LICENCE DROIT 2nde ANNEE - DIV. A et B ECONOMIE MONETAIRE ET FINANCIERE Cours de Monsieur VILLION Examens : Modalités et Annales Modalités de l’épreuve : 1) 1 Grande Question est tirée au sort parmi une vingtaine de questions, lesquelles sont portées à la connaissance des étudiants quelques semaines avant l’épreuve. Cette grande question doit être traitée sous forme de mini-dissertation avec une introduction, un développement et une conclusion, le tout complètement rédigé. (12 points) 2) 2 Petites Questions portant sur le cours doivent être traitées en 10 lignes maximum chacune. (4 points par question) Aucun document autorisé. Durée de l’épreuve : 1 heure. Exemple de (grandes) questions à préparer : session janvier 2008 Partiel de Janvier 2010 (Corrigé) Partiel de Janvier 2009 (Corrigé) Partiel de Janvier 2008 Partiel de Janvier 2007 Partiel de Janvier 2006 (Corrigé) SESSION DE JANVIER 2008 : LISTE DES QUESTIONS A PREPARER 1. Peut-on dire que le rôle des banques dans le financement de l'économie est devenu moins important depuis le début des années 1980 ? 2. L’indépendance des banques centrales permet-elle d’expliquer la diminution du taux d’inflation depuis les années 1980 ? 3. Les contraintes de financement sont-elles déterminantes dans la décision d’investir ? 4. La montée de la dette publique en France depuis le début des années 1980 : description et enjeux. 5. La politique monétaire française entre 1976 et 1999. 6. Les anticipations d’inflation et l’efficacité de la politique monétaire dans la lutte contre l’inflation. 7. L’Union Economique et Monétaire. 8. Commentez la phrase célèbre d’H.Schmidt : « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». 9. Faut-il tolérer sinon favoriser une reprise de l’inflation ? 10. Le développement des marchés de capitaux depuis les années 1980 a-t-il favorisé l’investissement des entreprises ? 11. La désinflation compétitive : description et enjeux. 12. Doit-on et peut-on contrôler la masse monétaire ? 13. La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne. 14. Les comportements sur les marchés d'actions : calculs sur les fondamentaux ou mimétisme ? 15. L’instabilité des marchés d’actions depuis le début des années 2000 a-t-elle eu des conséquences sur l’activité économique ? 16. La crise des ‘subprimes’ en 2007 : faits, causes, conséquences. 17. Dans quelle mesure les autorités monétaires et financières peuvent-elles lutter contre les crises financières ? 18. Dans quelle mesure l’évolution des formes de la monnaie est-elle guidée par la recherche de gains d’efficacité dans les échanges ? 19. Le rôle de la Banque Centrale dans la création monétaire. EPREUVE DE JANVIER 2010 Moyenne : 9.0 Note mini : 01/20 ; Note maxi : 18.5/20 PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) L’effet de levier. (5 points) 2) La taxe Tobin : description et enjeux. (5 points) GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne depuis août 2007. »(10 points) CORRIGÉ PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) L’effet de levier. (5 points) L’essentiel Le levier dont il est question est le levier d’endettement. Lorsque le coût unitaire de l’endettement (taux d’intérêt) est plus faible que ce que rapporte une unité de capital emprunté (rentabilité économique, taux de profit), alors plus le taux d’endettement (dette/capitaux propres) est fort, plus la rentabilité financière (rentabilité des capitaux propres) est forte. Dans le cas contraire (effet de massue ou effet boomerang), la rentabilité financière sera d’autant plus faible que le taux d’endettement sera fort. Un exemple de réponse ayant obtenu 5/5 « Il s’agit de s’intéresser à l’effet de l’endettement sur la rentabilité des capitaux propres de l’entreprise. Si la rentabilité économique, soit le taux de profit, est supérieure au taux d’intérêt des capitaux empruntés alors la rentabilité des capitaux propres sera d’autant plus importante que l’endettement est fort. Ce mécanisme est appelé l’effet de levier. » 2) La taxe Tobin : description et enjeux. (5 points) L’essentiel La taxe Tobin, suggérée par James Tobin dans les années 1970, est une taxe sur les transactions monétaires internationales. Son principal objectif serait de limiter les mouvements spéculatifs de capitaux à court terme. Elle serait ainsi censée contribuer à la stabilité monétaire et financière internationale, et redonner un peu d’autonomie aux politiques monétaires. Quelques difficultés de mise en œuvre peuvent être soulignées. D’abord, la question du niveau : suffisamment fort pour limiter la spéculation mais pas trop fort pour ne pas entraver les mouvements de capitaux à long terme. Une fourchette entre 0.05% et 1% est souvent évoquée. Ensuite, les pratiques de passagers clandestins (paradis fiscaux notamment) qui nuisent à l’efficacité d’une telle mesure. Un exemple de réponse ayant obtenu 5/5 « Cette taxe n’est pas en vigueur, c’est seulement une proposition pour limiter les mouvements spéculatifs et les risques qu’ils entraînent. En effet, le but est de taxer tout mouvement de capitaux sur le plan international pour rendre plus onéreux, et donc désinciter, les mouvements de capitaux purement spéculatifs. Remise au goût du jour avec la crise des subprimes, l’idée est de la fixer à 1% et qu’elle puisse financer les organisations internationales d’aide au développement. Cependant, cette taxe a différentes limites. Les deux principales sont les suivantes. Premièrement, comme toute réglementation économique sur le plan international, il existe le risque du ‘free-rider’ (passager clandestin) qui bénéficie de la réglementation des autres sans en subir les désagréments. Deuxièmement, une taxe à 1% ne freine pas les mouvements spéculatifs dont les objectifs de rendement sont bien supérieurs. Cependant, il paraît difficile de trop l’augmenter car elle serait un frein aux investissements directs à l’étranger (IDE), considérés comme des mouvements de capitaux internationaux sains. » GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « La politique monétaire de la Banque Centrale Européenne depuis août 2007. »(10 points) Commentaires Le mois d’août 2007 marque le début de la crise des subprimes, crise d’abord bancaire et financière puis économique. La politique monétaire de la BCE a pour objectif final la stabilité des prix. Cependant, la BCE contribue également à la stabilité financière, notamment parce que, s’agissant de l’institution émettrice de la monnaie légale, elle est le prêteur en dernier ressort au sein de la zone euro. Le sujet amenait donc à analyser l’action de la BCE dans le contexte de la crise et, en particulier, à observer dans quelle mesure la BCE avait mis en œuvre une politique monétaire particulière dans ce contexte. Les éléments hors-sujet et les erreurs rencontrés fréquemment : - les développements généraux sur la politique monétaire (objectifs finaux, objectifs intermédiaires et/ou instruments), non appliqués au cas de la BCE depuis 2007. - Les développements sur la BCE et/ou sur sa politique monétaire de 1999 à 2007. - Les développements sur la crise des subprimes, déconnectés de la question de la politique monétaire de la BCE depuis 2007. - Les critères de convergence du Traité de Maastricht et ceux du Pacte de Stabilité et de Croissance, lesquels ne relèvent pas la BCE. En particulier, les déficits publics concernent la politique budgétaire des Etats, non la politique monétaire de la BCE. Parmi les plans possibles, le plan chronologique s’est révélé assez confortable. La première partie est alors consacrée à la période août 2007 – été 2008. Deux points caractérisent cette période. D’une part, la BCE participe activement à la lutte contre la crise de liquidités sur le marché interbancaire, aux côtés des autres banques centrales telles que la Fed ou la BoE. Des injections massives de liquidités ont lieu sur le marché interbancaire, la BCE participe aux opérations de swap avec la Fed, sont lancées des opérations de refinancement des banques, à taux fixe, à échéances longues (6 mois voire 1 an), anonymes, et/ou en quantités illimitées. D’autre part, contrairement à la Fed qui va abaisser ses taux dès septembre 2007, la BCE maintient sont principal taux directeur à 4% et l’augmente même en juillet 2008 (4.25%). La deuxième partie est consacrée à la période suivante (à partir de l’automne 2008). C’est la période de baisse des taux directeurs de la BCE (le taux des opérations principales de refinancement passe de 3.75% en octobre 2008 à 1% à partir de mai 2009). On peut discuter ici des motivations à l’origine de cette baisse tardive. Deux thèses s’opposent ici. La première considère que la réaction tardive de la BCE, comparée notamment à la celle de la Fed, est due soit à une sous-estimation de l’ampleur de la crise, bancaire, financière mais aussi économique soit au fait que cette crise soit effectivement plus faible au sein de la zone euro qu’aux Etats-Unis. La deuxième thèse rappelle que la seule préoccupation de la BCE est, conformément à ses statuts, la lutte