La science I définitions Abstraction-abstrait : Abstraire c’est séparer, isoler par la pensée ce qui n’existe qu’avec autre chose ou au contraire rassembler ce qui n’existe pas séparément. C’est un détour par la pensée qui serait un raccourci vers le vrai, comme un simplification obligée. Absurde : Ce n’est pas l’absence de sens. L’absurde est plutôt insensé qu’insignifiant. Est absurde ce qui est contraire au bon sens ou au sens commun : contraire à la raison, à la logique ou à l’humanité ordinaire. Anthropocentrisme : C’est mettre l’homme au centre, non des valeurs, comme fait l’humanisme, mais des êtres : parce que l’univers n’aurait été crée que pour nous, ou tournerait autour de nous. Anthropomorphisme : C’est donner forme d’homme à ce qui n’est pas humain, spécialement aux animaux ou aux dieux. A posteriori : Tout ce qui est postérieur à l’expérience et en dépend. A priori : Tout ce qui dans l’esprit est indépendant de l’expérience et spécialement ce qui la rend possible, qui doit donc logiquement au moins la précéder. A ne pas confondre avec l’expression « a priori » dans le langage courant qui désigne une hypothèse qui reste à vérifier, voire un préjugé ou un parti pris. Axiome : Proposition indémontrable, qui sert à en démontrer d’autres. Causalité : C’est une relation entre deux êtres ou deux événements, telle que l’existence de l’un entraîne celle de l’autre et l’explique. Principe de causalité : Il stipule que tout fait a une cause et que, dans les mêmes conditions, la même cause produit les mêmes effets. C’est parier sur la rationalité du réel et sur la constance des lois. Cause : Ce qui produit, entraîne ou conditionne autre chose autrement dit ce qui permet de l’expliquer : sa condition nécessaire et suffisante s’il en est une, ou l’ensemble de ses conditions. Elle répond à la question « pourquoi ? ». Cohérence : Le fait de se tenir ensemble, mais en un sens logique plutôt que physique : est cohérent ce qui est dépourvu de contradiction. On remarquera que la cohérence ne fait pas preuve ou ne prouve qu’elle-même. Compréhension : Le fait de comprendre ou de contenir. Spécialement, en logique ou en linguistique, l’ensemble des caractères communs aux individus d’une même classe, qui vont servir à en définir le concept. Concept : Le concept scientifique ou philosophique est une idée abstraite, définie et construite avec précision : c’est le résultat d’une pratique et l’élément d’une théorie. Contingent : On le définit ordinairement comme le contraire de la nécessité : est contingent tout ce dont le contraire est possible, autrement dit tout ce qui pourrait ou aurait pu ne pas être. Contradictoire : Qui contredit ou se contredit. Spécialement en logique, deux propositions sont contradictoires quand l’une est la négation de l’autre, ou quand elle implique cette négation. Conventionnalisme : ( différent de arbitraire ) Théorie de connaissance selon laquelle les principes des sciences (axiomes) ne sont ni des jugements synthétiques à priori, ni des généralisations de faits d’expériences comme le croient les empiristes, mais des conventions posées par l’esprit et choisies par lui en vertu de leur commodité actuelle. Corrélation : Rapport d’objets ou de termes dont l’un appelle l’autre par nécessité physique ou logique. Principe de corrélation : Principe selon lequel tout être organisé forme un ensemble, un système unique et clos dont les parties se correspondent mutuellement et concourent à une même action par une réaction réciproque. Coupure épistémologique : Moment de l’abandon de l’humanisme, d’inspiration hégelienne, qui coïncide avec celui d’une double fondation inédite, la science historique et la philosophie du matérialisme historique. C’est le remplacement de l’idéologie par la science. Déductif/déduction : Déduire, c’est mener de propositions vraies ou supposées (principes ou prémisses) à une ou plusieurs autres, qui en découlent nécessairement. S’oppose à intuition et induction. Démonstration en maths : Un raisonnement probant. Raisonnement par lequel la vérité d’une proposition est établie. Elle en fait la validité universelle et établit une conclusion nécessaire. Déterminisme : (Différent de fatalisme) Conception selon laquelle les événements de l’univers, y compris éventuellement ceux de l’histoire humaine, se produisent selon une loi de succession nécessaire (chaîne de causalité). Il nie le hasard et le destin. La nécessité des événements n’est pas absurde ni aveugle et elle donne prise à une action technique possible. Dogmatisme : conception philosophique selon laquelle il existe une vérité objective, voire absolue, que l’on peut connaître avec certitude. S’oppose au scepticisme. Empirique : Attaché à une expérience personnelle informulable et incommunicable. Est empirique ce qui concerne l’expérience sensible ou dérivée d’elle : idée, définition, connaissances, formule, etc…S’oppose au rationnel et expérimental. Empirisme : Doctrine philosophique, par opposition au rationalisme innéiste, fait de l’expérience la source et le fondement des idées et des connaissances. Epistémologie : Discipline philosophique traitant des conditions, de la nature, de la méthode et des résultats de la connaissance scientifique. Elle est critique et non constitutive. Evidence : Ce qui s’impose à la pensée, ce qui ne peut être contesté ou nié, ce dont la vérité parait immédiatement et ne peut être mise en doute. Il n’y aurait pas autrement de certitude, et c’est pourquoi il n’y en a jamais d’absolue. Expérience : Notre voie d’accès au réel : tout ce qui vient en nous du dehors (expérience externe), en tant que cela nous apprend quelque chose. (S’oppose à la raison, mais aussi la suppose et l’inclut). Expérimentation : Une expérience active et délibérée : c’est interroger le réel, au lieu de se contenter de l’entendre (expérience) et même l’écouter (observation). Se dit spécialement de l’expérimentation scientifique, qui vise ordinairement à tester une hypothèse en la soumettant à des conditions inédites, artificiellement obtenues (le plus souvent en laboratoire) et reproductibles. Fait scientifique : On parle de fait scientifique quand il a été l’objet d’une expérimentation, ou à tout le moins d’une observation rigoureuse ce qui suppose presque toujours une théorie préalable et une technologie adaptée : c’est un fait (bien fait) comme dit Bachelard, plutôt que tout fait. Falsifiabilité : Est falsifiable tout énoncé possiblement réfutable par l’expérience. Qualité des énoncés et des théories susceptibles d’être infirmés par des preuves universellement recevables. Fatalisme : Croyance en la fatalité de tout. Fatalité : Le nom superstitieux du destin : tout serait écrit à l’avance, de sorte que l’avenir serait aussi impossible à changer que le passé. Finalisme : conception selon laquelle l’existence et la structure des phénomènes ne peuvent être expliqués qu’à partir de leur état d’achèvement. Il éclaire ce qui vient avant avec ce qui vient après. Le finalisme présuppose une intention, donc un auteur. Hasard : Ce n’est ni l’indétermination, ni l’absence de cause. Le hasard est une détermination imprévisible et involontaire, qui résulte de la rencontre de plusieurs séries causales indépendantes les unes des autres. Hypothèse : C’est une supposition qui prend ordinairement place dans une démarche démonstrative ou expérimental : une idée qu’on admet provisoirement comme vraie, afin d’en déduire les conséquences et, éventuellement d’en confirmer ou d’en infirmer la vérité. Hypothético-déductive (méthode-) : Toute méthode qui part d’hypothèses pour en déduire des conséquences, que celles-ci soient falsifiable ( dans les sciences expérimentales) ou non. Idéologie : Chez Destutt de Tracy (1754-1836) qui a forgé le mot, l’idéologie est une science nouvelle ayant pour objet l’étude positive, libre de toute spéculation métaphysique, des idées, de leur origine, de leur nature et de leurs lois, ainsi que l’étude des rapports que les idées entretiennent avec les signes qui les représentent. Idéalisme : Le mot peut désigner une certaine conception de l’être (une ontologie) ou une certaine théorie de la connaissance (une gnoséologie). D’un point de vue ontologique, est idéaliste toute doctrine pour laquelle la pensée existe indépendamment de la matière. Au sens philosophique, c’est le contraire du matérialisme. D’un point de vue gnoséologique, l’idéalisme désigne plutôt une limite de la connaissance : est idéaliste tout penseur pour lequel nous ne pouvons rien connaître de la réalité en soi, soit parce qu’elle n’existe pas, soit parce que nous ne pouvons connaître que ses représentations. C’est le contraire du réalisme au sens gnéoséologique. Induction : En logique, passage du singulier ou du particulier au général ou à l’universel. Passage du fait (empirique) à ma moi (notionnelle). Inférence : C’est passer d’une proposition tenue pour vraie à une autre qu’on juge en conséquence l’être aussi, en vertu d’un lien nécessaire ou supposé tel. Le passage peut être inductif ou déductif. Loi : Au sens épistémologique, dans les sciences expérimentales, expression d’une relation fonctionnelle constante entre les phénomène naturels telle qu’à toute valeur donnée d’une variable, elle fait correspondre une valeur déterminée de la fonction. La loi est un outil de prédiction. Matérialisme : Au sens philosophique, système selon lequel la totalité du réel est de nature matérielle ou bien un produit de la matière. Par essence, le matérialisme est réaliste, anti-idéaliste et anti-spiritualiste. Métaphysique : C’est une partie de la philosophie, celle qui porte sur les questions fondamentales, disons sur les questions premières ou ultimes : l’être, Dieu, l’âme ou la mort sont des problèmes métaphysiques. Nécessaire :Au sens logique, qui ne peut ne pas être, ce qui ne peut être autrement qu’il est, ce dont le contraire impliquerait contradiction (serait logiquement impossible). Opposé à contingent. Objectivité : C’est voir ou connaître les choses comme elles sont ou comme elles apparaissent, indépendamment, si c’est possible, de notre subjectivité , et en tout cas de ce que notre subjectivité peut avoir de particulier ou de partial. Observation ; c’est une expérience, mais volontaire et attentive. Claude Bernard distingue l’observation empirique, qui est faite sans idée préconçue, de l’observation scientifique, qui suppose une hypothèse préalable, qu’il s’agit de vérifier. NB : C’est à différencier de l’expérimentation. Obstacle épistémologique : C’est une opinion, une représentation, ou une habitude intellectuelle, héritée du passé, qui entrave la connaissance scientifique ou s’oppose, de l’intérieur, à son développement. Ce sont des idées faussement claires qu’il faut comprendre pour s’en libérer. Opinion : Toute pensée qui n’est pas un savoir. S’oppose pour cela, spécialement aux sciences. C’est le fait de tenir quelque chose pour vraie, mais en vertu d’un jugement objectivement insuffisant, et qu’on ait ou pas conscience de cette insuffisance. Positivisme : c’est d’abord le système d’Auguste Comte, qui ne voulait s’appuyer que sur les faits et les sciences : il renonce pour cela à chercher l’absolu et même les causes (le pourquoi), pour s’en tenir qu’au relatif et aux lois (le comment). LE positivisme s’est banalisé et désigne toute pensée qui prétend s’en tenir aux faits et aux sciences, à l’exclusion de toute interprétation métaphysique ou religieuse, voire de toute spéculation philosophique. Postulat : Un principe qu’on pose sans pouvoir le démontrer. Ne se distingue de l’axiome que par une évidence moindre. Prédiction : C’est dire à l’avance ce qui sera quand on croit le savoir par des voies mystérieuses ou surnaturelles (prédiction n’est pas prévision). Prémisse : Une proposition considérée comme première (par rapport à ses conséquences), et spécialement les deux première – la majeure et la mineur- d’un syllogisme. Présupposés : Ce qui dans le pensée ou dans le discours est admis comme préalable valide, bien que ni démontré, ni prouvé, de manière que la démarche puisse aller jusqu’à son terme. Le présupposé n’a pas la rigueur du principe ni son universalité s’usage. Il est circonstanciel. Prévision : C’est voir avant. On voit les signes ou les causes de l’avenir qui font partie du présent et on les interprète. Principe : Un commencement théorique : le point de départ d’un raisonnement. Il est de nature indémontrable ( sans quoi ce serait un théorème ou une loi). II travail sur les manuels de philosophie COURS DE PHILOSOPHIE Osier La science et les sciences Finalité de la démarche scientifique L'unité des sciences Comment organiser les sciences entre elles ? Aujourd'hui, à l'heure des encyclopédies, le classement des différentes sciences est fait par ordre alphabétique. Pourtant, certains ne peuvent s'empêcher de rêver d'un assemblage des différentes sciences selon leurs liens et leur hiérarchie. Descartes a élaboré un arbre philosophique dont les racines représentent le métaphysique, le tronc la physique, et les branches les autres sciences dont les trois principales qui sont la médecine, la mécanique et la morale. Cet arbre est cependant contesté par le fait que la médecine et la morale restent inachevées non pas par manque de temps, mais à cause d'obstacles épistémologiques. On est bien loin de la conception selon laquelle toutes les sciences sont liées et qu'il est plus facile de les apprendre toutes à la fois que de les isoler les unes des autres. Descartes concevait les sciences selon le modèle des mathématiques, fonctionnant à partir de l'intuition et la déduction, or ce raisonnement l'est plus tenable vis-à-vis de la morale, médecine, politique, histoire… D'Alembert et Diderot proposeront un autre tableau systématique des connaissances humaines, inspirés par F. Bacon. Pour eux, les perceptions des êtres se font de trois façons. L'entendement fait soit un dénombrement de ses perceptions par la mémoire (l'histoire), ou alors par l'usage de la raison les examine et les compare (la philosophie), ou encore il les imitent et les contrefaits avec l'imagination (la poésie). Mais la simplicité du tableau n'arrive pas non plus à recouper la complexité des différentes sciences et de même que l'arbre est voué à l'échec. On ne doit pour autant pas renoncer à une unité dans les sciences. Hegel et A. Comte se sont nourris de ces deux échecs pour trouver l'unité perdue des sciences tout en respectant la diversité et la spécificité de chacune. Selon Hegel, les sciences connaissent un développement indépendant les une des autres. La tâche philosophique est de se substituer à cette pluralité en les réunissant. Pour lui, cette réunion est possible car le savoir est un, qu'il n'y a donc pas de frontières irréductibles, et que les sciences fonctionnent toutes à partir de concepts. Pour retrouver leur unité, il faut s'éloigner des détails et observer les généralités. On pourrait parler d'une science unique comme un grand cercle se divisant en trois parties avec la logique comme science de l'Idée en soi et pour soi, la philosophie de la Nature comme science de l'Idée dans son être autre, et la philosophie de l'esprit en tant que l'Idée qui revient de son être-autre à elle-même. On pourrait ainsi accéder au Savoir, une connaissance si achevée qu'elle ne laisse rien à l'extérieur. Comte (1798-1857) pense pouvoir accéder à l'exécution définitive du projet encyclopédique par sa situation historique favorable. Car pour lui le savoir est achevé et défini. Cette exécution était impossible auparavant, époque de crise avec pour point culminant la révolution française. Deux lois justifient cette prétention : la loi des trois étapes et la loi encyclopédique. La loi des trois étapes est le passage de l'état théologique à l'état positif, au sujet des connaissances scientifiques, avec pour intermédiaire l'état métaphysique. Des projections subjectives à l'objectivité, c'est le triomphe de la positivité. La loi encyclopédique est une nouvelle classification des sciences, la hiérarchie doit se faire selon le degré de simplicité, du simple au complexe. La classification de Comte comprend six sciences, du plus simple au