PARTIE 1
L’économie classique (de Smith à Marx)
La pensée classique va dominer l’économie politique pendant près d’un siècle
avec l’ouvrage d’Adam Smith, paru en 1776 et intitulé « recherche sur la nature et
sur les causes de la richesse des nations », jusqu'à la naissance du marginalisme et
des théories néoclassiques un siècle plus tard.
David Ricardo, avec son livre « les principes de l’économie politique et de l’impôt »
paru en 1817, est le véritable théoricien de l’économie politique classique.
Enfin, Karl Marx peut-être considéré comme l’un des derniers auteurs majeurs de
l’économie politique classique. Son ouvrage, « le Capital » se veut une remise en
cause radicale de l’économie politique classique : un de ses sous-titres est « Critique
de l’économie classique ». Cependant, pour des raisons historiques, le 1er livre du
capital va paraître en 1867 et, surtout pour des raisons théoriques, les économistes
le considèrent comme un économiste classique.
Il est considéré comme le père de l’économie politique. Son ouvrage est l’un
des plus célèbres de la littérature économique. Adam Smith était professeur de
philosophie en Grande-Bretagne. En 1759, il publie un traité important intitulé « la
théorie des sentiments moraux ».
I. La théorie de la valeur et de la répartition
C’est dans le chapitre 4 du livre 1 que Smith introduit la notion de valeur. La
valeur usuelle est identifiée à l’utilité, mais par utilité, Smith vise moins l’aptitude
d’un bien à répondre à un désir subjectivement éprouvé que la faculté objective de
satisfaire une grande catégorie de besoins tels que la nourriture, le chauffage, le
vêtement…
Smith n’approfondit pas la notion de valeur d’usage (val U) car son intention est
l’explication des principes qui règlent la valeur d’échange (val E).
Avec Smith, on a une dichotomie (division + opposition) entre valeur d'usage et
valeur d'échange. Il va chercher à éclaircir 2 problèmes :
Comment se détermine la valeur ?
Comment se mesure t’elle ?
A. La détermination de la valeur
Cela renvoi à une question bien précise :
PARTIE 1
L’économie classique (de Smith à Marx)
Chapitre I : Adam Smith et la genèse de l’école.
classique
Quels sont les principes et les rapports d’échange entre les
marchandises ?
Pour tenter de répondre à cette question, Smith va adopter une théorie de la valeur
travail, c'est-à-dire une théorie qui explique les prix relatifs par les quantités de
travail respectivement contenues dans les marchandises que l’on échange.
En fait, plus précisément, pour Smith chaque bien comporte un coût et a une valeur.
Le coût = la peine que le travail nous a imposé. On l’appelle donc le travail
incorporé
La valeur = le travail incorporé dans les marchandises que nos obtenons en
échange, ce que l’on peut appelé le travail commandé.
Pour Smith, qu’il s’agisse de travail incorporé ou de travail commandé, la quantité de
travail doit être la même sinon l’échange ne se fait pas (selon S. on échange du
travail contre du travail).
1) Prix naturels et prix de marchés
Pour Smith, le travail est le fondement de la valeur d'échange. Dans une
société primaire (sans accumulation de capital (K.) et sans propriété privée) il existe
un seul facteur rare : à savoir le travail (W.). Et ce sont donc les coûts du travail qui
déterminent les prix relatifs. Dans une société plus avancée, avec d’autres facteurs
de production, c'est-à-dire le capital et le sol, il faut alors prendre en compte d’autres
éléments qui déterminent les prix relatifs.
Smith donne donc la définition suivante : Lorsque le prix d’une marchandise n’est ni
plus ni moins que ce qu’il faut pour payer, suivant leur taux naturel, le fermage de la
terre, les salaires du travail et les profits du capital employés à produire cette denrée
(produit comestible destiné à l’alimentation de l’homme), la préparer et la conduire au
marché, alors cette marchandise est vendue à ce qu’on peut appeler son prix
naturel (Px Nat). « La marchandise est alors vendue précisément à ce qu’elle vaut
ou ce qu’elle coûte réellement à celui qui l’apporte au marché. »
Smith ajoute que le profit du vendeur doit être inclus dans le prix de vente puisque
c’est de ce profit qu’il va tirer sa subsistance.
Ensuite, Smith introduit un autre concept de prix, le prix de marché (Px Mé), qui est
le prix effectif auquel est vendue une marchandise et qui peut être supérieure ou
inférieure au prix naturel selon les importances relatives de l’offre et de la demande
(O&D).