contre l’inflation. Or, le taux d’inflation dans la zone euro est passé d’environ 2% fin 2007 à 4% à l’été 2008 et n’a commencé à baisser que courant septembre 2008. Si la BCE a usé de mesures non conventionnelles pour lutter contre la crise de liquidités, en revanche, la manipulation des taux directeurs n’est restée guidée que par l’objectif de stabilité des prix. EPREUVE DE JANVIER 2009 Durée : 1 heure Aucun document autorisé Moyenne 7,3 – Extrêmes : [0,20] PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) Quels sont les effets d’une politique monétaire de relance selon Milton Friedman ? (4 points) 2) Réglementation prudentielle : de Bâle I à Bâle II. (4 points) GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « La crise des subprimes : causes et conséquences » (12 points) Commentaires sur la correction PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) Quels sont les effets d’une politique monétaire de relance selon Milton Friedman ? (4 points) Les mots-clés : Court terme / long terme, Inflation. L’essentiel : augmenter la masse monétaire a, selon Friedman, des effets bénéfiques sur l’activité économique et le chômage mais seulement à court terme. En effet, à court terme les agents économiques sont victimes de l’illusion monétaire (ils ne perçoivent pas les effets inflationnistes de la création monétaire) ce qui les incitent à offrir plus (de travail, de capital) et à consommer plus, investir plus… Cette illusion monétaire disparaît à long terme (anticipations adaptatives) : l’activité économique retourne à son niveau initial et le chômage retrouve son taux naturel. Seuls les effets inflationnistes de la relance monétaire persistent. Un exemple de réponse ayant eu 4/4 : « Selon Milton Friedman, une politique de relance de type keynésien a, à court terme, un effet positif sur l’activité économique et sur les taux de chômage. Du fait de l’illusion monétaire dont sont victimes les agents économiques, ces derniers croient à une augmentation de leur pouvoir d’achat. Une fois l’illusion retombée, le seul effet d’un politique de relance monétaire est l’inflation. En effet, d’après l’équation de Fisher, l’augmentation de la masse monétaire se traduit par une augmentation du niveau général des prix. » 2) Réglementation prudentielle : de Bâle I à Bâle II. (4 points) Les mots-clés : risque systémique, ratios de solvabilité, ratio Cooke, risque de crédit, risque de marché… L’essentiel : La réglementation prudentielle stimulée au niveau international par le comité de Bâle a pour objectif de limiter le risque systémique en encadrant les risques pris par les banques. En 1988, le G10 réuni à Bâle abouti à la mise en place d’un ratio de solvabilité (ratio Cooke) imposant une limite minimale de 8% au rapport entre les fonds propres de chaque établissement de crédit et les crédits octroyés pondérés par les risques. Ces accords (Bâle I) vont montrer certaines limites : le ratio Cooke ne concerne que le risque de crédit et les établissements de crédits parviennent à contourner la réglementation en sortant certains de leurs engagements de leur bilan. Les accords de Bâle II, finalisés en 2004, tentent notamment d’élargir les mesures prudentielles concernant les banques à d’autres risques, en particulier les risques de marché, de plus en plus importants compte tenu du développement croissant des activités des banques sur les marchés financiers. En revanche, la volonté d’améliorer la mesure du risque en laissant plus d’initiatives aux banques dans ce domaine semble être une des faiblesses de Bâle II. Un exemple de réponse ayant eu 4/4 : « Afin d’éviter des risques systémiques des règles prudentielles ont été mises en place. C’est en 1988 que se réunit le G10 composé de 13 pays qui ont un poids important dans le système financier. Ce comité va se réunir en Suisse et va élaborer de nombreuses règles afin de lutter contre les effets néfastes des marchés ; ce comité est appelé Bâle I. Ainsi le ratio de Cooke est l’une des règles prudentielles élaborées par ce comité. Il s’agit d’un ratio qui impose aux banques de détenir au moins 8% des dépôts à vue sur leur compte [inexact] afin de faire face aux crises. Toutefois Bâle I et le ratio de Cooke sont un échec car ils ne prenaient pas en compte les activités de marché effectuées par les banques. En effet, ils ne prenaient en compte que les activités liées aux risques de crédit. Alors que les banques sont de plus en plus impliquées dans des activités liées aux marchés financiers et les risques