S`unir par la prière - Groupe d`Amitié Islamo

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Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne
C/0 Forum 104, 104, rue de Vaugirard - 75006 PARIS - FRANCE
Comptes-rendus de la SERIC
15émeédition
12-22 Novembre 2015
1
La 15ème édition de la Semaine de Rencontres Islamo-Chrétiennes a
été organisée du 12au 22 novembre 2015.
Vous trouverez dans ce document les comptes-rendus reçus à ce
jour (12 janvier 2016). D’autres comptes-rendus sont en attente de
réception.
Ce document est composé de trois parties :
-Comptes-rendus Paris
-Comptes-rendus IDF
-Comptes-rendus Province
Très bonne année 2016 avec plus de dialogue
Tél : 00 33 6 83 86 18 22
E-mail : [email protected]
Website : semaineseric.eu
2
SOMMAIRE
Paris
Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas
5 novembre, Paris 5ème
p6
Des contes pour apprendre à vivre ensemble ! Avec ses voisins,
dans son quartier
14 novembre , Paris 12ème
p 11
L'être humain et la nature au prisme des religions. Y a-t-il une
vision spirituelle de l'écologie ?
Y a-t-il un salut possible pour l'Autre dans nos traditions
respectives ?
Mariage, vie commune et enfants au sein de couples mixtes
15 novembre, Paris 5ème
p 14
18 Nov, Paris 13ème
p 18
22 novembre, Paris 5ème
p 20
Dans quel esprit aborder certains versets du Coran incitant à la
violence ?
Solidarité avec Gaza
05 novembre, Versailles
p 22
11 novembre ,Massy
p 22
Croyants, qu’avons-nous à partager ?
12 et 19 novembre, St Denis
p 31
«Calendrier interreligieux 2016
15 novembre, Pontoise
p 32
Rencontre Interreligieuse de prières pour la Paix
17 novembre, Richarville
p 32
Quels axes développer dans l'enseignement de nos religions pour
amener à la rencontre de l'autre ?
22 novembre, Châtenay-Malabry
p 33
Un seul Dieu, pourquoi plusieurs religions ?
22 novembre, Pontoise
p 42
Rencontre entre croyants
25 novembre, Plaisir
p 43
La violence
05 novembre, Montpellier
p 45
Le dialogue plus fort que la peur
11 novembre, Annecy
p 50
Jésus dans nos différentes confessions
12 novembre, Saint-Étienne
p 50
Rencontre et partage
14 novembre, Gap
p 50
La rencontre
15 novembre, Strasbourg
p 51
Ile de France
Province
3
Pierre et Mohamed
16 novembre, Toulon
p 52
Pierre et Mohamed
16 novembre, La Farlède
p 52
La rencontre
16 novembre, Strasbourg
p 52
Pierre et Mohamed
17 novembre, Toulon
p 52
Pierre et Mohamed
17 novembre, Ollioules
p 52
La rencontre
17 novembre, Lingolsheim
p 53
Pierre et Mohamed
18 novembre, Lycée l'Olivier
p 53
Notre Maison Commune : Comment l'animer ?
18 novembre, Mulhouse
p 53
Pierre et Mohamed
18 novembre, Fréjus
p 53
La rencontre
18 novembre, Strasbourg
p 55
La miséricorde
19 novembre, Bordeaux
p 55
L'attention à l'humain dans la tradition musulmane et chrétienne «
la religion rend - elle libre ? »
Pierre et Mohamed
19 novembre, Marly les Valenciennes
p 60
20 novembre, Brignoles
p 63
Fuir pour sa foi
20 novembre, Le Pont-de-Beauvoisin
p 63
Notre Maison Commune : Comment la sauvegarder ?
20 novembre, Mulhouse
p 64
La rencontre
20 novembre, Schiltigheim
p 65
La rencontre
20 novembre, Strasbourg
p 66
Vouloir vivre ensemble dans notre ville
21 novembre, La Seyne-sur-Mer
p 70
Jésus dans le Coran et dans les Evangiles
21 novembre, Gap
p 71
La rencontre
21 novembre, Strasbourg
p 73
Pierre et Mohamed
22 novembre, Toulon
p 73
Notre Maison Commune : Comment l'habiter ? - 22 novembre,
Illzach
La Miséricorde parmi les valeurs républicaines et la Miséricorde
pour la Foi chrétienne et pour la Foi musulmane
Mariage, vie commune et enfants au sein de couples mixtes
22 novembre, Illzach
p 74
22 novembre, Nevers
p 75
22 novembre, Marseille
p 75
L'accueil des étrangers
25 novembre, Poitiers
p 76
Vivre ensemble
28 novembre, Montluçon
p 77
4
Paris
5
« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas !
Du 5 au 6 novembre, Paris 5ème
Collège des Bernardins 5-6 novembre 2015
Mot d’accueil de Michel CAMDESSUS, ANCIEN DIRECTEUR GENERAL DU FMI,
GOUVERNEUR HONORAIRE DE LA BANQUE DE FRANCE
Après Hubert du Mesnil, Jacques Attali, Dominique de Font-Réaulx
Qu’ajouter ? C’est une inquiétante image de notre monde que nous offre l’exposition Attali du
Louvre, même si une reconstruction et un nouveau monde sont évoqués en toute fin du
parcours. Elle nous suggère que l’épanouissement et la survie de toute civilisation dépendent
fondamentalement de leur ancrage spirituel. Les empires meurent dans la fureur et elle est
peut-être à nos portes. Ouvrons simplement les yeux : les cortèges sans fin des migrants en
exode, d’innombrables jeunes parents qui, à chaque minute à travers le monde, pleurent un
enfant mort de faim ou victime d’une eau souillée. Comptons jusqu’à sept : un, deux, trois... ;
c’est court sept secondes ! Eh bien, pendant ces sept secondes, un enfant est mort, victime de
cette eau souillée. Tout cela peut-il durer sans révolte ? Peut-on croire que les choses se
calmeront, que le « ruissellement » automatique des richesses que permettrait « la main
invisible » pourrait finalement venir à bout de tant de souffrances ?
Ce serait folle illusion que de le croire. Oui, il est donc légitime de penser que l’empire
marchand qui étend son emprise sur le monde ira, comme ceux qui l’ont précédé, tôt ou tard
vers sa fin. Cette fin risque d’être précipitée par l’universelle marchandisation, les pulsions
d’accaparement, la poussée des inégalités entraînant d’inéluctables révoltes et des conflits
peut-être d’une violence sans précédents...
Alors comment ne pas se demander comment agir sur le cours de l’histoire et s’il n’y aurait pas
« des forces qui n’ont pas encore donné1 » ou pas assez donné, susceptibles – à condition de
travailler ensemble – d’éviter ce futur d’apocalypse, de nous rendre la maîtrise de notre destin,
de le rendre plus humain en éradiquant vraiment la misère et la violence ?
Ici, aux Bernardins comme d’autres en beaucoup d’autres endroits, nous espérons que les
forces spirituelles – humanistes ou religieuses – pourront y contribuer. Nous nous sentons
solidaires de tous ceux, de toutes obédiences, qui, à travers le monde, souvent trop dispersés,
s’y consacrent déjà silencieusement, sagement, héroïquement, saintement. Mais nous le
savons, ces forces spirituelles n’ont pas toutes bonne presse, ni un « track record »
________________________________
1 Cf. le Général de Gaulle, 18 juin 1940.
impeccable. On nous parlera des vieilles croisades ou des massacres du XXe siècle au nom
d’idéologies folles... Soit, mais outre leur repentance, pourquoi ne pas entendre l’appel que
toutes ces spiritualités font, dans leur propre langage, à la fraternité des hommes ?
N’est-il pas temps de reconnaître que toutes sont, pour ceux qui les suivent, chemin de
perfectionnement humain et de salut ? N’est-il pas temps :
6
 De les aider à se reconnaître non plus comme causes de divisions et de violences mais
comme ouvrières dans le chantier commun de la construction d’un monde meilleur pour tous les
hommes ;
 De les écouter nous dire quelle parole commune elles pourraient porter pour pacifier et
civiliser les rapports entre les hommes ;
 enfin, de nous dire ce qu’elles attendent les unes des autres pour pouvoir s’engager plus
avant dans un dialogue fraternel, pour rendre plus concrètes leurs contributions à ce sauvetage
du monde sur tellement de fronts.
Voilà ce que nous aimerions faire au cours de ces deux jours qui veulent être d’abord une fête
de la rencontre et qui pourraient encourager chacun d’entre nous à emprunter plus hardiment, à
partir de sa propre sagesse, un chemin à tracer ensemble vers ce monde de justice, de paix et
de fraternité, la fraternité, ce seul devoir commun à tous les hommes.
***
Pour ouvrir nos réflexions, nous avons demandé à Mme Vaira Vike-Freiberga d’ouvrir nos
travaux. Nous la connaissons bien à Paris : c’est une femme de réflexion et d’action ; elle a
exercé les plus hautes responsabilités politiques dans son pays ; elle a joué un rôle décisif au
cours de ses deux mandats comme Présidente de la République de Lettonie par l’ancrage de
son pays dans la démocratie et l’Europe. Elle a beaucoup à nous dire.
Intervention Jean-Baptiste de Foucauld, président de Démocratie et Spiritualité
En clôture de la première journée : Qu’est-ce finalement que le spirituel ?
En dialogue avec Delphine Horvilleur
« Finalement » : Le terme est audacieux ! Aura-t-on jamais fini de définir le spirituel ?
Le faut-il d’ailleurs ? On pourrait dire du spirituel ce que Saint-Augustin écrivait du temps, dans
ses Confessions1 : « Qu’est-ce que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais
si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus ». En serait-il ainsi de ce qu’il
est convenu d’appeler le spirituel2 ?
On tourne vite en rond si on conceptualise, comme il est tentant de le faire. Le spirituel, c’est
une expérience ? Mais aussi une certitude. Une attitude intérieure ? Mais avec des effets
extérieurs visibles. Cela a un rapport avec le transcendant – mais c’est tout aussi bien
immanent. C’est une mystérieuse Présence, mais tout autant le ressenti d’un Vérité. Cela
touche au sacré, mais hors des formes usuelles et visibles du sacré. Ce n’est jamais
exclusivement le « ceci » ou le « cela » par lequel chacune ou chacun d’entre chercherait à
l’atteindre, cela ne se laisse pas enfermer, cela fuit entre les doigts, c’est sa nature de n’avoir ni
limite ni frontière et pourtant d’avoir une densité et même une substance propre.
1 Chapitre 24. 2 Lors d’une Université d’été de Démocratie et Spiritualité, en 2009, nous étions
parvenu à cette conclusion que chacun savait bien de quoi il parlait lorsqu’il employait ce mot,
et qu’il n’y avait pas de problème d’incompréhension à son égard, quel que soit son contenu
évidemment
polysémique.
On ne peut pourtant pas se contenter d’une approche apophatique ou de théologie négative et
faire du spirituel un « nuage d’inconnaissance »
Le livre de la Sagesse, en son chapitre 7, verset 22 et suivants, propose une solution fine à ce
dilemme :
« Il y a dans la Sagesse un esprit intelligent, saint, unique, multiple, subtil, mobile, distinct, sans
tache, clair, inaltérable, aimant le bien, diligent, indépendant, bienfaisant, ami de l’homme,
7
ferme, assuré, tranquille, qui peut tout, surveille tout et pénètre tous les esprits, les intelligents,
les purs, les plus subtils3 ».
Le spirituel, assimilé ici à l’esprit, attribut de la Sagesse, « effluve de la puissance de Dieu »,
réconcilie tout en lui et prend des formes variées tout en étant toujours lui-même. Texte
universalisable, car à la fois talmudiste, taoïste, soufi, bouddhiste, profondément évangélique4
et même laïque si l’on veut bien référer l’esprit à la conscience et à l’éthique.
Il résulte de cette vaste combinatoire, de ce « Jeu des perles de verre » où les opposés ne se
contredisent pas, qu’il y a autant de spiritualités qu’il y a de personnes. Cette diversité ne doit
pas nous inquiéter. Ibn Arabi ne commence-t-il pas la sagesse des prophètes en affirmant que
Dieu, en créant le monde, voulut « voir les essences de ses Noms très parfaits que le nombre
ne saurait épuiser ». Ce serait donc la multiplicité elle-même qui serait spirituelle.
Comment, malgré tout, identifier le socle commun qui unit toutes ces subjectivités ?
Le spirituel pourrait être « ce qui se passe » quand le Sujet rencontre une Vérité ou une
Présence qui le dépasse et à laquelle il adhère. La Vie bouleversée d’Etty Hillesum exprime
bien cette recherche.
Autre tentative, celle de la Charte de Démocratie et Spiritualité (1993)5 : « Pour être admis et
efficace, le spirituel doit être ouvert et défini de façon large : ce qui fait appel à l'intériorité de
l'homme, lui fait refuser l'inhumain, l'invite à s'accomplir dans une recherche de transcendance
et à donner du sens à son action, le met à l'écoute des autres et le porte à donner, échanger,
recevoir ».
Ainsi, plus on cherche à approfondir, plus on renvoie et plus on reporte la définition que l’on
cherche à cerner. Il faut s’y résoudre et peut-être est-ce mieux ainsi.
Mais pour autant, cela ne nous épargne pas le souci d’une définition personnelle. Bien plus,
cela nous y invite. Qu’est-il donc, pour moi, ce spirituel, qu’est-il donc pour chacun
d’entre nous ? 3
_____________________________________________
3 Traduction œcuménique de la Bible
4 Bien que relativement peu sollicité (uniquement le jeudi de la 32ème semaine du temps
ordinaire des années impaires).
5 www.democratie-spiritualite.org
Pour moi, c’est une obligation vitale de donner sens au mystère de la vie, qui est tout à la fois
émerveillement et épreuve, ordre et chaos, indissolublement mêlés. C’est aussi la constatation
que nous sommes aidés sur ce chemin initiatique, qu’il y a en nous une faculté de vision, de
gnose ou d’imagination, ainsi qu’une présence qui parle et raisonne (résonne) en nous, qui
nous permet d’habiter le mystère et d’affronter l’énigme du mal et de l’inachèvement.
Le spirituel se reçoit, mais aussi se travaille. Je crois à l’importance d’une règle de vie qui balise
le rapport au temps, aux autres, à l’action, à l’argent, aux désirs, qu’il faut hiérarchiser et
orienter vers l’essentiel. Ce qui, d’expérience, m’a paru profitable dans ce travail, c’est de
conjuguer le plus possible la recherche personnelle, des rencontres régulières avec un groupe
de pairs, le rattachement à une Tradition qui vient de loin et vous bouscule, et une ouverture
intéressée et profitable envers les autres spiritualités et religions, ouverture qui enrichit notre
vision de l’universel et nous fait percevoir le méta-religieux, cette grammaire commune dans
laquelle les différentes religions apportent leurs accents singuliers6 .
La spiritualité a nécessairement une dimension d’action, qui la valide et sans laquelle elle n’est
pas effective. Ce n’est pas un sentiment vague. C’est une force active (plus ou moins active) au
cœur même de la réalité.
En effet, face à une épreuve, individuelle ou collective, on peut réagir par la force et la violence,
par la technique et la méthode, ou par la spiritualité et la morale.
8
Dans ce dernier cas, au lieu de réprimer, on partage ; au lieu d’organiser et de mettre à
distance, on s’implique et on se relie.
Même si cette dernière attitude ne peut pas tout résoudre en raison de l’imperfection humaine,
à tout le moins faut-il combiner ces trois approches et laisser une place à cette politique
spirituelle, à ce civisme spirituel. Quelle conclusions en tirer pour que le 21ème siècle soit
mieux réussi que le précédent, pour qu’il soit vraiment spirituel ? Le spirituel, c’est ce que les
religions ont en commun, c’est aussi le meilleur de chacune d’elles, même si elles l’expriment
de manière différente.
Elles ont à le reconnaitre, c’est la raison d’être de leur nécessaire dialogue, et la condition de
leur agir en commun. Les religions, confrontées à la réalité, ne sont pas toujours spirituelles et
peuvent, à la pratique, se montrer inhumaines. Elles doivent aussi le reconnaître et savoir aussi
se garder d’elles-mêmes. On ne se confronte pas innocemment à l’absolu, tant cela fait manier
des explosifs symboliques.
________________________________
6 Voir JB de Foucauld, L’abondance frugale, pour une nouvelle solidarité, p.37 et 38 (2010,
Odile Jacob)
La modernité s’accompagne de l’émergence d’une spiritualité qui s’est développée en dehors
des religions, qui ont été ressenties, à tort ou à raison, comme un obstacle au bonheur possible.
La perte des repères habituels, les dysfonctionnements économiques et sociaux, la
confrontation au mal radical liée aux chocs de la vie affective, ont toutefois crée un besoin
spirituel et une vraie recherche, qui puise à différentes sources, et s’avère sensible aux valeurs
de sens, de sobriété, de justice, de fraternité, de qualité démocratique7 . Ces spiritualités, assez
personnelles et tournés vers l’épanouissement plus que le sacrifice, plus sensibles à
l’immanence qu’à la transcendance, peinent, du fait de leur diversité, à constituer une force
active dans la société. Un dialogue fructueux pourra-t-il se nouer avec les religions ?
L’établissement de rapports féconds entre Démocratie et Spiritualité sera le grand problème du
21ème siècle, on le constate déjà.
Le relativisme général (tout se vaut) joint aux phénomènes d’exclusion, de chômage et de
dilution du lien social constitue un phénomène détonnant, qui mine de l’intérieur les démocraties
et suscite des revendications identitaires qui risquent en permanence d’instrumentaliser les
religions et de dégénérer en violence.
Les démocraties, tant pour simplement tenir debout que pour accomplir enfin leur ambitieux
projet d’égale dignité de chaque personne, ont besoin de la force convictionnelle des religions
et spiritualités. Mais inversement, les religions et spiritualités ont besoin des institutions et du
climat de la démocratie pour être préservées de leurs penchants autoritaires et sectaires. La
reconnaissance réciproque de ce besoin mutuel sera-t-elle au rendez-vous. A mon avis, c’est à
cela que nous devons travailler.
__________________________________________________
7 Voirwww.pacte-civique.org
Intervention de Delphine HORVILLEUR, Rabbin
En clôture de la première journée : Qu’est-ce finalement que le spirituel ?
En dialogue avec Jean-Baptiste de Foucauld, président de Démocratie et Spiritualité
VIVE LE VIDE SPIRITUEL !
9
Lorsqu’on me demande de définir ce qu’est la spiritualité et ce que veut exactement dire ce mot
imprécis et flou, je suis souvent tentée de répondre : la spiritualité, « c’est du vent ! » C’est du
vent, parce que cette notion un peu fourre-tout suggère de façon gentillette qu’elle ne ferait de
mal à personne, contrairement aux méchantes religions qui imposeraient un dogme. Mais c’est
en réalité de vent plus littéral et étymologique que je veux parler. Car c’est bien ainsi qu’on
définit la spiritualité dans plusieurs langues. On parle en grec de PNEUMA, pour dire à la fois le
souffle et l’esprit. Et en hébreu, le mot ROUAH est un mot qui signifie souffle, vent, mais aussi
esprit et spiritualité.
Pour comprendre ce terme, il n’est pas inutile de replonger dans le texte biblique. Selon un
principe d’exégèse traditionnelle, chaque fois que l’on s’intéresse à un mot, il faudrait revisiter
ses origines. Comme si la ou les premières utilisations d’un terme dans le texte disaient
quelque chose de fondamental sur son sens, et sa possibilité de dire. Où donc apparaît le
souffle/ le vent dans la Bible? Tout au début de la Genèse : le monde n’est pas encore créé et il
est dit que « ROUAH ELOHIM MERAH’EFET AL PNEI HAMAIM », le souffle de Dieu
frôle/glisse à la surface des eaux. Au commencement donc, le souffle, le spirituel n’est posé
nulle part, il glisse, sans adhérer, sans pénétrer quoi que ce soit. Et puis, voilà que l’Homme est
créé, façonné d’une poussière détachée du sol. Dieu crée un Homme à son image. Et comment
va-t-il lui donner vie ? VAYIPAH’ BEAPAV NISHMAT H’AYIM, « il souffle dans son nez une âme
de vie ». Voilà que le souffle s’est posé quelque part.
Au commencement de l’Homme, il y a comme une expiration divine, c’est à dire une inspiration
de l’humain qui prend ainsi vie. La spiritualité hébraïque est au départ un souffle que le divin a
fait entrer par nos narines. J’aimerais que vous ayez en tête cette image, bien souvent
suggérée par des commentateurs, celle d’un ballon de baudruche encore plié sur lui-même,
dont les parois sont collées et adhèrent l’une à l’autre, et soudain le voilà qui gonfle parce qu’on
y injecte un souffle, parce qu’on crée en lui un espace qui n’existait pas auparavant. Dieu de la
même manière, selon la Genèse, a produit en l’homme un vide intérieur qui est la conditionmême de son accès à la vie, ou à la spiritualité.
Pourquoi vous parler de cette image biblique? Parce qu’elle raconte exactement l’inverse de ce
que beaucoup énoncent aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui déplorent ce qu’ils appellent le
vide spirituel de notre génération ou de notre société, le désert, le néant que nous serions en
train de traverser et qui nous rendrait vulnérables ou désarmés face aux attaques du
fondamentalisme religieux, d’une offensive dogmatique très pleine d’elle-même qui s’emparerait
de notre vacuité spirituelle. Selon moi, cette mise en garde est à la fois vraie et erronée.
Vraie, parce que nous sommes effectivement dans une position de vulnérabilité particulière à
l’égard de certitudes religieuses qui ne souffrent aucune contestation. Fausse, parce que parler
d’un vide spirituel déplorable nous empêche de reconnaître que ce vide est au cœur même de
toute spiritualité. Toujours, me semble-t-il, il a quelque chose à voir avec la conscience d’un
manque, d’une faille, d’un espace intérieur que seul peut avoir le « ballon de baudruche » que
nous sommes, qui n’a pris vie que parce qu’on a soufflé en lui, et créé en lui un espace vide de
lui-même.
Vous allez sans doute dire que je joue avec les mots. Et tant mieux, c’est un exercice très
rabbinique. Mais derrière ce jeu, j’aimerais vous convaincre que cette conscience du vide n’est
pas qu’un langage de théologiens mais un combat politique qu’il nous faut mener aujourd’hui.
Le propre de tout fondamentalisme, c’est l’illusion de sa plénitude. On retrouve au cœur de tous
ces discours, la certitude de frontières identitaires solides, d’une pureté originelle, d’une non
contamination par l’autre, l’incapacité de gérer la mixité, la porosité du monde, de faire de la
place à l’autre en soi ; que cet autre soit l’étranger, le non croyant, le non fidèle, le non10
pratiquant, ou même la femme, surtout la femme, cet être qui précisément est celle dont le
corps dit le vide, l’espace intérieur, la faille et l’ouverture à l’autre.
Le propre d’une religion dans sa version fondamentaliste est toujours le trop plein de soi,
l’occlusion intérieure à l’émergence d’autres voix et d’autres façons d’être au monde. Au
contraire, le propre de la spiritualité est ce chemin du souffle intérieur, qui nécessairement va de
pair avec le doute et la porosité. Il s’agit constamment de reconnaître qu’il existe en soi une
faille, une incomplétude, une incertitude. Ce vide-là rend certes vulnérable, mais sans cette
faille, nous serions défaillants.
C’est parce qu’elle existe que je peux faire de la place à l’autre, et même inhaler sa présence
au monde. C’est parce que je le respire, que mon organisme peut se ré oxygéner.
Voilà la spiritualité telle que je la conçois : une science de pneumologues. Elle nous conserve
en vie tant qu’on respire, c’est à dire tant qu’on n’est pas saturé de soi. Le vide spirituel qu’on
déplore aujourd’hui peut alors se transformer en chance et en défi, à condition que nous
sachions l’utiliser pour lutter contre le discours monolithique qui l’attaque.
La liberté que chérissent nos sociétés ouvertes est un trésor qui pèse bien lourd, aussi lourd
que l’insoutenable légèreté de l’être. C’est la peur du vide qui pousse certains à se réfugier
dans un monde fermé qui ne tolère aucun doute mais impose les certitudes figées et pleines
d’elles-mêmes.
Le défi qui nous est lancé aujourd’hui est donc d’accepter nos failles constitutives, de faire
d’elles une puissance inédite et non un handicap. Voilà qui implique d’être un peu « gonflés »…
de reconnaître que nos héritages quels qu’ils soient et nos familles spirituelles ne demandent
qu’à être insufflés de débats inédits et de rencontres avec des temps nouveaux.
Je crois qu’alors un vent nouveau pourrait souffler. Nous sommes à un moment critique, comme
de retour au tout début de l’histoire, à la Genèse biblique du monde, ROUAH’ ELOHIM
MERAH’EFET AL PNEI HAMAYIM, l’esprit glisse à la surface des eaux. La question est de
savoir si nous allons le laisser entrer, retenir notre respiration ou au contraire, pouvoir grâce à
lui reprendre notre souffle
« Des contes pour apprendre à vivre ensemble !
Avec ses voisins, dans son quartier » 14 novembre à Paris 12ème
SEMAINE DES RENCONTRES ISLAMO-CHRETIENNES 2015
Forum St Eloi (Paris XIIe), samedi 14 novembre
L’association NOUR (BERCY) et la commission du DOYENNE du XIIe pour le Dialogue
Interreligieux ont en dépit des évènements meurtriers de la nuit précédente qui ont endeuillé
Paris et le pays, pris la décision de maintenir la rencontre prévue Samedi 14 novembre.
Le Forum de la paroisse St Eloi (Paris XIIe) a ainsi accueilli une belle centaine de personnes,
et parmi elles, de nombreux enfants et adolescents accompagnés par des parents, des
11
éducateurs, accompagnateurs. C’était un des objectifs poursuivis par les initiateurs de cet
évènement.
Innocent GUEWOU a invité dans un premier temps, la salle à chanter l’amitié, à rêver d’un
monde plus beau à faire ensemble, à se donner la main, « donne-moi la main, oh, mon frère !»
Des Chants…
Le Père Michel MEUNIER qui représentait le Père Jean COURTES responsable du Doyenné
12e et l’Imam Bubacar CONTE ont rappelé le cadre de cette rencontre et son objet.
Il s’agit bien, contre vents et marées, d’enrichir, de développer dans notre arrondissement, des
espaces de rencontres et d’amitié qui donnent à chacun de grandir en humanité, de reconnaître
l’autre (son voisin de quartier, d’immeuble, d’école, …) et de lui faire place.
Le Père Michel a lu ensuite la déclaration des responsables de La Maison islamo- chrétienne
et invité les catholiques présents (et les autres !) à lire la déclaration du Cardinal de Paris,
André XXIII.
Puis ce fut au tour des conteurs d’entrer en scène. …Des
Colette RIVOIRE et Makena DIOP, accompagnés
Contes
par Aly WAGUE (flûte et kora) ont fait avec leur talent
qui est très grand, voyager, réfléchir l’auditoire en
12
présentant le conte de MALI SADIO, l’histoire d’une enfant et d’un hippopotame, puis celui du
rêve de la Tortue, celui encore du Petit oiseau et du riche marchand.
.
L’histoire de la petite fille qui dans son village va combattre, toute seule, un lion a captivé
l’attention (DIABOU MDAW). Oui, quel est ce lion qui fait peur ? Qui pour m’aider à surmonter
les peurs ? Les enfants petits et grands ont été invités en famille, dans leurs groupes respectifs
avec leurs accompagnateurs à approfondir ces histoires qui ont parlé de l’amitié, de la diversité
et de la place de chacun, de la peur, de la liberté …
…pour apprendre à vivre
Ensemble !
Les organisateurs après avoir remercié les participants de s’être déplacé dans de telles
circonstances, ont remercié conteurs, musicien et animateur d’avoir permis à cet évènement de
se tenir.
Un verre de l’amitié, un goûter attendaient tout le monde en cette fin d’après midi.
Des parents ont tenu à exprimer leur gratitude d’avoir pouvoir pu offrir à leurs enfants dans la
situation actuelle, un tel moment de partage, d’ouverture et de respiration.
13
«L'être humain et la nature au prisme des religions. Y a-t-il une vision
spirituelle de l'écologie ? » - 15 novembre à Paris 5ème
reportée au 17 janvier voir programme ci-dessous
Aux quatre vents des religions…
dimanche 17 janvier 2016
Y a-t-il une vision spirituelle de l’écologie ?
Ouverture en musique par Thomas Gronier (flûte) et Walter Pacelat (piano)
Accueil par le pasteur Robert Philipoussi
Introduction par Hélène Millet
Depuis plusieurs années, la prise de conscience des dégâts que notre mode de vie fait subir
à la «nature » a conduit à la multiplication des conférences et des pactes internationaux pour
tenter d’y remédier. Jusqu’à présent, la nécessité de préserver les potentialités de notre
planète a trop souvent cédé devant les intérêts et les contraintes économiques à court
terme.
Saurons-nous puiser aux sources de nos traditions religieuses l’énergie qui nous fera
inverser les priorités et trouver des solutions ? Saurons-nous considérer l’univers comme un
bien commun que nous partageons avec tous les éléments de la Création ? Y a-t-il une
vision spirituelle de l’écologie ?
Face aux risques d’accroissement des dégâts, céderons-nous aux forces négatives de la
violence, de l’égoïsme et du repli sur soi et sur les siens, ou bien saurons-nous transformer
nos craintes en force positive, en élan d’enthousiasme et de générosité ? Comment faire
entendre la voix de la Sagesse, inciter à la responsabilité, peser sur les actions à venir ?
Texte collectif « Aux quatre vents des religions »
La parole est à nos intervenants
(selon l’ordre chronologique d’apparition des traditions)
Pr. Liliane Vana, spécialiste en droit hébraïque, talmudiste et philologue
Ttextes traduits par L. Vana et relus au regard de la loi juive, la halakhah
Texte n°1 : Gn 1,26-28)
26-Elohim créa l’humain à son image, à l’image de Elohim il le créa, mâle et femelle il les
créa.
14
27-Elohim les bénit en leur disant : croissez et multipliez, remplissez la terre et soumettez-la,
commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, à tous les animaux qui se meuvent
sur la terre ;
28-Elohim dit : je vous accorde tout herbage portant graine sur toute la face de la terre […]
ils serviront à votre nourriture…
Texte n°2 : Gn 2,15
L’Eternel- Elohim prit donc l’humain et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le
conserver.
Texte n°3 : Gn 2,1-3
1-Ainsi furent terminés les cieux et la terre avec tout ce qu’ils renferment.
2- Elohim mit fin le septième jour à l’œuvre faite par lui, et il chôma le septième jour, de toute
l’œuvre qu’il avait faite.
3- Elohim bénit le septième jour et proclama saint car en ce jour il chôma de l’œuvre entière
qu’il avait créée pour faire (=asher bara’ ’Elohim la‘asot)
Texte n°4 : Gn 9,4
Toutefois, aucune créature, tant que son sang maintient sa vie, vous n’en mangerez.
(voir aussi : Lev 17,11 ; Dt 12,23= car le sang c’est la vie)
Intermède musical
Michel Lepetit, ingénieur, vice-président
de Shift Project, membre du groupe Justice et
paix
Vous, les cieux, bénissez le Seigneur,
Et vous, les eaux par-dessus le ciel, bénissez le Seigneur,
Et toutes les puissances du Seigneur, bénissez le Seigneur !
Et vous le soleil et la lune, bénissez le Seigneur,
Et vous, les astres du ciel, bénissez le Seigneur,
Vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur !
Vous tous, souffles et vents, bénissez le Seigneur,
Et vous, le feu et la chaleur, bénissez le Seigneur,
Et vous, la fraîcheur et le froid, bénissez le Seigneur !
Et vous, le givre et la rosée, bénissez le Seigneur,
Et vous, le gel et le froid, bénissez le Seigneur,
Et vous, la glace et la neige, bénissez le Seigneur !
Et vous, les nuits et les jours, bénissez le Seigneur,
Et vous, la lumière et les ténèbres, bénissez le Seigneur,
Et vous, les éclairs, les nuées, bénissez le Seigneur !
A lui, haute gloire, louange éternelle !
Que la terre bénisse le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur,
Et vous, les plantes de la terre, bénissez le Seigneur,
Et vous, sources et fontaines, bénissez le Seigneur !
Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur,
Baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur,
Vous tous, fauves et troupeaux, bénissez le Seigneur :
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A lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur :
A lui, haute gloire, louange éternelle !
Livre de Daniel (grec), 3, 58-82
Intermède musical
Tarik Abou Nour,
imam, théologien, professeur de finance islamique et de droit
musulman
La protection de la nature, agir pour rendre grâce:
« Dieu, C'est Lui qui a créé les cieux et la terre, et qui, du ciel a fait descendre l'eau; puis,
d'elle Il a fait sortir différents fruits... Et pour vous il assujetti les vaisseaux qui, par Son ordre,
voguent sur la mer, comme Il a mis à votre service les rivières. Et pour vous, Il a assujetti le
soleil et la lune à une perpétuelle révolution. Et Il vous a assujetti la nuit et le jour. Et, ce que
vous lui demandiez, Il a donné. Et si vous comptez les bienfaits de Dieu, vous ne saurez les
dénombrer. L'homme est grand prévaricateur, vraiment, grand mécréant !»
Coran, Sourate 14, versets: 32-33 et 34
« Si la fin du monde venait à survenir alors que l'un d'entre vous tenait dans sa main une
plante, alors s'il peut la planter avant la fin du monde, qu'il le fasse !»
Hadîth rapporté par Ahmad
Intermède musical
Questions des participants - Débat avec le public
Animé par le pasteur Robert Philipoussi.
Temps de recueillement
Introduction musicale
Alléluia! Louez l’Eternel a dit le Psalmiste :
Louez l’Eternel dans les sphères célestes, louez-le dans les régions supérieures!
Louez-le, vous tous, ses anges, louez-le, vous, ses milices,
Louez-le, vous, soleil et lune, louez-le, vous toutes, étoiles lumineuses.
Louez-le, cieux des cieux, et vous, eaux supérieures, au-dessus des cieux.
Que tous les êtres louent le nom de l’Eternel, car il a ordonné, et ils furent créés.
Il les maintient jusque dans l’éternité, il leur a tracé des lois qui sont immuables.
Louez l’Eternel sur toute l’étendue de la terre: monstres marins et vagues profondes,
Foudre et grêle, neige et brouillard, vent de tempête, chargé d’exécuter ses ordres,
Montagnes et collines, toutes ensemble, arbres fruitiers et cèdres réunis,
Bêtes sauvages et animaux domestiques, reptiles, oiseaux ailés,
Rois de la terre et vous tous, ô peuples, princes et juges de la terre,
Jeunes gens et vierges, vieillards de concert avec les adolescents!
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Célébrez le nom de l’Eternel, car seul son nom est sublime;
Sa splendeur s’étend sur la terre et dans les cieux.
Alléluia!
Jésus a dit :
Je suis le bon pasteur ! Mon Royaume est comparable à une perle - à un filet jeté dans la
mer - à un homme qui est sorti pour semer - à une graine de moutarde :
c'est la plus petite de toutes les semences; mais, quand elle a poussé, elle est plus grande
que les légumes et elle devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter
dans ses branches.
Citant Dostoievsky, le Patriarche Bartholomée nous exhorte :
Aime toute la création de Dieu, tout d'elle et chaque grain de sable,
Aime chaque feuille, chaque rayon de la lumière de Dieu,
Aime les animaux, aime les plantes, aime toute chose.
Si tu aimes tout, tu percevras le mystère divin dans les choses.
Dieu – loué soit-il – a dit dans le Coran :
Nos signes sont pour ceux qui savent réfléchir : il faut laisser paître les animaux sur terre et
ne leur faire aucun mal.
C'est Dieu qui a étendu la terre, y a implanté des montagnes, y a placé des rivières, c'est Lui
qui a établi deux éléments de couple dans chaque espèce de fruits, et qui fait que la nuit
couvre le jour.
N'y a-t-il pas là des signes pour des gens qui réfléchissent?
Et la terre ne comporte-t-elle pas des terrains qui se touchent et qui sont complantés de
vignes, de céréales et de palmiers-dattiers, en touffes ou solitaires? Et bien qu'une même
eau les arrose, Nous leur faisons produire des fruits plus savoureux les uns que les autres.
N'y a-t-il pas là encore des signes pour des gens qui raisonnent?
Ne marche pas avec insolence sur la terre, car jamais tu ne sauras la transpercer, ni te
hausser à la hauteur des montagnes.
En vérité, Nous avons fait de ce qui existe sur la terre une parure pour elle, afin de mettre à
l'épreuve les hommes : qui parmi eux se comportera excellemment ?
Autour du traditionnel « Pot de l’amitié »,
nous prolongeons la joie de cette rencontre par des échanges personnels.
17
« Y a-t-il un salut possible pour l'Autre dans nos traditions respectives ? »
18 Novembre à Paris 13ème
ATELIER « VIVRE LES TEXTES »
Une trentaine de personnes avaient répondu à l’invitation du groupe « Vivre les textes », autour
du thème :
Hélène Millet introduit la soirée en présentant le type de travail qui se fait dans le groupe
« Vivre les textes », et ses deux co-animateurs Hélène elle-même et Nacer Khalfi.
Elle évoque les événements du 13 novembre, dramatiques, qui rendent encore plus
nécessaires le dialogue, la rencontre du frère, puis lit un communiqué de Ghaleb Bencheikh
(Religions pour la paix) :
« Face à la terreur, nous ne devons jamais abdiquer ».
Le thème de ce soir touche un sujet qui a un lourd passé, fait de carcans pesants, pas faciles à
faire sauter, entre le principe longtemps proféré par l’Eglise catholique « Hors de l’Eglise, point
de salut » et l’idée qu’avec le prophète, la révélation est close.
Née dès le 3ème siècle (Saint Cyprien), la proclamation de l’Eglise a perduré jusqu’au milieu du
20ème siècle. Pour les chrétiens, on n’est sauvé qu’en Christ, cependant « il y a plusieurs
demeures dans la maison du Père ».
Mais cette notion de salut est-elle aussi claire pour un musulman ? Dans la tradition
musulmane, la notion de clôture de la prophétie entraîne-t-elle la fermeture du salut ? Le dernier
prophète n’est pas porteur de salut. Le fait que vous ne suiviez pas le prophète n’entraîne pas
que vous soyez hors du salut.
Le thème qui nous réunit est illustré par les interventions des membres de l’atelier.
Un développement sur les textes bibliques part de la Première Alliance et se déroule jusqu’au
Concile Vatican II.
Dans l’histoire des Hébreux et du peuple juif, on peut lire une progression qui va vers un but
collectif, englobant l’humanité, et peut-être le cosmos. Le particularisme s’impose avec
Abraham, mais toutes les nations seront bénies en lui. A Melchisédech, roi de Salem, Abraham
apporte des offrandes. Le Ps 110 le cite, annonçant un Messie « prêtre à la manière de
Melchisedech ». Jonas est envoyé à Ninive, capitale des Assyriens, nation menaçante. La ville
terrifiante se convertit. Jonas résiste, puis boude, mais Dieu montre son souhait de salut pour
Ninive.
Dans le contexte de l’exil, Isaïe parle de la libération d’Israël, mais avec une ouverture : Is
11,10 : «… la racine de Jessé sera érigée en étendard pour les peuples ; les nations la
chercheront… ». Thème repris en Rm 15,12.
En Is 12,4-5, on trouve un appel à la louange de tous les peuples : « publiez parmi les peuples
ses œuvres... Chantez le Seigneur car il a agi avec magnificence : qu’on le publie par toute la
terre ».
18
En Mt 10, 41, il est dit « Qui vous reçoit me reçoit… Qui accueille un prophète en sa qualité de
prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste
recevra une récompense de juste ».
Les textes anciens parlent d’un salut collectif, promis par un dieu tribal. Puis le salut devient
global, puis plus individuel. On observe un glissement du particularisme (Abraham) à
l’exclusivisme (élection d’Israël). De là, on peut passer de l’inclusif à l’exclusif : l’inclusivisme
devient exclusion de celui qui n’est pas dans la loi.
Mais comment ne pas s’arrêter sur ces paroles bien connues de Jésus : « Il ya beaucoup de
demeures dans la maison du Père» (Jn 14,2) et «là où je suis, vous serez aussi» ainsi que sur
les ouvertures que donne le texte : tout homme est aimé de Dieu.
L’une d’entre nous présente des versets du Coran qui semblent être en résonnance avec le
bouddhisme.
S 10, v 47 : un prophète est envoyé à chaque communauté
14,4 : chaque prophète envoyé par nous ne s’exprimait, pour l’éclairer, que dans la langue du
peuple auquel il s’adressait ;
4,163-164 : Nous t’avions inspiré comme nous avions inspiré Noé et les prophètes venus avant
lui. Nous avions inspiré Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, les Tribus, Jésus, Job, Jonas, Aaron,
Salomon et nous avions donné les psaumes à David.
Vatican II a fait émerger une nouvelle façon d’interpréter les choses, en particulier dans la
Constitution sur l’Eglise dans le monde de ce temps : Lumen Gentium, publiée en 1964. Enfin,
la Déclaration Conciliaire Nostra Aetate (1965), qui traite des rapports avec les autres religions,
a profondément renouvelé la position de l’Eglise catholique sur le salut. L’Eglise « ne rejette rien
de ce qui est vrai et sain dans ces religions ». Nostra Aetate s’appuie sur 20 références
scripturaires dont 12 sont pertinentes par rapport à notre réflexion sur la salut. Citons :
2 Co 5, 1 !-19 : « de toute façon, c’était Dieu qui, en Christ, réconciliait le monde avec luimême, ne mettant pas les fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de
réconciliation » et le verset de l ‘Apocalypse : « Les nations marcheront à sa lumière et les rois
de la terre y apporteront leur gloire » (Ap 1,24).
D’un point de vue musulman,
si nous voulons parler de Dieu au monde, soyons cohérents avec son premier message : c’est
Dieu qui a fait l’homme ainsi, la notion de salut échappe aux hommes. Quant au dessein du
salut, en tout premier lieu, les chrétiens adorent avec nous le Dieu unique, pas si unique que
cela … Dans une démarche inclusive, nous faisons l’autre un peu un inférieur.
L’attribut de la divinité est la justice. Si j’arrive devant Dieu et que je le cherchais, je peux lui
dire: « c’est Toi le plus miséricordieux », je l’aborde dans le sens de la justice.
Plusieurs personnes venues pour la première fois nous rencontrer ont souhaité laisser leur
adresse. Nous serons heureux de les inviter à la prochaine réunion de notre « atelier ».
19
«Mariage, vie commune et enfants au sein de couples mixtes
22 novembre à Paris 5ème
A l'occasion de la semaine de rencontre Islamo-Chrétienne 2015, le Groupe des Foyers
Islamo-Chrétien (GFIC) a organisé un café couple Islamo-Chrétien. Cette manifestation a
pour objectif de réunir des couples dont l'un des conjoints est musulman et l'autre chrétien
afin d'échanger sur la vie d'un couple et d'une famille « mixte ». Le GFIC organise chaque
année ce type de café couple dans le cadre de la SERIC
L'intérêt de ces cafés couples résident dans la richesse des échanges mais aussi dans la
diversité des thèmes abordés, toujours différents et inspirés par les couples présents le jour de
la rencontre. Il y a en effet toujours de nouveaux couples, qui viennent pour la première fois et
des couples plus anciens, ce qui rend, pour tous, les débats très enrichissants.
20
Ile de France
21
Dans quel esprit aborder certains versets du Coran incitant à la violence ? 05
novembre Versailles
Le 5 novembre, le GIP78 a organisé une soirée sur le thème : "Dans quel esprit
aborder certains versets du Coran incitant à la violence ?". Le sujet a été traité par
Monsieur Mohamed Ould Kherroubi, président de l'Association des Musulmans de
Versailles. La soirée a été animée par Monsieur Hubert de Chergé.
L'orateur a rappelé d'abord les éléments essentiels du message spirituel du Coran. Il a
insisté sur le fait que des versets ne pouvaient être compris en les isolant de
l'ensemble du message coranique et sans prendre en compte le contexte dans lequel
ces versets avaient été révélés et le modèle que fut la personnalité du prophète.
Il a ensuite appliqué cette méthode de lecture aux versets dits "du sabre", en insistant
sur le libre choix de l'homme pour sa croyance, sur le caractère essentiel de la paix,
sur les conditions permettant à un état d'user de la violence pour ramener la paix.
Les organisateurs voulaient une soirée de réflexion et d'échanges ayant pour objet
d'approcher, dans un esprit d'écoute et de partage, une compréhension de l'islam
reconnue par une grande majorité de musulmans et qui permet de vivre ensemble dans
l'estime mutuelle et la paix. Pour éviter qu'au moment des questions, des participants
lancent une polémique en mettant en avant d'autres interprét ations du Coran, le GIP78
n'a pas fait de publicité pour la soirée en dehors de son réseau de sympathisants et
les invités avaient fait l'objet d'une certaine sélection. Pour souligner cet esprit
d'écoute et de respect, la chorale interreligieuse de Versai lles a chanté, avant la
conférence, puis avant la période des questions, quelques chants appelant à la paix et
à l'écoute ("La Croix, l'Etoile et le Croissant", "Le Vent", "Je crois" (I believe) en
français, anglais, arabe et hébreu, "Merci" en français et en arabe).
La soirée a rassemblé environ 150 personnes. Un verre amical a suivi la soirée
proprement dite qui s'est achevée à 23h15.
Solidarité avec Gaza du 11 novembre à Massy
Myriam Bouregba (Atelier Israël Palestine du GAIC)
Forum de Solidarité avec Gaza, Mosquée de Massy
Le Forum de Solidarité avec Gaza était organisé le 11 novembre, à la Mosquée de
Massy dans l’Essonne, dans le cadre de la dernière SERIC, à l’initiative des Ateliers Israël
Palestine du GAIC et du réseau Chrétiens de la Méditerranée, en partenariat avec le Secours
Islamique France et le Conseil des Musulmans de Massy - CMM -, et avec la participation du
Secours Catholique Caritas France, de la Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine, de
22
l’Union Juive Française pour la Paix – UJFP -, de l’association du diocèse pour le dialogue
interreligieux et de nombreuses personnalités qualifiées, dont Mgr Michel Dubost.
Alors que le blocus asphyxiant de Gaza entre maintenant dans sa neuvième année, avec un
impact dévastateur croissant sur les vies de 1,8 million de Gazaouis, qui ne cessent de se
dégrader, nous voulions promouvoir ensemble la solidarité aux populations éprouvées. En ce
jour férié, du 11 novembre, nous avions invité les familles à venir nombreuses visiter les stands
pour soutenir les actions solidaires exposées.
Dans un premier temps ce fut les allocutions ouvertes par Mgr Michel Dubost, évêque de
l’Essonne et responsable des relations interreligieuses pour la Conférence des Evêques de
France et celles des responsables des associations partenaires : Yazid Madi, président du
CMM, de Martine Millet, pasteure, pour le réseau Chrétiens de la Maditerranée, de Haydar
Demiryurek, co-président du GAIC et de Mahieddine Khelladi, directeur du Secours Islamique
France. Chacun a montré comment il s’inscrivait dans la SERIC et dans la solidarité avec Gaza.
Le temps des stands a suivi. Pour une heure, les familles et les personnes ont beaucoup
échangé.
Chacune des associations participantes au Forum avaient composé un stand avec sa
documentation générale et ses actions pour Gaza et pour les populations de Palestine. Ceux
des Secours Islamique et Catholique étaient particulièrement bien fournis, avec pour le premier
un montage vidéo en continu. Marie-Jo Parbot, médecin pédiatre à la retraite, qui était allée, à
plusieurs reprises à Gaza, entre 2013 et 2015, présentait ses BD et son livre de photos sur
Gaza, au plus grand intérêt, notamment des familles et des enfants. Le stand de l’Union Juive
pour la Paix particulièrement soigné, a suscité beaucoup de curiosité et d’échanges. Tous les
stands ont été investis par le public nombreux, curieux et solidaire. Plusieurs personnes ont
laissé leurs adresses, notamment au GAIC.
Le temps de témoignages était particulièrement fort aussi, avec celui de Jean-Pierre Bacqué qui
a montré comment sur le terrain depuis la France, comme croyant, on pouvait exercer sa
solidarité. Il a parlé de la coopération, depuis fin 2008 et au long des années suivantes, entre
les paroisses de la Sainte Famille de Gaza et celle de Sainte Bathilde de Châtenay-Malabry.
Sarah Katz, à l’aide de ses diapositives prises lors de ses séjours à Gaza, dont un séjour d’une
année, a montré la vie des Gazaouis, souffrant de l’enfermement mais aussi avec leur courage
et leur joie de vivre, malgré tout. C’est ce qui est ressorti aussi du témoignage de Marie Jo
Parbot, la vie à Gaza est plus forte que tout.
Le temps de la table ronde et du débat a clos notre après-midi. Isabelle Avran, journaliste et
écrivain et co-auteur d’une dizaine de livres sur la question palestinienne, a situé Gaza dans le
contexte Israël Palestine et ses perspectives de deux Etats. Ella a montré l’importance, pour
nous associations, de la campagne internationale « BDS » - Boycott -Désinvestissement Sanction -, et son impact, qui prend de l’ampleur dans le monde. Adil Leban d’AMANI,
association membre de la Plateforme Palestine, a résumé le plaidoyer et les actions de la
quarantaine d’associations rassemblées dans la Plateforme et il a présenté la sienne propre qui
travaille à la solidarité médicale. Mohamed DRABIH, Palestinien réfugié de 48 à Gaza, ancien
fonctionnaire du Ministère de la santé de l’Autorité Palestinienne, qui a fondé une famille Franco
Palestinienne en France, nous a rappelé le drame des réfugiés de 48, qui constituent la majorité
de la population de Gaza, les dégâts du siège et des différentes opérations militaires de l’Etat
Israélien. Il a mis en relief la solidarité internationale dont a besoin la population et qui lui donne
espoir. Il a présenté ce que, selon lui, peuvent être les perspectives politiques : un Etat de
Palestine à côté de l’Etat d’Israël, ce qui impliquerait le démantèlement de toutes les colonies
ou un Etat binational où il faudra éliminer la politique d’apartheid à l’égard des Palestiniens.
23
Ainsi, le Forum fut un grand moment d’échanges, de témoignages, de solidarité et même de
convivialité, grâce à nos hôtes de la moquée, autour d’un public de chrétiens et de musulmans,
à nombre quasi égal, d’une cent cinquantaine de personnes.

