DOSSIER DE PRESSE Moustique tigre, dengue et chikungunya : quelle est la situation en Languedoc-Roussillon ? Conférence de presse Mardi 16 juin 2015, Montpellier Contact presse Sébastien PAGEAU : 04 67 07 20 14 ; [email protected] -1- Taille réelle Zoom Crédit photo : JB Ferré, EID Méditerranée -2- SOMMAIRE I- Point de situation en région Languedoc-Roussillon p. 4 II- Focus sur les 12 personnes infectées par le chikungunya à Montpellier en 2014 p. 5 III- Quelle prévention de la dengue et du chikungunya en métropole et notamment en Languedoc-Roussillon p. 6 1) La sensibilisation des voyageurs de retour de séjours en zones endémique est prioritaire 2) L’information des professionnels de santé 3) Les moyens de prévention IV- Les contextes épidémiologiques de la dengue et du chikungunya 1) Dans le monde 2) En métropole 3) En Languedoc-Roussillon p. 12 V- Le dispositif de lutte contre la dengue et le chikungunya p. 14 1) Principal objectif : réduire la circulation des virus de la dengue et du chikungunya afin de limiter le risque de déclenchement d’une épidémie autochtone 2) La surveillance entomologique 3) La surveillance épidémiologique VI- Dengue et chikungunya : ce qu’il faut savoir et retenir 1) Des maladies infectieuses à transmission vectorielle 2) Les symptômes 3) Les traitements p. 16 Contacts et informations complémentaires p. 19 Glossaire p. 20 Annexe : Le cycle de transmission de la dengue et du chikungunya p. 21 -3- I - Point de situation en Languedoc-Roussillon ■ Le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur potentiel de la dengue et du chikungunya est définitivement implanté en Languedoc-Roussillon dans quatre départements : le Gard, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Ces départements sont placés en « niveau albopictus 1 », ce qui signifie qu’une surveillance entomologique et épidémiologique spécifique est déclenchée pour la période du 1er mai au 30 novembre, période d’activité du moustique. ■ L’objectif de cette surveillance est de prévenir l’introduction et la transmission de ces maladies dans la région et plus globalement, en France métropolitaine. Les messages de sensibilisation et d’information ciblent tout particulièrement les voyageurs en partance ou de retour des zones endémiques et/ou en situation d’épidémie, afin de leur donner des conseils efficaces pour limiter les piqûres et le risque de survenue et de dissémination de la maladie. Les professionnels de santé sont les relais incontournables de ces messages auprès de leurs patients. -4- II - Focus sur les 12 personnes infectées par le chikungunya à Montpellier en 2014 En octobre 2014, la survenue de 12 cas autochtones de chikungunya (11 cas confirmés et 1 cas probable) a été observée à Montpellier, ville colonisée par le moustique vecteur Aedes albopictus depuis 2010. Un cas importé – un voyageur de retour du Cameroun – vivant dans le même quartier que les cas autochtones (personnes n’ayant pas voyagé), a été identifié comme le cas index. Les investigations épidémiologiques et les nombreux traitements de lutte anti vectorielle réalisés dans le quartier et autour des lieux fréquentés par les cas lors de leur période virémique ont contribué à contenir l’épidémie. Cette situation correspondait au niveau 3 du plan national anti-dissémination de la dengue et du chikungunya en métropole. Le plan compte 6 niveaux. Il s’agissait du premier épisode important de transmission autochtone de chikungunya en France métropolitaine, suite au retour d’un voyageur d’Afrique sub-saharienne. Une telle circulation localisée de ce virus n’était pas inattendue et le plan national antidissémination a prouvé son efficacité dans la mise en place rapide d’une réponse coordonnée et le contrôle de l’épidémie. Sous des conditions climatiques et entomologiques favorables, de nouveaux épisodes de transmission du virus du chikungunya ou de la dengue pourront se produire en région, et ce d’autant plus que le vecteur étend toujours davantage sa zone de colonisation. 