survenant lors de ces activités sont très importants. Ainsi, en 2004, a lieu un deuxième comité de Bâle II. Celui-ci voulait prendre en compte les activités des banques sur les marchés financiers et les risques qui y sont liés. De ce fait, ce comité met en place des règles visant à une autorégulation des banques. Toutefois ces règles n’étaient pas sans limites car les évaluations des banques étaient très optimisées, c'est-à-dire que les banques sous estimaient les risques. Les évaluations étaient donc faussées. » GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « La crise des subprimes : causes et conséquences » (12 points) Commentaire : il s’agissait d’un sujet facile pour tout étudiant ayant suivi le cours (ce qui ne veut pas dire, travailler sur des reproductions d’anciens cours) et /ou ayant suivi l’actualité économique. Le sujet ne nécessitait aucune réflexion ni sur la problématique, ni sur le plan. L’essentiel : Les causes : - Les évolutions des taux directeurs de la Fed, qui influencent les taux des crédits subprimes à taux variables, donc le coût de l’emprunt immobilier pour les ménages à revenu modeste. Ces taux baissent de 2001 à 2003 dans le contexte de la récession qui suit l’éclatement de la bulle Internet, facilitant ainsi l’octroi de prêts. Ils augmentent ensuite jusqu’en 2007, avec le reprise des tensions inflationnistes, menant à une augmentation des taux de défauts sur les crédits subprimes, en particulier à partir de 2006. - les évolutions des prix sur le marché de l’immobilier. L’augmentation de ces prix, jusqu’en 2006, signifiait pour les banques une augmentation de la valeur des biens qui leur servaient de garantie dans le cadre des prêts hypothécaires. Le retournement des prix de l’immobilier à partir de 2006 a entraîné une attitude beaucoup plus restrictive des banques, notamment en ce qui concerne les renégociations de prêts. - La titrisation. Cette transformation des créances en titres négociables sur les marchés financiers a permis aux banques d’obtenir des liquidités et de contourner les réglementations prudentielles (ratios de solvabilité). Elle a également permis d’offrir aux investisseurs sur les marchés des titres (RMBS, CDO…) souvent notés AAA par les agences de notation, bien que mieux rémunérés que les obligations classiques, dans un contexte, à partir de 2001, de baisse des taux et de baisse des cours des actions. Les conséquences : - La crise bancaire et financière. Avec l’éclatement de la bulle du crédit subprime, les banques ayant octroyé de tels crédits subissent des pertes directes dues aux défauts des ménages emprunteurs et la baisse de la valeur des biens hypothéqués. Les émissions de titres adossés à des créances ne sont quasiment plus possibles, la valeur des titres adossés existant chute brutalement, amorçant une crise de liquidité pour les banques (assèchement du marché monétaire). Les injections de liquidités par les banques centrales, limitent la crise de liquidité, sans pouvoir la stopper. Les faillites bancaires se multiplient. La crise de confiance se généralise, touchant tous les marchés financiers. - La crise économique. Outre les secteurs directement concernés par la crise des subprimes (secteur banquesassurances et secteur immobilier), la crise financière se transmet à la sphère réelle via les canaux habituels. Le canal du financement joue de deux manières. La baisse des marchés financiers rend plus difficile pour les entreprise le financement externe direct. Surtout, les difficultés des banques les amènent à rationner le crédit (crédit crunch) : entreprises et ménages ont plus de mal à emprunter, malgré les baisses de taux directeurs de la part des banques centrales. Ceci qui crée des difficultés de trésorerie (amenant parfois à la faillite de certaines entreprises), nuit à l’investissement et à la consommation. Les effets de richesse impliquent aussi un ralentissement de la consommation. La valeur du patrimoine des ménages diminuant du fait de la baisse des marchés immobilier et financier, ces ménages tentent de reconstituer cette valeur en accentuant leur effort d’épargne. Le canal de la confiance joue via les perspectives en matière de revenus. Le pessimisme des entrepreneurs concernant les débouchés implique un ralentissement des investissements, une multiplication des licenciements pour réduire les coûts et un comportement de désendettement. La crainte du chômage ou de la baisse des salaires amène les ménages à moins consommer et à thésauriser davantage. Les mesures