agricoles et en conséquence une plus grande disponiblité en main-d’œuvre
familiale, le développement des exploitations commerciales et l’accroissement
des revenus - permettant la croissance des activités rurales non agricoles -, la
migration vers les villes et le transfert progressif de la main-d’œuvre vers de
nouveaux secteurs d’activité (industries et services). Cependant, cette évolution
standard, au cœur du référentiel de « l’économie de développement », s’avère
de moins en moins pertinente en regard des nouvelles réalités de l’économie
mondiale. Tout d’abord, l’hétérogénéité entre pays en développement est
considérable. Les pays qui relèvent de cet ensemble disparate que sont les PED
ont, de toute évidence, des avantages comparatifs, des populations et des
marchés intérieurs de nature et de taille différentes (cf. par exemple, la Chine ou
le Brésil et le Botswana ou le Belize). Ensuite, loin d’enregistrer une diminution
de la main-d’œuvre agricole, de nombreux pays à faible revenu et à revenu
intermédiaire conservent encore une proportion élevée de leur population active
dans l’agriculture. Enfin, pour de nombreux PED, les opportunités de
développement d’autres secteurs d’activités restent encore souvent très limitées,
du fait des asymétries en termes de capital, de technologies, de compétences,
etc., alors que les marchés mondiaux sont toujours plus concurrentiels. Ainsi,
aujourd’hui, la situation des pays les plus pauvres ne peut en aucun cas être
comparée à celle des pays développés actuels il y a 150 ans.
La répétition des processus antérieurs n’est pas possible, en particulier parce
que les modalités du changement agricole dans les pays en développement sont
modifiées par deux principaux phénomènes. En premier lieu, les processus
d’intégration économique se sont accélérés en conséquence des révolutions
techniques (en matière de transport de marchandises, de gestion de l’information
et de marchés financiers), mais aussi bien évidemment de la généralisation des
politiques de libéralisation. Ce mouvement se traduit par une confrontation
entre différents « types » d’agricultures, caractérisés par des différences de
productivité agricole considérables. La productivité des quelques millions
d’agriculteurs qui ont tiré parti de la révolution agricole, principalement localisés
dans les pays développés et dans quelques régions des PED, est sans
commune mesure (écart de 1 à 1 000) avec celle de centaines de millions de
petits agriculteurs qui travaillent toujours avec des moyens manuels. Les
producteurs qui ont adopté le « paquet technique » de la révolution verte et la
traction animale sont mieux lotis. L’écart n’en reste pas moins énorme (1 à 50)
avec l’agriculture de l’Union européenne et des Etats-Unis, tout comme avec les
entreprises les plus modernes des pays du Groupe de Cairns (Mazoyer 2001).
Ces écarts de productivité constituent, de toute évidence, un obstacle
insurmontable à la compétitivité, en particulier dans le contexte d’une
concurrence croissante.
En second lieu, le développement rapide de la mondialisation des filières et
des marchés agricoles et agro-alimentaires (contractualisation, intégration
verticale, échanges longue distance, « révolution des supermarchés ») a eu un
impact sur la structure et la configuratrion des systèmes agricoles. Ce