plus compliqué : la mathématique, l'astronomie, la physique, la chimie, la physiologie et la physique sociale. En effet, la physique sociale (ou sociologie) sera plus difficile à élaborer que l'astronomie par la pluralité des méthodes, les intrusions de points de vue subjectifs… Cette classification se substitue à d'autres empreintes de l'esprit métaphysique. Ces deux lois se combinent entre elles. Comte n'absorbe pas la philosophie dans le savoir, mais la considère plutôt comme une science des généralités. Ce programme semble rappeler celui de Hegel qui limitait l'encyclopédie aux débuts et aux concepts fondamentaux du savoir. En fait il n'en est rien. Comte interdit tout passage d'une science à une autre et oblige à reconnaître la spécificité. La philosophie ne doit pas être la doctrine de l'absolu mais au contraire du relativisme. Il considérera par exemple comme un fol engouement les recherches au sujet de la planète Uranus qui pour lui ne devrait intéresser que ses habitants. La philosophie positive est une leçon de sobriété. Cependant, le dogmatisme relatif fixe des limites arbitraires posant à nouveau le problème de l'unité pour tout ce qui dépasse. L'encyclopédie traduit le désir des hommes de savoir. On peut expliquer ces échecs par le fait que la nature du désir est de renaître aussitôt satisfait. De plus on ne peut jamais atteindre la réalisation effective du savoir. Les aventures des encyclopédies philosophiques auront permis de donner une leçon de modestie en rappelant que la connaissance humaine est au milieu, entre l'ignorance et le savoir. Doit-on continuer à chercher l'unité des sciences? L'unité des sciences n'est ni dans la métaphysique ni dans l'encyclopédie, mais dans les modalités de cette recherche. Tous ceux que l'on a vu qui ont cru à l'unité de la science recherche une science, la science des sciences dont l'objet serait justement toutes les autres sciences. Ce ne serait plus une science du différent mais de l'identique, et ce ne serait donc plus une science mais un savoir. La question qui s'est toujours posée est de savoir quand il y a science, s'il y a unité. La forme moderne du problème n'est plus la figure du savoir mais le savoir lui même comme science des sciences, possible, réel, nécessaire ? Science antique / science moderne La mathématique est un instrument de l’opposition entre les anciens et les modernes :elle est déterminée (féconde, facile), alors que la logique aristotélicienne apparaît pour les modernes comme difficile et stérile. La mathématique est une science de tout, une science du tout, qui se substitue à la logique car connaître et connaître mathématiquement ne font qu’un. Pour Platon, la physique n’est pas une science car il n’existe pas pour lui de science de ce qui devient. Contrairement aux Anciens, les modernes privilégient l’ordre des raisons à l’ordre des matières, c’est-à-dire qu’ils ne distinguent pas les analyses issues de chaque matière théorique, mais ils hiérarchisent de la plus simple à la plus difficile. L’ordre méthodique des raisons est l’œuvre de chaque sujet lorsqu’il entreprend une recherche : chacun organise son analyse dans quelque domaine que ce soit. Modalités de la démarche scientifique « Nous parvenons à la connaissance par deux chemins, à savoir, par l’expérience ou par la déduction » Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, II Mais pour Descartes les expériences sont souvent trompeuses, il faut alors privilégier la déduction, sans passer par la logique (caractère douteux des syllogismes). Le plus important réside au départ de la déduction, car la méthode peu sembler correcte alors que le résultat s’avère faux, et tout cela à cause d’un préjugé faux. Pour Descartes, l’intuition est le point de départ de toute proposition scientifique : c’est le « concept d’un esprit pur et attentif » qui à elle seule organise la découverte en fournissant des principes prédéfinis. Leibniz remet en cause cette théorie du point de départ intuitif ; pour lui il faut démontrer ces intuitions pour ne pas tomber dans l’erreur en se contentant de l’évident. On évite alors le piège de l’imagination. Cette démonstration doit être conduite par des lois, des règles définissant des procédures invariables d’opérations indépendantes de la nature du sujet pensant : Leibniz fait donc de nouveau appel à la logique, en tant que fondement même de la mathématique. ; Pour Descartes, le champ d’application de la mathématique universelle est sans limites, même dans la philosophie Science/savoir Une science qui serait son propre fondement ne serait plus une science mais un savoir, car elle serait alors absolue. Cependant le désir de savoir ne peut être rempli, même s’il hante toujours la conscience scientifique : la volonté de savoir polarise la vie des sciences, mais le savoir est constitutionnellement hors d’atteinte et les sciences seront toujours des connaissances limitées parce que délimitées. La philosophie explicite toutes les formes que peut prendre ce désir de savoir, y compris la prétention à le réaliser . L’histoire Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature/sciences de l’homme Platon ne place pas l’histoire au sein de sa classification des sciences dans La République. Le mot histoire a, pour Platon, le sens d »enquête ». Kant rejoint Aristote pour rejeter l’histoire comme science, pour son ‘manque de sérieux’ et la carence d’universalité de son objet. Science / mythe Le mythe se place entre l’histoire, dans le sens de l’enquête, et la science politique. Cependant il ne s’agit pas d’un récit historique car il est imaginaire. Le mythe permet de faire croire là ou l’on ne peut pas directement faire comprendre. Science/philosophie L’histoire est recherche de causalité comme les autres sciences, avec peut-être une difficulté épistémologique supplémentaire : il lui faut non seulement expliquer pour comprendre, mais expliquer la compréhension. Ainsi, le travail de l’historien ne peut être réalisé avant que soit établi une analyse des évènements narrés. Or cela n’est possible que par la philosophie. Le premier obstacle épistémologique que l’on rencontre est celui du Tout et des Parties. En effet, le travail de l’historien consiste-t-il à faire de l’histoire un fait universel et donc porter une vision synoptique sur les évènements, ou au contraire à considérer l’histoire comme une série de monographies en se basant alors sur des détails ? Pour Polybe, il est clair que le détail n’est pas aussi fiable que l’expérience du Tout. Mais qu’est-ce que ce fameux Tout que peut appréhender une vision synoptique ? On peut déjà noter la différence avec la vision panoptique, car voir le Tout n’est pas forcément tout voir. Or, de ce Tout peut découler de grosses généralités dont les lacunes et les insuffisances peuvent être révélées par la force du détail. Cependant, ce n’est pas pour autant qu’il faille renoncer à l’étude synoptique du Tout. Le Tout n’existe peut-être qu’idéalement mais il est impensable de s’en passer, car c’est lui qui permet au détail de prendre une valeur significative. De plus, il existe des faits qui, pour être rendus intelligibles, doivent être insérés dans l’Histoire. De même, l’impasse que l’on peut rencontrer due à l’ubiquité des agents de l’histoire, tels que le peuple juif, va au contraire faire apparaître des points de vue nouveaux sur les histoires partielles. Ainsi la seule difficulté va être d’éviter une juxtaposition hasardeuse d’histoire partielles. Cet examen du rapport Tout /Parties montre que l’histoire a vraiment besoin de philosophie. C’est la philosophie de l’histoire qui va permettre à l’histoire de se constituer puisque celle-ci aide à la construction de modèles dont la fonction de connaissance est indispensable pour la considération du Tout, de plus l’historien ne peut renoncer à la problématique de l’histoire universelle. Or, on peut noter que cette universalité de l’histoire est plus un programme que la réalité. L’étude du temps historique est aussi révélateur du rôle capital joué par les catégories de la philosophie. L’histoire est l’étude du passé, on dit qu’ « il n’y a d’histoire que du passé », se pose le problème de la définition de ce qu’il peut y avoir dans le passé pour qu’il devienne objet de science. Il faut noter que l’intérêt historique n’est pas nécessairement l’intérêt de l’histoire comme science. En effet, le premier privilégie la mémoire d’un groupe, l’essentiel, alors que le deuxième cherche la vérité. On dit de l’histoire qu’elle est une science rétrospective. Or ne dit-on pas qu’il y a science là où il y a répétition idéale de l’identique ? Ainsi, un fait est qualifié de scientifique lorsque sa réitération est possible. Peut-on alors parler de fait historique ? Une occasion tombe toujours sous les mêmes paramètres donc malgré le temps qui passe, on peut dire que les mêmes causes provoquent les mêmes effets. Ainsi, les acteurs peuvent être différents, mais les scènes sont les mêmes. De là, on peut dire que l’histoire est une science si l’on veut bien considérer que le laboratoire n’est autre que le passé historique lui-même. Manuel Philosophie (Éditions Magnard) Rubrique : Modalité de la démarche scientifique, critères de scientificité Piaget : si la connaissance physique peut s’éloigner toujours plus de la sensation, c’est qu’elle n’en a jamais procédé : dès le départ, elle repose sur une schématisation. Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Bachelard : la science commence pas une rupture avec l’objet de la connaissance sensible. Elle cherche l’évidence rationnelle et non la satisfaction intime et échappe ainsi aux fausses évidences désirées. Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Bachelard : la connaissance scientifique n’est pas la connaissance sensible ; elle ne se ramène pas à la sensation : elle domine rationnellement le sensible. Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Bachelard : il n’y a pas de place en science pour une expérience première qui serait donnée avant toute élaboration critique. Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Piaget : la science rend l’objet indépendant des sujets ; en tenant compte -pour les éliminer - des variation introduites par l’observateur scientifique. Page 418 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Popper : l’objectivité dans les sciences est obtenue par le jeu social de la critique entre savants, en vue de purifier la science des éléments subjectifs et extrascientifiques. Page - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Moreau de Maupertuis : pour expliquer ce qui se passe sous nos yeux, contentons-nous des causes qui sont à notre portée sans aller chercher les causes trop lointaines. Page 420 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Hume : la connaissance de la cause et de l’effet ne dérive pas de raisonnements a priori mais naît entièrement de l’expérience, dont la répétition provoque une accoutumance. Page 422 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Hume : toutes les conclusion tirées de l’expérience sont donc des effets de l’accoutumance et non des effets du raisonnement. Page 422 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Kant : le concept de causalité exige que l’effet dérive de la cause de façon nécessaire et universelle et donc a priori. Page 423 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rudolph Carnap : quelle différence y a-t-il entre deux physiciens affirmant les mêmes lois, l’un sous une forme conditionnelle et l’autre avec nécessité ? Le second n’en saura et n’en prédira pas plus que le premier. Page 423 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Comte : la science établit les relations constantes entre les phénomènes et permet de les prévoir. Page 424 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Meyerson : l’intelligence ne satisfait pas de décrire les faits ni d’établir les lois. Elle en cherche l’explication rationnelle. Page 424 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : finalités de la démarche scientifique Aristote : les beautés secrètes autour de nous ne doivent pas nous être dérobées par une répugnance infantile envers l’animalité. Page 466 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Schopenhauer : la vie, un monde parfait dans le détail mais sans finalité dans l’ensemble ; bref, une affaire qui ne couvre pas ses frais. Page 467 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Aristote : comment se débarrasser de la finalité ? Trois causes possibles : la nécessité aveugle, la production artificielle, la finalité naturelle. Page 472 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Leibniz : les corps vivants sont des machines dont la moindre partie est encore une machine, ce en quoi ils surpassent les machines artificielles. Page 474 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Descartes : Dieu nous a fait comme nous faisons les machines. Page 474 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Jacques Monod : la biologie moléculaire a réactualisé le projet cartésien d’un modèle mécanique du vivant. Page 474 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Kant : la mécanique explique le fonctionnement des machines mais non leur production : la force mécanique est motrice, la force organique est formatrice. Le corps de l’Etat est plus proche de l’organisme vivant. Page 475 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Descartes : expliquer le vivant par figure et mouvement car toutes les choses artificielles sont aussi naturelles. Page 477 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) René Bernard : la vie n’est pas seulement le groupement d’éléments chimiques, mais l’idée directrice qui n’appartient ni à la physique ni à la chimie et qui organise l’évolution du vivant. Page 478 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Waddington : ce qui dans le vivant est en plus des éléments qui le composent, c’est la structure (ou forme) spécifique qui les articule. Page 479 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Darwin : comment se fait l’évolution du vivant ? La nature sélectionne parmi les individus en lutte pour survivre, ceux qui présentent une variation avantageuse et capable de se transmettre à leur postérité. Page 480 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Jacquard : la génétique moléculaire corrige Darwin : nul ne procrée son propre « type ». Page 481 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) François Jacob : héritage ou hérédité ? L’hérédité donne à l’homme des potentialités déterminées au changement. Le cerveau humain n’est ni une bande magnétique vierge, ni un disque de phonographe. Page 482-83 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : science antique / science moderne Toulmin : la science moderne n’a par inauguré la prévision des phénomènes, elle en fournit la rationalité et le caractère et nécessité. Page 425 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : science et sensible Aristote : il est impossible d’acquérir par la sensation la science de ce qui est démontrable. Page 410 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Aristote : nos connaissances proviennent de la sensation. Page 411 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Isaac Newton : tous les mouvements et les corps sont situés les uns par rapport aux autres et contenus hors de nous dans un espace absolu qui est la référence ultime de toutes les relations de lieu. Page 412 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Kant : l’espace n’est pas une propriété des choses mêmes, nu un réservoir qui les contiendrait mais une forme à priori de notre réceptivité, qui fait que pour nous, les choses sont hors de nous. Page 413 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Maurice Merleau Ponty : plus que la simple forme de nos représentations, l’espace est l’horizon de toutes nos expériences et notre véritable naissance au monde vécu. Page 414 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Jules Lagneau : percevoir, c’est revenir au point de vue de l’individu sentant et s’y tenir. Connaître, c’est sortir de soi et atteindre