4 / 54
phénomènes, l’expérimentateur contrôle autant que faire se peut les
paramètres des objets qu’il étudie. Cependant, les résultats cherchés sont
susceptibles de ressortir plus clairement grâce à une simulation numérique :
il s’agit d’une étude sur ordinateur de modèles, objets abstraits, simplifiés,
régis par les seules lois de comportement supposées pertinentes pour le
phénomène étudié. La simulation se pratique dans les domaines les plus
divers de la physique. Selon le cas, elle peut servir à préparer ou guider une
expérience, à recouper ou valider ses résultats. Elle peut même s’ y
substituer, au risque de se couper de la réalité au cas où le modèle
mathématique étudié serait trop éloigné de celle-ci.
Mentionnons aussi le calcul algébrique formel sur ordinateur. Il a été
introduit en physique théorique, bien avant l’existence de logiciels de calcul,
afin d’engendrer des termes d’ordre de plus en plus élevé dans les séries
perturbatives de la théorie des champs (section 2.2.1). Ces termes,
représentés par des diagrammes, sont dénombrés et construits de façon
automatique, puis calculés sous forme d’intégrales multiples. Le physicien a
de plus en plus souvent besoin d’élaborer des algorithmes lui permettant
d’adapter ses problèmes à l’ordinateur.
L’informatique est également devenue un outil quotidien pour le
physicien expérimentateur, qui s’en sert tant pour piloter ses appareils que
pour recueillir et manipuler ses résultats. Il fait souvent appel dans ce cas
simultanément aux mathématiques et à l’informatique. Ainsi, les utilisateurs
les plus précoces des gros ordinateurs ont été les expérimentateurs des
particules, qui ont besoin non seulement de très grands instruments de
physique mais aussi de programmes informatiques extrêmement élaborés.
La préparation des expériences, qui peut prendre des années, repose sur des
simulations aussi réalistes que possible, où sont contrôlés systématiquement
les multiples paramètres des détecteurs. La prise des données, le
dépouillement et l’analyse des résultats, nécessitent le maniement d’une
quantité d’information gigantesque. Il a fallu par exemple, pour découvrir
les particules W et Z, responsables de l’interaction dite faible, faire un tri
quasi instantané de quelques événements rares lors de l’enregistrement de
milliards de collisions ; la probabilité de produire ces particules étant
extrêmement faible, le tri ne peut qu’être automatique. En pareil cas on doit
allier une programmation de pointe à une analyse statistique subtile d’une
masse de données considérable. Il n’est donc pas surprenant que certains
expérimentateurs des particules, habitués à manipuler d’aussi énormes
quantités de données, se soient reconvertis vers d’autres domaines, comme
l’astrophysique, l’imagerie ou l’informatique, où ils ont apporté leurs
compétences.
Notons en passant que le réseau mondial de communication et de
publication scientifiques par voie électronique est également né dans la
communauté, fortement structurée, des physiciens des particules. Chaque