Les interventions écrites, qui nous ont été envoyées, sont consultables sur les
sites de la SERIC «www.semaineseric.eu » et du GAIC « www.legaic.org »
Intervention de Mgr. Dubost
Gaza !
La nuit de Gaza !
L’obscurité presque totale, seulement soulignée par les reflets bleutés de télévisions dont les
batteries ont été chargées quand il y a eu –dans la journée- une distribution de courant
électrique.
Les télés éclairent et relient avec le monde.
Ou, plutôt, permettent au monde d’affleurer à Gaza.
Car le monde de connaît pas Gaza. Ou plutôt ne connaît pas les Gazaouis.
Gaza. Le mot est connu. Certes.
Beaucoup savent approximativement que l’on peut parler de Gaza, la ville… et de la bande de
Gaza, cette terre d’environ 40 kilomètres de long et de 6 à 12 km kilomètres de large, où vivent
bientôt 2 000 000 de personnes.
On sait –le sait-on vraiment ?- qu’à la suite des guerres israélo-palestiniennes, beaucoup de
Palestiniens vinrent s’y réfugier. On sait les grandes dates qui ont marqué son histoire depuis :
1993 : les accords d’Oslo, qui en transfèrent la responsabilité politique aux autorités
palestiniennes.
2005 : à la suite de la deuxième intifada, l’armée israélienne se retire, bientôt suivie par 9000
colons qui ne manquent pas de détruire un certain nombre d’infrastructures en partant.
2006 : le Hamas gagne les élections, et prend le pouvoir en 2007.
2009, 2012, 2014 : les opérations « Plomb durci », « Pilier de défense », « Bordure protectrice »
ensanglantent le territoire. « Bordure protectrice » rase tous les bâtiments d’une large bande de
terrain (1 à 2 km), tout au long de la frontière est de la bande, faisant des milliers de sans-abri.
Beaucoup savent aussi que le Hamas qui gouverne la bande de Gaza a des liens privilégiés
avec l’Iran, qui l’a soutenu activement (sans doute avec moins de possibilité aujourd’hui à cause
de la guerre en Syrie). Avec l’Iran, le Hamas exprime officiellement l’idée que la Palestine est
indivisible, rejette la création de deux Etats et l’existence même d’Israël. Aujourd’hui, certains
craignent la montée en puissance de Daech à Gaza, mais cela ne semble pas être le cas, alors
que l’assistance de l’Iran est certaine, comme l’ont démontré l’arraisonnement du navire KLOS-
24
C et les armes qui y ont été trouvées. Le Hamas, pourtant, a démenti que ces armes lui aient
été destinées.
Oui, nous savons beaucoup de choses sur Gaza.
Mais nous ne savons pas.
Gaza n’est pas un problème, ce n’est pas une bande, ce n’est pas une ville.
Ce sont des hommes et des femmes.
Et des hommes et des femmes qui souffrent… mais qui osent vivre. Je me souviens d’avoir
rencontré des lycéens l’an dernier, et de leur avoir demandé ce qu’ils avaient vécu pendant
l’opération « Bordure protectrice » : ils m’ont répondu que cela ne servait à rien qu’ils en parlent
parce que –de toute façon- nous ne les croirions pas. Ils lancent leurs témoignages sur le net…
mais personne ne semble les entendre et être convaincu de leur détresse.
La discussion fut longue, cependant. Les difficultés du présent n’arrivaient pas à tuer un certain
optimisme, malgré le fait qu’ils étaient convaincus d’apprendre pour rien… en tout cas, pour ne
pas pouvoir exercer un métier à Gaza… privée par le blocus de toute perspective économique.
Mais peut-être qu’apprendre leur permettrait de partir un jour… en Europe ou aux U. S. A.
Je me souviens aussi, dans le sud de Gaza, à quelques mètres des fameux tunnels, de cette
rencontre étonnante avec une jeune femme sourde… qui –par traducteur interposé- nous
expliquait sa vie –et elle était difficile- mais qui nous disait : « Dites que je suis heureuse de
vivre. »
Il conviendrait de parler ici de la toute petite communauté catholique, de la joie de célébrer en
l’église de la Sainte Famille avec des fidèles dont l’ensemble pourrait tenir dans un car ou deux.
Il est loin le temps où l’on se faisait accueillir par des scouts avec fanfare et bag pipes ! Mais
toujours, à l’ombre de cette église, ces quelques Sœurs et ce home d’enfants handicapés
choyés, souriants…
Chaque année, je me rends à Gaza avec un groupe d’évêques catholiques originaires de
différents pays, comme l’Afrique du Sud, les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne…
Chaque année, nous publions un communiqué dont je me permets de vous citer ici un passage
tiré du communiqué de 2015 : « Nous avons constaté les conséquences tragiques de
l’impuissance des hommes politiques nationaux et internationaux pour atteindre la paix. La
dignité humaine, donnée par Dieu, est un absolu. Le conflit en cours porte atteinte à la dignité
des Palestiniens et des Israéliens, mais notre engagement pour les pauvres nous pousse à
soutenir surtout les personnes souffrantes de Gaza. Il y a un an, nous avions décrit Gaza
comme étant un désastre causé par l’homme, un scandale bouleversant, une 3 injustice qui
exige une solution de la part de la communauté humaine… Des dizaines de milliers de familles
de Gaza ne disposent pas même d’un logement décent… La poursuite du blocus est un
obstacle terrible à la reconstruction, et alimente le désespoir qui mine l’aspiration légitime des
israéliens à vivre en sécurité. Mais elle crée également des niveaux intolérables de chômage, et
beaucoup de gens glissent vers la pauvreté la plus extrême. Malgré la dévastation, les scènes
terribles de destruction auxquelles nous avons assisté et la peur d’une autre guerre qui nous a
été exprimée, l’espérance existe encore et toujours à Gaza. Nous avons vu des familles
reconstruire avec obstination leur vie… ».
J’arrête là cette longue lecture…
25
Mais, avant de conclure, j’aimerais parler un instant, pour leur rendre hommage, de tous les
membres des Nations Unies, des O. N. G., des églises et de la communauté musulmane, qui se
dépensent sans compter pour que vive Gaza.
Comme chacun d’entre vous, je suis préoccupé, inquiet, pessimiste sur l’avenir immédiat de la
paix. Les attaques au couteau qui défrayent la chronique me semblent être un cri d’appel, du
même ordre que certaines tentatives de suicide peuvent être interprétées comme des appels au
secours.
Notre rencontre est d’abord une réponse : par notre présence, nous disons à nos frères de
Gaza : « Vous n’êtes pas seuls. Nous entendons vos prières et vos cris. Notre réunion ne peut
pas agir directement sur votre situation, alors que ni les politiques Américains, Palestiniens,
Israéliens, ou Européens n’ont les majorités internes pour intervenir de manière efficace, et que
s’affrontent –ou cherchent à s’affronter chez vous- les puissances du Moyen-Orient.
Nous ne pouvons malheureusement pas compter sur l’O. N. U. : elle n’a aucune force pour
imposer ses solutions.
Il nous reste la prière et l’exemple. »
Le 18 octobre, le Pape François disait, place Saint-Pierre :
« Je suis avec une grande préoccupation la situation de forte tension et de violence qui afflige
la Terre Sainte. Il faut en ce moment beaucoup de courage et beaucoup de force d’âme pour
dire non à la haine et à la vengeance et accomplir des gestes de paix. C’est pourquoi prions
afin que Dieu fortifie chez tous les gouvernants et chez tous les citoyens le courage de
s’opposer à la violence et de faire des pas concrets de détente. Dans le contexte actuel du
Moyen-Orient, il est plus que jamais 4 décisif qu’on fasse la paix en Terre Sainte : nous le
demandons à Dieu pour le bien de l’humanité. »
Nous sommes dans une mosquée… comme le Pape, osons demander à Celui que nous
appelons le Miséricordieux de nous donner la force de l’amitié et de la miséricorde.
Mais cette prière devrait nous entraîner plus loin.
Nous pouvons montrer l’exemple… le mot peut sembler vieillot… mais la réalité est nécessaire :
en Israël, dans les territoires occupés comme à Gaza, j’ai rencontré des dizaines de personnes
qui veulent vraiment la paix mais qui la croient impossible. A longueur de pages de certains
journaux français, des chroniqueurs expliquent que la religion en général et, en ce moment,
l’Islam en particulier, ne veulent pas la paix… Prenons le temps de nous rencontrer, de nous
apprécier entre concitoyens français juifs, musulmans ou chrétiens et démontrons par notre vie
que la paix dans le respect de la dignité de chacun n’est pas une utopie.
Il ne s’agit, pour aucun d’entre nous, ni de se renier, ni d’oublier ses engagements, ni de
bafouer la justice la plus élémentaire… il s’agit, à chaque instant, d’avoir conscience de la
dignité de l’autre, et la certitude qu’il est possible de se tendre la main… fraternellement.
Tôt ou tard, la paix existera à Gaza.
Tôt ou tard, il y aura une entente dans la justice.
26
Notre rôle, c’est déjà d’anticiper cette paix ici en Essonne, en France.
La paix est contagieuse !
CHRETIENS DE LA MEDITERRANEE
Autour de la Méditerranée, les chrétiens ne se connaissent pas bien, mais ils besoin les
uns des autres pour inventer leur témoignage et leur action dans des cultures différentes
traversées de questions analogues. Ils vivent, les uns et les autres, au coeur de sociétés
diverses dans lesquelles ils doivent contribuer à édifier un futur vivable, une paix solide, et où
les religions seront une référence de vérité. Il est donc essentiel qu’ils apprennent à se
connaître, à dialoguer et à oeuvrer ensemble.
Le réseau Chrétiens de la Méditerranée, né en 2005, s’adresse aux femmes et aux hommes
venant de divers horizons du christianisme arabe et oriental, et du christianisme occidental. Il
comporte plusieurs associations chrétiennes telles que le CCFD, Secours Catholique, Pax
Christi,
la CIMADE et les Orthodoxes. Avec nos frères chrétiens arabes et orientaux, nous tentons de
mener une action multiforme qui s’inscrit dans un triple enjeu : culturel, ecclésial et géopolitique.

