TES, Th 9 mai 2009 1 Thème 9 : Les nouveaux cadres de l'action publique. La régulation macroéconomique L'action des pouvoirs publics se traduit dans des politiques. Les politiques économiques peuvent être définies comme l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics pour agir sur l'activité économique et modifier éventuellement son déroulement «spontané» de manière à atteindre certains objectifs. Le carré magique: Les objectifs de la politique éco sont nombreux ; on peut les résumer autour de 4 indicateurs : croissance éco, inflation, chômage et les échanges extérieurs Ces politiques peuvent être «ponctuelles» quand elles cherchent à agir à court terme, pour remédier à un dysfonctionnement, résoudre un problème, par exemple. On parle alors de politiques conjoncturelles. Elles peuvent aussi tenter de transformer les conditions de la production, d'agir sur les structures économiques et/ou sociales. On parle alors de politiques structurelles. Dans les deux cas, ces politiques se font en utilisant des outils, comme le budget ou la monnaie. On peut donc, parler de politique budgétaire ou de politique monétaire. Qu'elles soient conjoncturelles ou structurelles, les politiques économiques sont obligatoirement transformées par l'intégration économique et politique qui se fait dans le cadre de l'Union européenne. I/ les politiques conjoncturelles A- les outils de la politique conjoncturelle On considère traditionnellement qu'il y a deux outils fondamentaux de la politique conjoncturelle - la politique budgétaire et la politique monétaire. La politique monétaire: on peut la définir comme l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour contrôler l'évolution de la masse monétaire (c'est-à-dire la monnaie en circulation à un moment donné). Les moyens utilisés sont essentiellement l'action sur les taux d'intérêt. Si par exemple, pour lutter contre l'inflation, on décide d'augmenter les taux d'intérêt, les agents recherchant de la monnaie, pour certains d'entre eux, renonceront à emprunter du fait du coût plus élevé de l'emprunt - il y aura donc moins de monnaie, moins de masse monétaire, en circulation. Faute de financement, ces agents risquent également de devoir renoncer à certaines dépenses, notamment à leurs investissements. La demande de biens et services sera donc moins forte, ce qui tendra à réduire l'inflation, mais aussi, en contrepartie, réduira la croissance. L'effet sera bien entendu inverse si l'on décide de diminuer les taux d'intérêt Depuis les années 80, priorité est donnée aux politiques monétaires pour combattre l’inflation. Annexe 1 : Le remède monétariste contre l’inflation Passons maintenant de la cause du mal à son remède. La réponse est très simple. [...] Le seul remède contre l'inflation consiste à empêcher que les dépenses augmentent aussi rapidement. Le seul moyen dont dispose le gouvernement pour lutter contre l'inflation consiste à dépenser moins et à fabriquer moins de monnaie. Le seul remède est de réduire l'accroissement de la quantité de monnaie. Il n'y a pas d'autre solution. L'inflation est exactement comme l'alcoolisme. [ ... ] Lorsqu'un alcoolique essaie de s'arrêter de boire et subit une cure de désintoxication. D'abord il se sent mal et ce n'est qu'ensuite qu'il ressent les bienfaits de sa cure. Il traverse un très mauvais moment avant d'aller mieux et de ne plus avoir envie de boire. De la même manière, lorsqu'un pays entreprend de lutter contre l'inflation, au début il en souffre : les effets se nomment baisse de croissance, chômage et même récession, Ce n'est que par la suite qu'il tire profit de sa conduite. [ ... ] C'est ce qui risque de nous arriver avec l'inflation. Si nous entreprenons de guérir le mal, cela entraimera inévitablement une période de ralentissement de la croissance, accompagnée d'une augmentation du chômage. La raison en est très simple. Le moyen de traiter l'inflation consiste à freiner l'ensemble des dépenses. Pendant un certain temps, le freinage des