Le dossier
pratiques
de santé
hors-série n° 12 •mardi 17 juin 2008 5
cin de famille ou du pédiatre, puis se cen-
tralise autour d’un praticien hospitalier
(pédopsychiatre ou neuropédiatre), et
enfin se complète d’un ou plusieurs trai-
tements paramédicaux (psychologue, psy-
chomotricien, orthophoniste…), conforte
certains jeunes patients dans le statut
d’enfants anormaux. L’enfant s’interroge
sur sa capacité à susciter l’affection, d’au-
tant qu’il ne parvient pas à intégrer, mal-
gré tous ses efforts, les critères auxquels
on lui demande d’adhérer. Si les parents
ne cherchent pas de solution en dehors
du système de soins officiel, l’enfant risque
d’entrer dans le cycle infernal de la déva-
lorisation, de la culpabilité et de l’échec.
Il est vrai que le méthylphénidate apaise
rapidement les symptômes et améliore
les capacités d’attention. Cet effet, para-
doxal au premier abord, s’explique par
le fait que le système de neurotransmet-
teurs dopaminergiques serait moins actif
chez les personnes touchées par le TDAH.
En général, les performances scolaires de
l’enfant s’améliorent ainsi que les rela-
tions familiales et sociales. Il ressent une
meilleure estime de soi et recommence
à se projeter dans le futur.
Mais sur le fond, ce traitement est dan-
gereux. Stimuler le système catécholi-
nergique afin d’accroître les facultés de
concentration est absurde car le cerveau
est déjà en hyper-catécholinergie. De
plus, ce type de traitement passe à côté
d’une autre pathologie très fréquem-
ment associée au TDAH. On constate en
effet fréquemment chez ces enfants,
une dystonie sérotoninergique. Selon
une étude, 95 % des enfants étiquetés
« TDAH » présentent un déficit en
magnésium, une des causes de la dys-
tonie.
De plus, la fréquence des effets secon-
daires immédiats compromet l’efficacité
de la molécule, même si ces nuisances ont
tendance à disparaître au fil des
semaines… On note ainsi une réduction
du temps de sommeil, de l’irritabilité, une
baisse de l’appétit, des douleurs diges-
tives, des céphalées, des tics. Sans comp-
ter le traumatisme d’un éventuel surdo-
sage qui réduit l’enfant à l’état de
zombie. Enfin, on note d’autres effets à
plus long terme beaucoup plus grave
(voir encadré). C’est pour cette raison que
Santé Canada conseille aux médecins
depuis mai 2006 de ne pas prescrire la
Ritaline et ses dérivés en cas de malfor-
mation cardiaque, d’hypertension même
modérée, de vieillissement artériel (athé-
rosclérose) ou d’hyperthyroïdie. De
même, en cas d’activités physiques ou
sportives intenses.
Aux États-Unis comme au Canada, les
boîtes de Ritaline sont accompagnées
d’une notice avertissant des risques
potentiels de décompensation psycho-
tique, d’accidents cardiaques et de mort
subite!
Enfin, il faut savoir que ces médicaments
ne sont pas capables de guérir le TDAH.
Dans ce même panier, il faut mettre le
piracetam (Nootropyl) pour lequel
aucune étude contrôlée ne semble avoir
été menée jusqu’à aujourd’hui. Et ce qui
arrive n’est guère mieux. Deux molécules
sont déjà disponibles aux USA et au
Canada: la dextro-amphétamine (Dexe-
drine), l’association de dextro-amphéta-
mine et de lévo-amphétamine (Aderall)
et l’atomoxétine (Straterra), inhibiteur
de la recapture de la noradrénaline.
Les deux premières spécialités ont les
mêmes indications et les mêmes effets
que la Ritaline, mais sont parfois mieux
supportées que celle-ci. Le Strattera,
médicament non stimulant, exposerait
moins les enfants à l’irritabilité due au
manque de sommeil. Par ailleurs, il serait
anxiolytique, n’induirait pas de tics, ne
comporterait aucun risque de dépen-
dance. Mais il serait moins efficace sur
les symptômes du TDAH et exposerait à
une plus grande fréquence de pensées
suicidaires !
pour lui. Il passe facilement d’une acti-
vité à l’autre, mais termine toujours ce
qu’il a commencé. En comparaison, l’en-
fant hyperactif n’intègre pas les réponses
qui lui sont données et répète parfois ses
questions. D’autre part, il peut passer
sans problème d’une activité à l’autre
sans avoir terminé la précédente.
L’enfant souffrant d’un contexte
C’est certainement lors de telles situa-
tions que le diagnostic de TDAH est le
plus souvent posé à tort. Il permet de
transformer l’innocente victime d’un
contexte pénible en un bouc émissaire
idéal.
Situation conflictuelle entre les parents,
notamment quand celle-ci est larvée ou
minimisée au regard de l’extérieur.
Incompatibilité avec un enseignant.
Suite de disputes avec des camarades
importants.
Secret familial.
L’enfant atteint d’une autre
pathologie
Ce type d’enfant présente une hyperac-
tivité secondaire liée à une pathologie
neurologique : traumatisme crânien,
baisse de l’acuité auditive passée ina -
perçue, épilepsie, autisme ou plus rare-
ment, hémiplégie infantile, syndrome de
Williams…
Une drogue qui soigne?
En quelques années, la médicamentisa-
tion – nous assumons la responsabilité de
ce néologisme – des enfants et des adultes
souffrant de TDAH a été totalement
admise dans le monde occidental.
La médecine conventionnelle française
ne propose actuellement qu’un seul trai-
tement médicamenteux pour traiter le
TDAH : le méthylphénidate (Ritaline,
Concerta…). Sa prescription est réservée
aux hospitaliers, mais seulement en début
de traitement.
Sa prescription est interdite avant 6 ans.
Jusqu’à cet âge, seule une prise en charge
globale est autorisée comme le soutien
des parents (groupes de paroles sous le
contrôle d’un psychothérapeute) ou une
psychothérapie pour l’enfant sous forme
cognitivo-comportementale ou psycho-
dynamique.
Dans tous les cas, il nous semble que ce
n’est qu’après l’échec ou des résultats
insuffisants du traitement psychoaffectif
que les médicaments devraient interve-
nir. Ce n’est pas toujours le cas. D’autant
que le réseau de soins qui part du méde-
mal diagnostiqué et mal soigné
Reproduction intégrale vivement conseillée avec mention d’origine.
Les effets pervers
de la Ritaline
Selon le « Physician Desk Reference Guide »,
l’équivalent américain du dictionnaire Vidal,
les effets secondaires du méthylphénidate
sont loin d’être anodins:
•Accélération du rythme cardiaque,
•Élévation de la tension artérielle,
•Risque suicidaire au moment du sevrage:
comme l’apaisement que la Ritaline apporte
s’estompe aussi rapidement qu’il s’installe,
la personne peut ressentir la sensation très
éprouvante de « montagnes russes ».
•Induction possible d’une dépendance
secondaire à la cocaïne. Nous ajouterons pour
notre part: réduction du temps de sommeil
et irritabilité.
Dépendance