AOUBA Soumaïla- Manuel de Droit foncier
résultats demeurent très mitigés. Le législateur foncier face à l’extrême sensibilité des questions
terriennes ou foncières semblent dépassé car très hésitant et dubitatif : Comment va-t-il
concilier le droit moderne et le droit coutumier ?
7. Pays très enclavé, le Burkina Faso comme beaucoup d’autres pays est un pays
agricole qui connaît de nombreuses contraintes dans les domaines agraires et fonciers. Bien que
l’agriculture soit pratiquée par près de 90% de sa population, le Burkina n’est pas encore
parvenu à l’autosuffisance alimentaire. Pire, l’insécurité alimentaire va grandissante surtout
avec le phénomène de la vie chère, entraînant de forts risques permaments de crise
alimentaire sans précédent. Cette insécurité alimentaire s’explique dans une large mesure par
les modes de productions agricoles et d’exploitation de terres qui demeurent archaïques, mais
aussi par la forte pression démographique, par les vastes mouvements migratoires en direction
des villes et des zones fertiles, par les pratiques culturales destructrices de l’environnement, .
De même, l’occupation et l’exploitation collective ou familiale des champs et habitats est
progressivement abandonné au profit d’une exploitation individuelle, occasionnant un besoin
supplémentaire d’espace agricole et d’habitation. L’agriculture n’arrivant pas à subvenir aux
besoins des populations locales, ces populations en majorité juvéniles, se déplacent en masse
vers les grands centres urbains notamment Ouagadougou, Bobo-Dioulasso à la recherche de
meilleures conditions sociales. . Ces paysans migrants, préfèrent de plus en plus les villes
auxquelles elles s’agrippent quel qu’en soit les conditions. Toutefois, chaque migrant, bien
qu’ayant abandonné ses terres, souvent même définitivement, se réclame toujours et
indéfiniment propriétaire de son fonds, interdisant tout autre demandeur à s’y installer. Cela ne
peut alors que générer des conflits car il s’agit souvent de pratiques coutumièrement admises
mais inconnues du droit positif. Cet exode massif vers les grandes villes, explique également,
du moins en partie, la question foncière et imùmobilière à laquelle sont confrontées les deux
plus grands villes du pays. La question se pose aussi, de facon non moins préoccupante en
milieu rural, du fait l’inadaptation des lois, leur désharmonie avec la gestion traditionnelle des
terres, entrainant fréquemment des conflits entre agriculteurs et entre ceux-ci et les éleveurs
etc.
8. Pour tenter de résoudre ce problème foncier, les pouvoirs publics ont, succesivement,
du moins depuis le CNR, ébauché des réformes diverses. Ainsi, se fondant l’inadaptation du
code civil, une Réorganisation Agraire et Foncière (RAF) fut adoptée
par le CNR. Mais, cette loi
, a été profondément modifiée en 1991
puis encore en 1996.
. Une autre succédera à cette
dernière moins de 15 ans après, soit en 2009
.
9. Le droit foncier est donc une matière ancienne, , complexe et sensible dont la
compréhension nécessite bien des explications aussi bien d’un point de vue terminologique
(Chapitre préliminaire) que conceptuel, s’agit surtout du foncier (Chapitre1). C’est cette
complexité qui parait à l’origine d’incessantes réformes (chapitre 4). De même, il apparaît que
la propriété est au centre de la question foncière avec les droits qui en sont liés (Chapitre3).
Enfin, une revue des litiges et conflits fonciers et leurs modes de règlement (Chapitre 5) doit
permettre de faire des propositions, recommandations à même de juguler le phénomène
Promulguée par le décret 96-203 du 24 juin 1996, J.O.BF du 08 août 1996, p.1663. Le décret d’application de cette
loi date du 6 février 1997, décret 97-54 portant conditions et modalités d’application de la RAF