DECISION Nº691
11 septembre 2007
sur l’exception d’inconstitutionnalité des dispositions de l’article 4
alinéa (3) de l’Ordonnance durgence du Gouvernement nº159/1999
concernant la création de la Compagnie Nationale „Loteria Română”
S.A. et de l’article 26 alinéa (2) de la Loi du cadastre
et de la publicité immobilière nº7/1996
Publiée au Journal Officiel (Monitorul Oficial) de la Roumanie,
Partie Iè, nº668 du 1 octobre 2007
Ioan Vida
président
Nicolae Cochinescu
juge
Aspazia Cojocaru
juge
Acsinte Gaspar
juge
Petre Ninosu
juge
Ion Predescu
juge
Puskás Valentin Zoltán
juge
Tudorel Toader
juge
Augustin Zegrean
juge
Ion Tiucă
procureur
Mihaela Senia Costinescu
assesseur
Au rôle général de la Cour se trouve la solution de l’exception
d’inconstitutionnalité des dispositions de l’article 4 alinéa (3) de
l’Ordonnance d’urgence du Gouvernement nº159/1999 sur la création de la
Compagnie Nationale „Loteria Română” S.A. et de l’article 28 alinéa (2)
de la Loi nº7/1996 regardant le cadastre et la publicité immobilière,
exception soulevée par O.B. dans le Dossier nº3.223/110/2006 du Tribunal
de Bacău – la Section civile.
A l’appel nominal a répondu le représentant de la Compagnie
Nationale „Loteria Română” S.A. de Bucarest, le conseiller juridique
Ş.D.B., représentant de l’autre partie, étant absent; envers celui-ci, la
procédure de citation a été légalement accomplie.
Le représentant de la Compagnie Nationale „Loteria Română” S.A.
demande le rejet de l’exception, en déposant en ce sens des observations
écrites.
2
Le représentant du Ministère Public conclut en faveur de l’admission
de l’exception d’inconstitutionnalité des dispositions de l’article 4 alinéa (3)
de l’Ordonnance d’urgence du Gouvernement nº159/1999, en soulignant que
le passage de certains biens, qui étaient gérés par la Régie Autonome
„Loteria Naţională”, dans sa propriété respective, contrevient aux
dispositions constitutionnelles relatives à l’assurance de la garantie à l’égard
de la propriété privée. En ce qui concerne la critique portant sur les
prévisions de l’article 28 alinéa (2) de la Loi 7/1996, devenu comme suite
de la republication l’article 26 alinéa (2), les conclusions du Ministère Public
visent le rejet de l’exception comme non fondée.
LA COUR,
vu les actes et les papiers du dossier, retient ce qui s’en suit:
Par le Jugement avant dire droit du 2 mars 2007, prononcé dans le
Dossier nº3.223/110/2006, le Tribunal de Bacău la Section civile a saisi la
Cour Constitutionnelle de l’exception d’inconstitutionnalité des prévisions
de l’article 4 alinéa (3) de l’Ordonnance d’urgence du Gouvernement
159/1999 sur la création de la Compagnie Nationale „Loteria Română”
S.A., ainsi que de larticle 28 alia (2) de la Loi du cadastre et de la
publicité immobilière nº7/1996, exception soulevée par O.B.
Afin de motiver l’exception d’inconstitutionnalité, son auteur
allègue que les dispositions légales contestées créent un régime privilégié en
faveur de certaines institutions publiques, faisant tort au propriétaire de droit,
personne physique, et portant atteinte à son droit de propriété, droit acquis
par l’observation des conditions légales.
Le Tribunal de Bacău la Section civile estime que l’exception
d’inconstitutionnalité est sans fondement.
En conformiavec les prévisions de l’article 30 alinéa (1) de la Loi
nº47/1992, le jugement avant dire droit de saisine a été communiqaux
présidents des deux Chambres du Parlement, au Gouvernement et à l’Avocat
du Peuple, pour que ceux-ci expriment leurs points de vue sur l’exception
d’inconstitutionnalité.
Le Gouvernement apprécie qu’il faille interpréter les dispositions de
l’article 4 alinéa (3) de l’Ordonnance d’urgence du Gouvernement
159/1999 corrélativement avec les autres alinéas de l’article en débat,
celles-ci représentant un couronnement de l’alinéa (2), et non pas une
dérogation par rapport à l’alinéa mentionné. Ainsi, la propriété de la
Compagnie Nationale Loteria Română” n’inclura que les biens se trouvant
en propriété de la Régie Autonome „Loteria Naţională”, dont elle assume le
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patrimoine, et non pas les biens possédés par cette dernière à un autre titre.
