Le Cancer.
Gros mot. Mot gros. Trop gros. Bien avant son contenu, c’est le mot
qui m’a assommé.
Certains amis bien informés ont dit que « j’étais malade »; à la radio,
les acteurs meurent « d’une longue et douloureuse maladie ». J’en
viens à me demander, le dire, serait-ce l’attraper ?
Il faut pourtant apprivoiser le mot pour le contraindre à
l’amaigrissement. L’utiliser pour le fatiguer. L’utiliser pour insister sur
la multiplicité des pathologies qu’il recouvre.
Dénoncer par exemple la perdie de l’article. LE Cancer ne signie
rien. Il n’y a pas LE cancer mais des cancers aussi variés, singuliers,
différents que de tumeurs, d’organes concernés, de malades, d’effets
secondaires. Il y a DES cancers.
Inutile donc de se sentir concernée par toutes les pathologies : celle
de l’oncle, du grand père, de l’actrice ou de la sœur de la copine.
Soulagement pour la malade. Isolement aussi dans une maladie
unique, taillée sur mesure.
LE Cancer. Une erreur d’article qui explique bien des terreurs.
La famille tumeur (à ne pas confondre avec la famille tu-meurs)
Le petit article
ses grandes consequences
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