Cybercriminalité: Le casse-tête des réseaux sociaux
« Le détournement de fonds, la nuisance des sites web, le vol de données personnelles et la transmission de
messages à caractère subversif ou pédo-pornographique sont autant de formes de la cybercriminalité.» C'est ce qu'a
affirmé, hier, le commissaire Abdelkader Mostefaoui, responsable de la lutte contre la délinquance économique à la
Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).
«Face à ces nouveaux fléaux, des mesures ont été prises», a ajouté ce responsable, qui s'exprimait sur les ondes de
la radio chaîne3. «Il y a eu une prise de conscience au début des années 2000. La loi 04-15 a été introduite dans le
code pénal pour réprimer les atteintes au système de traitement informatisé des données», rappelle ce responsable
de la DGSN. Pour M. Mostefaoui, contrairement à d'autres pays développés, certaines pratiques à l'image des
transactions bancaires numérisées ou du commerce électronique ne sont pas en vigueur en Algérie. Depuis la
promulgation de cette loi, la DGSN a traité, en mars 2010, deux grandes affaires criminelles. Deux hackers algériens
ont été poursuivis en justice pour vol de données bancaires à l'étranger. En 2009, la police a traité 6 affaires liées
aux actes commis sur les réseaux. En 2010, la sûreté nationale a enregistré 30 affaires liées aux actes traditionnels
facilités par les moyens des TIC contre 26 affaires en 2009.
Interrogé sur le rôle des réseaux sociaux sur internet à l'image de Facebook, dans les révoltes qu'ont connues
certains pays de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, M. Mostefaoui a livré une approche d'analyse sans toutefois
confirmer ce postulat en affirmant que «Les analystes disent que les révolutions dans ces pays ont été largement
favorisées par les réseaux sociaux par la diffusion de beaucoup d'informations et de par le large éventail des
personnes qui y adhèrent.» Et d'affirmer que «tout Algérien a le droit d'utiliser ces supports pour exprimer ses
opinions. Ce n'est pas interdit de s'exprimer. Ce que n'interdit pas la loi ne peut pas faire l'objet d'une action de la
police».
«Toutefois, dit-il, il y a des limites. Tout ce qui relève de l'apologie du crime, du terrorisme, du racisme ou de la
sédition entre les populations est interdit par la loi. Dès qu'une plainte est déposée, la police localise les auteurs et
les défère devant la justice». Le processus de localisation se fait à partir de dispositifs techniques. Mais la localisation
est parfois difficile car Internet offre l'anonymat. C'est le cas par exemple où l'utilisateur est connecté à partir d'un
cybercafé, d'un réseau wifi. Pour M. Mostefaoui, l'internaute doit se protéger en créant des mots de passe.
Les opérateurs aussi ont leur rôle à jouer dans la prévention contre la cybercriminalité. La loi 09-04 oblige les
fournisseurs des services internet à retirer les contenus illicites et d'aviser les internautes sur ce contenu. Et M.
Mostefaoui d'ajouter: «Les réseaux sociaux peuvent être un vecteur de cybercriminalité à l'image de la propagation
de la pédophilie et la contrefaçon des œuvres littéraires, car ces supports permettent la divulgation de données
personnelles des internautes.» L'internaute doit s'interroger sur le lieu d'hébergement de Facebook qui dispose d'une
énorme base de données aux Etats-Unis.
Pour lui, le premier et le dernier rempart contre la cybercriminalité reste la sensibilisation. Les nouvelles technologies
peuvent être utilisées tant par les «bons» citoyens que par les délinquants. Et d'inviter les internautes à s'armer de
vigilance car ils s'exposent à des risques en postant sur ces réseaux sociaux leurs données sensibles et personnelles.
M. Mostefaoui relève dans ce sens, une carence en Algérie: «On n'a pas encore une législation qui protège les
données personnelles». «Il faut, dit-il, que le législateur protège la vie privée des citoyens contre par exemple
l'usurpation d'identité». Même si le processus de la législation est long, l'Algérie se dotera de lois protectrices. Au
Canada, des avocats ont porté plainte contre Facebook pour communication des données aux professionnels du
marketing. La France dispose d'une Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), chargée de
protéger les données personnelles. L'Europe aussi s'est dotée d'un organisme de protection des données
personnelles. M. Mostefaoui a appelé les internautes à s'armer de vigilance.
Le Quotidien d'Oran
Saida, Algerie :