retenant que les plus justifiées et les plus rentables. Ainsi une taxe sur les mouvements de
capitaux même modeste freinerait la mobilité des mouvements de capitaux et empêcherait
l’éclosion de bulles spéculatives ( surtout quand l’on sait que la majorité des transactions
sur les marchés des changes correspondent à des allers-retours d’une semaine au plus ).
- La constitution de réserves financières pour lutter contre la pauvreté : Comme tout
impôt, la taxe sur les transactions de capitaux ( TTC ) générerait des recettes qui
pourraient être considérables. Pour James Tobin toutefois, le produit de la taxe ne serait
qu’un « à côté » auquel il n’accorde que très peu d’importance : il envisage initialement de
confier les recettes de la taxe au FMI ou à la Banque Mondiale afin d’augmenter le budget
de leurs fonds d’intervention. Pour les partisans actuels de la TTC les recettes fiscales
sont, au contraire, un aspect important étant donné l’ampleur des inégalités sociales et
économiques et permettraient donc de recréer une certaine solidarité entre les nations.
Aussi les défenseurs actuels mettent en avant la constitution d’un fonds en faveur des pays
en voie de développement ( certains économistes comme Suzanne de Brunhof et Bruno
Jétin évaluent, sous l’hypothèse d’une taxe à 0,1%, les rentrées fiscales de la TTC à 228,5
milliards de dollars ).
La taxe Tobin, une utopie dangereuse ?
- Il est tout d’abord important de noter que la taxe n’est en aucun cas dans l’esprit originel de
son auteur une remise en cause du libre échange et des mécanismes de marché : James
Tobin dans Le Monde ( 11/09/01 ) « La taxe Tobin n’est en rien un tremplin pour les
réformes dont ces gens [ les adversaires de la mondialisation ] veulent ».
- De plus la spéculation joue un rôle clef sur les marchés, il convient donc de ne pas
chercher à la contrarier : les spéculateurs endossent en effet un risque dont d’autres
agents ne veulent pas.
- Difficultés pratiques : Il s’agit tout d’abord d’instaurer la taxe dans toutes les places du
marché des changes faute de quoi cette mise en place se traduirait immanquablement par
d’importantes délocalisations de transactions. De plus, la taxe Tobin risque surtout d’être
d’une efficacité relative. En effet soit le taux de la taxe est faible ( de 0,01% à 0,05%
comme le suggère James Tobin ) auquel cas son pouvoir de dissuasion demeurera
marginal, soit le taux de la taxe est plus élevé auquel cas son pouvoir de dissuasion est
certes garanti mais deviendrait en fait un obstacle au commerce international dans son
ensemble.
- On peut également se demander s’il n’existe pas une certaine contradiction entre vouloir
réduire le plus possible la spéculation et simultanément faire de la TTC un instrument de
financement du développement.
Actualité de la proposition de James Tobin
- C’est surtout sur les terrains médiatiques et politiques que la Taxe Tobin connaît, depuis
plusieurs années, une brillante carrière : de nombreux mouvements baptisés « anti-
mondialisation » ont ainsi placé cette taxe au centre de leur combat ( comme ATTAC ou
l’Association pour la Taxation des Transferts d’Actions et de Capitaux ) et plusieurs
responsables politiques ont réclamé son instauration ( cf le programme de Lionel Jospin en
1995 ). Dans les faits, à l’automne 2000, un groupe de députés PS déposa un
amendement visant à instaurer une Taxe Tobin à un taux de 0% afin de créer un rapport de
force favorable ; cette proposition fut finalement rejetée. Plus tard la France frôla
l’instauration de cette nouvelle de taxe ( à un taux de 0,1% sous réserve d’harmonisation
européenne ) , la proposition ayant été acceptée par les députés puis rejetée par le Sénat
( novembre 2001 ).
Bibliographie :
- La Taxe Tobin : revue de la pensée magique, Olivier STORCH, « Fondation R. Schuman »
p.8-10, 12-18
- La taxe Tobin et la solidarité entre les nations, Bruno JETIN « Interfaces économiques » p.
55-60, 71-84,
- Tobin or not Tobin, François CHESNAIS « Esprit frappeur »