3 conseils de prévention : - Détruire les gîtes potentiels de reproduction et de développement des moustiques autour et dans l’habitat en supprimant les eaux stagnantes où se développent les larves : assécher régulièrement toutes les soucoupes des pots de fleurs, mettre à l’abri tous les objets susceptibles de se remplir d’eau de pluie ou d’arrosage et nettoyer au moins une fois par semaine tous les endroits où l’eau peut stagner (gouttières, siphons, vases, détritus, etc). - Se protéger individuellement des piqûres de moustiques : porter des vêtements longs, appliquer sur la peau des produits anti-moustiques, surtout la journée (en respectant les précautions d’emploi, en particulier chez l’enfant et la femme enceinte) et installer des moustiquaires de berceau chez le nouveau-né et le nourrisson. - Protéger l’habitat : utiliser des diffuseurs d’insecticide à l’intérieur et des serpentins à l’extérieur, installer des moustiquaires et allumer la climatisation au besoin car les moustiques fuient les endroits frais. -5- III - Quelle prévention de la dengue et du chikungunya en métropole et notamment en Languedoc-Roussillon ? 1) En Languedoc-Roussillon : la sensibilisation des voyageurs est prioritaire Cette année le nombre de cas importés en métropole devrait être plus faible que l’an dernier car l’épidémie de chikungunya est terminée en Martinique et en Guadeloupe et qu’il n’y a pas d’épidémie de dengue en cours dans les zones tropicales. L’ARS Languedoc-Roussillon cible deux publics : les professionnels de santé (médecins hospitaliers et libéraux, biologistes, pharmaciens…) et cette année plus particulièrement les voyageurs ; les premiers bénéficiant d’un contact privilégié avec les seconds. Il s’agit notamment de permettre aux professionnels de santé de diffuser des informations de prévention auprès des voyageurs et de renforcer leur sensibilisation au signalement accéléré des cas suspects importés de dengue et de chikungunya. Comment débute une transmission autochtone : Cas importé Cas autochtone Pour en savoir plus : Le site de l’ARS Languedoc-Roussillon : www.ars.languedocroussillon.sante.fr Rubrique Votre santé > Votre environnement > Aedes albopictus et maladies vectorielles > Vous partez ou revenez de voyage -6- CONSEILS AUX VOYAGEURS Comment se protéger de la dengue et du chikungunya en partance et de retour de voyage en zone tropicale ? Pendant le voyage : je me protège des piqûres de moustiques (1) De retour en métropole : je reste vigilant Je porte des vêtements couvrants En cas de fièvre brutale avec amples et clairs (les moustiques douleurs articulaires et maux de tête, je préfèrent le noir), que je peux consulte un médecin. imprégner d’insecticide pour tissus (2). J’applique, sur les parties du corps Si je suis contaminé, j’évite de me non couvertes, des produits répulsifs. faire piquer. En effet, si un moustique La nuit, je dors sous une Aedes albopictus sain me pique, je moustiquaire que je peux imprégner peux à mon tour l’infecter et il pourrait contaminer une autre personne de mon d’insecticide pour tissus. J’utilise des insecticides à l’intérieur entourage en la piquant. des habitations (diffuseurs électriques) et à l’extérieur (serpentins). Si cela est possible, je branche la climatisation pour diminuer les risques de piqûres. Remarques : (1) Le vecteur de la dengue et du chikungunya est un moustique diurne, il pique surtout le jour et en particulier le matin et en fin d’après-midi. Les recommandations d’usage évoquées ici sont donc à privilégier à ces moments de la journée pour optimiser la protection de tous contre les piqures. (2) Il existe pour cela des répulsifs pulvérisables directement sur les vêtements et moustiquaires, d’autres que l’on dilue dans de l’eau avant d’immerger les vêtements et moustiquaires. Je demande conseil à un pharmacien avant d’acheter ou d’utiliser des produits anti-moustiques, surtout en ce qui concerne les enfants et les femmes enceintes. Je lis bien la notice avant toute application. -7- 2) L’information des professionnels de santé Le dispositif de signalement accéléré est complété par la déclaration obligatoire des cas confirmés (importé ou autochtone) de dengue ou de chikungunya auprès de l’ARS par les professionnels de santé. Les