projet d`église_février 1999

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PROJET D’ÉGLISE
JANVIER
2001
ARTICLE 25.B
Prévenir l’hémorragie
Chaque année, des Églises évangéliques se déchirent sur la question des dons spirituels. Il suffit qu’un
frère ou une sœur vive hors de son église un moment fort et bénéficie d’un don pour qu’il tente de rallier à
sa cause le reste de son assemblée. Pour peu qu’il ou elle soit de forte personnalité, bientôt deux factions se
forment. Souvent, l’Église se divise et les conséquences sont douloureuses.
Dans un sens, c’est normal. Si certains prêchent un plein évangile, c’est que d’autres en ont un déficient. Ceux qui sont du côté de la “ plénitude ” sentent ainsi leur responsabilité de partager cette expérience
avec d’autres. Après tout, les autres ont un évangile creux ou incomplet. Plusieurs auteurs charismatiques
encouragent l’export de leur perspective vers d’autres Églises. L’enthousiaste John Sherrill termine son livre
sur le parler en langues par cette question: “ Et si la Pentecôte entrait aujourd’hui dans l’Église ? ” [John
Sherrill, Ils parlent en d’autres langues, Miami (FL): Éditions Vida, 1988), p. 205] . C. Peter Wagner explique à ses
partisans comment gagner avec “ patience ” leurs Églises à la cause de la “ troisième vague ”, à savoir ce
mouvement de cette fin de siècle issu du charismatisme des années 60 :
Je reçus cinq prophéties de personnes totalement indépendantes les unes des autres, et toutes affirmaient quasiment la même chose. Dieu m’a apparemment appelé à être son messager. Pour
que l’Église de Jésus-Christ puisse grandir, je dois faire connaître la puissance de Dieu à ceux
qui ne l’ont pas encore expérimentée. Je dois le faire cependant d’une manière non-pentecôtiste
et non charismatique [John C. Peter Wagner & Kevin Springer, Die Dritte Welle p. 56 in Wolfgang
Buhne, La troisième vague... Ie plus grand réveil de I ‘histoire de I ‘Église ? (Bielefeld (RFA): Éditions
Christlische Literatur-Verbreitung, 1992), p. 20.]
Cet homme a un programme : faire avancer, au sein du christianisme, le message d’une nouvelle puissance pour l’Église. Les chrétiens sont impressionnés par la dimension surnaturelle de ces déclarations. Qui
oserait mettre en doute les paroles mêmes de Dieu ? Le sentiment d’être dans un train arrêté, guette le lecteur des récits des nouveaux leaders charismatiques.
Toute Église, en France ou ailleurs, sera un jour confrontée à ces questions. Il m’a donc semblé utile
de présenter les raisons bibliques qui encourageraient une Église à ne pas embrasser “ la pentecôte ” dont
John Sherrill parle. Il existe de bons arguments, solidement enracinés dans les Écritures, pour qu’une Église
rejette les pseudo “ redécouvertes ” du mouvement charismatique contemporain.
Hérésie et apostasie
A l’origine, “ hérésie ” vient d’un terme grec qui veut dire “ choisir pour soi ”. Un hérétique s’éloigne
de l’orthodoxie chrétienne en choisissant ce qu’il souhaite croire (cf. 1 Co 11.18-19). Aujourd’hui, ce terme
s’applique à quelqu’un de très éloigné de la foi, mais il est utile d’établir une distinction entre hérésie et
apostasie. Quand le Seigneur reviendra, il est possible que nous soyons tous plus ou moins coupables de
choix erronés, tant il est difficile de se dévêtir de tout préjugé. Par l’épée de l’Esprit chacun d’entre nous
doit aiguiser la compréhension qu’il a de Dieu, de son héritage et de ses responsabilités pour devenir “ un
ouvrier qui n’a pas à rougir et qui dispense avec droiture la parole de la vérité ” (2 Tm 2.15). Que Dieu nous
aide à être fidèles.