dépenses a donc comme effet de réduire le volume de la production et d'entraîner un ralentissement de la croissance jusqu'à ce que les agents économiques se persuadent qu'il y a eu baisse de la demande globale et qu'ils puissent réajuster leurs contrats. Ce réajustement met fin au processus de ralentissement et la croissance économique peut reprendre à un taux d'inflation plus faible. M. Friedman, op. cit Q1 : Dans le doc 3 p 401, comment JC.Trichet justifie-t-il la lutte contre l’inflation ? Q2 : Quelles sont les conséquences négatives d’une politique de lutte contre l’inflation ? Q3 : Pour chaque proposition, dites s'il s'agit d'une conséquence probable de la hausse des taux d'intérêt (vrai) ou pas (faux). Les ménages épargnent plus. Les ménages empruntent plus. . Les ménages empruntent moins. . vrai faux vrai faux vrai faux L'investissement des entreprises est favorisé. . vrai faux Les banques créent plus de monnaie. vrai faux L'inflation est freinée. . vrai faux Remarque : la politique monétaire n’est pas le seul moyen pour lutter contre l’inflation (maîtrise des coûts, en particulier salariaux). TES, Th 9 mai 2009 2 La politique budgétaire : on peut la définir comme une politique économique utilisant le Budget de l'Etat pour atteindre des objectifs économiques ou sociaux particuliers. Le Budget de l'Etat, voté chaque année à l'automne par l'Assemblée nationale et le Sénat (en France) sous le nom de «Loi de Finances», comprend l'ensemble des recettes et l'ensemble des dépenses de l'Etat pour l'année à venir. Le solde budgétaire est la différence entre les recettes et les dépenses. Quand ce solde est positif, on parle d'excédent budgétaire, quand il est négatif, on parle de déficit budgétaire. A partir du doc 14 p 405 : Q4 : Comment l’Etat peut-il utiliser son budget pour soutenir l’activité économique en période de récession ? Q5 : Pourquoi le mécanisme du multiplicateur est-il moins efficace dans une économie ouverte ? Comment résoudre le problème ? Q6 : Pourquoi, en période de récession, le déficit budgétaire soutient-il « automatiquement » l’activité économique ? Dans quelle mesure l'intégration économique réalisée dans le cadre de l'U.E. remet en cause, ou transforme, l'autonomie des nations dans la conduite de leurs politiques conjoncturelles : un Etat peut-il aujourd'hui prendre des décisions économiques, comme baisser les taux d'intérêt ou augmenter les impôts par exemple, librement, sans en référer à personne? L'intégration dans l'Union européenne limite la liberté d'action des Etats membres qui, d'ailleurs, l'ont eux mêmes décidé. Pour autant il serait faux de dire que ces Etats n'ont plus aucune capacité d'action autonome. B- Les changements liés à l’intégration européenne. Réussites et insuffisances 1) L'euro impose l'abandon d'une politique monétaire nationale autonome. La politique monétaire est l'un des outils essentiels de la politique conjoncturelle, on l'a dit plus haut. Avec l'euro, c'est la Banque Centrale Européenne (B.C.E.) qui dirige la politique monétaire pour tous les pays de la zone euro depuis le 1er janvier 1999. Les banques centrales, la Banque de France par exemple, ne sont plus que des relais de la B.C.E. dans les pays et ces relais ne font qu'appliquer les mesures décidées par la B.C.E. Autrement dit, ce ne sont plus les Etats qui peuvent se préoccuper des taux d'intérêt, par exemple. Ils ont été, ou plutôt se sont, dépossédés de leurs prérogatives en matière monétaire. Cela signifie qu'aujourd'hui, la France, par exemple, si elle voulait relancer la consommation en baissant les taux d'intérêt pour encourager la vente à crédit, ne pourrait pas le faire, sauf si la B.C.E. était d'accord et le faisait pour tous les pays de la zone euro. On voit donc bien ici que les pays ont une bien moins grande autonomie dans leur politique conjoncturelle qu'avant l'intégration dans l'Union européenne. Mais cet abandon de souveraineté nationale s'accompagne d'avantages économiques non négligeables. (cf.TD) 