Après avoir défini la notion d’intensité capitalistique, expliquez pourquoi l’approche de celle-ci varie selon le secteur d’activité concerné. Pour une entreprise, le capital économique désigne l’ensemble des moyens de fonctionnement nécessaires à l’exercice de son activité. Ces moyens de fonctionnement sont composés des immobilisations mais aussi des besoins en fond de roulement. L’intensité capitalistique se définit par le poids en % du chiffre d’affaires des capitaux longs nécessaires pour être compétiteur sur le marché. Pour la mesurer, il faut additionner les immobilisations brutes avec le BFR, puis on divise le résultat par le chiffre d’affaires. Ce résultat nous permet ainsi de différencier en terme de risques, les entreprises nécessitant de faibles moyens de celles qui au contraire vont devoir lever des capitaux importants. Il y a ainsi une liaison directe entre le niveau d’intensité capitalistique et le secteur d’activité concerné. Nous allons maintenant expliquer pourquoi l’approche de celle-ci varie selon le secteur d’activité. Dans un premier temps, prenons le cas typique d’une entreprise de services qui a un bureau de location, peu d’investissements à réaliser et un développement de l’activité lié au savoir faire des dirigeants. Cette représentation illustre une entreprise avec une faible intensité capitalistique que l’on retrouve sur des secteurs caractérisés par un ticket d’entrée peu cher, une forte concurrence, des marges (EBE/CA) assez faibles, des risques de dépôt de bilan assez forts, des risques accrus (pour les banques financeurs de l’acheteur particulièrement) au moment de la cession de l’entreprise si l’intensité de capital est significativement modifiée (apparition dans le bilan du vendeur de valeurs tels que fonds de commerce, brevets, licences…) alors que l’acquéreur ne change pas les taux de marge par exemple. Les entreprises de la grande distribution sont l’exemple le plus flagrant d’une intensité capitalistique faible : les stocks tournent très vite, les règlements clients se font au comptant, les fournisseurs sont réglés avec des délais de plusieurs semaines. Par rapport au niveau de CA, les besoins de financement pour les immobilisations apparaissent faibles, le BFR négatif justifiant ainsi une intensité de capital parmi les plus faibles de tous les secteurs d’activité. Cette balance de capitaux a été favorable au développement des grandes enseignes françaises. A contrario, le ratio d’intensité capitalistique peut frôler voire dépasser 100 % d’un chiffre d’affaires annuel, c’est le cas de l’industrie manufacturière ou automobile, qui ont un gros besoin de capital fixe (immobilisations) et de délais de production (BFR). Les secteurs à forte intensité capitalistique sont caractérisés par un ticket d’entrée très onéreux, une tendance à la mondialisation et à la concentration des acteurs, des marges industrielles nécessaires fortes, des disparitions d’entreprises pour raisons de compétitivité et des coûts de sorties élevées, une horizon stratégique plutôt à long terme. Il faut immobiliser souvent de 25 à 50 de capitaux permanents pour réaliser 100 de CA. Cas du Groupe Renault avec 41 milliards de CA, 29 milliards d’immobilisations dont 13 milliards d’immobilisations corporelles car la production des pièces des véhicules est reportée chez les partenaires-sous-traitants, ou encore dans les secteurs de l’industrie lourde où les immobilisations sont un élément essentiel de la production, doivent être financées en totalité par les capitaux permanents. Il faut immobiliser plus d’une fois le CA annuel en capitaux permanents dans ces secteurs, les capitaux permanents devant également couvrir un fort besoin en fonds de roulement né des stocks de matières premières et produits en cours. ((IB+BFR)/CA ht)=>1,00 En conclusion, nous pouvons dire que le capital économique d’une entreprise varie fortement entre les secteurs d’activités ce qui peut modifier fortement l’intensité capitalistique de l’entreprise. Comme tous les ratios, celui-ci prétend à donner une tendance, que l’intensité capitalistique soit de 76 ou de 80 % ne change pas fondamentalement le raisonnement. Nous pouvons rajouter également que ce ratio peut-être différent pour la même entreprise en fonction des données recueillies pour son calcul comme par exemple en préférant un BFR Moyen de l’année à un BFR au bilan ou un CA moyen sur 3 exercices à un CA annuel.