Appartements du Connétable - Musée national de la Renaissance

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CHAMBRE ET ANTICHAMBRE
Appartements du connétable
chambre et
antichambre du
Connétable
L
e premier étage de l’aile sud du château était réservé aux appartements du connétable Anne de Montmorency et à ceux de sa femme
Madeleine de Savoie. L’appartement comportait deux «sallettes» ou bien
une antichambre, une chambre dotée d’une petite garde-robe et d’un
accès à un oratoire ouvrant sur la chapelle. La cloison entre l’antichambre
et la chambre a disparu, mais sa position est visible grâce au retour du
décor peint de la poutre qui la surmontait. La pièce unique actuelle comporte d’ailleurs deux cheminées. Cet appartement se poursuivait par des
pièces à caractère privé : la galerie couverte, détruite au XVIIIe siècle,
aboutissant à une chambre dotée d’une garde-robe, dans le pavillon nordest (actuelle salle des broderies de l’Arsenal), et l’appartement des bains
dans les sousbassements, ainsi que la bibliothèque au-dessus de la chapelle.
es deux cheminées peintes évoquent l’Histoire des Jumeaux Esaü et Jacob. À l’est (1), la Chasse d’Esaü (Genèse XXV 39) et la Bénédiction de Jacob (Genèse XXVII - I) dans le cartouche. À l’ouest (3), Jacob gardant les troupeaux de Laban
(Genèse, XXIX-1) et l’Échelle de Jacob (Genèse XXVIII-10) dans le cartouche. Ce choix iconographique renvoie au
thème de l’élection divine et plus particulièrement à celui du règne des cadets. On peut donc penser qu’Anne de Montmorency fils de cadet et cadet lui-même – ait voulu identifier sa personne, ainsi que celle du roi Henri II – cadet également – au personnage biblique de Jacob, créant ainsi une double allusion à la famille royale et aux Montmorency, en accord avec la destination
semi-royale de l’édifice ; en outre, dans le contexte d’un pays déchiré par l’apparition de la Réforme protestante, le choix d’épisodes de l’Écriture Sainte peu connus et peu représentés affirmait la ferveur et l’érudition de son catholicisme.
L
Sur la première cheminée, le décor qui entoure le cadre ovale est consacré à la famille Montmorency ; les deux figures peintes,
inspirées des stucs en relief du château de Fontainebleau, soulèvent des draperies à fond d’or ornées d’alérions d’azur, armoiries
du connétable ; les filets, flèches, carquois, pieux et chiens évoquent sa passion pour la chasse, en lien avec la chasse d’Esaü. L’encadrement de la seconde cheminée, rectangulaire, est décoré de personnages de face portant une jarre et de deux figures de dos
marquées par l’art maniériste. Ils sont pris dans un décor surabondant de cuirs (motif décoratif figurant un cuir découpé s’enroulant sur lui-même), de ferronneries et de guirlandes de fruits. Sur les deux cheminées, le peintre a su allier le style italien,
connu grâce aux artistes de Fontainebleau, et le goût pour le paysage venu du Nord.
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La chaire (dépôt du Louvre OA 3116), est une production française
du début du XVIe siècle.
Le coffre (E.Cl. 20407 situé à droite de la cheminée est orné du
dieu Neptune. Sur ce coffre et sur celui situé le long du mur sud,
sont présentés deux rafraïchissoirs créés à Urbino (E. Cl. 1563 et
E. Cl. 1561) permettant d’évoquer le goût marqué des princes
d’Europe pour ce type d’objet d’apparat.
L’iconographie du tableau sur toile représentant une Figure allégorique féminine (Ec. 49) reste énigmatique. Elle est l’œuvre
d’un peintre français influencé par la deuxième École de Fontainebleau, comme en témoignent le canon allongé du corps, la préciosité du geste et l’emploi de couleurs froides.
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Le meuble à deux corps (Ec. 331) a été réalisé après 1585 par
Hugues Sambin (vers 1520-1601) architecte et menuisier dijonnais.
Sa production se reconnaît grâce à un certain nombre de traits
(termes et satyres), et l’exécution de certains détails (têtes laurées,
bonnets côtelés). Il donnait les modèles, se réservant la taille des
éléments décisifs comme ici le Jupiter et les deux satyres latéraux.