de relance budgétaire prises à partir de 2008 pour tenter de limiter les effets récessionnistes de la baisse de la demande ont pour l’instant des effets limités. Un exemple de réponse ayant eu 12/12 : « En 1802, Thomas Jefferson a prédit le phénomène qui s’est développé au cours de l’année 2007 : des banques prêtant sans aucune prudence, des ménages surendettés et une défaillance de ces derniers entraînant un effondrement du système ainsi que des milliers d’expropriations. Cette crise dite des subprimes s’est développée aux Etats-Unis et a contaminé le monde entier, en n’épargnant aucune économie. Les subprimes sont des crédits hypothécaires accordés aux ménages sur lesquels les banques ont fait des titres. Des lors, on peut se demander pourquoi cette crise est survenue et quelles en sont les conséquences. Après avoir vu que cette crise est due au laxisme des agents, nous verrons que celle-ci s’est généralisée. *** I. Exposition du laxisme du système Il faut, tout d’abord, voir le rôle des titres puis celui des agents. A. Des titres en cause : crise immobilière et taux d’intérêt. A la fin des années 90, une bulle spéculative immobilière est née au Etats-Unis et s’est surtout développée à partir de 2001, lorsque la FED a baissé ses taux (de 6,5% à 1% en 2004). Les banques ont alors fait des crédits massivement aux ménages, ceux à risque élevé passant de 10% à 50% en 2006 dans la part de ceux hypothécaires. Elles ont alors eu recours à la titrisation c'est-à-dire la transformation de créances en titres. Cela est passé de 200 milliards à 3000 milliards $ en 2006. Or, dès 2004, les taux augmentent et atteignent 5,25% en 2006. Les ménages ayant fait des crédits à taux variables ne peuvent rembourser. Plus de 10% des ménages détenant des subprimes font défaut en même temps. Cela va être la cause principale de la crise. B. La responsabilité des institutions : manque de transparence et implication. Les banques sont les instigatrices de la titrisation. Elles possèdent bon nombre de titres adossés à des créances comme les CDO ou même des titres adossés à des titres adossés (CDO de CDO) dont les risques sont très durs à évaluer. Lorsque les ménages font défaut, elles sont les premières à être touchées de ce fait mais aussi à cause des crédits qu’elles ont accordés. Un manque notable de transparence est exposé : par le biais de SPV ou Conduits ou véhicules (groupes ad hoc créés pour la titrisation) que l’on croyait indépendants, elles achètent et transforment les crédits, créances en titres. Or cela est contraire à la réglementation. Ces véhicules sont dans des places off-shore. De plus, les agences de notation en donnant des notes ne retranscrivant pas la réalité car payées par les banques, et les réhausseurs de crédit jouent un rôle et montrent le laxisme du système. II. Généralisation de la crise : une ampleur considérable. La crise va être bancaire et financière, avant de toucher l'économie. A. Titres indésirables et difficultés bancaires. Face au défaut des ménages, les banques ayant accordé les crédits sont fortement touchées et ont des problèmes de liquidité. Or cela est couplé avec la détention des titres cités précédemment. Les banques essaient de les revendre et de se refinancer or personne ne veut les acheter. Les premières difficultés sont visibles avec Bear Stearns en 2007. Les banques en sauvant les véhicules, héritent de leurs titres et ont du mal à les revendre. Cela entraîne une crise de confiance et plus aucune ne se prête de l’argent. Dès lors, même les banques les moins impliquées ont des problèmes de liquidités (Bank of America). Celles ayant basé leur activité sur les placements sombrent aussi comme Lehmann Brothers (faillite en septembre), UBS… Les cours des titres immobiliers chutent puis c’est l'ensemble des cours qui suit, du fait de la crise de confiance. Un cercle vicieux se créé : la défiance apparaît et on ne prête plus donc plus de liquidités. B. Contamination de la sphère réelle : une crise économique conséquente. Ces crises financière et bancaire vont donner naissance à l’une des plus importantes crises économiques de l’Histoire. Deux canaux vont avoir un rôle. Tout d’abord, la crise de confiance engendre un pessimisme chez les entreprises qui ne veulent plus prendre de risques. Dès lors, elles restreignent leurs investissements de ce fait ainsi qu’à cause des pertes subies sur les marchés. Les ménages, eux, consomment moins et épargnent plus car la richesse fait partie du revenu permanent mais aussi parce