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Saint Bernard de Clairvaux
et les Ordres Chevaleresques
Michael Riche-Villmont
Copyright © appartient à l'auteur Michael Riche-Villmont. Le livre peut être utilisé
librement pour information, des fins non commerciales, indiquant la source
Série „Les chevaliers Templiers”
ISBN 978-606-671-799-1
2015
1
L'écrivain Michael Riche-Villmont est bien connu que l'auteur de plusieurs romans
historiques, ayant comme sujet l'ordre des chevaliers hospitaliers (St.Jean) et l'ordre des
Templiers, en Espagne et en France
.
Bien documenté, à l'aide de la fiction, combinant action, l' amour et les mystérés, l'auteur
parvient à nous apporter, à travers ses livres, dans l'atmosphère d'arcs et d'épée, dans lequel le
bien l'emporte toujours.
Il a décrit, de l' habitude, dans le livre deux monde : médiéval et à partir d'aujourd'hui, qui les mettre
dans le miroir, avec leur mode de vie et les valeurs spirituelles.
Il a aussi écrit des livres romantiques, d’aimer et policier, avec mystères, paranormal et de la magie,
avec des moments choquantes. Donc ses livres, publié en français et en espagnol, sont si
intéressants. Parmi ses livres publié sont :
* Le sceptre des Chevaliers Hospitaliers,
roman historique,d’aimer et policier, décrit la
mise en place de l’ordre des chevaliers Hospitaliers et actions mystérieuses de descendances des
anciens chevaliers.
* Le Médaillon Hospitalier, Décrire les actions mystérieuses militaires des Hospitalières dans
siècle12 et leurs conséquences d’aujourd'hui.
* Saint Bernard de Clairvaux et les Ordres de chevalerie, ouvrage historique.
* L'appel, vers le Temple secret, décrit la mise en place de l’ordre du Chevaliers templiers, et
comment les fantômes du Templiers défendent le temple et ses mystères.
*Les Fantômes de Tarragone, roman historique et de l'action.
2
Saint Bernard de Clairvaux a eu un esprit intéressé et intelligent, une attitude et une conduite
pragmatiques, une âme de vrai chrétien, un coeur de combattant dans un corps délicat, d'ascète,
habillé de la soutane blanche de la propreté spirituelle et matérielle. Son image est immense, flotte
au-dessus du monde chevaleresque à travers les siècles, en gardant vivants son esprit et ses valeurs
fondamentales.
3
Sommaire:
1. La vie et l' oeuvre de Saint Bernard de Clairvaux..... 6
2. L' Ordre des Chevaliers Templiers............................14
3. L' Ordre de Calatrava................................................21
4. L' Ordre d' Alcantara.................................................25
5. Les ordres chevaleresques successeurs de
l’ordre des Chevaliers Templiers (Espagne et
Portugal)…..………………………………………..……26
1. Le contexte historique de la dissolution de
l’Ordre des ChevaliersTempliers……26
2. L'ordre de Montesa, Espagne……………………….34
3. L’Ordre Militaire de Christ………………………….37
4
Avant-propos
La documentation et l' écriture de cette étude ont duré quasi une année. Initialement, le travail
se voulait un article sur la personnalité de Saint Bernard de Clairvaux et son influence sur le monde
de la chevalerie médiévale, mais la richesse et la profondeur du sujet nous ont déterminé d' enrichir l'
article, en devenant une étude autonome. Probablement, le développement du sujet continuera à
l'avenir compte tenu de la personnalité remarquable de Saint Bernard et de l' ampleur de son
influence au monde chrétien de l' époque moyenâgeuse, influence qui se fait sentir aussi de nos jours.
Nous avons présenté les conclusions de la documentation au cadre de l' étude, mais nous
tenons à mentionner que le support et l' influence de Saint Bernard sur le développement des ordres
chevaleresques constituent seulement un aspect de l' influence mutuelle entre les Français et les
régions ibériques sur le plan religieux, spirituel, mais aussi militaire dans la période médiévale. Les
Royaumes Ibériques, impliqués dans la Reconquista ( la reconquête ), ont influencé, à leur tour, la
spiritualité française, mais ils ont également bénéficié de l' appui religieux des ordres monastiques
français, y inclus le soutien matériel et spirituel. Ce monde de la chevalerie monastique est fascinant
pour tout chercheur scientifique de l' histoire qui s'efforce d’ en révéler, partiellement, les secrets et
les mystères, certains cachés, d’ autres oubliés avec le passage du temps.
Mais ce monde devient de plus en plus intéressant, non seulement pour les connaisseurs du
domaine mais aussi pour le grand public. C' est justement pourquoi nous avons pensé à écrire cette
étude de synthèse sur le monde de la chevalerie médiévale.
Nous voudrions remercier de cette façon tous ceux qui nous ont encouragés dans la
documentation et l' écriture de l' étude, connaisseurs du domaine.
L’ auteur
Marseille, 6/22. 2015
5
Saint Bernard de Clairvaux
et les Ordres Chevaleresques
Le monde dur, mystérieux des anciens Ordres chevaleresques, avec ses lois caractéristiques,
ses valeurs morales et spirituelles qu' il a encouragées et protégées jusqu' au sacrifice, mais aussi
intéressant par les mystères, les secrets qui l' entourent, les profondes expériences spirituelles de ceux
qui la constituaient, par l' expressivité symbolique à part des doctrines promues, par l' ésotérisme qui
flotte encore autour de soi, ce monde est indissolublement lié au nom de Saint Bernard de Clairvaux.
Au moins, le monde de Militia Christi, mieux connu sous le nom de L' Ordre des Chevaliers
Templiers, les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, en latin "Pauperes
Commilitones Christi Templique Salomonici”, n' aurait pas été connu dans l' histoire comme il l' est
de nos jours et n' aurait pas marqué l' époque du Moyen Âge sans la contribution essentielle du
moine Bernard de Clairvaux à la constitution et à la continuité de celui- ci.
Bernard de Clairvax, lui-même une grande personnalité religieuse du Moyen Âge, a marqué,
même révolutionné la pensée religieuse de l' époque, avec des influences qui se manifestent aussi de
nos jours.
1. La vie et l' oeuvre de Saint Bernard de Clairvaux1
Bernard est né en 1091, ou selon d’ autres sources2, en 1090, à Fontaines, aujourd' hui
Fontaines –les - Dijon, localité limitrophe de la grande ville, située au nord de celle-ci. La même
Encyclopédie nous fait savoir que Bernard provenait d' une famille noble. Son père, le chevalier
Téscelin a participé à la première croisade, pendant les années 1096-1099, croisade dont le résultat a
été la conquête de Jérusalem et la constitution du Royaume chrétien de Jérusalem. Le chevalier
Téscelin est rentré victorieux de la croisade, justement après la conquête de la Ville Sainte. Bernard
avait encore cinq frères et une soeur, les garçons recevant une éducation et préparation particulières
afin de devenir des nobles chevaliers, à l'exception de Bernard.
La mère de Bernard, Aletha de Montbard3, une représentante typique de la noblesse locale de
Bourgogne, belle, instruite, avec un penchant vers la culture et la religion, a toujours tenu le petit
Bernard près de soi, compte tenu de la constitution physique délicate de celui-ci à la différence de ses
1
Wikipédia, l’Encyclopédie libre
2
1911, Encyclopaedia Britannica, Vol. 3, Berna
Encyclopaedia Catolică 1013, Vol. 2- Saint Bernard, by Brather Marie Gildas
3
6
frères aînés. Ainsi, il a été influencé par sa mère qui a encouragé ses préoccupations religieuses,
développant son penchant vers le sacré.
Aletha de Montbard provenait d'une ancienne et nombreuse famille nobiliaire, originaire des régions
nordiques et parmi ses proches, se trouvait aussi un noble chevalier nommé André de Montbard,
parti à la croisade pareil à son mari.
En 1100 Bernard a été envoyé à l' école de Châtillon – Sur - Seine où il a étudié la religion
jusque vers 1110. L' école était reconnue pour la vie austère que menaient les moines et les élèves,
mais aussi pour les amples connaissances religieuses que ceux-ci recevaient. Cette même année,
1110, il perd sa mere, Aletha de Montbard - Fontains, fait qui lui a provoqué une très grande
souffrance. Il s' est réfugié dans la littérature et la poésie ainsi que dans l' étude approfondie des
Livres Saints, aidé par les discours et ouvrages de l' abbé du Monastère Molesmes, le curé Robert.
Ces discours et ouvrages religieux exprimaient la nouvelle pensée dans la religion, celle de l' Ordre
Cistercien, de retour aux préceptes de Saint Benedict, ceux de modestie, repentir et profonde
austérité dans la vie matérielle et religieuse des hauts et petits prélats, de tous les moines, pour servir
d'exemple pour tous les fidèles chrétiens.
Attiré par le dogme du nouvel ordre, Bernard a sollicité d' être reçu, lui aussi, en tant que
novice, mais il a été ajourné pour des raisons administratives. C' est à peine en 1113 que le jeune
Bernard, accompagné d' autres dizaines de jeunes nobles, frappait aux portes du Monastère Cîteaux,
en demandant la permission d' être reçus par l' abbé Stéphane ( Harding ).
L' aspect du jeune qui parlait au nom de plus de vingt cinq nobles plut à l'abbé. Mince, quasi-ascète,
de taille moyenne, peut-être un peu plus petit, le visage allongé, le teint assombri, habillé de
vêtements simples, sombres, il paraissait modeste. Mais peut-être que plus que tout, il a aimé les
yeux noirs du jeune homme, noirs et brillants, intelligents, qui dispersaient une lumière étrange à
laquelle on ne pouvait pas résister. Et ses paroles, pieuses, modestes et sages, ont poussé l' abbé
Stéphane à ouvrir définitivement la porte pour ce jeune-là et pour ses compagnons. Il l' a reçu avec
confiance et amour fraternel, fait qu' il n'a jamais regretté. Et les rayons- mêmes du soleil qui
éclairaient d'une intensité divine le chemin de Bernard vers le monastère ce mi - mai 1113, étaient le
signe céleste de la prédestination pour l' accomplissement des grands faits spirituels que celui - ci
était voué à réaliser.
Au moment de son entrée dans l' Ordre cistercien, au monastère Cîteaux, Bernard de
Fontaines était apprécié comme un bon connaisseur du dogme religieux, de la philosophie, mais
aussi comme auteur des quelques ouvrages littéraires.4 Il avait même commencé à noter les idées qui
deviendront plus tard, des travaux d' ascétiques, de mistique et de polémique religieuse. Par la
passion avec laquelle il présentait ses idées et convictions dogmatiques, par le pouvoir naturel d'
influencer les personnes de ses alentours, il s' était imposé comme un incontestable leader religieux
des jeunes nobles de Dijon même s‘ il ne fût pas encore ordonné prêtre et jusqu' à ce moment- là
aucun autre monastère ne l' eût accepté. En réalité, il n'avait pas demandé une telle chose. Dès la
mort de sa mère et jusqu' en 1113, Bernard avait intentionné de partir pour le Pays Saint, se préparant
même pour accomplir ce désir. Son intention de partir pour Jérusalem avait deux raisons puissantes:
la propagation dans l' Orient, de la foi chrétienne et des préceptes des Saints Augustin et Benedict et
4
Cistercian Abbey, Bernard-Bernard. Jeunesse et entrée à Cîteaux, Éditions Dominique Guéniot, 2012, ISBN 978-287825-518-8
7
la défense de cette croyance chrétienne des fidèles devant les attaques sans cesse des infidèles
orientaux. Il se pourrait que l 'intention de partir soit déterminée aussi par les histoires de la période
de la croisade, racontées par son père, le chevalier Téscelin. La renonciation à ce départ s' est
produite le printemps de l' année 1113, quand il a été accueilli dans le monastère Cîteaux, comme on
a déjà mentionné en haut, mais le désir d' aider le Pays et les lieux Saints est resté inchangé tout au
long de sa vie.
La réception de Bernard de Fontaines dans l' Ordre Cistercien a signifié pour lui le début d'
un chemin long et difficile mais aussi l' accomplissement du destin de leader religieux et pour l'
Ordre, le lancement comme l' un des plus puissants et influents ordres monastiques, avec un
caractère internationalement authentique. On ne peut pas savoir qu' aurait été l' Ordre Cistercien sans
Bernard, mais, en paraphrasant une affirmation célèbre, on peut dire que sans Saint Bernard, les
cisterciens auraient dû se trouver un pareil. Leurs voies se sont rencontrées et à partir de 1113, ils
sont allés ensemble, comme une seule entité jusqu' à la mort du moine et même après.
Mais qu' est - ce qui a été et continue d’ être L' Ordre Cistercien? Voyons une courte histoire
de ce très connu ordre.
Vers 1090 après J.-C., au couvent bénédictin de Molesmes, situé à Laignes, en Bourgogne
qui appartenait à l' Ordre bénédictin de Cluny, quelques moines ont exprimé de plus en plus
ouvertement leur mécontentement envers la manière de respecter les préceptes et les dogmes de Saint
Benedict, c'est – à - dire ceux qui demandaient aux moines de vivre une vie ascète, en pauvreté,
totale obéissance, chasteté et en silence auto-imposé, de mener une vie modeste, possédant
uniquement le nécessaire pour la vie quotidienne. Parmi eux se trouvait Robert, l' abbé du couvent,
qui, n' importe combien s' est efforcé, il n' a pas pu y instaurer ces règles strictes. Accompagné d' une
vingtaine de frères moines de Molesmes, Robert a reçu du duc de Bourgogne, un petit terrain
marécageux, à quelques kilomètres sud de Dijon, où, avec la permission du représentant papal, a
commencé le défrichage de la région afin de construire un monastère, simple et avec les utilités
nécessaires pour vivre selon les canons Bénédictins.
La construction de l' établissement a été terminée en 1098 et les vingt-et-un moines y ont déménagé
le Dimanche des Rameaux.5
Le lieu choisi pour bâtir ce monastère se trouve, dès nos jours, près de Nuits-Saint-Georges.
À l' époque, c' était seulement une vallée pleine du jonc, du roseau, dénommé dans l' ancien français
cisteaux et dans l' ancien latin, Cistercium. C' est d' ici que l' établissement monacal a reçu le nom d'
Abbaye de Cîteaux.
Après presque une année, l' abbé Robert a été obligé de retourner à Molesmes, à son ancien
couvent et en conséquence, au nouveau couvent de Cîteaux a été élu un autre abbé, Alberyc et à sa
mort, dix ans plus tard, Stéphane Harding a pris sa place. C' était lui celui qui les avait reçu au
couvent, au jeune Bernard et à ses compagnons. Avec tous les efforts des trois abbés successifs, l'
activité ecclésiastique de l' Abbaye de Cîteaux ne s'est pas faite remarquer au monde monacal, n' a
pas reçu du support de la part d' autres couvents et le nouvel ordre est resté au niveau des moines du
monastère, acceptant trop peu de membres. Pour consolider la communauté du couvent, l' abbé
Stéphane a accepté les soi- disants frères laïques, des paysans libres qui prêtaient serment de
5
Martine Plouvier, Alain Saint-Denis:” Pour une histoire monumentale de l'abbaye de Cîteaux (1908-1998)”, Cîteaux,
commentarii cistercienses, Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1998 , ISBN 90-800413-9-4
8
pauvreté, de chasteté et d'obéissance envers l' abbé, mais qui n' étaient pas ordonnés prêtres, n' étant
pas des moines. Ils exerçaient les divers travaux pour la maintenance du couvent et du ménage de l'
établissement.
Une fois arrivés les nouveaux membres de la communauté des moines, la vie spirituelle du
couvent Cîteaux a connu une revigoration déterminée évidemment par l'énergie intellectuelle, l'
enthousiasme juvénile et la multitude des thèmes théosophiques, bibliques et des sciences grecques
présentées par le jeune Bernard. La première chose qu' il a faite, à l' aide de l' abbé Stéphane, a été d’
étudier et de compléter, dans une forme plus accessible, les dogmes et règles du Saint Benedict,
comme fondement du statut ( de la Constitution ) Cistercien, dénommé Carta Caritatis ( La Charte
Caritas ) commencé par l' abbé Alberyc et terminé par l' abbé Stéphane.
Les jeunes nobles qui étaient venus au couvent au même temps que Bernard, ont eu ainsi la
possibilité de connaître beaucoup de choses nouvelles sur Saint Benoît et ses règles qui sont restées,
parmi d' autres, à la base de la vie monacale dans les lieux de culte chrétiens.
Saint Benoît de Nursie6 a vécu entre 480 et 543 après J.-C. Poussé par sa profonde croyance
en Dieu, il a construit douze établissements chrétiens près de Rome et après il s' est retrait au sud, au
célèbre couvent du Mont Cassin, dont l’ abbé il est devenu. Pour que toutes les communautés
chrétiennes des établissements construits aient des règles simples selon lesquelles s' organiser et
mener la vie quotidienne, Benoît a synthétisé quelques principes, présentés au commencement
comme des exhortations puis comme des ordres monacaux. À son tour, Saint Benoît s'est formé les
convictions sur la vie monacale en lisant Regula Magistri ainsi que les ouvrages de Saint Jean
Cassian6 né aux bouches du Danube, en Scyntia Minor, Dobrogea- Roumanie. C' est de celui- ci que
le saint Benoît a appris tout sur le bénéfice de l' ascétisme égyptien et sur les huit vices qui
soumettent l' esprit de l' homme.
Les règles de Saint-Bernard de Clairvaux, Les Règles de Saint-Benoît7, en tout soixante treize, ont été ordonnées sur chapitres, conformément au motto " Ora et labora" (Prie et travaille),
sur deux plans: celui spirituel et celui materiel - administratif.8 Ainsi, si au commencement des règles
il demandait que le couvent soit une véritable école de délivrance des moines à travers la croyance en
Dieu et parlait de quatre catégories de moines, au cours de l' ouvrage, Saint Benoît mentionne les
principes et les règles devenus comme des engagements pour les moines et qui devaient être
respectés quotidiennement et selon un horaire. Le jour monacal de chaque moine, Horarium,
englobait la prière, la lecture de livres saints pour l' enrichissement spirituel personnel, le repos et le
travail physique et administratif. La vie de la communauté monacale devait se dérouler
modestement, en pauvreté personnelle, en modération de la parole, obéissance totale et chasteté. Les
activités spirituelles se déroulent dans le Capitule, la salle destinée à la lecture des psaumes, à l'
intonation des chants et des cantiques et à la transmission quotidienne des ordres administratifs. Pour
66
7
Maurice Hassett- Catholic Encyclopedia, căpit. Ioan Cassian, NewYork, 1908.