Il est des choix qui dépassent largement des discussions d’importance seconde. On parle d’apostasie
— un départ complet de la foi. L’Église doit alors se mobiliser afin de préserver la pureté de son message.
L’Écriture nous encourage à veiller sur ce que nous croyons. C’est par la vérité que nous sommes sanctifiés
(cf. Jn 17.17) et aucun mensonge ne contribuera à notre édification, fut-il spectaculaire. Nous ne devons ni
tordre le sens des Écritures (2 Pi 3.16), ni falsifier la Parole (2 Co 2.17) comme certains le faisaient déjà au
LA TRINITE :
LE SAINT ESPRIT
temps du Nouveau Testament. Il nous faut rechercher le “ lait non frelaté de la Parole ” (1 Pi 2.2). L’épître
aux Hébreux nous encourage à prêter une vive attention à ce que nous avons entendu, de peur d’aller à la dérive (Hé 2.1). Ceci d’autant plus que “ dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi pour
s’attacher à des esprits séducteurs, à des doctrines de démons ” (1 Tm 4.1). Buhne résume notre devoir en ces
termes: “ Le Nouveau Testament nous exhorte à “ polémiquer ” (le sens original du mot est encore plus fort:
il s’agit de “ faire la guerre ”) contre les fausses doctrines et contre les faux docteurs. (Cf., entre autres, Jd 3-4
; 2 Jn 9-11 ; Ga 2.11-14 ; Cl 2.18 ; 2 Co 10.4-6) [Wolfgang Buhne, La troisième vague, p. 177.] ” Le lecteur pourra
également consulter Ro 16.17 et Tt 1.9-11.
Observons trois doctrines fondamentales de la foi chrétienne et remarquons les dérives graves qui justifient de polémiquer au sujet de la foi charismatique, dans ses orientations contemporaines :
“ Départ ” de l’Évangiles
L’Évangile, la Bonne Nouvelle de Dieu pour le salut du monde, est clairement défini en 1 Co 15.1-4 :
Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel
vous demeurez fermes, et par lequel aussi vous êtes sauvés, si vous le retenez dans les termes
où je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. Je vous ai transmis avant tout, ce
que j’avais aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il
est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures...
“ Nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes ” (Hé 10.10).
Alléluia ! Mais Paul nous exhorte à retenir cet évangile “ dans les termes ” annoncés. Parce que si l’on modifie l’Évangile, on touche au fondement même de la foi chrétienne. A Corinthe comme en Galatie, il y avait
des risques de corruption de la bonne nouvelle (cf. 2 Co 11.4). Paul met en garde les Galates :
Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ,
pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous
troublent, et qui veulent pervertir l’Évangile du Christ. Mais si nous-mêmes, ou si un ange du
ciel vous annonçait un Évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète maintenant : si quelqu’un vous annonce
un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! (Ga 1.6-9).
La clarté d’un prédicateur sur sa définition de l’Évangile fera qu’il sera considéré comme authentique,
ou qu’il sera “ rejeté pour la destruction ”, c’est-à-dire “ anathématisé ”. Ceci montre la gravité de toute déviation d’un évangile clairement défini. Car sans clarté sur ce sujet, il est impossible de savoir comment accéder au salut, ni comment le partager.
Or l’équipe “ dirigeante ” de la troisième vague a dévoilé à plusieurs reprises un visage de loup. A
Marseille, en 1974, Charles Kraft a déclaré qu’il n’était pas nécessaire qu’un musulman croie à la mort du
Christ pour devenir chrétien :
Pareillement, il [le musulman] n’a pas à être convaincu de la mort du Christ. Il a simplement à
promettre fidélité et foi dans le Dieu qui s’occupe des détails pour rendre possible la justification requise par sa réponse de foi. Il se pourrait qu’il ne puisse, en fait, croire en la mort du
Christ, particulièrement s’il place consciemment sa foi en Dieu par Christ, parce que selon sa
logique, si Christ est mort, Dieu a été vaincu par les hommes, et ceci bien sûr n’est pas crédible
[Charles Kraft, “ Distinctive Religious Barriers to Outside Penetration ”, in Conference on Media in Islamic Culture Report, Marseille 1974, Éd. par C. Richard Shumaker, co-sponsorisé par International Christian Broadcasters (FL), et Evangelical Literature Overseas (IL), p. 71 ].