La mise à l’œuvre erronée de la loi ne constitue pas une question concernant
la constitutionnalité, mais une relative à l’interprétation, à la compétence des
cours judiciaires.
Si la volonté du législateur visait le passage spontané des biens en se
trouvant en gérance de la régie autonome dans la propriété de la Compagnie
Nationale „Loteria Română”, en étant déconsidéré le droit de propriété du
titulaire, le Gouvernement allègue que les dispositions en discussion
porteraient atteinte au droit de propriété garanti et protégé par la Constitution,
en étant transgressées les limites raisonnables quand ce dit droit pourrait être
entravé. Lors d’une semblable situation, l’exception est bien fondée.
Quant aux prévisions de l’article 28 alinéa (2) de la Loi nº7/1996, qui
établissent expressément l’égalité de traitement entre l’État, ses institutions et
toute personne physique ou gale, le Gouvernement apprécie que la
réglementation mentionnée n’engendre pas ungime différencié entre les sujets
de droit respectifs, l’exception dinconstitutionnali étant sans fondement.
L’Avocat du Peuple estime comme non fondée l’exception
d’inconstitutionnalité, en soulignant que les dispositions légales critiquées ne
comprennent pas de normes contraires au principe de l’égalité en droits, en
étant conformes à l’article 44 alinéa (1) de la Constitution, selon lequel le
contenu et les limites du droit de propriété sont établis par la loi.
Les Psidents des deux Chambres du Parlement n’ont pas
communiqleurs avis portant sur l’exception dinconstitutionnalité soulevée.
LA COUR,
en analysant le jugement avant dire droit de saisine, les points de vue du
Gouvernement et de l’Avocat du Peuple, le rapport rédigé par le juge-
rapporteur, les allégations de la partie présente, les conclusions du procureur,
les dispositions légales critiquées, rapportées aux prévisions de la
Constitution, ainsi que la Loi nº47/1992, retient ce qui s’en suit:
La Cour Constitutionnelle a été galement saisie et, en accord avec les
dispositions de l’article 146 lettre d) de la Constitution, ainsi que de l’article 1
alinéa (2), des articles 2, 3, 10 et 29 de la Loi nº47/1992, elle est comtente de
trouver une solution à l’exception d’inconstitutionnalité soulee.
L’objet de l’exception d’inconstitutionnalité est représenté par les
dispositions de l’article 4 alinéa (3) de l’Ordonnance d’urgence du
Gouvernement nº159/1999 sur la création de la Compagnie Nationale
„Loteria Română” S.A., publiée au Journal Officiel (Monitorul Oficial) de
la Roumanie, Partie Iè, 515 du 25 octobre 1999, validée par la Loi
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nº288/2001, publiée au Journal Officiel (Monitorul Oficial) de la Roumanie,
Partie Iè, 303 du 8 juin 2001, dispositions qui stipulent que Les autres
biens se trouvant en gérance de la Régie Autonome «Loteria Naţională»
passent dans la propriété de Loteria Română à la date de son
immatriculation à l’office du registre commercial”, ainsi que par les
dispositions de l’article 28 alinéa (2) de la Loi nº7/1996 regardant le cadastre
et la publicité immobilière, devenu l’article 26 alinéa (2), comme suite de la
republication au Journal Officiel (Monitorul Oficial) de la Roumanie, Partie
Iè, nº201 du 3 mars 2006, selon lesquelles Dans des conditions identiques
[en l’absence de l’inscription au registre foncier] sont opposables aussi, par
rapport aux tiers, les droits réels acquis par l’Etat ou par toute autre
personne, par l’effet de la loi, comme suite de l’expropriation ou des
décisions judiciaires”.
L’auteur de l’exception soutient que les stipulations légales contestées
violent les dispositions constitutionnelles de l’article 44 regardant le droit à
la propriété privée, de l’article 52 censé entériner le droit de la personne
lésée par une autorité publique, de l’article 53 concernant la limitation de
l’exercice de certains droits ou de certains libertés et de l’article 136
relatives à la propriété.