Charles Herbermann, "The rule of St. Benedict, Encyclopedia Catholica, Robert Appleton Company, ed. 1913.
9
les messes à caractère particulier, de divinisation, on employait une salle du couvent appelee
Oratoire, ouverte à toute la communauté de moines de l' établissement.
Quant aux habits, les vêtements des moines devaient être simples, sombres, propres et il était
strictement interdit de porter des bijoux. La soutane devait être blanche et toujours propre, comme
preuve de la pureté spirituelle.
Les règles légiféraient aussi les aliments à consommer à l'intérieur des couvents, simples pour
le carême, la plupart non- cuits, crus, et bien sûr, avec modération. Deux fois par jour on servait deux
plats, tous cuisinés par des cuisiniers moines.
Des précisions très claires ont été faites aussi à l' égard des délits commis par les moines et de
leur manière de châtier, en demandant à celui qui a commis une erreur d' éviter les vices et la
tentation et de s' assumer la faute ou le péché et pour la rédemption de s' imposer tout seul des
pénitences.
Concernant les travaux physiques, tous les moines devaient faire, chacun selon sa capacité,
des travaux administratifs et physiques au cadre des annexes près du couvent, afin d'assurer les
moyens de subsistance nécessaires. Ainsi, certains des moines élevaient des animaux pour le lait, la
fourrure, la laine ( la viande étant exclue de la consummation ), les autres travaillaient la terre
cultivant des céréales, de la vigne ou des arbres fruitiers. Ils étaient aidés par les laïcs employés au
couvent, à la base d' un salaire. Les ouvriers laïques qui s' occupaient de l' entretien des monastères
avaient un régime tout à fait particulier.
Pour approfondir les sens des règles de Saint Benoît, Bernard a initié et conduit des
polémiques avec ses frères moines, prenant toujours des notes avec les idées les plus intéressantes de
ses interlocuteurs. Il a pris ce genre d' éducation canonique des anciennes écoles de la Grèce Antique,
tout particulièrement de l' école de Pitagora. Il a généralisé la participation des moines novices aux
cours canoniques et l' ordination allait être faite après une attentive examination du novice.
En moins de deux ans, le moine Bernard s’ était gagné le respect de tous les moines de l'
Ababye de Cîteaux et de toutes les communautés laïques de la région de Dijon. Charismatique, bon
orateur, il a attiré vers la vie monacale beaucoup de personnes du rang des petits nobles des lieux et
par conséquent est apparue la nécessité d' agrandir le couvent de Cîteaux. Entre 1113- 1119, l' abbé
Stéphane de Cîteaux, assisté de Bernard et d’ autres moines enthousiastes, a mis les bases de quatre
nouvelles institutions monacales, les monastères de la Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond, qui
sont devenus autonomes et ont organisé leur activité canonique en suivant les règles de Saint Benoît,
adaptées à la vision cistercienne de Cîteaux.
La réception des moines dans les quatre nouveaux monastères à marqué le début de l'
expansion de l' Ordre Cistercien qui, par l' effervescence créative et novatrice de ses représentants
s'est répandu et consolidé l' influence, en arrivant jusqu' au Vatican.
Un chapitre important de la vie du moine Bernard le constitue la fondation du monastère
Clairvaux dans le voisinage du domaine Troyes. Ainsi, en 1115, l' abbé Stéphane envoie Bernard et
douze frères moines afin de commencer la construction d' un nouveau monastère près de Troyes.
Conformément à une vieille promesse, la congrégation de Cîteaux a reçu de la part d' Hugues,
Seigneur de Troyes et comte de Champagne, une superficie de terrain au Val d' Absinthe, à quelques
kilomètres nord de Troyes. Le terrain marécageux a rendu très difficile la construction du monastère,
fait qui a mobilisé le persévèrent et ferme Bernard de vaincre l' hostilité de la nature. Arrivé sur les
lieux, à mi- juin, un mois pluvieux, mais aussi chaleureux, il a rapidement surpassé les moments de
10
découragement à la vue de la vallée marécageuse qui l' entourait, a mis au point un plan des travaux
et a demandé l' aide des communautés nobiliaires locales, y compris sa famille.
Quelques mois après, le nouveau couvent pouvait être habité, les travaux d' expansion et de
consolidation en continuant jusqu' en 1118. Les douze moines ont commencé à se rapporter à ce lieu
en le nommant, Claire Valle, nom qui va rester à jamais: Clairvaux.
Une fois de plus son talent d' orateur et le prestige dont il réjouissait se sont faites remarquer
de sorte que, dans quelque temps, le couvent était plein de novices, désireux de faire partie de l'
ordre. Parmi les arrivants se trouvaient aussi ses cinq frères et leur père, Téscelin. La vie de la
communauté monacale du nouvel établissement était particulièrement dure, à cause des conditions
locales et administratives d' une part et des règles ascétiques imposées par l' abbé du couvent,
Bernard, d' autre part. Après plus d'une année, au conseil persistent des quelques connaissances,
nobles des lieux, Bérard a accepté d' améliorer les conditions de vie. Il a beaucoup aimé, du
commencement, les lieux et le monastère, en restant l' abbé jusqu' à sa mort en refusant tous les rangs
qu' on lui avait proposés au cours de sa vie.
Parce que l' ordre cistercien possédait quatre autres monastères, l' abbé Stéphane, en accord
avec les abbés des autres lieux de culte, définitiva le statut de l' ordre, en complétant la forme qu' il
avait rédigée il y a des années. Le statut de l' ordre était nécessaire pour établir l' unité de tous les
lieux de culte cisterciens déjà construits, mais toujours pour ceux qui allaient être bâtis à l' avenir. Le
statut était toujours nécessaire pour assurer la continuité du respect des règles de Saint Benoît au sein
de l'ordre, de la stabilité de ses préceptes canoniques et surtout pour la reconnaissance de l' ordre par
le Pape Calixte II qui provenait de l' Ordre de Cluny, une sorte de concurrent des cisterciens. Avec
un statut très bien rédigé, simple et concis, reconnu par la papauté, l' Ordre des Cisterciens aurait eu
chemin ouvert pour se propager rapidement au monde chrétien.
À partir de ces arguments logiques, les cinq abbés cisterciens, adoptent en 1119 le statut sous
le nom de Charte Caritatis et avant Noël la même année, la papauté l' avait déjà approuvé.
La Charte Caritatis a repris en totalité, les règles de Saint Benoît sur la vie monacale, les
obligations d' obéissance, d' ascèse, de chasteté, de modestie et de modération, certaines étant même
endurcies, telles celles concernant l' obligation de garder le silence, l' ascèse de la vie quotidienne, les
châtiments appliqués à ceux qui ont commis des fautes et des péchés, etc. En même temps, on a
prévu comme mesures organisatrices et administratives, l' autonomie de chaque monastère et que la
direction de l' ordre soit assurée par un Capitule Général, constitué des abbés de tous les couvents et
qui allaient se réunir annuellement, en septembre, au jour de la Sainte-Croix. Le Capitule Général
était administré par l' abbé de Cîteaux.
Pour se distinguer de l' Ordre Bénédictin de Cluny, par la voie de la Charte Caritatis, on a
introduit les habits monacaux blancs, avec une croix sur la soutane, les porteurs de celle-ci étant
connus aussi sous le nom des moines blancs.
L' approbation par le pape du statut Charte Caritas à determiné l' expansion rapide de l' Ordre
Cistercien dans toute l' Europe, expansion facilitée aussi par les premières écritures de Bernard, en
1120, De classe Superbiae et Humilitatis et De Laudibus Mariae.
Sa notoriété lui a apporté aussi des critiques de la part d' autres ordres religieux ou de la part
de quelques hauts prélats concernant son implication dans les élections papales de 1130 quand il a
soutenu Innocent II pour la dignité de pape ou en 1145 quand il a soutenu Eugene le IIIème. Une fois
sa proposition acceptée par les cardinaux électeurs, on a mis fin ainsi au grand schisme papal, ce qui
11
aurait pu péricliter la stabilité du monde chrétien. Après ce moment triomphant pour lui, Bernard est
devenu un des plus influents prélats du christianisme. Cette influence il l' a utilisée, à la demande du
pape, la même année 1145, pour mobiliser tout le monde chrétien afin d' organiser une nouvelle
croisade au Pays Saint. Il se dit que sans ses discours, soutenus au parcours des longs voyages vers
les contrées du royaume de la France et du Saint Empire, les rois Ludovic VII et Conrad n' auraient
pas envoyé leurs armées à la croisade.
Simultanément avec ces activités, Bernard a continué de construire de nouveaux
établissements monacaux cisterciens tout au long et en travers l' Europe, du Portugal jusqu' à la
frontière est du Saint Empire, vers les régions valaques et de Sicile jusqu' en Britannie. Cette
expansion a continué même après son décès, un exemple éloquent étant la construction du monastère
d' Igriş, du département de Timis, situé à l' ouest de la Roumanie. 12
Le monastère d' Igriş8 a été construit en 1179 par les moines cisterciens de l' Abbaye de
Pontigny, de Bourgogne. L' abbé du couvent français a envoyé dix moines qui, avec l' aide de la
reine Anne de Châtillon, la femme du roi Bella III de Hongrie, ont bâti le monastère monumental,
élevé toute de suite au rang d' abbaye. Ils sont restés au cadre du monastère, pour préparer les
nouveaux moines cisterciens de ces régions. On dit que le nom du couvent provienne des mots eg res
qui signifient La Porte vers le ciel. En devenant une véritable école, les moines ont aménagé une
salle avec beaucoup de livres, de manuscrits et de papyrus, en acquérant aussi des travaux des
grecques et des savants de l'époque.
Les moines de l' Abbaye d' Igriş (Egress) ont construit en 1202 un autre couvent à Cârţa, dans
le département de Sibiu, comme dépendant de l' Abbaye.9
On dit qu' au monastère d’ Igriş soient enterrés Yolanda de Courtenay, l' épouse du roi André
II et le fils du roi Bella. Ce lieu de culte a été détruit par les Tatars, soixante-dix années après sa
construction.
L' oeuvre de Saint Bernard de Clairvaux est grandiose. Elle compte plus de six cents ouvrages de
tous les domaines, mais tous en liaison avec l' église et la vie spirituelle. La première édition
contenant presque toutes ses écritures célèbres, est parue en 1508 à Paris, chez l' éditeur André
Bocard, sous le titre " Seraphica melliflui devotique scripta doctoris S. Bernard ".
De ses nombreux ouvrages, on peut mentionner les traités dogmatiques (De gratia et Libero
arbitrio- Sur le libre arbitre dans la relation de l' homme avec Dieu), des travaux de mystique et
d'ascétique (De classe humilitatis et superbiae) et beaucoup d' autres sermons et hymnes. Il a écrit
aussi sur la vie des chevaliers et des moines des templiers (De laude Novae militiae anunt militent
Templi -1132, (Wikipédia).
Vers le début de 1153, Bernard de Clairvaux est tombé malade et son pouvoir physique s' est
affaibli, mais la perspicacité et l' inquiétude de son esprit curieux sont restées intactes. En prévoyant
son départ de ce monde il a mis en ordre tous ses travaux inachevés et est parti pour Dieu content de
8
Leopold Janauschek - Originum Cisterciensium Tomus Primus in quo praemissis congregationum domiciliis
adjectisque tabulis chronologico-genealogicis veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem
antiquissimorum fontium primus descripsit, Vindobonae [Viena], 1877.
99
Andrei Adrian Rusu -Dicționarul mănăstirilor din Transilvania, Banat, Crișana și Maramureș, Presa Universitară
Clujeană 2000
12
ce qu' il avait accompli et en même temps mécontent que le temps s' est trop vite écoulé et ne lui
avait permis de terminer tout ce qu'il avait commencé. Le vingt août 1153, entouré de ses frères
moines, il est parti pour l' autre monde. En signe de reconnaissance de sa personnalité extraordinaire,
des vrais miracles qu' il a faits pendant sa vie terrestre, il a été canonisé le dix-huit février 1174 en
devenant Saint Bernard ( Saint-Benoît ).
Le style cistercien dans l' architecture et les constructions
La conception de Bernard de Clairvaux sur l'ascèse, la moderation et la simplicité s' est faite
remarquer aussi dans le style architectural des constructions cisterciennes, églises, monastères,
ensembles religieux ou administratifs10. On peut ainsi conclure que le style architectural doive
assurer aux constructions cisterciennes solidité, résistance et austérité, en évitant les ornements
artistiques inutiles qui puissent distraire l' attention des moines de l' ascèse et de l' humilité. Les
constructions cisterciennes devaient aussi s' harmoniser avec l' environnement, en le protégeant de la
manière que les cisterciens protégeaient leurs forêts, et, généralement, la flore et la faune; utiliser de
matériaux des alentours, facilement à obtenir, comme la pierre et le fer; trouver des solutions
novatrices, en connaissant le fait que les monastères cisterciens étaient bâtis dans des zones
marécageuses, au long des rivières ou dans des régions inondables des vallées; accorder attention aux
symétries, au contrepoids et aux proportions des constructions, pour assurer l' équilibre, l' harmonie
et la tranquillité des activités spirituelles des moines; ainsi comme l' équilibre et l' harmonie se
retrouvaient dans les Règles de Saint Benoît et dans La Charte Caritas.
Pour accomplir ces demandes, l' Ordre Cistercien devait préparer des gens adroits, capables
de répondre aux conditions architecturales et de construction infligées par ce nouveau style. Ces gens
calés ont été rapidement trouvés parmi les moines et les frères laïques et pour leur éducation et
qualification ont emprunté des nobles des environs quelques ouvriers qualifiés.
Jusqu' à l' apparition de l' Ordre Cistercien et même au début de celui-ci, toutes les
constructions, les religieuses inclusivement, étaient bâties dans le style romain, prélevé des anciens
architectes romains et leurs associations professionnelles de constructeurs, style caractérise par des
éléments circulaires et des arcades semi-circulaires.17
Le nouveau style cistercien a fait le passage du style romain à celui gothique, caractérise par
des arcades hautes, en arc de cercle, avec des fenêtres lumineuses qui laissaient la lumière pénétrer à
l' intérieur des constructions.
Peut- etre qu' ainsi s' explique aussi l' existence, au cadre des établissements monacaux
cisterciens, des quelques ateliers developpés et d' équipes d'ouvriers en pierre, maçons, charpantiers
et comme nouvelle qualification, des forgerons avec des petites fonderies et des forges. Ces équipes
de constructeurs bénéficiaient de l' appréciation des communautés et ont reçu des privilèges, grâce à
une relative stabilité, la construction d' un ensemble religieux durant même des années. Les secrets
10
Hugh Chisholm, ed. 1911 în Encyclopaedia Britannica, ed 11, Cambridge University Press.
13
de la réalisation des constructions étaient très bien gardés au cadre de ces ateliers et associations
professionnelles qui utilisaient des symboles et des rites pour protéger les secrets de leur métier. D'
autant plus, au sein de l' Ordre Cistercien s' est développé le style gothique, style qui a répondu
exactement aux demandes de la Charte Caritatis.
2. L' influence de l' Ordre Cistercien et de Bernard de Clairvaux sur quelques ordres
chevaleresques
L’ Ordre des Chevaliers Templiers
Dès premières années de son existence, grâce à la personnalité de Bernard de Clairvaux et à
ses doctrines novatrices, aux règles de La Charte Caritas qui ont produit beaucoup de changements
au monde écuménique, l' Ordre Cistercien a eu des influences énormes, définitoires, aussi sur d'
autres organisations constituées à l'époque qui avaient une étroite liaison avec la vie spirituelle et la
foi chrétienne. Parmi les premières qui ont bénéficié du support de l' Ordre Cistercien ont été aussi
les ordres chevaleresques, des ordres militaries et chevaleresques, les fondateurs de ceux-ci s'
inspirant à l’ égard de l' organisation et du fonctionnement, de la structure et des règles cisterciennes,
en recevant aussi un appui direct de ceux-ci.
Les ordres les plus signifiants qui ont reçu un appui pareil, sont, chronologiquement, l' Ordre
des Chevaliers Templiers de Jérusalem, l'Ordre de Calatrava, de Castille, Espagne, L’ Ordre d’
Alcantara, Leon, L’ Ordre de Saint Benoît d’ Aviz (Ordem de São Bento de Avis), Portugal, l’ Ordre
de Christ, Espagne, ainsi que d’ autres, constitués au XIIe et XIIIe siècles.
Les Chevaliers templiers, Pauperes Commilitones Christi Templique Solomonici (fr. Ordre des
templiers).
Entre 1096-1099 s' est déroulé la première croisade chrétienne, organisée à la demande du
Pape Urban II, ayant pour but la libération du pays Saint, occupé par le Califat Fatimide de l' Égypte
et par l' Empire Selgiucide Turc. En août 1099 le Jérusalem a été libéré et a été fondé Le Royaume
du Jérusalem, après avoir constitué, antérieurement, quelques principautés et districts chrétiens à
Edessa, Antiochie et Tripoli.11
11
René Grousset, Histoire de croisades et du royaume franc de Jérusalem, Paris, Perrin, 1936, édition 2006 en 3 volumes.
14
Après la constitution des ceux - ci, les armées turques et celles égyptiennes ont effectué, des
incursions permanentes sur les territoires chrétiens, en essayant les reconquérir. Comme les armées
de la région étaient trop apathiques pour défendre ces territoires, il a apparu la nécessité de trouver d'
autres formes et organismes de défense, plus forts et ainsi peu couteux. Le Roi Baldouin Ier du
Jérusalem, mort en 1118, ensuite le roi Baldouin IIe, secondés par des nobles chevaliers, des
personnalités tout à fait à part, mais aussi par l' Église, ont encouragé toute initiative d' organiser des
détachements militaires du type Militia Christi qui venaient à l' appui du royaume et des principautés
chrétiens.
