III. Comment la politique monétaire influence-t

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Licence 1ère année
Semestre 2
SO00BM24 –
Gillig Philippe
Faculté des sciences sociales
Introduction aux politiques économiques
PARTIE 2 : LES POLITIQUES ÉCONOMIQUES CONJONCTURELLES
CHAPITRE 2 : LA POLITIQUE MONETAIRE
I.
Préambule sur la Monnaie
1.
A.
La création monétaire
Comment créer de la monnaie ?
1)
2)
B.
2.
A.
Les acteurs de la création monétaire en France
La monnaie et ses contreparties
Les 3 sources de la création monétaire
1)
2)
3)
B.
3.
II.
Quand la monnaie était encore basée sur l’or
Aujourd’hui avec la monnaie fiduciaire et scripturale
Les « crédits à l’économie »
Les « créances sur le Trésor »
Les « créances sur l’étranger »
De quoi est constituée la masse monétaire en circulation ?
Peut-il y avoir trop de monnaie créée ?
Le rôle de la Banque Centrale : supervision et contrôle de la liquidité du système monétaire
1.
Pourquoi une banque centrale (BC) ?
2.
A.
B.
Refinancer les banques commerciales
Pourquoi les banques ont-elles besoin de se refinancer ?
Comment se refinancent les banques commerciales ?
1)
2)
Sur le marché interbancaire
Le refinancement direct auprès de la BC
III. Comment la politique monétaire influence-t-elle l’activité économique « réelle » ?
1.
A.
B.
C.
Modifie les comportements d’épargne et la richesse des agents
Effet de substitution
Effet revenu
Effet de richesse
2.
Modifie la capacité d’emprunt, donc la demande
3.
Modifie le taux de change, donc le commerce extérieur
***
Bibliographie :
- M. Bassoni, A. Beitone, Monnaie, théories et politiques, Sirey, 1997.
- Dominique Plihon, La monnaie et ses mécanismes, La Découverte, Collection Repères, 2003
- Agnès Bénassy-Quéré, Benoît Coeuré, Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry, Politique Economique, De Boeck,
2004, chapitre 4, p. 211 et suivantes
- Agnès Bénassy-Quéré, Laurence Boone, Virginie Courdert, Les taux d'intérêt, La Découverte, Collection
Repères, 2003
- Christian Bordes, La politique monétaire, La Découverte, Collection Repères, 2007

Site internet de la BCE : http://www.ecb.int/ecb/html/index.fr.html
→ Voir notamment les vidéos en ligne : http://www.ecb.int/ecb/educational/movies/html/index.fr.html

Site internet de la Banque de France : http://www.banque-france.fr/accueil.html
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I. Préambules sur la Monnaie
1. La création monétaire
Voir le documentaire « L’argent dette » de Paul Grignon :
http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news
A. Comment créer de la monnaie ?
1) Quand la monnaie était encore basée sur l’or
2) Aujourd’hui avec la monnaie fiduciaire et scripturale
Bilan comptable de la banque Z avant crédit
Actif (= créances)
Passif (= dettes)
DAV
+ 100 (Nico)
Trésorerie
+ 100
Bilan comptable de la banque Z avant crédit et après retrait de billets
Actif (= créances)
Passif (= dettes)
1. DAV
+ 80 (Nico)
1. Trésorerie
+ 100
2. Compte à la BC
– 20 (billets)
Bilan comptable de la banque Z après crédit
Actif (= créances)
Passif (= dettes)
1. DAV
+ 80 (Nico)
1. Trésorerie
+ 80
2. DAV
+ 80 (magasin)
2. Crédit
+ 80
Droit de la banque
inscrire ex nihilo des montants sur le compte de ses
clients
Devoir de la banque
faire face aux retraits de billets
= devoir de s’en procurer auprès de la BC
B. Les acteurs de la création monétaire en France
Quels acteurs ?
Les BANQUES COMMERCIALES
(banques de 2nd rang)
LE « SYSTEME EUROPEEN DE BANQUES
CENTRALES » (SEBC) =
La Banque Centrale Européenne (BCE) +
les 27 BC nationales de l’UE
En quelles occasions ?
- Octroi de crédits
- Achats de devises
- Achats de bons du Trésor, OAT
- Achat de titres de créances à leurs clients (escompte
effets de commerce)
- Emission des billets de banque en euro
- Avances au Trésor Public
- Achat de devises
L’ « EUROSYSTEME » =
BCE + les 17 BC nationales de la zone euro
Le TRESOR PUBLIC (agent financier de l’Etat)
- Frappe de pièces de monnaie
- Création de monnaie scripturale en créditant les
comptes des titulaires de CCP
- Emission de bons du Trésor, OAT
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Bons du Trésor = Titres d'emprunts émis par le Trésor public pour se financer.
Durée : de quelques mois à cinquante ans.
Les grandes dates de l’histoire de la Banque de France
 1800 (sous Napoléon Ier) : naissance de la Banque de France (BdF) = banque privée
→ « 200 familles » actionnaires
Remarque : 1ère Bq centrale au monde = Banque d’Angleterre (créée en 1694)
 1803 : monopole d’émission sur Paris (pour 15 ans)
Franc = monnaie officielle de la France depuis 1795 (sous l’Ancien Régime c’était la « Livre Tournois »)
Remarque : ce monopole sera renouvelé systématiquement jusqu’en 1936.