1. En examinant l’exception d’inconstitutionnalité des dispositions de
l’Ordonnance d’urgence du Gouvernement nº159/1999 portant sur la création
de la Compagnie Nationale „Loteria Română” S.A., la Cour observe que
l’acte normatif critiq régularise la création de Loteria Română, personne
morale roumaine, ayant la forme juridique de soc commerciale par actions à
capital intégral appartenant à l’Etat, come suite de la réorganisation de lagie
Autonome „Loteria Naţională”, dissolue à la date de l’immatriculation à
l’office du registre du commerce de la Compagnie Nationale „Loteria Română
S.A. A la même date, Loteria Română devient la proprtaire des biens existant
au patrimoine de la gie Autonome „Loteria Naţională”, d’une part, à
l’exception des biens détenus à un autre titre l’article 4 alia (2) de
l’ordonnance, et d’autre part, des biens se trouvant en rance de la gie
Autonome Loteria Naţiona” – alinéa (3) du même article. De la sorte, il y est
constaté que la loi réglemente, lors du premier cas, le rachat au patrimoine de la
nouvelle compagnie nationale des biens détenus à titre de propr par la gie
autonome, en vertu de la succession universelle des droits et des obligations de
l’ancienne personne morale, tandis qu’en ce qui concerne la seconde situation,
le transfère du droit de propr des biens se trouvant en rance de la gie
autonome, du patrimoine de certaines personnes physiques ou morales à celui
appartenant à la compagnie nationale. Donc, la seconde hypothèse consacre le
passage dans la propriété de Loteria Româ, à une date ultérieure par rapport à
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l’entrée en vigueur de l’Ordonnance d’urgence du Gouvernement nº159/1999,
respectivement, la date de l’immatriculation de la compagnie à l’office du
registre du commerce, des biens détenus par la gie Autonome Loteria
Naţiona enrance, soit, à titre de possesseur pcaire.
Or, aucune loi ne saurait accomplir la conversion du droit de gérance
envers certains biens appartenant à l’ancienne régie autonome en droit de
propriété de Loteria Română, par conséquent, le changement du régime
juridique de ces dits biens, dans l’absence d’une cause visant l’utilité
publique, ainsi qu’un juste et préalable dédommagement, selon les exigences
de l’article 44 alinéa (3) de la Constitution.
Aussi, l’article 4 alinéa (3) de l’Ordonnance d’urgence du
Gouvernement nº159/1999, régularisant un transfère forcé de propriété une
expropriation, transgresse-t-il les stipulations de l’article 44 alinéas (1) et (3)
de la Constitution, ainsi que de l’article 1 du premier Protocole à la
Convention de la Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés
Fondamentales. De la sorte, tel que la Cour européenne des Droits de
l’Homme a aussi décrété par sa jurisprudence, une privation de propriété
doit être prévue par la loi, suivre une cause d’utilité publique, se conformer
aux normes du droit interne et respecter un rapport de proportionnalité entre
les moyens utilisés et le but visé. En outre, la privation de propriété doit
épargner une juste stabilité entre les requêtes portant sur l’intérêt général et
les impératifs fondamentaux de l’individu, en principal par le
dédommagement raisonnable et proportionnel par rapport à la valeur du bien
respectif, octroyé à son possesseur.
En ce qui concerne la légalité de l’expropriation, la Cour européenne
des Droits de l’Homme a décidé que l’existence toute simple de certaines
normes n’était pas suffisante pour légitimer la privation de propriété. Ainsi,
dans l’affaire Zvolsky et Zvolska contre la publique Tchèque, 2002, a
été statué la nécessité que la loi sur laquelle est fondée une atteinte portée à
l’égard des biens appartenant à une personne soit conforme aux normes de
droit interne spécifiques à l’Etat impliqué, y compris aux dispositions
constitutionnelles pertinentes. En tout cas, il appartient, en principal, aux
autorités nationales internes d’interpréter et d’appliquer ces dites normes et
de se prononcer sur leur constitutionnalité. A propos de la notion utilité
publique”, la Cour européenne (les affaires Malama contre la Grèce,
2001, Almeida Garret, Mascarenhas Falcao et quelques autres contre le
Portugal, 2000, „Honecker et quelques autres contre l’Allemagne”, 2001),
a arrêté que celle-ci doit suivre l’achèvement d’une fin légitime, d’un intérêt
général de nature socio-économique, fait susceptible d’octroyer aux Etats
signataires de la Convention européenne des droits de l’homme et des
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