2) une politique budgétaire européenne inexistante. a- Un budget européen étriqué. Annexe 2 : Le budget européen Politique agricole commune Total du budget européen en millions d’euros En % du PNB européen 2002 47820 102930 1,2 2003 48730 103530 1,2 2004 49670 103810 1,18 2007 42700 126500 1,08 Rappel : Le budget fédéral européen demeure limité à 1% du PIB européen (contre 21% aux USA) et doit être strictement équilibré (contrairement aux budgets des Etats membres). Il ne peut donc répondre avec autant de vigueur aux aléas de la conjoncture qu’aux Etats-Unis. Q7 : Quelle est la place de la PAC dans le budget européen ? Q8 : Quelle conclusion vous inspire la dernière ligne du doc annexe 2 ? b- Des politiques budgétaires nationales en manque de coordination Annexe 3 : Quant à la coordination des politiques budgétaires des Etats membres, il faudrait inventer un processus politique complexe pour sortir d’une logique de règles : cela consisterait en effet à décider au niveau européen quels membres doivent réduire leurs déficits publics, et donc augmenter leurs impôts tout en restreignant leurs dépenses, et lesquels auraient le droit d’accroître les dépenses tout en baissant les impôts. Ce serait un abandon de souveraineté majeur, puisque les choix budgétaires restent aujourd’hui une des prérogatives essentielles des parlements nationaux. Au-delà, dans un ensemble comme l’Union européenne, dépourvue d’autorité économique centrale, chaque Etat membre a intérêt à mener des politiques restrictives sur son propre territoire pour abaisser ses coûts et gagner des parts de marché chez ses voisins. Quand un seul pays mène une telle politique, il peut être gagnant, mais quand tous les pays jouent à ce jeu en même temps, c’est l’ensemble qui est perdant. C’est parce qu’elle est enfermée dans ce cercle vicieux que l’Union européenne a tant de mal à connaître une croissance suffisamment soutenue pour combattre le chômage qui la ronge. Guillaume Duval dans alter éco N° 256 Mars 2007 p 58 Q9 : En l’absence de coordination des politiques budgétaires, montrez en quoi la somme de intérêts « individuels » de chaque pays s’oppose à l’intérêt « général ». TES, Th 9 mai 2009 3 c- Un Pacte de stabilité et de croissance (Traité d'Amsterdam, 1997) réduisant l'autonomie de la politique budgétaire de chaque pays. Les déficits budgétaires sont potentiellement inflationnistes : quand l’Etat réalise un déficit budgétaire important, il injecte des ressources dans l’éco. Celles-ci accroissent les revenus, les dépenses (y compris de l’Etat), ce qui peut entraîner un accroissement des prix. L’objectif de stabilité des prix en Europe a imposé une discipline budgétaire aux pays membres pour éviter que les politiques nationales ne s’opposent à cet objectif. Le Pacte de stabilité et de croissance est un pacte de discipline budgétaire contraignant les pays de l’Euro à maintenir leur déficit public dans les mêmes limites que celles exigées pour le passage à l’Euro (3% du PIB). Le pacte de stabilité limite donc assez considérablement, en principe, les marges de manoeuvre des Etats dans le domaine budgétaire puisqu'ils ne peuvent plus faire autant de déficit budgétaire qu'ils pourraient le souhaiter. Reste à savoir si les critères de Maastricht sont effectivement respectés, ce qui n’a pas toujours été le cas ces dernières années. Déficits publics, en % du PIB. France Allemagne 2002 - 3,1 - 3,7 2003 - 4,1 -4 2004 - 3,6 - 3,8 2005 -3 - 3,4 2006 - 2,5 - 1,6 2007 - 2,4 0,0 2008 - 2,8 - 0,7 Définitions : - dette publique : ensemble des sommes dues par l’Etat par suite de sa politique d’emprunt. - déficit public : situation dans laquelle les recettes du budget des administrations publiques (Etat, collectivités locales et sécurité sociale) sont inférieures aux dépenses. (# déficit budgétaire : concerne uniquement l’Etat) Les conséquences du pacte de stabilité. Annexe 4. Q10 : Décrivez les mécanismes menant à une hausse du déficit public. Q11: Sachant que le pacte de