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Référence
Date : 2000/09/11
Année : 2000-2001
École : École primaire de la Forêt Enchantée
Niveau scolaire : préscolaire
Nom de l’élève : Peter Pan
Date de naissance : 15/11/1994
Âge : 5 ans et 10 mois
Classe : Grand Pic
Description du milieu familial :
Peter Pan est issu d’une famille reconstituée.
La mère, âgée de 37 ans, travaille le soir chez Les balais magiques, comme ouvrière. Elle
a complété un secondaire IV et un professionnel court. À l’école, elle présentait des
difficultés scolaires, principalement en mathématiques et en français. Elle a une fille de
11 ans, issue d’un mariage précédent. Cette fille présente des difficultés scolaires et des
problèmes d’attention et de concentration. La mère de Peter et sa demi-sœur ont été
victime d’inceste dans le passé.
Le père de Peter est âgé de 42 ans. Il travaille la nuit comme homme de maintenance au
Château des merveilles. Il a terminé une huitième année scolaire et il présentait
également des difficultés d’apprentissage à l’école. Le père a quatre autres garçons qui
sont issus d’un premier mariage et dont il a la garde occasionnellement. L’aîné, âgé de
18 ans, a fréquenté le relais St-François pour des problèmes de drogues. Il était en
cheminement particulier au secondaire et avait eu un échec au primaire. Le second
garçon, âgé de 15 ans, avait aussi des difficultés scolaires et il a été expulsé de l’école
vers l’âge de 13 ans pour des troubles de comportements. Le troisième garçon a 14 ans et
ne présente pas de difficulté scolaire particulière. Le dernier garçon est âgé de 11 ans. Il
a doublé sa première année, il présente des troubles de langage et un ficit d’attention
avec hyperactivité. Les quatre garçons auraient subi des abus sexuels de la part d’un ami
de leur mère.
Tous les soirs, une voisine assure la garde de Peter et de sa demi-sœur entre 23h30, heure
à laquelle le père quitte pour son travail, et 1h00, heure à laquelle la mère revient de son
travail.
Selon les informations recueillies par l’équipe multidisciplinaire de la clinique des
troubles de développement, les parents auraient beaucoup de difficulté à inculquer une
discipline à Peter, particulièrement la mère. Une partie des difficultés de Peter seraient
possiblement aggravées par ce problème d’encadrement parental.
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Description du milieu scolaire :
Peter Pan fréquente l’École primaire de la Forêt Enchantée. Cette école accueille un peu
plus de 600 élèves. Par rapport aux autres écoles de la Commission scolaire, l’École
primaire de la Forêt Enchantée se classe dans la moyenne quant au niveau socio-
économique de la clientèle qu’elle dessert. Un bon nombre d’élèves sont issus de parents
professionnels, mais plusieurs proviennent de milieux économiquement plus défavorisés.
La direction et les intervenants de l’École primaire de la Forêt Enchantée sont
particulièrement attentifs au dépistage et à l’encadrement des élèves handicapés et des
élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. Chaque année, plus d’une centaine
de plans d’intervention sont planifiés. L’école s’est également dotée d’un comité
EHDAA et d’un comité multidisciplinaire.
Cette année (2000), Peter Pan est intégré à une classe maternelle régulière de 19 élèves et
reçoit l’aide d’un éducateur spécialisé qui s’occupe également de trois autres élèves (ratio
4 pour 1).
Première observations ayant conduit à la référence :
Avant son arrivée à l’École primaire de la Forêt Enchantée, Peter Pan avait déjà été ciblé
comme un enfant nécessitant l’accompagnement d’un éducateur spécialisé pour son
intégration en classe maternelle ordinaire.
Dès sa première année de vie, Peter avait été hospitalisé pour un retard pondéral. Les
investigations n’avaient rien démontré d’organique, mais Peter avait été brièvement pris
en charge par la pédopsychiatrie pour des problèmes d’ordre comportemental et de
difficulté relationnelle avec la mère.
En 1998, il avait été référé à la clinique des troubles de développement pour des troubles
du sommeil et de comportement ainsi que pour des retards au niveau du langage et de la
motricité fine décelés à l’aide de l’épreuve du Denver. Peter avait alors été évalué par
une équipe multidisciplinaire de la clinique des troubles de développement. Cette équipe
était constituée d’une orthophoniste, d’une ergothérapeute et d’une pédiatre.
L’ergothérapeute avait noté un retard sur le plan de la motricité fine et dans les
apprentissages de Peter. Elle avait constaté une grande difficulté au niveau de la
concentration et de l’attention avec une agitation importante et des troubles de
comportement, lesquels semblaient limiter énormément ses apprentissages.
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L’orthophoniste avait constaté un retard de langage important au niveau réceptif et
expressif ainsi que des éléments de trouble de langage. La pédiatre avait rejeté
l’hypothèse d’un trouble de sommeil et avait conclu à un déficit d’attention avec
hyperactivité accompagné de troubles de comportement majeurs avec une composante
oppositionnelle importante. Elle expliquait en partie les troubles de comportement par le
retard au niveau du langage et par le déficit d’attention, mais elle les attribuait davantage
à un milieu familial non encadrant. Le Ritalin avait été débuté, l’enfant avait été référé
au Centre de réadaptation de l’Estrie afin de recevoir des services en éducation
spécialisée, en ergothérapie et en orthophonie et une demande de guidance parentale avait
été formulée.
