Commentaire page 190-191: Le Mariage de Figaro – Beaumarchais

Commentaire page 190-191: Le Mariage de Figaro Beaumarchais
Au XVIIIème siècle, la tragédie est remplacée par la comédie, pièce qui raconte les aventures pleines de
rebondissements servant à critiquer la société de l’époque.
De même, dans ces scènes extraites de la pièce de théâtre de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, écrites en
1784, la Comtesse et sa servante montent un piège ensemble pour tromper le Comte qui veut restaurer le droit de
Cuissage. Cependant, cette histoire est-elle une revendication de la liberté ?
L’attention que nous portons sur le texte nous permettra de chercher dans un premier lieu l’aveu indirect et par
la suite nous développerons la scène de coquetterie.
D’emblée, le recours au déguisement est fréquent dans le théâtre du XVIIIème siècle. Ceci se passe dans le
Mariage de Figaro et le Jeu de l’Amour et du Hasard.
Dès les premières lignes, tout un jeu scénique introduit un aveu indirect qui se prépare. Les personnages sont
occupés à déguiser Chérubin et les deux femmes qui le font ont l’air amusées, les exclamations qui introduisent la
scène le prouvent : « Madame, il est bien charmant ! »(l 1) « Comme il est joli ! »(l 3). Cette scène est donc gaie. La
Comtesse semble soucieuse de réussir le piège qu’on tend au Comte, elle insiste sur tout détail : « il faut relever la
manche, afin que l’amadis prenne mieux. »(l 6-7), l’emploi du verbe « falloir » ainsi que le complément de but sont au
service de cette idée. Mais, ce jeu s’interrompt et la découverte du ruban devient un coup de théâtre. La situation
devient ambiguë et la Comtesse fait face à un jeune Chérubin qui lui déclare directement son amour « celui qui m’est
ôté… ». La première partie de la scène dévoile un amour impossible entre les deux personnages principaux, tous les
préparatifs le montrent. La Comtesse évite de regarder Chérubin en face « reste un moment sans parler, les yeux sur
son ruban. Chérubin la dévore de ses regards. » (l 23-24) ; le complément circonstanciel d’opposition le souligne ainsi
que l’hyperbole. Aucun contact physique ne se passe entre la Comtesse et Chérubin et ceci pour éviter l’embarras, c’est
Suzanne qui fait tout le travail de déguisement « elle le coiffe » (l 1). Chérubin tente toujours de déclarer sa flamme à
la Comtesse mais d’une manière délicate « les yeux baissés » (l 29) « celui qui m’est ôté…rien », la didascalie et le
présentatif le décrivent. La Comtesse est troublée et les deux complices Suzanne et Chérubin le remarquent et le
sollicitent. La pudeur de la Comtesse s’oppose à la hardiesse de Suzanne qui est plus maligne ce qui sous-entend aussi
une certaine rivalité entre les deux femmes. « La comtesse, coupant la phrase », cette didascalie décrit le caractère de
cette dernière.
D’autre part, l’aveu indirect découvert dans ces scènes introduit aussi la scène de coquetterie jouée par les
personnages. C’est une scène ambiguë où chaque personnage cherche à s’affirmer. La Comtesse est celle qui donne des
ordres et Suzanne déclenche le jeu et l’anime, elle gêne même sa maitresse en la poussant à reconnaitre l’amour interdit
de Chérubin. Ceci fait aussi écho au droit de Cuissage que tous veulent indirectement abolir à travers leur jeu. Cette
scène devient à la limite sensuelle quand les femmes, chacune à son tour se joue de Chérubin pour le travestir. « Elle
lui prend le menton » (l 4) « elle le retrousse »(l 6), les didascalies le justifient. Quant à l’élément symbolique, le ruban,
déclencheur de toutes les actions, il permet le contact entre lui et la Comtesse à travers le sang : « il y a du sang ! » (l
11), l’exclamation le met en relief. Chérubin attire l’attention du spectateur à travers sa personne, son physique et
surtout la blancheur de sa peau qui lui donne un air efféminé. Ce caractère correspond bien au rôle que les femmes lui
demandent de jouer « C’est comme une femme », « plus blanc que le mien », ces exclamations le soulignent.
Somme toute, cette scène illustre une atmosphère de légèreté, voire des manières osées, les femmes sont coquines, et
les désirs dominent la scène. Le théâtre du XVIIIème siècle présente constamment des rôles bouleversés pour mieux
faire la satire sociale et améliorer les conditions de vie de l’homme. C’est une scène ludique qui nous fait penser au Jeu
de l’Amour et du Hasard de Marivaux.
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