un objet qui existe. Il n’y a pas de connaissance subjectives. Page 415 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Freud : la science commence par la description des phénomènes et l’élaboration de ses concepts doit les laisser ouverts à des modifications exigées par l’expérience. Page 416 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Marx : la bonne méthode en science ne consiste pas à aller du concret à l’abstrait, mais à produire un « concret » théorique par la synthèse de notions abstraites. Page 417 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : science / mythe Comte : l’esprit positif de la science abandonne la recherche des causes absolues, recherche qui date de son enfance pour s’en tenir aux faits et à leur liaison, l’imagination fait place à l’observation. Page 406 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Lévi-Strauss : la magie et les rites postulent le déterminisme et préludent à la science sans délaisser la réalité sensible. Page 407 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) François Jacob : tout système d’explication, mythique ou scientifique, visant à expliquer le visible par l’invisible, est le produit de l’imagination humaine ; mais la science se soumet à l’épreuve de ses expériences. Page 407 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : science / société Max Planck : la science se contente de prolonger le monde du sens commun, en lui apportant ordre et régularité, sans différence de nature. La science continue et confirme le témoignage de nos sens sur la réalité du monde extérieur et sur la preuve, sans rupture avec le sens commun. Page 408 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : débat épistémologique sur les rapports entre sciences de la nature et sciences de l’homme Kant : les hommes n’obéissant pas, dans leurs actions à un dessein personnel raisonnable, on ne peut dégager une loi de ce tissu de folie qu’est l’histoire humaine. Mais l’idée que la nature réalise un plan dans l’histoire, à travers la liberté des hommes, peut servir de fil conducteur à une philosophie de l’histoire. Page 488 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Engels : la philosophie idéaliste de l’histoire substitut une providence mystérieuse à l’enchaînement réel des faits. Dans l’histoire de la société, les sociétés humaines se contredisent et le résultat leur échappe : la nécessité cachée à travers les hasards. Page 489 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Durkheim / C. Seignobos : les documents produits par les témoins des événements sont-ils la source la plus sûre ou la plus suspecte ? Page 492 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Foucault : l’historien n’interroge plus le document pour chercher ce que son auteur cherchait à dire : il l’analyse pour lui-même, comme un monument. Page 493 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Fenelon : le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays. Il est neutre. Page 496 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Fustel de Coulanges : Nous jugeons les autres époques d’après nous-mêmes et le présent trouble notre connaissance. Il faut observer les anciens en eux-mêmes, être de leur temps. Page 496 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Furet : le choix de l’historien ne doit pas être celui de ses opinions, mais de ses concepts et de ses méthodes. Page 497 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Antoine Augustin Cournot : il n’y a pas d’histoire, mais science quand tous les événements qui se succèdent sont réductibles à des lois. Il n’y a pas d’histoire non plus quand les événements se succèdent sans ordre, ni raison, ni hasard. L’histoire est une suite ordonnée d’événements dont aucune théorie ne suffirait à expliquer la succession. Page 498 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Schopenhauer : l’histoire n’est pas une science en ce qu’elle ne traite que du particulier et du fait individuel. Page 499 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Paul Veyne : la science ne s’intéresse qu’à ce qui est nécessaire selon des lois générales ; l’histoire à tout. Page 499 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Auguste Comte : l’homme ne peut devenir objet de la science dont il serait aussi sujet. Page 504 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Piaget : il y a trop d’interaction entre sujet et objet d’observation pour faire une science de l’homme comparable aux autres sciences. Pages 504 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Durkheim : les faits sociaux se distinguent de l’objet des autres sciences : ce sont des actions et des représentations indépendantes de la conscience individuelle et s’imposant à elle par coercition. Page 505 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Lévi-Strauss : la sociologie est la science sociale de l’observateur ; l’anthropologie est la science sociale de l’observé. Page 505 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Dilthey : les sciences de l’esprit doivent recourir à une méthode propre différente des sciences de la nature : nous expliquons la nature de l’extérieur ; nous comprenons la vie psychique de l’intérieur. Page 506 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Piaget : les sciences humaines se dissocient de la philosophie pour résoudre avec des moyens précis des problèmes limités. Page 508 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Lévi-Strauss : les sciences humaines risquent de perdre soit leur originalité, soit leur scientificité. Page 508 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Lévi-Strauss : ce qui empêche les sciences humaines de devenir de vraies sciences, c’est l’insouciance dans la définition de leur objet, car cet objet se présente lui aussi comme une structure d’éléments diversement combinés. Page 509 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Granger : la rigueur mathématique peut convenir à l’objet des sciences humaines car, en tant que science de l’ordre, elle s’applique aussi au qualitatif. Page 510 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Bronislaw Kaspar Malinowski : les sciences humaines ont des motivations non scientifiques, mais la science est leur instrument indispensable et opératoire. Page 511 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Lévi-Strauss : la scientificité dans les sciences humaines : un peu de connaissance et un peu d’efficacité. Page 511 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Lacan : si la science de l’homme est la science de ce qui échappe spontanément à la conscience d’un être doué de parole, elle doit prendre pour objet un manque, une limite dans l’expérience que l’homme peut avoir de lui-même. Page 512 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Foucault : les sciences humaines n’ont pas l’idée de l’homme come présupposé. Page 513 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Lévi-Strauss : les sciences humaines encore à leur début doivent se garder de répondre à l’intérêt trop impatient et trop subjectif que l’homme leur porte par égocentrisme. Page 513 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie (Magnard) Aristote : le vivant, c’est d’abord une forme, comme celle, inerte de la statue ou du cadavre. C’est l’âme qui anime le vivant. Page 476 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : La science et les mathématiques René Descartes : les mathématiques sont la science de l’ordre et de la mesure et l’emporte sur les autres sciences qui lui sont subordonnées Page 428 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Edmond Goblot : les sciences de la nature doivent tendre vers l’idéalité des mathématiques Page 428 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Francis Bacon : les mathématiques ne doivent pas être la reine des sciences mais leur servante Page 429 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) René Descartes : l’arithmétique et la géométrie sont bien plus que les autres disciplines parce qu’elles consistent à tirer des conséquences par voie de déduction rationnelle, sans prendre appui sur les expériences Page 430 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Blaise Pascal : La méthode des démonstrations géométriques, méthodiques et parfaites, doit être pris comme modèle. La géométrie est la seule des « sciences humaines » à produire des démonstrations infaillibles fondées sur des définitions nominales. Page 430 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Hegel : le caractère démonstratif ne concerne que la forme du savoir mathématique et nullement son contenu. Page 431 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Platon : les géomètres dessinent des figures mais ils raisonnent sur des objets qu’on aperçoit que par la pensée. Page 435 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Henri Poincaré : comment les mathématiques sont-elles rigoureuses et fécondes ? Elles ne sont pas analytiques, dire qu’elle sont synthétiques, a priori baptise la difficulté sans la résoudre : le raisonnement mathématique est fécond en ce qu’il se différencie du raisonnement logique. Page 439 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Rubrique : Vrai / Faux dans la démarche mathématique Aristote : entre le vrai et le faux, il n’y a pas d’intermédiaire. Page 432 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Leibniz : Une proposition nécessaire est celle dont le contraire implique contradiction. Page 432 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Desanti : Leibniz montre que la non-contradiction est la propriété fondamentale pour les systèmes déductifs. Page 432 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Hume : les principes de la géométrie proviennent de l’apparence générale des objets puisque toutes nos idées proviennent de nos impressions. Ainsi la géométrie ne peut aspirer à l’entière certitude, à cause de l’imprécision qui caractérise le jugement des sens. Page 434 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) René Descartes : « je n’ai pas inventé les propriétés du triangle, et même si le triangle auquel je pense n’existe pas dans le monde, ses propriétés sont immuables. Page 435 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) John Stuart Mill : le nombre est un fait physique et les propositions arithmétiques résultent d’une induction. Page 436 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Gottlob Frege : les définitions des nombres ne sont pas un fait d’observation. Il est nécessaire de posséder les lois de l’arithmétique pour procéder à une induction. Page 437 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Kant : les propositions mathématiques sont à priori et synthétiques, c'est-à-dire qu’elles relèvent de la pensée pure et qu’elles accroissent nos connaissances. Page 438 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Gottlob Frege : les lois de l’arithmétique sont des jugements a priori et néanmoins féconds. Elles ne sont pas des lois de la nature, mais des lois pour la nature. page 438 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard) Livre De Philosophie de Terminale L Edition Magnard * Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports science/réel Einstein avance la thèse qu'il est impossible de confronter directement les théories que nous batissons avec la réalité elle-même dans L'évolution des idées en physique (p350). Il s'oppose donc ici à l'empirisme qui veut tirer des vérités scientifiques de l'observation seulement. En effet la réalité ne se montre pas à nous telle qu'elle l'est, sinon il suffirait d'observer la nature pour en déduire des lois. L'expérience quotidienne depuis notre enfance nous ont fait accumulé de fausses évidences que Bachelard appellent des obstacles épistémologiques. Cf voir le texte de Bachelard Le nouvel esprit scientifique (p358). Pour Wittgenstein, les limites du monde sont aussi les limites du langage et de la logique. On ne peut donc rien dire sure ce qui excède ces limites Ce qui signifie qu'il faut interdire d'en parler, si l'on veut respecter l'usage correct du langage qui est d'exprimer les faits du monde. On voit aussi dans les écrits de Voltaire Micromégas (p434) et de Démocrite Les Présocratiques (p442) qu'il fut difficile de montrer la vérité aux gens. En effet par exemple Démocrite en affirmant que les couleurs, les saveurs, la chaleur...sont des effets des atomes, réalité matérielle ultime, mais que les atomes eux-même ne peuvent être ni colorés, si salés, ni chauds, Démocrite inaugure la grande coupure entre réalité objective et apparence subjective qui est au fondement de la science. Mais dans le même temps en creusant le fossé entre objectivité et subjectivité, matière et esprit, il inaugure également le problème de leur relation. * Modalité de la démarche scientifique Bachelard s'oppose au déterminisme (voir son texte Le Nouvel esprit scientifique p358). En effet pour lui ce n'est qu'une étape des ciences. Elle doit alors passer par le probabilisme mathématique (thèse de Boltzmann p359) ou encore le principe d'incertitude (thèse d'Heisenberg p359). Plusieurs méthodes se confrontent sur la modalité de la démarche scientifique. Tout d'abord l'induction qui correspond à un mode de pensée dit empirique. Elle se base sur l'expérience. Au contraire, Descarte prône un modèle rationaliste fondé sur la déduction de type mathématique (voir son texte Règles pour la direction de l'esprit p392). Il est ici rejoint par la thèse de Claude Bernard et de sa méthode hypotético-déductive (voir son texte Introduction à l'étude de la médecine expérimentale p368). Popper lui propose une autre méthode mais qui se base également sur la raison : il faut procéder par rejet d'hypothèses (voir son texte Misère de l'historicisme page 369). Même si Kant et Hume démontre que la raison est une condition nécessaire mais non-suffisante dans la démarche scientifique (Cf textes page392-393) Eugène Ionesco lui affirme que l'erreur peut se glisser dans de faux raisonnements. Il faut donc user de méthode pour la repérer et non d'intuition. Il y a d'ailleurs différentes erreurs que l'homme peut commettre en raissonnant (sophismes). Pour plus d'information sur ces types d'erreurs => voir texte d'Antoine Arnauld et Pierre Nicole p390). Cf texte de Einstein Rhinocéros p378 * Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports sciences de la nature/sciences de l'homme La méthode scientifique repose sur des croyance, des valeurs, des habitudes intellectuelles propres à une communauté scientifique. De sorte l'Histoire des sciences n'est pas seulement l'affaire de la logique mais aussi de la sociologie. Ainsi Thomas Kuhn dans son texte Structure des révolutions scientifiques p370 conteste la prétendue neutralité de la démarche scientifique. Les sciences sont-elles alors exemptes de préjugés ? Les conflits entre interprétations dans les sciences humaines sont courant. Mais ce n'est pas cette confrontation qui peut faire douter de leur valeur scientifique, plutôt le fait 1) que les différentes hypothèses sont difficilement testables (voir le texte de Popper page 368) et 2) qu'elles semblent issues de partis pris idéologiques. Un texte est criant sur le fait que l'on peut rapprocher les sciences de la nature et les sciences de l'homme : il s'agit d'un article tiré de Psychological science traitant de la jalousie et de son rapport avec la biologie (p420). * Finalité de la démarche scientifique Que l'exigence démonstrative constitue une révolution intellectuelle fondatrice de l'idée de science tout le monde l'admet, mais certains disent qu'elle s'est également accompagné d'une révolution morale que l'on aurait oublié aujourd'hui. Le texte de Pascal Mouy Les mathématiques et l'idéalisme philosophique l'illustre clairement (p386). Ainsi que les texte qui suivent de Platon, Alain et Sénèque. III Travail sur les ouvrages prétés La science, épistémologie générale MC. Bartholy, JP. Despin, G. Grandpierre Débats épistémologiques sur les rapports science de la nature, science de l’homme Classer les sciences est une nécessité épistémologique, le but n’étant pas