Ainsi, immédiatement après la libération de Jérusalem a repris son activité et s' est consolidé
L' Ordre Souverain Militaire Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte ( it.
Sovrano Militaire Ordine Ospedaliero di San Giovanni di Gerusalemme di Rodi e di Malta ),
constitué environ 1050 après J.-C. comme ordre monastique pour aider et soigner les pèlerins du
Pays Saint. Sous la direction de Saint Gerard (Gerard de Soussa), l'ordre monastique a étendu ses
missions à l' égard de la défense des pèlerins sur les chemins même du royaume, étant reconnu
comme tel en 1113 par Pape Pascal II. L' existence et les actions de cet ordre monacal, transformé
peu à peu en ordre chevaleresque par le maître Raymond du Puy, étaient cependant insuffisantes.
Un autre réputé noble chevalier, avec une forte personnalité, Hugues de Payens, secondé par
Godefroy de Saint- Omer et André de Montbard, ont formé, pendant l' automne de 1118 un ordre
chevaleresque appelé Pauperes Commilitones Christi Templique Solomonici, ou l' Ordre des
Chevaliers Templiers, le nom provenant du temple de Salomon où ils ont établi le siège. L' ordre a
eu, initialement, neuf membres, nobles chevaliers dont certains avaient participé à la croisade aussi.19
Pour une période, jusque vers 1120, il y avait entre douze et vingt chevaliers, auxquels on ajoutait les
quelques dizaines de soldats, de sergents employés et les écuyers.
En 1119 la principale préoccupation des neuf chevalier fondateurs de l' ordre a été l'
implication dans les luttes pour défendre les pèlerins, à côté des chevaliers de l' Ordre du SaintSépulcre duquel certains d' entre eux avaient fait part. Dans cette période, les chevaliers ont affronté
beaucoup de difficultés matérielles, financières et administratives sans aucun support de la part du
roi, trop pauvre pour soi-même et de la part de l' Église de Jérusalem non plus, Église qui n' avait pas
pris connaissance de l' existence de cet ordre. Les fondateurs sont devenus de plus en plus conscients
des difficultés desquelles ils vont se heurter à l' avenir aussi sans la reconnaissance et l' appui de l'
Église, reconnaissance nécessaire pour l' obtention des donations et le recrutement de nouveaux
chevaliers.
Avec l'aide et la participation directe du roi Baldouin II, qui a convaincu le Patriarche latin de
Jérusalem, d’ appuyer l' ordre, Hugues de Payens, Godfrey de Saint-Omer et André de Montbard ont
obtenu la promesse du patriarche pour soutenir la reconnaissance de l' ordre lors du Conseil de
Naplouse, qui devait avoir lieu en fin janvier 1120. Les dirigeants de l' Église Latin du Royaume de
Jérusalem et des Principautés chrétiennes de l'orient, aux insistances du Patriarche Goumont, à
l’entente des arguments des trois chevaliers fondateurs, ont reconnu l' Ordre des Chevaliers
Templiers sous le nom Pauperes Commilitones Christi Templique Solomonici. Pour soutenir le
développement de l' ordre et l’ obtention de sa reconnaissance auprès de l' Église, le Roi Baldouin
donna toute le bâtiment du palais royal aux chevaliers, construction qui avait été précédemment
utilisé par les musulmans et connue comme la mosquée d' Al Aqsa. En fait, même jusque ce
15
moment- là, les peu chevaliers y avaient habité, mais le roi a voulu officialiser le siège de l' ordre lors
de la réunion du Conseil à Naplouse.
La reconnaissance de l’ Ordre des Templiers par l' Église de Jérusalem est entrée en vigueur
toute de suite, le nombre de chevaliers, membres de l'ordre a beaucoup augmenté et les donations ont
commencé à couvrir les dépenses d' organisation et d' action de ceux-ci.
C’ est maintenant qu’ Hugues et autres huit fondateurs ont définitivé leur conception sur l'
organisation, sur la réglementation et les missions de l' ordre militaire qu’ ils avaient fondé, en
écrivant une Charte, un véritable statut qu’ ils avaient déjà présentée pour approbation au Patriarche
Goumont. Le réglement contenait les règles d' organisation et de conduite de ses membres, le
considérant comme un ordre strictement militaire, constitué pour aider à la défense du Royaume, de
la foi et des pèlerins qui viennent au Saint-Sépulcre.
La contribution de l' Ordre Templier à la défense des régions du royaume, à la protection et
défense des routes et des itinéraires utilisés par les pèlerins et aux actions militaires menées par l'
armée royale, a attiré la gratitude du roi et des princes, ainsi que celle des nobles des lieux, mais
aussi la reconnaissance ouverte de la vaillance et de la bravoure des membres de ce nouvel ordre, ce
qui s' est reflétée dans son soutien aussi de la part des états européens, comme le Royaume de
France, L' Empire Byzantin, les petits royaumes de la péninsule latine. Le pape lui-même a entendu
parler des actes héroïques des Templiers, en leur faisant des éloges. Mais pour devenir vraiment fort,
pour réjouir d’un grand prestige et influence, l’ Ordre avait besoin aussi de la reconnaissance
papale. C'est une chose un peu difficile à obtenir, compte tenu de sa faible importance européenne. À
l'été de 1120, Godfrey de Saint-Omer et André de Montbard font un voyage à Rome et en Provence,
pour chercher de l’ appui parmi la noblesse et le clergé papal, mais en vain. Un autre voyage en
1125, cette fois dans le Royaume de France, mené par les deux chevaliers, est resté aussi, en vain.
Cependant, le prestige de l' Ordre des Chevaliers Templiers s’ est propagé aux royaumes
européens et quelques grands seigneurs se sont joints à l' ordre. Parmi eux se trouvait Fulk, comte d'
Anjou et de Tours, futur roi de Jérusalem à partir de 1131, qui est devenu Templier l’été de 1120,
après avoir fait un voyage à Jérusalem. Il a aussi apporté à l' ordre une très bonne donation, étant
donné à titre d' exemple par le roi Baldouin. Aussi en 1125 s’ est joint à l' ordre Hugue, comte de
Champagne, celui qui avait donné en 1115 la terre nécessaire à l’ Ordre Cistercien pour construire le
monastère de Clairvaux, près de Troyes.
En 1127, Hugues de Payens, avec Payen de Montdidier, Godfrey de Saint-Omer,
Archambault de Saint-Amand, Geoffroy Bisol et Rolland, auxquels, apparemment s’ était joint aussi
le jeune André de Montbard, ont entrepris un long voyage à travers les royaumes européens. Ils
avaient sur eux une lettre de la part du roi Baldouin adressé à Bernard de Clairvaux, l’ abbé du
couvent Clairvaux et neveu d’ André de Montbard. La lettre décrivait la situation de l’ Ordre
Templier et demandait au prélat l’ appui pour l’ obtention de la reconnaissance papale de cet ordre.
Hugues de Payens et ses compagnons allaient entrer dans tous les royaumes de l' Europe, notamment
en Grande-Bretagne, pour obtenir des donations et pour inviter les nobles à rejoindre l' ordre. Le
voyage a été un succès et a signifié le début d' une nouvelle étape dans le développement de l' ordre
de la chevalerie. Nous allons voir lequel a été le succès de ce voyage des chevaliers fondateurs à
travers l' Europe.
Bernard de Claivaux a discuté en détail avec les nobles chevaliers templiers afin de
découvrir leur conception sur l' ordre, quel était le niveau de développement qu’ il avait atteint et les
16
donations qu' ils avaient déjà obtenu . La réunion a eu lieu vers la fin de leur voyage à travers l'
Europe, ainsi que toutes les données étaient presque complètes. Bernard leur a promis son aide et il
leur a présenté son opinion quant à l' ordre, c’ est-à-dire celle de le transformer en un ordre militaire
et monastique qui allait fonctionner conformément à une Constitution très semblable à celle de l'
Ordre Cistercien, inspirée des règles des Saints Augustin et Benoît. Les discussions des Templiers
avec Bernard et Stéphane Harding, l’ abbé de l' Abbaye de Cîteaux, étaient des véritables leçons sur
les livres saints et les canons, sur la modestie et l' ascétisme, en rendant claire aussi la manière de l’
organisation de l' ordre, à l' Orient et en Europe, ainsi que la manière de recevoir des candidats
dans l' ordre, leurs modes de vie, l’ activité administratif et, en général, presque tout ce qui était
nécessaire pour l' expansion organisationnelle et économique des Templiers. Ils ont compris aussi
comment fonctionnent les fermes – aide des monastères, pour garantir leurs propres ressources
matérielles et financières, sans avoir à dépendre des donations.
Le voyage de l' année 1127 dans le Royaume de France a signifié aussi la mise en place d'
une partie des premières commanderies à Payns et en Barbonne et, selon les apparences, en
Chapenns. Elles consacrent le modèle occidental de comanderie, qui diffère de celui d’ est, du
Royaume de Jérusalem.
À mi-janvier 1129, plus précisément le 13ème, à Troyes s’ est tenu un Concile écuménique,
avec la participation des hauts prélats, mais aussi des certains laïques, parmi lesquels, le comte
Hugue de Champagne et le chevalier Hugues de Payens, reconnu comme Maître de l’ Ordre des
Chevaliers Templiers. Le secrétaire du Concile était justement Bernard de Claivaux, fonction grâce
à laquelle ses mérites ecclésiastiques ont été reconnus. Le Cardinal Matthieu d' Albano, le légat du
Pape au Royaume de France reconnaît l' Ordre des Templiers sous la denomination latine Pauperes
commilitones Christi Latin Templique Solomonici et approuve sa Constitution, sous la forme d' un
règlement, qui s' appellera Carta Latina- La Charte Latine ( le texte original étant écrit en Latin, la
langue officielle de l' époque pour l' Église). Cela a été complétée plusieurs fois, mais elle est restée
tout au long de l' existence de l' ordre, sa Constitution, le document de base qui a réglementé son
organisation et fonctionnement, modèle d’ un résumé des règles, qui consacrait l' existence d'une
véritable organisation multinationale, très efficace dans tous les aspects.
Le règlement templier rédigé par Bernard de Clairvaux comptait soixante-douze règles, mais
seulement la moitié étaient des règlements, les autres apportant des précisions sur les trente
premières règles.12
Un des manuscrits avec les règles originelles des Templiers, copiées environ 1610, a été
découvert au monastère Saint-Victor ( France ) et se trouve déposé aujourd' hui à la Bibliothèque
Nationale de France. La traduction du document ( Des Règles ) du Latin en Français a été réalisée à l'
Université d' Anvers, par Aubert le Mire, qui a publié le document pour la première fois au XVIIe
siècle. ( conformément à Wikipedia).
La Charte Latine s’ adressait à tous ceux qui souhaitaient quitter la vie laïque et entrer dans l' ordre,
vivant selon les règles monastiques et dans l'esprit chevaleresque.
Les principaux chapitres de la Charte portaient sur:
- les premières règles internes;
- l’ hiérarchie interne;
12
Laurent Dailliez, Règles et Statuts de l'ordre du Temple, Dervy, 1998 , ISBN 2-85076-733-6
17
- le choix du Maître (du chef );
- les sanctions qui pourraient être appliquées aux membres pour des diverses fautes et péchés
commis;
- la procédure et les conditions de vie au couvent, dans les cantonments monacaux ou à l'extérieur;
- le Capitule; les châtiments; la manière de la réception dans l’ ordre des nouveaux membresRéception et bien d’ autres encore.
Par exemple, la réception dans l’ ordre, (Receptio) comme l’ avait envisagée Bernard, ne se
faisait pas immédiatement. Le candidat était reçu dans la salle des chevaliers où il était interrogé sur
les raisons de sa demande, on lui posait d' autres questions pour mieux le connaître, on lui présentait
les conditions dans lesquelles il allait vivre à côté de ses frères chevaliers, les obligations qu' il avait
envers eux et envers l' ordre, après quoi il était prié de sortir de la salle pour penser à tout cela.
Pendant ce temps, les chevaliers parlaient du candidat et s’ ils décidaient de l’ accepter, le candidat
était rappelée dans la salle, on lui disait toutes ses obligations et il prêtait serment d' obéissance, de
pauvreté et de chasteté. Seulement après avait-il le droit de porter les vêtements chevaleresques et la
cape blanche.
Dans un autre chapitre de la Charte étaient précisées les activités canoniques même les
prières, les Psaumes et les hymnes qui s’ intonaient aux services religieux quotidiens, en tout
quatre.22
En ce qui concerne les vêtements, tous les membres de l' ordre étaient obligés de porter le
même genre d’ habits, blancs, noirs ou marron ( selon la catégorie : nobles chevaliers, sergents ou
prêtres), les chevaliers portant une cape blanche comme signe de la pureté du coeur ( la chasteté) et
du corps physique ( la propreté et l’ hygiène personnelle). On n’ admettait pas des modifications, des
accessoires ( des fourrures ) ou des bijoux. Les chevaliers et les sergents portaient des armures et les
prêtres, sur le champ de bataille pouvaient aussi porter des armures pour la défense. Quand les
membres de l' ordre recevaient des habits neufs, ils retournaient les vieux pour être portés par les
sergents. La chaussure était aussi réglementée, elle devait être simple, sans ganses, les chevaliers
portant des bottes.
Tous les membres de l' ordre devaient avoir les cheveux coupés court, sans barbe et les
moustaches bien ajustés.
Quant aux aliments et à la nourriture, les membres de l' ordre mangeaient dans une salle
spécifiquement destiné, ils gardaient un silence complet pendant le repas, ils s’ en servaient deux
dans un bol, en évitant la viande. La viande des animaux était interdite et celle d’oiseau et le poisson
étaient servis trois fois par semaine, en dehors du carême, quand elle était complètement bannie.
En dehors du cantonment ou à l'extérieur du monastère, les membres de l’ ordre se
deplaçaient, au moins deux, en prenant soin l’ un de l'autre.
Les règles d' obéissance.
Étant des pauvres soldats du Christ, les membres de l' ordre accompliront joyeusement les
dispositions de leurs commandants et du Maître de l’ ordre, dispositions donnés au nom du Christ :
Ob auditu Auris obedivit mihi13.
13
ORB Online Encyclopedia , La regle du temple
18
Aux logements, les membres de l' ordre ne pouvaient rien faire sans l' approbation de leur
commandant, à qui tous obéissaient, y compris les membres reçus pour une période déterminée:
“Non veni facere voluntatem meam, sed ejus que Misit mine, Patris (je ne suis pas venu faire ma
volonté, mais la volonté de mon Père qui m'a Envoyé.)“. Quand ils partaient quelque part à l'
extérieur du logement, ou en voyages, les frères Templiers allaient en paires, dont l' un était le
commandant en chef, appelé par son commandant.
Un chevalier recevra trois chevaux et un écuyer et s’ il avait besoin de plusieurs chevaux, il
les recevra uniquement avec l' approbation de son commandant.
La Charte interdissait la violence n’ importe la forme comment elle se manifestait : sur le
champ de bataille, les membres de l' ordre devront respecter les règles de la guerre et de la
chevalerie, les civils seront toujours protégés et défendus; on interdissait la chasse et les frères, entre
eux, se porteront toujours avec compréhension, tolérance et serviabilité, se défendant l’un l’ autre
au coût de la vie.
De tout ce qui précède, nous pouvons facilement voir que les règles de la Charte Latine sont
presque identiques aux règles de la Charte Caritas de l’ Ordre Cistercien, adaptées aux spécificités
de l'ordre militaire des Templiers.
Comme nous avons déjà dit, les règles ont été complétées en d’ innombrables fois dans les
deux cents années d’ existence de l' Ordre des Templiers, mais leur essence, augustine, bénédictine et
cistercienne reste inchangée.
La première complétion de la Charte a èté faite par Bernard de Claivaux lui-même, en 1129,
après la bataille de Damas, où les Templiers ont été couverts de gloire. À la demande d' Hugues de
Payens, Bernard envoya une lettre de remerciement aux chevaliers de l’ ordre, avec des
exhortations, de demandes et leurs missions, toutes selon la vision du haut prélat. La lettre est
connue sous le nom Liber ad milites Templi, de laude Novae militia. Dans la comparaison qu’ il fait
entre les chevaliers templiers et les laïques, il décrit le style de vie des Templiers, ascétique,
obéissant, respectant la foi, les jugeant comme les vrais et bons chevaliers, tandis que les laïques
étaient les chevaliers maléfiques, sujettés au péché. À travers ces éloges et descriptions, Bernard
apporte aussi des clarifications complémentaires à la Charte Latine, sur le mode de vie et les
missions des Templiers, en mettant l' accent sur les endroits qu'ils avaient à défendre au Pays Saint.
Par les deux documents a été établie inclusivement l' organisation des catégories de
combattants de l’ Ordre Templier: les nobles chevaliers, avec toutes les conditions qui devaient être
remplies pour la réception dans l' ordre (d’ être âgés de plus de dix-huit ans, d'être des gens libres, en
bon état physique et psychologique, de n’ avoir aucune dette de n' importe quel genre envers
personne, d' accepter volontairement les règles et les obligations et de prêter serment de chasteté, de
pauvreté, d’ obéissance et de ne pas faire partie d' un autre ordre) ; les sergents et les prêtres.
Chacune de ces catégories de membres de l' ordre avait des armes bien spécifiés, ainsi que les
missions et des obligations spécifiques.
Une autre contribution de Bernard de Clairvaux au développement de l’ ordre Templier et à
l’ augmentation du prestige de celui-ci aux royaumes chrétiens a été le soutien à l’ egard de la
reconnaissance des privilèges des templiers, accordés par le pape Innocent II, le 29 mars 1139, par la
bulle Omne datum optim. Le pape a consacré l' autonomie totale de l' ordre sous sa directe protection
. L' ordre était exonéré d' impôt sur le revenu et sur ses propriétés, avait le droit de libre passage
dans toutes les régions chrétiennes, était en mesure d' exiger des frais des cités et des forts orientaux
19
qu’ ils défendaient, avait ses propres prêtres qui assuraient le service religieux pour les chevaliers et
les sergents, ainsi que nombreux autres avantages spirituels ou matériels. En echange l' Ordre des
Templiers défendait les régions chrétiennes de l' orient au détriment de ses membres et ainsi, les rois
chrétiens qui devaient envoyer de l' aide dans cette zone, économisaient de l’ argent.