stabilité limite à 3% du PIB le déficit public, quelles sont les conséquences possibles de cette nécessité de réduire ce déficit public (en cas de dépassement) ? II/ Les politiques structurelles : l’action des pouvoirs publics sur les structures économiques et sociales. A- les outils. Les politiques structurelles ont pour objectif d'infléchir l'évolution économique et sociale de longue période. Elles cherchent à améliorer les structures économiques et sociales de manière à ce que l'appareil productif soit durablement efficace. RAPPEL de 1ère : les politiques structurelles ont pour objectifs de corriger les défaillances du marché (cf. cours 1 ère sur les limites du marché) : l’Etat doit donc prendre en compte l’existence des externalités négatives que le marché ignore, prendre en charge les biens indivisibles, par définition non rentables pour le marché, l’existence de monopoles naturels. Ces politiques peuvent être : libérales lorsqu'elles visent la mise en place de structures qui soutiennent le marché (privatisations, déréglementation ...) ou mettent en place un environnement favorable à la croissance (théorie de la croissance endogène : Etat éduque, favorise la R&D) ou plus interventionnistes. L’Etat est devenu un acteur important à partir de la crise de 1929. TES, Th 9 mai 2009 4 1) L'Etat réglemente. Ensemble des textes par lesquels les pouvoirs publics imposent des obligations aux acteurs économiques (entreprises, travailleurs, ménages…) Ex : il taxe en cas d'externalités négatives, met des quotas, imposent des normes et légifère sur les différents marchés dans le cadre de politique sociale (35h par ex) ou d'environnement (ex: classement des usines en « type Seveso ») Entre 1945 et les années 80, on a assisté à une forte croissance du domaine de règlementation, dans l’idée que l’Etat avait un rôle important à jouer dans la croissance et la répartition de cette croissance. Depuis les années 80, on est entré dans une phase de déréglementation (suppression progressive de règles encadrant l’activité économique afin de favoriser la concurrence), dans une logique donc libérale de laisser davantage le marché s’autoréguler, l’Etat devant se limiter à assurer le bon fonctionnement du marché. Ex de déréglementations : en France, certaines protections instaurées par le droit du travail ont disparu (interdiction du travail des femmes la nuit, autorisation administrative de licenciement, définition de l’horaire légal du travail à la semaine, etc). De même, le contrôle des prix a complètement disparu, sauf sur certains produits très précis (ex : médicaments). Les marchés financiers ont été complètement libérés de toute réglementation contraignante. En Europe, sous la pression de l’Union européenne, les pays doivent ouvrir à la concurrence des secteurs jusque là abrités, comme les services postaux, le transport ferroviaire et aérien ou la production d’électricité la déréglementation est à l’origine ici de nouvelles formes de concurrence. 2) L'Etat oriente. (Nationalisation, politique industrielle) En France, le rôle de l'Etat dans de nombreux secteurs a été primordial : favorise le dvp d'industries stratégiques (impulsion dans l'aérospatiale avec la constitution de grandes entreprises), accompagne le repli de secteurs en difficultés, politique de spécialisation (politique de créneau centrée sur une activité particulière ou de filière (ex : filière bois) 3) L'Etat produit. Dans ce cas l'Etat peut contrôler directement une partie de l'activité (nationalisations (1945-46 puis 1981-82) mais il peut aussi contrôler des prestations sans les produire, sans les distribuer ou sans les gérer comme c'est le cas pour le transport (SNCF), l'énergie (EDF, GDF), la poste, les télécommunications. On parle alors de « service public » parce qu'il est fourni à tous dans les mêmes conditions de qualité et de prix (l'électricité par exemple), ou de gratuité s'il est financé par l'impôt (l'Éducation nationale). REMARQUE : Les politiques structurelles