
lorsque les limites de la connaissance reculent -ce qui advient nécessairement- Dieu aussi est 
repoussée sur une ligne de retraite continuelle. » 
 
- Les hécatombes barbares du XX ème siècle. Certes, il s'agit d'actes humains, donc en relation avec 
la liberté humaine mais à une telle échelle qu'il s'agit de « crimes contre l'humanité »... pouvant 
même faire douter de « l'humanité » des criminels et plus encore de la bonté et/ou de la puissance 
de Dieu créateurs de telles créatures. Il s'agit non seulement d'évoquer les deux guerres mondiales, 
le goulag, les khmers rouges et le Rwanda, mais en particulier la Shoah qui visait Israël, le peuple 
choisi de Dieu, peuple de croyants qui a « crié vers Dieu » selon le psaume de David (2 Sa 22, 1 s.) 
ou le psaume 18 jusqu'au premier stique du verset 7 mais la suite du psaume ne s'est pas réalisée ! 
Dieu n'a pas entendu ou n'a rien pu faire ! 
Tout se passe comme si, Dieu ayant créé l'homme libre, il ne peut empêcher l'exercice de cette 
liberté quels qu'en soient les excès, bien qu'il en souffre lui-même. 
« Où est-il ton Dieu? » disaient les ennemis d'Israël (Job 2, 17d ; Ps 42, 4 et 11 ; Ps 79,10 ) 
« Où est-il ton Dieu? » disaient les compagnons d' Elie Wiesel à Auschwitz, tandis qu'ils étaient 
obligés d'assister à l'agonie d'un des leurs, pendu par les nazis.
  
 C'est ainsi qu 'après la guerre se posera avec une acuité cruciale la question de « Dieu après 
Auschwitz », titre d'une célèbre conférence de H. Jonas 
 qui interpellera et mobilisera philosophes 
et théologiens, juifs et chrétiens. J. Moltmann, théologien réformé allemand écrira dans l'immédiat 
après-guerre: « Les survivants de ma génération revenaient alors, ébranlés et brisés, des camps et 
des hôpitaux, dans les salles de cours. Une théologie qui n'aurait pas parlé de Dieu en face du 
crucifié abandonné de Dieu n'aurait pas eu de prise sur nous ».
  
Pendant la seconde guerre mondiale elle-même, deux prisonniers nous livrent dans leur 
correspondance une révision inédite de la puissance divine. L'une, jeune juive hollandaise il y a peu 
encore agnostique, Etty Hillesum, prenant conscience du « destin de masse » qui attend les juifs, 
écrit : « Ce n'est pas Dieu qui peut nous aider, c'est nous qui pouvons l'aider et en l'aidant, nous 
aider nous-mêmes », et qui poursuit : « Oui, mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier 
une situation finalement indissociable de cette vie."
 L'autre, pasteur et théologien allemand: « le 
Dieu de la Bible [acquiert] sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance. »
  
- les « maléfices «  de la nature, les « ratés » de la création : si Dieu nous aime et est tout-puissant, 
comment expliquer les catastrophes naturelles, les maladies infectieuses, les maladies et handicaps 
congénitaux ? Jésus ne nous donne pas d'explication mais il affirme clairement qu'il ne s'agit pas 
d'une conséquence du péché (cf. Jn 9, 1-3). Ces phénomènes et l'interrogation qu'ils suscitent ne 
sont pas nouveaux et l'on sait les répercussions du séisme de Lisbonne sur les philosophes des 
Lumières. On découvre maintenant l'impact de l'homme sur la nature et le climat mais les 
changements climatiques et les mouvements des plaques tectoniques sont bien antérieurs à 
l'humanité. La conception et la formulation d'un péché originel qui aurait introduit dans l'histoire de 
la création un « désordre » à l'origine des catastrophes et maladies nécessitent d'être révisés. 
Si Dieu abandonne son peuple et si ce n'est pas lui qui fait la pluie et le beau temps, peut-on encore 
dire qu'il est tout-puissant ?
  
 
  Bonhoeffer Dietrich, Résistance et soumission, lettres de captivité, Labor et fides, 2006, p 368 
  Wiesel Elie, La nuit, ed de Minuit 1958, réédition poche, 2007 
  Disponible dans Jonas Hans, le concept d Dieu après Auschwitz : une voix juive,Rivages poche 1994 
  Moltmann Jürgen, Le Dieu crucifié, coll. Cogtio fidei n° 80, ed. Du Cer f, 1974, p  7 
  Hillesum Etty, Une vie bouleversée, coll. Points, ed. du Seuil, 1985, p 175   
  op. cité p 432 
  Il est plus logique  de mettre en cause sa puissance plutôt que sa bonté car, dans la hiérarchie des