Le Dr Jack Deere, bras droit de John Wimber a reçu la visite d’un théologien qui souhaitait discuter
avec lui. Tous deux participa ient à un congrès rassemblant plusieurs milliers de personnes:
Après m’être présenté, je dis au Dr Jack Deere : “ Je me demande si vous pourriez me dire
pourquoi ma présentation de l’Évangile d’hier était insuffisante ? ” [Jésus-Christ est mort sur
la croix pour nos péchés, il fut mis au tombeau, et ressuscita le troisième jour. C’est par cet
Évangile que nous sommes sauvés.]
Il me répondit : “ Je ne suis pas vraiment prêt à parler de ceci. ”
Je dois avouer avoir été un peu surpris par cette réponse initiale, considérant qu’il venait de
parler à plus de 5500 personnes sur les faux docteurs...
Voyant son hésitation, je lui demandai : “ Pourriez-vous me dire, très librement, ce qu’est
l’Évangile ? ”
Article 25.B -- page 2
Jack Deere répondit : “ Je ne suis pas sûr. ”
Un peu ébranlé, je lui dis : “ Je trouve un peu surprenant que vous ne sachiez pas ce qu’est
l’Évangile. ”
Jack Deere dit alors : “ J’étais comme vous avant, croyant que l’Évangile, ce n’était que la justification par la foi. ”
Je lui répondis : “ Affirmez-vous que l’Évangile est plus que la justification par la foi ? ”
“ Oui ”, me répondit-il.
“ Qu’ajouteriez-vous ? ” ai-je demandé.
“ La délivrance. ”
“ Que voulez-vous dire par délivrance ? ”...
Il expliqua : “ Les choses comme les démons, la guérison, etc. ” [La conversation continua sur
le même style, pour aboutir à cette dernière question :]
“ Êtes-vous en train de dire que vous ne pourriez pas retourner sur l’estrade et dire à ces personnes ce qu’est l’Évangile ? ”
Il répondit : “ Non pas encore. ”
Je lui demandai : “ Quand pensez-vous pouvoir le faire ? ”
Il me répondit : “ Peut-être d’ici cinq ans, peut-être dix... ”
[Robert Dean, Jr., “ Don’t Be Caught By the Undertow of the Third Wave ”, Biblical Perspectives Vol. 3,
N° 3 (mai-juin 1990), p. 5.]
Armstrong, témoin des conférences de Wimber, a écrit :
J’ai entendu Wimber prêcher et enseigner des milliers dans des contextes où des non-croyants
étaient présents. Cependant, à chaque reprise, les vérités bibliques de la repentance, du sacrifice
expiatoire et de la grâce gratuite n’étaient pas claires, et c’est le moins qu’on puisse dire [John
Armstrong, “ Nagging Concerns ”, The Standard, juin 1991, p. 20.]
Paul Cain est un nouveau venu dans le circuit très médiatisé des conférences charismatiques. Il dit
être prophète. Il est américain, exerce à Kansas City dans une Église affiliée au Vineyard Fellowship, association internationale d’Églises présidée par Wimber. Il a déjà fait son entrée en Grande-Bretagne et il accompagne désormais les missions de Wimber. Nous reparlerons de lui lorsque nous aborderons le thème de
la prophétie. On remarque le même trait alarmant d’un manque de compréhension de l’Évangile. Un témoin
de son ministère raconte :
Jamais je ne l’ai entendu parler de sa conversion. Pas une seule fois il n’a admis être un pécheur ayant besoin de la grâce. Pas une seule fois il n’a mentionné qu’il avait fait confiance en
l’œuvre du Christ sur la croix pour son salut. Pas une seule fois il n’a lié les circonstances de sa
naissance ou de l’apparition du Seigneur alors qu’il avait 7 ans à une quelconque expérience de
conversion. Lorsque je questionnai George Mallon, pasteur de l’Église “ Grâce ” du Vineyard
d’Arlington, il dit qu’il y a des hommes que Dieu a appelés qui n’ont pas besoin de conversion,
comme les anciens prophètes, ils sont appelés dès le ventre de leur mère [Robert Dean, Jr., “
Don’t Be Caught By the Undertow of the Third Wave ”, p. 4. ]
Peut-on ôter de l’Évangile la mort du Christ ? Est-on incapable de définir l’Évangile ? Certains
hommes naissent-ils déjà sanctifiés ? Si l’Évangile fait défaut, quelle est donc cette “ évangélisation de puissance ” dont nous entendons parler avec tant de publicité ?