professionnels de santé sont informés de la procédure de signalement accéléré des cas suspects de dengue et de chikungunya en début de la saison d’activité du moustique tigre : Le signalement est à réaliser sans attendre la confirmation biologique auprès de l’ARS. Cette procédure permet l’intervention rapide des services de lutte anti-vectorielle autour des cas suspects importés afin d’éviter la transmission du virus. il est demandé aux cas suspects importés de se protéger de toute piqûre de moustique (répulsif, moustiquaire etc…) et de rester autant que possible au domicile pour éviter la mise en place possible d'une chaîne de transmission de la maladie. En effet, éviter de se faire piquer empêche la contamination des moustiques et donc la transmission du virus à son entourage. Le dispositif de signalement accéléré est complété par la déclaration obligatoire des cas confirmés (importé ou autochtone) de dengue ou de chikungunya auprès de l’ARS par les professionnels de santé. Une information spécifique sera également adressée aux pharmaciens situés dans les communes où Aedes albopictus est implanté. Elle vise à sensibiliser les pharmaciens sur les conseils à délivrer pour se protéger des piqûres de moustiques, auprès d’usagers susceptibles de voyager dans des zones endémiques, ou présentant des symptômes pouvant correspondre à ces deux maladies. Un courrier leur est spécifiquement envoyé, ainsi que deux cartes postales créées par l’ARS à destination des pharmaciens pour l’information des particuliers. Il est recommandé aux personnes voyageant dans les secteurs d’endémie de se protéger efficacement des piqûres durant leur séjour et au moins sept jours après leur retour en métropole. Pour en savoir plus : Le site de l’ARS Languedoc-Roussillon : www.ars.languedocroussillon.sante.fr: Rubrique Votre santé > Votre environnement > Aedes albopictus et maladies vectorielles > Vous êtes professionnels de santé -8- Cartes postales Pharmacies Source : ARS Languedoc-Roussillon -9- 3) Les moyens de prévention Prévention collective et individuelle : nous sommes tous concernés La lutte anti-vectorielle (LAV) est bien l’affaire de tous ! En effet, l’Etat et les conseils généraux coopèrent, chacun dans leur domaine, à la mise en œuvre des mesures de LAV. Les mairies ont également un rôle essentiel à jouer de par leur mission de maintien de l’hygiène et de la salubrité publique. Mais, étant donné la nature domestique (ou péri-domestique) des gîtes, il est primordial d’associer chacun au repérage et à la destruction des gîtes larvaires. Ainsi, dans la lutte contre les maladies transmises par les moustiques, la mobilisation des populations est essentielle. Chacun, en modifiant son comportement, exerce un rôle important afin d’éviter la transmission de la maladie. Dans le cas présent, les personnes résidant dans des zones où le moustique du genre Aedes est implanté ont cet intérêt commun à lutter contre les maladies transmises par les moustiques. Supports de communication « Soyez secs avec les moustiques » Source : EID Méditerranée - 10 - Trois axes sont prioritaires dans la lutte : Prendre en charge, à l’intérieur et autour de son domicile, la destruction mécanique des gîtes larvaires, également appelés « nids » à moustiques. En effet, la grande majorité des gîtes à moustiques sont des volumes de petites dimensions où la présence d’eau stagnante favorise la reproduction des moustiques. Ils sont situés à l’intérieur et à proximité immédiate des habitations. Il suffit donc de les rechercher, de les éliminer quand cela est possible (mettre à l’abri de la pluie les jouets qui traînent dans le jardin ou enlever les coupelles sous les pots de fleurs par exemple) ou de les vider régulièrement (une fois par semaine) quand on ne peut les éliminer définitivement (les gouttières, les bassins d’ornements…) et de protéger les récipients destinés à la collecte d’eaux pluviales en les recouvrant par une toile moustiquaire ou tout autre tissu. Consulter un médecin quand on revient d’une zone endémique et que l’on a de la fièvre, et l’informer de ce séjour. Enfin, il est également très important pour