1936 : Front Populaire (Lebrun-Blum-Auriol) nationalise → TOUS les actionnaires peuvent voter (et
pas seulement les 200 + riches !)

1945 (De Gaulle-Pleven) : Nationalisation de la BdF

1973 (Pompidou-Messmer-VGE) : Article 25 : « le Trésor public ne peut être présentateur de ses
propres effets à l'escompte de la Banque de France » = le Trésor public doit emprunter sur les marchés
d’obligation contre paiement de taux d'intérêt.

1993 (Balladur-Alphandéry-Sarkozy) : Indépendance de la BdF
2. La monnaie et ses contreparties
A. Les 3 sources de la création monétaire
1) Les « crédits à l’économie »
2 cas :

1er cas : l’escompte
E accorde un délai de paiement (effet de commerce) de 1000 € à son client
↓
E le vend à la banque
↓
Banque crédite le compte de E de [1000 € – x% de 1000 €]
x% = taux d’escompte
Bilan comptable de l’entreprise E après la vente de son effet de commerce
Actif (= créances)
Passif (= dettes)
Effet de commerce (= promesse de remboursement
d’un agent)
– 1000
Avoir sur son compte bancaire
+ 990
(taux d’escompte de 1%)

2e cas : le découvert
Bilan comptable de l’entreprise E après accord d’un découvert
Actif (= créances)
Passif (= dettes)
Avoir sur son compte bancaire
Dette à l’égard de la banque
+ 1000
+ 1000
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2) Les « créances sur le Trésor »
3) Les « créances sur l’étranger »
Bilan comptable de la banque après rachat de devises
Actif (= créances)
Passif (= dettes)
Devises (£, Sucre…)
Compte de l’exportateur
+ 1000
+ 1000
Impact du commerce extérieur sur la masse monétaire (MM)
Si X > M = excédent commercial
↓
Entrée nette de devises converties en M nationales (quelle que soit la monnaie de facturation puisque soit l’€
est changé en amont par l’importateur étranger, soit en aval par l’exportateur français)
↓
↑ MM
Schéma récapitulatif de la création monétaire :
Banques ou institutions
de crédit
- Octroi de crédits aux
associations, aux
entreprises, aux particuliers
Banques ou institutions
de crédit
+
–
Création
de
Monnaie
Destruction
de
Monnaie
- Remboursement de
crédits aux entreprises et
aux particuliers
- Achat de titres publics,
octroi de crédits à l’Etat
- Vente de titres de
créances par les banques
- Achat de devises
étrangères
- Vente de devises
étrangères
Si création > destruction
=
↑ de la masse monétaire