qu’ils veulent garder stable la valeur de leur patrimoine. Deuxièmement, le financement est restreint : en effet, vu leur situation, les banques rationnent les crédits (phénomène du crédit crunch). Dès lors, les ménages et entreprises voient leur ‘financement’ se réduire. Tout cela a engendré une forte crise économique : plus fort taux de chômage aux Etats-Unis depuis 20 ans (7,2%) ; récession en Amérique et Europe ; faillites de grandes banques… *** La prévision de Jefferson s’est donc réalisée. Cette crise montre toutes les perversités du système et ce qu’il faut changer. » EPREUVE DE JANVIER 2008 PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) L’effet d’éviction. (4 points) 2) Le cours de l’action EADS depuis la fin 2005 : évolution et analyse. (4 points) GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « Dans quelle mesure les autorités monétaires et financières peuvent-elles lutter contre les crises financières ? » (12 points) EPREUVE DE JANVIER 2007 PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) Les saillances ‘à la Schelling’. (4 points) 2) Les moyens de la politique monétaire européenne depuis 1999. (4 points) GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « Cours boursier et activité économique en France depuis le début des années 1980. » (12 points) CORRIGE DE L’EPREUVE DE JANVIER 2006 Moyenne : 7.9 ; Extrêmes : 0 – 19 PETITES QUESTIONS : (10 lignes maximum) 1) Comment expliquer l’évolution des cours sur le marché des actions ? (4 points) Une action est un titre de propriété représentant une part de l’entreprise et donnant droit à une part des bénéfices (dividendes). La valeur d’une action dépend donc de l’anticipation des dividendes futurs (somme actualisée) des cash-flows. Ainsi, selon l’analyse fondamentale, toute information susceptible de modifier cette anticipation fait varier le cours de l’action (résultats de l’entreprise, changement de stratégie voire données méso ou macro-économiques). Cependant, les connaissances nécessaires pour réaliser de telles anticipations ne sont généralement pas disponibles (incertitude radicale). Aussi, les décisions d’achat ou de vente reposent souvent, au moins à court terme, sur l’anticipation du comportement des autres intervenants sur le marché. Les comportements mimétiques dominent alors (métaphore des concours de beauté de Keynes), générant des bulles spéculatives et des krachs boursiers. Dans ce cas, les informations concernant la sphère réelle (déclarations de Ben Bernanke par exemple) deviennent de simples signaux conventionnels du comportement des autres. 2) Comment peut-on expliquer les évolutions des formes de la monnaie ? (4 points) Les formes de monnaie ayant historiquement dominé les échanges sont successivement : la monnaie marchandise (à ne pas confondre avec le troc qui est une forme d’échange non monétaire), la monnaie métallique, la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. On note également l’apparition récente de la monnaie électronique. On observe donc une tendance à la dématérialisation des formes de monnaie, laquelle peut s’expliquer par un processus de rationalisation économique. Par exemple, la monnaie scripturale permet des échanges plus nombreux et efficaces que la monnaie marchandise, notamment en diminuant les coûts de transaction dans l’échange. La monnaie peut donc être vue comme une institution dont l’évolution va dans le sens d’une plus grande efficacité économique, conformément à la conception des institutions que l’on trouve chez Hayek. Cependant, plusieurs formes de monnaie coexistent à une même époque et certaines formes anciennes de monnaie réapparaissent dans des périodes de troubles économiques, sociaux ou politiques. Car, la monnaie, en tant que moyen de paiement accepté par tous, repose sur la confiance qu’ont les agents économiques dans cette monnaie, donc, en particulier, dans les institutions émettrices. Une confiance qui peut apparaître comme un phénomène purement social et qui par conséquent peut laisser place à la défiance. GRANDE QUESTION : (Introduction, conclusion et développement doivent être rédigés) « La politique de désinflation compétitive en France dans les années 1980 et 1990. » (12 points) Introduction : A partir de 1983, la politique économique française opère un changement radical. Dans un contexte de stagflation apparue avec les chocs pétroliers, de mises en place de politiques libérales et monétaristes dans les pays anglo-saxon et de construction de l’Europe monétaire, la France