Un enjeu culturel : En permettant à des hommes, des femmes, des jeunes de
mondes si différents de travailler ensemble sur des questions qui traversent leurs
sociétés respectives, nous apportons notre pierre au dialogue des cultures.

Un enjeu ecclésial : En permettant à des chrétiens qui ont des histoires
différentes, des théologies, des liturgies, des pratiques ecclésiales diverses, de se
rencontrer et donc de mieux se connaître, nous travaillons aux prémisses du dialogue
entre les religions et à l’avancée de l’unité des Eglises dans le respect de leur diversité.

Un enjeu géopolitique :
o
en permettant aux chrétiens arabes et orientaux d’être mieux connus en
Europe et en leur témoignant notre solidarité de partenaires,
o
en faisant en sorte que le rôle des chrétiens occidentaux dans les
sociétés démocratiques européennes soit mieux connu du monde arabe et
oriental, nous travaillons à consolider le message d’universalité dans la diversité
dont les chrétiens sont porteurs par vocation, aux côtés d’autres humanistes,
croyants ou incroyants, message essentiel dans la construction d’une
Pour vivre ces objectifs importants, Chrétiens de la Méditerranée a organisé des voyages
d’études qui permettent des rencontres et des échanges avec des personnalités du pays pour
mieux comprendre ce que les uns et les autres vivent.
Au Liban avec des jeunes étudiants et des jeunes travailleurs
En Egypte
En Tunisie
Et le dernier en Palestine ;
L’an prochain, ce sera au tour de la Turquie.
Il y a également des conférences, des colloques ;
Notre partenariat avec le GAIC s’inscrit tout naturellement dans ces enjeux et nous sommes
contents de pouvoir être présents.
Je nous souhaite une rencontre dense, profonde, intéressante.
27
La paroisse de Sainte Bathilde de Châtenay-Malabry et les Ecoles de la Sainte Famille à GAZA
Intervention de Jean Pierre BACQUE
Au dernier trimestre 2008 deux paroissiens de Sainte Bathilde ont reçu des mails dans
lesquels Abouna Manuel Musallam exprimait la détresse, la foi et l’espérance des chrétiens
arabes qui vivaient à Gaza. Abouna Manuel Musallam était alors curé de la paroisse de la
Sainte Famille à Gaza et directeur des deux écoles du Patriarcat latin de Jérusalem implantées
dans ce territoire.
Nous avons suivi avec beaucoup de compassion, en décembre 2008 - janvier 2009, l’opération
Plomb Durci ; le vendredi 3 avril 2009, sur une proposition du Pasteur Philippe Kabongo
M’Baya, le Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne de Châtenay-Malabry, en liaison avec
l’Association de Bienfaisance de Châtenay-Malabry a organisé une « Veillée de silence » au
Centre Protestant de Robinson, invitant tout citoyen, quelle que soit sa croyance, à faire
mémoire des évènements très graves qui avaient eu lieu à Gaza et à se laisser interpeller dans
leurs convictions sur ce conflit.
Sensibles à la situation dramatique des Gazaouis et celle encore plus difficile, du fait de leur
très petit nombre, des chrétiens vivant dans ce petit coin de Palestine, nous avons demandé au
Père Musallam de nous dire quels liens pourraient être créés entre la paroisse de la Sainte
Famille et la paroisse Sainte Bathilde ; Il nous a mis en relation avec l’Association « Une Fleur
pour la Palestine 1», une association, fondée en 2002, pour financer des bourses pour les
enfants des écoles, collèges et lycées du Patriarcat latin de Jérusalem. Les écoles de la Sainte
Famille à Gaza accueillent, du cours préparatoire à la terminale, un millier d’enfants et parmi
eux une centaine d’enfants chrétiens. Les résultats obtenus par les élèves de ces écoles aux
examens officiels sont excellents.
Au printemps 2009, à l’occasion d’un concert organisé à Sainte Bathilde, une collecte a permis
le financement de quatre bourses (1200 €) pour les enfants des écoles de la Sainte famille à
Gaza…
Le 30 mai 2010, nous avons reçu à Sainte Bathilde le Père Musallam qui, après une messe
concélébrée avec les Pères Michel Bourgarel et Michel Jondot, nous a décrit ce qu’il avait vécu
pendant quatorze années en communion avec ses frères chrétiens et musulmans. Étaient
présents, des paroissiens de Sainte Bathilde, des chrétiens et des musulmans de Malakoff, des
musulmans de Châtenay-Malabry et le Pasteur Philippe Kabongo M’Baya. Un repas pris en
commun a permis de poursuivre les échanges.
Chaque année depuis, nous organisons une rencontre avec un témoin en lien avec ces lieux :
Khalil Zaccharia, un jeune Palestinien de Gaza qui suivait les cours du Master 1 « Solidarité et
Action Internationale » de l’Institut Catholique, Alain Duphil, président de « Une fleur pour la
Palestine » et le Père Faysal Hijazen, Secrétaire Général des écoles chrétiennes en Palestine
et Directeur général des écoles du Patriarcat Latin en Palestine et Israël, la Pasteure Martine
Millet et Mme Françoise Manhes militantes de EAPPI, Sabeel, Association France Palestine
1
Une fleur pour la Palestine" est une association créée au retour des pèlerins, fin 2002. Son action principale est la prise en
charge des frais de scolarité d'élèves de familles démunies dans les écoles chrétiennes de Cisjordanie et de Gaza : 140 bourses en
2011-2012 et en 2012-2013 dans 12 écoles, de Zababdeh au nord jusqu'à Gaza au sud, en passant par Taybeh ou
Bethléem .
Site web : http://www.unefleurpourlapalestine.reseaubarnabe.org
28
Solidarité… Ces rencontres sont l’occasion de récolter la somme qui permet de financer la
scolarité de 4 jeunes Palestiniens de Gaza.
Le 17 décembre 2012, deux couples de la paroisse qui revenaient d’un « Chemin spirituel au
cœur de l’actualité » en Israël-Palestinel, nous ont fait partager ce qu’ils ont vécu et découvert
en allant la rencontre de Palestiniens et Israéliens, chrétiens, musulmans et juifs qui travaillent à
l’avènement d’un dialogue fraternel… Ils ont témoigné en particulier de l’accueil, à la
synagogue de Sdérot de deux femmes appartenant à l’association « An Other Voice »… Avant
de se déplacer pour voir Gaza depuis le mur, elles leur avaient lu la lettre que leur association
avait écrite à Monsieur Benjamin Netanyahu le 30 avril 2010… en voici quelques extraits :
Au cours de la dernière année, nous, citoyens de Sderot et de la région environnante de Gaza,
avons connu une période de calme relatif. Cela ne vaut pas pour nos voisins dans la bande de
Gaza. Juste à quelques minutes de nos maisons, ils vivent dans des conditions inhumaines,
dans la plus grande prison sur terre.
Il n’y a aucune justification pour le siège qu’Israël impose à Gaza se poursuive encore un
certain nombre d’années. Il ne nous apporteras pas la sécurité. L’inverse est vrai : le blocus nuit
à la sécurité d’Israël, car il approfondit la haine et le dégoût et il encourage les actes de
vengeance et de terreur. Se développe un baril de poudre, fruit du désespoir, de la frustration et
de la colère, qui peut exploser à tout moment. Les citoyens ordinaires de Gaza souffrent de ce
blocus, tandis que les extrémistes s’en nourrissent et ce de plus en plus chaque jour.
Le prochain cycle de la violence dans notre région ? C’est juste une question de temps. Une
fois de plus, nos vies et leur vie vont devenir un cauchemar. Le siège est à l’origine de
dommages injustifiables et de souffrance pour un million et demi de personnes.
Il n’y a aucune justification pour ce genre de punition collective. Le blocus empêche les gens de
Gaza de satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Ils se voient refuser l’accès à des
aliments nécessaires à la santé et les bébés et les personnes âgées sont particulièrement
touchés. Ils se voient refuser l’accès aux médicaments et au matériel médical, avec comme
conséquence parfois, la mort de patients ou de blessés. De nombreuses structures ont été
détruites par l’Opération Plomb durci et le blocus empêche à la fois la reconstruction et le
fonctionnement de ces structures, en particulier pour le transport, la fourniture d’eau potable et
l’électricité…
Le siège est dangereux et immoral ! Nous vous appelons à travailler à la fin du siège de Gaza,
tout en prenant les dispositions de sécurité nécessaires pour nous qui vivons de ce côté de la
frontière. Nous vous appelons à créer des opportunités pour une vie digne pour nos voisins, et
pour nous. S’il vous plaît, donnez-nous de l’espoir, et pas un autre cycle de violence !!! »
C’était le 11 octobre 2012, la veille une fusée Kassam était tombée sur un champ dans la
commune … un mois après éclatait l’opération Pilier défense !!!
Et du 7 juillet au 25 Aoùt 2014, c’était l’Opération Bordure protectrice, la paroisse de la Sainte
famille a accueilli un millier de déplacés dont une grande proportion de familles musulmanes…
Donnons la parole au Père Jorge Hernández : « La paroisse de la Sainte-Famille est la seule
paroisse catholique de Gaza. Au cours du conflit nous avons accueilli plus de mille deux cents
personnes qui fuyaient leurs maisons. Nous avons offert un témoignage de charité. Nous avons
accueilli, aidé, soutenu dans la douleur de nombreux réfugiés, en leur fournissant également
des aides matérielles, grâce à la Caritas internationalis qui a toujours été proche de nous. Je
dois dire que nous avons toujours eu le soutien sans condition du patriarche latin de Jérusalem.
Le patriarche Twal en personne s’est occupé de nous faire parvenir les aides humanitaires et il
a lui-même téléphoné plusieurs fois à notre communauté. Ceux qui ont vécu une guerre
29
connaissent la valeur extraordinaire de ces gestes. Voilà quelle est la présence de l’Eglise: un
ferme témoignage caritatif. Malheureusement, nous avons également compté trois victimes
dans notre communauté chrétienne2. » ... à la rentrée 2014, deux enfants étaient orphelins de
père et le père d’un troisième avait été blessé…
Le 2 mars 2015, nous recevions un appel du Père Mario Da Silva, vicaire de la paroisse
latine de Gaza :
« Notre requête à la communauté internationale est la suivante : Ne nous oubliez pas ! La
guerre est terminée mais il y a encore toutes ses conséquences ; il y a des maisons détruites,
des milliers de personnes qui n’ont pas de toit pour s’abriter. Ne nous oubliez pas !
Je voulais dire aussi qu’à la suite de ce que nous vivons avec l’Etat islamique (DAESH), les
Chrétiens ont peur que ces mouvements entrent ici. Priez pour nous, priez pour notre situation
ici, priez de façon spéciale pour les Chrétiens qui souffrent. »
Du fait du blocus, les liens que nous avons avec la paroisse et les Ecoles de la Sainte Famille à
Gaza sont ténus, ils passent par les structures du Patriarcat Latin de Jérusalem. C’est ainsi que
nous recevrons fin janvier 2016 à la paroisse Sainte Bathilde, Alain Duphil, Président de « Une
Fleur pour la Palestine », Abuna Johnny Abu Khalil et de Suhail Daïbes, respectivement curé de
Taybeh et directeur de l’école latine de Beit Jala.
Jean-Pierre Bacqué
Paroisse Saine Bathilde
Intervention de Marie Jo Parbot
Que dire sur Gaza en quelques minutes ?
Je n’ai pas envie de reprendre ce que nous savons tous : le blocus, les massacres, la
misère, les taudis…
Je veux, au contraire, insister sur l’émotion que j’ai ressentie alors que j’arrivais à Gaza Ville
et parcourais pour le première fois, au hasard, ses rues et ses parcs.
Pour moi, Gaza, c’était le noir des fumées des bombes et le rouge du sang !
Et, en ce mois de mars 2013, je découvrais une ville animée, pleine de couleurs. Je croisais
des gens souriants, bavards, qui se saluaient, riaient… Les mères faisaient des courses
tenant leur enfant par la main, des hommes bavardaient, les voitures fonçaient, klaxonnaient
… embouteillages et cacophonie !
Gaza me dévoilait une vie du Sud avec toute sa chaleur humaine et son exubérance.
Bien sur, je suis rapidement redescendue de mon petit nuage et le petit mois de ce premier
séjour me révéla abondamment les souffrances des Gazaouis malgré l’absence de
bombardements israéliens généralisés et des tunnels qui fonctionnaient.
Pour moi, raconter cet aspect de la vie au quotidien du peuple de Gaza, c’est une manière
de redonner leur dignité à tous ces palestiniens et ces palestiniennes. C’est dans cet esprit
que j’ai choisi le titre de mon livre de reportage issu des rencontres que j’y ai pu faire alors :
« Gaza, la vie, passionnément ».
Les Gens de Gaza sont debout et résistent. Pour symbole, je citerai Marwa. Elle a 24 ans
maintenant. Elle est diplômée de français de l’Université Al Aqsa de Gaza. Elle a été une de
mes interprètes en 2013.
2
Environ 1200 personnes aujourd’hui
30
Je l’ai revue lors de mon 2e séjour, en juin dernier. Son frère ainé est mort sous les bombes
israéliennes pendant l’été 2014. Il avait 29 ans et ses 2 jeunes enfants étaient malades. Il est
allé chercher des médicaments en pharmacie et ne revint pas. Sa famille apprit sa mort par
la télévision qui informait, autant que possible, sur les bombardements en cours.
Dix mois plus tard, Marwa, souriante, m’a dit : « Nous devons continuer à être debout, sinon
nous donnons la victoire à Israël ».
Le peuple de Gaza résiste et se tient droit face à l’injustice. C’est leur rendre leur honneur
que de les sortir du seul cadre de victimes et d’insister sur leur force morale et leur
détermination à faire que la Palestine existe.
Croyants, qu’avons-nous à partager ?
12 et 19 novembre 2015, Saint Denis
Chrétiens et musulmans, nous nous sommes rencontrés à St Denis au cours de la
semaine des Rencontres Islamo-Chrétiennes, nous avons vécu partage fraternel entre
musulmans et chrétiens, diversement engagés, peu de temps après les attentats qui ont
ensanglanté Paris et St Denis.
I : Hommage aux victimes de cette violence…, à nous de continuer à propager les valeurs de
Paix et d’Humanité.
II : Apprenons à mieux connaître nos voisins musulmans et cherchons comment entrer
davantage en relation les uns avec les autres ?
III : Dans l’association (APCV) ont fait des choses ensemble, sans regarder à notre
appartenance, l’important c’est de faire la Paix.
IV : C’est important de se former à l’interreligieux, de mieux connaître les autres traditions
religieuses, même si des fois une laïcité excessive voudrait faire ignorer la dimension
spirituelle.
V : Face aux extrémismes à l’œuvre aujourd’hui, il faudrait que les responsables religieux
s’expriment ensemble…
VI : Il nous faut donner des signes du vivre-ensemble surtout auprès de nos jeunes
(Comme cette intervention imam- prêtre- rabbin, auprès de 3ème du collège Iqbal masih).
VII : A la fête des voisins, on échange autour de boissons et de gâteaux, on apprend à mieux
nous connaître.
VIII : Au Pakistan on était persécutés comme chrétiens, ici la France, c’est devenu mon Pays
IX : On n’est pas obligé de faire référence aux religions….il y a l’humain qui est universel…
X : Il n’y a rien de pire que l’ignorance, il faut se connaître mieux et suivre Dieu qui est
AMOUR et PAIX pour tous
Dans un 2ême Temps nous avons pris un temps d’Invocation et de prière ensemble ; chacun
dans sa tradition spirituelle, puis un temps convivial et hospitalier autour d’un goûter,
«Brunch» , apprêté par quatre d’entre nous.
Nous étions 30 Personnes environ : beaucoup avaient été empêchés : (craintes après
attentats, travail, pluie, amis maliens marqués par l’attentat à Bamako.
Nous nous donnons rendez-vous dans un an pour la SERIC : Rencontres Islamo Chrétiennes.
Une idée : rencontre autour du thème de l’éducation des jeunes, de la transmission à nos
jeunes de ce qui nous tient à cœur.
31
Françoise TOIRE
Calendrier interreligieux 2016, 15 novembre à Pontoise
Le Comité interreligieux de Cergy Pontoise fait pour la 10e année consécutive le
calendrier interreligieux 2016. L'objectif est d'apprendre à se connaître par les fêtes religieuses,
ce qui est nécessaire pour vivre ensemble avec et dans le respect des différences. C'est aussi
favoriser la participation à la construction de la paix. 3500 calendriers, au prix de revient de 2€
l'unité, ont été diffusés sous 2 formats : un 16 pages format A5 et un poster 60cm x 80cm ce
dernier à destination des collectivités surtout. Une annonce dans Prions en Église a eu pour
résultat une demande de toute la France, depuis la Corse jusqu'au département du Nord en
passant par la Suisse soit au total une soixantaine de départements avec des témoignages très
émouvants qui montrent une certaine soif de connaître les autres religions surtout chez les
familles où il y a des couples mixtes et elles sont nombreuses.
Rencontre Interreligieuse de prières pour la Paix
17 novembre à Richarville
Organisée par L’Association « ARTISANS DE PAIX »
Cette rencontre a participé de la semaine de l’amitié islamo-chrétienne (SERIC).
Avec Jean-François Lévy (membre du MJLF et du Bureau de la Fraternité d’Abraham) qui a
représenté parmi nous le rabbin Yann Boissière (co-responsable de la synagogue du MJLF),
Paula Kasparian (présidente des Artisans de Paix), Christian Rogez (délégué de la Fraternité
Eucharistique des Artisans de Paix), Mgr philippe-Marie (Eglise orthodoxe syro-antiochienne),
Hajj Abdel Kader Abdellaoui et son épouse (qui nous ont reçus à Dourdan), Hajj Abdel Hafid
Benchouk (Délégué de la Fraternité Islamique des Artisans de Paix) et son épouse, Jean-Luc
Castel (délégué de la Fraternité Bouddhique des Artisans de Paix) et Marc Tardieu (membre de
la Fraternité Bouddhique des Artisans de Paix), Marc Bouteleux (artisan de paix), et l’aimable
participation de la communauté de Génésareth de Richardville.
Sur le thème :
Œuvre de paix dans chaque tradition religieuse - l’attente messianique vue par chaque tradition
Nous avons été reçus MARDI 17 NOVEMBRE 2015, De 18 h 30 à 21 h 30, AU CENTRE
SOUFI NAQSHBANDI, 2 RUE DE CORBREUSE, 91410 RICHARVILLE (RER C, Gare de
Dourdan).
Comme toujours, notre prière a été attentive à la transfiguration des personnes et des traditions
à l’œuvre au fil de nos rencontres, dans ce qui se présente comme la promesse messianique
de « Fraternités Artisans de Paix ». Nous avons laissé nos cœurs s’ouvrir à
I. La contemplation de nos textes fondateurs (Tora, Nouveau Testament, Coran,
Sutras),
II. Incorporée dans la vie de grands témoins des traditions fondées sur ces textes,
III. S’actualisant dans nos vies, aujourd’hui.
32
Ainsi y a-t-il toujours trois moments de la prière des Artisans de Paix : à l’écoute de nos textes
fondateurs, puis de récits de grands témoins, enfin de la parole qui jaillit de la bouche des uns
et des autres, à l’écoute de la Voix du Silence Fin dont Elie est témoin.
Nous répondons à un rendez-vous avec Dieu et avec les frères qui nous sont donnés et avons
conscience que nous nous engageons dans un Chemin auquel nous introduisent nos textes
fondateurs : en privilégiant le silence et l’écoute, nous laissons résonner en chacun, la parole
toujours singulière, dont la diversité des textes canoniques de nos traditions porte la trace ; une
Vérité attestée par le témoignage des saints : attentifs à l’immédiate intraductibilité de ces
paroles, nous contemplons la parole sans bruit de mots relatée par Elie, rendue visible par le
témoignage des saints, interprètes de l’innommable ; une Vie en abondance :nous nous
ouvrons à la Vie insufflant nos gestes aussi fermement que le Buisson ardent qui parla à Moïse,
nous engageant ensemble dans une voie de transfiguration.
Plus que jamais, ce soir-là, nous avions conscience de l’importance vitale de prier pour la paix.
Notre prière a été plus forte que jamais, notre joie d’être rassemblés, aussi. Nous avons vécu
un moment privilégié d’Unité dans la multiplicité... Ensemble, Juifs, Chrétiens, Musulmans et
Bouddhistes, nous avons goûté l'espérance des Artisans de Paix ... une espérance pour
l(humanité tout entière.
Paula Kasparian
Présidente des Artisans de Paix
www.artisans-de-paix;org
Quels axes développer dans l'enseignement de nos religions pour amener à la
rencontre de l'autre ? 22 novembre à Châtenay-Malabry
Après la lecture, en hommage aux victimes du vendredi 13 novembre, de la lettre
« Vous n’aurez pas ma haine » écrite par Antoine Leiris, un journaliste qui a perdu sa femme au
Bataclan, un temps de silence a été observé.
Jean-Pierre Bacqué, chrétien, membre du Groupe d’Amitié-Islamo Chrétienne de ChâtenayMalabry a essayé de montrer, à partir d’expériences personnelles, la difficulté d’une
reconnaissance de l’autre de culture et de foi différente : Cette différence est très souvent
volontairement ou involontairement ignorée et dans de nombreux cas niée, elle est très
rarement reconnue et approfondie.
S’appuyant sur l’expérience vécue au sein du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne depuis dix
ans, il propose que dans l’enseignement de nos religions, on invite, en s’appuyant sur nos fois
respectives, à reconnaitre l’infini mystère de l’autre et à organiser des rencontres islamochrétiennes, interreligieuses ou interconvictionnelles, au plus près du terrain de manière à ce
que ces rencontres puissent avoir, localement des résultats concrets .
Mohamed Bachir Ould Saas, imam, propose ensuite, s’appuyant sur des textes du Coran,
cinq principes pouvant, dans l’enseignement de nos religions, constituer le « socle commun » à
développer pour amener vers la rencontre et lui donner du sens : Prise de conscience d’une
communauté de destin, Foi en la dignité humaine et en la supériorité du Bien dans la nature
innée de l’être humain, Devoir d’interconnaissance et prise en conscience de l’utilité qui en
découle individuellement et collectivement, Développement de l’esprit solidaire via la notion
33
d’Al-ihassan qui renvoie à l’entre-aide et à l’hospitalité gracieuse, Culture de l’esprit de
gratitude…
Et Mohamed Bachir Ould Saas ajoute : Le Prophète de l’islam, que le Salut et la Paix d'Allâh
soient avec lui, a dit ceci : « Que chacun d'entre vous ait une langue qui prie et un cœur qui
remercie. »
Philippe Kabongo M’Baya, pasteur, interpelle dans un premier temps les musulmans : « Il y a
un fond que vous êtes en train de perdre en vous focalisant sur les
injonctions d’être un islam « acceptable »… l’attitude de celui qui
consent à se remettre à Dieu avec confiance, exprime une radicalité
théologique admirable bien loin de la radicalité idéologique d’un islam
mythique, d’un islam de fantasme ».
Il nous donne ensuite son commentaire de la métaphore des vases
du dépliant d’invitation : «…Le seul et le vrai contenu de ces vases,
est de l’eau. Une même eau puisée à la même source ; la même
eau qui étanche la même soif… »
Il commente enfin un texte de Shafique Keshavjee, pasteur suisse
d’origine indienne et exprime à cette occasion son positionnement
partagé par de très nombreux membres de l’Eglise protestante unie de France en ce qui
concerne l’accueil d’autres formes de croyances, d’autres formes de convictions et ajoute : «Il y
a quelque chose de moi qui n’est pas encore révélé tant que je n’ai pas été en contact avec
l’autre. »
A la suite de ces trois exposés, des petits groupes ont été formés permettant aux participants à
la rencontre d’échanger sur le thème… une réflexion accompagnée de thé à la menthe et de
petits gâteaux offerts par l’ABCM.
On pourra lire ci-après la conclusion de l’un des groupes : « Aller vers l’autre n’est pas facile,
cela signifie prendre un risque, sortir de sa zone de confort, lâcher-prise d’une partie de soimême. C’est finalement un renoncement qui est nécessaire pour évoluer. Pour autant, nous
sommes tous d’accord pour dire que cela ne signifie pas renoncer à qui l’on est
fondamentalement. Pour aller vers l’autre, nous avons besoin de savoir qui nous sommes :
nous avons besoin avant tout de nous forger une identité dans un cadre sain. Cette base
permettrait peut-être plus aisément d’aller à la rencontre de l’autre, pour finalement apprendre
de l’autre en tant que son égal et de continuer à apprendre sur soi-même. »
Nous avons eu le plaisir de compter parmi l'assistance, la présence de Haydar Demyriureck,
Président du GAIC.
Mustapha Kordjani et Jean-Pierre Bacqué
Nous venons de vivre des évènements dramatiques, des évènements plus meurtriers
que ceux qui avaient été vécu le 7 janvier dernier, des évènements qui nous interpellent à
nouveau.
En hommage à toutes les victimes du 13 novembre je me propose de lire la lettre
écrite par Antoine Leiris, un journaliste3, qui a perdu sa femme au Bataclan :
3
Journaliste à France bleue
34
“Vous n’aurez pas ma haine”
Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère
de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas
le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a
fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son
cœur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché
pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a
fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens
avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue
encore.
Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle
que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé
éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous
concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous
accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres
auquel vous n’aurez jamais accès.
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les
armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre
Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous
les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous
fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.
35
Sur quels axes développer l’enseignement de nos religions pour nous amener à la
rencontre de l’autre ? Tel est le thème de réflexion cet après-midi …
Intervention de Jean-Pierre Bacqué4
On peut se demander pourquoi appeler à la rencontre alors que les rencontres ou les
occasions de rencontres n’ont jamais été aussi nombreuses ? Pourquoi appeler à la
rencontre alors que la rencontre n’est pas toujours gage d’échange et de modification du
regard que l’on peut porter sur l’autre :
On peut constater que souvent l’un ou l’autre essaie d’asséner ses certitudes, même
si ses certitudes sont discutables… On entend par exemple : “Les chômeurs ne font rien
pour trouver du boulot, ils préfèrent toucher des indemnités plutôt de travailler”... On entend
aussi : “Les musulmans de France ne condamnent pas les meurtres perpétrés par des
personnes qui se réclament de l’islam ” ... et on oublie qu’il n’y a jamais eu aussi peu de
postes ouverts à l’embauche par les entreprises ou l’administration… On oublie aussi que
les prises de position des organisations musulmanes ne sont pas, dans la grande majorité
des cas, publiées dans les média... Et que dire des débats « langue de bois » entre
responsables politiques ?
A titre personnel, j’ai vécu toute mon enfance et mon adolescence en Algérie, avec
des copains arabes ou juifs, j’ai joué avec eux, travaillé avec eux, fait du sport avec eux et
pourtant, je n’ai rien su de leur culture et de leur religion… Ce n’est qu’à partir de 1984 que
je me suis intéressé à la civilisation arabo-musulmane, au judaïsme et à l’islam… Cette
démarche s’amorça à la suite d’un voyage en Algérie avec Françoise et nos enfants : J’avais
souhaité leur faire découvrir le « pays de mes racines ».
C’était en 2008, à la sortie de la messe, dans ma paroisse, je disais à Artur, un jeune
ami catholique, combien j’avais été choqué d’entendre une question posée lors d’une table
ronde sur l’islam : Comment évangéliser les musulmans ? Ce à quoi mon jeune ami m’avait
répondu : bon, la question était peut-être mal formulée, trop brutale dans le contexte dans
lequel elle a été posée, un peu prématurée … mais il faudrait bien un jour accepter de se la