d’affirmer la suprématie d’une science sur une autre. Il faut classifier car il faut réfléchir sur les différences et les liens de parenté des très nombreuses sciences. Il existe trois critères de classification : - Leur objet : sciences humaines (psychologie, sociologie,…), sciences de la nature (physique, chimie…) - leur méthode : science d’observation (astronomie, botanique…), science expérimentale (physique, psychologie…) - leur état : sciences taxinomique (science qui classe comme la zoologie…), science déductive (physique classique, biologie moderne…) Thèse de Robert Blanché dans L’epistémologie (p53-55) : critique des différentes classifications Une question particulière se pose : le statut des sciences de l’homme. Peut-on considérer les sciences humaines comme des sciences ? Le caractère scientifique des ces sciences est mis en doute, aussi bien par l’opinion publique que par certains philosophes ou scientifiques. Il existe quatre critiques principales : - certains pensent que les sciences de l’homme ne sont pas des sciences car l’homme ne peut pas être objet de science par essence (thèse de Pierre Thuillier dans Jeux et enjeux de la science) car il est à la fois observateur et observé et que les faits humains sont particuliers alors que la science est sensée établir des généralités. - la seconde critique est formulée par les empiristes. Ils admettent que ce sont des sciences mais qu’elles sont inférieures aux sciences de la nature car il n’y a pas d’expérimentation possible dans le domaine des sciences de l’homme. - la critique épistémologique : il n’y a jamais d’objectivité absolue dans le domaine des sciences de l’homme car il y a une grande diversité d’approche - le courant althussérien qui refuse totalement les sciences de l’homme qu’il considère uniquement comme des habillages théoriques de pratiques sociales. Par exemple, élaboration d’indice de prix à des fins de propagande capitaliste, évaluer les désirs du consommateur pour le manipuler, l’influencer, donc surtout une critique de l’économie et de la sociologie. Cependant, les sciences humaines s’appuient quand même sur une méthode scientifique puisque l’homme n’y est jamais étudié en totalité c'est-à-dire qu’il y a un découpage scientifique des phénomènes humains. La diversité d’approche permet une certaine objectivité même si certaines se rapprochent comme la sociologie qui attribue le suicide à des causes sociales et la psychiatrie à des causes psychiques. De plus, les sciences humaines sont récentes, nées à la fin du XIXème siècle, c’est pourquoi elles sont encore en construction. Les fausse sciences Il existe également des sciences que l’on pourrait qualifier de fausses sciences comme l’astrologie, la radiesthésie (méthode de détection de certaines radiations fondée sur la sensibilité) ou le yoga. Ces sciences exploitent la crédulité publique. Nous allons nous intéresser aux traits communs de toutes ces fausses sciences et aux différences par rapport à celles que l’on qualifie de « vraies sciences ». Ces fausses sciences éveillent le goût et le culte du mystère tandis que les vraies sciences développent l’exigence de la clarté. Les premières veulent expliquer l’inexplicable (par exemple la télépathie ou la résurrection des morts). Une fausse science cherche même sa légitimité dans les vraies sciences en se basant sur les concepts les moins fiables de ces dernières afin d’établir des dogmes absolus. Elle utilise également un jargon pseudo-scientifique, et il arrive même que des scientifiques se laissent prendre à ces sciences et leur apportent leur soutien. Science et société Science et opinion La science est une connaissance différente de celle de l’opinion (connaissance commune), qui ne peut exister que s’il y a une rupture épistémologique. Il faut pouvoir se libérer des préjugés. Thèse de Bachelard dans La formation à l’esprit scientifique : l’opinion n’est motivée que par un besoin social. Par exemple, l’huître est considérée comme un aphrodisiaque par l’opinion, ce qui scientifiquement est faux. L’opinion cherche un effet ou une cause finale, là ou la science cherche les causes efficientes (cause qui est à l’origine d’une chose). La science se préoccupe de la légitimité de ce qu’elle avance sans se soucier des effets alors que la société fait le contraire. « L’opinion, en droit, a toujours tort. » « L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissance. » « On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. » Les conditions de la science La science est une production sociale, elle est née avec l’avènement du système marchand et du capitalisme car la bourgeoisie avait besoin d’un système de production toujours plus performant. Pour Engels, l’essor de la science est parallèle à la montée de la bourgeoisie. En effet, la bourgeoisie a des besoin pour développer sa production, d’une science qui étudie « les propriétés physiques des objets naturels et les modes d’action des forces de la nature » car avant, la science était au service de l’Eglise. C’est un savoir producteur d’idées, de théories et d’expériences qui est donc soumis aux mêmes conditions sociales que les autres productions. Trois types de travailleurs sont nécessaires pour le fonctionnement du système. Le savant, travailleur de type nouveau qui dégage des lois. L’ingénieur qui applique les théories et l’artisan qui produit. Il existe deux conceptions de la science. Selon Alexandre Koyré, la science a un développement propre, indépendant de la société et le savant est détaché de la société. Sinon, la science est au service de la technique car même les recherches anodines et désintéressées peuvent toujours trouver une application technique. La maxime du capitalisme par rapport à la science nous le montre bien : « ça peut toujours servir ». De plus, la plupart du temps, la recherche est orientée dans le but d’une exploitation sociale. Science et technique Définition de la technique : un ensemble d’opérations qui visent à satisfaire des besoins. C’est un fait culturel caractéristique des sociétés humaines et qui requiert l’utilisation d’instruments (outils, machines…) et qui se différencie donc du travail manuel. La différence entre science et technique est que la science émet des énoncés qui ne transforment pas la réalité. Elle reste un ensemble de connaissances. La technique, au contraire, vise à transformer la réalité. Historiquement, la science est indépendante de la technique. D’après Koyré, la technique a longtemps existé sans la science, et vice versa. En effet, il y eut des inventions comme le télescope par exemple donc les lois physiques ont été découvertes à posteriori par Galilée. La technique influence la science car elle lui donne de nouveaux objets de recherche et peut augmenter ses moyens de recherche. Principes métaphysiques La science repose sur des principes indémontrables. D’ailleurs, le premier objet de l’épistémologie critique est de les mettre à jour et d’en faire l’examen. Exemple : l’étude du mouvement Selon Aristote et sa physique des qualités, le mouvement repose sur une cause interne. Chaque corps a une place, et s’il bouge, c’est pour retourner à sa place. Cela est la cause essentielle du mouvement. De plus, il existe des causes extérieures qui empêchent les corps d’accomplir leur mouvement et des causes accidentelles qui les libèrent et leur permettent de retourner à leur place. Cette théorie repose sur trois principes : - le principe substantialiste : la cause du mouvement est dictée par certaines qualités des corps. Par exemple, les corps tombent car ils sont lourds. - le principe finaliste : toute chose existe en vue d’une fin. - le principe cosmologique : toute chose a une place et une fonction définie. A l’opposé, on trouve Galilée et sa physique des quantités. Il nous montre qu’il est possible de formuler une loi scientifique à partir de principes contestables. La théorie d’Aristote avait des principes erronés qui conduisaient à un savoir erroné. Galilée au contraire, avait des connaissances justes mais fondées sur des principes erronés. Pour lui, la Nature aime les lois simples donc si les planètes suivent des orbites circulaires, c’est que l’ovale est la forme symétrique la plus simple. Modalités de la démarche scientifique Etude des méthodes - la méthode inductive L’induction est une démarche qui consiste à établir une conclusion générale à partir de multiples observations. On fonctionne du particulier au général. C’est la démarche favorite des empiristes car l’observation est le point de départ de la connaissance. Mais une connaissance inductive ne peut jamais être considérée comme certaine car on ne peut pas répéter des observations à l’infini. Selon Bachelard « il faut se méfier d’une généralisation hâtive et mal placée ». Critique de la méthode inductive : Selon Hempel dans Eléments d’épistémologie, la science ne peut se passer d’hypothèses. Au départ, il faut partir d’une hypothèse et ensuite seulement faire une observation significative « Il est nécessaire de hasarder des hypothèses pour orienter une recherche » Hempel. - l’empirisme Il se représente le fait scientifique comme un simple fait d’observation ou une simple constatation. Critique de l’empirisme : Il est impossible, en faisant des observations uniquement dans la Nature, de prendre en compte, déterminer et de contrôler toutes les conditions de l’évènement. Par exemple, le pourcentage d’humidité dans l’air. La deuxième critique porte sur la conception empirique du fait scientifique. Le savant est sensé relier les faits observés par des relations et d’en faire ressortir des lois. Mais le fait scientifique ne peut exister que par rapport à un ensemble de connaissances : isolé, il ne nous apprend rien. La construction du fait scientifique Le savant étudie la Nature simplifiée et non pas telle qu’elle est. Par exemple, pour étudier la chute des corps, on utilise une bille d’acier, un plan incliné et des chronomètres. On peut donc dire que le fait scientifique observé est une simple représentation de ce qui se passe dans la Nature. Le fait scientifique est le produit d’une intention, d’un choix et est dépendant d’une interprétation faite en fonction de l’hypothèse de départ et des connaissances déjà acquises. Lois et théories La notion de loi et toute la conception de la science qui en découle est apparue au XVIIème siècle avec la science moderne. Avant Galilée, les savants n’exprimaient pas le besoin de rassembler toutes leurs observations en lois. La notion de loi suppose que « la Nature est un livre écrit en langage mathématiques. » (Galilée). Si on émet des lois, on suppose qu’il existe un rapport entre la nature et la raison. Cette conception instaure la stabilité, la possibilité et la validité d’une connaissance quantitative. Avec la notion de loi, on pense que tout phénomène peut se mettre sous la forme du « si…alors… », c'est-à-dire la loi. Les lois supposent un ordre immuable dans la nature, car quand on l’observe pour dégager des théories, on suppose que les conditions et les faits y sont réguliers. La nature est conçue comme une harmonie. Le comportement des choses et des êtres suit nécessairement des règles. Pour établir une loi, il est nécessaire de codifier le milieu naturel pour en tirer un ordre mathématique car c’est le plus parfait des systèmes de signes. A l’aide des symboles mathématiques, il est possible de recomposer en combinaisons variées les éléments qu’on étudie. Cependant une loi scientifique ne se réduit pas à un énoncé vérifiable par l’observation ou l’expérimentation, il existe d’autres conditions : - Il faut pouvoir exprimer un rapport universel et nécessaire entre plusieurs phénomènes pour fournir une explication causale même si la nature de la cause - est inconnue. Dans la pratique, cette règle est parfois un peu assouplie. Il faut posséder un haut degré de généralité c'est-à-dire qu’une loi va toujours plus loin que la somme des expériences ou observations qui la vérifient. Il en découle deux conséquences. La première est que l’universalité de la loi ne peut être induite des seules expériences ou observations. De plus, la loi doit s’attendre à des évènements invérifiables, cela signifie qu’elle est un énoncé dont on doit pouvoir déduire des énoncés particuliers en nombre limité. Une théorie est un système logique explicatif qui relie de façon intelligible entre eux tous les faits et les différentes lois qui appartiennent à un champ de connaissances. Les théories sont animées par des idées très générales, ce qui fait qu’il est toujours possible de les résumer de façon schématique en une formule, qu est en en sorte un guide méthodologique applicable à tout le champ concerné. Une théorie tient sa force de la confirmation que lui donnent à la fois l’absence de démenti des faits et sa conformité avec le reste du savoir scientifique. Cette définition pose deux problèmes : - la théorie contient à la fois des observations et des expériences, il s’agit dévaluer la place qu’il faut accorder à l’expérience et à la raison. Les empiristes pensent qu’il faut accorder une place prépondérante à l’expérience et au contraire le conventionnalisme considère que la théorie se réduit à une hypothèse rationnelle. La question reste de savoir s’il faut considérer les théories comme certaines ou seulement probables. - Est-on capable de vérifier totalement une théorie par l’observation et l’expérience ? - Comment établir la frontière en science et métaphysique ? comment éviter que la science ne s’égare dans la métaphysique par exemple à cause d’une généralisation abusive ? Peut-on étendre le fonctionnement des sciences exactes telle que la biologie aux sciences humaines ? Vérification des théories Le problème pour vérifier une théorie est que l’on met en présence en présence un fait réel et son explication hypothétique. Les faits sont donc empreints de théorie, ce qui peut fausser la vérification (thèse de Pierre Thuillier et de Georges Canguilhem). Carl Popper, dans La logique de la découverte scientifique, met en avant les quatre procédures de vérification d’une théorie : - la comparaison logique des conclusions entre elles, ce qui permet de tester la cohérence globale du système - la recherche de la forme logique de la théorie la comparaison avec d’autres théories pour voir si celle-çi constitue un progrès scientifique - la mise à l’épreuve des conclusions par des applications empiriques Cette thèse soulève différents problèmes : - il est toujours difficile de déterminer si une théorie va être dès sa naissance un progrès scientifique ou pas - la cohérence interne d’une théorie ne prouve pas sa véracité mais seulement sa validité, or la théorie doit être vraie avant d’être validée et non le contraire (M. Schlick) L’expérimentation Définition de la notion d’expérience en science : Une expérience n’apprend rien si il n’y a pas d’hypothèse de départ L’expérimentation ne peut se concevoir que si elle est voulue et provoquée par l’expérimentateur pour vérifier une loi ou mettre en évidence un phénomène. La différence entre l’expérimentation et l’observation est le caractère volontaire de l’expérimentation. Le savant soumet la nature à une interrogation pour obtenir une réponse qu’elle soit négative ou positive. L’expérimentation est une activité rationnelle : formulation d’une hypothèse et mise au point d’un dispositif expérimental. Elle est selon Bachelard la manifestation même « du rationalisme appliqué ». Mais est-il légitime pour autant de réduire l’observation scientifique à un pur et simple enregistrement passif des faits (Claude Bernard). En réalité l’observation est aussi active que l’expérimentation (utilisation d’instruments aussi complexes et démarche analogue. De plus l’observation est toujours motivée par les découvertes intérieures ou les recherches en cours. Il ne faut donc pas sous-estimer la valeur quasi-expérimentale de l’observation. On ne peut pas parler de différence de nature entre expérimentation et observation mais d’une différence de degré. Les procédures expérimentales : Les procédures expérimentales sont différentes selon l’état d’avancement des recherches et la complexité des faits étudiés, il n’y a pas de procédure unique. Par exemple les empiristes tentent de ramener l’expérimentation à une simple manipulation des variables, le rôle de l’hypothèse n’apparaît pas. Carnap et Hempel quant à eux décrivent la méthode expérimentale comme une série de tâtonnements successifs. Les grandes notions philosophiques 1. La connaissance, la raison, la science. Michel Coudarcher / Mémo seuil Modalités de la démarche scientifique _ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater. Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement philosophique. _ Chapitre 2 B, page 9 : le principe du raisonnement par l’absurde consiste à démontrer indirectement une proposition en prouvant que la proposition contradictoire est fausse. _ Chapitre 3, B page 13 : Pour Newton, il ne s’agit plus de faire ou plutôt d’imaginer des hypothèses mais de partir de l’observation des phénomènes et d’en rechercher les relations causales par induction analytique. _ Chapitre 4 B, page 19 : L’interrogation socratique : méthode maïeutique et ironique qui consiste en une pratique d’interrogation sur ce que parler veut dire. _ Chapitre 5, Ba, page 26 : La révolution mathématique de Thalès, décrite par Kant, qui illustre dans la seconde édition de la « Critique de la raison pure », l’accession des mathématiques au statut de science. _ Chapitre 5 B, page 28 : Eratosthène (III av J-C) a déterminé la mesure du méridien terrestre d’une façon remarquablement très simple. Il inventa une méthode rigoureuse. _ Chapitre 5 C, page 28 : Euclide et l’idée de théorie démonstrative. Dans ses « Eléments », il codifie la méthode de démonstration mathématique. C’est un effort conscient pour se dégager de l’expérience sensible en énonçant clairement les postulats. Einstein disait : « Qui n’aurait pas lu ou aimé Euclide ne saurait jamais ce qu’est la science théorique. A la base, la rigueur de la démonstration mathématique est l’existence d’une justification rationnelle. à Exemple d’un postulat d’Euclide : « Par un point extérieur à une droite, on ne peut mener qu’une seule parallèle à cette droite. » A partir de là, s’enchaînent des théorèmes ou propositions, énoncés avant la démonstration. Le corollaire tire les conséquences d’un théorème déjà démontré. _ Chapitre 5, Cc page 31 : Le caractère synthétique a priori des jugements mathématiques. Ils sont indépendants de toute expérience. Le raisonnement mathématique n’est pas réductible à la simple logique, qui est purement analytique. Kant dans l’introduction de la « Critique de la raison pure », montre que les jugements mathématiques sont tous synthétiques. _ Chapitre 6, B, page 32 : Selon l’article du « Vocabulaire » de Lalande, la théorie rattache des conséquences à des principes. à Théorie, loi, hypothèse. _ Chapitre 6, C page 33 : Lalande pense que l’induction ne peut se faire sans hypothèse, autrement dit sans une théorie préalable à l’expérience qui la valide. Le paradoxe est que la démarche expérimentale ne consiste pas à tirer l’idée du fait (selon la thèse empiriste banale) mais le fait de l’idée. _ Chapitre 6, C page 33 : Galilée fait l’expérience de la tour de Pise. Tout d’abord une loi est qualitativement déterminée, ensuite on mesure, la loi est alors quantitativement déterminée. _ Chapitre 9 B, page 45 : une hypothèse n’est scientifique que si ce n’est pas une simple idée en l’air. Si elle permet de construire des faits qui confirmeront ou infirmerons l’idée. Elle s’achève nécessairement dans une expérimentation. _ Chapitre 10, A, page 56 : La théorie scientifique est définie comme un système de propositions mathématiques déduites d’un maximum de principes, pour représenter un ensemble de lois expérimentales. _ Chapitre 10, B page 56 : les principes de déduction sont des hypothèses au sens mathématique. La déduction consiste en une combinaison des principes suivant les règles de l’analyse mathématiques. Finalités de la démarche scientifique ÷ La recherche de la vérité : _ Chapitre 1 B-b, page 6 : qui y a-t-il de commun entre les différents types de connaissance ? Toute connaissance est avant tout connaissance de la vérité. _ chapitre 1 B-b, page 6 : comment concilier raison et expérience ? Tel est le problème essentiel de la science. Le problème auquel veut répondre toute entreprise scientifique digne de ce nom est proprement métaphysique : il est celui des rapports de l’esprit et du réel, autrement dit celui de la vérité. _ Chapitre 2, page 7 : Dans « Lettre à Marsenne », Descartes pose un curieux problème qui montre qu’on ne peut pas établir une définition de la vérité car la définition de la vérité suppose la vérité de la définition. (Critique du livre « De la vérité » d’Herbert de Cherbury) La notion proprement métaphysique de vérité ne peut donc être mise sur le même plan qu’une notion positive. _ Chapitre 2, B, page 9 : la vérité comme conformité de l’esprit à la chose. La référence ultime, c’est le réel en tant qu’objet extérieur que mon esprit ne peut modifier et auquel il doit se soumettre. _ Chapitre 7, page 35 : L’observation (tout le chapitre s’y occupe) --------à problème actuel : Doit-on dire qu’il faut abandonner l’idée classique de vérité absolue ? Cela équivaudrait à un retour du relativisme. ÷ La recherche de solutions : _ Chapitre 10, page 60 : Jacques Monod insiste sur le caractère essentiellement problématique de la connaissance scientifique et dit que la science a pour finalité essentielle de trouver des solutions. ÷ La recherche de la connaissance : _ Chapitre 1 B-b, page 6 : qui y a-t-il de commun entre les différents types de connaissance ? Toute connaissance est avant tout connaissance de la vérité. _ Chapitre 10 C-b, page 58 : Cournot dans « l’Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de le critique philosophique» dit que la science est la connaissance logiquement organisée. Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports science/réel _ Chapitre 1 B-b, page 6 : « l’expérience est le fait pour le sujet de recourir à l’extériorité de l’objet ». A partir de là, deux questions se posent mais qui vont en sens opposés. D’une part, l’illusion menace encore car en croyant atteindre l’objet, c’est moi-même et ma perception que je saisis. D’autre part, la notion d’expérience est plus large que la notion d’expérimentation. _ Chapitre 1 B-b, page 6 : qui y a-t-il de commun entre les différents types de connaissance ? Toute connaissance est avant tout connaissance de la vérité. _ Chapitre 2, page 7 : Dans « Lettre à Marsenne », Descartes pose un curieux problème qui montre qu’on ne peut pas établir une définition de la vérité car la définition de la vérité suppose la vérité de la définition. (Critique du livre « De la vérité » d’Herbert de Cherbury) La notion proprement métaphysique de vérité ne peut donc être mise sur le même plan qu’une notion positive. _ Chapitre 2, B, page 9 : la vérité comme conformité de l’esprit à la chose. La référence ultime, c’est le réel en tant qu’objet extérieur que mon esprit ne peut modifier et auquel il doit se soumettre. _ Bilan, Chapitre 11, page 61 : La science est à la fois relative à notre pensée et assise sur le réel. Elle exige l’universalité et est liée à la transparence de ses procédés ouvrant la possibilité constante d’un dépassement. Débat épistémologique sur les rapports science de la nature/sciences de l’homme Science antique/science moderne _ Chapitre 4, page 18 : Pour que les Grecs, la pluralité des hypothèses était l’indice de la fécondité de la raison capable de présenter différentes explications des mêmes faits. _ Chapitre 4 B, page 19 : L’interrogation socratique : méthode maïeutique et ironique qui consiste en une pratique d’interrogation sur ce que parler veut dire. Science/mythe Science/religion _ Chapitre 5 c, page 24 : Il y a une mystique du nombre et de la figure chez Pythagore, dont des traces subsistent chez Platon. L’astronomie pythagoricienne est liée à une astrologie et l’arithmétique à une « arithmologie », la géométrie a eu elle aussi sa science occulte associée. à Voir les exemples de la décade (nombre sacré : 1+2+3+4) àEt l’exemple du triangle sacré. Science/philosophie _ Chapitre 2 B, page 8 : des problèmes philosophiques · juger de la vérité d’un énoncer en le référant à la réalité de la chose supposerait que l’esprit soit déjà en possession de la réalité de la chose. Or n’est ce pas précisément ce qui est mis en question ? · un critère universel de la vérité ne pourrait, par définition s’appliquer au rapport de la connaissance avec son objet. _ Chapitre 3, page 13 : B : L’empirisme est-il nécessairement sceptique ? Newton (« Principia mathematica ») et Locke (« Essai philosophique concernant l’entendement humain » pensent que l’empirisme triomphant en physique, cherche à s’attendre à tous les domaines de la pensée et à fonder dans l’expérience seule la certitude philosophique. Science/art Science/savoir _ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater. Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement philosophique. _ Chapitre 1 B/, page 5 : Montaigne a délimité le problème des rapports de la raison et de l’expérience dans la connaissance au dernier chapitre des « Essais » (III, 13). « Il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance, quand la raison nous manque nous employons l’expérience. _ Chapitre 2 B, page 9 : le principe du raisonnement par l’absurde consiste à démontrer indirectement une proposition en prouvant que la proposition contradictoire est fausse. _ Chapitre 3, page 10 : L’expérience est-elle la seule source exclusive de la connaissance, doit-elle être exclue au profit de la raison ou bien doit-on reconnaître sa nécessité sans pour autant la couper de la raison ? _ Chapitre 3, A-b, page 10 : Pour les sophistes, ce qui compte, ce n’est ni la vérité du discours ni son rapport à la finalité mais son efficacité. Science et société _ Chapitre 3, A-b, page 11 : L’humanisme et l’individualisme, thèse de Platon : même dans la plus parfaite démocratie, on ne peut soumettre au vote ce qui relève de la science. Pour Protagoras, je peux dire ce que je veux, n’importe quoi puisque je laisse aux autres la même liberté. Ce qui compte c’est que je l’emporte grâce à la séduction, la tromperie et même pourquoi pas à ma sincérité. Le procès de la science (et/ou de l’hégémonie de la science) : les éloges, les critiques, absolus, relatifs _ Chapitre 2 B, page 8 : des problèmes philosophiques · juger de la vérité d’un énoncer en le référant à la réalité de la chose supposerait que l’esprit soit déjà en possession de la réalité de la chose. Or n’est ce pas précisément ce qui est mis en question ? · un critère universel de la vérité ne pourrait, par définition s’appliquer au rapport de la connaissance avec son objet. _ Chapitre 10 C-le problème du progrès. · La falsifiabilité. Selon Popper, le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de la tester, de l’invalider ou de la réfuter. L’enjeu de Popper n’est pas entièrement épistémologique) Science/sensation _ Chapitre 3–d, page 12 : Empirisme et relativisme, si la science se ramène à la sensation que reste t-il ? Plus de théorie, que de l’expérience. On aboutit à une réduction de la réalité à l’apparence, de la science à l’opinion. L’existence de chaque chose ne repose plus sur des critères. _ Chapitre 4, page 17 : L’exemple des osselets nous montre que les idées mathématiques font éclater les contradictions du sensible, comment leur application à l’expérience fait apparaître que nous ne vivions que dans un songe confus en prenant le sensible pour l’unique réalité. _ Chapitre 7, page 39 : Le sensible, le phénomène et le réel. Le problème est de savoir quelle est la part des sens dans l’élaboration de la pensée de l’objet. L’usage des sens n’est pas absolument exclu de certains domaines scientifiques. _ Chapitre 7, Cb : page 39 : comment l’expérimentation rend-elle à la fois sensible et intelligible ce qui ne le serait pas sans elle ? _ Chapitre 9 A, page 43 : Aristote est considéré comme le chef de file de l’empirisme. Sa thèse est qu’il n’est pas possible par la sensation d’acquérir une connaissance scientifique. La raison en est que la sensation porte sur telle chose déterminée dans un lieu et à un moment déterminés. La sensation portant sur l’individuel n’est pas la science qui porte sur l’universel. Science / empirisme _ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater. Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement philosophique. _Chapitre 1 B/, page 5 : Montaigne a délimité le problème des rapports de la raison et de l’expérience dans la connaissance au dernier chapitre des « Essais » (III, 13). « Il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance, quand la raison nous manque nous employons l’expérience. _ Chapitre 1 B-b, page 6 : « l’expérience est le fait pour le sujet de recourir à l’extériorité de l’objet ». A partir de là, deux questions se posent mais qui vont en sens opposés. D’une part, l’illusion menace encore car en croyant atteindre l’objet, c’est moi-même et ma perception que je saisis. D’autre part, la notion d’expérience est plus large que la notion d’expérimentation. _ Chapitre 1 B-b, page 6 : comment concilier raison et expérience ? Tel est le problème essentiel de la science. Le problème auquel veut répondre toute entreprise scientifique digne de ce nom est proprement métaphysique : il est celui des rapports de l’esprit et du réel, autrement dit celui de la vérité. _ Chapitre 3, page 10 : L’expérience est-elle la seule source exclusive de la connaissance, doit-elle être exclue au profit de la raison ou bien doit-on reconnaître sa nécessité sans pour autant la couper de la raison ? _ Chapitre 3, page 13 : B : L’empirisme est-il nécessairement sceptique ? Newton (« Principia mathematica ») et Locke (« Essai philosophique concernant l’entendement humain » pensent que l’empirisme triomphant en physique, cherche à s’attendre à tous les domaines de la pensée et à fonder dans l’expérience seule la certitude philosophique. _ Chapitre 3 page 14 : Toutes les thèses de Hume concernant l’analyse de l’expérience, dont l’empirisme et la réduction de la relation causale à l’habitude. à L’exemple célèbre des boules de billard. à Le miracle de Jeans _ Chapitre 4, page 17 : L’exemple des osselets nous montre que les idées mathématiques font éclater les contradictions du sensible, comment leur application à l’expérience fait apparaître que nous ne vivions que dans un songe confus en prenant le sensible pour l’unique réalité. _ Chapitre 6, A, page 33 : Le rapport de la théorie à l’expérience dans la connaissance scientifique pose un problème. On pourrait croire que l’expérience collectionne les faits et que la théorie les ordonne ensuite rationnellement. Or il n’en est rien. On ne peut pas concevoir un rapport à la réalité empirique qui serait indépendant de toute construction rationnelle. _ Chapitre 6, C page 33 : Lalande pense que l’induction ne peut se faire sans hypothèse, autrement dit sans une théorie préalable à l’expérience qui la valide. Le paradoxe est que la démarche expérimentale ne consiste pas à tirer l’idée du fait (selon la thèse empiriste banale) mais le fait de l’idée. à Le problème de l’induction. _ Chapitre 7, page 35 : Le fait naturel et le fait expérimental. à Le tube de Newton : après avoir fait le vide dans un tube, on le retourne. Des objets de nature, de densité, de formes très diverses, comme une bille de plomb et une plume restent groupés dans leur chute. Cela donne une des lois de Newton, « tous les corps, qu’ils soient lourds ou légers, tombent à la même vitesse. à Alain, dans « Eléments de philosophie » note qu’observer, c’est percevoir avec attention et qu’expérimenter, c’est changer la chose pour voir ce qui résultera du changement. _ Chapitre 7, Cb : page 39 : comment l’expérimentation rend-elle à la fois sensible et intelligible ce qui ne le serait pas sans elle ? _ Chapitre 8, à partir de la page 40 : L’observation nous fait découvrir le problème de la mesure. Les notions de grandeur et de mesure sont essentielles à la constitution d’une expérimentation scientifique. _ Chapitre 9 A, page 43 : Aristote est considéré comme le chef de file de l’empirisme. Sa thèse est qu’il n’est pas possible par la sensation d’acquérir une connaissance scientifique. Science / raison _ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater. Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement philosophique. _Chapitre 1 B/, page 5 : Montaigne a délimité le problème des rapports de la raison et de l’expérience dans la connaissance au dernier chapitre des « Essais » (III, 13). « Il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance, quand la raison nous manque nous employons l’expérience. _ Chapitre 3, page 10 : L’expérience est-elle la seule source exclusive de la connaissance, doit-elle être exclue au profit de la raison ou bien doit-on reconnaître sa nécessité sans pour autant la couper de la raison ? _ Chapitre 3, page 13 : Leibniz pense que la raison aperçoit la liaison des vérités. Ceci est critiqué par Hume qui réduit « connaître » à « voir ». _ Chapitre 6, A, page 33 : Le rapport de la théorie à l’expérience dans la connaissance scientifique pose un problème. On pourrait croire que l’expérience collectionne les faits et que la théorie les ordonne ensuite rationnellement. Or il n’en est rien. On ne peut pas concevoir un rapport à la réalité empirique qui serait indépendant de toute construction rationnelle. _ Chapitre 9, B-b page 45 : la raison scientifique est la raison aux prises avec les faits. Kant l’appelle « entendement ». Kant exprime ainsi l’idée de Newton. Science et technique _ Chapitre 9, 2-Technique et science : page 46 : Il faut distinguer dans le fait scientifique ce qui appartirent à la simple technique et ce qui est proprement scientifique. à La loi de la chute des corps : notamment grâce au dispositif scientifiquement très élaboré du plan incliné qui montre la généralisation de la loi du mouvement d’un corps sous l’action d’une force constante. DE LA PHILOSOPHIE – MICHEL GOURIRAT chapitre : Qu’est ce que la philosophie ? Tableau comparatif Philosophie / Science Philosophie Science Nécessaire au maintien et au développement de la science Dépassée par les progrès scientifiques et techniques Entreprise purement spéculative, a pour objet la connaissance pure Non soumise à des fins utilitaires Suit un processus d’assimilation hésitant (beaucoup de temps entre la découverte d’une théorie et son application pratique) Les sciences libèrent l’homme des contraintes naturelles. Soumise à des fins utilitaires Suit un processus d’assimilation hésitant (beaucoup de temps entre la découverte d’une théorie et son application pratique) La technique moderne a hérité de la philosophie le sens de l’efficacité indirecte. A pour ambition de rassembler dans Spécialisation l’unité d’une pensée la totalité de la culture de son temps Dans des sociétés qui ne reposent pas Repose sur les leçons de l’expérience exclusivement sur l’accumulation de l’expérience (elle conteste la validité absolue de l’expérience et cherche à la dépasser en élaborant une science de l’action) Se développe dans les périodes de Se développe dans les périodes d’essor stagnation et de retard économique ou de dysfonctionnements Bien universel et spirituel (qui ne peut Peut être marchandée (brevets) être traitée de manière commerciale). Contemple des objets plus bas que les autres sciences Moment avant la pratique Moment de la production technique Dépendante de son contexte et de son Objective auteur Les thèses philosophiques se réfutent Caractère de scientificité de mutuellement non-contradiction (constructive) Enseignement éphémère, par la parole Enseignement séculaire Incapacité philosophique Applications pratiques Hypnotisée par l’objet de sa Modifie son objet d’observation d’une contemplation façon active Résumé du chapitre Nous allons tenter de définir la philosophie en elle-même et non par comparaison avec les autres formes de culture. 1 / NECESSITE DE LA PHILOSOPHIE La philosophie serait l’ensemble des œuvres littéraires qu’elle a produites, mais la culture est vivante, la philosophie est donc aussi le moyen d’une éducation et d’un développement de l’homme. La philosophie est nécessaire au maintien et au développement de la science et de la religion qui doivent faire une réflexion philosophique sur leurs propres fondements, mais elle doit également exister comme entreprise indépendante. La nécessité de la philosophie peut être remise en cause, car elle récuse la spécialisation de la pensée scientifique et les élans mystiques. Même si la philosophie appartient à la culture comme forme antérieure de la pensée, elle semble aujourd’hui être dépassée voire abandonnée. A / La nécessité absolue de la philosophie Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être, or la philosophie a un début (VIème siècle avt JC) et envisage sa fin : elle n’est donc qu’une entreprise historique, il n’y a pas de nécessité éternelle de la philosophie. B / La nécessité historique de la philosophie Est nécessaire ce qui est conséquence inéluctable de causes rigoureusement déterminées. La philosophie peut ainsi être tenue pour le résultat historique de conditions historiques déterminées (état de la production artisanale, importance de l’esclavage, relation étroite à la mer en Grèce au VIème siècle avt JC). Mais ces conditions favorables ne prouvent pas la nécessité de la philosophie, aussi née de la libre initiative humaine. La philosophie est dépassée par les progrès scientifiques et techniques. Son existence de la philosophie n’est donc pas nécessaire : elle dépend de libres décisions individuelles et sociales en sa faveur qui sont de moins en moins probables. C / La philosophie et la vie La philosophie n’est pas nécessaire à la vie, dans le sens où il n’est pas impossible de vivre sans elle. Cette entreprise purement spéculative ne peut se développer que lorsque les besoins vitaux sont satisfaits. La philosophie enseigne une attitude désintéressée et libère de l’ignorance, elle résulte et contribue à la fois de la libération à l’égard des besoins. Elle n’est pas soumise à des fins utilitaires comme les autres sciences, elle parait donc moins nécessaire. Les sciences libèrent l’homme des contraintes naturelles, alors que la philosophie n’est que spéculation. La liberté philosophique est le privilège de ceux qui profitent de loisirs (les propriétaires d’esclaves en Grèce antique) ou alors à ceux qui vivent dans le parasitisme (les Cyniques). La philosophie suppose donc résolu le problème de l’indépendance économique du philosophe. La philosophie est un bien universel et spirituel (qui ne peut être traitée de manière commerciale comme l’ont fait les Sophistes). La philosophie se propose comme une tache, non contrainte mais bonne pour notre liberté. Elle est donc nécessaire dans le sens de ce sans quoi le bien est impossible ; elle est nécessaire à une vie vraiment humaine où l’homme se rend maître de son destin par sa propre réflexion. La nécessité de la philosophie est donc conditionnelle. 2 / LA PHILOSOPHIE COMME SAGESSE La philosophie peut donc être considérée comme superflue (nécessité dans le sens vital) ou absolument nécessaire (nécessité comme condition indispensable d’une vie vraiment bonne). Si la véritable sagesse est de se rendre « maître et possesseur de la nature », alors une philosophie purement spéculative sera inutile. Mais si l’on considère le développement de l’homme comme fin, alors la véritable sagesse se trouverait au-delà des besoins. A / La fuite hors du monde Pour l’homme asservi aux besoins, la philosophie amènerait à une sagesse individuelle qui consiste à se retirer de la société pour développement personnel. Le philosophe se confond alors souvent avec le mystique contemplatif qui fuit le monde et prône une sagesse prudente et mesurée pour jouir uniquement des joies de la réflexion. B / L’incapacité philosophique Calliclès soutient que la philosophie n’a qu’une valeur de discipline culturelle, et est incompatible avec le sérieux de l’age mur. La mort de Socrate illustre l’impuissance de la philosophie. Comme il est homme, le philosophe est tenté de prendre le parti de la jouissance et du besoin. La prétendue supériorité du philosophe qui ignore ce qui est à ses pieds est aussi dérisoire que celle de Thalès, astronome, qui se laisse tomber dans un puits. La philosophie n’est pas l’art de conduire sa vie avec sagacité et prudence (pur les Grecs est prudent celui qui est prévoyant et avisé). C / L’angélisme philosophique Quand il cherche à déconcerter les paradoxes, le philosophe produit finalement la stupeur de la pensée. Le philosophe ne se propose pas d’autre but que de connaître, il reste hypnotisé par l’objet de sa contemplation plutôt que de le modifier d’une façon active. La philosophie contemplative est donc conservatrice et réactionnaire, car postérieure à la réalité. Elle serait aussi un phénomène de décadence car elle se développe le plus souvent dans les périodes de stagnation et de retard. 3 / SIGNIFICATION PRESENTE DE LA PHILOSOPHIE La conscience moderne combat la philosophie au nom de l’esprit pratique et des valeurs de l’action. La philosophie est à la fois une essence intemporelle mais aussi un processus culturel historiquement déterminé. A / L’attitude philosophique La philosophie a depuis longtemps cherché à se garantir du reproche d’inefficacité qu’on lui fait, en objectant que le savoir théorique pouvait comporter une efficacité pratique indirecte ou à long terme. A très longue échéance l’interprétation philosophique du monde à été un élément décisif de sa transformation, même si c’est plutôt la séparation entre philosophie et action qui est visible. Le savoir scientifique suit un processus d’assimilation hésitant, et il s’écoule beaucoup de temps entre la découverte d’une théorie et son application pratique, il en est ainsi pour la philosophie. La théorie est nécessaire à l’action, même si l’expérience peut parfois guider l’action mais à courte portée. La « sagesse des nations » qui condense en proverbes l’expérience sert de base à la philosophie qui elle apparaît quand l’homme exige les justifications plus profondes de la conscience et de la pensée. Les sociétés où se développe la philosophie se distinguent donc des autres en ce qu’elles ne reposent pas exclusivement sur l’accumulation de l’expérience. La philosophie consiste à contester la validité absolue de l’expérience et cherche à la dépasser en élaborant une science de l’action (qui ne signifie pas agir) dans une morale. Seule une réflexion théorique systématique peut rendre l’action humaine pleinement rationnelle en éliminant les éléments de superstition et de routine (liés à l’expérience). Une sagesse n’est en effet qu’un art de vivre, une réglementation “artisanale” de l’action humaine. La philosophie n’est pas l’art de la sagesse, car elle est abstraite et insuffisamment pratique ; mais ce n’est pas pour autant qu’il faille revenir aux sagesses qui sont historiquement antérieures à la philosophie et ne peuvent suffire aux besoins des sociétés modernes. La technique moderne a hérité de la philosophie le sens de l’efficacité indirecte (par exemple les expériences spatiales). L’émerveillement philosophique est actif et donne le mouvement nécessaire à la production de la connaissance scientifique et de la domination technique du monde. L’émerveillement devant les pouvoirs de l’homme est caractéristiques des sociétés européennes et est à l’origine de leur puissance technique. Le développement technique l’époque contemporaine est si complexe que l’on a dépassé son utilitarisme et on s’émerveille de nouveau devant le mystère et la beauté du monde, ainsi le sens moderne du merveilleux reste philosophique. B / La philosophie comme pensée Le merveilleux moderne est plus philosophique que le merveilleux antique, plus poétique et mystique. L’élévation philosophique est moins une élévation mystique qu’une élévation de la pensée. Une première tendance de la philosophie, où elle serait la contemplation des objets plus bas que les autres sciences qui tendrait vers la vision de l’Etre éternel, la rapproche de la religion et donne à la science une dimension purement contemplative et mystique. Mais il n’est ni scientifique, ni philosophique d’établir entre les objets des rapports de dignité, la philosophie s’intéresserait plutôt à la réalité familière (proximité du philosophe). La philosophie doit d’abord s’élever à la pensée pour redescendre ensuite en prenant pour objet la vie ici et maintenant. Si la philosophie antique avait pour but d’élever la pensée, la philosophie moderne “ramène du ciel sur la terre ” en prenant des objets proches de la réalité quotidienne. Mais l’activité technique et scientifique moderne est le résultat lointain de la critique philosophique, ce serait donc l’achèvement de la philosophie. Cependant cette affirmation du dépassement de la philosophie reste purement théorique. La société scientifique et industrielle reste affecté de contradictions non résolues, et le sentiment contemporain de crainte et d’admiration à l’égard de la science et de la technique reste encore tragique, pré-philosophique, donc la philosophie n’est pas achevée. La philosophie trouve dans la décadence sociale (quand la pensée se replie sur elle-même) les conditions intellectuelles et morales de son développement pour satisfaire la conscience. La philosophie antique n’a pu qu’opposer contemplation et action car il était alors impossible de mettre en évidence une relation immédiate entre théorie et pratique (Pythagore n’a jamais imaginé que ses théorèmes pouvaient avoir une conséquence pratique). L’expérience de la société industrielle montre clairement que plus elle est théorique, plus la science comporte d’efficacité pratique. La théorie scientifique est un moment de la production technique. Pour le marxisme, la théorie doit s’achever et s’abolir dans la pratique. Pour Nietzsche, le philosophe écrit l’histoire humaine, dont l’homme d’action n’est que l’acteur. La philosophie n’est liée à la science qu’au moment théorique de l’action humaine pour atteindre le niveau technique. La philosophie est une construction d’idées que la conscience oppose à une réalité qui la déçoit. Le philosophe ne dit pas ce qui doit être mais comment ce qui doit être connu. La philosophie ne se préoccupe pas de savoir si elle présente une utilité pratique, elle répond moins aux besoins de l’action qu’à celui du développement de la pensée. C / La philosophie comme forme de culture L’ambition du philosophe de rassembler dans l’unité d’une pensée systématique la totalité de la culture de son temps semble devenue aujourd’hui impossible à cause de l’accroissement du savoir (spécialisation scientifique, division du travail intellectuel). Il est donc tenté de se spécialiser au risque de devenir dilettante, touchant à tout, ou séducteur, faisant croire qu’il sait ce qu’il ignore. Même quand il arrive à surmonter ces pièges, le philosophe a seulement une vue philosophique insignifiante dans la dispersion du jugement. La philosophie constitue à la fois le rassemblement de la culture passée, et le point de départ vers la culture à venir, vers le progrès et le renouvellement des sciences. Elle domine la dispersion des savoirs en faisant abstraction des principes et en étant universelle. La science et l’érudition contemporaines ont fait progresser notre connaissance de l’histoire de la philosophie. Si comme le matérialisme historique, on considère la philosophie comme l’idéologie d’une époque déterminée, alors le point de vue scientifique fait de la pensée une simple chose, explicable par ses conditions objectives d’apparition, et à laquelle on ne peut apporter qu’un intérêt extérieur. Mais l’histoire de la philosophie ne contient que des philosophies mortes. De plus, les thèses philosophiques n’ont cessé de se réfuter mutuellement, ce qui empêche la philosophie de répondre à ce critère de scientificité. Selon Hegel, l’expression “penser par soi-même” est un pléonasme. Comment penser par les autres ? Toute philosophie peut être enseignée, car elle est constituée en doctrine. Si toute philosophie est de la philosophie, pour autant aucune philosophie n’est la philosophie ; même si à son époque, chaque philosophie constitue la forme suprême de la pensée. Il existe donc une contradiction entre le caractère nécessaire de chaque philosophie et son caractère limité (à une époque), une philosophie doit donc être réfutée par les suivantes, mais il est plus facile de réfuter une philosophie que de comprendre comment à son époque elle résultait de besoins de l’esprit. Cependant même quand elles sont réfutées par d’autres les philosophies se maintiennent, et peuvent même être utilisées comme élément dans un ensemble plus vaste. Il faut tout de même éviter l’écueil de l’éclectisme, qui tente de concilier toutes les philosophies mais peut se transformer en mélange informe. Selon Marx, toute philosophie est en fait une idéologie, c’est-à-dire un système d’idées qui exprime et justifie des intérêts sociaux et est donc issue et dépendante de son contexte et de son auteur. La réfutation d’une philosophie justifiée par sa contradiction entre le caractère universel de ses ambitions et le caractère limité de ses prises de positions est une critique scientifiquement objective, mais par conséquent aussi unilatérale. La philosophie reflète l’esprit de son époque, mais quand on la considère comme prise de conscience abstraite, elle est aussi différente de la simple expression de l’esprit son temps. L’histoire scientifique de la philosophie, comme succession de faits, donne une base empirique au développement de la pensée ; mais la pensée philosophique ne peut se limiter à son histoire chronologique. Même si nous pouvons les comprendre, les philosophies passées ne proposent pas de réponses à nos problèmes contemporains. Les œuvres ne sont que le résultat mort de la philosophie passée, la philosophie est donc vivante dans l’activité opérante de la pensée. L’enseignement de la philosophie est éphémère car il n’est que parole, il nécessite donc la conviction propre du professeur et une participation active des auditeurs. chapitre : science et philosophie 1ère rubrique : La constitution des sciences et de la philosophie dans la pensée grecque (Aristote). 