chacun de se protéger des piqûres de moustiques et de maintenir cette protection en cas de maladie. Au cours de cette période, le patient constitue un réservoir de virus et participe au cycle de transmission de la maladie. En se protégeant, le malade protège sa famille et ses proches en empêchant que les moustiques prélèvent le virus en le piquant, et ne transmettent ultérieurement la maladie à des individus sains. Pour en savoir plus : Le site de l’ARS Languedoc-Roussillon : www.ars.languedocroussillon.sante.fr Rubrique Votre santé > Votre environnement > Aedes albopictus et maladies vectorielles > Vous voulez vous protéger contre les piqûres - 11 - IV - Les contextes épidémiologiques de la dengue et du chikungunya 1) Dans le monde La dengue est l’arbovirose la plus répandue dans le monde et celle qui progresse le plus rapidement. Depuis les années 1970, le nombre de pays affectés et de cas n’a cessé de croître avec un doublement des cas chaque décennie jusqu’en 2000 puis un quasi doublement tous les 5 ans. Circulation de la dengue dans le monde, bilan au 1er mai 2011 – Source : InVS Le virus du chikungunya a été identifié pour la première fois en 1952-1953 en Tanzanie. Depuis lors, Il a été responsable d’épidémies importantes en Asie, dans l’Océan Indien et en Afrique. Récemment, on a observé la survenue de foyers autochtones dans des zones jusque-là indemnes comme en Italie (2007), en Chine et en France (2010), en Nouvelle Calédonie (2011). En décembre 2013, le virus survient pour la première fois dans la zone Amérique-Caraïbes. Circulation du chikungunya dans le monde, bilan juin 2015 – Source : InVS, DCAR-VICAR - 12 - 2) En France métropolitaine Depuis 2004, le moustique vecteur Aedes albopictus s’est progressivement implanté dans plusieurs départements méditerranéens, puis il a étendu son implantation vers le nord et l’ouest. En mai 2015, il est implanté dans 20 départements : Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Var, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées Orientales, Haute-Garonne, Lot et Garonne, Drôme, Ardèche, Isère, Savoie, Rhône, Saône et Loire et Gironde. Il n’y a pas à l’heure actuelle, d’épidémie de dengue ou de chikungunya dans les départements métropolitains concernés. Cependant : - en 2010 dans les Alpes-Maritimes et la Var, deux cas autochtones de dengue et deux cas autochtones de chikungunya ont été identifiés - en 2013 et en 2014, dans les Bouches-du-Rhône, un cas autochtone de dengue a été identifié - en 2014 un foyer autochtone de 11 cas de chikungunya a été identifié à Montpellier ; deux cas autochtones de dengue l'ont été en région PACA confirmant la possibilité de voir se développer ces maladies dans les départements où le moustique Aedes albopictus est implanté. (mai 2015) – Source InVS : 3) En Languedoc-Roussillon Voir « Point de situation en région Languedoc-Roussillon », page 4 et « Focus sur les 12 personnes infectées par le chikungunya à Montpellier en 2014 », page 5 - 13 - V - Le dispositif de lutte contre la dengue et le chikungunya 1) Principal objectif du dispositif : réduire la circulation des virus de la dengue et du chikungunya afin de limiter le risque de déclenchement d’une épidémie autochtone Si les départements métropolitains concernés par l’implantation du vecteur Aedes albopictus ne connaissent pas à ce jour d’épidémie de dengue ou de chikungunya, les cas autochtones survenus en 2010 dans la région PACA ont toutefois démontré la possibilité de voir se développer ces maladies dans les zones où le vecteur est implanté et actif. Cela représente 20 départements en 2015 soit environ une population de 16 millions d’habitants potentiellement exposée. Depuis 2006, le ministère de la santé a mis en place un plan de lutte contre le risque de dissémination de la dengue et du chikungunya en France métropolitaine. Ce dispositif est établi en lien avec les Agences Régionales de Santé (ARS), les Conseils généraux et les communes concernés, ainsi que les préfectures et les structures chargées de la surveillance entomologique et de la démoustication. Il est actualisé chaque année en fonction de l’évolution de la situation. 