“ Départ ” de Jésus-Christ
Un domaine tout aussi fondamental concerne la personne du Christ. Là encore, les Écritures soulignent que l’on peut mesurer l’orthodoxie d’un croyant à l’exactitude de sa doctrine du Seigneur : “ Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine du Christ n’a pas Dieu ; celui qui demeure dans la
doctrine a le Père et le Fils ” (2 Jn 9). Jean affirme que l’on reconnaît l’Esprit de Dieu à la qualité de notre
compréhension du Christ :
Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de
Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de
Dieu: tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antichrist, dont vous avez appris qu’il vient, et
qui maintenant est déjà dans le monde (1 Jn 4.1-3).
La même idée est présentée aux Corinthiens qui toléraient trop facilement des phénomènes extatiques
sans en éprouver le contenu (1 Co 12.3). “ Jésus-Christ est Seigneur ” évoque sa divinité, sa souveraineté, sa
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capacité à régir tous les domaines du monde matériel et spirituel. Il ne s’agit pas d’un “ dicton test ” à entendre de la bouche d’un homme. Il s’agit plutôt de compatibilité entre ce qu’une personne dit du Messie, et
ce que la Bible en dit. Tout enseignement modifiant d’une manière significative une saine christologie procède de l’adversaire.
Or le Jésus dont on entend parler semble parfois bien petit. J’en prends pour preuve les déclarations
de Wimber : “ Jésus a souvent exercé son ministère en utilisant la foi des autres. Jésus a souvent compté sur
la foi des autres. Je crois qu’il y a eu des moments où Jésus avait peu de foi, voire pas du tout, pour la guérison d’un individu. Je crois qu’il y avait des moments où il avait plus de foi qu’à d’autres ” [John Wimber,
Healing Seminar Series, in John Goodwin, “ Testing the Fruit of the Vmeyard ”, Redmond (WA): Media Spotlight,
Dossier spécial, 1990.]
Cette idée est plus modérément reprise dans son livre sur “ l’évangélisation de puissance ” :
Jésus comprenait l’importance d’un environnement favorable à la guérison. Marc 5.35-42 décrit
Jésus alors qu’il ressuscite la fille de Jaïrus. Jésus était en route pour aller prier pour la fillette
lorsqu’il fut informé de sa mort. Ceux qui ont annoncé la mort de la fillette découragèrent Jésus
de se rendre dans la maison. Ils n’avaient pas la foi qu’il puisse guérir la fillette. Mais au lieu
d’abandonner la partie, Jésus insista pour aller chez Jaïrus, quoiqu’il ne permît à personne
d’autres que Pierre, Jacques et Jean de l’accompagner. En excluant ceux qui étaient pleins
d’incrédulité, il créa un environnement favorable à la guérison [John Wimber & Kevin Springer,
Allez... guérissez, p. 156.]