sont le plus souvent complémentaires des politiques conjoncturelles : il n’y a pas de coupure entre les deux. Pour soutenir une orientation à long terme, il est nécessaire d’utiliser des politiques de court terme. B- les changements apportés par la construction européenne : Réussites et insuffisances 1) La PAC (politique agricole commune) ou l'exemple d'une politique structurelle ambitieuse. Entrée en vigueur en 1962, la PAC poursuit 5 objectifs : (1) améliorer la productivité agricole (2) assurer un niveau de vie équitable à la population agricole (3) stabiliser les marchés (4) assurer l’autosuffisance alimentaire. (5) garantir des prix raisonnables pour les consommateurs. Q12 : Montrez que les objectifs (2) et (5), puis (1) et (3), puis (1) et (4)[vache folle] peuvent être contradictoires. Dans les années 80 des difficultés sont apparues en raison de la surproduction du fait de la hausse de la productivité => Baisse des prix agricoles et surtout, coût pour l'Europe : L'Europe décide donc de financer la limitation de la production (quotas laitiers, gels des terres imposés et indemnisés pour compenser les pertes). De plus, le budget de la PAC sert à soutenir les prix sur le marché mondial (ex . les prix du marché mondial du blé sont f ixés à Chicago ; les agriculteurs européens, n'étant pas compétitifs par rapport aux argentins ou sud of ricains, l'Europe finance la différence pour que les agriculteurs européens puissent vendre au prix du marché.). L’Europe continue à protéger son agriculture (tout comme les USA) tout en réduisant progressivement ses aides et ses barrières douanières agricoles. On reste loin des objectifs de libéralisation affichés par l’OMC et ce au détriment des pays les plus pauvres. Les subventions, quelqu’en soient les formes, permettent de faire chuter les prix mondiaux et tuent l’avantage comparatif dont aurait du bénéficier les pays les plus pauvres (ex du coton US/ Burkina Faso) Ces aides sont contestées par les pays émergents. TES, Th 9 mai 2009 5 2) Les fonds structurels européens et leur efficacité dans le rattrapage des pays « pauvres » de l’UE. Les Fonds structurels européens sont destinés à aider les régions en retard économiquement, à faciliter les reconversions industrielles et à promouvoir l'emploi. Ils représentent un tiers du budget de l'Union. Trois fonds principaux retiennent l'attention. Depuis 1975, le Fonds européen de développement régional (Feder) soutient les projets de développement local et les petites entreprises. Le Fonds social européen (FSE), créé en 1958, finance des mesures de retour à l'emploi des chômeurs et des groupes défavorisés. Enfin, le Fonds de cohésion a pour objectif d'aider les Etats les moins prospères dans le financement de projets environnementaux et de transports. (Mars 2007 Europe un demi siècle porteur d’avenir CFDT magazine) Lors de l’entrée de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal dans l’Union dans les années 8O, on était parvenu à éviter le risque de dumping social et fiscal accru grace à des transferts importants vers ces pays grace aux fonds structurels. Mais pour l’élargissement de 2004, les états riches de l’ouest de l’Europe(dont la France) ont refusé d’accroître le budget de l’union afin d’aider les nouveaux entrants à rattrapper rapidement leur retard. Pas étonnant dans ces conditions que ces pays soient tentés par le dumping social et fiscal pour se développer. Guillaume Duval dans alter éco N° 256 Mars 2007 p61 3) Les conséquences de la priorité à la concurrence. L’Europe mène une politique de concurrence, visant à assurer et à faire respecter la concurrence sur les marchés et entre les entreprises européennes. a- La fiscalité En Europe, alors que les marchandises circulent librement, les Etats conservent la maîtrise de leurs systèmes fiscaux et sociaux. Annexe 5 Annexe 6 Salaires en Europe le 24 juin 2005 Salaires en € Parité de pouvoir d’achat* UE25 28 020 28 020 Allemagne 34 620 33 460 Espagne 21 060 24 710 France 29 