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1. Introduction
Parvenir à l’analyse et la prévision des principaux agrégats économiques devient pour tout pays un exercice
incontournable dans la réalisation de leur politique de développement et de croissance, et notamment de leur
programmation financière. Pour atteindre ce but, il convient de disposer d’instruments de mesure pertinents, et
donc de statistiques économiques, financières et sociales pouvant être utilisées efficacement dans le cadre de
modèles macroéconomiques. Aussi, une des tâches principales de la recherche en macroéconomie consiste à
comprendre comment chocs (évènements inattendus) et changements systématiques de politique affectent les
variables macroéconomiques à court et long terme. L’économie, nous en sommes tous témoins, est
constamment affectée par des évènements imprévus (hausse soudaine du prix du pétrole, baisse brutale de la
consommation des ménages, changement inattendu pour les prêteurs et emprunteurs des taux d’intérêt),
changement de politique monétaire afin d’instaurer de plus strictes mesures anti-inflation ou une politique
budgétaire plus rigoureuse.
Il s’agit là des principaux évènements ou défis auxquels les autorités nationales sont souvent confrontées. Pour
y faire face, elles ont le plus souvent recours à des modèles macroéconomiques ou à des indicateurs
macroéconomiques structurels comme ceux que préconisent par exemple dans leurs travaux, Thomas Sergent et
Christopher Sims, lauréats du prix Nobel 2011 d’économie, couronnés pour leurs recherches dans ce domaine.
Partant de ce constat, cette étude présente les aspects théoriques et pratiques d’un modèle macroéconomique
destiné à l’analyse, la prévision et l’impact de divers chocs sur l’économie des petits états insulaires en
développement, avec application au cas de la Dominique, petit état insulaire de la Caraïbe, membre de
l’organisation des états de la Caraïbe orientale (OECO).
Tout d’abord, soulignons qu’il existe de nombreuses façons de modéliser les économies en développement.
Aucune méthode ne peut-être adaptée à tous points de vue. La critique de Lucas (les coefficients dépendent de
la politique menée) est particulièrement pertinente dans le cas des pays en développement. Par ailleurs, il est
important de noter que les travaux de modélisation macroéconomique dans les petits pays en développement se
heurtent, en dépit de récents développements à plusieurs limites, liées essentiellement aux méthodes
économétriques utilisées et au choix des indicateurs. Il en résulte que les travaux de modélisation dans le monde
en développement sont divers et se caractérisent par une absence d’homogénéité au plan méthodologique et
empirique. Au plan méthodologique, les hypothèses utilisées varient considérablement d’un modèle à l’autre et
d’un pays à l’autre et ce, même pour les éléments de base que sont par exemple: la détermination de
l’agrégation de l’offre et de la demande, les caractéristiques du commerce et les régimes de taux de change, le
degré de mobilité du capital et du travail, la flexibilité du salaire réel, plus quelques controverses traditionnelles
concernant la structure même des modèles, comme par exemple la modélisation adéquate des anticipations des
agents économiques. Au plan empirique, des différences existent sur la spécification générale des modèles ainsi
que sur la valeur des paramètres. A ces différents problèmes, s’ajoutent un certain nombre d’obstacles observés
par les économistes pour l’élaboration même des modèles tels: l’insuffisance dans bon nombre de pays
notamment de la caraïbe, de données disponibles et de séries longues et fiables. L’insuffisance et la qualité des
données font que les expériences de modélisation macroéconomique demeurent modestes dans la plupart de ces
petits états, à l’exception toutefois de quelques grands pays de la Caraïbe qui ont accompli des efforts dans ce
domaine, tels la Jamaïque avec les travaux empiriques de Carter et Harris(1970), Manhertz(1971), le
PNUD(1991), Allen-Hall-Robinson(2002), l’Institut de la planification de la Jamaique(aujourd’hui). Trinidad
et Tobago avec les contributions de Persad(1975), Gafard(1977), Hilaire-Nicholls-Henry(1990), Charles-St
Cyr(1992) et plus récemment celles de P.K Watson et Teelucksingh en 2001. de Worrell, D et C, Holder(1987)
et Craigwell pour la Barbade, sans oublier l’apport de Ganga pour le Guyana en 1990.
En revanche, les tentatives en matière de modélisation macroéconomique se font beaucoup plus rares pour les
plus petits pays de la Caraïbe tels ceux adhérant à l’organisation des états de la Caraibe orientale. Les modèles
réalisés jusqu’ici pour cette sous-région sont à notre connaissance, relativement anciens. Citons par exemple
celui de E. Bernard François (1991) pour la Grenade, de Léon, H et N, Samuel pour Ste Lucie, et celui réalisé
en 1996 par L, Vinhas de Souza pour un ensemble de douze pays de la région.