Je ne suis pas convaincu par l’explication de l’auteur sur les raisons qui ont conduit Jésus à faire sortir
tout le monde. Créer une “ atmosphère de foi ” est un concept totalement étranger au ministère de JésusChrist, le Fils de Dieu. Comme le remarque un auteur pentecôtiste : “ Les guérisons faites par Jésus ne
s’opéraient pas dans le recueillement d’un édifice religieux; mais, la plupart du temps, dans le va-et-vient
des routes, sur les bruyantes places publiques, dans la rumeur montant de masses plus ou moins surexcitées
et parcourues par toutes sortes de passions contraires ” [André Thomas-Brès, La guérison divine, (Grézieu-laVarenne: Viens et Vois), p. 18.] Par sa nature divine, Jésus était capable d’accomplir la volonté du Père, malgré
l’opposition des hommes, de Satan et de tous les démons rassemblés. Jésus a œuvré avec puissance au milieu de l’incrédulité, comme lorsqu’il calme la tempête (Mt 8.23-27), face à une foi vacillante, comme lorsqu’il guérit un jeune démoniaque (Mc 9.23-27), ou face à l’impiété, comme lorsqu’il guérit les dix lépreux (Lc
17.11-19). Nous ne le trouvons pas à la merci des humains.
Jésus n’aurait-il pu guérir en présence de gens “ pleins d’incrédulité ” ? Est-il donc dépendant de nous
pour intervenir ? Le Roi des rois ne peut-il dépasser les insuffisances de ses créatures? Le verset clé souvent
cité pour soutenir cette thèse se trouve dans les deux premiers évangiles : “ Et il ne fit pas là beaucoup de
miracles, à cause de leur incrédulité ” (Mt 13.58) ou selon Marc : “ Il ne put faire là aucun miracle, sinon guérir quelques malades en leur imposant les mains ” (Mc 6.5). L’interprétation saine d’un passage exige que
l’on considère l’ensemble de la révélation pour se prononcer. Jésus a accompli des prodiges en des circonstances fort différentes, y compris dans un climat d’incrédulité. Toute interprétation tendant à diminuer la
capacité d’action du Christ est à rejeter. L’œuvre du Fils de Dieu ne dépend pas de la foi des hommes. Les
paroles de Mt 13.58 et Mc 6.5 sont prononcées alors que Jésus était rejeté par ses proches. Sa famille et ses
voisins ne pouvaient concevoir qu’un homme vivant parmi eux enseigne comme lui le faisait. L’opposition
était telle (et Jésus s’en étonne, cf. Mc 6.6) que les habitants de Nazareth se privaient de la compassion de Jésus, l’un des moteurs de son œuvre de guérison [Voir Henri Blocher, Christologie, (Vaux-sur-Seine: Faculté Libre
de Théologie Évangélique, 1986), pp. 248-249.] Faire des miracles devant un peuple incrédule n’aurait
qu’augmenté leur responsabilité. Jésus était venu pour accomplir la volonté du Père (Jn 6.38). Cette volonté
n’était pas de présenter un “ show ”. C’est pourquoi les miracles n’étaient pas à l’ordre du jour de Jésus lors
de sa venue à Nazareth [Peut-être que le poids de culpabilité des Nazaréens aurait considérablement augmenté si Jésus avait fait des miracles. Jésus connaissait le jeu des possibles : à Capharnaüm, il dit que “ si les miracles faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui ” (Mt 11.23).]
Ces conceptions sur le Christ portent atteinte à Sa personne et ont de graves conséquences “ sur le terrain ”. Des malades s’entendent dire que Dieu veut les guérir, mais qu’il ne le peut parce qu’ils n’ont pas la
foi (la foi n’étant pas définie selon l’Écriture). J’ai rencontré des hommes profondément diminués dans leur
relation avec Dieu à cause d’une maladie, d’un handicap, ou d’une non-guérison. L’incompréhension de la
puissance du Christ est telle que lors de séances d’exorcisme, j’ai entendu invoquer les anges Gabriel et Michel parce que le nom de Jésus “ ne faisait pas effet ”.
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Si notre Sauveur dépend de nous pour agir, comment compter sur lui pour notre salut ?
“ Départ ” vers le Nouvel Age
Une comparaison entre les miracles bibliques et ceux avancés par les charismatiques est éloquente.
