Une nouvelle jeunesse pour le contrôle de gestion
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positifs comme négatifs, contrairement aux formes explicites occidentales, et notamment
américaines.
Les défaillances individuelles sont contrôlées par les pairs à travers une pression efficace.
C’est une des adaptations des techniques managériales américaines importées après la
seconde guerre mondiale.
La norme américaine de fonctionnement passe par une compétition bien organisée, et
l’échange honnête entre égaux passant contrats ensemble. En effet, pour que chacun ait le
sentiment d’être justement traité, il faut pour cela qu’il connaisse clairement dès le départ ce
qu’on attend de lui, jusque dans les modalités à travers lesquelles son action sera mesurée et
évaluée. La récompense promise doit exister, et de même, la sanction doit être juste.
Le contrôle devient alors une étape prévisible du contrat passé. Le sentiment d’égalité
qui ressort de ce système n’est donc pas remis en cause par le contrôle, vu qu’il s’agit bien les
actions qui seront récompensées ou sanctionnées et non les personnes. Le flou dans les règles
serait perçu comme un manquement aux règles démocratiques.
Au Japon, se développe un contrôle des processus, à la différence d’un contrôle des
individus prisés en Occident, notamment aux Etats-Unis. Les spécificités culturelles des
entreprises japonaises simplifient le contrôle des performances, notamment avec la pression
exercée par ses pairs pour prévenir ou corriger très tôt d’éventuels écarts de conduite. C’est ce
qui semble être à l’origine du malentendu.
1.2.2 Les réticences au contrôle de gestion en France
Le contrôle de gestion y est difficile. Une étude en 1986 montrait qu’un quart des
entreprises examinées ne fixaient pas de calendrier précis à leurs objectifs de long terme. Le
budget était considéré comme de simple autorisation de dépenses et non un engagement à
mettre en relations les fins et les moyens.
Par ailleurs, tout contrôle tend à être vécu par le subordonné, voire par le supérieur dans
certains cas, comme une expression de défiance qui est à l’origine de la démotivation.
L’auteur rappelle l’analyse de Tocqueville dans De la Démocratie en Amérique, pour qui
l’obéissance hiérarchique américaine repose sur un contrat passé entre égaux, tandis qu’en
France, supérieurs et subordonnés font cohabiter plein d’arrières pensées différentes, et où la
relation hiérarchique est difficile à dissocier de l’inégalité des personnes et des différences des
fonctions.
Ainsi un contrôle extérieur peut apparaître comme une marque de défiance, et un contrôle
de la conformité du suivi des procédures comme une manœuvre policière. Par conséquent, la
question de savoir qui contrôle quoi est lourde de signification symbolique.
Un article montre comment une concertation préalable interne et l’appui initial des
dirigeants se heurtent au scepticisme voire à des résistances ouvertes, alors que dans le même
temps des initiatives locales d’amélioration de la qualité ont été prises, en écartant les règle
générales adoptées. La procédure dans son ensemble perd alors de sa crédibilité.