Pathologie infectieuse 591
On peut ainsi maintenant éviter la monotonie antibiotique par les glycopep-
tides, qui était la règle dans les années 90. Des médicaments nouveaux sont
attendus : le ceftobiprole est une céphalosporine très active sur les SARM. Elle
a un spectre par ailleurs grossièrement identique à celui du cefotaxime. La tigé-
cycline, une nouvelle glycylcycline, très active sur tous les cocci à gram positif
y compris les MRSA, GISA, VRSA, VRE, et active sur la plupart des BGN sera
disponible probablement prochainement [4].
Par contre, les nouveaux produits sont rares contre les BGN multi-
résistants.
Les nouveaux carbapénèmes (meropenem, doripenem) n’ont pas un spec-
tre beaucoup plus large que l’imipénème, chef de file. Le seul produit vraiment
nouveau est la tigécycline [4]. Outre son activité sur les cocci à gram positif, ce
produit est actif sur les entérobactéries multi-résistantes, les Acinetobacter spp.
Par contre ce produit n’a pas d’activité sur le pseudomonas, ce qui rendra son
emploi en empirique assez difficile (Tableau I).
4. QUELS SONT LES ANTIBIOTIQUES QUI RISQUENT DE DISPA-
RAÎTRE, ET QUI SONT POURTANT INDISPENSABLES ?
De nombreuses firmes pharmaceutiques ont tendance à abandonner des
antibiotiques considérés comme très utiles par les cliniciens. C’est le cas du
sulbactam, inhibiteur des ßlactamases bien actif sur les souches d’Acinetobacter,
de la cefoxitine, cephamycine active sur les entérobactéries porteuses d’une
ßLSE, du céfépime, céphalosporine récente active sur les céphalosporinases
chromosomiques inductibles dites « déréprimées » (Enterobacter cloacae, E.
aerogenes, Citrobacter freundii…), du sulfaméthoxazole-triméthoprime. Ces
antibiotiques étant des « niches thérapeutiques », ils ne représentent pas un
intérêt financier pour les firmes et il faudra se battre pour les conserver.
5. STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES
D’une façon générale, mais particulièrement lorsqu’un microorganisme n’est
plus sensible qu’à quelques antibiotiques, il est particulièrement important de
respecter certaines règles [5] : essayer d’obtenir le plus vite possible des taux
plasmatiques et tissulaires élevés, utiliser une bithérapie, mais uniquement en
fonction du germe en cause (colimycine + fosfomycine par exemple pour un
pseudomonas, imipénème seul sur pour un acinetobacter), surveiller les taux
plasmatiques pour optimiser la pharmacocinétique et réduire la toxicité, surveiller
la bactérie visée par des prélèvements sans traitement.
Pour certains produits ayant un effet « temps dépendant », il est utile d’uti-
liser une perfusion continue, après un bolus initial. Les deux produits les plus
souvent utilisés de cette façon sont la vancomycine et la ceftazidime. Les taux
plasmatiques recherchés doivent être assez élevés 30 à 40 µg.ml-1 pour éliminer
les bactéries rapidement et éviter de sélectionner des bactéries encore plus
résistantes [6].
Dans certains cas de pneumopathies, en particulier nosocomiales, on peut
également utiliser certains produits par aérosol ultrasonique. C’est le cas des
aminosides (nebcine, amikacine) [7] et de la colimycine. Les taux pulmonaires
obtenus paraissent particulièrement élevés chez l’animal [8]. Des études sont