Une comparaison entre les miracles contemporains et ceux de l’occultisme est parfois troublante. Nous les
évoquerons dans les chapitres correspondants. Il n’est pas nécessaire d’être très perspicace pour constater
des pratiques étrangères à la Bible. Par exemple, le pardon que Dieu nous accorde est enseigné en ces termes
par Wimber :
Imaginez que vous êtes dans un endroit magnifique, dans les montagnes. Pouvez-vous voir
l’herbe verte, les fleurs jaunes ?...
Pouvez-vous voir Jésus, marchant dans la forêt... Seulement vous et Jésus, et il y a une brise
tiède alors que Jésus s’approche de vous...
Voyez maintenant Jésus verser le sang sur vous. Sur votre tête, sur vos épaules, vous couvrant
complètement des pieds à la tête. Pouvez-vous ressentir la paix qui coule de votre tête jusqu’à
vos pieds ?
Ressentez le pardon de vos péchés. Je vous le dis au nom de Jésus, vos péchés sont pardonnés !
[ In John Goodwin, “ Testing the Fruit of the Vineyard ”.]
C’est de la visualisation ! La “ pensée positive ” n’a aucune place dans notre vie chrétienne. La Bible
nous enseigne au contraire à “ cadenasser ” notre pensée sur la vérité de la Parole (cf. 1 Pi 1.13; Pp 4.8-9).
C’est par le renouvellement de notre intelligence que nous sommes transformés dans notre comportement
(Ro 12.1-3; Ps 119.9; etc.) et non par l’autosuggestion de nos désirs. Paul Yonggi Cho n’hésite pourtant pas à
enseigner ces mêmes techniques :
Ainsi donc, en explorant la sphère spirituelle de la quatrième dimension, par le développement
des visions et des rêves qui se concentrent dans leur imagination, les hommes peuvent couver et
incuber la troisième dimension, l’influencer et la transformer. C’est ce que le Saint-Esprit m’a
enseigné [Paul Y. Cho, La quatrième dimension (Miami (FL): Éditions Vida, 1979), p. 36.]
Comparez cette citation avec les déclarations de ce “ positiviste ” du Nouvel Age, qui n’a aucun lien
avec le christianisme :
La seule responsabilité de ce guide invisible est de toujours maintenir mon organisme en parfait
état, y compris le conditionnement du corps pour toute mise au point qui doit être faite, telle
que me préparer pour une visite chez le dentiste. Avant que ce guide ne prenne le pouvoir,
j’étais sujet aux maux de tête, à la constipation, et parfois à l’épuisement physique ; maintenant
tous ont disparu...
Comment tout ceci est-il maintenu ?
... Mais surtout, je garde mon esprit absorbé dans une pensée constructive, positive, et je ne retiens aucune forme de peur, de superstition ou de neurasthénie [Napoleon Hill, Accomplissez des
miracles, (Saint Hubert, Canada : Un monde différent, Itée, 1985), pp. 56-57.]
Quand vous donnez des directives à votre subconscient, qu’elles soient précises, puis affirmez
clairement vos désirs et vous ne serez pas déçu; pourvu que vous donniez vos directives avec
beaucoup d’enthousiasme, avec une FOI INEBRANLABLE, elles seront réalisées. Par ce procédé, la puissance qui fait fonctionner l’univers sera à votre disposition [ Ibid., p. 188.] !
Deux déclarations similaires : Jésus est mentionné dans un cas, un guide dans l’autre ! Napoleon Hill
cite plus loin l’exemple d’un homme qui devint milliardaire après avoir pleuré sur sa pauvreté. Sa méthode ?
Il s’est proclamé Père Divin et fut suivi par plusieurs milliers d’adeptes qui lui donnèrent d’énormes
sommes d’argent. La signature du blasphémateur et sa cupidité sont trop évidentes pour s’y attarder.
Face à ces excès, il est important de prendre position. Le Seigneur nous encourage à ne rien avoir en
commun avec les œuvres des ténèbres, mais plutôt à les dénoncer (Ép 5.10-11).
(La foi charismatique / Florent VARAK / p.21-31)
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