La relation qui s’établit entre les deux dépend du rapport existant entre l’offre et la
demande effective, c'est-à-dire la demande de tous les individus disposés à payer le
prix naturel de la marchandise.
[Schéma page 20]
Dans le court terme, l’offre est fixe, ainsi si l’offre est inférieure à la demande
effective, il existe un déficit de marchandise et la concurrence entre acheteurs
établira le prix au dessus du prix naturel. Cas inverse, si l’offre est supérieure à la
demande effective, il existe un excédent de marchandise et la concurrence entre
vendeurs établira le prix au dessous du prix naturel.
Cependant, cette disparité entre prix naturel et prix marché ne peut pas être
permanente car l’offre n’est pas fixe mais s’adapte à la demande effective.
Smith conclue que le prix naturel est donc pour ainsi dire le point central sur
lequel gravit continuellement le prix de toutes les marchandises.
Remarque : La quantité offerte s’adapte à la demande effective ou, ce qui revient au
même, à la manière dont le prix naturel rejoint le prix marché. Dans ce processus
d’ajustement, le comportement des tenteurs de ressources (terre, capital, travail)
joue un rôle décisif. En effet, le prix marché de ces ressources, venant à s’écarter de
leur prix naturel, leur détenteur devront en modifier l’emploi de telle sorte que
l’équilibre soit rétabli.
En exposant la nature de la pression qui s’exerce sur les détenteurs de ressources,
Smith est amené à présenter une analyse de la concurrence et même les
fondements de ce qu’on appellera plus tard la concurrence pure et parfaite.
Selon Smith, il faut que les concurrents soient nombreux de sorte à ce que aucun ne
puisse exercer une influence sensible sur les prix. Par ailleurs, il faut que
l’information soit parfaitement diffusée, ce qui exclue les secrets de fabrication et le
secret des affaires. Et enfin il faut que la mobilité des facteurs de production en
secteurs de fabrication soit totale.
La 2e remarque concerne le véritable caractère de la valeur considérée par Smith.
On pourrait être tenté de voir dans cette théorie une explication reposant sur le jeu
de l'offre et de la demande. Mais ceci n’est pas exact car la loi de l'offre et de la
demande ne fait que déterminer le prix marché tandis que ce prix gravite autour du
prix naturel. Or le prix naturel, d’après l’analyse de Smith, ne dépend pas du tout de
la demande de biens : il dépend de la valeur des services des facteurs de
production.
On a donc une théorie de la valeur déterminée par le coût de production.
La demande influe effectivement le prix marché mais dans le court terme
uniquement. Cependant le prix naturel, qui est un prix de long terme ne dépend que
du coût de production.
La question que va analyser Smith est : Quels sont les déterminants du prix
naturel ? Quels sont les composants du coût de production ?
Cela revient à déterminer le prix des services des différents facteurs de production.
Cette analyse conduit Smith à élaborer la théorie de la répartition.
2) La théorie de la répartition
Dans l’enfance des sociétés, seul le travail permet de produire et la théorie de
la valeur travail est une bonne description de ces sociétés. En revanche, dans les
sociétés capitalistes, il y a selon Smith 3 facteurs de production :
Capital : profits ou intérêts
Travail : salaires
Sol : rente
Smith considère qu’il n’est pas possible d’appliquer la théorie de la valeur travail
dans les sociétés développées dans la mesure le profit et la rente semblent
être indépendantes de la quantité de travail utilisé pour la production.
De plus, Smith explique qu’à chaque stade de production, chaque marchandise
contient directement ou indirectement une part variable du produit de ces 3 facteurs
déterminant ainsi le prix naturel de chaque marchandise. Chacune de ces
rémunérations des facteurs de production comporte elle aussi un taux naturel de
long terme et un taux de marché de court terme.
a) Les salaires
Smith fait la distinction entre courtes et longues périodes.
Court terme : 1 an
Moyen terme : 1 à 5 ans
Long terme : 5 à 10 ans
En courte période, la population est fixe et donc comme pour tout autre marchandise,
c’est le jeu de l'offre et de la demande qui va prévaloir sur le marché du travail.
La demande de travail émane des employeurs et l’offre des travailleurs. Le prix
courant du travail est le prix que reçoit réellement l’ouvrier d’après les rapports de
l'offre et de la demande, le travail étant cher quand les parts sont rares et bon
marché lorsqu’elles abondent.
L’offre de travail est le volume de la population en âge de travailler, et la demande
est déterminée par ce que Smith appelle les fonds destinés à payer les salaires.