poser, c’est une vraie question…
Et la même année, sur le stand du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne, lors de la
rencontre annuelle organisée par l’UOIF au Bourget, un jeune musulman s’approche de
Omar, un ami musulman présent sur le stand, il lui demande : « Alors, ça marche ? » Omar
de répondre : « Oui cela marche très bien, nous avons beaucoup de visites et d’excellents
échanges », ce quoi le jeune musulman répondit : « Ma question était tout autre, faitesvous beaucoup de conversions ? »
Dans ces deux cas, chrétiens et musulmans se plaçaient dans la même optique :
Imposer à l’autre « Sa Vérité »…
Ne donner à l’autre que le droit d’être semblable, c’est un peu l’impression que l’on
ressent lorsque l’on observe l’actualité… Qu’il s’agisse des grands débats sur l’intégration et
l’assimilation, l’identité nationale, que l’on parle du développement du communautarisme,
des repas à la cantine, ou que l’on s’attarde sur les réflexions qui se sont développées et
continuent de se développer sur le droit du sang et le droit du sol… Je ne parlerai pas des
attentats qui viennent d’endeuiller Paris…
4
Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne
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Il est heureusement d’autres rencontres que nos religions respectives peuvent et
doivent catalyser : Ce sont des rencontres ouvertes à l’autre différent par le statut social, la
culture ou la religion, des rencontres qui permettent à chacun d’entrer en conversation avec
l’autre…
Lors d’un colloque organisé en 2003 par le Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne à
Paris sur le thème « Chrétiens et musulmans, des croyants dans la Cité », Fouad Imarraine,
jeune musulman, alors Responsable du Centre Tawhid de Saint Denis intervenait :
Le respect d’autrui va jusqu’à respecter sa manière intime de vouloir exprimer sa
relation à Dieu, même si on peut être en accord ou en désaccord. Et (il poursuivait) : Un des
moments les plus forts que j’ai vécu avec un catholique… c’est qu’un jour il me dit : « Mon
plus beau cadeau que je te ferais, c’est de t’offrir mon trésor qui est le Christ ». et je lui ai
répondu : « Mon plus beau cadeau que je pourrais t’offrir, c’est mon trésor qui est l’islam ».
Et ceci n’était pas forcément dans une volonté de le convertir mais c’était une volonté de
partage un sentiment profond et (il s’agissait) vraiment de sentir que l’on se respecte dans
l’intimité et sincèrement, pas dans le faux semblant ou pour se faire plaisir, parce que se
faire plaisir, au bout d’un moment, cela a ses limites…5
Cette parole m’a profondément ému, elle marquait en effet l’immense respect que
Fouad et son ami avaient l’un pour l’autre.
J’ai reçu hier ce mail d’un ami… et cela s’est passé il y a 9 jours à la Clinique de
l’Amendier à Châtenay-Malabry … « Isabelle a beaucoup souffert. Son rayonnement, sa foi,
sa joie tonique ont été source de beaucoup d'amour. Deux jours avant sa mort, alors que
nous allions veiller Isabelle durant la nuit, une malade avec laquelle Isabelle avait beaucoup
échangé est venue à son chevet alors qu'elle était déjà dans un semi coma et nous avons
prié ensemble : Fatima récitait la Fatiha et nous le Notre Père. Moments d'intense émotion
.... Au milieu de la nuit, un aide-soignant Africain musulman, est venu longuement partager
notre peine et raconter les merveilleux échanges qu'il avait eus avec Isabelle et qui prenaient
un relief si fort alors que Paris résonnait de tant de violences. »
Saurons entendre et diffuser de tels témoignages ? Saurons-nous adopter ce type
de comportement dans nos relations avec l’autre6 ?
Pour moi, l’enseignement de nos religions, aujourd’hui doit prendre en compte
le mystère de l’autre différent par sa culture et par sa foi…
Alors l’image que les uns ont des autres pourra évoluer et nous pourrons, en
référence à nos fois respectives, agir ensemble et avec d’autres, croyants ou non, à
la promotion d’un monde où justice et paix pourront s’embrasser ?
Alors nous pourrons nous reconnaitre, frères et sœurs en humanité, citoyens
d’un état de droit et pour certains d’entre nous, croyants…
Et ma seconde réponse à la question posée « Sur quels axes développer
l’enseignement de nos religions pour nous amener à la rencontre de l’autre ? » est simple
: Développons des rencontres interreligieuses et/ou interconvictionnelles au plus près
du terrain de manière à ce que ces rencontres puissent avoir des résultats concrets .
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Groupe d’amitié islamo-chrétienne N°2 juin 2003, « Chrétiens et musulmans, des croyants dans la cité »
Michel Lelong : Lorsque tu parles de la religion de l’autre, fais en sorte que l’autre se reconnaisse dans
ce que tu dis de lui
St Philip’s Centre Leicester : Essayons de comprendre la foi de l’autre comme nous aimerions qu’il
comprenne la nôtre.
6
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Depuis 10 ans, des chrétiens et des musulmans de Châtenay-Malabry se rencontrent
une fois par mois. Ils forment la section châtenaysienne du Groupe d’Amitié islamoChrétienne. Ils ont osé la confiance et ne le regrettent pas. Au cours de leurs réunions, ils
échangent sur les problèmes d’actualité, se disent leur foi, ils approfondissent leur
connaissance de l’autre, de sa culture et de sa foi. La réunion d’aujourd’hui est l’une des
deux réunions ouvertes à tous, croyants ou non qu’ils organisent chaque année…
Intervention de Mohamed Bachir Ould Sass
Quels sont les axes à développer dans l’enseignement de nos religions respectives pour
amener vers la rencontre de l’autre ? Il s’agit certes d’une question qui mérite beaucoup de
recherche. Mais dans le but d’y apporter au moins quelques éléments de réponse j’ai identifié
cinq principes pouvant constituer le « socle commun » à développer pour amener vers la
rencontre et aussi pour donner du sens à la rencontre.
Le premier d’entre eux réside dans la prise en conscience de la réalité selon laquelle les
humains ou les fils d’Adam (pour reprendre une terminologie coranique), constituent une
seule et unique communauté de destin. Allah dit : « ….De la terre Il vous a créé, et Il vous l'a
fait peupler… » (Sourate n°11, verset n° 61). A cet égard, il convient de rappeler que Dieu nous
a accordé l’honneur et le devoir de peupler avec conscience la planète- terre et en être
responsable. Il s’agit là d’un appel divin à l’optimisation des ressources et un devoir de
responsabilisation vis-à-vis de cette planète qui nous réunit tous et qui nous sert de Foyer
commun. Certains hadiths (textes prophétiques) utilisent la métaphore d’un bateau commun
pour nous rappeler à juste titre que tous les habitants de la terre sont embarqués dans le même
bateau et par conséquent il leur incombe d’être solidaires. Quand les droits de l’homme sont
bafoués quelque part sur la terre cela doit nous indigner, quand des dictatures sévissent
quelques part sur la terre cela doit aussi nous inquiéter même si on vit dans un pays
démocratique. L’envie de comprendre notre monde et les causes de ses problèmes doit nous
amener à la rencontre constructive. Dieu sait combien il y a eu d’indifférences à l’égard de
problèmes dans notre monde d’aujourd’hui. Dieu sait comme bien il y a eu de magouilles et de
manipulations monde d’aujourd’hui. Alors qu’in fine, on risque tous de payer cher le prix de
l’indifférence. On risque tous de payer cher parce qu’on n’a pas pris conscience collectivement
des risques communs. Il est temps de prendre conscience de notre destin commun. D’ailleurs,
au-delà de ce constat il nous faut faire vivre notre prise de conscience, la faire partager au
maximum et l‘inculquer à nos enfants et nos jeunes pour qu’elle soit à la fois pérenne et
présente dans les mémoires vives de toutes et tous.
Le deuxième principe est celui qui consiste en la Foi, l’iman, la foi en la dignité humaine et
surtout en la supériorité du Bien par rapport au Mal, dans la nature innée de l’être humain. Allah
dit : « Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur
mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement
préférés à plusieurs de Nos créatures. » (Cf. Sourate 17 - Verset 70)
On doit croire en la supériorité du Bien dans la nature innée de l’homme. Il faut étudier
l’homme, s’approcher de lui… comprendre qu’est-ce qui le pousse à faire telle ou telle action. Il
y aura toujours une voie qui pourrait nous amener à résoudre les problèmes humains. Bien sûr
ce ne sont pas les violences qui peuvent résoudre les problèmes du monde ni les problèmes de
l’humanité, mais c’est plutôt à travers l’éducation, à travers l’humanisation de l’éthique de
l’homme, le respect de l’honneur de l’homme, de ce que j’appelle la supériorité du Bien dans la
nature innée de l’être humain. Cela existe dans nos textes et dans plusieurs références. La
dignité humaine fait partie des droits sacrés en islam. Bien sûr malheureusement il y a des
musulmans qui ne respectent pas ce principe. Oh combien y va-t-il de pays où la dignité
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humaine est bafouée et les gens qui y habitent prétendent être musulmans ! Or en principe si
une personne prétend être musulmane et ne respecte pas la dignité humaine cela entache sa
propre foi du point de vue doctrinal. Certes, on ne doit pas se baser sur ce constat pour juger
l’ensemble des musulmans ou juger l’islam dans son ensemble. Alors que c’est une monnaie
courante dans les medias d’aujourd’hui… dès que quelqu’un qui s’appelle Mohamed ou
quelqu’un qui s’appelle Mamadou ou quelqu’un qui se dit ou se déclare musulman fait quelque
chose, Hop, on cède aux préjugés et on dit c’est l’islam qui est la cause ou c’est l’islam qui est
comme ça dans son ensemble. Force est de constater que malheureusement ces
stigmatisations hâtives font l’objet d’une manipulation inquiétante. Mais, on est conscient du fait
que les personnes de bonne volonté ne se laisseront pas tomber dans un tel piège médiatique.
Le troisième principe qui fait partie de ce que j’appelle un « socle commun », c’est le devoir
d’interconnaissance et la prise en conscience de l’utilité qui en découle individuellement et
collectivement. Dieu nous rappelle ce devoir moral hautement symbolique et plein
d’enseignement. « Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous
avons fait de vous des nations des peuples et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez.
Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et
Grand-Connaisseur. » (Cf. Verset 13 de la Sourate numéro 49). Les plus nobles d’entre vous
ce ne sont pas ou les noirs ou les rouges, ou tel peuple, les plus nobles d’entre vous sont ceux
qui développent la plus noble piété de leur cœur…
Le quatrième principe consiste à développer l’esprit solidaire via la notion d’Al-ihassan qui
renvoie à l’entre-aide à l’hospitalité gracieuse et en cela nous pouvons apprendre plein de
choses à travers l’héritage de notre père Ibrahim, Abraham, que l’on partage dans le cadre des
trois religions monothéistes. On doit être amené à la rencontre pour témoigner notre soutien et
pour faire et construire des bonnes choses ensemble. Comme on dit dans la sagesse
populaire : « Une seule main n’applaudit pas. Il faut des mains pour produire des énergies
conjuguées au pluriel pour produire une dynamique humaine chaleureuse et faire avancer les
choses durablement » … Les textes authentiques de l’islam appellent, clairement à cet esprit
solidaire, à cet esprit de coopération : « Et entraidez-vous pour le Bien et dans le Bien » (notre
traduction du sens, en partie, du verset 2 de la Sourate 5.)
Pour conclure je tiens à attirer votre attention sur le fait que si les quatre éléments
susmentionnés peuvent amener à la rencontre et donner du sens à la rencontre de l’autre, le
cinquième principe, à savoir l’esprit de gratitude, aura pour vocation de maintenir les liens,
de prolonger l’expérience dans le temps et dans l’espace, de renforcer les liens déjà établis,
d’assoir la rencontre de l’autre sur des bases saines, des fortes bases de confiance, de loyauté
et du respect réciproque. A propos de la gratitude, le Prophète de l’islam, que le Salut et La
Paix d'Allâh soient avec lui, a dit ceci : « La foi a deux moitiés : l'une est la patience, et l'autre
est la gratitude. » et « chacun d’entre vous doit avoir une langue qui prie et un cœur qui
remercie ».
Du fond du cœur, je vous remercie pour votre attention.
Intervention du pasteur Philippe Kabongo M’Baya
Mesdames, messieurs, chers amis, je voudrais vous remercier, vous exprimer ma
gratitude : c’est la troisième fois que je viens partager avec vous sur un thème important dans la
cadre de ces rencontres.
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La question qui nous était posée était « Quels sont les axes à développer pour améliorer par
notre enseignement dans nos églises, dans nos communautés, la meilleure connaissance de
l’autre. »
Je vais essayer de répondre à cette préoccupation en trois temps : un premier temps où je vous
dirai très ouvertement ce que je pense de l’islam en interpellant les musulmans ici présents ; un
second temps où je vais interpréter pour vous l’image qui a porté le visuel, qui a porté l’annonce
de la rencontre qui nous réunit ; et un dernier temps où nous allons voir un effort, du côté des
protestants, consistant à parler positivement de la foi mais aussi des juive, musulmane,
bouddhiste, indoue, de l’humanisme des croyants et des non croyants, à partir de l’essentiel de
notre propre foi.
Je n’ai pas beaucoup de choses à dire sur ce que j’attends des musulmans en vue de
l’amélioration de leur rencontre de l’autre …Mais je voudrais vous interpeller non pas sur
l’actualité de sang et tout ce qui a déjà été dit au sujet des attentats, de tout ce que nous en
pensons. Je m’intéresse à foi de l’islam, non pas dans son aspect d’une loi, d’une morale, mais
dans l’identité même de cette foi. Depuis plusieurs années que des échanges entre les
catholiques, les musulmans, les protestants, les juifs, ont pris de l’essor dans la société civile,
c’est d’abord des valeurs, du genre des principes éthiques et autres qui sont mises en avant
dans les médias et autres publications générales. On fait comme si c’était seulement là et
uniquement par-là que la compréhension mutuelle le vivre ensemble se construisait … Et bien
souvent, les musulmans sont comme mis en demeure de prouver l’adéquation ou la cohérence
de leur religion avec les valeurs dites de la « modernité » ou de la « démocratie. » Beaucoup de
musulmans eux-mêmes se laissent allégrement entrainer dans une logique d’auto-justification !
Peut-on se contenter de cela ? Je ne crois pas…
C’est pour cette raison qu’une interpellation me semble possible. C’est dans l’appellation même
de cette religion qu’il faut discerner un élément majeur, essentiel, de son identité. Votre religion
s’appelle l’islam. Puisque j’ai fait un peu d’hébreux pour ma formation comme pasteur, je sais
que dans la racine de ce mot, il y a le sens de paix, intégralité, en tout cas en hébreux. Mais en
arabe, j’ai aussi regardé en me tournant vers les théologiens musulmans et les spécialistes de
l’islam. On met en avant l’idée de soumission7, et même la notion de résignation est acceptée
comme contenue dans ce mot…La soumission à Dieu traduit la conduite d’obéissance totale.
Mais sommes-nous que des « sujets » soumis à un « dieu », au point de laisser entendre une
confusion entre la servilité et l’obéissance. C’est pourquoi je vous interpelle. Car, il me parait
fondamental de mettre l’accent sur l’idée de se remettre à Dieu, de s’en remettre à Lui. Dès
lors, le verbe qui conviendrait mieux ici, n’est-il pas plutôt « consentir » ? Consentir se remettre
à Dieu avec confiance…Et c’est parce que nous nous remettons à Dieu, parce que nous
consentons d’être ces femmes et ces hommes qui ont tout remis entre les mains de Dieu, leur
présent et leur avenir et même la mémoire de ce qu’ils ont été, que nous pouvons avoir le
courage d’accueillir la différence, être des témoins d’une certaine pluralité. C’est un enjeu
majeur que je crois apercevoir dans le terme islam.
A mon humble avis, il y a là un fond que vous êtes en train de perdre, en vous focalisant sur les
injonctions d’être un islam « acceptable ». C’est dans l’affirmation de ce consentement que je
perçois la radicalité de la foi musulmane. Et c’est quelque chose que nous pouvons
énormément admirer. Le mot radicalité n’est pas facile à prononcer et assumer depuis un
temps. Je parle de la radicalité théologique, je ne parle pas de la radicalité idéologique d’un
islam mythique, d’un islam de fantasme. Je parle de la foi, celle qui est au cœur du mot islam,
c’est-à-dire consentir. Cela signifie tenir bon dans le rapport au monde. Et c’est tenir bon en
7
Soumission à Dieu, susurre Mohamed Bachir, imam, présent à la table ronde.
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Dieu… Lorsque l’on sait tenir bon en Dieu, on tient bon pour l’homme, cela signifie que celui qui
tient bon, qui consent à être devant Dieu, est capable de protester pour Dieu en même temps
qu’il proteste pour l’homme. Il faut croire, consentir, accepter de se remettre à Dieu… Cela
engage une ferme confiance en soi. Cette confiance-là est féconde par rapport à nos relations
les uns envers les autres et notre commune responsabilité pour ce monde.
Cela une première chose que je voulais dire.
***
La transition que je fais avec le visuel que vous avez ici, le visuel qui nous a invités à cette
rencontre. Je vois ici des cruches de peau, si vous avez la possibilité de regarder ces images,
regardez pendant que je vous suggère quelques interrogations rapidement … J’ai imaginé que
quelqu’un vous invite, sans connaitre ce qui est le contenu de ces vases, et vous demande : « A
votre avis qu’est-ce qui est dedans ? »… Je vois une personne qui dit : « Eh bien, dans le
gobelet qui est là, cela pourrait être de l’or » Mais la personne sait que « Ce n’est pas de l’or »
et elle le dit. On invite une deuxième personne en lui demandant : « Dans le petit vase qui est à
côté, celui qui ressemble à un bocal, qu’est-ce qui pourrait être dedans ? » Et la personne
répond : « Cela pourrait être des graines », la troisième dit : « C’est du miel »… Dans tous ces
vases, ces personnes vont trouver la diversité des choses qui n’ont rien à voir avec le vrai
contenu qui est dedans. Eh bien le seul et vrai contenu et le seul contenu qui est dedans, c’est
de l’eau. Une même eau puisée à la même source ; la même eau qui étanche la même soif.
Mais de par les dimensions et leur forme, les vases sont pourtant différents, y compris par leurs
couleurs. Mais c’est de l’eau, de la même source parce que désaltérant toute personne
travaillée par la soif…
C’est comme cela que j’imagine les religions en ce qu’elles ont de meilleures. C’est aussi en
vertu de cela que le dialogue est possible. Je n’ai pas besoin d’être musulman, je ne serai
jamais un juif et je ne crois que je deviendrai un indou ou un bouddhiste. Je sais toutefois que
partout où je rencontrerai un vrai indou, un vrai bouddhiste, un vrai musulman, j’aurai ma part
de cette eau qui étanche la vraie soif. Je ne dis pas cela comme une manière simplement d’être
gentil, d’être bien avec vous. J’ai lu quelques théologiens musulmans pas beaucoup mais j’en
ai lu et j’ai senti que j’étais abreuvé, j’étais désaltéré. Nous nous perdons en nous focalisant sur
les formes des choses, sur les formulations et les dimensions… Nous donnons l’impression
même de nous lancer à la figure les contenants qui vont se briser… L’heure est venue où nous
devons poser sur les autres et sur nous-mêmes un autre regard, un regard beaucoup plus
profond qui permette de mieux se connaitre de mieux s’interpréter soi-même avant de chercher
à comprendre l’autre, au-delà des caricatures. Voilà pourquoi je vous ai apporté aussi un texte,
qui traduit bien cette démarche positive et qui ne peut être positive que lorsqu’elle est aussi
inclusive. Inclusive dans le respect, sans démagogie. Et je termine par-là. J’ai demandé à
quatre personnes de le lire ce texte de proclamation de foi8. Vous l’avez entre les mains…
Ce texte est d’un collègue un Suisse d’origine indienne qui est pasteur de l’Eglise protestante
en Suisse. Vous avez vu qu’il y a des articulations autour de différentes formes de croyances,
de confessions, de fois. L’essentiel n’est pas dans l’adverbe différemment de … Le
« différemment de » est une manière de dire simplement : là il y a une nuance, là il y a une
spécificité ; mais cette spécificité n’est pas quelque chose à lancer à la figure de l’autre, comme
une sorte d’étendard avec lequel on frappe les autres, c’est uniquement ce qui participe de
notre identité, l’identité propre, qui est peut être proposée aux autres, en tous cas qui n’est pas
8
Shafique Keshavjee, texte paru dans le Newsletter, n° de Novembre 2015, DEFAP, Paris.
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caché aux autres, et qui permet que nous puissions avoir une parole différente mais multiple
permettant précisément le dialogue.
Cet effort visant à disposer, dans notre église, de capacités pour intégrer les spécificités des
autres fois, des autres croyances, des autres traditions, cet effort-là va nourrir, commence déjà
à nourrir la théologie moderne des protestants. Il n’y a pas cinquante ans, ce genre de texte
n’existait pas dans nos églises parce que nous étions complètement arrimés, complètement
enracinés dans nos textes traditionnels. Ce que ce collègue a fait, n’est pas une exception, il y a
une créativité autour de tout ce qui concerne l’accueil d’autres formes de croyances, d’autres
formes de convictions, permettant d’aller beaucoup plus loin dans la rencontre de l’autre. Car
cet autre est dans notre Eglise même, qui est partage et lieu de reconnaissance mutuelle. Cela
parce que, en réalité, dans la rencontre de l’autre, l’autre ne me change pas, l’autre fait en
sorte que je comprenne mieux ce que je suis. Il y a quelque chose de moi qui n’est pas encore
révélé tant que je n’ai pas été en contact avec l’autre.
***
Et c’est cela que j’aime par exemple dans le soufisme. Chez vous, cet approfondissement qui
consiste à toujours aller plus loin, à découvrir quelque chose de moi-même qui est déjà là mais
sur lequel je n’avais pas de prise, sur lequel je n’étais pas ouvert. En fait, la richesse de tout ce
que nous vivons ici c’est que cela me réconcilie avec moi-même. Peut-être que lors des
échanges en groupe et dans la conclusion, je dirai deux expériences, une que j’ai vécue il y a
trois semaines au Maroc, à Rabah et l’autre dernièrement à Dourdan où pendant notre propre
synode, le synode de l’Eglise protestante unie de France en région parisienne. Quatre imams
nous ont visités. L’un français soufi d’origine marocaine et trois autres égyptiens. Ils ont pu
parler à nos synodaux, nous étions près de cent cinquante personnes, des délégués de nos
paroisses à ce synode. Ces quatre imams nous ont parlé, je ne peux pas vous dire comment
cela c’est terminé, c’est un peu un suspense, je vous le dirai tout à l’heure quand nous
échangerons ou au moment des questions.
Un seul Dieu, pourquoi plusieurs religions ?
22 novembre à Pontoise
Le 22 novembre 2015 à 15h30 à la mosquée turque de Pontoise, le Comité a organisé
une conférence à 3 voix (juif, chrétien et musulman) sur le thème : une seul Dieu, pourquoi
plusieurs religions ?
Ce thème a été choisi suite à cette question posée par un collégien lors d'une intervention du
Comité dans un collège du Val d'Oise.
170 personnes ont participé à cette rencontre et ont particulièrement apprécié ce qui s'y est dit.
Ce fut aussi l'occasion de riches rencontres qui participent également à la construction de la paix
pour vivre ensemble dans une vraie fraternité. Le seul regret est l'absence de la presse. Un travail
important reste à faire en direction des média parce qu'ils sont des vecteurs indispensables du
dialogue avec le public absent, des messagers de paix.
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Rencontre entre croyants du 25 novembre à Plaisir
Le 25 novembre 2015, suite aux attentats de Paris et St Denis, nous nous sommes
retrouvés à une centaine de croyants pour nous tourner ensemble vers Dieu.
Les musulmans ont chanté la Fatiha puis les chrétiens ont chanté le Notre Père; ensemble nous
avons lu un texte de l’abbé Pierre, puis nos responsables de communautés nous ont invité à
échanger un geste d’amitié.
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Province
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La violence
05 novembre à Montpellier
Les religions sources de guerre ou ressources pour la paix.
Intervenants :
Emmanuel Pisani, dominicain, islamologue
Youssef Djoufelkit
Intervention d’Emmanuel Pisani
Les religions sont véhicules de violence et de guerre, c’est certain !
Les textes religieux parlent de violence, Bible, Coran qui appelle à combattre l’infidèle, et même
chez les hindous dans l’épopée guerrière de la Bhagavad Gita.
Mais elles ne sont pas à l’origine de la violence, elles n’en sont pas la cause, mais peuvent être
mobilisées comme un exutoire à nos propres violences. Plus encore que les autres religions,
les monothéismes sont source de violence quand les polythéismes sont plus tolérants.
Mais Gandhi trouva son principe de non-violence dans la Bhagavad Gita !!
1) La figure d’Abraham, le père des croyants commun au Judaïsme, Christianisme, Islam :
Les premières paroles que Dieu lui adresse : « Quitte ton pays, ta parenté… pour le pays que je
te montrerai… » … = quitte ce qui construit ton identité.
D’emblée il nous est montré que le monothéisme naît dans l’arrachement à la terre, à la
sécurité. La première expérience est celle de l’étranger.
Abraham, père des croyants, n’est pas la figure d’un conquérant mais d’un migrant qui
demande accueil. Il ne s’agit pas d’ajouter mais de retirer.
Emmanuel Lévinas se demande pourquoi ce texte au départ ?… Pour mieux nous signifier que
la terre ne nous appartient pas. Le seul propriétaire de la terre est Dieu, le créateur. Et dès
que je m’empare d’une terre, fusse au nom de Dieu, je bafoue.
Abraham : la terre ne lui appartient pas.
Découvrir et être dépouillé sont dans le même verbe hébreu. (Quel verbe ???)
Cet exil est commun aux 3 religions du bassin méditerranéen : pour les juifs, c’est Moïse
qui incarne aussi cet exil. Pour les chrétiens, c’est Jésus : le fait que Jésus vienne habiter
parmi les hommes = Dieu vit Lui-Même cet exil ! Vit un expatriement ! Kenose, en grec,
dépouillé des attributs de sa divinité, expulsé, vidé.
On peut approcher Dieu en disant ce qu’Il n’est pas. Dans les monothéismes, Dieu est
indéfinissable, incomparable.
L’absolu, c’est Dieu. Les religions ne sont que des chemins pour approcher Dieu. Le
monothéisme est paradoxalement ouverture sur le relatif et désabsolutisation. Il fonde la
tolérance, il permet et reconnaît la pluralité.
2) Quelle est l’origine de la violence ?
La violence ne peut émaner de Dieu.
Elle est due au refus de l’autre.
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Le récit coranique parle d’un être, djinn, Iblis, qui met le chaos dans l’univers en refusant de se
prosterner devant Adam.
Dieu condamne Iblis à la lapidation et à la malédiction.
La violence est la conséquence de la liberté laissée à l’homme ou de l’action du diviseur.
La violence s’exerce d’abord envers celui qui a la même religion que moi
3) La fraternité en guerre