On doit aussi à Bernard de Clairvaux le choix du patron spirituel de l’ ordre, la Vierge Marie
et la vénération de Saint-Georges, le grand général et combattant du mal.
Quant à la grande contribution du Bernard de Clairvaux à la reconnaissance, au
développement et à l' existence en general de l' Ordre des Templiers, nous pouvons tirer quelques
conclusions :
- L’ Ordre des Templiers, a pour caractéristique principale le fait que les nobles chevaliers, militaires
par définition, éducation et formation ont accepté et adopté la vie monastique, gardant à la fois aussi
la qualité de militaires.
- Saint Bernard, ainsi qu’ Hugues de Payens et les autres chevaliers fondateurs, ont réussi à créer un
véritable monde des Templiers, un véritable esprit de Templier, totalement différent du monde
laïque ou monastique, avec ses propres règles, droits et obligations, indépendant, dans une époque
féodale de division territoriale et des grands privilèges des seigneurs. L'esprit du monde templier a
créé un nouveau type de combattant, celui qui avait une épée dans sa main droite et la Bible à la
gauche, totalement soumis à ses commandants et uniquement à eux, heureux de donner sa vie pour sa
foi, pour son frère templier, mais aussi pour les chrétiens du Pays Saint.
-Ce monde templier, avec ses propres règles, a suscité beaucoup de mythes, de légendes et de
superstitions, grâce aux secrets, aux mystères qui entouraient la vie et la mort des Templiers, hors de
la vue de l' Église et des rois.
- L'esprit du chevalier templier se situe au- delà du temps et à travers les âges, le prototype de ce
genre de combattant s’ est renforcé, devenant le précurseur des des forces spéciales modernes.
- L’ Ordre des Templiers, comme celui Cistercien ont été les premières organisations transnationales
d' une efficacité particulière, de véritables modèles d' organisation et de structure administrative. Et
une grande partie de ces réalisations exceptionnelles est dûe au visionnaire Saint Bernard de
Clairvaux.
20
3. L ' Ordre de Calatrava, Castille, Espagne
Dans la Péninsule Ibérique, dont les habitants ont une histoire longue et glorieuse, pleine de
moments tragiques, mais aussi de brillantes victoires, pendant le Moyen Âge a été fondé un ordre
militaire et monastique des plus puissants. C' est peut - être le plus ancien ordre chevaleresque de la
péninsule, originaire de l’ ordre Cistercien.14 La constitution de l' Ordre de Calatrava a été faite avec
l' appui et sous le patronage de l' Abbaye de Morimond, comme de nombreux autres ordres
chevaleresques d’ inspiration cistercienne, selon l' enseignement de Saint Bernard. Dans le même
temps, le nouvel ordre a repris aussi le modèle de l' Ordre des Templiers, qui avait eu en sa défense
la forteresse de Calatrava.
Après 1129, quand il a été reconnu par la papauté, l' Ordre des Templiers a mis en place des
commanderies dans les royaumes chrétiens de l' Europe, en arrivant vers les années 1140 jusqu' aux
royaumes ibériques : le comté Catalan, les royaumes de Stille, d' Aragon, de Castille, Leon, Galice.
Dans ces régions se déroulaient continuellement des luttes entre les Califs de l' Empire maure d’
Almohades, du Maghreb et d' Andalousie (1130-1269), en plein essor vers le Nord et les royaumes
chrétiens ibériques. Dans ce contexte de guerre et des combats continues, entre le Grand Maître de l’
Ordre Templier, Robert de Craon (activant entre 1136-1147) et le Comte de Barcelone et de
Provence, Raymond, ont été commencées des discussions, des véritables tratatives, pour la mise en
place des commanderies templières dans la péninsule, à partir des régions de Catalogne. Pendant l'
année 1143 un accord a été conclu à cet égard et, depuis, la présence des Templiers s' est faite sentir
dans toutes les batailles qui ont été menées dans la Péninsule avec les Maures, les commanderies
templières s' étendant aussi en Aragon, Leon, Galice. Les commanderies constituées dans la
péninsule par les Templiers avaient des caractéristiquess différentes de celles des autres
commanderies des royaumes européens, déterminées par leur double mission : la première, la lutte
contre les Maures, les membres combattants de l’ ordre étant organisés pareil à ceux des
commanderies orientales ; deuxièmement, la mission de fournir un soutien matériel aux
commanderies du Royaume de Jérusalem (des aliments, des fourrages, des armes, des chevaux et
même des combattants). D’ ailleurs, certaines des commanderies de Catalogne étaient reconnues
pour les chevaux de race, qu’ ils élevaient et dressaient afin de les envoyer aux commanderies de
Jérusalem. En 1147, le roi de Castille, Alfonso VII a cédé sa forteresse aux Chevaliers Templiers de
Calatrava. C' était un point stratégique dans le sud du Royaume, sur la route principale qui
conduissait au nord, à Tolède, point à la frontière avec les terres du califat maure. La cession de la
citadelle et de terres appartenant à la ville visait l’ organisation de la défense du Sud du Royaume
contre les attaques maures, les Templiers étant les seuls, à ce moment-là, qui pourraient les vaincre.
Le château était érigé au sommet de la colline dominant la plaine fertile des alentours et contrôlait l’
accès vers Tolède, important centre commercial du Royaume. La présence des Templiers s' est
avérée bénéfique pour le roi, qui a obtenu un calme relatif dans la partie sud du pays. L'année 1147
fut une année tumultueuse, pleine d' événements politiques et militaires dans toute l' Europe (y
compris la Péninsule Ibérique), mais aussi dans l’ Orient. Le Pape Eugène III a approuvé et béni
14
Herbermann, Charles, ed. 1913, Catholic Encyclopedia, Robert Appleton Company.
21
trois croisades contre les infidèles, dans trois domaines différents, toutes, la même année 1147 : la
deuxième croisade à l’ Orient pour la libération du District d’ Eddesa et l' expulsion des Turcs à l'est
du Royaume de Jérusalem. Un rôle particulièrement important dans l' organisation de cette croisade,
l’ a eu l’ Ordre Cistercien et l' abbé Bernard, en particulier; la croisade du Nord, commencée par le
Saint Empire d’ est, vers le nord-est de l' Europe, contre les populations slaves, mais aussi contre la
Péninsule Scandinave. Cette croisade a été une véritable guerre d' expansion territoriale de l' Empire;
et enfin, la croisade Ibérique pour reconquista, des terres occupées par les Maures, croisade
commencée par les volontaires britanniques en marche vers Lisbonne. En 1148, le roi Alfonso et le
comte de Barcelone ont avancé vers sud-est, conquérant Almeria et Tortosa. Dans ces circonstances,
les Templiers ont renforcé toutes les commanderies, participant avec succès à la défense du Sud du
Royaume, notamment en renforçant la cité Calatrava. Les succès des armées chrétiennes de la
péninsule ont conduit à l' adoption de la défensive par le califat maure, la prochaine décennie étant
caractérisée par paix et par une certaine sécurité sur les frontières du sud de Castille et Catalogne.
Cela a favorisé, entre autres aussi l' émergence des établissements cisterciens aux royaumes
ibériques. La construction de ces monastères cisterciens, certains nouveaux, d' autres provenant de
divers autres ordres, est dûe à l' abbé Bernard, qui a encouragé les Abbayes de Cîteaux et Clairvaux
d' envoyer des moines dans la Péninsule juste à cet effet, en prenant sous leur protection les
nouvelles institutions. Jusqu' à sa mort, en 1153, dans la Péninsule avaient été constitués environ
vingt-cinq, trente monastères, en répandant les préceptes de la Charte Caritas parmi les fidèles
Catholiques.15
En 1142, le comte Pedro Fernandes a doneé aux moines cisterciens un ancien couvent, à
Sobrad, en Galice, ruiné, afin d' être rénové et utilisé par eux. Au Royaume de Castille en 1143 a été
fondé le monastère de Valparaiso à Peleas, puis ceux de La Espina, Sacramenia et Fitero.16
En 1157 l' Ordre du Temple a été contraint de se retirer de la forteresse de Calatrava,
éventuellement à la demande du Grand Maître intérimaire de l' ordre. Le retrait a été effectué
pendant l' automne de 1157 et pourrait être dûe à des événements importants pour les Templiers. En
juin la même année, près du lac Meron à l’ Orient, les Templiers ont été défaits par l' armée de l’
émir du Damas, à Nuredin et le Grand Maître Bertrand de Blanchefort ( qui a activé pendant 11561169) est fait prisonnier. Un autre événement important a été la mort du roi Alfonso VII, celui qui
avait cédé la forteresse de Calatrava aux Templiers. À sa mort, ses deux fils ont partagé le Royaume
entre eux, en rendant plus faible la puissance militaire. Le territoire de la Castille a été repris par le
nouveau roi, Sanche III.
Après le retrait des Templiers, dans la forteresse Calatrava était resté, afin de la défendre,
juste un petit détachement de soldats du roi, insuffisant pour assurer la sécurité de la frontière. À la
demande du roi, les seuls qui ont accepté de prendre la forteresse et de la défendre ont été les moines
venus du monastère cistercien de Fitero, Navarre. L' abbé du monastère, Ramon de la Sierra,
conscient que les rois ne pouvaient pas défendre la cité et ses terres environnantes il est venu dans la
ville en 1158 et a apporté avec lui aussi des soldats du roi de Navarre, mais, sur place, il a reçu appui
15
16
Ermelindo Potela Silva, cistercian Colonización de Galicia, 1142-1250, Madrid, Fundación Juan March, 1980
Patricio P. Guerin, "Moreruela y los del Origen Cister en España" Cistercium, 1960
22
de la part d' environ dix Templiers, restés là pour aider la faible garnison. Le Monastère de Fitero
avait été fondé vers 1152, en Navarre, par l' abbé Durando, comme une filiale de l’ Abbaye d'
Escaladieu des Pyrénées. En quelques années est devenu l' un des monastères les plus importants du
nord de la péninsule, un véritable centre écuménique.(Wikipedia).
Nous pensons que l’ acceptation par les moines cisterciens, dirigés par l' abbé Ramon de l'
offre du roi de s' emparer de la ville et de ses terres environnantes, a été faite à la demande pressante
de l' abbaye française à laquelle Fitero appartenait, pour plusieurs raisons importantes: la première,
de nature spirituelle, serait celle qu’ elle contribuerait à la lutte contre les infidèles maures en
défendant la foi chrétienne et les terres habitées par les chrétiens: l’ autre, de nature pratique,
administrative, est que les terres fertiles, bien travaillées, pourraient fournir assez de nourriture et
fourrages, des fruits, de la laine et du bétail pour les envoyer aussi à d’ autres établissements
cisterciens situés dans les regions plus pauvres. Ces considérents sont fondés précisément sur la
devise de l' ordre, Ora et Labora ( prie et travaille ). Et le moine Ramon et ses compagnons n'ont
même pas pensé aux conséquences fructueuses de leur entrée dans la forteresse de Calatrava.
Par faute des soldats, l' abbé Ramon a instruit ses moines dans le maniement des armes avec
l' aide des chevaliers Templiers et des soldats du roi et peu à peu les a transformés dans des
véritables chevaliers devenus de bons lutteurs. Ainsi, en cooptant aussi d’ autres moines devenus
chevaliers, à la proposition du moine Diego Velázquez, a été fondé l' Ordre des Chevaliers de
Calatrava, qui suivait les réglementations de la Charte Caritas ainsi que les règles cisterciennes .
En 1163, à la mort du maître Ramon, la direction de l’ ordre a à été prise par un autre moinecombattant, Garcia, aidé par le moine Diego Velasquez, au mécontentement des certains des moines,
qui ont quitté la ville. Diego Velasquez, avec un bon esprit d' organisation, un véritable croisé, a
réorganisé l’ ordre et a envoyé une lettre à l' Abbaye de Cîteaux, de laquelle dépendaient comme
ordre chevaleresque. Dans celle lettre- là, il montrait ce qu’ il avait fait pour réorganiser l' ordre, les
complétions et les modifications qu’ il proposait d’ être ajoutées au statut et il demandait du soutien
pour la reconnaissance de l' ordre comme organisation religieuse chevaleresque subordonnée à l’
Ordre Cistercien. Le Capitule général de l’ ordre Cistercien et Pape Alexandre III ont approuvé les
changements mentionnées dans la lettre, ce qui constitue une première reconnaissance de l' ordre de
Calatrava à ce niveau.
Les règles de la Charte Caritas cistercienne, adaptées à la vie de combattant et à la vie à l’
intérieur de la forteresse de Calatrava, ont été pleinement respectées, les membres de l' ordre étant
divisés en chevaliers, sergents, moines et frères laïques, qui s’ occupaient du travail des terres et
aussi des fermes autour de la cité. 32 Si les Templiers, étaient à l’ origine des chevaliers, devenus
ensuite des monarches, les membres de l' ordre de Calatrava, c' étaient des moines devenus plus tard
des Chevaliers. Le prestige de l' ordre a augmenté dans la Péninsule grâce à la bravoure et à la
vaillance des moines combattants, ainsi que vers 1179 a été constitué une importante commanderie
d’ eux, à Aragon, en Alcaniz.17
En 1187 est venu la reconnaissance et la consécration de l' ordre par le Pape Gregory VIII,
qui a approuvé la Charte définitive de l' ordre de Calatrava, en leur accordant aussi certains
privilèges administratifs. Dans la Charte était consacré se vêtir d' une cape blanche avec une croix et
une fleur sur celle-ci, les signes distinctifs des membres de l' ordre.
17
Olivier Chebrou de Lespinats, Ordre Militaire de Calatrava, revue Templarium no 6, août-septembre 2003
23
Malheureusement, la situation militaire dans la Péninsule Ibérique a changé vers 1190,
lorsque le califat maure a commencé l’ expansion vers le Nord. En 1195, dans la grande bataille d'
Alarcos, les Castillans ont été défaits par les Maures, les pertes des chrétiens étant énormes, des
dizaines de milliers de personnes. La citadelle de Calatrava a été héroïquement défendue par les
Chevaliers de l' ordre ainsi que par la population, mais étant le seul bastion de défense de la region,
resté sans aide, a dû être abandonné. Les peu chevaliers qui se sont échappés se sont retirés au
monastère de Cirvelos. Mais, habitués à la vie de chevalier monastique et aux nombreuses autres
difficultés qu’ ils avaient précédemment rencontrées, les Chevaliers moines ne se sont pas réconciliés
avec leur situation temporaire de défendus, et peu de temps après, ils ont construit un fort à
Salvatierra, Alvara. Ils sont restés dans cet endroit entre 1215-1216, période pendant laquelle la
force de l' ordre a été restauré par la réception de nouveaux membres. L' ordre s’ est immédiatement
remarqué par le grand nombre de membres et par leur discipline, qu' il a reçu, temporairement, le
nom de l' Ordre de Salvatierra.18
En 1209, les armées des royaumes ibériques ont repris les combats contre les Maures et ont
réussi les vaincre, successivement, dans quelques batailles, reconquérant les établissements du sud
des royaumes de Castille et Leon notamment la forteresse de Calatrava. Dans ces combats les
chevaliers de l' ordre de Salvatierra ont montré, encore une fois, la bonne préparation et le courage,
en contribuant à l' obtention des victoires de l' armée chrétienne.
Après 1216, les membres de l' ordre sont de retour à Calatrava, en reprenant aussi le bien
connu nom de l' ordre de Calatrava. Avec l’ appui du roi et l’ encouragement papal, l’ ordre s' est
progressivement étendu, surpassant le numéro de deux mille chevaliers guerriers, en devenant une
véritable force militaire dans la Péninsule.
Par le changement du statut de l’ ordre, en 1467, s’ est completé aussi sa structure d’
administration. Ainsi, la function suprême était celle de Grand Maître, élu à la vie. Il était aidé par les
Grands Commandants de Castille et d' Aragon, qui coordonaient toutes les commanderies de ces
régions. Le fort de Calatrava, siège central de l' ordre, était conduit et défendu par un Lieutenant du
Grand Maître, emploi apparemment mineur, mais en réalité d’ une haute importance, un veritable
adjoint du chef suprême. L' abbé de l' Abbaye de Morimond, le leader spirituel de l' ordre de
Calatrava et d’ autres trois ordres de chevalerie encore, était représenté par un Prieur.
L’ histoire de l' ordre s'étend vers les années 1800, quand le pouvoir royal a repris tous ses
biens.
Plus tard, l' Ordre a été reconstitué et il existe aussi de nos jours, ayant un caractère religieux,
à des fins spirituelles et charitables.
18
Charles, Herbermann, ed. 1913. Catholic Encyclopedia, Robert Appleton Company.
24
4. L 'Ordre d’ Alcantara
L’ Ordre des Chevaliers de Calatrava ( l' Ordre de Calatrava) n’ était pas le seul ordre établi
par l’ intérêt et le soutien de l' Abbaye de Morimond et confirmé comme tel par Le Capitule général
de l' ordre Cistercien, selon ses règles. Au moins autres trois ordres, ont été créés et soutenus par l'
abbé de Morimond : l' Ordre d’ Alcantara, l’ Ordre d’ Avis et l' Ordre du Christ.
L'ordre d’ Alcantara, (au son nom initial- l' Ordre de Saint Julien Poirier), a été créé en 1170,
mais son noyau était constitué dès 1156, dans le fort près de l' établissement monastique du petit
village San Julian del Pereiro, de Leon, de la province d’ Estrémadure, près de la frontière avec le
Portugal.