2) La surveillance entomologique (c’est-à-dire la surveillance des populations de moustiques) Elle a pour objectif de surveiller les zones où le moustique tigre est présent ou susceptible de s’implanter. Cette surveillance vise à détecter l’activité du moustique afin d’agir le plus précocement possible pour ralentir la progression de son implantation géographique. Ainsi, l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication (EID), missionnée par les Conseils généraux, surveille et cartographie à l’aide de pièges pondoirs* (posés dans les agglomérations le plus importantes et le long des axes routiers) l’implantation du moustique et son évolution. Lors d’un cas avéré de dengue ou de chikungunya validé par l’ARS, l’EID réalise à la demande de la DGS un traitement anti-larvaires et/ou anti-adultes autour des zones habitées concernées. En complément, un site de signalement de la présence de moustiques tigres a été mis en œuvre à destination des particuliers à l’adresse suivante : www.signalement-moustique.fr - 14 - 3) La surveillance épidémiologique (c’est-à-dire la surveillance des cas humains) Elle a pour but de prévenir ou limiter l’instauration d’un cycle de transmission autochtone. Les professionnels de santé impliqués dans la surveillance (médecins, biologistes,…) signalent sans délai les cas suspects importés ainsi que tous les cas confirmés dans les zones où la présence du moustique est avérée (niveau 1). Ces professionnels font l’objet de la part de l’ARS d’actions d’information et de sensibilisation à la surveillance humaine, en début de saison (mai). Les informations ainsi transmises à l’autorité sanitaire permettent la mise en place de mesures de démoustication au domicile et de protection individuelle autour des cas afin d’éviter la transmission de la maladie à d’autres personnes. De plus, les cas suspects importés peuvent si nécessaire conduire à la mise en œuvre de mesures de démoustication avant la confirmation du diagnostic. Pour en savoir plus sur le moustique tigre et son implantation en région Languedoc-Roussillon : - Le site de l’EID Méditerranée : www.eid-med.org et http://albopictuslr.org - Le site de l’ARS Languedoc-Roussillon : www.ars.languedocroussillon.sante.fr (Votre santé > Votre environnement > Aedes albopictus et maladies vectorielles) - 15 - VI - Dengue et chikungunya : ce qu’il faut savoir et retenir 1) Des maladies infectieuses à transmission vectorielle Dengue et chikungunya sont des maladies infectieuses dues à un arbovirus ; c’est-àdire un virus transmis par un arthropode* qui, dans les deux cas, est un insecte : un moustique du genre Aedes. Elles sévissent essentiellement dans les régions tropicales et subtropicales de la planète avec une prédilection pour les zones urbaines et semi-urbaines. Leur incidence* est en constante progression dans le monde depuis plus d’un demi siècle, favorisée notamment par les capacités d’adaptation du moustique Aedes et le développement des échanges internationaux (en particulier le commerce de pneus usagés, reconnu comme étant le mode privilégié de dissémination du vecteur). Le risque d’introduction de la dengue et du chikungunya dans certains départements du sud de la France est réel en raison de l’implantation et de l’activité du moustique capable de transmettre le virus sur ces territoires. Ce moustique du genre Aedes est Aedes albopictus, communément appelé moustique tigre, en raison de sa coloration contrastée de noir et de blanc. Le moustique tigre n’est pas en lui-même porteur du virus de la dengue et du chikungunya, mais il est un vecteur du virus. Il ne peut le transmettre que s’il a piqué, au préalable, une personne déjà infectée (à l’occasion de voyages dans les zones d’épidémie). Ainsi, lors d’une piqûre, le moustique prélève le virus sur une personne infectée. Après une période d’incubation, il est capable de transmettre le virus, à l’occasion d’une autre piqûre, à une personne saine. Le moustique sera capable d’une telle transmission tout au long de sa vie et pourra même transmettre le virus à sa descendance (voir annexe 1 : « Le cycle de transmission