Caïn dont l’offrande n’a pas été acceptée tue Abel dont l’offrande a été acceptée… Le déluge
est motivé non par un égoïsme divin, mais en raison de la méchanceté des hommes. Avec Noé
commence une humanité renouvelée.
Sourate Coran : celui dont l’offrande n’a pas été acceptée dit : je te tuerai. Si tu tends la main
pour me tuer moi je ne te tuerai pas car je crains Allah. Il le tua et devint ainsi du nombre des
perdants. Celui qui tue son frère devient du nombre des perdants. Quiconque tue une
personne qui n’a pas commis de meurtre, c’est comme s’il tuait tous les hommes. Et celui
qui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes.
La violence des hommes est fratricide.
4) Dieu arrache de la tyrannie
Dieu libère du joug de la mort.
Mer Rouge. On ne retrouve pas cette Pâque dans l’Islam.
Cette libération du peuple, l’engloutissement des égyptiens dans la mer Rouge fait de Dieu un
Dieu violent.
Mais Dieu subit la violence, et Dieu va faire de la violence inhérente aux hommes un lieu de
Révélation. (Perspective chrétienne)
5) La violence comme une épreuve
… une épreuve qui révèle l’amour.
La violence n’est plus la preuve que Dieu est avec nous MAIS devient une épreuve.
Isaïe : Dieu se soucie de la victime. Souci des hébreux en Egypte. Désormais, la violence est
subie par le croyant, le fidèle : Job.
L’épreuve est considérée comme un principe de rédemption.
Qui est ce serviteur souffrant sur qui s’acharne la violence ?… C’est le Christ, qui prend la
souffrance sur lui, pour libérer l’homme de sa propre violence.
La violence est une épreuve pour nous. Elle est l’occasion pour nous de mener une guerre,
mais une guerre CONTRE la violence et CONTRE notre violence.
Les religions nous aident à prendre conscience de l’origine de la violence qui est en nous, elles
sont des outils contre notre violence : le vrai djihad est un combat contre les passions violentes
qui sont dans le cœur de l’homme. Les religions nous donnent des clés pour comprendre d’où
vient la violence ET un chemin pour lutter contre ces violences personnelles, et pour rebâtir la
fraternité, avec nos différences, la pluralité de nos langues, cultures… La Pentecôte ≠ Babel.
Les religions nous aident à décrypter la violence et avancer vers la fraternité.
Intervention de Youssef Djoufelkit
Les extrémistes aux portes de l’Islam
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La peur, le doute, la distance dans les yeux de nos compatriotes. Il n’y a qu’une voie : celle de
la rencontre, de l’échange, du débat. On dit que de la discussion jaillit la lumière, et alors la peur
commence à diminuer.
Avec un support visuel très bien fait :
1) Spiritualité musulmane, quelques textes
Savez-vous qui est le Mouflis ? Le pauvre ? Celui qui a tout perdu ?… C’est celui qui a tout bien
fait, louange, jeûne, aumône, … mais qui a insulté, frappé, usurpé, accusé, répandu le sang…
(…)
Autre texte qui date de David : « Ô mon Dieu je te demande ton amour et je te demande
l’amour de ceux qui t’aiment et je te demande de m’aider à faire des actions qui me feront
mériter ton amour. »
2) Une idéologie sectaire et obscurantiste, concurrente
Bref historique : 1912 l’empire britannique domine l’Egypte et souhaite l’Arabie. Winston
Churchill convoite le pétrole de l’Arabie. Hussein de la Mecque en 1912 et ses 2 fils, Fayçal et
Abdallah, rêve d’une unité arabe Irak, Syrie, Jordanie. Les britanniques envoient Lawrence
d’Arabie, relation de confiance avec Fayçal.
1915, Hussein de la Mecque signe accord avec l’Angleterre : Abdallah, roi de Jordanie, Fayçal
roi d’Irak, grâce à Lawrence d’Arabie. Abdelaziz Al Saoud, avide de pouvoir. Sir Cox se rend
compte de ses liens avec une secte wahhabiste, une idéologie conquérante et obscurantiste.
Sur conseil du colonel Sir Cox, Churchill choisit Al Saoud qui demande juste à être roi d’Arabie.
1925, Churchill arme Al Saoud. Bataille à la Mecque. On a éloigné les 2 fils d’Hussein. Fin de
son rêve d’unité arabe.
1932 : Al Saoud devient roi d’Arabie = Arabie Saoudite
La secte wahhabiste prend son essor et se développe, et la dictature saoudienne efface
des siècles d’Islam tolérant et éclairé.
1945 : Accords Roosevelt, avec Saoud, en échange de pétrole.
La secte du wahabisme se développe.
2005 : Georges Bush : renouvellement avec le roi Abdalah d’Arabie Saoudite (5000 princes
dans ce pays)
LIVRES CONSEILLES : Gilles MUNIER : les espions de l’or noir.
NABA : l’Arabie saoudite, un royaume des ténèbres.
Hamadi REDISSI Le Pacte de Nadjd ou comment l'islam sectaire est devenu l'islam, éd. du
Seuil, Paris, 2007.
3) Aperçu de quelques textes,
Dont la Lettre ouverte de 120 éminents savants musulmans pour dénoncer les barbaries du
soidisant Etat Islamique (EI), atrocités qui ne sont nullement dans les principes de l’Islam !!! Des
signataires même au sein de l’Université Al AZHAR du Caire, 8 éminents membres sunnites.
Cette lettre reproche à l’EI d’avoir mal interprété l’Islam : « C’est un grand mal et une
atteinte à l’Islam…. (….)….. Revenir à la religion de la Miséricorde »
Texte à découvrir et à faire connaître… Mal diffusé, contrairement à la propagande de l’EI !!
47
4) Images inédites : images rares, images positives souvent ignorées
Photos de l’église Notre-Dame d’Alger où musulmans et chrétiens se rencontrent et prient
ensemble ! Une tradition mal connue…
Photos de cette cohabitation très belle et inscription dans l’église : « priez pour nous et pour les
musulmans »
Bribes du Débat
« C’est la spiritualité qui permettra d’aller au-delà si les religions se fossilisent »…, dit l’un… «
En Islam religion et spiritualité vont ensemble, et quand l’une quitte l’autre cela ne va plus »
rétorque la femme de Youssef.
Approbation d’Emmanuel Pisani : « attention à la mouvance de Frédéric Lenoir. C’est dans le
rite que se vit quelque chose avec le frère. Je donne peu cher de ces spiritualités sans
religion… tenir les deux »
E. Pisani : Sur le Wahhabisme : « il date du XVIIIème siècle. Les 4 grandes écoles de l’Islam, 4
écoles juridiques, font une fatwa contre ! Le Wahhabisme est une déviance de l’une d’elles.
(…)Actuellement la secte wahhabiste dispose de moyens colossaux pour diffuser ses théories.
(…) Attention toutefois à ne pas diaboliser tout le monde : dans le courant salafiste, d’inspiration
wahhabite, il y a chez certains une belle spiritualité et de la miséricorde. »
. APPEL des musulmans de France
Nous, responsables musulmans de France, signataire du présent appel :
Nous condamnons fermement les exactions commises par l’organisation « Daesh », connue
sous l’appellation « Etat Islamique » (Ell), à l’encontre des civils en Irak et en Syrie parmi les
chrétiens, les Yézidis, les kurdes, les turcomans, les musulmans chiites ou sunnites, les
humanitaires, les journalistes et les reporters.
Nous considérons que cette organisation, en dépit de son appellation usurpée, n’a rien ni d’Etat
ni d’Islamique. Ses actions criminelles et barbares, dont les décapitations macabres des deux
journalistes américains James Foley et Steven Sotloff et de l’humanitaire britannique Davis
Haines, d’une cruauté et d’une violence insoutenables, sont en totale contradiction avec les
principes élémentaires de la religion musulmane.
Nous saluons la position des autorités Chrétiennes, qui tout en condamnant les exactions
perpétrées contre les chrétiens d’Irak et de Syrie, refusent toute instrumentalisation de cette
tragédie et soulignent que les musulmans sont également victimes et cette organisation
terroriste.
Nous appelons tous les citoyens, épris de paix et de justice quelle que soit leur religion ou leur
conviction à afficher, aujourd’hui plus que jamais, leur unité face au terrorisme et à la barbarie
et à œuvrer sans relâche pour que le dialogue et la solidarité entre eux puissent faire barrage
aux adeptes de la prétendue « guerre des civilisations »
Nous réitérons notre appel aux jeunes musulmans de France qui seraient tentés d’aller
combattre aux côtés de ces terroristes, de prendre conscience de l’ampleur de la gravité des
crimes dont ils pourraient se rendre complices, ainsi que de la lourde responsabilité, devant
Dieu et devant l’Humanité, d’une telle complicité.
Face à l’ampleur des crimes commis par « Daech » et l’importance des moyens matériels dont
elle dispose, nous appelons la communauté internationale à diligenter une enquête afin que
soient déterminés les responsabilités des soutiens de cette organisation terroriste ainsi que
l’origine de ses moyens.
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Nous demandons aux musulmans de France d’apporter leur aide aux exilés, notamment à ceux
présents en France, d’élever des prières, tous les vendredis, pour les repos des âmes de toutes
les victimes et implorer le Très Miséricordieux afin qu’il accorde son Aide et Son Soutien à ceux
qui souffrent des actes de cette organisation terroriste.
Signataires par ordre alphabétique des institutions :
-
Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France – (CCMTF)
Représenté par Monsieur Ahmet OGRAS, Président.
-
Fédération Française des Associations Islamiques d’Afrique, des Comores et des
Antilles – (FFAIACA)
Représenté par Monsieur Cheikh Moussa TOURE, Président.
-
Fédération Nationale de la Grande Mosquée de Paris – (FNGMP)
Représentée par Monsieur le Recteur Dalil BOUBAKEUR, Président.
- Foi et Pratique
Représenté par Monsieur Hamadi HAMMAMI
-
Grande Mosquée d’Evry – Courcouronnes
Représentée par Monsieur le Recteur Khalil MERROUN
-
Grande Mosquée de Lyon
Représentée par Monsieur le Recteur Kamel KABTANE
-
Grande Mosquée de Saint Denis de l’ïle de la Réunion
Représentée par Monsieur Anouar KBIBECH, Président
-
Union des Mosquées de France (UMF)
Représentée par Monsieur Mohamed Moussaoui, Président.
-
Union des Organisations Islamiques de France
Représentée par Monsieur Amar LASFAR, Président
Présenté à la conférence du 5 novembre par Youssef DJOUFELKIT
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Le dialogue plus fort que la peur, le 11 novembre à Annecy
Les différentes communautés religieuses d’Annecy se sont associées pour organiser
une journée de rencontre interreligieuse ayant pour thème : le dialogue plus fort que la peur.
Au total, 180 personnes de toutes religions (catholiques, protestants, musulmans, juifs et
bouddhistes, notamment du mouvement Soka)… ou sans religion ont participé à
l'événement.
Le matin, les principes fondamentaux de chaque confession ont été présentés au cours
d’une visite des différents lieux de culte (église, temple, mosquée, synagogue et salle avec
un autel bouddhique). L’après-midi, de petits groupe de discussion et des jeux ont été
organisés et animés par l’association Coexister. Chacun a partagé son expérience de vie et
de croyance.
S’unir par la prière
Cette journée, placée sous le thème « Le dialogue plus fort que la peur », s’est déroulée
dans le plus profond respect des diverses croyances. Ces multiples échanges ont avivé chez
les participants le désir sincère de « faire équipe » pour réaliser la paix et pour développer
encore plus d’amour et de compassion. Ainsi, forts de la grande réussite de cette journée, le
groupe interreligieux d’Annecy a décidé de mettre en place le premier lundi de chaque mois,
une prière commune pour « la paix et le bonheur de toute l’humanité ».
Jésus dans nos différentes confessions
12 novembre à Saint-Étienne
La rencontre du jeudi 12 novembre 2015, c’est passée dans de bonnes conditions
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Nous étions 30 personnes à écouter les intervenants des différentes religions : catholique,
musulmane et protestante sur le thème « Jésus » Un large et riche débat a suivi les trois
interventions. C’était aussi l’occasion de rencontrer et de faire plus ample connaissance avec
l’Institut des Sciences Humaines Nawawi (ISHN) de St Etienne et ses représentants. Nous
espérons une collaboration amicale et durable avec l’ISHN
Rencontre et partage, 14 novembre au Gap
Pour la dixième année dans les Hautes-Alpes, une équipe de croyants a participé à la
SERIC.
REPAS INTERCOMMUNAUTAIRE
Cette année encore le repas intercommunautaire a été organisé avec la prise en charge
de la réservation de la salle par nos amis musulmans. C'est dans le quartier populaire de
Molines connu à Gap pour l'importance de ses résidences HLM que nous devions nous
retrouver. Comme souvent la mise en route a été difficile et à Gap trouver des dames
musulmanes investies reste long. Ces difficultés dépassées le repas prévu le 14 novembre a dû
être annulé après les événements du 13. C'est avec un grand regret que la décision a été prise
car ces dernières années ce repas ouvert à tous est un moment de grande convivialité où la
nourriture partagée permet des discussions entre personnes qui ont peu souvent l'occasion de
se rencontrer, chrétiens, musulmans, non-croyants, étrangers en cours d'intégration... Suite à
l'annulation, la Communauté musulmane se charge de trouver une nouvelle date et une salle.
La période d'hiver étant peu propice dans notre région de montagne ce sera sans doute au
printemps.
La rencontre
15 novembre à Strasbourg
Centre ville : Dimanche 15 novembre à 17h30, Église Saint-Jean, 13 quai Saint-Jean :
Les musulmans de l’association interculturelle et interreligieuse PDSE participent à la messe
avec les jeunes de la paroisse.
18h30 : partage de l’Achoura, dessert composée de multiples ingrédients, et rencontre entre
musulmans et chrétiens.
Une trentaine de femmes et d’hommes musulmans, membres de l’association PDSE, ont
participé à la célébration de la messe dirigée par le père Etienne Uberall à l’église Saint-Jean à
Strasbourg. A la fin de la messe, où les attentats terroristes de Paris ont inévitablement été
abordés ainsi qu’un appel à l’amitié et la fraternité islamo-chrétienne, un temps de parole a été
donné au président de la PDSE pour présenter le dessert de l’achoura et partager sa
signification avec l’audience. S’en est suivie la dégustation du dessert dans la salle annexe, où
200 parts préparées par les bénévoles attendaient les participants. C’est ainsi que des
rencontres et discussions riches et chaleureuses entre catholiques et musulmans ont pu avoir
lieu en toute convivialité, qui ont permis de mieux de se connaître et d’aller au-delà des
apparences ou des préjugés que chacun a de l’autre réciproquement.
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Cette rencontre a pris d’autant plus de sens que les évènements tragiques survenus à Paris
l’ont précédée de 2 jours.
Concernant le dessert de l’achoura, dont les origines remontent au prophète Noé dans son
arche lors du déluge, il comprend deux symboles très forts pour notre société d’aujourd’hui, qui
ont été mis en avant lors de cette rencontre :
- La diversité et la richesse des ingrédients aux antipodes les uns des autres et rarement
utilisés tous ensemble (allant du sucré au salé), qui cohabitent harmonieusement
ensemble et se ressentent individuellement dans le goût du dessert sans que l’un ne
prenne le dessus sur l’autre, montrent qu’il est tout à fait possible de cohabiter en paix et
en harmonie dans notre société avec nos différences mises au service du bien commun
et considérées comme une richesse.
- Notre société doit faire face à toute une série de fléaux (tels que le terrorisme, la
pauvreté, la drogue, etc). Aujourd’hui, l’arche de Noé prend la forme de notre société, et le
déluge celle des fléaux qui nous menacent tous, autant que nous sommes, en tant que
membre (passagers) de cette société.
Un article consacré à cet évènement a été publié dans les DNA du 16/11/15 (cf annexe).
Pierre et Mohamed, le 16 novembre à Toulon
Le lundi 16/11 la séance du lycée Fénelon à Toulon, a été annulée en raison des règles de
sécurité, la pièce se déroulant dans un théâtre en dehors de l'établissement ! nous avons
cependant assisté avec les jeunes à la minute de silence et déjeuner dans l'établissement.
la pièce a été reportée au lundi matin 25 janvier 2016.
Pierre et Mohamed, le 16 novembre à La Farlède
Le lundi 16/11 ap.midi la représentation a été annulée également en raison d'un mouvement de
grève de la prison (annoncé qq jours avant les attentats)
La représentation aura lieu le lundi 25/01 après midi.
La rencontre, le 16 novembre à Strasbourg
Neuhof : Lundi 16 novembre à 20h à l’Espace Ziegel- 5 rue de Bergerac, Strasbourg-Neuhof :
Soirée d’ouverture autour de la projection du film : « L’imam et le pasteur»
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Pierre et Mohamed, le 17 novembre à Toulon
Le mardi 17/11 :
Deux représentations ont eu lieu au lycée Notre-Dame à Toulon de 08H00 à 10h00 pour les
élèves de 1ère (environ 160 élèves, et professeurs) et de 10h00 à 12h00 pour les élèves de
terminale (160 environ).
Pierre et Mohamed, le 17 novembre à Ollioules
Le mardi Après.midi : A l'Externat St Joseph - La Cordeille à Ollioules
Une représentation devant 150 élèves de terminale et des adultes enseignants.
La rencontre, le 17 novembre à Lingolsheim
Lingolsheim : Mardi 17 novembre à 20h, Foyer Oberlin, rue du Château : « Speed dating »
spirituel et interreligieux.
Une cinquantaine de personnes présentes ce soir-là malgré la peur qui a succédé aux attentats
de Paris. Tous, selon les témoignages, ont tenu à venir pour bien manifester leur désir
d’empêcher la division entre musulmans et non-musulmans que recherchent les auteurs de ces
crimes abominables.
Introduction de la soirée par le mot d’accueil du Pasteur Frédéric Gangloff puis explication des
règles du jeu du « speed dating » par le Pasteur Jean Philippe Schwab.
L’objectif étant de faire se rencontrer et mieux se connaître le maximum de personnes de même
confession ou de confessions différentes, la soirée comprenait deux étapes :
-
une phase de discussion de 10 min, sur le mode questions-réponses ou speed dating.
Pour cela, des binômes se sont constitués pour 3min de discussion puis, changement de
partenaire annoncé par un maître du jeu. Chacun a pu participer ainsi à 3 « speed dating »
différents.
Une phase de 20 min. d’échanges d’expériences mutuelles, de témoignages,
d’écoute, organisée en ateliers à thématiques diverses avec un animateur pour chaque
atelier ( la rencontre par la spiritualité, la rencontre part l’art et la culture, la rencontre
dans le voisinage et le quartier, la rencontre dans les transports communs et la rue).
Deux ateliers au choix de 20min chacun.
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L’actualité particulière de cette période a donné l’idée aux organisateurs de
rajouter un atelier « dire ses peurs » et de rédiger un communiqué de presse à faire
signer par ceux qui le désiraient parmi les participants.
Cette soirée, très riche en émotions comme en informations, s’est prolongée par un
délicieux buffet.
Pierre et Mohamed, le 18 novembre au Lycée l'Olivier
Le mercredi 18/11 matin :
Une représentation devant les terminales du lycée L'Olivier à Marseille.
Notre Maison Commune : Comment l'animer ?
18 novembre à Mulhouse
Le 18 Novembre 2015 de 19 h30 à 22 heures à la mosquée An Nour, rue Neppert à
Mulhouse.
Trois témoins ont partagé avec une centaine de participants leur approche d’un texte qui nourrit
leur foi, leur
cœur, leur intelligence, leurs
actes .Avec des accents différents et
complémentaires, l’insistance sur la nourriture spirituelle , le lien entre foi et raison , l’exigence
d’une foi qui honore l’être humain
Quelques phrases –clés , nourriture sur un chemin à continuer ensemble :
Marianne, à partir du texte des Béatitudes dans l’Evangile de Matthieu 5, 3 à 10
« C’est un texte que je récite chaque jour .Il m’appelle à changer mon regard sur les gens, sur
les malades et les soignants que je rencontre comme aumônier à l’hôpital. Les Béatitudes
correspondent à ce que le Christ a pu vivre jusqu’à l’extrême. C’est pour moi un programme de
vie qui me relie aux autres même s’il est loin d’être facile. »
Halima a choisi le verset 70 de la sourate Al Isra , le Voyage Nocturne .
« Dieu a accordé une grande importance à l’être humain, en donnant aux hommes la raison et
le bon sens .J’ai choisi ce texte car ce qui se passe dans le monde me touche énormément et je
ne comprends pas toutes ces discordes , haines et violences .Des hommes tuent des hommes .
Où est la raison et le bon sens ? Alors que le verset du Coran appelle à la tolérance et au
vivre ensemble »
Younesse, dans un poème qu’il a composé insiste sur l’articulation indispensable entre foi et
raison, et sur le rôle de la conscience, qui cherche à comprendre par l’intelligence .
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Quelques paroles sortis des groupes d’échange en écho aux témoignages :
« C’est la première fois que j’entre dans une mosquée . Je suis venu pour apporter mon
soutien aux amis musulmans après le 13 Novembre »
« Nous musulmans ,nous devons montrer clairement notre respect des fondements de la
société française .il nous faut mobiliser toute notre intelligence «
« Dans notre société , il est important de respecter la liberté de croire ou de ne pas croire . La
foi en Dieu est une lumière intérieure, pas une norme d’organisation de la société »
Pierre et Mohamed, le 18 novembre à Fréjus
Le mercredi en soirée : Une représentation devant l'association des mal-voyants de Fréjus
à la salle communale de St Aygulf (environ 180 personnes)
La rencontre, 18 novembre à Strasbourg
Meinau : Mercredi 18 novembre à 19h30- visite et découverte nocturne du jardin
interreligieux « Oasis de la rencontre »- Place de l’Ile-de-France.
20h: soirée sur le thème « Mariages entre chrétiens et musulmans, l’occasion d’une
rencontre » avec la participation des représentants des communautés religieuses.
Dans le cadre de cette semaine organisée par le GAIC cette année sur le thème de la
Rencontre, la soirée du 18 novembre s’est déroulée dans le jardin Oasis avec visite nocturne à
la lueur de nombreuses petites bougies. A l’appel du président Claude Heckel, une minute de
silence a été observée à la mémoire des victimes des attentats de Paris. Un débat-échange
entre la quarantaine de participants s’en est suivi à partir d’un petit film qui présentait un couple
islamo-chrétien, avec les choix qu’il a été amené à faire. Voici quelques questions qui ont été
abordées : - est-ce la religion ou la culture qui pose problème ? - le rôle de l’entourage est
souligné abondamment, dans l’équilibre du couple comme dans ses difficultés - la religion
apporte une problématique supplémentaire dans les difficultés que traverse tout couple, mais le
fait de croire en Dieu peut aussi aider à surmonter ces difficultés - se mettre d’accord au début
du couple sur la pratique religieuse de l’un et de l’autre - question de la religion des enfants ;
dans certains cas ils choisissent eux mêmes plus tard - nécessité du respect mutuel - pour les
uns l’amour prend le dessus, pour d’autres l’amour ne suffit pas, il faut des connaissances - la
femme chrétienne, comme la juive, n’est pas obligée de se convertir à l’islam ; qu’en est-il dans
l’autre cas de figure ? Puis l’imam, le curé et le pasteur ont donné leurs points de vue, étayés
par leur expérience de terrain. Deux poèmes et le chant « si tu es mon ami » ont conclu la
soirée suivie d’un thé à la menthe et/ou d’un vin chaud chaleureusement appréciés. Etienne
Piemon
La miséricorde, 19 novembre à Bordeaux
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Reprise des témoignages et interventions lors de la soirée sur la Miséricorde
pendant la semaine islamo-chrétienne 2015 à Bordeaux
---------------------------------------------------Des Témoignages
De Jean François groupe d'amitié de Bordeaux et du "124 club"
Un comte pour dire ce qui fonde une attitude de miséricorde
Un jour, je me suis assis à l’entrée de la ville.
En face de moi se tenait un vieillard. Un homme se présenta à l’entrée de la ville et demanda au
vieillard : « Mon oncle, les habitants de cette ville sont-ils accueillants ? » Le vieillard répondit :
«Dis- moi d’abord comment étaient les habitants de la ville d’où tu viens ? » L’homme répondit :
« Oh, ils n’étaient pas gentils du tout. Je n’ai pas aimé cette ville. »
Le vieillard dit alors : « Mon pauvre ami, les gens d’ici sont pareils. » Et l’homme s’éloigna.
Une autre personne arriva et posa la même question : « Mon oncle, les habitants de cette ville
sont-ils sympathiques ? »
Le vieillard lui a demandé : « Dis- moi d’abord comment étaient les habitants de la ville d’où tu
viens ? » La personne répondit : « J’ai été très heureux de les découvrir. J’ai beaucoup aimé
mon séjour dans cette ville. »
Le vieillard dit alors : « Mon ami, tu connaîtras le même bonheur ici ! »
Je m’approchai alors du vieillard : « Pourquoi dites-vous une chose à l’un et le contraire à
l’autre ? » Il répondit : « Je n’ai pas dit le contraire. J’ai dit à chacun qu’il ferait la même
expérience que dans la ville précédente. Celui qui a déjà su aller à la rencontre de l’autre, il
saura aussi le faire ici et réussir son séjour. Celui qui attend que ce soit l’autre qui s’ouvre à lui
risque d’être toujours déçu… et décevant. »
De Fatiha du groupe d'amitié femmes
La miséricorde de Dieu est indiscutable est parfaite.
Comment se manifeste la miséricorde en nous ?
La miséricorde repose sur le rapport qu'on peut entretenir avec soi-même et avec les autres.
Etre miséricordieux c'est l'état naturel de chaque personne.
S’il arrive qu’un individu se coupe de sa nature, c’est parce qu’il est en difficulté.
Le problème d'aujourd’hui : si l’un se détache de sa nature, nous réagissons de la même façon,
en nous détachant de la nôtre pour lui.
Ainsi se crée le cercle vicieux dont nous voyons les effets, partout, dans les nouvelles.
Dieu dit :
« Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté..."
De Marçoise et Bernard du groupe d'amitié de Bègles
La miséricorde, c’est aussi porter un regard pacifié sur celui ou celle que
nous n’aimons pas, pour lequel nous avons des préjugés.
Nous ne l’aimons pas pourquoi ?
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Nous ne l’aimons pas parce qu’il nous dérange dans son comportement, ses habitudes… Bref,
tout ce qui dans sa façon de vivre semble éloigné de nos valeurs, de nos convictions et donc,
nous fait peur.
Un exemple de situation miséricordieuse inspiré par ce regard pacifié porté sur l’autre.
C’est un évènement passé il y a quelques années à Bègles, dans l’une des anciennes tours de
la cité Yves FARGES, avant qu’elles ne soient détruites.
Le soir de Noël, une famille dont l’appartement est situé au 9ème étage de la tour, invite pour
partager le repas, une personne à locomotion réduite et ne se déplaçant qu’en fauteuil roulant.
Au moment de se séparer…, problème : l’ascenseur, une fois de plus, est en panne et il est
donc impossible pour l’invitée de rentrer chez elle.
On râle, on s’interroge, on envisage d’appeler les pompiers….,mais, tout de même, les
déranger un soir de Noël… !
Une des personnes suggère de demander aux jeunes qui traînent en permanence dans le hall
d’entrée, s’il serait possible pour eux de porter une personne en fauteuil roulant, palier par
palier, jusqu’au rez-de-chaussée.
« Ces jeunes », comme on les appelle, qui squattent les abords collectifs de l’immeuble, ces
jeunes qui nous dérangent, parce qu’ils semblent désœuvrés, parce qu’ils sont bruyants, avec
la casquette à l’envers ou la capuche encagoulée…Ces jeunes, oui, ont répondu « présent » à
cette demande et ont descendu avec sourire et délicatesse la personne bloquée au 9ème étage
de la tour.
La miséricorde est portée par ce témoignage :

