
L’auteur concentre son étude sur la démocratie, qui semble être un bon régime en raison du surcroît de bien-être
qu’elle procure aux agents économiques. Selon lui, le degré de démocratie a des effets sur la croissance
économique. Le développement des libertés politiques serait favorable jusqu’à un certain degré, et au-delà serait
néfaste.
Dans toute société qui se développe, l’auteur distingue un primat de la recherche de l’efficacité économique. A
partir d’un certain enrichissement, dans toute société naît un désir d’accéder à plus de liberté. Mais c’est le
niveau de développement qui permet un certain degré de liberté politique. La démocratie aurait d’autant moins
de chances de persister que le niveau de développement d’un pays est faible.
Jean-Paul Fitoussi cite la thèse de Robert Barro, thèse de la démocratie comme bien de luxe. Cette thèse expose
les implications politiques et sociales de l’efficacité économique. La liberté politique est considérée par Barro
comme un bien de luxe. Même si l’accroissement des libertés politiques peut avoir un effet défavorable sur la
croissance, les pays riches pourraient subir une réduction du taux de progrès économique. La conclusion de
Barro est que « les pays avancés de l’ouest contribueraient davantage au bien-être des nations pauvres en
exportant leur système économique plutôt que leur système politique ».
L’auteur cite ensuite la thèse de l’efficacité économique de la démocratie. A cet égard, il cite Dani Rodrick. La
supériorité de la démocratie en terme de bien-être devrait conduire à de meilleures performances en terme de
croissance.
Dans un 2e chapitre, l’auteur procède à une étude de la complémentarité entre marché et démocratie. Il
soutient à cet égard l’idée de « démocratie de marché » plutôt que d’économie de marché.
Jean-Paul Fitoussi s’interroge sur la primauté de la démocratie ou du marché. Une réforme politique doit-elle
être engagée sur des critères d’efficacité économique ou doit-on se demander si elle permettrait d’accroître
l’adhésion des populations au régime ? Selon lui, la « démocratie de marché » suppose ainsi une hiérarchie entre
système politique et système économique. Il démontre la complémentarité entre les deux en exposant les limites
d’une répartition des revenus exclusive par le marché ou par la démocratie.
La thèse libérale s’appuie sur la théorie pure de l’équilibre général de concurrence parfaite. Cette théorie du
capitalisme a un fort pouvoir de séduction. En effet, les lois de concurrence pure et parfaite permettent de tendre
spontanément vers une situation de plein emploi et d’allocation optimale des ressources (équilibre général
Walrassien et optimum de Pareto). Mais son champ de validité est conditionnel. Les conditions de son
application sont rarement réunies dans la réalité économique. Cela conduit à des situations où le marché n’assure
pas spontanément une équité dans la répartition des richesses. L’équilibre peut impliquer de réduire le bien-être
d’une partie de la population. Ces inégalités ne sont pas la conséquence des dysfonctionnements des marchés,
mais au contraire sont compatibles avec un fonctionnement parfait de ces marchés. La théorie de l’économie de
marché n’offre pas de solution optimale à une telle situation mais indique une voie hors marché (théorie de la
survie).
La démocratie est en perpétuel mouvement et cette instabilité du politique peut à terme remettre en cause
l’existence même de la démocratie. La démocratie ne peut subsister en tant que régime politique que si elle
limite son emprise sur la répartition des richesses.
C’est pour ces raisons qu’il existe une forte complémentarité entre marché et démocratie puisque ces deux
systèmes se confortent mutuellement.
Le 3e chapitre expose la diversité des formes institutionnelles de « la démocratie de marché ». Il n’existerait
donc pas de modèle démocratique universel.
Pour faire face aux dysfonctionnements du marché, il existe une multiplicité de solutions et dans la pratique
chaque pays met en œuvre celle qui correspond le mieux à sa culture. La « démocratie de marché » désigne ainsi
un régime où le système économique obéit à une détermination politique.
Le marché ne fournissant qu’une équité incomplète, la démocratie se doit d’agir en matière d’équité pour rendre
le système acceptable. Cette intervention se fait par le biais d’une politique sociale.
Les différences de performance économiques entre pays ont fréquemment conduit à ériger en modèles certaines
expériences nationales. Mais si certains éléments de politique économique peuvent se révéler positifs dans un
pays pour une période donnée, leur importation dans un autre pays peut ne pas produire les effets escomptés.