Il s’associait souvent au peintre Evrard Bredin, qui réalisait les
peintures en camaïeu or. Son style se reconnaît dans les scènes
peintes sur les vantaux d’après les gravures de Bernard Salomon et
consacrées à Jacob et à son fils Joseph (Genèse, XXV, XXX et
XXXVII) : la Naissance des Jumeaux Esaü et Jacob, et l’Abandon
par Esaü de son droit d’aînesse en faveur de Jacob pour le prix
d’un plat de lentilles (en haut) ; la Naissance de Joseph, fils de
Jacob et de Rachel ; Joseph jeté dans un puits par ses frères (en
bas). Ce meuble à deux corps se trouvait au château de Thoisy-laBerchère (Côte d’Or) avant son entrée dans les collections nationales en 2001, sans que cela ne signifie qu’il ait été réalisé pour ce
lieu.
À côté, le meuble à deux corps aux proportions et aux sculptures
identiques (dépôt du musée des Beaux-Arts de Dijon, inv. 20045-1) pourrait être une autre création de l’atelier de Sambin comme
une copie plus récente montrant l’engouement durable des réalisations de ce célèbre architecte-menuisier.
De part et d’autre, sont présentés deux panneaux (dépôt du musée
des Beaux-Arts de Dijon, inv. 3934 a et b) signés Evrard Bredin
et datés de 1575. Ils représentent la Destinée et la Pauvreté, accompagnées des inscriptions «Quo te fata vocant» («là où le
destin t’appelle») et «Sed trudor ad ima» («mais je suis poussé
vers l’abîme»). Ces deux allégories sont inspirées des Emblèmes
d’André Alciat.
Le coffre (E. Cl. 9391) placé à droite de la fenêtre est orné, en façade, du Sacrifice d’Abraham d’après une gravure de Bernard Salomon et, sur le côté gauche, de Vénus présidant aux mois du
printemps d’après Hendrick Goltzius.
Au-dessus, La Lapidation de saint Étienne (acquisition 2006 ;
Ec. 1850) montre notamment un moine chartreux en prière qui a
permis de rapprocher cette oeuvre de son pendant La Conversion
de saint Paul (église de Gaujac, Lot-et-Garonne). Le style marqué
par Raphaël correspond pourtant bien à la facture de l’atelier du
peintre parisien Jean Cousin le Père qui oeuvra vraisemblablement
au décor des cheminées du château d’Écouen.
À gauche de la seconde cheminée, la Porte du Scrin (dépôt du
musée des Beaux-arts de Dijon) est une des rares oeuvres attribuées
avec certitude à Hugues Sambin. En 1583, il était payé par les
Trésoriers du roi pour la clôture de la chapelle du Saint-Esprit et
la porte du Scrin (du latin scribere : écrire). Cette porte fermait
le local des archives du palais du Parlement du duché de Bourgogne
devenu palais de Justice de Dijon. Elle porte tout le répertoire
décoratif cher à Sambin notamment les trophées d’armes et le
masque féminin au menton drapé également visible sur les deux
meubles exposés dans cette salle.
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À gauche de la fenêtre, est présenté le portrait de l’empereur
Charles Quint (ancienne collection Du Sommerard, prêt Louvre,
RF 995) d’après un original du Titien ; l’Empereur porte l’armure
évoquant sa victoire sur les princes protestants allemands à Mühlberg en 1547. Tout comme sa soeur, la reine Éléonore, il a toujours
porté Anne de Montmorency en très haute estime.
Le studiolo (dépôt du château de Maisons, M.L. 125) en noyer a
été commandé par le cardinal Alexandre Farnèse (1520-1589) au
menuisier Flaminio Boulanger en août 1578 pour son palais à
Rome. Grâce à de nombreux tiroirs et tablettes, il abritait les collections de monnaies, gemmes antiques, statuettes en bronze,
objets archéologiques, dessins et manuscrits du cardinal. Le corps
supérieur est conçu comme un grand arc de triomphe soumis dans
son dessin à l’architecte Vignole. L’arcade centrale porte les armes
du cardinal Alexandre Farnèse. La conception monumentale de
ce studiolo (cabinet) ainsi que l’unité du matériau employé le distingue de tous les studioli de son temps. Il n’en demeure pas moins
emblématique de la culture humaniste de l’Italie du XVIe siècle.
Il est surmonté d’un tableau représentant Vénus et l’Amour (E.
Cl. 13306), production française du milieu du XVIe siècle. De
part et d’autre, deux chaises tournantes sur pivot dites à tort «caquetoires» (dépôt Louvre, OA 3117 et OA 3118) peuvent être replacées dans la production française de la seconde moitié du XVIe
siècle.
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Les deux tables à éventail (E.Cl. 13 299 et 14 120) ont été produites en France dans la seconde moitié du XVIe siècle et rappellent
les gravures de mobilier de Jacques Androuet Du Cerceau.
03/02/2016
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