Beyrouth, le vendredi 20 mai 2011
Samir ARBACHE
Professeur de Théologie et d’Histoire des Religions
Université Catholique de Lille
Ce n’est pas la première fois que les universités catholiques choisissent de réfléchir sur leurs
rapports avec les religions et les cultures. En 2002, la FIUC a organisé à Marseille, un colloque
international sur le thème du Dialogue interreligieux prenant en compte le pluralisme des
sociétés et la nécessité d’inventer un nouveau code du vivre ensemble.
Madame le Professeur Brigitte Maréchal a mis le doigt sur les carences universitaires dans les
disciplines « religieuses », au service de ce qu’elle appelle l’Europe musulmane : manque de
projets, manque de structures permettant la création d'une élite culturelle musulmane et peu
d'intéressement des sociétés d'accueil à cette problématique. S’il est indéniable que le nombre
des musulmans européens, diplômés dans les sciences dites profanes, ne cesse de croître,
cependant la formation d’une élite religieuse universitaire se fait attendre.
Je souhaiterais compléter ce tableau en montrant davantage les actions menées par les
universités catholiques, notamment en France, en ce qui concerne la présence de l’islam dans le
paysage universitaire. Globalement des cours d’initiation à l’islam sont dispensés dans toutes
les facultés de théologie, cours souvent transversaux, proposés comme ouverture culturelle aux
étudiants des facultés et hautes écoles. Depuis une dizaine d’années, les professeurs qui donnent
ces cours en France et en Belgique, se rencontrent annuellement pour débattre de leurs
expériences et des questions posées par l’actualité.
Concrètement, l’université Catholique de Lille a fondé et animé avec l’université de Lille 3,
l’Institut d'Histoire des Religions qui a fonctionné entre 1995-2000. Et en cette année
académique 2010-2011, a été initié un master sur le « Fait Religieux » en collaboration avec
l'université d'Artois.
Plus largement il faut signaler l’existence de l’institut d'études des religions et des cultures à
l’université Grégorienne de Rome où les cours sont donnés à des étudiants chrétiens et
musulmans par des professeurs musulmans et chrétiens qualifiés. L’institut islamo-chrétien de
l’USJ qui fête actuellement ses 25 ans, fonctionne selon la même structure. Aussi, certaines
universités pratiquent déjà des expertises sur les problèmes posés par le pluralisme religieux à
l’intérieur des entreprises.
Ces quelques exemples illustrent suffisamment la prise en charge par l’université catholique de
la présence de l’islam dans la société et le souci de travailler autant que faire se peut avec les
universités de l’Etat français.
Il faut reconnaître cependant que les cours sur l’islam, en matière d’initiation, d’histoire des
relations islamo-chrétiennes, de spiritualité et de soufisme, tout en permettant une nécessaire
ouverture, n’ont nullement l’ambition de combler les carences universitaires pointées par le
professeur Maréchal. L’émergence d’une élite religieuse musulmane française et européenne,
nous place devant une tâche qui, certes, dépasse juridiquement les statuts des universités
catholiques. Mais, rien ne les empêche, dans le contexte européen actuel, de promouvoir un
projet de cette envergure.