Résumé
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1. POSITION DU PROBLÈME ET CONTEXTUALISATION
1.1. Introduction
La survenance simultanée de l’abus de substances et d’un autre trouble psychiatrique majeur
(double diagnostic ou co-morbidité) est un problème complexe. En raison de cette complexité
notamment, un pourcentage significatif des personnes faisant l’objet d’un double diagnostic se
retrouvent également en prison pour une peine de courte ou longue durée.
À ce jour, et certainement en Belgique, peu d’enquêtes ont été menées concernant le double
diagnostic dans les prisons. Ainsi, on ignore par exemple le nombre de détenus dans des prisons
belges qui sont concernés par la co-morbidité. Une telle situation souligne la nécessité d’une
méthode systématique et appropriée visant à détecter et diagnostiquer le double diagnostic dans
un environnement pénitentiaire. C’est donc dans ce contexte de réalité que le projet d’étude
«Usage de drogue et psychopathologie dans les prisons: Une étude exploratoire pour le
développement d’une méthodologie» a vu le jour. Le présent rapport aborde le déroulement et
les résultats de ce projet.
1.2. Contextualisation de l’étude
Des études internationales révèlent un degré de prévalence élevé de la comorbidité chez les
consommateurs de drogue, quid est l’apparition d’un trouble psychiatrique majeur (cfr. DSM-IV,
Axe I et Axe II) combiné à l’abus de substances (Hasin et al., 1996). Dans un contexte
pénitentiaire surtout, beaucoup de gens semblent satisfaire aux critères d’un « dual diagnosis »
ou « double diagnostic » (Eden et al., 1997; Katz, 1999; Timmerman & Emmelkamp, 2001). Outre
les conséquences négatives pour les clients individuels qui font face à une problématique de
double diagnostic, notamment en raison du manque de structure de soins élaborée, le
phénomène de comorbidité influence fortement l’atmosphère générale au sein de la prison.
Cependant, une enquête récente révèle que les chiffres de prévalence (généralement élevés)
rapportés dépendent fortement de la méthodologie d’évaluation utilisée (Heilig et al., 2002). Cela
souligne sans doute la nécessité de procédures plus systématiques, réfléchies, précises et
complexes en vue de diagnostiquer la comorbidité (Heilig et al., 2002). En outre, le constat
évoqué plus haut semble s’appliquer principalement dans des environnements spécifiques,
comme les prisons, où la mise en œuvre de procédures d’évaluation dépend fortement de
conditions périphériques particulières (Black et al., 2004). En effet, souvent, les instruments
existants ne sont pas validés dans les environnements pénitentiaires; on y trouve (plus) souvent
des réponses sociales souhaitables ou d’autres formes de réponses ; et l’organisation de
batteries de tests étendus représente fréquemment des difficultés pratiques et financières, ce qui
a pour effet de limiter les protocoles d’évaluation actuels à l’utilisation d’instruments d’auto-
évaluation par écrit (Megargee, 1995; Richards & Pai, 2003; Shearer & Carter, 1999).
Parallèlement à ces constats engendrés par des études internationales, il est donc naturel de
contextualiser le projet d’étude décrit ici. Dans le monde pénitentiaire belge, à ce jour, l’utilisation
de procédures de screening ou d’évaluation normalisées reste en effet limitée pour la détection
du phénomène de comorbidité chez les détenus.