats sur la contradiction entre esprit coopérateur
et développement capitaliste
Pourtant, bien entendu, ces fusions capitalistiques, transfrontalières ou non, ont
provoqués de chauds débats, évoqués notamment dans publication European Milk Board
de mai 2012 [www.europeanmilkboard.org], à propos des « possibilités restreintes pour le
coopérateur individuel désireux d’exercer son influence lors de l’AG » : « la concentration
croissante affaiblit les possibilités d’influence des coopérateurs » en Allemagne. On perçoit
l’enjeu de l’accès à l’information et de sa compréhension car il faut du temps, une certaine
culture, et aimer les réflexions collectives)
En allant plus encore au cœur des sujets « chauds », le débat sur la réalité des liens entre
l’esprit coopérateur/mutualiste et la gestion transnationalisée de filiales et de flux
d’exportation ne peut manquer d’être placé au coeur des réflexions du monde coopérateur.
Ainsi, Friesland-Campina développe un chiffre d’affaires de 3,35 milliards € en Asie en
2012 et vise un 1 milliard en Chine en 2015. C’est une nécessité à l’échelle de l’économie
globalisée dès lors que le marché laitier hollandais ne pèse que 2 % marché mondial. Mais
que reste-t-il du lien de proximité entre le coopérateur de base et cette ouverture à l’Asie ?
Une telle coopérative va-t-elle aller jusqu’à créer des associations incitant des paysans
chinois à développer l’esprit coopérateur face à l’individualisme ayant succédé au
démantèlement des « communes populaires » ? Le mutualisme va-t-il remplacer le défunt
communisme ? La même question peut être soulevée à propos de la chaîne de contrôle au
sein de la filière constituée au sein du groupe SODIAAL : SODIAAL Union/Groupe SODIAAL
SA/SODIAAL International SA/filiales de transformation, où il est évident que les
coopérateurs de base n’ont guère droit au chapitre, si ce n’est en lisant les brochures, les
rapports annuels et les analyses du site internet. Un tel débat a d’ailleurs été déjà abordé
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par rapport de la Fédération nationale des coopératives laitières: « Le sociétaire est
informé de la politique de sa coopérative. Mais il n’est pas informé de la politique des
filiales, alors que ce sont elles qui transforment le lait et que la valorisation du lait est donc
en grande partie dans leurs mains » [www.cniel.com/site.asp?where=quifait/maison]. Cela
explique que des sociétaires aient exprimé leur inquiétude, tel Xavier Taloud (producteur
de lait en Isère) dans son texte : « Les changements de structure des coopératives laitières
et les conséquences en résultant pour les producteurs » [Coopératives. Entre mythe et
réalité].
Est-ce à dire que l’économie coopérative s’inscrit désormais dans une logique capitaliste ?
Indéniablement, elle est en tout cas soumise aux « règles darwiniennes » de l’économie de
marché, la nationale, l’européenne, mais aussi, de plus en plus, la mondiale. En effet, la
remise en cause de la PAC (Politique agricole commune) mise en place à partir de 1962
consiste sans ambages dans une logique d’ouverture progressive des frontières de l’Europe
verte. Cela va constituer un véritable « choc de compétitivité », peu ou prou identique au
démantèlement des chasses gardées coloniales dans les années 1960/70. L’ensemble de
l’économie agricole et, en son sein, l’économie coopératrice doivent s’adapter !
3. De l’esprit coopérateur à la prégnance de l’économie de marché
Heureusement, l’héritage de la « révolution silencieuse » prônée par l’Auvergnat Michel
Debatisse aura permis à cet effort d’adaptation de se réaliser sans trop de vagues dans les
années 1980-2000. Dans les années 1950/70, le développement du bloc coopérateur avait
été l’œuvre des chrétiens-sociaux qui prônaient l’esprit mutualiste, dans le crédit agricole,
les assurances, les coopératives d’approvisionnement et de distribution, avec le soutien des
chambres d’agriculture, de la Jeunesse agricole chrétienne et de la FNSEA. Dans l’Ouest,
notamment, ne dizaine de grosses coopératives (Coopagri, Even, Terrena, Coopérative
laitière de la région nantaise, Cooperl Arc Atlantique) ont fédéré leurs consœurs et se sont
structurées pour transformer localement le lait et la viande, promouvoir la génétique
animale autour de la « pie noire frisonne bretonne », capable de produire beaucoup de lait
chaque année, apporter aux sociétaires des conseils techniques et leur fournir engrais et
aliments du bétail, moderniser la filière des légumes (artichaut, chou-fleur), produire du
lait en poudre, des fromages, du lait de marque, assimiler elles aussi les techniques du
marketing et se doter de réseaux de commercialisation auprès des groupes de distribution
français. On sait que les « paysans entrepreneurs » rêvés par Debatisse et Alexis
Gourvennec avaient conquis la JAC, la FNSEA, les Chambres d’agriculture et nombre
d’institutions coopératives, et noué un pacte avec les dirigeants politiques et les experts
français et européens. Or chacun sait que la révolution en cours est portée par une nouvelle
génération et un pacte renouvelé, où la FNSEA, la FNCC et la FNCL et les institutions
agricoles œuvrent de concert afin de révolutionner l’agrobusiness coopérateur. Un modèle
français de concentration et de pluri-activité s’affirme face aux enjeux de la compétition
dans le sillage des « modèles » de l’Europe du Nord-Ouest.