abandonne la tentative de relance keynésienne entamée en 1981 pour s’engager dans une politique de désinflation compétitive. Cette dernière repose sur une politique de lutte contre l’inflation sur le plan interne et de stabilité monétaire sur le plan externe (politique dite du franc fort). Les deux axes vont guider la politique macroéconomique française jusqu’en 1999, date à laquelle la politique monétaire, instrument essentiel de la politique de désinflation compétitive, devient du ressort de la Banque centrale européenne. Cette politique privilégie les objectifs de stabilité des prix et d’équilibre externe et doit permettre, dans un second temps, une croissance économique soutenue et une diminution du chômage. Après avoir décrit les mécanismes économiques qui sous-tendent la politique de désinflation compétitive et les caractéristiques de sa mise en œuvre en France (I), nous tenterons de déterminer dans quelle mesure cette politique a atteint ses objectifs en matière d’inflation et de balance commerciale (II) puis de croissance et de chômage (III). I. La Politique de désinflation compétitive : mécanismes économiques et mise en œuvre en France 1) Le cercle vertueux attendu de la désinflation compétitive La politique de désinflation compétitive en censée entraîner le pays dans un cercle vertueux dans lequel la baisse de l’inflation et l’appréciation du taux de change se renforcent mutuellement et permettent de relancer les exportations et d’assurer une croissance forte et génératrice d’emplois. L’appréciation du taux de change rend les importations moins coûteuses, créant ainsi une désinflation importée. Parallèlement, elle incite les entreprises à comprimer leurs coûts de production, à s’engager dans la recherche de gains de productivité, notamment au travers des innovations, afin de compenser le handicap que constitue a priori une monnaie forte pour les exportations. Il s’agit donc d’une politique opposée à la politique de dévaluation compétitive. La lutte contre l’inflation, grâce à la politique monétaire restrictive et une politique de rigueur salariale, permet quant à elle de créer un différentiel d’inflation au niveau international favorable aux exportations nationales. Ainsi, la balance commerciale s’améliore ce qui tend à apprécier le taux de change (théorie de la parité des pouvoirs d’achat), appréciation qui en retour contribue à la désinflation. De plus, conformément à une analyse en termes d’offre, la restauration de la rentabilité des entreprises, issue d’une maîtrise des coûts, favorise l'investissement. Ainsi, l’excédent commercial et l’investissement stimulent la croissance, dans un contexte de stabilité des prix, et conduisent au plein-emploi. Le carré magique est atteint. 2) La mise en œuvre de la politique de désinflation compétitive dans les années 1980 et 1990 Sur le plan interne, la mise en œuvre de la politique de désinflation compétitive repose en France principalement sur la rigueur salariale et la politique monétaire restrictive. 1983 marque le ‘tournant de la rigueur’ avec notamment la désindexation des salaires sur les prix. Le salaire n’est alors plus vu comme un stimulant de la demande mais d’abord comme un coût pour les entreprises, coût qu’il s’agit comprimer pour restaurer la rentabilité économique. Parallèlement, la politique monétaire de contrôle de la masse monétaire prend une place croissante. S’appuyant sur les idées monétaristes, le contrôle des agrégats monétaires passe par le resserrement de l’encadrement du crédit, puis à partir de 1986, par la fixation de taux directeurs limitant le refinancement bancaire. La politique monétaire de lutte contre l’inflation se renforce à partir de 1993, date de l’indépendance de la Banque de France, laquelle se voit assigner statutairement comme seul objectif la stabilité des prix. Sur le plan externe, la France fait, après trois dévaluations du franc au début des années 1980, définitivement le choix de la construction européenne et de la stabilité du franc, arrimé au deutschemark au sein du système monétaire européen. II. La baisse de l’inflation et l’apparition d’excédents extérieurs 1) Une désinflation réussie Lorsqu’il s’agit de mesurer les effets de la politique de désinflation compétitive, le premier indicateur qui semble marquer un succès de cette politique est le taux d’inflation. Frôlant les 15% au début des années 1980, le taux d’inflation va rester systématiquement inférieur à 5% à partir de la fin des années 1980. Il va alors tendre vers