elle est présente dans le fait d’aller demander leur aide à ces jeunes, sur lesquels
nous portons un regard négatif.

elle est présente aussi dans la réaction de ces jeunes qui, avec enthousiasme
et générosité, ont répondu à la demande qui leur était faite.
Ce soir-là, chaque personne « artisan de Paix », est devenue miséricordieuse dans ce monde.
Anne du groupe d'amitié de Bordeaux
Chacun de nous est important pour porter la miséricorde de Dieu, en être le témoin.
Je reviens d'Algérie, du diocèse d'Oran où je me rends souvent. Il y a quatre ans j'ai rencontré
Josiane, une camerounaise qui vit là depuis six ans. Migrante elle a traversé la violence et tant
de souffrance, une vie difficile...
Au cours de sa première année à Oran elle a noué des liens multiples avec d'autres migrantes
et apporté son aide pour régler de nombreux problèmes de justice et soutenir beaucoup d'entre
elles. Pendant sa deuxième année d'exil elle a retenu l'attention du diocèse et gagné sa
confiance par sa grande bonté et sa grande générosité. Elle est devenue officiellement le lien
précieux entre le diocèse d'Oran et les femmes migrantes.
Aujourd'hui elle est directrice du centre d'accueil des femmes et des enfants migrants.
Quel témoignage ! Simplement cette femme a su accueillir la miséricorde de Dieu et celle-ci a
été démultipliée, car ce centre est plus que nécessaire par sa présence auprès des migrants. Il
suscite d'autres participations et soutiens avec Caritas, Médecins du Monde, le Diocèse d'Oran
ou l'ambassade du Canada.
Cette femme, Josiane, nous encourage tous à vivre d'une miséricorde qui se démultiplie parce
qu'elle vient de Dieu. Peu importe, qui que nous soyons, nous pouvons vivre et faire vivre cette
miséricorde divine.
de Mouna, 9 ans, musulmane, élève de CM2 à l'école St Michel
57
La miséricorde : pardonnez... Pardonnez c'est quelque chose de difficile...
C'est difficile pour nous les humains...
Mais le seul, le seul et unique Dieu peut le faire, car lui ce n'est pas un humain.
Dieu c'est Dieu.
Il n'oublie jamais le bonheur, le bien, on n'oubliera jamais non plus la seconde chance qu'il nous
donne.
Dieu occupe nos cœurs.
Il occupe nos cœurs, votre cœur tout entier et ça restera jusqu'à la mort, pour toute la vie.
---------------------------------------------------------DEUX EXPOSES SUR LA MISERICORDE
Par Eric de Bonnechose, Pasteur et Tareq Oubrou, imam
La
miséricorde,
un
bref
parcours
biblique
(E
de
Bonnechose,
extraits)
Miséricorde : mot désuet, mot qui sonne « religieux », la bonne œuvre pieuse, ou qui
renvoie à un Dieu de jugement (s’il y a miséricorde, c’est qu’il y avait faute, et donc registre de
loi et de jugement).
1. La miséricorde comme naissance
La notion de miséricorde est fortement ancrée dans l’Ancien Testament, où elle apparaît 4 fois
plus que dans le Nouveau. La plupart des emplois est à rapprocher du pardon : face aux
infidélités sans cesse renouvelées du peuple, Dieu prodigue sans cesse sa miséricorde,
montrant ainsi sa fidélité ...
- Ce don est unilatéral, gratuit, total. Acte du créateur qui choisit de donner vie. Cf sens de la
miséricorde envers un condamné ou un fautif : acte qui ne se porte pas vers la justice, mais
vers la vie.
de son ventre ? Quand elle l'oublierait, moi je ne t'oublierais pas.
L’image utérine fonctionne ici à plein. La miséricorde, c’est avant tout l’expérience fondatrice du
peuple hébreu ; la libération d’Egypte comme expérience de miséricorde de Dieu se
reproduisant au fil de son histoire.
Exode 3, 7-8 : 7Le SEIGNEUR dit (à Moïse) : J'ai bien vu l'affliction de mon peuple qui est
en Egypte, et j'ai entendu les cris que lui font pousser ses tyrans ; je connais ses douleurs.
8
Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et pour le faire monter de ce
pays vers un bon et vaste pays...
Expérience historique, mais aussi et surtout expérience fondatrice, typologique, de toute
libération matérielle et spirituelle. L’Egypte, en hébreu, est de même racine que l’angoisse.
58
Sortir du goulot de l’angoisse, passer entre les murailles oppressantes de la mer comme à
travers les cuisses d’une femme... une naissance à la vie, à la liberté...
2. Une contestation du religieux
Ce thème est largement repris par Jésus, notamment dans deux très célèbres paraboles : celle
du fils prodigue, et celle du bon samaritain. Dans ces deux passages, c’est le verbe grec
splagcnitzômai qui est employé : être pris aux entrailles. On est dans la continuité du rahamim
hébraïque. Et l’on voit deux inflexions notables, par rapport à l’emploi majoritaire dans l’Ancien
Testament...
Dieu vient vers l’homme dans sa miséricorde, pour le faire vivre. Mais la miséricorde n’est pas
une réalité naturelle pour l’homme, qui désire plutôt un Dieu fait à son image. Un Dieu qui
correspond à son clan, à sa psychologie, au comblement de ses frustrations.
Dans la théologie chrétienne, la croix exprime ce décalage, ce malentendu.
- La miséricorde est perçue comme une chose dérangeante, menaçante, alors on la rejette et
on la tue.
- Mais il y a aussi une promesse, un secret dans la croix. La croix n’est pas seulement un
instrument de mort. C’est aussi le support sur lequel est exposé un visage de Dieu inattendu,
difficile à reconnaître : un Dieu souffrant, un Dieu qui espère inlassablement en l’homme
comme le parent attend inlassablement son enfant...
- La miséricorde est perçue comme une chose dérangeante, menaçante, alors on la rejette et
on la tue.
- Mais il y a aussi une promesse, un secret dans la croix. La croix n’est pas seulement un
instrument de mort. C’est aussi le support sur lequel est exposé un visage de Dieu inattendu,
difficile à reconnaître : un Dieu souffrant, un Dieu qui espère inlassablement en l’homme
comme le parent attend inlassablement son enfant.
----------------------------------------------------------------"La miséricorde" dans le Coran (par Tareq OUBROU, extraits)
Ce qui fonde la religion monothéiste et la Révélation c'est de révéler Dieu.
Sur le fond je dirai la même chose qu'Eric de Bonnechose, les références seules seront
différentes comme l'est le sens théologique de l'être divin. Car il s'agit de faire de la théologie et
d'interpréter l'être suprême, le reste est second, droit, éthique... dépendent de cette approche.
Le Coran parle essentiellement de Dieu lui-même : c'est quoi être Dieu ? Qui est Dieu ? Ce qui
fonde la religion monothéiste et la Révélation c'est de révéler Dieu. ..
La Révélation pour les musulmans n'est pas un dévoilement
La Révélation pour les musulmans n'est pas un dévoilement, ce n'est pas Dieu qui se
dévoile ni s'incarne mais c'est Dieu qui communique par une médiation, dans une distance. Le
mystère n'est jamais totalement levé.
59
Une parole, des termes comme "miséricorde" sont les lieux d'une explication, ils ne s'expliquent
pas en eux-mêmes, ils indiquent quelque chose au-delà du nom (l'incarnation n'a pas levé le
mystère de Dieu)...
Coran passe par la médiation de la langue arabe, comme elle passe par l'Hébreux, l'araméen,
Jésus... Ses déclinaisons traversent les modes linguistiques et les cultures.
La miséricorde s'exprime, se dévoile dans la perception subjective et l'expression culturelle...
La miséricorde n'est pas le seul attribut de Dieu mais c'est un attribut cardinal
En islam, par une approche rationnelle, juridique et mystique, on découvre la Miséricorde
de Dieu...
La miséricorde n'est pas si simple à définir. Il y a les approches rationnelle, juridique et
mystique par lesquelles on découvre cet attribut de Dieu. Comme pour tout être sens et
apparence se conjuguent comme se rencontrent le permanent, l'éternel et le conjoncturel...
Dans le Coran la miséricorde ne dépend pas de la création car avec la miséricorde il n'y a pas
de retour, à la différence de l'amour où le retour est inclus. On aime quelqu'un parce qu'on a un
sentiment où l'attente d'un retour est présente, comme dans le rapport de la mère à son enfant.
La miséricorde c'est la compassion, la pitié, un sentiment toujours accompagné dans le Coran
par le tendresse et la douceur qui sont deux attributs de Dieu...
Se tromper d'interprétation de Dieu c'est se tromper d'interprétation sur l'existence
même
C'est pourquoi le Coran insiste tant sur Dieu, car toute erreur d'interprétation de Dieu est une
erreur d'interprétation du sens de l'existence, et une erreur sur son vouloir et ses
commandements. On ne peut faire une "charia" sans théologie et toute réflexion théologique
débute par une réflexion sur la liberté ou sur le destin. ..
Il y a une hiérarchie dans les attributs de Dieu, déployés dans l'univers, qui font tenir le
monde
La miséricorde déposée dans la nature est biologique elle donne au monde de se tenir en ordre
par l'amour. Parfois cette bonté surgit en l'homme et certains n'auraient pas imaginé la porter
en eux. Ses forces tiennent le monde...
La miséricorde n'est pas un sentiment flou, elle est gardienne d'un certain ordre.
Cette miséricorde essentielle vient de l'essence même de Dieu. Elle est naturelle, perceptible
dans l'ordre de la création...
La fin de la loi c'est la miséricorde, don de Dieu sans retour elle est clé d'interprétation
du monde
La miséricorde dans l'être divin, la miséricorde dans la création, la miséricorde dans la loi et
dans l'au-delà, triomphera de la colère...
Un jour le prophète voyant une mère embrasser et serrer fort dans ses bras le nourrisson
qu'elle avait retrouvé après l'avoir perdu, dit à ses compagnons : "croyez vous que cette femme
enverrait son enfant en enfer, ils répondirent non, et bien dit-il, sachez que Dieu est plus
miséricordieux envers les hommes que cette femme envers son nourrisson".
Tout est dit !
L'attention à l'humain dans la tradition musulmane et
chrétienne. La religion rend- elle libre ?
19 novembre à Marly les Valenciennes
Conférence à deux voix 19 novembre 2015 à la salle des fêtes de Marly.
60
Pour cette huitième conférence, la salle des fêtes de Marly avait fait le plein...220
personnes venues de tout l'arrondissement de Valenciennes! C'était le signe d'une réelle
volonté de mieux se connaître et aussi de marquer un geste de paix et de solidarité en cette
période si particulière.
Avant de débuter la conférence, toute l'assistance s'est recueillie à l'invitation de Philippe
COURCIER, animateur de la soirée et journaliste de la Croix du Nord qui a repris des mot
évocateurs tels que... deuil d'humanité, larmes, consolation, rage, goût des autres à
retrouver, continuer à se parler et entretenir une laïcité ouverte et bienveillante.
...L'attention à l'humain dans la tradition musulmane et chrétienne
Le premier intervenant, CHRISTOPHE DECHERF prêtre à Denain et philosophe a tout
d'abord rappelé qu'il y a eu un temps d’ignorance et aujourd’hui il y a un temps du soupçon
chez certains.
La bible avant JESUS et après JESUS nous donne beaucoup d’affirmations. Qui croire ? Qu’est
ce qui est essentiel ?