Afin de pouvoir se défendre contre les Maures, en 1156, un groupe de nobles des alentours
montagneux de San Julian del Pereiro, avait décidé de construire un fort résistent, où tous pouvaient
s’ arbiter avec leurs familles. Parmi les initiateurs de cette construction se trouvaient deux frères
Gomez et Suarez, des nobles des lieux. La construction s' est avérée être plus qu' un fort défensif,
devenant une véritable forteresse. Simultanément avec la construction19 les frères Gomez et Suarez
Fernández Barrientos et les autres nobles discutaient souvent des chevaliers Templiers et du nouvel
ordre des chevaliers de Calatrava, comme un exemple de participation organisée aux batailles contre
les Maures. Prenant l' exemple de ces ordres de chevalerie, ont formé le noyau d' un nouvel ordre, le
leur, constitué par quelques dizaines de chevaliers et qui prit le nom du village, l' Ordre de SaintJulien-du-Poirier ou San Julián del Pereiro.
La participation des peu chevaliers de l' ordre aux combats de la région, mais aussi les
victoires obtenues par eux aux combats de la zone d’ ouest, portés contre les Maures, à côté de l'
armée royale, rend célébres les chevaliers fondateurs, le nombre des membres de l' ordre étant
toujours en augmentation. Pour une bonne connaissance de la structure organisationnelle et du statut
de l' ordre de Calatrava, les deux chevaliers Barrientos, ainsi que quelques autres, sont allés à la
forteresse de Calatrava, en mettant les bases d' une bonne coopération future. De cette façon, ils ont
obtenu par le biais de Calatrava, le soutien de l' Abbaye de Morimond pour leur organisation et
reconnaissance comme un ordre religieux de chevalerie. Vers 1170, l' ordre était déjà structuré et
fonctionnel, reconnu par le Capitule Général Cistercien, ayant pour statut les règles de Saint Benoît
et celles de l' Ordre Cistercien, pareil à l’ ordre de Calatrava. Quelques années plus tard, en 1177, l’
Ordre reçoit la reconnaissance du Pape Alexandre III, comme un ordre militaire et religieux, dont le
chef suprême était Gómez Fernández Barrientos. Cinq ans après, en 1183, le Pape Lucius III, a
approuvé par une bulle papale, le statut d' essence cistercienne, a passé la commande officielle de l’
19
Manuel Ladero Quesada , “La Orden de Alcántara en el siglo XV. Datos sobre su potencial militar, territorial,
económico y demográfico”,“En la España Medieval II. Estudios en memoria del profesor D. Salvador de Moxó.” Madrid,
Universidad Complutense, 1982.
25
ordre sous la juridiction de l' Abbaye et de l' abbé de Mirimond, en nommant comme Grand Maître à
Gómez Fernández Barrietos et leur a accordé des divers privilèges. Les membres de l' ordre
portaient une cape blanche avec une croix et des fleurs, semblable à celle de Calatrava.
En 1213, le royaume de León, à la suite de combats durs, prend des Maures la ville d'
Alcantara (El Cantara) qu’ il donne à l' ordre de Calatrava comme défense. N’ayant pas une
commanderie près d’ Alcantara, l' ordre de Calatrava, ne pourrait pas assurer la protection de la ville
nouvellement conquise et par conséquent, le roi Alfonso a décidé que la défense de la forteresse
soit confiée à l' ordre de Saint Julien Pereiro, San Julián del Pereiro, qui avait le siège le plus proche
de la ville. La défense allait être effectuée sous la commande de l' ordre de Calatrava, fait qui a
abouti à un rapprochement des deux ordres chevaleresques, chaqun gardant pourtant, son identité. L'
Ordre de St. Julien Pereiro s' est installé dans la ville d' Alcantara et avec le temps il a pris le nom de
cette forteresse, consacré ainsi en 1253 comme l' Ordre d’ Alcantara.
En continuant son existence sous ce nom, l' ordre d’ Alcantara participera activement à tous
les grands événements de la Péninsule Ibérique pendant une longue période. À partir de 1501 les
rois espagnols, en accord avec le pape, sont devenus les grands maîtres de l' ordre.
L'ordre existe encore aujourd'hui ayant un caractère honorifique, destiné principalement aux
militaries espagnols.
Chapitre 5
Les ordres chevaleresques successeurs de l’ordre des Chevaliers Templiers(Espagne et
Portugal)
1.Le contexte historique de la dissolution de l’Ordre des ChevaliersTempliers.
La conquête de Jérusalem, pendant l’automnede 1187, par les Turcs Sarrasins, signifia
pratiquement l’abolition du Royaume Latin de Jérusalem. Le Royaume est devenu, après cette
année-là, seulement une bande de terre le long de la Mer Méditerranée, sans signification militaire
dans la région. La chute de la ville aux mains des Sarrasinsfut une conséquence de la défaite subie
par l'armée réunifiée des principautés chrétiennes, à Hattin, pendant l'été de la même année.
Le roi de Jérusalem, Guy de Lusignan,grâce à l’aide reçue de la part des princes chrétiens
d'Antioche, Tripoli, Édesse et des ordres de chevalerie, celui des Hospitaliers St. Jean et des
Templiers,concentrason armée de plus de 20 000 soldats, près de la forteresse de Tibériade. Il avait
l’intention d’y arrȇter Saladin, qui avait une armée de plus de 30 000 combattants.
26
En suivant le conseil des princes et des maîtres des deux ordres, Hospitalier et Templier, le
roi Guy, un faible dirigeant, décidad’accueillir Saladin dans un lieu propice pour mener une bataille,
en renonçant à offrir de l’aide à la forteresse de Tibériade, contournée par les Turcs. Ce fut un
conseil bon et réaliste.
Pendant la nuit, sous l'influence du maître Templier Gérard de Ridefort, il changea son plan
et partitvers Tibériade, tombant dans le piège tendu par Saladin. L'armée chrétienne fut décimée,
difficilement s'échappèrent presque tous les Chevaliers Hospitaliers et une partie de l'armée du
Prince de Tripoli. Depuis ce moment-là, les États chrétiensfurent laissés sans défense, les Turcs
Sarrasins réussissant à conquérir presque tous lesrégions chrétiennes, à l'exception des villes de Tyr
et d’Acre. Pour cette défaite furent culpabilisés le roi Guy et Les Templiers. La nouvelle de la défaite
et de la faute du roi et des Templiers fut reçue avec douleur par la plupart de la population chrétienne
de l'Orient, y compris de Jérusalem et par les rois chrétiens d’Europe.
Après la chute de Jérusalem, les deux ordres chevaleresques déménagèrent les sièges
administratifs à Acre. Pour les Templiers commença une période difficile sur le plan militaire. Ce fut
le début de la période de déclin, la perte du raison d'être. N'oublions pas que l'ordre a été mis en
place pour défendre les États chrétiens de l’Orient et pour protéger les pèlerins en chemin vers les
Lieux Saints. Mais,comme les États chrétiens furent détruits par les Sarrasins, la mission des ordres
de chevalerie prit fin. L’Ordre des Chevaliers Hospitaliers, contrairement aux Templiers, avait une
deuxième mission importante, celle de défendre et de soigner les pèlerins chrétiens et la population
pauvre de tous les États chrétiens, y compris ceux d'Europe. L'Ordre Hospitalier continuason mission
dans leursasiles, hôpitaux et commanderies de tous les États chrétiens, tant en Orient qu'en Europe.
En échange, les Templiers s’intéressèrent seulement àleurs activités économiques, en se
multipliantles propriétés et la richesse, fabuleusespour cette époque-là.
Tout en reconnaissant que l'existence de l'Ordre des Templiers, une force militaire à craindre,
mais qui s’intéressait seulement aux activités économiques, pourrait devenir un problème pour la
plupart des rois chrétiens, Le Pape Grégoire le Xeproposa, au cadre du Concile de Lyon, en mars
1274, l’unification de l’ordre hospitalier avec celui templier. La proposition fut acceptée, en principe,
par les Hospitaliers, mais fut fermement rejetéepar les Templiers. Bien qu'il ait essayé une médiation
entre les dirigeants de ces deux ordres, les cardinaux nommés pour conseiller les grands maîtres, ont
communiqué au pape l’échec de leurs démarches. Ce fut une des dernières occasions pour l'Ordre des
Templiers de continuer leur existence comme une institution militaire et religieuse rénommée du
Moyen Ȃge.
C'était peut-être un signe d'un manque de vision, mais aussi du faible esprit diplomatique qui
ont caractérisé certains des grands maîtres Templiers. Ceux-ci se sont basés trop sur leur force
militaire et économique, sur la protection du Pape, au détriment de la sagesse politique et
diplomatique. Ou peut-être qu'ils voulaient mettre en évidence l'esprit du Templarisme, peu importe
les conséquences. On sait que les Templiers étaient caractérisés par un courage qui dépassait les
limites humaines, qu’ils n'avaient pas peur de mourir pour ce qu'ils croyaient et la conviction qu'ils
rejoindront le paradis accentuait leur esprit de sacrifice. Leur attitude négative vis-à-vis de l'Union
des deux ordres, pourrait avoir comme motivation justement la survie, au fil des siècles, de l'esprit
des Chevaliers de la foi et de la justice. En maîtrisant les sciences occultes, est-il possible que les
grands maîtres des Templiers aient délibérément agi de la manière connue? Même Jacques de Molay,
27
le grand maître qui s'est sacrifié pour la vérité dans laquelle il croyait? Parce qu’ils prévoyaient avec
certitude la dissolution de l'ordre qui n’avait plus raison d'exister.
Il arriva un autre événement qui précipita l'effondrement de l'ordre. Il s'agit de la bataille
d'Acrede 1291, quand la forteresse fut conquise par les Turcs. Après cette défaite, l'ordre des
Templiers dirigé par le Grand maître Thibaud Gaudin, retira ses commanderiesdupetit Royaume de
Jérusalem et déménagea son siège à Chypre. L'année suivante, il fut élu comme Grand Maître,
Jacques de Molay. Pour lui, il ne fut pasévidentela perte nette de la raison d'être de l'ordre des
Templiers et la nécessité d’unification avec l'ordre hospitalier afin de continuerd’exister. Pour des
raisons quelconques, cette union restala varianteinacceptable, même si en 1303, à Vatican, on discuta
à nouveau, cette possibilité.
Aprèsl’année 1300, les Templiers ont maintenu le siège à Chypre. En France, le roi
Philippele Belétait leur plus grand débiteur et il était de plus en plus hostile vis - à - vis des
Templiers. Le maître de Molay n'a pas institué des messures de garde visibles, peut-ȇtre qu’il
comptait sur le fait qu'il pouvait contrôler le roi par les fonds financiers croissants que celui-ci
prêtait de l'ordre des Templiers. Ou peut-ȇtre qu’il a pris des mesures secrètes pour protégerla fortune
de l’ordre.
Pendant ce temps-làse sont intensifiésles mésententesd’entre la papauté et le roi Philippe.
Chacun des deux demandait la suprématie sur les fidèles, y compris ceux de la France.
Le Pape Clément V, oint au Vatican au cours de l'année 1305, fit une nouvelle tentative
d'unifier les deux ordres de chevalerie, mais le Grand Maître Jacques de Molay refusa et envoyaun
an plus tard, une lettre au Pape, où il expliquason refus par le prestige et la mission de la foi que
l'Ordre du Temple les détenait encore.
Après le moment du transfert du siège de l'ordre à Chypre, c'est seulement en 1306que les
Templiers ont pris des mesures secrètes pour protéger le trésor et les chevaliers avec dehautes
fonctions en Europe. Il semble que le trésor, qui comprenait des biens meubles, objets de valeur,
bijoux, pièces de monnaie, était prêt d’ȇtre caché dans des lieux secrets par des détachements de
chevaliers expressément préparés. De mȇme, les chevaliers ont reçu des instructionsd’ȇtreprȇts à tout
moment pour partir vers des cachettes sécurisées, aux domaines des certains nobles de confiance et
aux monastères,en particulier cisterciens.
L’unedes façons de se cacher, préparéeà l’avance par les Templiers en danger, était celle de
changer les vêtementschevaleresquesparceux monastiques, ou celle de prendre l'apparence des
travailleurs laïques aux fermes des commanderies et des monastères.
Pour détourner l'attention des agents et des soldats du roi, en cas de danger, certains des
Templiers, des volontaires, devaient se laisserarrêtés sans opposer de résistance.
Compte tenu de lastructure administrative bien organisée et de leur situation économique en
Europe, notamment en France, les Templiers pourraient, sans doute, organiser l'occupation de la
résidence royale et la capture du roi avec le minimum d'effort. Mais, comme il ressort des documents
rédigés par les enquȇteurs français mȇme, les Templiers arrêtés avaient affirmé qu'ils ne pouvaient
pas combattre contre les chrétiens. La Charte Latine et les ordres de leurs commandants les y
obligeaient, parce qu'ils étaient sous la directe autorité du Pape.
En 1307, le roi Philippe, qui devait déjà de grosses sommes d'argent, demanda de la part de
l’ordre un nouveau prêt, exagérément grand, mais il fut refusé. Profondément blessé dans son amour
propre, le roi Philippe envisagea comment mieux utiliser ce refus pour se vengersur l'ordre des
28
Templiers, de ne plus payerles dettes colossales qu'ilavait, mais aussi comment défier le Pape
Clément V.
En vertu d'un ordre secret du roi Philippe, le Grand Maître Jacques de Molay, le grand
Trésorier et Hughes de Pairaud, le maître prieur pour la France, Geoffroi de Charney et autres
environ une centaine chevaliers templiers importants, furent arrêtés le jour du 13 octobre 1307. Un
mois plus tard, ils furent arrêtés près de cinq cents Templiers du territoire du royaume français. Le
motif de l'arrestation futune prétendue hérésie, si souvent invoquée pour justifier les persécutions
religieuses, mais aussi les actions organisées de l'Inquisition. Mais, la disposition la plus importante
de l'ordre royalfut de confisquer tous les biens, financiers, meubles et immeublesque l'Ordre
Templier détenait sur le territoire du royaume. C'était, en fait, la réelle motivation des persécutions
auxquelles les Templiers furent soumis. Les caisses vides du roi devaient ȇtrerempliesavec l’argent et
les objets de valeur templiers, confisqués à travers une action secrètement organisée.
À la surprise du roi et de ses agents, tout le trésor des Templiers avait disparu et personne n'a
pas découvert comment. On a appris plus tard qu'avant que le roi envoye l’ordre secret pour
l'arrestation des Templiers et la confiscation de leurs biens, les navires templièresde différents ports
de la France, ont levé l’ancre vers des destinations inconnues. Seulement du port de La Rochelle
sont parties onze navires chargés à pleine capacité, ayant comme destination, disent-ils, l’Écosse.
Déçu, puis furieux pour l’échec de son action de capturer le trésor templier, le roi Philippe
ordonna que les chefs des templiers, arrêtés pour hérésie, soient torturés afin de reconnaître l'hérésie
et de dire où se trouve le trésor. Guillaume de Nogaret, fidèle soumis au roi et ancien ministre, fut
chargé d’obtenir les confessions des Templierset de trouver le Trésor.
Au début, le Pape Clément se prononça contre l'arrestation des Templiers sur le territoire de
la France. Cela d’autant plus que Sa Sainteté avait annoncé précédemment, en août, qu’il fera une
enquȇte, par des prélats inquisiteurs, à l’égard des accusations apportées aus templiers. Menacé par le
roi Philippe, le Pape changea son attitude et vers la fin de 1307, il émit une Bulle
PapalePastoralisPraeminentiae, par le biais de laquelle il demandait aux rois européens d’arrȇteret
de protéger les chevaliers templiers, de confisquer les biens de l'ordre et de les garder sous la
protection de l'Église. L'édit avait aussi un caractère de protection des Templiers contre les excès des
monarques, jusqu'à une clarification supplémentaire de l'état de l’ordre.
En France, soumis à la torture, quelques templiers ont reconnu en octobre 1307, les
accusationsapportées, y compris le Maître Jacques de Molay. À la réception de l'information de la
part du roi Philippe sur la reconnaissance par le Grand maître, des accusations portées, le Pape,
envoya trois cardinaux pour se convaincre si de Molay avait reconnu les accusations d'hérésie.
Devant les cardinaux, le Grand maître de Molay rétracte la déclaration, faite sous la torture.
En conséquence, le Pape émet un document, connu comme Le Manuscrit de Chinon201, par
lequel il absout de toute faute l’Orde des Templiers et ses dirigeants. Le document a été trouvé par
Barbara Frale, en 2001, dans les archives du Vatican et a été daté le 17 août 1308.
Toutefois, le roi Philippe continua la persécution des templiers, les plus importants
commandants étant détenus dans les prisons royales. En mai 1310, près d'une cinquantaine de
20 Barbara Frale, “ Le Parchemin de Chinon : absolution papale du dernier Templier : maître Jacques de Molay”, in Journal of MedievalHistory, no
30, 2004
29
templiers qui avaient rétracté les déclarations sur la reconnaissance de l'hérésie, furent tués sur le
bûcher, justement sous des accusations d'hérésie.
Des travaux de l'historien anglais Malcolm Barber21, un expert de l'histoire de l'ordre des
Templiers, nous apprenons la succession des événements qui ont conduità la disparition officielle des
Templiers.
En mars 1312, au Concile de Vienne, ville située en France, dans le sud, sur les rives du
Rhône, le roi Philippe le Bela fait des démarches auprès le Pape Clément et les autres participants à
la réunion, afin que l'ordre des Templiers soit aboli pour hérésie.Il a également insisté pour que leurs
propriétés soient confisquées, devenant des biens de l'État. Le principal adversaire de la procédure
fut même le Pape et en conséquence, Philippe recourt aux menaces. Enfin, le Concile adopta la
Bulle Papale Vox in Excelso, par laquelle, l'Ordre des Templiers fut dissout, en annulant aussi sa
Constitution et tous les privilèges accordés par la papauté.
La raison invoquéefut constituée par les accusations apportées par Philippe aux membres de
l'ordre.
Cette bulle papale, approuvée par le Synode, eut effet immédiat, les membres de l'ordre étant
persécutés en France pendant cinq ans. Les États chrétiens d'Europe ont appliqué en partie et très tard
les dispositions de la bulle papale, en cherchant divers subterfuges pour protégerles membres de
l'ordre. Les seuls qui ont mis en œuvre les dispositions de la bulle papale, en pillant immédiatement
toutes les propriétés templières, furent le roi de la France et le roi d'Angleterre, attirés par les
richesses qu’ils rȇvaientconfisquer. Richesses qu'ils n'ont jamais trouvées.