de la dengue et du chikungunya »). Seule la femelle pique, le repas sanguin étant nécessaire pour sa fonction de reproduction. Les piqûres interviennent principalement à l’extérieur des habitations, pendant la journée, avec un pic d’agressivité à la levée du jour et au crépuscule. Le moustique tigre se déplace peu (quelques centaines de mètres). Les femelles pondent leur œufs (jusqu’à 250 œufs tous les deux jours) dans des gîtes (essentiellement d’origine anthropique, c’est-à-dire créés par l’homme) où la présence d’eau stagnante est nécessaire au développement larvaire : vases, soucoupes, pneus usagés, gouttières mal vidées, déchets divers contenant de l’eau stagnante, mais aussi creux d’arbres, certaines plantes susceptibles de former une rétention d’eau… Aedes albopictus présente une grande capacité d’adaptation (on parle de plasticité écologique). Il est notamment capable de stopper temporairement son développement (diapause), durant les périodes hivernales des zones de climats plus ou moins tempérés. La période de diapause permet à ses œufs de survivre en conditions défavorables, en attendant le retour des « beaux jours ». La lumière solaire (photopériode) et la température ambiante sont les paramètres déterminants de l’entrée et de la sortie de diapause et, par conséquent, de la présence effective de populations - 16 - adultes compatibles avec un risque vectoriel. En France métropolitaine cette période « active » s’étend du 1er mai au 30 novembre de chaque année dans la zone où le moustique s’est implanté. 2) Les symptômes La dengue La dengue est une maladie généralement bénigne bien qu’invalidante. Dans la majorité des cas, la dengue ne présente pas de complication. Néanmoins, dans de rares cas (environ 1% des cas symptomatiques), elle peut évoluer en formes sévères et hémorragiques. On connaît quatre formes de virus (ou sérotypes) dénommées DEN-1(pour dengue 1), DEN-2, DEN-3 et DEN-4. L’infection par une de ces quatre formes de virus immunise la personne contre celle-ci, mais pas contre les trois autres. Ainsi, une personne peut en théorie connaître, au maximum, quatre infections successives avant d’être protégée contre les quatre types de virus. Après une incubation de 5 à 7 jours, une forte fièvre apparaît brutalement, accompagnée de maux de tête, de douleurs musculo-articulaires (sensation de courbatures intenses), rétro-orbitaires (douleurs au niveau des globes oculaires) et d’une fatigue générale. D’autres symptômes tels que des nausées et des éruptions cutanées, des membres inférieurs en particulier, peuvent également se manifester. La guérison s’accompagne en général d’une convalescence d’une quinzaine de jours. Le chikungunya Après une incubation de 4 à 7 jours en moyenne, une fièvre élevée (supérieure à 38,5°C) apparaît brutalement, accompagnée de maux de tête, de courbatures ou de douleurs articulaires (touchant principalement les extrémités : poignets, chevilles, phalanges), qui peuvent être intenses. D’autres symptômes peuvent également être associés, telle une conjonctivite, une éruption cutanée, des nausées. L’évolution peut être rapidement favorable, si le malade répond bien au traitement symptomatique. Cependant, la maladie peut aussi évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes et incapacitantes. Pendant la convalescence qui peut durer plusieurs semaines, la fatigue peut rester importante. Fait important, l’immunité acquise est durable. Pour la dengue comme pour le chikungunya, les manifestations symptomatiques varient d’un malade à l’autre, mais leur apparition brutale dans les 7 jours suivant le départ d’une zone où circule le virus, nécessite de consulter un médecin en lui précisant la destination et les dates de séjour. Le diagnostic sera confirmé par une prise de sang. - 17 - 3) Les traitements Il n’existe pas, pour la dengue comme pour le chikungunya de traitement antiviral spécifique, ni de vaccin. Le traitement est symptomatique (antalgique, antipyrétique). Pour la dengue, et en raison du risque hémorragique, il est nécessaire d’éviter impérativement la prise d’aspirine et d’anti-inflammatoires. Il est important