Dieu en premier s'intéresse à l'humain
Tout peut être bon pourvu qu’il porte l’attention à l’humain. A Denain, une préparation de la
Saint Sylvestre se fait avec la collaboration du secours islamique, secours catholique et le
secours populaire.
La bible nous dit : « DIEU le premier pense à l’humain ». Si nous nous intéressons à l’humain
c’est parce que DIEU en premier s’intéresse à l’humain.« J’étais malade et vous ne m’avez pas
rendu visite» dit Jésus dans l'évangile de St Mathieu. Tout ce qui est fait à l’attention de
l’humain est fait pour DIEU.JESUS est pour les autres, donc celui qui suit JESUS doit être pour
les autres.
On peut se tromper quand on parle de DIEU mais on ne peut pas se tromper quand on parle de
JESUS. JESUS s’en remet à DIEU qui manifeste une grande proximité à l’égard des
personnes.Puisque DIEU s’intéresse à l’humain, il y a une distinction entre le système religieux
et la foi.
Le christianisme se renouvelle avec le dialogue et avec les nouvelles situations historiques. De
quelle humanité parle-t-on ? Le professeur se met à l’écoute de l’élève avant de lui dispenser
un savoir, de même tout homme est unique, je peux le blesser si je ne m’approche pas de lui
avec respect. L’attention à l’humain doit se faire avec prudence et respect et dans son
environnement. Le pape François nous invite à prendre en considération l’environnement et
l’environnement social de l’humain. L’homme connecté n’est pas un gain. On a abimé la
planète, on va abimer l’homme...c’est l’injustice et l’absence de paix qui abiment l’homme.

Considérer l'humain dans sa globalité
Quand les personnes deviennent autoréférentielles, elles accroissent leur voracité. DIEU a créé
l’homme à son image et à sa ressemblance. La liberté humaine n’a pas de limite, rappelle le
Pape François L’homme ne se crée pas de lui-même, il est nature et il a besoin des autres.
Evacuer les religions de l’espace publique revient à promouvoir l’égocentrisme. fraternité
donne une communauté qui partage le même idéal de vie. La fraternité est une vertu. J’aime le
salut des musulmans « la paix sur vous »...c'est un sens à gagner.
L'attention à l'humain, c'est considérer l'humain dans sa globalité, l'environnement, le travail.
Nous sommes connectés à notre environnement, nous faisons partie de la "maison commune",
le monde est en danger. Il s'agit de s'y mettre ensemble pour sauver l'homme, la planète et la
paix .Voir les réalités de la vie : nourriture, fêtes, s'intéresser au quotidien. Il faut partager, à
l'exemple de Christian de Chergé assassiné qui disait "Nous n'avons pas encore vécu assez à
leur côté, nous devons vivre au coude à coude".
Le deuxième intervenant, TAYEB CHOUIREF, traducteur et écrivain, souligne d'entrée que
cette rencontre prévue de longue date se situe dans une période où l’humain a subi un choc.
L'humanité a été touchée.
61
L’homme est un être dès sa création qui a été créé d’argile et d’esprit. L’argile explique
l’attraction de l’homme vers le bas et l’esprit explique son élévation. L’homme peut se situer
dans sa nature spirituelle ou dans son égoïsme. L’homme reste libre et c’est ce qui fait la
grandeur de l’homme. La liberté de choisir est de sa responsabilité.
● Passer à une culture de fraternité
L’islam à travers le prophète MOHAMMED nous a appris comment passer d’une culture
tribale à une culture de fraternité. Le prophète s’est exilé à Médine à cause du refus de la
fraternité par les mecquois. Le prophète MOHAMMED nous a enseigné la fraternité à travers
l’exemple et à travers des enseignements. Il a dit: « vous n’aurez pas la foi jusqu’à ce que vous
soyez miséricordieux envers tout être humain ».
Citant la parabole de la chatte qui par miséricorde saute dans le feu pour sauver son petit,
DIEU est plus miséricordieux envers l’être humain que cette chatte envers son chaton.
L'intervenant fait également référence à une autre parole du prophète... « celui qui ne
remerciera pas son frère ne remerciera pas DIEU ».Le lien avec les autres doit être en liaison
avec notre lien à DIEU.
● Importance du cheminement spirituel.
Le cheminement spirituel peut prendre plusieurs formes. Le cheminement peut être
intime dans la recherche de la perfection et du bien. L’exemple de Catherine Delorme qui se
prive de sa part du gâteau qu’elle aime tant pour lutter contre son égoïsme dès son jeune âge.
Il peut s'exprimer dans le travail, dans la famille, à l'école. Permettre à des jeunes esprits de
grandir. L'individu peut chercher à se parfaire. Devenir meilleur qu'hier, et demain être meilleur
qu'aujourd'hui, être toujours activement dans la recherche du bien.
Les deux interventions ont été suivies d'un échange avec les participants. Des questions de
tous ordres ont été exprimées, la religion et la fraternité, l'attention à l'humain dans les textes
des deux religions, le mal, la souffrance, la liberté de l'homme...mais aussi l'organisation des
religions, le rôle des responsables, prêtre, imam.
Le témoignage de l'imam de la mosquée de Raismes présent à la conférence, a été très écouté
car il a invité "à une libération de la parole, à être des ambassadeurs dans nos familles, avec
nos collègues, nos camarades de classe pour leur transmettre un message de paix."
Avant le partage du thé de l'amitié qui est toujours un moment si attendu, Mr Fabien THIEME
Maire s'est adressé à l'assistance en ces termes: "L'initiative du groupe interreligieux est un bel
exemple; elle intervient dans une période si difficile où il est nécessaire de renouer le contact et
d' oeuvrer pour le vivre ensemble; il faut tous ensemble rejeter la haine et le racisme et
combattre la tentation du repli sur soi et de la peur de l'autre. J'apporte tout le soutien de la
municipalité de Marly à cette rencontre empreinte d'échanges, de tolérance, de paix et de
respect réciproque."
***
Principales questions:

Peut-on exclure quiconque de la communauté divine?

Se perfectionner, avancer pour et avec l'autre concerne-t-il plus l'aspect religieux que l
'aspect civil?

Quelles sont les références bibliques de l'incarnation de Dieu sur terre? Est-ce un
dogme?

Pourquoi entend-on si peu la voix des chrétiens...alors que des extrémistes laïques
occupent l'espace médiatique?
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