1) Les hommes ont par nature le désir de savoir et la première forme de connaissance se fait par la sensation. 2) Ensuite, l’empirisme résulte des associations de la mémoire. Puis l’art provient de l’empirisme. L’art est ici entendu au sens artisanal, on dit aussi les arts et métiers. 3) Les premiers rudiments de la science se constituent alors dans le prolongement des arts et métiers. La science est l’activité de théorisation, même si elle conserve nécessairement une part d’empirisme, de liaison avec le concret. Donc l’art fournit la liaison, la transition de l’efficacité simplement empirique au savoir scientifique. 4) Enfin, au-dessus du savoir scientifique se trouve le savoir philosophique, seul à être universel, qui se définit par la recherche des fondements des principes des sciences. La philosophie est dite « science première » ou « unité supérieure du savoir ». Notons que le terme « science première » est équivoque : en effet, selon ce schéma la philosophie est apparue la dernière dans le développement historique de la connaissance humaine . Mais cela s’explique par le fait que justifier, fonder, consiste à renvoyer à des vérités plus hautes. 2ème rubrique : La philosophie, la science et leurs rapports. 1) Dans la pensée grecque : Platon. Pour Platon, la philosophie est la recherche de la « sophie », forme suprême du savoir. Dans le Théètète, il critique les thèses sensualistes et empiristes qui limitent à la connaissance sensible le développement du savoir, car ce sont des données variables dans le temps et subjectives (eau froide/chaude…). Donc cela ne permet pas de constituer une science. Il manifeste une volonté d’aller au-delà, pour atteindre la pensée pure, l’ordre de la « vérité » et de « l’être » : c’est ce qui constituerait la philosophie. Platon critique vivement les sciences qui sont incapables de réellement remonter aux principes fondamentaux. L’analyse régressive utilisée par les savants grecs (analyse = décomposer pour remonter au simple, puis synthèse = partir des notions simples pour retrouver par déduction, mais fondées par le raisonnement, les propositions qui servaient de point de départ à l’analyse) en revient à des fondements qui ne peuvent eux-mêmes être fondés : toujours des précédents, qui ont des précédents, etc… Platon dit dans République :« Ce dont on ne sait pas le commencement, et dont le milieu et la fin impliquent ce début qu’on ignore, quel moyen que ce simple accord de la pensée avec elle-même devienne jamais une science ? ». Il ouvre donc à quelque chose au-delà, la science proprement dite qui serait la philosophie, consistant à ne « jamais se servir du sensible, mais seulement d’idées prises en elles-mêmes, pour elles-mêmes et par elles-mêmes ». La tâche de la critique socratique est d’avoir mis en évidence le côté négatif de tout savoir, ses incertitudes et ses limites : c’est ce qui donne naissance au scepticisme antique. Cependant paradoxe chez Platon qui critique les sciences et affirme la science absolue : cela est dû à la brièveté énigmatique de ses textes qui posent sans le résoudre le problème du passage de la pensée scientifique à la philosophie. Pour résumer, la définition de la philosophie a évolué ainsi : « Science première » qui examine les principes des sciences pour en contester le caractère limité et contradictoire : mais alors elle risque de se limiter à un contenu problématique et purement critique. Plutôt alors savoir positif du principe de toute connaissance, ou forme la plus rigoureuse du savoir. Mais même, nommer la philosophie science est contradictoire car le « désir de savoir » s’ éteint dans le savoir. Contradiction ultime de la philosophie qui ne peut vivre qu’en cherchant sa propre destruction dans la science absolue, en même temps que son couronnement. Position moderne du problème. Aujourd’hui on a tendance à penser que la technique, et la science qui en est le fondement théorique, répondent à tous les besoins matériels et intellectuels de l’homme, qui ne ressentirait plus la nécessité de l’interrogation philosophique, relevant alors de la « préhistoire de l’esprit humain ». La différence essentielle entre science antique et science moderne est l’introduction de la méthode expérimentale, qui consiste à partir d’observations à établir des hypothèses que l’on démontre ensuite par le raisonnement, puis à en tester la validité grâce à l’expérience, l’expérimentation. Elle s’accompagne d’une modification profonde dans la conception de la vérité. Pour la science antique la vérité est ce qui est justifié (recherche des fondements); pour la science moderne elle repose sur la vérification expérimentale, la confrontation théorie/réalité des faits. Elle est donc indépendante de la philosophie (contrairement à la recherche des fondements propres à la science antique).Donc, le développement des sciences aboutirait à leur émancipation de la philosophie, qui ne serait liée qu’à leur début, ne serait qu’une étape de leur développement. Une fois fondée, c’est-à-dire disposant de ses principes et de sa méthode, une science dispose librement du domaine de la réalité qui lui appartient en propre. Conséquence pour la place accordée à la philosophie : Au premier abord elle n’a plus qu’une place diminuée dans la mesure où scientisme et technocratie proclament la validité universelle de la science et de la technique et renvoient la philosophie à la préhistoire de la pensée. Elle réagit alors en se spécialisant dans des domaines exclus de la science : la vie ou la conscience par exemple. Mais rapidement elle est rejointe et chassée par la biologie et les sciences humaines qui portent justement sur ces domaines. Elle n'a alors plus qu'à se prononcer sur les valeurs. Mais à nouveau l’idée d’une « philosophie des valeurs » semble illusoire car les sciences humaines ou la biologie se prononcent aussi sur des valeurs (normal/anormal, fonctionnel/inadapté…). Et une philosophie qui se contenterait alors de se prononcer sur ce qui devrait être et jamais ce qui est présenterait le paradoxe d’être une moralité sans validité pratique puisque sans liaison avec la réalité. Par conséquent elle va se présenter comme rassemblant la culture, les connaissances des différentes sciences ; mais le philosophe apparaît alors comme le second après le savant ou le technicien, il est compilateur de connaissances théoriques, touche-à-tout, mais concrètement incompétent donc au second plan ( en effet si l’on est malade on appellera un médecin et non un philosophe). La philosophie contemporaine tente alors de s’ouvrir une dernière issue qui consiste à dénigrer la connaissance scientifique, jugée analytique et abstraite. Bergson et Merleau-Ponty la qualifient respectivement de « superficielle » et « de survol », et préconisent plutôt un « retour aux choses mêmes » : ce sont les courants de pensée appelés le bergsonisme et la phénoménologie. La phénoménologie est la connaissance de la réalité telle qu’elle se présente dans les apparences d’une expérience immédiate qui récuse les analyses et interprétations de la connaissance scientifique. Le bergsonisme est la philosophie de l’intuition, c’est-à-dire négation pure et simple de la science au profit d’une connaissance immédiate. Ces deux approches sont des tentatives pour réhabiliter la philosophie comme connaissance primordiale, car il s’agit d’un accès à une réalité plus originelle, fondamentale ( à l’opposé du « superficiel » de la science). 3) La dualité scientisme/intuition : Finalement, on semble assister à une opposition entre scientistes (selon lesquels la philosophie est une étape du savoir définitivement dépassé par les sciences) et philosophes de l’intuition (négation pure et simple de la science au profit d’une connaissance immédiate). Si le scientisme domine dans les mentalités, on peut retenir des philosophies de l’intuition le rappel du fait qu’à la base de toute connaissance se trouve l’intuition sensible . Il faut donc ancrer la philosophie au monde sensible, non au monde pur des idées. D’un autre côté, la contradiction des philosophes de l’intuition consiste à vouloir retrouver « le contact de l’être à l’état brut », alors que la conscience cultivée (dont ils font preuve même en disant cela) est le pouvoir de disposer d’un grand nombre de connaissances résultat d’acquisitions antérieures, se faisant précisément grâce à la science qu’ils prétendent nier. En outre, la science moderne est de plus en plus fidèle au concret et c’est elle seule qui permet par l’abstraction de saisir la réalité dans la différenciation concrète de ses éléments, là où l’intuition n’est qu’une approche globale, indifférenciée. Donc, contrairement à l’opinion commune, l’abstraction n’est pas « vide », elle vise à connaître le concret véritable, de manière très précise, pour passer du concret perçu au concret pensé. On peut donc, à la différence des scientistes, affirmer que la science n’est pas achevée et a toujours besoin d’une réflexion philosophique sur la nature et la validité de ses principes, et donc affirmer la validité de la philosophie, mais sans nier la valeur de la science, à la différence des philosophes de l’intuition. 4) Définition contemporaine de la philosophie et de son rôle. Une fois admise cette position, deux problèmes se posent encore: Premièrement celui de l’existence d’une philosophie indépendante de la réflexion accomplie par les sciences sur leurs propres fondements. En effet, il semblerait sinon que le travail philosophique se fasse à l’intérieur de chaque science, par les savants eux-mêmes. La philosophie serait alors, à l’image des sciences, spécialisée et divisée. La définition contemporaine de la philosophie et du rôle qui lui est assigné reprend alors la position d'Aristote, qui affirmait les droits de la culture contre ceux de la science pour sauvegarder la philosophie. Le philosophe se caractérise alors par une importante culture générale et une attitude d’esprit cultivé. Il a pour fonction de juger de la conformité d’un exposé scientifique aux règles de la pensée vraie, rigueur que la spécialisation des sciences amènerait à négliger. Par exemple, dans la théorie des ensemble le fait de dire que l’ensemble des nombres entiers et l’ensemble des entiers pairs peuvent être mis « en correspondance », ce qui donne à penser qu’ils ont « la même taille »,alors qu’un principe mathématique fondamental affirme que le tout est plus grand que la partie (l’ensemble des entiers pairs est en effet une partie de l’ensemble des entiers) peut paraître absurde, voire inexact. Cela est en fait dû à des distinctions telles que raisonner en termes finis ou infinis. Finalement la science présenterait parfois des irrégularités dans le raisonnement aboutissant à la définition d’un nouveau rôle de la philosophie : ramener la science à l’exactitude en fondant de nouveaux principes si nécessaire lorsque de nouvelles découvertes sont apportées par l’empirisme, car cela est indispensable au progrès des sciences et à leur validité. La philosophie n’est donc pas un point de vue supérieur car elle est aussi enracinée dans l’expérience individuelle de la vie du philosophe, mais elle s’efforce de dépasser et d’intégrer cet aspect empirique à travers les exigences de la méthode et la recherche des principes. Deuxièmement, la subjectivité de la philosophie est parfois soulignée. Ainsi aujourd’hui, l’opposition entre science et philosophie (globalement marquée par une suprématie des sciences) s’appuie sur le rappel de l’humilité dont doit faire preuve la philosophie, qui n’est jamais que l’expression d’une opinion particulière d’un individu. Cependant, elle revendique le fait d’être certes une entreprise individuelle, mais pas solitaire, et de chercher dans la culture les moyens de dépasser la particularité du point de vue. Finalement, la philosophie n’est pas opposée aux sciences (elle-même revendique le fait d'en être une en refusant d’être considérée comme de la littérature); elle veut même la science absolue. C’est pourquoi elle est nécessaire au progrès des sciences. Elle n’a pas été rendue superflue par le progrès des sciences, mais au contraire l'accompagne et lui est nécessaire. 3ème rubrique : La démarche scientifique. 