140 29 040 Lettonie 3 620 7 170 Lituanie 4 100 8 320 Pays-Bas 33 680 33 030 Pologne 7 070 11 950 Portugal 13 610 17 770 Slovénie 11 280 16 420 Slovaquie 5 710 13 130 Finlande 30 970 26 110 Royaume-Uni 38 540 33 560 Annexe 7 Pour des temps complets. (eurostat) Q13- Que peut faire un pays pour attirer les entreprises sur son territoire, pour gagner des parts de marché ? Q14- Quel est le risque possible si tous les pays jouent le même jeu ? Q15- A partir des annexes 5, 6 et 7 peut-on parler de risque de dumping social et fiscal? b- Service public et service universel. Du service public… Le service public peut être : Les activités de service public (aujourd’hui dénommées « services d’intérêt général » par l’Union européenne) doivent servir l’intérêt général. Dans le cadre français, on a globalement associé ces services à la puissance publique qui, directement (par l’intermédiaire des entreprises publiques et des administrations publiques) ou indirectement TES, Th 9 mai 2009 6 (par l’intermédiaire de règles imposées à d’autres unités productives qui ont alors une mission de service public), gère ces services. 79 Tous les services publics réalisés par des entreprises publiques ou privées relèvent de la production marchande : EDF, GDF, écoles privées sous contrat… Les autres services, réalisés sous l’égide des administrations publiques et des associations, relèvent d’une production non marchande : justice, police, aide sociale, action culturelle… Principes du service public et modes de gestion. - le principe de continuité : obligation d'agir régulièrement, sans retard, à la satisfaction des usagers. Ce principe s'oppose néanmoins au droit de grève, ce qui explique les débats sur une obligation de service minimum. - le principe d'adaptabilité afin que son organisation et son fonctionnement puissent s'adapter aux nouveaux besoins. - le principe d'égalité : Égalité d'accès aux services publics et égalité de traitement pour tous les citoyens, quelles que soient leur origine sociale (pas d'inégalités selon l'origine sociale) ou leur situation géographique (pas d'inégalités selon les régions). Il existe des services gérés directement par l'administration au moyen de ses fonctionnaires (la justice rendue par les magistrats), d’autres sont confiés à des entreprises privées ou des associations (ramassage scolaire par exemple) avec un cahier des charges. Service public et Etat providence : le service public à la française Les services publics sont en France très liés à l'histoire de la République et au développement de l'État providence. Ils voulaient garantir aux citoyens, par l'accès de chacun à des biens ou services essentiels de qualité (écoles, universités, hôpitaux, sécurité civile, eau, électricité, etc.), l'égalité des chances constitutive du « contrat social républicain », en contrant la tendance spontanée du marché à la polarisation économique, sociale et géographique et à l'exclusion. Par ailleurs, ils auraient permis à l'État de moderniser l'économie nationale en la dotant d'infrastructures (réseaux divers téléphone, TGV, etc.) et d'activités industrialisantes de pointe (filière nucléaire par exemple). Mise en question des services publics depuis le milieu des années 1980 - par la critique libérale : dénonciation de la bureaucratie, du gaspillage, de l'absence de stimulation par la concurrence, de l'absence de choix pour le consommateur. Pour les libéraux, seules les infrastructures des services publics, et non la totalité des services offerts par l'entreprise publique, sont en situation de monopole naturel (Lorsque la investissement de départ est très important, ce qui est le cas pour tous les services publics en réseaux),Il est donc nécessaire de désintégrer les anciens monopoles en séparant infrastructures et services - par l'application des règles communautaires de la concurrence à tous les secteurs, y compris les services publics qui, comme l’énergie et les communications, sont qualifiés dans le traité de Rome de « services