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Ces modifications structurales se sont accompa-
gnées d’une augmentation de la taille de la cellule,
or toute augmentation de taille et de complexité en-
traîne des besoins énergétiques accrus. L’endocytose
des bactéries pourpres a permis de répondre à ces
nouveaux besoins car ces bactéries possèdent un
métabolisme oxydatif très efficace pour la produc-
tion d’énergie chimique (ATP) : la glycolyse liée à la
respiration. En échange, ces bactéries phagocytées
ont trouvé un milieu de vie stable et protégé des
aléas du milieu extérieur. Cette relation a ensuite
évolué en une véritable endosymbiose dans laquelle
la bactérie pourpre a évolué en mitochondrie, en
perdant une partie de son ADN devenu inutile.
On situe cette première endosymbiose à environ
2,5 milliards d’années avant notre ère et cette cel-
lule eucaryote plus performante serait à l’origine
des lignées animales et fongiques.
La cellule ayant encore grandi et le milieu
extérieur s’étant modifié, de nouveaux besoins
énergétiques ont émergé, ce qui a mené à la deu-
xième endosymbiose. Des cyanobactéries ont été
phagocytées et ont établi une deuxième relation
endosymbiotique en évoluant vers le chloroplaste,
conservant une photosynthèse efficace mais per-
dant aussi l’ADN correspondant à des fonctions
devenues inutiles. On situe cette deuxième endo-
symbiose à environ 1,6 milliard d’années avant
notre ère. La cellule eucaryote en résultant a été à
l’origine de la lignée végétale. Pour rappel, la taille
d’une bactérie est, en moyenne, 2 micromètres,
celle d’une cellule animale, 10 micromètres, et
celle d’une cellule végétale, 100 micromètres.
Des éléments corroborent cette théorie
endosymbiotique :
– Les mitochondries et les chloroplastes pos-
sèdent leur propre ADN codant des fonctions
spécialisées. La structure et le fonctionnement des
gènes mitochondriaux et chloroplastiques sont
plus proches de ceux des bactéries (procaryotes)
que de ceux des eucaryotes.
– Les mitochondries et les chloroplastes sont
des organites cellulaires possédant une double
membrane et leurs membranes internes ont une
composition très proche de la membrane plas-
mique des bactéries. Les chloroplastes de certaines
algues possèdent trois ou quatre membranes, ce
qui laisse supposer que d’autres endosymbioses
auraient pu se produire.
– Les ribosomes des mitochondries et des chlo-
roplastes sont plus proches de ceux des bactéries
que de ceux des eucaryotes.
– Les mitochondries et les chloroplastes se di-
visent de manière autonome et indépendamment
de la division cellulaire qui duplique le noyau
(mitose).
En conclusion, une cellule eucaryote animale
possède un patrimoine génétique nucléaire et un
patrimoine génétique mitochondrial additionnel
qui, chez une cellule végétale, s’enrichit encore
d’un patrimoine génétique chloroplastique.
Certains complexes enzymatiques sont codés
par les différents ADN et, chez les végétaux, de
nombreuses fonctions physiologiques nécessitent
l’expression coordonnée de gènes nucléaires, mi-
tochondriaux et/ou chloroplastiques.
2.2. DE LA CELLULE EUCARYOTE À LA MULTICELLULARITÉ
Les premiers organismes vivants eucaryotes
étaient constitués d’une seule cellule hétérotrophe
(dominante animale ou fongique) ou autotrophe
grâce à la photosynthèse (dominante végétale).
Ces organismes unicellulaires forment un groupe
communément appelé protistes, comprenant les
protozoaires (protistes animaux), les protophytes
(protistes végétaux), aussi appelés algues unicel-
lulaires (diatomées, chlamydomonas…), et les
protomycètes, ou protistes fongiques.
Le groupe des protistes, qui rassemble environ
300 000 espèces, est très hétérogène et la distinc-
tion entre animal et végétal n’est pas toujours très
nette. La classification phylogénétique en cours
les classe maintenant suivant leur parenté molé-
culaire (ADN). Leur structure générale est assez
simple, avec toutefois des ultrastructures spéciali-
sées comme des cils, des flagelles et des vacuoles
pulsatiles, qui permettent à certaines espèces (eu-
glènes, dinoflagellés, paramécies…) de se dépla-
cer rapidement. Les protistes diffèrent les uns des
autres par leur anatomie, leur cycle de vie et leur
rôle écologique, mais ils s’adaptent facilement à leur
milieu et se reproduisent rapidement, généralement
de manière non sexuée. Éléments constitutifs du
plancton, ce sont des acteurs déterminants dans les
2. ÉVOLUTION : LA THÉORIE ENDOSYMBIOTIQUE POUR EXPLIQUER LA GENÈSE DE LA CELLULE EUCARYOTE