l’objectif que se fixe le gouverneur Jean-Claude Trichet dans les années 1990 à savoir un taux d’inflation ne dépassant pas 2%, marquant ainsi l’orientation des anticipations vers cet objectif et la crédibilité de la politique monétaire de lutte contre l’inflation. Le rôle de la politique de désinflation compétitive dans cette baisse du taux d’inflation reste toutefois à relativiser. Si la modération du crédit et des salaires crée clairement des effets désinflationnistes, il est à noter que la chute du taux d’inflation, en France et ailleurs, coïncide avec le contre-choc pétrolier de 1986, qui va ramener, en termes réels, le prix du pétrole à ses niveaux du début des années 1970. Ainsi, le rôle du ‘franc fort’ dans cette ‘désinflation importée’ s’avère modeste. 2) L’apparition d’excédents extérieurs Concernant les échanges extérieurs, le solde de la balance des transactions courantes passe d’un déficit de plus de 2% du PIB en 1982 à un excédent à partir de 1992, excédent qui va atteindre 3% environ à la fin des années 1990. Ces résultats marquent une amélioration de la compétitivité de la France dans un contexte d’ouverture internationale et de développement de l’Union européenne. Ici, la maîtrise des coûts, en particulier salariaux, issue de la politique de désinflation compétitive peut être considérée comme ayant joué un rôle majeur. III. Une croissance économique ralentie et la montée du chômage 1) Une croissance faible dans les années 1990 après une reprise de l’activité dans la deuxième moitié des années 1980 Le bilan de la politique de désinflation compétitive s’avère moins positif au regard des effets attendus à moyen terme sur la croissance et l’emploi. La restauration de la rentabilité économique des entreprises, mesurée par la forte montée du taux de marge à partir de 1983, s’accompagne d’une reprise de l'investissement entre 1984 et 1990. Parallèlement, la reprise du pouvoir d’achat des ménages, après un taux de croissance négatif en 1983 et 1984, stimule la consommation à la fin des années 1980. Ainsi, la croissance du PIB retrouve des niveaux élevés (de l’ordre de 3% par an) à la fin des années 1980. Cependant, une crise économique marque le début des années 1990, lesquelles vont être caractérisées par un taux de croissance rarement supérieur à 1.5%, sauf à l’extrême fin de la décennie. On observe une atonie de l'investissement et une croissance ralentie de la consommation des ménages. Or, le durcissement de la politique de lutte contre l’inflation et la crise du SME obligent à maintenir les taux d'intérêt directeurs à des niveaux élevés dans la première moitié des années 1990, notamment pour éviter la dépréciation du franc du fait de la tendance à la fuite des capitaux. En comparaison de la situation des Etats-Unis, caractérisée par une croissance forte dans un contexte de politique monétaire souple, la politique de désinflation compétitive semble constituer un handicap assez lourd pour la croissance française de cette période qui s’avère retrouver une contrainte de demande forte. 2) La montée du chômage Concernant les effets positifs attendus sur l’emploi, la politique de désinflation compétitive trouve également ses limites. Certes, les causes du chômage sont multiples. Cependant, la restauration de la rentabilité de l’offre s’est accompagnée d’une poursuite de la montée du taux de chômage, passant de 8% au début des années 1980 à 12% dans les années 1990. Sans doute que la contrainte de demande précédemment évoquée est un facteur explicatif des résultats économiques négatifs concernant le couple croissance-emploi dans les années 1990. De plus, alors que l’idée d’une relation inverse inflation-chômage semblait avoir été oubliée dans les années 1980 — la courbe de Phillips étant considérée verticale à long terme par Friedman, voire même à court terme par la nouvelle école classique —, les données concernant la France dans les années 1990 ne permettent pas de dire que la lutte contre l’inflation ne se fait pas au prix d’un chômage plus élevé. Conclusion : La politique de désinflation compétitive s’est engagée en France à partir de 1983 dans un contexte économique de forte inflation et dans un contexte politique de construction européenne. Grâce à une rigueur monétaire, une rigueur salariale et un taux de change fort, elle a contribué dès la fin des années 1980 et le début des années 1990 à restaurer la rentabilité des entreprises, à ramener le taux d’inflation à un niveau faible et à l’apparition d’excédents extérieurs.