En entendant parler des confiscations, pillages et destructionsfaites dans les deux royaumes,
le Pape émet, après deux mois, plus exactement en mai 1312, la bulle Ad providam, laquelle
prévoyaitque toutes les propriétés de l'ordre templier soient prises en charge par l'Ordre des
Chevaliers Hospitaliers. Le transfert de propriété entre les deux ordres, fut fait partiellement et
pendant une longuepériode.
Afin de clarifier la situation des templiers détenus dans les prisons du roi français, le Pape
rédige une autre bulle trois jours plus tard, également en mai 1312, ConsiderantesDudum. Par cet
édit papal, les templiers arrêtés dans les royaumes européens, trouvés innocents et ceux qui ont
reconnu les accusations apportées, furent libérés, envoyés aux fermes et maisons templières et
reçurent une rente viagère (pension).
En vertu de ce décret, tous les templiers des prisons françaises ont été libérés, à l'exception de
quatre grands dignitaires, y compris le Grand Maître de Molay.
Bien que l'ordre des Templiers fut officiellement dissous, aux insistances des rois ibériques,
en particulier du roi d'Aragon, Le Pape Clément, encore sous l'influence des ressentiments découlant
de la défiance du roi Philippe IV, eut une nouvelle tentative pour sauver le Grand Maître de Molay.
Ainsi, en décembre 1313, juste avant Noël, il nomme une commission composée de trois cardinaux,
pour interroger Jacques de Molay et les autres trois grands dignitaires Templiers, Hugues de Pairaud,
maître prieur de France, Geoffroy de Charnay, maître prieur de Normandie et Godeffroy de
Goneville, maître prieur des provinces Aquitaine et Poitou.
21 Malcolm Barber,The Trial of the Templars, Cambridge University Press. 1st edition, 1978. 2nd edition, 2006
30
À la mi-mars 1314, les trois cardinaux voyagèrent en France pourinterroger les dignitaires
Templiers22. Le grand maître de Molay avait ordonnéaux trois dignitaires de reconnaître toutes les
accusations, pour sauver leurs vies et pour réactiver, en secret, l'Ordre des Templiers. Lui, comme
Grand Maître, allaitsoutenir son innocence et celle de l’Orde et réaffirmer la foi profonde en Dieu et
les livres saints.Il avait probablement pensé que c'était son devoir de montrer,devant l'histoire, la
vraie foi des Templiers. Par son sacrifice, il sauvait le prestige, l'honneur, la dignité des membres de
l'ordre des Templiers, des nobles chevaliers, sergents et aumôniers. Sa voix et son attitude
montraient, à l’époque et au cours des siècles, que les accusations portées aux Templiers par le roi
Philippe IV le Bel, étaient fausses, comme celles du roi d'Angleterre, William.En outre, nous
pensons que le Grand maître voulait prouver aussi la lâcheté et la duplicité du Pape Clément V,
qui,quoi qu'il ait absous les Templiers par l’éditde Chinonde 1308, il avait aussi accepté la
condamnation à mort d'un grand nombre d'entre eux. La seule personne qui refusa d'accomplir le
commandement de son maître, fut Geoffroy de Charnay, maître prieur de Normandie. Celui-ci
soutint devant les cardinaux,l’innocence de l’ordre templier, tout comme de Molay. Ainsi, le pape
accepta que les deux maîtres templiers soientcondamnés au bûcher.
Le jour de 18 octobre 1314 s’annonça serein, chaleureux, à Paris. Après midi, une foule de
gens, de pauvres habitants de Paris, mais aussi des prélats, nobles et loyaux serviteurs du roi
Philippe, parmi lesquels Geofrey (de Paris) se dirigèrent vers Pont-Neuf, sur l’Île de la Cité, près
duquel étaient élevés deux bûchers. Cette année-là, l'endroit était ouvert, sans d’autres bâtiments,
ainsi qu’il y pouvaient se rassemblerbeaucoup de gens.
Plus tard, dans la soirée, furent amenés les deux prisonniers templiers, Jacques de Molay et
Geoffroy de Charnay, vêtus seulement d’une chemise. Tel que mentionnépar Geofrey, envoyé par
Philippe d’y assister et de lui rapporter le déroulement des faits, le premier conduit au bûcher fut
Jacques de Molay. Celui-ci était calme, le visage illuminé d’une joie intérieure. « Je vaischez mon
Père Céleste! ».On dit que lorsque les soldats voulaient lier ses mains, le maître de Molay leur
avaitdemandéde lui laisserles mains libres, pour pouvoir prier et se faire le signe de la Croix.
L’Évêque de Paris, a approuvé la demande, impressionné par la foi du chevalier. Ainsi, de
Molays’est dirigé tout seul, digne, vers les marches du bûcher.
Quand les bourreaux ont allumé les bois, selon une légende connue, le Maître Jacques de
Molay, le regard fixé sur les tours de la cathédrale Notre-Dame de Paris, cria: « Roi Philippe, Pape
Clément, Guillaume (de Nogaret) vous avez péché devant Dieu par les accusationsmenteuses portées
contre moi et mes frères. Je vais tranquillechez le Père Célesteet je vous appelle au jugement juste
devant Dieu, d’ici une année.Vous avezviolé les testaments bénis du grand BaldouinIer, le roi des
Lieux Saints et d’Hugues de Payens, testaments faits devant le Seigneur. Vos descendants, Philippe,
disparaîtront après la treizième génération. Votre nom sera couvert de honte et vous allez mourir
avec des remords pour le péché que vouscommettezaujourd’hui. Grâce à la volonté deDieu, notre
esprit et notre foi, ceux des Chevaliers du Temple de Jérusalem, dureront pour toujours, portés par
d’autres frères chevaliers. Car nous avons vécu juste et en pureté et celaon ne peut jamais l’oublier
22 3GoffredoViti (coord.), “ I Templari – Una vitatrariticavallereschi e fedeltà alla Chiesa”, Ed. Certosa di Firenze, 1995
31
ou perdre! Avec mes nobles chevaliers du passé, présent et de l'avenir, nous allons défendre avec
honneur et foi le Saint Temple Divin, dont les pauvres soldats nous sommes,éternellement. »234
Le procès des Templiers et la mort du Maître Jacques de Molay ont été décrits par
d'innombrablesgrands historiens, dont24: Malcolm Barber, Alain Demurger, Barbara Frale, mais
également d'autres.
Tout aussi digne mourut le maître de Normandie, Geoffroy de Charnay, qui avait répété son
innocence et sa joie d’accompagner son maître chez Dieu.
Cette légende, qui, semble-t-il, a un noyau de vérité, selonles faits décrits par les
chroniqueurs de l'époque, a été présentée sous des diverses formes littéraires et artistiques,
contribuant à augmenter le prestige du maître de Molay, jusqu'à nos jours.
Beaucoup d'historiens ont retracé la vie des personnes impliquées dans la condamnation des
Templiers. Le Pape Clément V mourut le 20 avril 1314, gravement malade, Guillaume de Nogaret,
est mort empoisonné, une semaine après le Pape Clément et le Roi Philippe, mourut huit mois
aprèsla disparition de Molay sur le bûcher. Le roi eut une mort stupide, en tombant de son cheval et
sa dynastie, celle des Capulets, prit fin après la treizième génération, en 1328.
Après la mort du roi Philippe, les derniers templiers trouvés en captivité furent libérés, en
bénéficiant des rentes viagères, dans leurs commanderiesprises en France par les Chevaliers
Hospitaliers.
La seule personne qui a porté des plaintes contre l'ordre des Templiers, a été le roi Philippe,
suivi du roi d'Angleterre, mais ce dernier n'a pas tué aucun Templier.
Ni un autre roi chrétien, ni l’Église, n'ont pas accusé les membres de l'Ordre des Chevaliers
Templiers, ils se sont uniquement soumisaux pressions du roi Philippe, assumées puis par le Pape.
Autant que nous le connaissons, les successeurs du roi français Philippe n'ont pas reconnu l'erreur
commise à l’égard des Templiers. On dit seulement qu’avant sa mort, le roi Philippe eut la vision du
maître de Molay et qu’il mourut accablé par des regrets.
On peut supposer que, dans les moments tragiques vécus par les membres de l'ordre des
Templiers, ceux-ci ont bénéficié du soutien des monastères et des moines cisterciens, ceux qui ont
connu et apprécié la foi des Templiers. Outre le fait que la plupart des commanderies cisterciennes
ont fonctionné près des monastères, en les défendant souvent, les deux ordres avaient la même
Constitution, adaptée aux spécificités de chacun d'entre eux. Leur coopération a été évidente surtout
en Orient et dans la Péninsule Ibérique, où la menace musulmane se manifestait constamment.Peutȇtre que les Cisterciens ont aidé les templiers à cacher leur trésor et qu’ils ont sauvé la vie d'un grand
nombre d'entre eux.
Après la dissolution de l'Ordre des Templiers en 1312, leur esprit, une partie de leurs
enseignements, leurs règles religieuses et chevaleresques, furent continués par les ordres successeurs
de la Péninsule Ibérique, ordres qui ont pris aussi une partie de l'héritage templier. Il semble qu'en
France, l'ordre des Templiers a continué son existence, pour un temps, en secret, sous diverses
23 Légende templière
24 Malcom Barber,” Le Procès des Templiers”,Tallandier, 2007, ISBN 9782847344295;
32
formes d'organisation clandestine, à travers de petits détachements poursuivant des buts spirituels.
On n’a pas trouvé des documents crédibles indiquant cela, mais Le Templarismene pourrait pas
disparaître tout d'un coup, juste dans le pays de ses fondateurs.
Plus tard sont apparues des spéculations sur la continuité de l'ordre en France. Au cours de
l'année 1804, le docteur Bernard Fabre Palaprat fonda l'Ordre du Temple et soutint que son
organisation continue l'Ordre des Chevaliers Templiers. Il affirma qu'il avait reçu d'un particulier
nommé Ledru un document comprenant une liste avec 22 grands maîtres Templiers, adeptes de
Molay25.
L'histoire commençait en 1314, quand Jacques de Molay, emprisonné, aurait transmis
verbalement à Jean Marc Larmenius, Prieur de Chypre, la commande de choisir, après sa mort, un
autre grand maître et que l’ordre continue ainsi son existence. Dix ans plus tard, ce testament fut
rédigé en latin, recevant le nom de Carta Larmenius ou Carta Transmissionis267. La liste des grands
maîtres successeurs était écrite en latin, encodée et commençait avec le nom de Thomas
TheobaldusAlexandrinus (1324) et finissait avec le nom de Bernard Fabre-Palaprat (1804), le dernier
grand maître27.
Certains historiens considèrent ce document-là comme un faux, mais une partie des
organisations neo- templières, s’en servent pour soutenir, formellement, la continuité de l'ancien
Ordre des Templiers.
L'existence de ce document est, à notre avis, moins importante. Nous croyons que,
historiquement, le plus important est que l'esprit de la foi cistercienne et du vieux templarismea
continué d'exister et a transcendé les siècles, qu’il s’agit d’un domaine digne de recherches
historiques et que beaucoup de valeurs morales de cet esprit sont toujours d'actualité.
En
1945,
Antonio
Campello
Pinto
de
Sousa
Fontes
fonde
Ordo
SupremusMilitarisTempliHierosolymitani, pour succéder à l'ordre du temple fondé en 1804, par
Bernard Fabre Palaprat. L'ordre continue d’exister mȇme de nos jours, avec un bel prestige, en tant
qu’organisationà but non-lucratif.
25 Alec Mellor, Les Mythes Maçonniques,Paris, ed. Payot, 1974. ISBN 2-2281-7190-5
26 Manual of The Knights of the Order of The Temple, Translated by Henry Lucas (Liverpool: David Marples, 1830)
27George
Kenning, Kenning's Masonic Encyclopedia and Handbook of Masonic Archeology, History and Biography, p. 108-109, originally published
in 1878, Kessinger Publishing, LLC, 2003,ISBN 0-7661-6526-4
33
2. L'ordre de Montesa, Espagne28
La dissolution de l'ordre des Templiers en 1312, par l’édit papal Vox in Excelso, ne fut pas
vue d’un bon oeil par le roi d'Aragon, Jaime II.Le roiétait un partisan des ordres de chevalerie, y
compris celui des Templiers, pour le soutien que ces ordres ont offert aux royaumes chrétiens de la
Péninsule Ibérique, dans leur lutte contre les Maures. La mise en oeuvre de l'édit papal abolissant
l'Ordre des Templiers et le transfert des biens immeublesde ceux-ci dans la proprietéde l'ordre
hospitalier, fut retardée dequelques années. Certes, les rois des États ibériquesse sont bien conseillés
et ont coopéré pour différer l'édit papal, en cherchant ensemble des solutions pour sauver le
patrimoine templier. On parle du patrimoine parce qu’en ce qui concerne les membres de l'ordre,
indépendamment du rang, de la dignité ou de la catégorie, on n'a jamais mis le problème de leur
appréhension. Tous savaient, en commençant par les rois ibères, que les Templiers n'étaient pas
coupables des accusations engendrées par le roi Philippe de France. Mȇme l'Église de la péninsule,
reconnue par la cruauté de son inquisition, n'a pas osé à toucher les Templiers et à leurs propriétés,
malgré laprotection juridique offerte par la bulle papale.
Des rares documents qui ont transcendé le temps jusqu’à nos jours on déduit que les rois des
États ibériquesont essayé jusqu'à la dernière secondede sauver l'ordre des Templiers de l'extinction,
de maintenirla forme et la structure existantes au cours des années 1312-1314.
Aux insistances du légat pontifical et même, directement, du nouveau Pape Jeanle XXIIe, le
roi Jaime II a porté plusieurs négociations avec l’ordre des Chevaliers Hospitaliers et l'ordre de
Calatrava, sur le transfertdes propriétés templières, mais aussi sur la réception des Templiers dans
ces deux ordres.
Le roi Jaime d'Aragon, avait ses propres intérêts et ses propres plans, auxquels adhérèrent
immédiatement les Templiers. Il s’agissait du plan d'établir un Royaume d'Aragontrès fort, avec une
grande puissance militaire,auxquelle auraient pu participeraussi les ordres chevaleresques qui
avaientdes commanderies sur le territoire du Royaume. Ces ordres étaient l'Ordre du Temple, l’Ordre
de Calatrava, celui d’Avis, d’Alcantara et l’Ordre des Chevaliers Hospitaliers. Les Hospitaliersse
sont opposéau projet royalde constituer une force militaire forte basée sur les ordres de chevalerie,
parce que celaleur aurait faitplus tard,la concurrence dans les petits royaumes ibériques. Après de
longues négociations, ils ont accepté d’échangerdes propriétés avec l'ordre des Templiers, en
cédantquelques commanderies de Valencia, pour des commanderies de la Catalogne et d'Aragon.
Cela comme une alternative à la proposition du roi Jaime de participer à une force militaire à côté
d'autres ordres.
N’ayant pas la possibilité de continuer à soutenir l'Ordre du Temple à l'intérieur d'une grande
force chevaleresque, le roi a décidé la mise en place d'un nouvel ordre religieux et militaire, selon le
modèle de l'ordre de Calantara. À la mise en place de ce nouvel ordre ont participé les chevaliers, les
28 Herbermann, Charles, ed.1913, en CatholicEncyclopaedia, Robert Appleton Company.
34
sergents et les aumôniers templiers des commanderies existantes. Il semble qu’au changement d’ «
apparence » templière ont pris partaussi les commanderies de León, de Catalogne, d’Asturie et
certaines venant du Nord, jusqu'à la frontière avec la France.
Pour pouvoir établir ce nouvel ordre de chevalerie, le roi Jaime a contacté la direction
dumonastère cistercien Santa Maria de Santes Creus29, subordonné à l'Abbaye de Morimond.
Les relations du roi avec l’ordre cistercien étaient des meilleures, celui-ci étant un partisan de
cet ordre, tout comme ses parents. Le père de Jaime, le roi Pedro, avait encouragé l'établissement des
monastères cisterciens dans le Royaume. Au cours des années 1158-1159, le comte d'Alba a donnéla
petite villede Santes Creus, située au nord de Valencia, aux moines cisterciens de Valdaura, afin
debâtir un établissement monastiqueselon les règles de la Charte Caritatis. Cela fut terminé en 1225,
avec l'aide du père de Jaime, le roi Pedro, qui avait participé aussi à la mise en place d'autres
monastères cisterciens, en les aidant avec de l’argent et des dons en terres agricoles.
En 1317, Jaime se conseilla avec l’Abbé du monastèreSantes Creus, celui-ci devant
demander, directement de Clairvaux, l’approbation pour la mise en place d'un nouvel ordre de
chevalerie.
En leur exposant les raisons pour lesquelles il souhaite former ce nouvel ordre religieux et
militaire, avec l'assentiment du Pape Jean, le roi demanda leur soutien logistique. Tout d'abord, il
avait besoin d’un Statut, d'une Constitution de l’ordre, semblables à ceux de l'Ordre Cistercien et
deCalantara, pour pouvoirinstituer les règles bénédictines de vie pour les membres de l'ordre, sa
structure organisationnelle, les missions et quelques privilèges.
En possession du statut de l'ordre, le roi se rendit à la mise en œuvre de son plan de réaliserla
structure de son nouvelordre. Il donnale Châteaude Montesa, de l'ancienne province de Valencia, afin
d’ȇtrele siège de l'ordre.
Au printemps de 1317, les envoyés diplomatiques royaux, ont sommairement présenté au
Pape Jean XXII la demande d'approuver la création de l'ordre de Montesa. Le Pape connaissait déjà
toutes les démarches du roi, car il avait été informé par l'Abbaye cistercienne de Clairvaux, laquelle
est devenue un garant du nouvel ordre. Pendant l'été de la même année, en juin, Le Pape a publié
l'édit «Pia matrisecclesia »pour la mise en place de cet ordre.
Le roi Jaime était intéressé que le nouvel ordre, appelé l'ordre de Montesa, nommé d'après la
forteresse où il avait le siège principal,soit subordonné au Royaume, à soi-même, mais pas au Pape.