d'intérêt économique général » - par la volonté notamment américaine de libéraliser les échanges de services ; - par les évolutions technologiques, économiques et sociales. Les contraintes du budget de l'État limitent les moyens d'actions, ce qui oblige les services publics à rechercher l'efficacité. Le développement de la concurrence comme les développements technologiques poussent aussi les entreprises à accroître leur compétitivité. Par ailleurs, les usagers se montrent plus exigeants et demandent à être traités comme des clients, ce qui incite les entreprises à faire des efforts en termes de qualité du service (exemple du client des télécommunications qui peut choisir l'opérateur de son choix). Cela conduit l'État et les collectivités territoriales à réfléchir aux voies d'une redéfinition du service public « à la française » : amélioration de l'efficacité et de la productivité; évolution de la tarification vers une participation plus équitable des usagers redéfinition de leur présence comme outil d'aménagement du territoire et de développement durable. … au service universel Le service universel est une notion à l'origine anglo-saxonne qui a été reprise par la Commission européenne. Il s'agit d'"un service minimum donné, dont la qualité est spécifiée, pour tout utilisateur, à un prix accessible". Il s'agit, dans un environnement concurrentiel en général, d'imposer aux producteurs la fourniture de services de base permettant d'assurer l'accès à une consommation minimale à tous les citoyens, et cela à un prix "acceptable" (notion assez floue, évidemment !). Les domaines concernés sont par exemple les télécommunications ou les transports ferroviaires. Rien ne dit que le service universel doive être fourni par un service public. Au contraire, cette réglementation européenne a pour objectif d'introduire de la concurrence tout en régulant et en contrôlant les prestations fournies. Q16- Quels sont les avantages et les risques d’une libéralisation des services publics ? TES, Th 9 mai 2009 7 Même si les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures pour réduire le rôle de l’Etat au profit du marché, la déréglementation ne peut être totale car il y encore des objectifs de services publics à préserver. En dehors même des questions d’intérêt général, le développement de la concurrence doit être organisé. Les autorités ont été obligées de prévoir de nouvelles règles à l’échelle européenne. Voilà pourquoi on parle plus aujourd’hui de « régulation » que de déréglementation. Ainsi, l’Union européenne a une action régulatrice de plus en plus essentielle d’une part par l’édiction de normes contraignantes, d’autre part par son action dans le domaine du contrôle des structures de marché. Quelques exemples : Le poids des normes européennes s’est beaucoup accru depuis 20 ans dans beaucoup de domaines de la vie quotidienne. Une fois décidées, ces règles s’imposent aux législations nationales, chaque pays ayant un délai pour mettre ses lois en conformité avec les nouvelles règles (exemple de la réglementation sur la dénomination « chocolat ») L’action de l’Union européenne dans le domaine de la concurrence joue un grand rôle dans la transformation des structures de la production. Cela a provoqué : - le démantèlement de la plupart des monopoles publics (production d’énergie, transports ferroviaires, etc). Résultat : les Etats nationaux ont dû appliquer ces directives et mettre fin (plus ou moins vite et plus ou moins complètement) à la situation de monopole qui existait sur certains de leurs marchés. - La limitation des subventions publiques aux entreprises : ces subventions pourraient permettre aux entreprises bénéficiaires de vendre moins cher que leurs concurrentes du reste de l’Union, ce qui fausserait évidemment la concurrence et n’est, en principe, pas acceptable aux yeux de la Commission. - Le contrôle des opérations de fusions dans le but d’empêcher qu’une entreprise dispose de pouvoirs importants sur un marché donné.