d’expliquer à la personne infectée et à son entourage les mesures de protection pour éviter la transmission par des moustiques (Aedes) au domicile (voir « Les moyens de prévention » p. 8). Recommandations Privilégiez les conseils et prescriptions d’un médecin traitant ou d’un pharmacien. En attendant d’avoir pu consulter un médecin, des mesures simples peuvent être suivies : - Boire beaucoup d’eau pour maintenir une bonne hydratation ; - Prendre un médicament tel le paracétamol pour soulager les douleurs et la fièvre en respectant les doses et les conseils d’utilisation indiqués dans la notice. - 18 - Contacts et informations complémentaires Agence Régionale de Santé Languedoc-Roussillon : Parc Club du Millénaire 1025 rue Henri Becquerel CS 30001 34067 MONTPELLIER Cedex 2 Tél : 04 67 07 20 07 www.ars.languedocroussillon.sante.fr (Votre santé > Votre environnement > Aedes albopictus et maladies vectorielles) Entente Interdépartementale pour la Démoustication du littoral Méditerranéen 165, avenue Paul-Rimbaud 34184 Montpellier Cedex 4 Tél. 04 67 63 67 63 - Fax +33 (0)4 67 63 54 05 www.eid-med.org - http://albopictuslr.org Ministère des affaires sociales et de la santé : « Les dossiers de la santé » > « Lettre C » > « Chikungunya » et « Lettre D » > « Dengue » www.sante.gouv.fr Institut de Veille Sanitaire (IVS) « Dossiers thématiques » > « Maladies infectieuses » > « Maladies à transmission vectorielle » > « Chikungunya » > « Dengue » www.invs.sante.fr - 19 - Glossaire Arthropode (hématophage) : Ce groupe rassemble l’ensemble des arthropodes ayant besoin d’un repas sanguin qui leur fournit les protéines nécessaires à la formation des oeufs. Ainsi, dans la presque totalité des cas, seule la femelle prend un repas de sang. Les principaux arthropodes hématophages appartiennent au sous-embranchement des Hexapodes (insectes). On y retrouve les puces (ordre des Siphonaptères), les moustiques, mouches et moucherons (ordre des diptères, famille des Culicidés, Phlébotomidés, Cératopogonidés, Simulidés et Tabanidés) et les punaises (Hémiptères). Les tiques (métastigmates) sont également hématophages mais font partie du sousembranchement des Arachnides. Incidence : En épidémiologie, le taux d'incidence rapporte le nombre de nouveaux cas d'une pathologie observés pendant une période donnée - population incidente - à la population dont sont issus les cas (pendant cette même période) - population cible -. Il est un des critères les plus importants pour évaluer la fréquence et la vitesse d'apparition d'une pathologie. Piège pondoir : outil permettant la détection d’espèces de moustique ayant comme sites de ponte les creux d’arbres ou des contenants artificiels. Le but est de fournir un site de ponte attractif pour l’espèce cible, stable (restant en place) et régulièrement en eau, localisé dans un environnement lui-même attractif (végétation dense, proximité d’hôtes). Le piège est constitué d’un seau noir, étiqueté, contenant de l’eau (infusion préalable de bois sec), d’une pastille d’insecticide et d’un support de ponte constitué d’un carré de polystyrène. Ce support de ponte présente l’avantage de flotter et donc de suivre les variations du niveau d’eau ; les moustiques femelles gravides viennent pondre sur la tranche qui reste humide et les oeufs ne sont pas submergés par la remontée du niveau d’eau, ce qui limite considérablement l’éclosion des oeufs. L’insecticide est tout de même ajouté pour garantir l’absence de tout développement larvaire. Ce piège permet avant tout de détecter la présence d’une espèce dans une zone indemne. Il peut éventuellement fournir des données sur la densité de l’espèce en zone colonisée si l’échantillonnage est correctement réalisé (densité suffisante de pièges pondoirs distribués aléatoirement). Virémie : période pendant laquelle l’agent pathogène est présent dans la circulation sanguine de l’hôte vertébré. Pour qu’un arthropode vecteur s’infecte lors d’un repas sanguin, la dose virale dans le sang doit atteindre un seuil d’infectivité donné. - 20 - Annexes Le cycle de transmission de la dengue et du chikungunya (Source : Inpes) - 21 - - 22 -