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


Puisque Dieu est grand et le seul créateur de l'univers pourquoi a-t-il créé plusieurs
religions?
Croire en l'existence du diable...pourquoi y-a-t-il un tabou d'en parler?
La liberté de l'homme n'est-elle pas à l'origine d'actes condamnables?
N'est-ce pas l'échange qui fonde la liberté?
Dieu a parlé au Prophète 600 ans après Jésus-Christ, pourquoi ne lui en a-t-il pas parlé?
Pour les chrétiens, Jésus était-il uniquement pacifiste ou avait-il à l'esprit de se défendre
par les armes?
Que répond l'islam à la question du mal, de la souffrance, de la mort?
Quels sont les ministres ordonnés chez les catholiques?
Quel est le rôle de l'imam en islam?...et y-a-t-il d'autres ministres?
Quel travail concret pouvons-nous faire entre musulmans et chrétiens?
Marly le 10 décembre 2015
Pierre et Mohamed, 20 novembre à Brignoles
Le vendredi 20/11 matin :
Deux représentations devant les élèves du lycée "Jeanne d'Arc" à Brignoles.
De 08 à 10h00 et de 10h00 à 12h00.
Belle semaine d'échanges et d'interrogations sur le dialogue inter-religieux que nous annonçait
comme une nécessité Pierre et Claverie et Mohamed Bouchiki...
Fuir pour sa foi - 20 novembre, Le Pont-de-Beauvoisin
Notre rencontre programmée le 20 novembre, juste une semaine après ces odieux
attentats de Paris, commence par une minute de silence, un moment intense de recueillement.
Notre thème « Fuir pour sa Foi, Les différents exodes au cours de notre histoire » établi suite
à l’arrivée des réfugiés chassés de leur pays, s’en trouve modifié et la rencontre débute par le
texte émouvant d’Antoine LEIRIS, journaliste à radio France Bleue, dont la femme a été
assassinée avec 129 personnes : « Vous n’aurez pas ma haine » (texte joint) Répondre à la
haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous
êtes ………..Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a faits à son image, chaque
balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur….Alors non, je ne vous
ferai pas ce cadeau de vous haïr…………Je sais que je retrouverai ma femme dans ce paradis
des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès………
L’Imam et le prêtre sont en accord pour dire que ce qui se passe en France et un peu
partout dans le monde, n’est pas un problème de religion, ce que beaucoup voudrait nous faire
croire. Ceux qui ont fait les massacres du 7 janvier et du 13 novembre, même s’ils s’en
63
réclament ne sont pas musulmans, mais ce sont des bandits, des assassins. Malheureusement,
certaines personnes se servent de ces actes pour justifier l’intolérance et le rejet d’une
communauté. Nous sommes tous touchés dans notre citoyenneté, nous vivons dans un beau
pays, nous avons des siècles de rencontres, depuis longtemps la France est multicolore et
multiculturelle.
Nous sommes des humains sur cette terre, on a tellement de choses à se dire même si on sait
que par moment on va diverger, même si on n’est pas d’accord sur tout. Trop souvent dans les
débats, dans les rencontres, on jette d’abord à la figure de l’autre ce qui est différent.
Pourquoi des jeunes qui ont grandi entourés de leurs parents, qui ont été en classe, qui ont un
travail, en sont-ils arrivés là, à massacrer ? Pourquoi sont-ils devenus si fragiles à manipuler ?
Pourquoi ont-ils la haine contre la société ?
Tous ne viennent pas de l’émigration. Il y a un manque d’éducation, le chômage est important,
mais à qui profite le crime ? Quel est le but ? Pourquoi ont- ils fait ça ? Est-ce pour nuire à
l’Islam et aux musulmans ? Est-ce une tactique de guerre ? Le martyr pour aller plus
rapidement au ciel ?
Qui sont ces gens ? On ne les connaît pas, c’est un groupe d’inconnus, on ne peut pas se
mettre à une table et discuter avec eux ! Qui sont-ils ?? Si on ose aller au fond des choses on
va faire une révolution mondiale, parce que daesh a énormément d’argent à cause du pétrole,
mais ce pétrole où va-t-il ? Plus on met le chaos, plus le trafic se fait ! Il y a aussi les armes….
On est dans un engrenage épouvantable dont sont victimes des gens qui n’ont rien demandés.
Qui sont les personnes tuées, ces beaux visages tués comme cela ! L’Imam nous cite les
versets des prophéties sur la fin des temps….Le prêtre nous dit de ne pas trop se focaliser sur
les acteurs ce sont aussi des victimes, victimes d’un système qui les diabolise, ils sont
programmés pour tuer, alors à partir de là qu’ils y aient des hommes, des femmes en face n’a
plus d’importance.
Des associations sont en train de prendre en main des jeunes pour les déprogrammer, comme
le fait Dounia BOUZAR. C’est délicat de surveiller les gens dans notre pays où il y a cet esprit
de liberté !
Il est important d’œuvrer à l’éducation des enfants et des jeunes, même si c’est un travail de
fourmis il faut faire ce travail !
Nous étions une cinquantaine de personnes, de croyants chrétiens et musulmans, avec ces
mêmes interrogations. Nous nous connaissons depuis 2002 et nous sommes arrivés à nous
parler, à échanger sans tabous, en vieilles connaissances, en toute amitié, mais devant cette
folie meurtrière nous avons senti que nos cœurs étaient à l’unisson mais complètement
démunis. Contrairement à nos précédentes rencontres, nous nous sommes séparés avec une
certaine tristesse, conscients que nous avions un rôle à jouer auprès de nos enfants, de nos
familles, de nos amis et de la société.
Le groupe « Fontaines de Miséricorde » Pont de Beauvoisin (Isère-Savoie)
Notre Maison Commune : Comment la sauvegarder ?
20 novembre à Mulhouse
Le 20 Novembre 201, de 19 heures 30 à 22 heures à la Maison diocésaine Teilhard de
Chardin ;
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Merci aux trois témoins qui ont guidé les 80 participants, venus malgré des conditions météo
déplorables , dans la réflexion sur notre responsabilité de croyants au service de notre Maison
Commune , la Terre , alors que la volonté de toute –puissance de l’Homme sur l’environnement
engendre injustices et dérèglements profonds .
Jacques Muller prend appui sur le texte récent du pape François, Laudato si (Loué sois-tu) ,
qui évoque la crise écologique, humaine et morale actuelle , en analyse les causes et propose
des pistes d’action .
« Notre système économique est centré autour du profit, avec le poids de l’argent, les inégalités
et l’immédiateté dans les décisions politiques.
Pourquoi ? Un des aspects : la technoscience donne aujourd’hui à l’Homme d’énormes
pouvoirs .il faut l’accompagner dans ses possibilités de posséder, dominer, transformer, avec la
question-clé : « ce que la science permet de faire, faut-il forcément le faire ? »
Que faire ? Retrouver le sens du dialogue, pouvoir intervenir dans les processus de décisions
au niveau local et international .Réfléchir collectivement à nos modes de vie et aspirer à une
sobriété heureuse. On peut décider d’aller plus lentement, vivre l’instant autrement, faire le
choix du moins en y trouvant du plaisir. »
Anne Heitzmann dégage les valeurs qui ont marqué la vie du docteur Albert Schweitzer .
Respect de la vie sous toutes ses formes, souci de la justice (Les pays du Sud ne doivent pas
subir les conséquences de nos techniques), maitrise du progrès : »Pas de croissance infinie
dans un monde fini »
« La richesse des liens humains est bien plus importante que les biens matériels .Moins avoir
peut signifier mieux être. Une expérience importante : le jeûne, qui permet de réguler les
besoins, faire vivre positivement le manque »
Mokhtar Seriket nous fait découvrir la place de la Création dans l’univers coranique et la
responsabilité de l’homme pour la sauvegarde de son harmonie .
« L’Homme a accepté devant Dieu la responsabilité de la gestion de la terre et il a des comptes
à rendre . Cela nous engage à quelques attitudes-clés : la modération avec la volonté de
partage : « Buvez, mangez , et donnez-en aux plus pauvres » , « Les pauvres ont un droit sur
nos richesses » , le refus du gaspillage . Le respect du monde animal et des plantes , car il y a
une communauté de vie et de destin entre les êtres vivants . »
Tous trois soulignent l’appel à une sobriété heureuse , étroitement liée à la justice : « Ce n’est
pas aux plus pauvres de faire les mêmes efforts que ceux qui en ont des moyens » .
La rencontre, 20 novembre à Schiltigheim
Vendredi 20 novembre à 20h, 3 rue de la Moder – Schiltigheim : Dîner du Vivre
ensemble organisé par l’association « Le dialogue »
95 personnes de confession musulmane, catholique et protestante ont été réunies dans les
locaux de l’association Le Dialogue à Schiltigheim autour d’un dîner préparé par les bénévoles
de l’association.
Le but de la soirée était de susciter la rencontre et l’échange entre personnes de confessions
différentes, et ce dans la convivialité qu’apporte un repas partagé ensemble.
65
C’est ainsi que musulmans, chrétiens et protestants se sont dispersés dans la salle par table de
8 personnes.
Ces dîners sont organisés depuis près de deux ans, avec une fréquence d’un dîner par mois et
sous un thème différent à chaque occasion. Le dîner de ce soir a été consacré à la rencontre
islamo-chrétienne afin de contribuer à la semaine de la SERIC.
La soirée a débuté par un discours de bienvenue de Anil CERI, président de l’association Le
Dialogue, qui a présenté la soirée. Il a également abordé le sujet des attentats de Paris et a
demandé à la salle de surveiller une minute de silence pour la mémoire des victimes.
S’en est suivi le dîner et, pendant le dessert, les discours d’un représentant de chaque
confession présentes. Hanifi SENLIK, président de la PDSE, a ainsi pris la parole pour le côté
musulman, suivi de Ulrike Richard-Mollart, pasteure de Schiltigheim, de Yannick Lobstein, curé
de Schiltigheim et de Etienne Uberall, vice-président du GAIC 67, qui ont tous partagé leurs
sentiments et messages d’amitié.
La soirée a pris fin avec un petit concert de musique traditionnelle anatolienne, organisé
expressément pour faire un pied de nez aux barbares des attentats, et montrer que notre amitié
et notre joie de vivre sont restés intactes.
Un article consacré à cet évènement a été publié dans les DNA du 29/11/15 (cf annexe).
Autre témoignage :
Nous étions environ 90 convives à partager ce repas dans une salle préparée et
décorée pour la circonstance par les membres bénévoles de l’association. Par tables de 8
personnes nous avons partagé repas, paroles et musiques. Il y avait là des habitués et des
occasionnels mais tous se sont retrouvés dans les prises de paroles et les messages de paix
mais aussi de tristesse à la suite des attentats du 13 novembre des organisateurs et des
représentants des cultes protestants et catholiques. Nous sommes rentrés chez nous le cœur
moins lourd et l’espérance de vaincre le fanatisme et la haine ravivé.
La rencontre - 20 novembre, Strasbourg
Hautepierre : Vendredi 20 novembre à 20h- Centre Martin Bucer - 7 rue Gioberti
Rencontre autour du thème : « Le mariage à l’épreuve des religions »
* Intervention du PERE PIUS KATUMPWE, curé de la Communauté de paroisses St.Benoît/St
Jean Bosco de Hautepierre et du Hohberg.
Institué dès le commencement par la Créateur, le mariage est une réalité
sociologiquement complexe. Il peut avoir lieu entre deux personnes incroyantes ou encore entre
celles qui partagent des convictions religieuses. Pour rester dans le thème de ce soir, mon
propos traitera du mariage en lien avec la religion. D’entrée de jeu, l’union matrimoniale peut
avoir lieu entre deux catholiques, ou bien entre une personne catholique et une baptisée d’une
autre confession, ou encore entre un catholique et une personne non baptisée. Chaque cas de
figure étant singulier. Aujourd’hui, ne pouvant pas traiter de tous les aspects du mariage, nous
nous focaliserons sur le mariage entre un catholique et une personne non baptisée, en
66
l’occurrence une personne musulmane. Pour ce cas de figure, dans le jargon catholique, on
parle de disparité de culte ou mariage dispar.
– Le mariage entre catholique et non baptisé (e)
Pour aller droit au but, rien de plus simple que de citer le code de droit canonique, le C.1086, §
1 : « Est invalide le mariage entre deux personnes dont l’une a été baptisée dans l’Eglise
catholique ou reçue dans cette Eglise et ne l’a pas quittée par un acte formel, et l’autre n’a pas
été baptisée. »
En substance, cette règle stipule que le mariage avec disparité de culte (mariage dispar) est
normalement invalide. Mais comme une personne catholique peut choisir de prendre en
mariage une personne musulmane, le législateur prévoit de lever cet empêchement afin que le
mariage soit possible. L’application de cette interdiction en vigueur déjà depuis l’ancien Code de
droit canonique9, a connu des phases d’application plus ou moins catégorique dans l’histoire de
l’Eglise.
En effet, aux premiers siècles de l’Eglise, ce mariage a été strictement interdit pour une raison
évidente : le danger qu’il constitue pour la foi de la partie catholique et pour l’éducation
chrétienne des enfants. Pour qu’il y ait mariage à l’église, la partie non baptisée devait se
convertir à la foi catholique.
Depuis lors, et plus tard avec l’avènement du Concile Vatican II, cette position de l’Eglise a été
plusieurs fois assouplie donnant la possibilité à ceux qui veulent contracter un tel mariage de
demander une dispense à l’autorité compétente. La dispense est une procédure qui consiste
à lever l’obstacle en donnant l’autorisation à la partie catholique de contracter ce mariage. Mais
comment se fait-il que la règle ait changé alors que le danger demeure ? Disons que cela est
rendu possible au nom du droit au mariage que l’Eglise reconnaît à toute personne et au nom
de la liberté religieuse déclarée par l’Eglise au Concile Vatican II10.
En effet, depuis longtemps et plus particulièrement depuis le Concile, l’Eglise catholique ne
cesse de promouvoir et d’encourager le dialogue avec les autres religions en particulier avec le
Judaïsme et l’Islam appelés aussi religions « monothéistes », c’est-à-dire qui professent la foi
en un seul Dieu.
L’évêque, avant de concéder la dispense, doit d’abord s’assurer qu’il n’y a aucun danger
susceptible de mettre en péril la foi de la partie catholique. Ces conditions doivent être remplies
avant que l’autorisation ne soit accordée :
1ère condition : Que la partie catholique déclare qu’elle est prête à écarter les dangers
d’abandon de la foi et promette sincèrement de faire tout son possible pour que les
enfants soient baptisés et éduqués dans l’Eglise catholique ;
L’ancien Code de droit canonique avait été promulgué en 1917. Il a été en vigueur
jusqu’en novembre 1983, date d’entrée en vigueur du nouveau Code.
9
10
Cf. Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis humanae).
67
Commentaire : Que veut dire « faire tout son possible » ? Il s’agit pour la partie catholique de se
donner les moyens d’une vie spirituelle régulière et en gardant le contact avec sa communauté
d’origine. Elle doit prendre sa responsabilité dans la vie spirituelle du couple et ne pas évacuer
cette dimension. La partie catholique doit témoigner de sa foi et ne pas s’en désintéresser. Elle
doit veiller avec sérieux à l’éducation religieuse des enfants. Les éventuels problèmes à ce
niveau de l’éducation des enfants doivent être discutés à temps pour être résolus dans le
dialogue. Il s’agit pour la partie catholique d’agir en toute transparence. Faire baptiser les
enfants en cachette par exemple n’est pas une bonne solution.
2° condition : La partie musulmane sera informée à temps des promesses de la partie
catholique
Commentaire : Il peut arriver que la partie musulmane par exemple soit réticente quant à ces
promesses. Ce qui est plus franc qu’une réaction à retardement souvent négative. Il convient
tout de même d’avoir la patience de lui expliquer la position de l’Eglise. Ce sera le rôle de la
préparation au mariage.
3° condition : Les deux parties doivent être instruites des fins et des propriétés
essentielles du mariage. Aucun élément ne doit être exclu ni par l’un ni par l’autre des
contractants.
En rappel, les fins et les propriétés essentielles renvoient à la liberté, à l’acceptation de la
procréation, à la fidélité et à l’indissolubilité. C’est quand toutes ces conditions sont remplies
que l’autorisation est accordée à la partie catholique pour qu’elle contracte mariage avec la
partie non baptisée. La partie catholique porte alors la plus grande responsabilité dans ce
mariage.
Il est évident que l'accomplissement de ces conditions dépend aussi de la sincérité et de la
bonne volonté de la partie non baptisée, mais davantage de la conviction et de l'engagement de
la partie catholique. Car en définitive c'est sur elle que repose l’essentiel de cet engagement
concernant le progrès de la foi catholique. La mollesse et l’indifférence ne pardonnent pas dans
ce cas. Mais sur cet aspect de l’engagement de la partie catholique, on n’est parfois surpris de
l’entendre dire de concert avec son futur conjoint non chrétien, par rapport à la religion des
enfants : « Ils choisiront quand ils seront grands ».
Souvent, dans l’esprit du canon 1120 du Code de droit canonique qui donne à la conférence
des Evêques la faculté d’élaborer un rite propre du mariage, certaines mesures sont prises afin
de responsabiliser les futurs conjoints désirant célébrer un mariage islamo-chrétien. On leur fait
signer à chacun ce qu’on appelle « une déclaration d’intention », comme à tout futur couple
d’ailleurs, pour s’assurer qu’ils comprennent l’esprit du mariage chrétien. Ils s’engagent à se
marier en connaissance de cause dans le respect des règles de l’Eglise et de la religion de
l’autre.
Il convient d’ajouter que si juridiquement l’autorité compétente peut accorder la dispense, cela
ne va pas de soi, surtout s’il y a des signes qui montrent que celui qui demande la dispense ou
son compagnon n’est pas sincère. A l’expérience, l’histoire retient que des écrits de papes sont
venus exprimer la crainte de l’Eglise vis-à-vis des mariages mixtes en général et des mariages
avec dispense de disparité de culte en particulier.
68
La raison en est que ce sont des mariages qui se terminent souvent par un divorce. Sous
certains cieux, c’est près de « 9 mariages sur 10 » entre jeunes filles catholiques et des
musulmans qui connaissent tôt ou tard un échec.
C’est pourquoi, d’aucuns pensent que l’idéal du mariage n’est pas dans les mariages dispars.
En effet, l’harmonie du couple ne peut être pleinement assurée. D’ailleurs la conception et les
règles du mariage ne sont pas les mêmes chez les musulmans que chez les chrétiens, étant
donné que le christianisme et l’islam sont issus de milieux culturels différents et souvent en
opposition pour certains points.
EX : Je fais du football avec Ahmed qui m’a confié un jour qu’il était marié à une catholique
pendant 20 ans. Je lui dis alors… La différence culturelle et religieuse ont eu raison de notre
mariage. Au début, c’est le feu de l’amour qui fait le ménage. Mais avec le temps le naturel
prend le dessus progressivement et laisse éclater la différence au grand jour.
Dans ce cas, faut-il imposer la conversion à la partie non baptisée en vue du mariage
religieux ?
La position de l’Eglise a toujours été claire là-dessus : on n’impose jamais le baptême pour
permettre un mariage religieux. Il est même préférable de célébrer un mariage avec dispense
de disparité de culte que d’imposer le baptême en dehors des exigences normales du
catéchuménat, lequel suppose une disposition libre du catéchumène. Le baptême dans la vérité
provient d’une conversion libre et sincère. Le choix libre du baptême est fondamental pour la
bonne raison qu’il s’agit de s’engager sur la voie du salut. C’est pourquoi, en couple il faut
même
se
garder
de
harceler
l’autre
pour
qu’il
se
convertisse.
Faut-il conclure que la réussite d’un mariage entre musulman (e) et chrétien (ne) réside dans le
respect mutuel de l’identité religieuse de chacun ou dans un relativisme religieux observé par le
couple.
* INTERVENTION DE MADAME EMINE MUTLU , PROFESSEUR DE RELIGION AU LYCEE
MUSULMAN de HAUTEPIERRE :
Dans le sondage de l’IFOP de 2010 évoqué par Madame le Pasteur on constate que 89% des
musulmans accordent beaucoup d’importance au mariage alors que pour la population globale
on n’arrive qu’à 56%.Par ailleurs 69% de musulmans seraient prêts à épouser une personne
d’une culture différente (83% pour les hommes et 55% pour les femmes). Enfin 47%seraient
prêts à épouser un conjoint d’une religion différente (68% des hommes et 25% des femmes)
contre 67% pour l’ensemble de la population.
Le mariage se fait donc de façon majoritaire par ressemblance. (61% vivent en couples
endogames).
Le poids de la religion musulmane se fait nettement sentir dans le comportement des femmes
.IL y a cependant 39% de couples mixtes, ce qui peut favoriser l’intégration et éviter le repli
identitaire, culturel et religieux
Du point de vue juridique pour l’islam les hommes musulmans peuvent se marier avec des
femmes non musulmanes, mais des femmes musulmanes ne peuvent pas épouser un non
musulman ;
Un hadîth parle du mariage « Vous n’êtes qu’à moitié croyant si vous êtes célibataire ». En
effet, deux personnes vont se compléter dans la foi et avancer vers la plénitude de l’amour.
Par contre le mariage avec des agnostiques ou des athées est le péché absolu.
L’islam souhaite que le bonheur des époux soit durable, ce qui est possible en faisant des
concessions.
69
* INTERVENTION de Madame le PASTEUR : Claudia ROSENSTIEHL.
I) LE MARIAGE EN FRANCE : depuis 1792 c’est un acte civil et uniquement civil, qui seul a
valeur légale. Le mariage religieux est facultatif.
On constate de plus en plus de mariages mixtes, métissés. Dans la paroisse protestante de
Hautepierre des Africains noirs épousent des Européennes et vice versa. Des hommes
musulmans de Tunisie ou d’Algérie épousent des chrétiennes européennes. Au niveau national
le film : « Mais qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu ? », qui raconte l’histoire d’un couple de
Parents chrétiens dont les 4 filles épousent l’une un bouddhiste, l’autre un juif, la troisième un
musulman et la quatrième un catholique africain reflète bien cette réalité contemporaine
D’après une étude de l’IFOP de 2010 on constate que la majorité des mariages se font entre
personnes de même religion, mais qu’il y a toutefois 39% de couples mixtes. Si ces unions
intercommunautaires réussissent cela sera un succès pour l’intégration morale et sociale des
populations immigrées.
II) LA BENEDICTION CHEZ LES PROTESTANTS : le cas de figure le plus fréquent : un
homme musulman épouse une femme protestante. Or le mariage est au cœur de la société et
des cultures humaines. Quel sens lui donne la religion protestante ? Elle insiste sur l’amour de
la vie qui procède d’une parole qui engage 2 conjoints prêts à accueillir des enfants.
Contrairement aux catholiques, le mariage n’est pas un sacrement chez les protestants. Pour
eux c’est un engagement entre 2personnes, enrichi par le juridique, le social à la mairie et par le
spirituel par la bénédiction au temple ou dans un autre lieu de culte : un jardin, un salon.
L’accent est mis sur le contenu des engagements, du projet de vie( l’attachement, l’amour, la
fidélité, la foi)du message biblique. Une action de grâces pour le don de Dieu (amour) qui
précède » à tout engagement. Exemple : « X et y, vous vous êtes engagés à vivre dans la
communauté du mariage. Ces engagements ont été reconnus par l’autorité civile, voulez-vous
maintenant les confirmer devant l’Eglise, et demander à Dieu de bénir votre union ?- Oui, nous
le voulons . Prenez maintenant, l’un envers l’autre, les engagements du mariage : Je promets
de t’aimer, de te respecter, de vivre avec toi dans la vérité, de te demeurer attaché dans la
maladie comme dans la santé, dans la détresse comme dans la prospérité, dans l’épreuve
comme dans la joie. Je veux t’aimer fidèlement tout au long de notre vie. »
Certaines difficultés peuvent surgir lors de la préparation de cette bénédiction: des problèmes
de compréhension, les rejets et les craintes des familles, les doutes sur la vérité des sentiments
(mariage blanc pour obtenir des papiers) ; il faut faire une vraie place à la famille musulmane,
ce qui peut générer des tensions entre le pasteur et son conseil.
III) LES CHANCES ET LES DIFFICULTES DES COUPLES MIXTES :
Elles sont bien illustrées par une pièce de théâtre : « Choucroute/Merguez ».En effet un certain
nombre de sujets sont à réfléchir, à discuter, à « déminer » avant le mariage. Quels sont nos
héritages ? Quelles relations avons nous avec nos parents ? Quels sont nos projets d’avenir ?
Où allons- nous vivre ? Allon- nous retourner dans notre pays ?
Vouloir vivre ensemble dans notre ville
21 novembre, La Seyne-sur-Mer
Un temps fort avec la naissance du Groupe d'Amitié Judéo Islamo-Chrétien
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Le Groupe d'Amitié Islamo-Chrétien dit le "GAJÏC" de la Seyne sur mer, s’est réuni le
15 juin dernier pour la mise en place d’une diversité cultuelle dans le dialogue interreligieux.
Cette rencontre a permis de projeter l’accueil Musulmans et Chrétiens à la nouvelle
mosquée de Berthe, qui s’est déroulée le samedi 21 novembre.
Le projet de cette visite a été assisté par le Frère Hubert-Marie, responsable du
Service des Relations avec l’Islam dans le Var, et Abdelali Kallab, imam de la mosquée de la
Seyne sur Mer, accompagné de Dalila Boussouf, responsable féminin de la mosquée, de
Yener Yazan, chargé de la communication à la mosquée, et Gérard Lacroix, prédicateur laïc,
porte parole ce jour là du pasteur de la paroisse protestante unie de Sanary-la SeyneBandol.
Cet enjeu est immense, puisque c’est un parcours vers des chemins de
reconnaissance de l’autre, qui invite à enrichir nos valeurs humaines, et où la nostalgie du
passé fait place à l’évolution d’un avenir où il fait bon d’exister, d’espérer, de bâtir et vivre
ensemble. Face aux ébranlements dans les sociétés humaines, face à toute épreuve, il nous
faut espérer ensemble. Dans nos différences, le dialogue fait avancer les hommes vers un
renouveau.
Jacqueline Pierlot
Jésus dans le Coran et dans les Evangiles, 21 novembre - Gap
Le 21 novembre à 15 heures 30 au Centre diocésain, 9 rue Capitaine de Bresson à Gap
une conférence à deux voix ouvertes à tous a eu lieu. Un premier temps de présentation par le
Père Pierre Fournier : « Jésus selon la Bible et selon les musulmans » et Jean-Didier Labansat,
intervenant de l'Association Musulmane et Culturelle de Gap : « Jésus selon le Coran » a
introduit le débat. Le débat sur Jésus dans la perspective chrétienne et musulmane a suivi. Une
cinquantaine de personnes assistait à cet intéressant et chaleureux événement.
Des suggestions pour le thème de l'an prochain :
- "Selon la Bible et le Coran, quel "Dieu" ?
- "Quelle vocation et mission de l'être humain" ?
C'est en cours de réflexion
PROCHAINE SERIC
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Le collectif interreligieux et laïque du Briançonnais "Ensemble vivre" vient de se créer à
Briançon avec une équipe autour du Père Bardet et d'autres représentants des communautés.
Ils lanceront peut-être une SERIC l'an prochain dans le nord du département.
REVUE DE PRESSE : (voir page suivante)
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La rencontre, 21 novembre à Strasbourg
Centre ville : Samedi 21 novembre de 15h à 16h30 : Rencontre entre la mosquée de la
Gare et les communautés chrétiennes du quartier.
La rencontre de préparation à l'après-midi du samedi 21 nov.2015 se fait à la mosquée
9, rue Thiergarten avec le vice-président de l'association "aiefalsace" M.Farouzi GRADI,
particulièrement ouvert et chaleureux et de la secrétaire Mme Faïza JELASSI.
On prend le temps de présenter mutuellement les engagements de notre association: et du
GAIC et de l'aiefalsace.
Puis on convient du déroulement du programme du dernier jour de la SERIC avec la visite
commentée par
Etienne U. et de la pasteure Petra de l'église Saint Pierre le Vieux protestante et catholique. Il
s'en suit la découverte de la mosquée de la Gare avec l'accueil de la communauté musulmane,
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la projection d'un petit film présentant l'histoire de ce site, une chanson sur Jésus donnée par
les enfants, le temps de convivialité entre adultes et enfants (avec des pâtisseries + thé à la
menthe, café, jus de fruit) et le temps de prière de la journée pour les musulmans.
M.Gradi et Mme Jelassi expriment le désir de venir à l'achoura du dimanche 15 nov. et
M. Gradi prévoit aussi d'être présent au r.v. du lundi matin avec les responsables religieux et les
membres
du
GAIC.
Pierre et Mohamed, 22 novembre à Toulon
Dans le cadre de la semaine Islamo-Chrétienne, la pièce rend hommage à Monseigneur
Pierre Claverie, Dominicain et évêque d’Oran assassiné avec Mohamed Bouchikhi,son jeune
ami algérien, qui le conduisait à l’évêché le 1er août 1996.
Une heure de partage d’émotion intense entre le public et le comédien Jean Baptiste Germain
qui a interprété magistralement le rôle de Pierre et de Mohamed sous l’écho du « Hang » joué
par le réalisateur musicien Francesco Agnello.
L’échange de dialogue entre l’évêque d’Oran et son jeune chauffeur musulman, entraîne le
public dans la relation qui unissait les deux hommes.
Le public est suspendu à cette histoire vécue et interprétée d’après les éditos et les homélies
de Pierre Claverie et les notes retrouvées du petit carnet de Mohamed.
Le vouloir de vivre ensemble fait jaillir la foi qui relie tout l’amour porté à l’autre sans distinction
d’identité et dans la différence de l’autre.
« L’amour de l’autre, l’amitié donnée à l’autre, le respect de l’identité de l’autre, la
reconnaissance de l’importance de l’autre, la liberté de l’autre, la découverte de l’autre »
Un message d’espérance de paix et de fraternité laissé en héritage d’un chrétien et d’un
musulman.
Notre Maison Commune : Comment l'habiter ? 22 novembre à Illzach
Le dimanche 22 Novembre de 14 heures 30 à 18 heures, à l’ Espace 110 à Illzach ,
l’après-midi conviviale et familiale a réuni près de 180 personnes , venant de divers horizons
Beaucoup de rencontres , d’échanges informels , de liens tissés …
Les enfants pouvaient pratiquer diverses activités dans de nombreux ateliers : la figure
d’Abraham dans les religions ,découverte de la calligraphie ,héné, édition spéciale du Canard
Enchanté avec Bernard Eichholtzer et ses élèves ,jeux de société, tri des déchets avec la CLCV
, table « dessine-moi ta maison », quizz « si la planète était un village de 100 habitants …
Dans l’Espace Expression , devant un public familial attentif et fier des réalisations découvertes,
les enfants du Groupe d’Amitié d’Illzach ont présenté la pièce de théâtre qu’ils ont réalisée . Les
enfants du Centre Culturel Turc ont évoqué les sourates du Coran parlant du respect de la
Création , et la Chorale de la paroisse d’Illzach ont fait chanter l’assemblée .
A la fin de l’après-midi, la construction de la maison Commune a rassemblé toutes les briques
illustrées durant les trois temps de la Semaine de Rencontre 2015 , devant un fond de scène
reprenant les noms de Moïse, de Jésus et de Mahomet écrits dans diverses langues ..Jésus
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écrit en araméen par une amie musulmane a intrigué plus d’une personne : « Tu t’es trompée,
ce n’est pas de l’arabe et pourtant l’écriture en est proche ..»
Quelques –uns des nombreuses mots et messages notés sur les briques :
« Chacun est responsable de son frère, de son voisin .Chacun a besoin d’une maison pour se
sentir chez soi . Avec une Maison Commune , c’st ensemble qu’on va se sentir chez soi . Alors,
vive la Maison Commune ! »
« Riches de gestes d’amitié , d’actions communes, de sourires partagés , d’entraide ,
d’engagement pour une même cause , nous construisons la Maison du Bonheur »
Un nombre inespéré de participants pour une Semaine que nous avons préparé parfois avec
des difficultés liés au manque de temps des uns et des autres , de la maladie du président du
GAIC 68 et aussi dans le contexte de la tragédie du 13 novembre .
Signe que les événements ont au moins permis de susciter l’envie de mieux connaitre l’autre ,
au-delà des peurs et des amalgames qui progressent .
Avec un regret : la faible couverture de la semaine par la presse locale , alors que l’opinion
publique a besoin plus que jamais d’avoir des échos des rencontres et des initiatives positives
qui existent sur le terrain .
___________________________
Au terme de cette Semaine, nous tenons à remercier tous ceux qui ont permis la réussite de
cette Semaine 2015, notamment la ville de Mulhouse, la commune d’Illzach et la Conseil
Régional d’Alsace par leur intérêt, leur soutien financier et logistique .
Notre merci va également à l’équipe nationale du GAIC et SERIC pour son soutien et sa volonté
faire connaître les diverses initiatives de rencontres et de partages vécues en France
et au-delà.
La Miséricorde parmi les valeurs républicaines
et la Miséricorde pour la Foi chrétienne et pour la Foi musulmane
22 novembre à Nevers
Le 22 novembre le groupe islamo chrétien avait proposé un échange amical sur :
« liberté, égalité, fraternité, justice, miséricorde, entraide, générosité, bien commun, solidarité,
compassion, partage … des valeurs universelles ? qu’est-ce qui fonde ces valeurs pour nous ?
Les 90 personnes, chrétiennes et musulmanes qui avaient répondu à cette invitation ont
apprécié que cette rencontre, pourtant programmée de longue date, eut lieu sitôt après les
événements du 13 novembre : « c’était nécessaire de nous rencontrer, de nous parler ».
Nous avons d’abord fait une minute de silence en hommage aux victimes puis un musulman a
lu le communiqué commun des mosquées, et la responsable de l’Action Catholique Ouvrière
celui de son mouvement.
Nous avons d’abord écouté le témoignage de Joëlle, républicaine engagée se disant sans
religion puis celui de Zuhair, lui-même d’origine irakienne, ému et douloureux, honteux même
de partager l’islam avec ces tueurs, et enfin celui de Philippe, prêtre, sur le jubilé de la
Miséricorde. (chacun, 10 à 15 minutes).
Puis par petits groupes de 7 à 10 personnes un échange eut lieu … avant que chaque groupe
partage aux autres un élément de leur réflexion.
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Un gouter, partage de ce que chacun avait préparé, a permis de poursuivre cette amicale
rencontre. Plusieurs ont exprimé le souhait que de telles rencontres aient lieu plusieurs fois
par an…
L’équipe organisatrice a donc programmé une autre rencontre pour le 6 mars. Ayant mesuré
l’intérêt de ce partage, non seulement entre gens de religions différentes, mais aussi avec des
gens de bonne volonté, nous avons décidé de nous retrouver sur une question qui nous
concerne tous : l’écologie, le respect de la nature, de la terre, notre « maison commune ».
Mariage, vie commune et enfants au sein de couples mixtes
22 novembre à Marseille
A l'occasion de la semaine de rencontre Islamo-Chrétienne 2015, le Groupe des Foyers
Islamo-Chrétien (GFIC) du sud-est a organisé un café couple Islamo-Chrétien. Cette
manifestation a pour objectif de réunir des couples dont l'un des conjoints est musulman et
l'autre chrétien afin d'échanger sur la vie d'un couple et d'une famille « mixte ». Le GFIC
organise chaque année ce type de café couple dans le cadre de la SERIC, à Marseille comme
à Paris.
Cette année, malgré la forte tension qui régnait sur Marseille suite aux attentats de Paris une
semaine plus tôt, le GFIC a maintenu cette rencontre de couples Islamo-Chrétiens. Le café
couple a permis de réunir une quinzaine de personne, plusieurs couples s'étant désistés. Les
discussions ont porté sur la signification du mariage dans les deux religions : sacrement dans la
religion catholique, simple « contrat » (consentement mutuel) dans la religion musulmane. Les
échanges ont permis de mieux connaître le sens du mariage pour chacun des couples selon sa
religion mais aussi sa culture.
Mais la lourde actualité s'est également largement invitée dans la discussion. Plusieurs des
conjoints musulmans présents possèdaient une double nationalité, les interrogeant sur leur vie
en France, sur l'accueil de leurs enfants et sur les choix à faire pour ses derniers. Chacun a
également pu partager ce qu'il ressentait face à la violence aveugle des attentats et, plus
largement de s'interroger sur la valeur d'une vie en France ou en Syrie.
L'intêret de ces cafés couples résident dans la richesse des échanges mais aussi dans la
diversitée des thèmes abordés, toujours diffférents et inspirés par les couples présents le jour
de la rencontre. Il y a en affet toujours de nouveaux couples, qui viennent pour la première fois
et des couples plus anciens, ce qui rend, pour tous, les débats très enrichissants.
Pour ce café couple, nous étions accompagnés de deux prêtres : Père Raphaël DEILLON, qui
est en charge des relations avec l’Islam sur le diocèse de Marseille et curé d'une paroissse
dans les quartiers nord de Marseille et du Père Jean-Yves CONSTANTIN, en charge des
relations avec l'Islam sur le diocèse d'Aix-Arles.
Au nom des couples organisateurs du GFIC, un grand merci à tous les participants ainsi qu'au
Père Raphaël DEILLON qui nous a permis de trouver une salle pour organiser ce café couple.
Nous espérons que cette aventure de la rencontre pourra continuer, malgré les tensions très
lourdes qui règnent actuellement et nous vous donnons rendez-vous l'année prochaine pour un
nouveau café couple.
Murielle MESBAH
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L'accueil des étrangers, 25 novembre à Poitiers
Pour notre rencontre de novembre, nous avions choisi de nous réunir sur le
thème « L’accueil de l'étranger », qui nous était apparu comme tout à fait d'actualité au
mois d'octobre lorsque nous avons préparé la réunion.
De façon à « coller » le mieux possible à la réalité, nous avons demandé au « Toit du
Monde » de nous accueillir. Le Toit du Monde est un « Centre social interculturel » très
connu à Poitiers, qui s'occupe en particulier de l'accueil et de l'accompagnement de tous
les étrangers dans leurs démarches administratives et judiciaires. C'est donc là que nous
avons invité nos amis musulmans et chrétiens à se retrouver le mercredi 25 novembre de
20 h à 22 h 30.
La salle « Georges Charbonnier » (du nom du prêtre poitevin qui fut à l’initiative de la
création du Toit du Monde, dans les années 1980), s'est révélée trop petite, malgré ses
80 places, pour permettre à tout le monde de s'asseoir ! Sans doute cette affluence étaitelle en partie due à l'émotion suscitée par les événements parisiens du 13 novembre, qui
avait rendu d'autant plus sensible la nécessité de montrer notre capacité à parler
ensemble, quelle que soit notre religion.
Dans un premier temps, une bénévole du Toit du Monde nous a expliqué rapidement en
quoi consiste l'activité de son organisation au service des migrants, en insistant sur
l'implication indispensable de bénévoles formés et compétents, car accompagner
quelqu’un dans les préfectures ou lui apprendre les premiers rudiments de français ne
s'improvise pas ! Puis une jeune femme, arrivée de, Guinée à Poitiers il y a quelques
années, nous a fait part de son expérience d'abord comme «bénéficiaire» du Toit du
Monde, puis, une fois stabilisée, comme actrice à son tour.
De la même façon, nous avions proposé au Secours Catholique de nous faire part de ses
actions au service des étrangers arrivés sans ressources. Dans sa présentation, le
responsable a entre autres insisté sur la nécessité d'éviter, malgré les emballements
médiatiques, tout ce qui pourrait apparaître comme une « concurrence » entre les
personnes en difficulté de différentes origines géographiques, culturelles ou religieuses.
Deux courts témoignages de bénéficiaires de l'aide du Secours Catholique, dont une
mère de famille originaire d'Arménie, ont insisté sur la possibilité (qu'ils considèrent un
peu comme un devoir de reconnaissance) qu'il y a de participer à son tour à ses actions
d'accompagnement des plus démunis.
Un représentant de la communauté musulmane de Poitiers a enfin pris la parole pour
exposer comment une telle aide (plus ponctuelle) est fréquemment dispensée par
l'intermédiaire de la mosquée, malgré l'absence à Poitiers de structures spécifiques
d'obédience musulmane.
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Il s'agissait, on l'a rappelé, d'une rencontre entre croyants : c'est pourquoi la conclusion a
été confiée à Mgr Wintzer, archevêque de Poitiers, et à M. Boubaker El Hadj Amor,
président et imam de la Communauté Musulmane de Poitiers, qui nous ont rappelé
combien la question de l'accueil de l'étranger était inscrite fondamentalement dans les
textes fondateurs, dans la pensée et dans la pratique de nos deux religions respectives.
Après un temps, malheureusement trop court, d'échanges animés en groupes aussi
mixtes que possible, il nous a fallu nous séparer, non sans avoir partagé au préalable jus
de fruits, thé à la menthe et délicieuses pâtisseries orientales sans lesquelles nos
réunions désormais traditionnelles du mois de Novembre ne sauraient être complètes !
Vivre ensemble, 28 novembre à Montluçon
Une soirée chrétiens-musulmans amicale et festive.
Tous étaient les bienvenus à cette soirée du 28 novembre 2015 pour célébrer
notre amitié pendant la semaine nationale islamo-chrétienne initiée par le Groupe d'Amitié
Islamo-Chrétien.
L'accueil fait au nom des chrétiens de Montluçon, catholiques et membres de l'Eglise
Protestante unie de France, a été ensuite relayé par une amie musulmane.
L'objectif de cette rencontre était de mieux se connaître, s'apprécier et s'accepter dans
nos différences et particulièrement sur le thème "VIVRE ENSEMBLE". C'est la deuxième
fois que nous participons à la SERIC.
A Montluçon, des croyants se réunissent déjà pour échanger sur des sujets touchant à
leur vie et à leurs convictions au sein d'un groupe, le CCM (Collectif de Croyants
Montluçonnais).
Les délégués du diocèse catholique de Moulins pour les relations avec les musulmans,
Janine et Michel PORTE, se sont faits les porte-parole de l'évêque, qui n'a pas pu venir
ce soir-là, mais s'est fait représenter par le Père Michel St Gérand et a souhaité à tous
une fructueuse rencontre. .
Après avoir écouté le CD du cantique de la création et un CD de chants musulmans
anasheed, l'accueil a été fait par les chrétiens, puis par une musulmane. Le CCM a été
présenté dans son histoire et ses questions, à 3 voix. Puis l'un d'entre nous a présenté un
panneau sur la violence dans la Bible.
Un extrait de 10 minutes d'un DVD du S.R.I. (Service des Relations avec l'Islam de la
conférence des évêques de France) sur le "Vivre ensemble" entre chrétiens et
musulmans a été passé devant tous. L'assistance s'est répartie en groupes de 7/8
personnes selon des repères distribués à leur arrivée, pour évoquer ce "Vivre ensemble" :
Pourquoi? Comment? Peut-on vivre ensemble? A l'issue de ce travail de 3/4 d'heure fait
avec enthousiasme, les notes sont données et deux mots sont dits par chaque groupe,
résumant l'échange.
Pendant ce temps, des jeux étaient prévus pour les enfants et les "grands" ont fait une
fresque affichée pour tous.
Nous avons ensuite prié ensemble, une prière chrétienne de Thomas MERTON et une
prière musulmane psalmodiée en arabe puis traduite en français.
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Une jeune femme d'origine marocaine nous a dit un de ses textes très fort sur sa réaction
après les attentats de Paris du 13 novembre.
Enfin, nous avons partagé nourritures et boissons que beaucoup avaient apportées.
Les organisateurs ont été heureusement surpris par le nombre de présents, chrétiens et
musulmans. Nous avons compté environ 130 participants adultes, sans compter les
membres du CCM.
Jusqu'ici, tous les échos que nous avons des deux côtés , sont positifs. Beaucoup sont
contents et disent souhaiter une suite.
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