Nous ne connaissons pas la position de l’Ordre Cistercien à cet égard, mais on pense que celui-ci a
trouvé un moyen convenable de subordination des deux côtés. Ainsi, on a décidé, par l'acte
d'établissement, que l'ordre soit subordonné au Grand-maître de Calatrava. Sous son autorité,le
nouvel ordre devait rentrer en possessiondes biens de l'Ordre des Templiers et organiser ses
structures administratives et territoriales.
Cependant, le Grand maître de l'Ordre de Calatrava, Juan Nuñez de Prado, élu en 1296,
refusa la nomination et l’assimilation de la nouvelle structure sous son autorité. Dans ces conditions,
à la suggestion du maître cistercien, le roi désigna comme premier magistergeneralis, à titre
provisoire, à l’abbé du monastère Santa Maria de Santes Creus. C'était un compromis accepté par
tous ceuximpliqués dans l'abolition de l'ordre des Templiers. L'ordre de Montesa, existait, il
29 Ricardo del Arco. Tombs of the Royal House of Aragon. 1945, Madrid: InstitutoJerónimoZurita. National Research Council.
35
déroulait son activité militaire sous l’autorité, formellede l'ordre de Calatrava, mais sous la direction
de l'abbé cistercien deSantes Creus.
Tous les biens appartenant à l'ordre du temple furent transférésau nom de l'ordre de Montesa,
y compris les terres, les objets et les commanderies. Structurellement, on pense que l'ordre des
Templiers d'Aragon n'a pas été aboli, mais on a justement changé quelques-uns des grands
dignitaires, le nom de l'ordre et l'emblème.
En 1319, au Palais Royal de Barcelone, le légat du Pape confirma la création de l'ordre de
Montesa, nomma commemagister generalisà un noble, ErillGuillem et accordaquelques privilèges,
consistant en des exonérations fiscales. Bien qu'officiellement, l’ordre existait sous l'égide de l'ordre
de Calatrava, en réalité celui-ci était autonome, ayant mȇmeun emblème propre, la Croix rouge
templière avec une petitefleur aux quatre bras. Leur uniforme était la connue robe blanche avec deux
croix, une devant, sur la poitrine et l'autre sur le dos de la robe. La nomination des grands maîtres fut
confiée à l'abbé du monastère de Santes Creus, médiateur entre le roi et Le Pape.
Le statut de l'ordre était celui de l’ordre de Calatrava, les membres, plus précisément les
Chevaliers, devaient être d'origine noble et de prêter serment de respecterles trois principes: chasteté,
obéissance et pauvreté.
Ultérieurement, l'ordre de Montesa, a participé à toutes les actions militaires du Royaume
contre les Maures, mais aussi aux expéditions de Mallorca et de la Péninsule Latine (Italie). Le
prestige et le patrimoine de l'ordre ont augmenté en permanence, devenant aussi bien connu que les
ordres fondésbien longtemps avant celui-ci.
En 1400, un autre ordre, l'ordre des Chevaliers de Saint-Georges d'Alfama, fondé en 1201,
devint trop pauvre pour participer à des expéditions militaires et la royauté de l'époque décida de
l'incorporer dans l'ordre de Montesa.
En 1587, le roi Phillippe IIeapporta l'ordre de Montesasous l'autorité royale, en devenant luimême le maître de l'ordre. Environ 1748-1749, à la suite d’un tremblement de terre, la forteresse de
Montesa fut endommagée et le siège de l'ordre fut déplacé à Valencia, où il restaà tout jamais. Après
environ soixante ans, l'ordre perdit son rôle militaire, en raison du contexte historique et continua
d'exister en tant qu'ordre honorifiquesubordonnéau roi d'Espagne.
De nos jours, il existe en Espagne, quatre ordres de chevalerie créés au Moyen Ȃge : l'Ordre
de Santiago, l’Ordre de Calatrava, l'Ordre de Montesa et l'Ordre d'Alcántara. Ils sont dirigés et
coordonnés par le Conseil Royal, composé des maîtres des quatre ordres et d’une structure
administrative. Le roi d'Espagne est le chef du Conseil. Ils ont tous un caractère particulièrement
honorifique.
36
3. L’Ordre Militaire de Christ
(OrdemMilitar de Crist,nommé initialement Ordem dos Cavaleiros de NossoSenhorIsusCristo)
Tout comme le roi d'Espagne Jaime II, au Royaume de Portugal, le roi Denis Ierrefusa d'abord
d'appliquer l'édit papal de dissolution de l’Ordre des Templiers. Par l'intermédiaire de ses
représentants diplomatiques du Vatican, le roi portugais envoyason refus à l'égard de l'édit. Le refus
initial et ensuite la remise de l'application de l'édit furent favorisésaussi par la mort du Pape Clément
V, en 1314. Ce fut à peine en 1317, que le Pape Jean XXII obligea-t-il le roi à accepter la dissolution
de l'ordre des Templiers.
Les Templiers au Royaume dePortugal
Au Portugal, les chevaliers templiers avaient une riche histoire, des luttes et des sacrifices
pour soutenir le Royaume. Là fut, en fait, le premier emplacement des Templiers de la Péninsule
Ibérique, le lieu de la première commanderie mȇme dès 1128, l’année de la reconnaissance de l'ordre
au Conseil de Troyes30.
Jusqu’au début du XIIème siècle31, une petite partie des terres portugaises, pas encore sous
domination maure, fut organisée sous la forme du Comté du Portugal et faisait partie du Royaume de
León.
En 1122, Alfonso, le fils du comte portugais Henriquele dirigeant du comté, resté orphelin,
prit tout seul le titre de chevalier et commença à rassembler une armée propre, afin de déclarer
l'autonomie du comté. Il fit cela aussi pour écarter sa mère Theresa, vassale loyale du roi León, de la
direction du comté. Six ans plus tard, avec sa petite, mais puissante armée, il défit les troupes de sa
mère et celles de l’amant de celle-ci, dans une amère bataille à São Mamede. Après la victoire,juste
sur le champ de bataille, il devint le Comte du Portugal sous le nom d'Afonso leXIVe Henrique. Ses
tendances d’indépendance envers le suzerain Royaume de León, attirèrent la colère du roi de León,
Alfonso VII. Celui-ci maîtrisait les deux royaumes León et Castille et disposait aussi d’une armée
assez forte. Au début de l'année 1128, Alphonse VII partit avec ses troupes contre le jeune Comte du
Portugal, mais il fut vaincu. La lutte sedéroula sur un terrain collineux où l'armée du roi ne put pas se
déployer et ainsi elle fut piégéepar les chevaliers et soldatsportugais.
À l'automne de 1127, quelques Templiers, Français ou Catalans, dirigés par le Maître
Bernard Raymond, arrivèrent du Royaume de Jérusalem, dans la Péninsule Ibérique. Leur mission
consistait à recruter des chevaliers et sergentsau nom del'Ordre du Temple pour les envoyer à
Jérusalem. La Comtesse Theresa, la mère d'Alphonse, qui dirigeait le comté portugais cette année-là,
reçut bienles templiers et les soutint pour organiser une commanderie juste là, dans les petites terres
30
“Jesus Crist'KnightsOrdre, ".EncyclopaediaCatolica . New York, Robert Appleton Company.
31 12 Portal da História de Portugal
37
portugaises. Pour elle, l'arrivée des Templiers fut une aide militaire inattendue dans la lutte pour la
libération du sud du comté, occupé par les Maures. En essayant d’attirer l'Ordre des Templiers dans
le comté, Theresa32 leurdonnala forteresse et l’établissement de Fonte Arcada, où les Templiers ont
commencé à organiser une commanderie. En 1128, le jeune Alfonso, qui avait vaincu sa mère dans
la bataille de São Mamede, comme on a déjà dit ci-dessus, donnaaux Templiers le Château de Soure,
afin d'augmenter le nombre de membres et d'établir une forte force militaire dans la lutte contre les
Maures.
Au printemps de 1129, le jour dePâques, Alfonso se proclama Prince de Portugal, ce qui
constituait un pas en avant dans son plan visant à créer un Royaume portugais. Les Templiers ont
maintenu une position de neutralité dans le conflit entre le Royaume de León et l'Église, d'une part et
Alphonse, d'autre part. Leur préoccupation essentielle était de renforcer leur position et importance
danscette zone d’ouest de la Péninsule Ibérique. La reconnaissance de l’importance des Templiers
dans la région pourrait provenir uniquement de leur contribution aux luttes contre les Maures.
Cette aide donnéeau Prince Alphonse, s'est manifestée pendant l’été de 1139 quand celui-cil a
vaincu les Maures dans une bataille décisive pour l'avenir de la province. Les Chevaliers Templiers,
qui se sont battus indépendamment de l’armée du Prince, ont été la force centraledes chrétiens, en
attaquant frontalement l'armée maure et en éliminant la première ligne de défense de ceux-ci. Depuis
cette lutte, les Templiers ont reçu tout l'appui et la reconnaissance de la part du Prince Alfonso.
Après la bataille, dans les cris d'enthousiasme de ses chevaliers et soldats, Alphonsese
proclama Roi du Portugal. Quelques jours plus tard, à Lamego, village du nord de la province, on a
annoncé la création du Royaume. Alfonso fut couronné roi sous le nom d'Alphonse Ier. S'ensuivit une
période de relations tendues entre le nouvel autoproclamé roi du Portugal et ses voisins espagnols,
mais aussi entre celui-ci, le Pape et l'Église catholique. Tout cela, mȇme si Alfonso déclarasa
vassalité envers le Pape et le Vatican.
Par le Traité de Zamora de 1143, conclu entre le Roi AlphonseIeret le Roi de Leon, fut
reconnue l'indépendance du Royaume du Portugal, une étape décisive dans l'histoire de l’ouest de la
Province Ibérique.
Une étape importante du développement de la présence des Templiers dans la Péninsule
Ibérique et, par conséquent, dans les terres portugaises, fut représentée par la conclusion de l'accord
entre le comte de Barcelone, Raymond Berenguer IV et magistergeneralis de l'ordre des Templiers,
Robert de Craon pendant l'été de 1143. Par cet accord, les deux dirigeants ont clarifié les missions
des Templiers dans la province et leur neutralité politique envers tous les rois ibères. Pour réaliser les
tâches de combat contre les Maures, les Templiers allaient recevoir diverses propriétés et
bénéficiaient de nombreux privilèges et exemptions fiscales. Progressivement, l'accord fut approuvé
par tous les rois de la péninsule, fait qui facilita une augmentation substantielle du nombre des
commanderies templières.
Dans le même temps, le roi Alphonse Ier, pour l'accomplissement de son plan devoisiner
avecle Vatican, fonda et construisit beaucoup d'églises et monastères, dont la plupart, furent
cisterciens. Le rapprochemententre l'ordre cistercien et les templiers se fit naturellement, ayant des
statuts et des modes de vie similaires. En 1145, le Grand Maître des Templiers, Martins Hugo,
32 Freddy Silva, First Templar Nation: How the Knights Templar created Europe’s first nation-state, 2012.
38
reçutcomme don le célèbre Château deLongroiva, où on forma une de leursplus grandes
commanderies.
En 1147, les chevaliers templiers ont contribué de manière décisive à la conquête de la ville
et de la province de Santarem des mains des Maures.
La conquête de la forteresse de Santarem fut une véritable leçon de courage et de bravoure
avec une histoire tout à fait particulière. Le roi, avaitpréparé, dans la ville de Coimbra, environ deux
cents chevaliers et soldats, de vrais professionnels ayant une grande expérience acquise dans les
batailles. D'entre eux, environ quarante Templiers, étaient déterminés à prouver leur bravoure.
L’attaque de la forteresse commença en mars, avant Pâques, fait qui mobilisa les chrétiens. Une nuit,
après avoir obtenu des informations sur la garnison de la forteresse Santarem, plus de vingt
chevaliers grimpèrent les murs de la ville à l'aide d'échelles. Dans un silence complet, ils tuèrent les
gardiensmaures des murs et de l'entrée principaleet après, ils ouvrirent la porte. Les chevaliers
chrétiens, dirigés par les Templiers, entrèrent et neutralisèrent rapidementtoute la garnison
musulmane de la forteresse. La ville de Santarem fut remise par le gouverneur de la région trois jours
plus tard, en évacuant aussi la population musulmane et les biens qu'ils pouvaient emporter.
En signe de gratitude pour le courage des chevaliers, le Roi Alfonso attribuaaux templiers de
l’autoritésur la province et la forteresse récemment libérée. Immédiatement, les moines cisterciens
fondèrent dans la province, des églises et deux monastères de l'ordre.
De retour à Coimbra, Alphonse continuales préparations pour agir contre les Maures,
encouragé par le succès de Santarem.
Deux mois plus tard, en juin, dans la ville portuaire de Porto, située au nord du Royaume,
accostèrent près de 180 navires et débarquèrent quelques milliers de chevaliers et soldats croisés.
Presque en même temps, autres groupes de croisés arrivèrent dans la ville à pied, venant du nord de
la France et des États germaniques. Il s’agissait des croisés qui se dirigeaient, initialement,vers la
Terre Sainte pour la deuxième croisade chrétienne proclamée par le Pape quelque temps auparavant.
Ainsi, après la conquête ducomté d'Édesse par les Turcs en 1144, en orient, le Pape Eugenius
III proclamala préparation d’une croisade, la IIe. Le but était de reconquérir le comté d'Édesse et
l'expulsion des Turcs de Damas33.
Les préparationspour la croisade ont été difficiles, car les États chrétiens d'Europe n'étaient
pas trop enthousiasmésde faire de grosses dépenses pour la nouvelle croisade, qui ne pouvait leur
apporter aucun avantage. Celui qui a été fortement impliqué dans la popularisation des édits papaux
d'appel à la croisade et dans la persuation de la noblesse européenne de participer à l'expédition, futle
moine cistercien Saint Bernard de Clairvaux.
Il a fait plusieurs voyages dans les États chrétiens, en tenant des sermons dans les grandes
villes, aux réunions publiques, à l'appui de la croisade.
Des voix du sein de l'Église, y compris Bernard, mais aussi de la noblesse, ont demandé aussi
l’organisationd’une croisade dans les pays ibériques pour chasser les Maures.
33 Jonathan Phillips, “The Second Crusade: Extending the Frontiers of Christendom”. New Haven, Connecticut, Yale University Press, 2007, ISBN
9780-3001-1274-0
39
Ainsi, en 1147, le Pape a autorisé la croisade ibérique. Des nobles et soldats, suivis par des
paysans armés, originaires d'Angleterre, d’Écosse, de Normandie, des États germaniques, préparésde
partir pour l'Orient, se sont déplacés vers le sud, vers les terres du Portugal.
En arrivant à Porto, les croisés furent accueillis par l'évêque Pedros II. Celui-ci remarqua
immédiatement que les nouveaux arrivants pour la croisade ibérique étaient totalement désorientés,
n'ayant pas une direction unifiée et aucun plan d'action. Beaucoup sont venus indépendamment, sans
avoir d’importance s’ils étaient des chevaliers, simples soldats ou paysans. Mais ily avait aussi des
détachements, assez petits numériquement, bien organisés, dirigés par les seigneurs des domaines
plus vastes, qui ont subventionné et organisé le départ à la croisade en embauchant des soldats et des
paysans libres. Ceux-ci représentaientlenoyau d'une organisation militaire possible et avec eux a
discuté l'évêque sur les actions à suivre.
L'évêque Pedros IIeconseillales nobles venus à la croisade, de discuter, tout d’abord, avec le
Roi du Portugal, Alphonse et de faire ensemble un plan d’action contre les Maures. La proposition
fut acceptée par la noblesse et ainsi fut établie la réunion de tous,pendant les derniers jours du mois
juin 1147.
Le roi Alphonse proposa aux croisés d'assiéger ensemble la forteresse de Lisbonne et de la
libérer des mains des Maures. En récompense, les croisés auraient pu prendre comme butin de guerre
les biens des Maures et les prisonniers pourraient ȇtre retenus pour obtenir une rançon. Les
commandants militaires des croisés devaient également recevoir des fiefs et des exonérations
fiscales et les soldats devaient être embauchés dans l'armée royale. Après quelques hésitations, les
croisés acceptèrent de participer au siège de la forteresse et de la ville de Lisbonne.
Le siège dura plus de quatre mois. En fin de compte, la garnison maurede la villefut
contrainte de remettre la forteresse, la ville et les terres environnantes, en raison de la faim
déclenchée dans la ville pendant le siège.
En recevantles récompenses, plus de moitié des croisés sont partis vers la Terre Sainte avec
les bateaux arrivés d'Angleterre et d'Écosse. Les croisés restés dans la ville, entrèrent au service du
roi Alphonse, en renforçant sa puissance militaire.
Pour les Templiers, l'arrivée des croisés à Porto signifia une bonne occasion de recruter tant
des chevaliers des rangs de la petite noblesse pauvreque des sergentsdes rangs des soldats
expérimentés.Et parmi les personnes recrutées pour l'ordre, la plupart fut envoyée à Jérusalem afin
de renforcer les rangs des chevaliers combattants de l’Orient. On apprend de quelques sources
documentaires qu'une petite partie des croisés se sont répandus dans les royaumes ibériques, en tant
que combattants au service des rois espagnols.
Tant les Royaumes espagnols, que le Royaume du Portugal, ont continué les actions
militaires afin de défendre les territoires contre les incursions des Maures, leurs forces principales
étant les ordres chevaleresques.
En 1159, le Roi Alphonsedonna aux Templiers le Château Ceres, situé à proximité du petit
village de Tomar. Le château, abandonné par de nombreuses années, était ruiné et inutilisable. Mais
la valeur de la donation était représentée par les terres très productives, étendues jusqu'à la rivière
Tagus.
Le Grand maître des Templiers au Portugal, Gualdim de Pais, ne fut pas découragéà la vue de
l'état du château. Être ferme, appris avec les difficultés des terres orientales du Royaume de
Jérusalem, il décida d'ériger une nouvelle forteresse au lieude restaurer les ruines de l'ancien château
40
de Ceres. Avec l'aide de certains constructeurs cisterciens, il chercha un endroit approprié pour
bâtirla nouvelle forteresse et il letrouva à Tomar. L’altitude de Tomaraux pieds duquel coulait la
rivière de Nabãoétait facileà défendre et avait dans sa proximitétant l'eau,que la plaine pour cultiver
celles nécessaires à la vie dans la ville.