Addendum sur les titres financiers :
ACTION
OBLIGATION
- titre de propriété
- titre d’emprunt
→ actionnaire = propriétaire d’une partie de l’entreprise
qui l’a émise
→ le détenteur d’une obligation n’est pas
propriétaire d’une partie de l’entreprise qui
l’a émise.
- du point de vue de l’entreprise :
- du point de vue de l’entreprise :
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en émettant une action, elle reçoit un capital financier à
titre définitif (= elle ne doit jamais le rembourser)
en émettant une obligation, elle s’endette :
elle doit rembourser avec intérêts
Ex d’action :
Ex d’obligation :
ACTION _ Entreprise BHL
20 €
En vendant une action, DSK reçoit ici, « pour
toujours », 20€.
- du point de vue du détenteur (l’actionnaire) : 1)
permet de toucher des dividendes (= bénéfice
distribué/nombre d’actions)
ex : 1 000 000€ de bénéfice distribué par DSK pour
1 000 actions = 1 000€ de dividende par action
(1 000 000 / 1 000).
OBLIGATION_ Entreprise BHL
10 000€ sur 8 ans à 5%/an
En vendant une obligation, DSK reçoit ici
10 000€ qu’elle devra rembourser dans 8
ans avec un taux d’intérêt de 5% / an.
- du point de vue du détenteur : il touche
des intérêts et retrouve forcément son
capital financier (ici ses 10 000€ qu’il a
prêté).
2) donne droit de vote à l’Assemblée générale des
actionnaires au cours de laquelle sont pris les choix
fondamentaux de l’entreprise
NB : 1 action = 1 voix (et non pas 1 actionnaire = 1
voix)
Intérêt pour
une
entreprise
Ne s’endette pas = argent gratuit (mis à part les
dividendes à verser)
Inconvénients
- dilue son capital, ses droits de propriété → risque de
perdre le contrôle d’elle-même
Reste maître de ses droits de propriété
Financement coûteux : il faut rembourser et
en outre payer des intérêts.
- doit obtenir une rentabilité suffisante pour satisfaire
les actionnaires (si elle veut un jour à nouveau émettre
des actions) → « dictature des actionnaires ».
Remarque : Elle pourrait ne jamais verser de
dividendes ; mais elle risque alors de voir chuter le
cours de son action en bourse (car alors plus personne
n’en veut donc tout le monde cherche à les vendre)
Remarque : ces titres sont dits « négociables » = peuvent être revendu sur ce marché financier particulier qu’on
appelle la bourse.
Dans ce cas :
Si prix vente > prix d’achat = « plus-value »
Si ------------ < -------------- = « moins-value »
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B. De quoi est constituée la masse monétaire en circulation ?
Quelle définition de la masse monétaire est actuellement retenue par les BC des PDEM ?
M3 = M2 + :
- Placements à terme (Plan épargne Logement...)
- Titres de créances (obligations…) d'une durée égale ou supérieure à 2 ans
- Titres d’OPCVM monétaires et instruments du marché monétaire (FCP, SICAV
monétaires, obligations)
- Devises
Degré de
liquidité
de plus
en plus
faible

M2= M1+ :
- Dépôts à terme d'une durée égale ou
inférieure à deux ans
- le dépôt avec préavis d'une durée égale ou
inférieure à trois mois (livret A, CEL)
M1 :
- Pièces et billets en
circulation
- dépôts à vue
M1 = Monnaie au sens strict = ensemble des moyens de paiement parfaitement liquides
Mais, comme de plus en plus fréquemment, les agents économiques disposent de placements plus ou moins
liquides ( par ex., un compte d’épargne sur lequel je peux puiser pour réapprovisionner mon compte chèque), on
calcule d’autres agrégats monétaires (M2 et M3 ci-dessous) :

M2 = M1 + livrets d’épargne (livret A, comptes épargne logement, LDD, etc.)
Les livrets sont transformables en moyens de paiement avec parfois un délai de quelques heures sans
frais bancaire. Ce sont donc des placements liquides que l’on peut considérer comme de la quasimonnaie.