Ces fonds proviennent de la récupération par la vente des produits des salaires
initialement avancés dans la production. Ils proviennent également de l’épargne des
capitalistes qui pourra être avancée en salaires supplémentaires.
Ces fonds de salaires déterminent la demande de travail alors que l’offre est fixe à
court terme.
Dans le long terme, Smith considère que le salaire ou le taux naturel (tx nat) du
salaire se fixe au niveau des subsistances des travailleurs. Il constate que le niveau
est d’abord le résultat d’un rapport de force entre employeurs et salariés.
Cependant ce rapport de force est asymétrique : les capitalistes ont souvent la
possibilité de se concerter et de s’entendre dans la légalité tandis que les travailleurs
n’ont pas le droit de se coaliser. De plus, en période de conflit, les capitalistes ont les
ressources cessaires pour survivre sans besoins des travailleurs, ce qui n’est pas
le cas de ces derniers.
Par conséquent, les capitalistes peuvent imposer leur prix, c'est-à-dire le salaire qui
ne peut descendre en dessous du niveau de subsistance.
Le taux naturel du salaire est donc le niveau de subsistance du travailleur.
Smith avance une autre raison pour laquelle le taux de salaire est au taux de
subsistance. Dés que le salaire augmente au dessus du niveau de subsistance, le
volume de la population augmente, ce qui fait augmenter l’offre de travailleurs et
donc fait diminuer les salaires.
Pour Smith, le salaire de subsistance est plutôt de nature historique que
psychologique ou physiologique ce qui rend ce salaire compatible avec une
augmentation du bien-être en longue période.
b) Les profits du capital
Pour Smith (comme pour tous les classiques) le profit est la rémunération du
capital, mais il ne correspond pas à la rémunération du travail d’inspection et de
direction qui relève de l’analyse du salaire. Le profit brut se proportionne
naturellement au montant du capital employé. Cette proportion ramenée à l’unité de
temps est appelée taux de profit.
Exemple : capital de 200 + 1 an : capital de 210 : profit de 10 et taux de profit de
5%
Le capital est une avance sur la production, que cette avance prenne la forme de
salaire avancé aux travailleurs, de matières premières, de machines ou de
bâtiments. Puisque le profit rémunère cette avance, il a d’abord la nature de la
rémunération du temps qui sépare l’immobilisation du capital de la vente des
produits. Donc le profit rémunère le temps.
Mais il doit aussi rémunérer le risque de la perte du capital dans l’investissement.
Au total, le profit rémunère le temps et le risque. Il est somme d’un intérêt pur et
d’une prime de risque.
Cette somme, Smith l’appelle le profit brut. Selon lui, les taux de profit ont aussi
tendance à s’égaliser dans l’économie.
En effet, comme le capital est mobile, il va se diriger dans les secteurs il rapporte
le plus, ce qui égalise les taux de profits nets, mais pas les taux de profit bruts. Les
différences de taux de profits bruts qui subsistent ne proviennent donc que des
différences de risques.
(Produit net = produit brut prime de risque = taux d’intérêt)
Le capital pour la production peut aussi être emprunté. Ce capital emprunté sera
rémunéré par le taux d’intérêt qui dépend ainsi de l’offre et de la demande de fonds
prêtables.
Analyse de Smith quant au taux de profit en longue période.
Selon lui, le taux de profit est orienté à la baisse en longue période car il devient
de plus en plus difficile de trouver une manière profitable d’employer le capital.
En longue période, l’analyse par Smith du profit est un peu décevante : il n’y a pas
de définition de taux naturel du profit. Il parle du taux naturel comme d’un taux
moyen et ordinaire. On ne sait pas si ce taux naturel est censé permettre le maintien
du capital intact ou s’il est censé permettre une formation nette du capital.
A présent, on peut glisser la rente dans le schéma :
La rente est le prix pa pour l’usage de la terre. La terre est un facteur de
production très particulier : son offre est fixe et elle est supposée ne pas avoir
d’usage alternatif à l’agriculture.
La rente a la nature d’un surplus différentiel : Sur le prix des produits agricoles, le
fermier paye les salaires, amorti son capital, et prélève son profit. Si un reste
subsiste, cela constituera le revenu du propriétaire foncier. Par conséquent, la rente
correspond à ce qui reste une fois rémunéré les autres facteurs de production. Ainsi
certaines terres ne seront pas cultivées si elles ne sont pas assez fertiles pour
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