Dans chaque région et dans chaque secteur, les groupes coopérateurs ont peu à peu pris
conscience de la nécessité de la mutualisation des moyens : les années 1990/2010 ont vu
partout une remise en question du modèle économique des coopératives, en vue de mettre
en commun des branches d’activité, ou en vue de cessions réciproques et de mouvements
de recentrage. L’enjeu est devenue capitalistique : tandis que les firmes dites capitalistes, à
base familiale (Lactalis, Bel, Bongrain, Bonduelle, Soufflet), ou non (Danone, quelle que
soit l’emprise des dirigeants Riboud) fédéraient de plus en plus d’ex-PME en difficulté
autour de leur puissante organisation, sans parler ici de leur internationalisation, les
coopérateurs ont constaté que le mouvement de « modernisation » permanent, y compris
au niveau des normes d’hygiène et de santé, souvent imposées par l’Union européenne, et
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le mouvement d’investissement imposé par la guerre nationale et européenne de la
productivité, requéraient de plus en plus d’intensité capitalistique, donc de « capital ».
Un nouveau capitalisme coopérateur dans le grand Ouest
On sait combien, depuis le tournant du siècle, le Grand Ouest est un pionnier des
mutualisations. Le libre jeu des forces du capitalisme y reste contesté par les coopératives.
L’expression de« paysans entrepreneurs » est passée de mode, mais les entrepreneurs
agriculteurs constituent bel et bien une (heureuse) réalité économique. Des processus de
fusion se sont accélérés, d’abord autour de forces fédératrices, comme Coopagri Bretagne
(1911/66), Even (1930), Terrena (Val d’Ancenis, 1938), Cooperl. Ces groupes ont monté des
pôles de mutualisation en aval, comme l’UCLAB (1973 ; séchage de lait, lactosérum, beurre),
ou, en 1991, Laïta, pour la commercialisation des beurres et fromages.
Toutefois, l’accélération récente est révélatrice de la prise de conscience de
l’environnement concurrentiel, comme quand, en 2009, une nouvelle structure Laïta a
résulté de la fusion des activités laitières d’Even, Coopagri et Terrena (avec une base de 3
750 fermes). Laïta pèse désormais quelque 2 370 salariés, avec des marques comme
Mamie Nova, Régilait, Even, Paysan breton, etc. De leur côté, Eurial et Agrial ont monté
une union laitière en 2012, avec une base de 6 000 éleveurs, tandis qu’est préservée la
filière fromages d’Eurial ; le chiffre d’affaires de la seule Agrial (Basse-Normandie) pèse 3,6
milliards € en 2013, avec une base de 10 000 adhérents.
Des groupes coopérateurs milti-métiers se sont ainsi édifiés en quelques lustres. Even en
est une figure emblématique, riche en direct de 5 200 salariés au total et d’une base de
1 500 sociétaires ; ils parrainent sa stratégie multi-métiers : agro-fournitures, nutrition
animale, génétique porcine, viande (association avec Socopa en 2007), pôle de distribution
alimentaire (CHR, particuliers, avec 2 500 salariés). La surenchère aura gagné ensuite
Triskalia, créée en 2010 par l’union de Coopagri, Unicopa-Eolys et Cam56, avec une base
de 20 000 adhérents et environ 6 000 salariés, et Terrena, avec une base de 22 000
adhérents, un chiffre d’affaires de 4,5 milliards € et 11 000 salariés. Et SODIAAL garde sa
puissance historique, dorénavant élargie au grand Sud-Ouest par le biais de 3A, on l’a
indiqué.
La diffusion nationale d’un modèle de concentration
D’autres cheminements similaires ont bouleversé l’économie agricole bien au-delà de
l’économie de l’élevage et du lait. Dans l’univers des céréales, de la nutrition animale et des
fournitures agricoles, InVivo (2001) constitue l’aboutissement de la fusion des deux unions
nationales de coopératives de collecte et d’approvisionnement, SIGMA (1990, par fusion de
l’UNCAC, née en 1945, et des activités céréalières de l’UGCAF, née en 1948) et l’UNCAA (1945,
avec reprise ensuite de UCANOR en 1999), d’où ses 6 700 salariés et son chiffre d’affaires de
6,1 milliards € en 2012/13. Dans le grand Nord, Champagne céréales (1982) a rejoint
Nouricia en 2012 pour établir Vivescia (8 200 salariés pour 8 500 adhérents agriculteurs).
Tereos est devenue un géant de l’économie du sucre, après avoir même dévoré les vestiges
de la si forte société Beghin-Say des années 1960/70 ; « les betteraviers » et sucriers ont
très tôt pris conscience de la nécessité de se doter de groupes robustes, aptes à affronter la
concurrence. Le processus est donc étonnant, puisque des coopérateurs ont acquis des
symboles du capitalisme historique français ! Tereos constitue ainsi une sorte de
« modèle » des mutations en cours, avec des implantations au Brésil, une base de 12 000
sociétaires pour 26 000 salariés permanents et saisonniers.
On connaît la puissance du groupe Limagrains (1942/65), dont le cœur se situe en
Auvergne ; c’est que le Massif central a été l’un des pôles de l’histoire de la coopération
agricole, autour de Debatisse et de Richemonts (puis de SODIAAL). Limagrains a mê
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