M3 = M2 + Titres financiers + Placements à terme
Dans M3 s’ajoutent des placements qui, comme les livrets, sont facilement et sans délais convertibles
en moyen de paiement. Mais contrairement à ces derniers, la conversion implique des coûts de
transaction et un risque de moins-value (par ex., si je détiens des devises, je peux les revendre sans
délai dans n’importe quelle banque, mais le cours de change est variable ; de même pour un
portefeuille d’action évoqué ci-dessus).
OPCVM = organismes de placement collectifs en valeurs mobilières
= Organismes collectant l'épargne de particuliers en vue de la placer dans des valeurs mobilières
(actions, obligations ou autres titres de créances faisant l'objet de cotation sur un marché financier)
Les 2 principaux types d'OPCVM sont :
- les Sicav (société d’investissement à capital variable)
- les FCP (fonds communs de placement)
Les 2 principaux types d'OPCVM sont les Sicav et les fonds communs de placement (FCP).
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
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Quelle est la quantité d’euros en circulation dans le monde ?
Agrégats monétaires au mois de décembre 2010 :
M1
Autres dépôts à court terme (M2-M1)
Encours1 en milliards d’€
790
3912
4702
3684
dont : Dépôts à terme ≤ 2 ans
Dépôts avec préavis ≤ 3 mois
1775
1909
Billets et pièces
+ Dépôts à vue
M2
Encours en % de M3
8,4%
41%
49,4 %
38,7%
88%
8386
Instruments négociables (M3-M2)
1139
dont : Pensions
Titres d’OPCVM monétaires
Titres de créance ≤ 2 ans
442
577
120
M3
12%
9525
100%
(Source : BCE http://www.banque-france.fr/fr/statistiques/telechar/monnaie/2010-12-zone-euro-stat-infoevolution-monetaire.pdf)
Lecture : au mois de décembre 2010, il y 4702 milliards d’€ qui circulent dans le monde sous forme de pièces,
billets et de dépôts sur comptes bancaires.
À la même époque, la quantité totale d’€ en circulation (la masse monétaire totale, notée M3) est de 9525
milliards d’€.
Remarque : par comparaison, le PIB de l’UE est d’environ 12 000 milliards d’€
3.
Peut-il y avoir trop de monnaie créée ?
II. Le rôle de la Banque Centrale : supervision et contrôle de la
liquidité du système monétaire
1. Pourquoi une banque centrale (BC) ?
2. Refinancer les banques commerciales
A. Pourquoi les banques ont-elles besoin de se refinancer ?
1
L’ « encours » désigne le montant des actifs monétaires en circulation
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Bilan de 2 banques suite à un virement
Bilan de la Banque A
Actif
Crédit
+ 100
Bilan de la Banque B
Passif
Actif
DAV (Gross)
+ 100
Retrait (Gross) – 100
?
Bilan de la Banque A
Actif
Crédit
DAV (Klein)
+ 100
Bilan de la Banque B
Passif
+ 100
Passif
Actif
DAV (Gross)
+ 100
Retrait (Gross) – 100
Dette envers B +100
Créance sur A
Passif
+ 100
DAV (Klein)
+ 100
Bilan de la BCE
Compte de la banque A
– 100
Compte de la banque B
+ 100
B. Comment se refinancent les banques commerciales ?
1) Sur le marché interbancaire
2) Le refinancement direct auprès de la BC
BCE
prêt au taux directeur de 1%
Crédit Mutuel BNP
Banque populaire
↓
↓
↓
prêt à un taux > 1%
CLIENTS (ménages, entreprises, associations…)
La « courbe des taux d’intérêts » :
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Evolution du principal taux directeur de la BC :
Taux d'intérêt à court terme sur les marchés interbancaires de la zone euro, en %
Taux des crédits bancaires en France, en %
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III. Comment la politique monétaire influence-t-elle l’activité
économique « réelle » ?
1. Modifie les comportements d’épargne et la richesse des agents
A. Effet de substitution
B. Effet revenu
C. Effet de richesse

Effet d’une politique expansionniste de la Banque centrale :
↓ taux directeur
 des taux d’intérêt
 valeur des titres financiers déjà existants (actions et obligations)
 richesse des ménages
 D de biens
 production
et services (C+I)
 production
 emploi
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
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Politique possible de la Banque centrale en cas de récession :
↓ taux directeur
 des taux d’intérêt
↑ D de crédit
 D de biens et services (C+I)
 production
 emploi
2. Modifie la capacité d’emprunt, donc la demande
Prêts aux agents non financiers de la zone euro entre 2004 et 2012, variation sur un an,
en milliards d’euros
Source : Alternatives économiques, HS « Les chiffres 2013 », p. 17
3. Modifie le taux de change, donc le commerce extérieur
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