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HISTOIRE DU KOSOVO
Albert Auriel©2004
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Sommaire
I. La situation dans l’Antiquité l’Empire romain
II. De l’Empire romain à l’occupation ottomane
III. Le XIVe siècle : la défaite devant les Ottomans
IV. La domination ottomane du XV au XVIIIe siècle
V. Le XIXe siècle : La montée des nationalismes
VI. Le XXe siècle
VII. La langue albanaise et les écrivains kosovars
Bibliographie
Annexes : Cartes
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Introduction
Le Kosovo (en albanais : Kosova) se situe à l’est de l’Europe, dans les Balkans.
Ses pays voisins sont la République de Macédoine, l’Albanie, la République de
Monténégro et la République de Serbe. Depuis la fin de la guerre du Kosovo en
1999, la région est administrée par un protectorat provisoire de la communauté
internationale (coopération des Nations Unis, de l’OTAN, de l’OSCE et de l’Union
européenne).
Le Kosovo a une superficie de 10.887km² et compte environ 2 millions
d’habitants. Les Albanais représentent 82 % de la population, les Serbes 10 % et
il y habite aussi « des Monténégrins (1%), des Tsiganes (un peu plus de 2 %)
en réalité, plusieurs sortes, selon la langue et les groupes sociaux-, des
musulmans slavophones (3%) divisés là aussi selon le dialecte et l’origine :
Goranis, Musulmans, Bochniaques (Musulmans de Bosnie) et des Turcs (moins
de 1%). »1
1 Clayer, Nathalie : La société du Kosovo au cœur de dix années de crise. Dans : Yérasimos,
Stéphane (direction): Le retour des Balkans 1991 2001. Éditions Autrement. Paris : 2002.
Le Kosovo est formé de deux bassins où habitent la plupart de la population et
des chaînes de montagnes entourant ces bassins. La capitale du Kosovo est
Prishtina ; d’autres villes importantes sont Prizren, Mitrovica, Gjakova et Ferizaj.
Dans les chapitres qui suivent, on essaiera de donner un aperçu sur l’histoire de
cette région.
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I. La situation dans l’Antiquité L’Empire romain
Les conditions naturelles plutôt favorables des Balkans « firent de la péninsule un
pôle d’attraction pour l’homme. »2 Il y avait beaucoup de mouvements de
populations depuis l’époque préhistorique qui provoquèrent « une alchimie
d’intégrations et de rejets qui a fait naître les peuples balkaniques actuels. »3
Dérens classe la question de savoir les origines du peuple albanais et de la
langue albanaise sous la rubrique « mythes nationaux ». Il précise que les
historiens albanais prétendent que les Albanais sont le « plus vieux peuple des
Balkans », tandis que les historiens serbes prétendent que les Albanais ne sont
arrivés qu’au XI e siècle, parce que c’est au XI. siècle qu’on trouve la première
mention des Albanais, faite par l’Empereur grec Constantin Porphyrogénète il
classifie chacune des deux théories comme exagérée. Pour le Kosovo, il a des
doutes forts en ce qui concerne la théorie utilisant les hypothèses « que les
Dardaniens peuplaient le territoire du Kosovo actuel, que les Dardaniens étaient
des Illyriens, et que les Albanais descendent des Illyriens ou donc, dans le cas du
Kosovo, des Dardaniens. »
Problème du premier occupant :
Entre historiens serbes et historiens albanais, il y a une querelle en ce qui
concerne la question de savoir lequel peuple a été le premier à peupler le
territoire du Kosovo.
4 Il souligne qu’il y a certitude que les « Slaves ne sont
pas arrivés dans les Balkans avant les VI. et VII. siècle et [que] le Kosovo n’est
inclus dans les possessions serbes des Nemanjici de Raska qu’à partir du XII.
siècle, il n’en demeure pas moins qu’aucune preuve documentaire n’atteste la
présence d’Albanais ou de proto-Albanais au Kosovo durant les siècles du haut
Moyen Age. »5
Dérens ne nie pas qu’un lien entre les Illyriens de l’Antiquité et les Albanais
modernes est très probable, mais il insiste que cela constitue une erreur de
Il est probable que le Kosovo médiéval était peuple de populations
latinisées, de populations hellénisées et de grecs, mais aussi de proto-albanais et
de colons slaves de plus en plus nombreux.
2 Castellan, Jacques: Histoire des Balkans. XIV XX siècle. Librairie Arthème Fayard : 1991. p. 21.
3 Castellan : Histoire des Balkans. p. 21.
4 Dérens, Jean-Arnault et Samary Catherine : Les conflits yougoslaves de A à Z. Les éditions de
l’Atelier / Éditions ouvrières. Paris : 2000. p. 229.
5 Dérens: Les conflits yougoslaves de A à Z. p. 230.
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méthode de vouloir faire de ces Illyriens les « précurseurs » d’une nation qui ne
prendra conscience d’elle-même que plusieurs siècles plus tard. En revanche,
Castellan formule de la façon suivante : « Les plus anciens Balkaniques sont
sans doute les Grecs et les Illyriens-Albanais. »6
Héritage du passé
Ce débat ne se joue pas qu’en niveau académique. A l’école, les enseignants
serbes et kosovars albanais ne peuvent pas présenter une version qui est assez
objective pour tenir compte des opinions historiques différentes. C’est la raison
pour laquelle on a institué des programmes différenciés dans la Yougoslavie de
Tito. L’unification de ces programmes par Milošević en 1990 provoqua une crise
au Kosovo.
L’héritage historique des Balkans remonte au XV. siècle avant J.-C. : C’est
l’Hellade qui est la plus profonde des couches historiques des Balkans et c’est sur
l’île de Crète qu’on a trouvé la plus ancienne langue grecque. La thalassocratie
crétoise a dominé les Cyclades et les côtes occidentales de la mer Egée. Le
deuxième point de départ de l’Hellade, c’était l’arrivée des Achéens et des
Doriens sur la péninsule balkanique. Les Achéens étaient un peuple indo-
européen qui est venu du Nord et s'est établi en Thessalie, en Grèce centrale et
dans le Péloponnèse ; Les Doriens venaient des actuelles régions
macédoniennes et bulgares et se sont établis en Épire, en Acarnanie et dans tout
le Péloponnèse. Il se constitue une cité-Etat qui passe de la royauté à une
aristocratie foncière et á une démocratie à esclaves. Du VII. au IX. siècle, un
mouvement de colonisation est provoqué par des luttes internes et des rivalités
commerciales ; par conséquent, une série de ville-filiales prospère le long des
côtes des Balkans.
L’épopée macédonienne englobait toute la péninsule balkanique et de l’Égypte
aux chaînes du Pamir et à l’Indus. Mais l’immense empire n’a pas survécu à son
fondateur Alexandre le Grand et en 168 avant J.-C. la Macédoine est écrasée
définitivement par les Romains. Sous Alexandre, la culture grecque a pénétré
dans la péninsule balkanique et l’ensemble de la péninsule a été réuni sous une
même autorité.
6 Castellan : Histoire des Balkans. p. 21.
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