L’an dernier, Peter Pan fréquentait une garderie cinq jours semaine. Il a été rencontré par
une physiothérapeute, une ergothérapeute, une éducatrice spécialisée et une orthophoniste
du Centre de réadaptation de l’Estrie afin de dresser le bilan de ses capacités et de ses
incapacités en vue de sa fréquentation scolaire. Des services d’éducation spécialisée ont
été prodigués à la maison une fois semaine. Au mois de juin, Peter a également subi une
évaluation psychométrique préscolaire et les résultats obtenus à l’échelle d’intelligence
de Wechsler situaient son fonctionnement intellectuel général au niveau de l’intelligence
frontière.
Au regard de ces évaluations et de ce cheminement particulier, il avait donc été convenu
d’offrir à Peter Pan l’accompagnement d’un éducateur spécialisé en classe maternelle
régulière.
Mes observations :
Aspect sensoriel
Sans particularité.
Aspect psychomoteur
Peter ne semble pas à l’aise lorsqu’il colore. Il utilise surtout des mouvement verticaux.
Peter touche à tout ce qui l’entoure lors des regroupements, malgré mes fréquents rappels
à l’ordre.
Aspect cognitif
Peter a une attention très courte au tapis.
Peter se laisse distraire facilement par les bruits et les objets environnants.
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Il ne respecte habituellement pas le droit de parole, m’interrompant ou interrompant les
autres élèves au lieu de lever la main.
Il ne semble pas comprendre mes consignes lorsque je m’adresse au groupe.
Aspect affectif et social
Peter ne recherche pas d’aide lorsqu’il ne saisit pas la tâche. Il semble fuir les difficultés.
Il ne fournit pas d’efforts lorsque la tâche lui paraît difficile.
Il abandonne facilement.
Il lui arrive de se fâcher et de lancer le matériel. Peter est impulsif, il semble agir avant
de réfléchir.
Il refuse souvent les activités que je présente. Il devient facilement agité et présente alors
des comportements d’opposition.
Il s’oppose aussi lorsque c’est le temps de ranger. Souvent, il se met à crier.
Il crie parfois longtemps lorsqu’il est contrarié (plus de 5 minutes). Il désorganise et
perturbe alors le groupe, déstabilisant les enfants plus fragiles.
Il semble avoir une faible tolérance à la frustration..
Il utilise régulièrement un langage grossier.
Il se désorganise rapidement lors des transitions. À ces moments, il lui arrive souvent de
bousculer les autres élèves.
Peter est arrivé en retard à l’école cinq jours depuis le début de l’année. Les cinq fois, il
était en retard d’environ 40 minutes.
Aspect langagier
J’ai parfois de la difficulté à comprendre ce qu’il me dit.
Peter semble manquer de mots pour s’exprimer.
Premières actions posées et leur résultat :
Sur le plan psychomoteur
J’interviens lors des regroupements pour ramener l’attention de Peter, mais je dois le faire
constamment.
J’ai enseigné à Peter la position d’écoute (assis en tailleur, le dos droit, les mains sur ses
genoux et les yeux vers moi). La position doit cependant être constamment exigée.
J’ai fabriqué un collier qui sert de visuel pour lui rappeler la bonne position d’écoute. Ce
visuel ne l’a pas aidé à améliorer son écoute.
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J’exige de façon rigoureuse que les élèves demandent le droit de parole en levant la main
lors des regroupements, Peter ne semble pas s’y habituer.
Sur le plan cognitif
Je m’assure que Peter n’a pas de matériel entre les mains lorsque je m’adresse à lui, ce
qui l’aide sûrement, mais cette intervention n’est pas suffisante puisqu’il se laisse aussi
distraire par les bruits environnants.
Je demande constamment si les élèves ont des questions, mais ceci ne semble pas aider
Peter puisqu’il ne formule jamais de questions spontanément.
Lorsque je m’aperçois que Peter n’a pas compris mes consignes, je les reformule le plus
simplement possible. Je dois cependant toujours vérifier de façon individuelle (c’est
habituellement l’éducateur spécialisé qui le fait) si Peter saisit la tâche, car il nécessite
aussi une stimulation constante pour parvenir à réaliser ce qui lui est demandé.
Je tente de démontrer davantage ce que j’exige puisque Peter semble avoir besoin d’un
support visuel. Cette intervention semble orienter Peter dans le bon sens, ce qui facilite
par la suite mes interventions (ou celles de l’éducateur spécialisé) lorsque nous
l’encadrons pour le stimuler à persévérer (l’étape des explications ne doit plus être reprise
entièrement).
Sur les plans affectif et social
L’éducateur spécialisé et moi l’encourageons constamment à persévérer. Nous lui
apportons un encadrement plus soutenu en étant davantage présents à ses côtés lorsqu’il
réalise une tâche qui exige des efforts soutenus.
Lorsque Peter présente un comportement agressif, je le retire du groupe quelques minutes
(chaise bleue). J’ai cependant de la difficulté à assurer ce retrait puisque Peter s’oppose.
L’éducateur spécialisé doit donc habituellement intervenir. Peter se met souvent à crier,
mais l’éducateur spécialisé peut alors s’isoler avec lui dans le local adjacent pour
compléter l’intervention.
J’utilise aussi le retrait si Peter frappe un autre élève. Lorsqu’il est plus calme, j’organise
et je dirige une rencontre avec les deux élèves concernés. J’essaye d’outiller les élèves
afin qu’ils utilisent le "je" pour exprimer comment ils se sentent avant de rechercher une
solution. Peter n’y parvient pas facilement, je dois insister et il se fâche souvent lorsque
je lui impose cette démarche. Les autres élèves ont également de la difficulté à parler au
"je", mais ils ne réagissent pas avec autant de frustration.
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