3ème dimanche de carême – Année A Page 5
La femme lui dit: «Seigneur, donne-la-moi, cette eau. que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour
puiser. je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi: nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et
vous, les juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit: «Femme, crois-moi: l'heure
vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne
connaissez pas; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des juifs. Mais l'heure vient - et
c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité: tels sont les adorateurs que recherche le
Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer.» La femme lui dit: «je sais
qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses.»
Jésus lui dit- «Moi qui te parle, je le suis.» Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus. Lorsqu'ils
arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus
nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme: «Ce n'est plus à cause de ce que tu nous
as dit que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le
Sauveur du monde.»
Fatigué par la route, Jésus s'était assis, là sur le bord du puits. Les disciples sont partis acheter de quoi
manger. Vient une Samaritaine qui, poliment, se tait. Et c'est Jésus qui parle. Scribes et pharisiens, et
gardiens de la Loi, vous devez le savoir : c'est lui qui a commencé. Qui s'est mis à parler avec cette femme
d'un peuple dont la religion est fausse, cette femme dont la conduite est peu recommandable, avec ses cinq
maris. Et Jésus qui est seul ! D'ailleurs, quand ils reviennent, les disciples sont surpris. Mais ils ne disent rien.
Comme s'ils se doutaient qu'un tournant se prépare.
Car Jésus, ça se voyait, était bien décidé à ne pas en rester là. Scribes et pharisiens, vous les gardiens du
temple, vous devez le savoir : c'est lui qui a dit que bientôt l'on n'irait plus, là-bas, sur la montagne des
Samaritains ni à Jérusalem, la ville sainte des Juifs, pour adorer le Père. Mais qu'on adorerait, en esprit, en
vérité. Et pendant que les disciples s'occupent des victuailles, c'est la Samaritaine qui devient missionnaire :
elle laisse là sa cruche et alerte la ville. Venez donc voir cet homme. Avec lui, n'est-ce pas un monde
nouveau qui naît ?
Fatigué par la route, Jésus était assis. Et tout a commencé parce qu'il a demandé à boire à cette femme. Car il
n'était pas là pour prêcher, sermonner. II était fatigué, il lui fallait s'asseoir, il avait vraiment soif. Et il avait
besoin de cette femme qui pouvait lui donner de l'eau du puits. Est-ce qu'il n'en serait pas de même pour
notre Eglise ? Ne serait-ce pas quand elle se sent démunie, quand elle n'arrive pas avec ses vérités qu'elle
cherche à imposer, quand elle se sait pauvre et qu'elle se veut servante ? Quand elle lâche sa vieille cruche
pour un monde nouveau ?
« Donne-nous à boire ! »
- Jésus, fatigué par la route, assis au bord du puits, assoiffé. La scène est vibrante
d’humanité.
- Oui. Et voici que la soif de Jésus rencontre une autre soif. A cet étranger qui vient de
lui demander à boire, si humain dans son besoin, la Samaritaine ose dire sa soif à elle,
même si elle ne sait pas bien la cerner.
- Je le crois. C’est important de reconnaître sa soif. Ce texte de la Samaritaine me fait
toujours penser au petit prince de Saint-Exupéry : avec l’aviateur, il marche dans le
désert à la recherche d’un puits. Parvenu devant le puits, il dit à son ami : »Donne-moi
à boire, j’ai soif de cette eau-là… » Il s’agit bien d’une quête spirituelle.
- Très certainement. Ne nous trompons pas sur notre soif, en effet. Ni sur celles de ceux
qui nous entourent. Il nous faut être exigeant pour nous-mêmes et les autres. Tant de
bruits, tant d’objets, tant d’occupations nous accaparent et nous égarent.
- Oui, Jésus nous le dit pourtant : « Si vous saviez le don de Dieu. »