L'année suivante commencèrentles travauxau château et les paysans et les ouvriers ont érigé
des maisons, en élargissantl’établissement déjàexistant et quiy se trouvait depuis l'époque romaine.
Les moines cisterciens qui ont aidé à la construction du château ont érigé aussi une église, dans le
style architecturalbernandin, sobre, solide et pratique.
Satisfait de la fortification et de l’établissement de Tomar, le maître templier, avec le
consentement du roi,déménagealequartier généraldans le château récemment construit.
Les combats contre les Maures ont continué, sans interruption, pour neuf ans, l'armée royale
et les templiers réussissant à libérer toute la province située au sud du fleuve Tejo.
Mais, après la libération de la région, les combats ont continué. La région récemment
liberée, était souvent envahie par les détachements des musulmans dans le but des pillages et on
n’excluait pas une future invasion de ceux-ci, pour reprendre les terres cultivables du sud de la
rivière. Le seul endroit où on pouvait organiser la défense de la région, étaitle fleuve Tejo, mais le
Roi Alphonse n'avaitnigens ni argent pour fortifier cette ligne de défense. Par conséquent, il a
donnéaux Chevaliers Templiers les champs et les Châteaux de Fozdo Zezere et Cartiga, comme des
forts de défense le long de la rivière. Aussi, avec l'aide des Templiers, le roi a construit plus tard, le
Château de Almorolqu’il donna aux chevaliers et ainsi, la défense sud du Royaume fut assurée. Dans
toutes ces activités se sont remarquésles deux dirigeants, le roi Alphonse et le maître
templierGualdimde Pais. Bons stratèges, ils ont réussi à assurer la stabilité du Royaume, tant à
l'intérieur qu’aux frontières.
Leur pensée profonde, réaliste, stratégique et la bonne coopération on les a vues quelques
années plus tard, en juillet 1190, lorsque l'armée maure du roi du Maroc a déclenché l'offensive dans
le nord-ouest de la Péninsule Ibérique et est arrivée sur le fleuve Tejo34. Des forces supérieures, bien
organisées, ont attaqué le Château de Tomar, le quartier des Templiers.
Avec tous les efforts des musulmans, les Templiers ont bien résisté au siège et enfin, les
Maures ont abandonné la lutte et se sont retirés. Ce fut l'un des moments de gloire des Templiers, en
montrant à laChrétientéqu’ils étaient l'un des piliers de défense de la Péninsule Ibérique.
Ce ne fut pas la seule bataille remportée par les Templiers contre les musulmans dans ce
Royaume, ils ont participé à tous les combats, grands ou petits, des rois portugais, jusqu'en 1300.
L’une des batailles plus importantes fut celled’Alçacar do Sal, en 1217, quand les Templiers
se sont avérés être la deuxièmeforce principale du Royaume. Ainsi on explique le soutien et la
protection permanents que l’Ordre des Templiers les a reçus de la part de tous les rois portugais, près
de cent cinquante ans, étant une partie des forces chrétiennes dans la Reconquista.
34 15 Tomar dos Templários, a sedeportuguesa da Ordem dos Templários, Ademir Luiz da Silva, RevistaMosaico, v.4, n.1, p.92-103, jan./jun. 2011
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Le château de Tomar et le château d’Almorol sont parmi les plus importantes constructions
bâties et utilisées par les Templiers au Portugal, représentatives pour leur art constructif. Le Château
de Tomar fut exploré au cours des siècles par de nombreux chasseurs de trésors, parce qu'une
légende bien connue dans la région dit qu'en 1312, dans les souterrains du château, a était caché la
fortune des Templiers du Portugal. L’histoire de plus de cent cinquante ans du château est l'histoire
des Templiers portugais, du Royaume même. Beaucoup de superstitions et d‘histoires on racontesur
ce siège général de l'Ordre des Templiers, qui cacherait de terribles secrets.
Par ailleurs, sur le château d’Almorol circulent ausside diverses légendes, contes et
superstitions, en disant même qu’il serait hanté par les fantômes des Templiers et ceux des
prisonniers maures.
L'établissement de l'ordre Militaire du Christ35
(OrdemMilitar de Crist, nommé initialementOrdem dos Cavaleirosde NossoSenhorIsusCristo)
Le Roi Denis Ier du Portugal eut la même position à l’égard de l'édit de dissolution de l'ordre
des Templiers, pareil au Roi Jaime de Leon et Castille. Il n’est pas erroné de dire que les deux rois se
sont consultés et ont adopté une position commune envers le Pape. Nous comptons, dans la présente
affirmation, sur le fait que leurs relations se sont améliorées après l'an 1310 et que leurs intérêts
communs de défense contre les Maures primaient sur la décision du Pape Clément de supprimer une
de leurs principales forces militaires. Et leur position eut les mêmes caractéristiques: ils ont refusé
d'abord, la mise en œuvre de l'édit papal, puis ont retardé l'abolition de l'Ordre du Temple et enfin,
pour ne pas perdre cette importante force militaire, chacun d'entre eux a accepté de mettre en place
un nouvel ordre de chevalerie. Ils ont pensé la mise en place de cet ordre pour pouvoir prendre les
chevaliers, les sergents et les aumôniers templiers, ainsi que leurs propriétés.
Mais, l'aspect le plus important est que les deux rois ont sollicité l'aide de l'Ordre Cistercien
pour dresserles statuts des nouveaux ordres chevaleresques, pour l’organsation de ceux-ci et
l’obtention de la reconnaissance papale,en tant qu’ordres d'inspiration cistercienne.
En fin de compte, on pourrait penserqu’on a juste changé les noms des ordres de chevalerie et
les grands maîtres, parce que les règles de base, les vêtements, les missions, même les commanderies
sont restées à peu près les mêmes, celles templières.
Le légat du Pape et à travers lui, le Pape, étaient intéressés, tout comme le roi Denis Ier, de la
mise en place d'un nouvel ordre de chevalerie, parce qu’ainsi, ils transféraient les propriétés des
templiers et on abolissaitfinalement, l’Ordredes Templiers. Sinon, on compromettait juste le prestige
et l'autorité papale dans la Péninsule Ibérique. C'est pourquoi le légat du Pape acceptatoutesles
35 Jean-François Labourdette, professeur émérite à l’université Charles de Gaulle – Lille III, “L'Ordre du Cristo u l'esprit de croisade perpétué”.
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conditions imposées par le roi à l’égarddu nouvel ordre religieux et militaire. Dans le même temps, le
Pape était conscient que les deux rois, Jaime II d'Aragon et Denis Ier du Portugal avaient coordonné
leurs positions envers l'édit papal d’abolition de l'Ordre des Templiers, leurs intérêts de défense étant
en contradiction avec l'édit papal. Peut-être qu’il avait même reçu des informations à cet effet des
représentants pontificaux à la Cour des deux rois.
Denis Ierobtint le soutien de l'Ordre cistercien pour dresser le statut du nouvel ordre
chevaleresque et pour appuyer sa demande justedevantle Pape Jean XXII. Il s‘agissait d’un
compromis fait tantpar le roi Denisque par le Pape, mais il n'était pas leur compromis final pour
résoudre cette question de vanité, en dernièreinstance.
Ainsi, en 1317, le Roi Denis Ier, disposa, avec l'accord du légat du Pape et la participation de
la Diocèse de Faro, la mise en place de l’Ordredes « Chevaliers de notre Seigneur Jésus Christ
« ,Ordem dos Cavaleiros de NossoSenhorJesus Christ. Le siège principal de l'ordre était dans le petit
fort CostroMarim, à proximité d’Algarve, ville située au sud-est du Royaume. L'ordre est devenu
fonctionnelpendant l’étéde la même année, chose facile à faire, étant donné qu'il s’agissait juste
formellement, d’un successeur de l’Ordre Templier, pratiquement étant le même ordre avec les
modificationsrequises par les circonstances politiques, religieuses et historiques du moment. Il y
avait, cependant, un changement en ce qui concernaitle Magister generalis. Celui-ci était nommé par
le roi et plus tard, à partir de 1400, la nomination était faite directement par le Pape.
Ainsi, deux ans plus tard, au cours de l'année 1319, le Pape admettaitl’établissement de
l’OrdemMilitar de Christ, par la Bulle Papale « Ad ea ex Quibuis», publiée juste avant la fête des
Pâques.
L'ordre avait comme patron spirituel à Saint Benoît et Magister generalis a été nommé un
chevalier de l'Ordre d'Aviz, Gill Martinez.
Les règles contenues dans la Constitution de l'ordre ont été élaborées par l’Ordre Cistercien,
selonle modèle déjà consacré des Chevaliers Templiers et des ordres espagnols, celui de Calatrava,
d’Alcantrara et, plus récemment, deMontesa.
Les vêtements portés par les Chevaliers étaient nobiliers (des pantalons serrés sur la cuissede
la jambe, des bottes, la chemise et legilet), au-dessus duquel ils portaient la robe blanche avec une
croix rouge.
L’Ordre des Chevaliers du Christ avait pour mission la défense du Royaume du Portugal
contre les Maures, en participant à des expéditions et combats partout où ilserait nécessaire sur le
territoire ibérique occupé par les musulmans. Cela imposait, dans la vision du Pape, la collaboration
de tous les ordres de chevalerie chrétiens de la péninsule, ordres qui agissaient sous son autorité.
Le choix de l'emplacement à Costro Marin avait comme raison principale le renforcement de
la frontière sud du Royaume. Au centre et au nord du pays, dans des régions moins exposées à des
dangers externes, il existait déjàdes commanderies templières reprises par le nouvel ordre.
Après la mort du Roi Denis, en 1325, le fils de celui-ci, Alfonso IV, reprit le Royaume et eut
un règne relativement pacifique, surtout après la victoire obtenue en 1340, dans les affrontements
violents de Rio Salado. En vainquant les Maures, il obtint une sûretébienvenue à la frontière sud du
Royaume. Durant son règne, les ordres de chevalerie ont bénéficié des privilèges obtenus
antérieurement sans d’autres nouveaux gestes royaux de reconnaissance. De 1357, le trône du
Royaume revient à son fils, Pedro Ier. Celui-cidéplacele siège de l'ordre militaire du Christ à Tomar,
au château des Templiers. Le déménagementfut effectué une année après son couronnement, mais on
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le trouve dans certains documents comme étant réalisé par le Grand maître Rodriguez Nuños, en
1366.
Un moment important dans l'histoire d’OrdemMilitar de Crist le constitue la
nominationcomme Grand Maître, du Prince Henrique de Avis y Lancaster, Duc de Viseu, surnommé
Henrique (Henry) le Navigateur36(Henrique oNavegador).
Le fils du roi Joan Ier, le Prince Henrique a été nommé à la tête de l'ordre comme magister
generalis, en 1417. À partir de cette année-là, conformément à un décret papal, l'ordre allait être
dirigé par des membres de la famille royale37. Et de 1551, par Bulle Papale, l’ordrepassa sous pleine
autorité royale.
Henrique le Navigateur était un ȇtre énergique, passionné de la connaissance et cherchait le
nouveau et le beaudans l'art et dans la nature. Il ne s ’est pas remarqué par une stratégie militaire
notable ouune pensée politique stratégique, bien qu'il ait participé à l'expédition de son père au
Maroc et à la conquête de la cité de Ceuta.
La forteresse est devenue un lieu stratégique et un point de départ auquelHenrique et son
ordre chevaleresque l’ont utilisé pour faire des voyages vers l'Afrique. Il est dit que le Maître
Henrique a organisé la vente d'esclaves arabes en Afrique, aux diverses tribus,sur la côte du
continent.
Pour réaliser les voyages sur la mer, Henrique s’est formé une petite flottille, les naviresde
l’ordre se déplaçant le long des côtes africaines, au-delà de Gibraltar, jusqu’au bord de la côte ouest
du Maroc. Les principales actions militairesque les chevaliers et les marins de l'ordre ontdéroulées,
étaient ceux avec les pirates maures, qui attaquaient et dévalisaient les ports ibériques.
Après la mort du Roi Joan Ier, le père d’Henrique, le trône du Royaume revintà Eduardo, le
frère d’Henrique, homme avec une riche culture, attiré par l’art, la musique et la littérature.
En voyant la passion d'Henriquepour les voyages, son frère, devenu roi, l’a toujours
encouragé et soutenu. Par ailleurs, Eduardo a donné àl’Ordre des Chevaliers du Christ,
d'innombrables privilèges. Ainsi, l'ordre était exempté de tout impôt sur les propriétés qu'ils avaientà
Algrave, dans le Diocèse de Faro, ville située sur la rive sud du Royaume, un peu vers le nord-ouest
de Gibraltar.
Pour clarifier les relations entre les commanderies au sein de l'ordre, en 1421, Henrique a
adopté un nouveau statut, celui de l'ordre de Calatrava, en le transformant ainsi dans un ordre avec
du spécifique ibérique. Les transformations faites à l’intérieur de l'ordre étaient nécessairesaussi à
cause du fait quele Roi Eduardoa étendu la compétence territoriale, militaire et religieuse de l’ordre,
au-delà des territoires du Royaume, respectivement, aussi sur les nouveaux territoires découverts
par les navigateurs de l’ordre. Cela a attiré la bienveillance du Pape Nicholas V et de son
successeur, Calisto III, intéressés par la diffusion du catholicisme parmi les tribus africaines. Par les
édits de 1454 et 1456, les navigateurs de l’ordre des Chevaliers du Christ devaient déclarer les
36 Richard Henry Major, The discoveries of Prince Henry, the Navigator, and theirresults, 1877, London: Sampson, Low, Marston, Searle and
Rivington.
37 Ordem de Cristo, in Infopédia (emlinha), Porto: Porto Editora, 2003-2014.
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nouveaux territoires découverts, comme des territoires diocesisnullius, sous l'autorité du monastère
Santa Maria de Tomar.
Le Roi Eduardo accorda aussid’autres privilèges à son frère Henrique. Ainsi, l'Ordre du
Christ recevait cinq pour cent du bénéfice obtenu du commerce avec les territoires découverts par ses
marins, ainsi que le droit absolu d'autoriser des expéditions maritimes au sud du Cap Bojador, situé
sur la côte ouest du Maroc.
Ces privilèges ont conduit à l'enrichissement de l'ordre, fait qui a facilité l'organisation des
expéditionsindépendantes. Les membres de l'ordre, des constructeurs des navires, ont inventé un
nouveau type de navire, la caravelle. À la différence des vieux navires qui avaient un seul mât, la
caravelleavait deux ou trois mâts avec des voiles faciles à manier et le fond plat, pour naviguer près
des rives dans des eaux peu profondes. Ce fut une véritable révolution dans la navigation, ce qui
entraîna l'expansion des établissementsdu Portugal. De la caravelle inventée par Henrique, en
ajoutant de l’armement, fut construite la caravelle d’Armada, naviremilitaire pourmener les batailles
sur mer.
Du nom de l'ordre et de celui de son maître sont liées de nombreuses expéditions et
découvertes territoriales, comme les Îles Açores, Cap-Vert, Guinée, etc. L’organisation et le contrôle
des routes maritimes principales de l'Europe vers l'Orient, furent réalisés grâce à l’ordre.
La plupart des grands navigateurs portugais pendant les découvertes géographiques, étaient
des membres de l'ordre et naviguaient sous les deux drapeaux: celui du Portugal et celui de l'Ordre
du Christ. Christophe Colomb avait aussi sur le mât le drapeau de l’Ordre du Christ.
On observe que l'ordre des Chevaliers du Christ a reçu aussi d’autres missions que celles
traditionnellesde combat contre les Maures, c’est-à-dire de découvrir de nouveaux territoires et de
lesoccuper au nom du Royaume du Portugal et de la foi catholique. Cependant, les commanderies
militairesont continué de participer aux batailles contre les musulmans dans la Péninsule Ibérique.
Au cours des siècles suivantes, l'Ordre du Christ a été à l'avant-garde de l’extension et de la
défense du système colonial portugais, tout en contribuant à civiliser des nombreuses régions
d'Afrique. Les militaires del’ordre ont intervenu dans les villes, contre quelques émeutes, mais aussi
pour la protection des portugais colonisateurs.
L'Ordre du Christ, comme il était communément nommé, a existé en tant qu’ordre
chevaleresque, militaire et religieux jusqu'en 1834, quand tous les ordres chevaleresques portugais
ont été dissous.
Il fut rétablien 1918, comme ordre honorifique de grand prestige, le chef de l'ordre étant le
Président de la République.
*
La contribution de Saint Bernard de Clairvaux à la spiritualité du Moyen Ȃge,
audéveloppement dela pensée religieuse par ses idées innovantes, par l’organisation d’un nouveau
modèle administratif du clergé catholique, celui de l’ordre cistercien, est largement reconnue,
devenant l'un des plus importants prélats de l'histoire. La reconnaissance est venue non seulement par
45
sa canonisation en 1174 et l’attribution du titre honorifique de Père et Docteur de l'Église, mais aussi
par son choix comme le patron spirituel de Gibraltar, de nombreux ordres de chevalerie, en
commençant par l'Ordre du Temple ainsi que la fixation de sa célébration annuelle le jour du 20
août.
Par le soutien accordé aux ordres de chevalerie par lui-mȇme, ainsi que par l’ordre cistercien,
par l’appui des croisades, nous pouvons l'appeler sans faute, un Chevalier de l'Église etPatron du
chevalerisme.
Saint Bernard de Clairvaux a eu un esprit intéressé et intelligent, une attitude
et une conduite pragmatiques, une âme de vrai chrétien, un coeur de combattant dans un corps
délicat, d'ascète, habillé de la soutane blanche de la propreté spirituelle et matérielle. Peut-être que
parfois, il s’est trompé, parce qu’il était humain, mais sa pensée était toujours à l’Ascension à travers
la vraie foi en Christ et par ses faits matériaux, il s'est efforcé d'accomplir sa destinée.
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