1) L'induction et la déduction. La démarche des sciences modernes repose essentiellement sur la méthode expérimentale, qui mobilise deux procédés : l’induction et la déduction. Ce sont des démarches complémentaires, mais on peut se demander laquelle précède, fonde l’autre. Pour les empiristes, le critère de la vérité étant le fait, la démarche fondamentale est l’induction. Mais cela suggère qu'il serait impossible de fonder véritablement la généralisation scientifique et de rendre compte de la vérité des sciences. Claude Bernard lui dit qu’il serait impossible de s’élever du fait particulier à l’idée générale si l’idée n’était pas contenue dans le fait. Pour lui, l’induction précède la déduction dans l’ordre de la recherche ; mais le véritable ordre est que l’induction implique une déduction. Les informations des sens ne seraient que des « exemples » des idées, un fait ne vaudrait que par l’idée qui s’y rattache. Par exemple, à la base des mathématiques se trouvent des axiomatiques faites de relations logiques intuitives que l’on ne peut pas ramener à des mots plus simples : ainsi le fondement du raisonnement par récurrence ; si une proposition est vraie pour zéro et si lorsqu’elle est vraie pour un nombre quelconque elle est aussi vraie pour son successeur, alors cette proposition est vraie pour tous les nombres. On ne considère ici que les nombres entiers naturels. Mais on remarque ensuite que le raisonnement est encore valable « à d’autres échelles », d’autres domaines, ce qui permet de passer de l’intuitif au purement logique, et constitue le progrès de la science. L’intuition n’a donc ici fourni qu’un exemple, une illustration d’un raisonnement plus global. Remarquons tout de même que cette analyse vaut surtout pour les mathématiques ( qui semblent présenter une simplicité idéale) car les autres sciences sont bien souvent confrontées à la complexité du réel. 2) Critère de la vérité et nature des principes. Ce double mouvement (induction / déduction) a pour conséquence une grande ambiguïté en ce qui concerne le fondement de la vérité: Dans le contrôle expérimental ce sont les faits. Mais dans la méthode expérimentale, le raisonnement joue également un rôle important , les faits n’ont de sens que lorsqu’ils peuvent être rattachés à des principes : donc le seul critère réel est le raisonnement. Cela implique également deux interprétations de la nature, origine et du statut des principes : Soit ils sont considérés comme des vérités absolument, purement logiques, faisant appel à la pensée, la raison. Soit ils sont dégagés de leur implication dans l’expérience donc induits, et leur validité est alors relative au nombre d’expériences, observations ayant été faites. La deuxième interprétation est une découverte de la science moderne. En effet, dans la science antique, les principes sont considérés comme des vérités éternelles de la raison, et on n’a donc plus besoin de la philosophie. Mais au 19ème siècle a lieu une première remise en cause dans le domaine des mathématiques, puis au 20ème siècle cette crise des fondements s’étend à la physique puis aux autres sciences. C’est en fait l’extension de l’expérience scientifique (avec la méthode expérimentale) qui a provoqué cette crise des principes dans la science. Donc finalement l’idéal platonicien est à la fois toujours vivace et toujours pas réalisé : la réflexion sur la nature et la validité des principes est très présente dans la science contemporaine. On en revient donc plutôt à la position d’Aristote qui définissait la philosophie comme la « science des principes » au sens de la recherche de ces principes, plutôt qu'à celle de Platon pour qui la philosophie est ou doit être la science absolue des principes du savoir. les procès de la science Résumé de l’article intitulé Pour une analyse critique de la science et de ses fonctions t par Sonia et Maurice Dayan, maîtres-Assistants, UER de Psychologie de l’Université de Paris V, UER de Sciences Sociales de l’Université Paris X. (Auto)critique de la science – textes réunis par J.M. Lévy-Leblond et A. Jaubert – Editions du Seuil – Coll. Points sciences. Pages 30 à 40 . Conception courante de la science Pour le grand public, le terme « science » désigne l’ensemble de connaissances « pures » et « appliquées » produites collectivement par des méthodes rigoureuses, objectives et universelles. La science s’oppose ainsi aux connaissances basées sur la spéculation, la subjectivité, la relativité et la contingence. Au sens étroit du terme, la science désigne les disciplines qualifiées de « sciences exactes », plus précisément les mathématiques, la physique, la biologie… Au sens large, se rajoutent l’ensemble des connaissances appliquées, les sciences sociales et humaines. La science, si on la réduit aux sciences exactes, est indépendante des systèmes économiques et sociaux, de l’idéologie imprégnant une aire socioculturelle donnée. En revanche les sciences humaines en sont imprégnées et pour cela font l’objet de critiques qui récusent leur statut de sciences. · Critiques de la science Concernant la science et la technique, des critiques sont généralement portées sur l’utilisation des découvertes scientifiques. Il se peut qu’elles atteignent la recherche fondamentale car son cours peut être orienté par la recherche appliquée. Certaines critiques portent sur le contenu même du savoir scientifique. Ce sont généralement des critiques émanant de mouvements tels que le scepticisme philosophique ou le romantisme, qui sont inspirés par l’irrationalisme. L’irrationalisme est un refus de la structure sociale et politique. Mais sa critique des contenus du savoir, de même que la critique des utilisations, reste extérieure à la science. · Un exemple important : l’idée d’objectivité L’objectivité expérimentale est née avec la révolution galiléenne au XVIème siècle, lorsque celle-ci a introduit la mesure du temps homogène. Pour l’épistémologie contemporaine, l’activité scientifique se caractérise par la construction d’objets tels que les mathématiques, la logique, ou une simple référence à une réalité, à partir desquels on peut ensuite fabriquer des réseaux de relations. Ces relations doivent pouvoir être réexploitées pour déduire de nouveaux résultats ou explorer un nouveau champ scientifique. Des opérations répétables doivent pouvoir être menées sur ces objets et ces relations, et de cette répétabilité dérive l’idée du contrôle objectif obligatoire ainsi que la représentation d’un déterminisme régissant tout phénomène observable. Le progrès ou l’extension des connaissances scientifiques amène à la rectification du savoir ( contradiction de certaines théories qui s’avèrent fausses, renforcement de la validité d’autres théories…) On peut en déduire certaines conséquences : Ø Il n’y a pas une science mais des sciences et le savoir qu’elles apportent n’est jamais un savoir définitif. Ø L’objectivité est déterminée par la valeur des objets construits et la puissance des modèles utilisés. Ø Le scientifique peut faire des erreurs et des choix arbitraires dans l’orientation de sa recherche malgré sa volonté de rester objectif. Ø On peut seulement parler de vérité scientifique quand les modèles et les prédictions faites à partir d’eux ne se contredisent pas. Ø Pour les sciences expérimentales, la validité d’une hypothèse vient de ce que les résultats ne la contredisent pas. En ce qui concerne l’objectivité de la science et du savant, la science est considérée comme étant objective car elle amène des vérités indépendantes de l’histoire de ceux qui la font, et le savant est objectif car il est astreint à découvrir des vérités en faisant abstraction de sa subjectivité. De l’ensemble de règles relatives à la consistance interne et à l’application des modèles construits pour un type défini d’expérience, on passe à une notion de l’objectivité qui se présente comme la rationalisation des croyances : la croyance à l’unité des connaissances, à leur caractère absolu et anhistorique, et à l’indépendance de la réalité que l’on désire connaître par rapport aux moyens de la connaissance ; la croyance dans la puissance de la science mesurée par le progrès technique ; et enfin la croyance à l’impartialité du savant. Cette image de la science fournit un modèle de l’objectivité qui fait croire à la science oeuvrant dans l’intérêt général. Ce modèle scientifique de l’objectivité, lié à l’idée d’universalité, s’applique non seulement à l’intérieur des communautés scientifiques mais aussi dans la société tout entière. Dans les communautés scientifiques, les chercheurs et les enseignants dépassent leurs différences de statut et de fonction pour ne faire qu’un dans l’œuvre scientifique. Ils se considèrent d’abord hommes de science, avant de regarder leur grade, leur rôle ou leur classe sociale. Dans la société profane, l’objectivité prend davantage les traits du mythe que ceux du modèle. D’abord, avec le rôle important joué par le positivisme dans la notion de l’information : en voulant adopter l’attitude scientifique qui consiste à s’en tenir simplement aux faits, les journalistes superposent les faits et un éventail complet d’opinions diverses à leur propos, pour en donner ensuite une interprétation qu’ils croient objective. Ensuite, parce que dans la société, ce sont les spécialistes qui détiennent le savoir objectif et on peut les consulter sur de nombreuses questions, mais il existe des domaines comme l’enseignement ou les problèmes du tiers-monde où ils doivent céder leur place aux politiques. · La science et l’Etat L’Etat se sert de la science pour asseoir sa légitimité : il veut présenter son ordre politique comme étant en relation avec l’ordre naturel dessiné par la science, et sur un autre plan, les gouvernants s’entourent de « conseillers scientifiques » pour asseoir le pouvoir politique sur un simulacre de science : l’Etat peut ainsi apparaître comme l’incarnation de la rationalité pratique, et être considéré apte à s’élever au-dessus des intérêts de classe et à les arbitrer. Et en contrepartie, l’Etat entend favoriser le développement de la science en soutenant la Recherche et en octroyant les moyens qui y sont nécessaires. Science et religion Résumé de l’article intitulé La nouvelle église universelle, tiré d’un numéro de la revue Survivre daté de 1971 (Auto)critique de la science – textes réunis par J.M. Lévy-Leblond et A. Jaubert – Editions du Seuil – Coll. Points sciences. Pages 40 à 50. Thèse défendue par les auteurs : Elle récuse les thèses de tous ceux favorables au scientisme. Pour ses auteurs, le scientisme repose sur des principes fondés à partir de quelques mythes principaux, or ces mythes sont des erreurs donc le scientisme doit être combattu. A travers ses nombreux succès, la science a accru son pouvoir sur la vie quotidienne sociale et a même crée sa propre idéologie, qui possède plusieurs caractéristiques d’une nouvelle religion et que l’on appelle scientisme. Si la science a tant étendu son pouvoir sur le grand public, c’est du fait que celui-ci connaît mal et ne comprend pas ce qu’est véritablement la science. Cette méconnaissance venant de l’enseignement dogmatique qui lui a été dispensé, et ayant comme conséquence que la plupart des gens ont environ le même rapport avec la science qu’avec une magie noire : pour eux elle a un statut d’autorité indiscutable. Le scientisme affirme que les mythes sur lesquels il est fondé sont véridiques, sauf qu’il n’emploie pas le terme « mythes » car il prétend être basé sur la Raison elle-même. Les prêtres et les grands prêtres de cette « religion » sont les scientifiques, et particulièrement les plus savants d’entre eux. Mais le scientisme ne propose pas de dogme explicite auquel se référer, ce dogme est implicite. sont : Les principaux mythes sur lesquels sont fondés les principes du scientisme Mythe 1 : La seule connaissance réelle et véritable est la connaissance scientifique, et cette connaissance est universelle. Commentaire apporté à ce mythe : Seules personnes ayant reçu une éducation scientifique à un niveau universitaire peuvent alors prétendre à une « connaissance véritable ». Mythe 2 : La vérité est identique à la connaissance (scientifique). Seul ce qui peut être exprimé de façon cohérente en termes quantitatifs ou reproduit dans des conditions de laboratoire est valable. Commentaire : On accepte alors la guerre, puisque les aspects tels que l’économie ou la stratégie peuvent être insérés dans diverses théories scientifiques. Par contre, on n’accorde pas de valeur à ce que la guerre peut signifier pour les individus car on tombe alors dans le champ du subjectif. Mythe 3 : Le scientisme a une conception « mécaniste » de la nature : la réalité dans son intégralité ( la Nature + les expériences humaines) est exprimable en langage mathématique et en termes de systèmes de particules élémentaires (atomes, molécules). Mythe 4 : La connaissance doit être subdivisée en de nombreuses spécialités et pour une question faisant intervenir un ou plusieurs domaines scientifiques, seule l’opinion des experts a de la valeur. Commentaire : Ce mythe pose le fondement du pouvoir de l’expert. Mais il revient à mutiler la réalité car n’importe quelle question touchant à la réalité concrète implique une analyse de nombreux aspects appartenant à de nombreux champs de la science. On ne peut pas réduire une telle question à un petit nombre d’aspects séparés. Mythe 5 : Seules la science et la technologie issue de la science peuvent résoudre les problèmes de l’homme. Commentaire : Ce mythe établit la technocratie comme pouvoir collectif. Mythe 6 : Seuls les experts « savent » et sont qualifiés pour prendre part aux décisions. Commentaire : Dans le champ des décisions sociales et politiques, la réalité est trop complexe pour qu’un expert seul soit compétent. La solution apportée par le scientisme est alors d’introduire un « expert des décisions » chargé de récolté l’avis de différents experts avant d’assumer lui-même la prise de décision. L’attrait puissant pour ces mythes s’explique par le fait qu’ils introduisent des simplifications énormes dans la complexité fluctuante des phénomènes naturels et de l’expérience humaine, puis par le fait qu’ils se prétendent basés sur la seule Raison dont la suprématie sur les sens et les émotions est depuis longtemps reconnue, et enfin parce que grâce à ses succès et à son rôle impérialiste grandissant, la méthode expérimentale et déductive s’est identifiée à la Raison elle-même. Or il faut combattre le scientisme car ces mythes paralysent les experts et les profanes en creusant le fossé entre la pensée, l’émotion et l’action humaine, en réduisant les experts à de simples cerveaux spécialisés. D’autre part, le scientisme fournit la justification principale à la course insensée au « progrès » (scientifique et technique), or on se rend compte, à partir des années 1970, que cette course à conduit à une crise écologique que le scientisme est incapable de surmonter. Le scientisme est donc l’idéologie la plus dangereuse et la plus puissante. Une des voies les plus efficaces pour combattre le scientisme serait un combat de l’intérieur par les scientifiques devenus conscients des erreurs et des dangers du scientisme. Dans les années 1970, des groupes scientifiques répartis dans divers pays se sont engagés dans des critiques plus ou moins radicale du scientisme. La motivation de ces critiques venant d’une répulsion intellectuelle ou morale face aux limites et aux implications du scientisme. Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. Comment se constituent les théories scientifiques ? p.13 Qu’est ce que l’épistémologie ? Tout d’abord, l’épistémologie est une discipline qui étudie la genèse et la structure des connaissances scientifiques, mais elle ne veut en aucun cas imposer de dogmes ou de méthodes aux scientifiques. L’épistémologie fait donc l’étude de la production de connaissances scientifiques (logique, linguistique…), mais aussi des rapports entre science et société, science et institutions, science et religion, ou entre diverses sciences. Au contraire des scientifiques qui « font » la science, les épistémologues « définissent » ce qu’est la science (on peu par conséquent qualifier les épistémologues de mi – scientifiques, mi – philosophes), sans pour autant revêtir un caractère supérieur aux sciences (une sorte de science des sciences) : l’épistémologie reste une discipline modeste. Rapports entre théorie et expérience Pour spécifier ces rapports, commençons par étudier la vision de Newton sur ce sujet : pour lui, la théorie se déduit des phénomènes. Il adopte donc une méthode empirique et analytique, exclut l’imagination, et procède à une recherche de bas en haut (on remonte de l’observation aux théories). Mais l’empirisme sous estime l’aspect dynamique et constructif de la recherche, car en réalité, une théorie scientifique doit être réfutable, et le test expérimental doit toujours être possible, or on ne teste rien quand ce n’est jamais contredit : le propre d’une théorie scientifique n’est donc pas d’être vraie, mais de pouvoir être fausse (de pouvoir être falsifiée). Car la théorie n’est pas un simple reflet des «faits » : il n’y aurait en fait pas d’ « explications », tout au plus des hypothèses spécialisées reflétant les « faits » étudiés. Et les « lois » ne seraient pas des constats mais plutôt des définitions fournissant un cadre de référence pour organiser et orienter les recherches ; ce sont des conventions relatives. Ceci rend donc les vérifications expérimentales ni directes ni absolues, car aucune théorie ne donne à elle seule les résultats portant sur les faits de l’expérience, et car aucune expérience scientifique ne se fait sans l’aide de plusieurs théories. C’est pour cela que des tests de cohérences sont alors nécessaires. Le rôle du contexte idéologique et social Une des principales difficultés rencontrées par les scientifiques est de s’accorder entre eux, car la science est avant tout une œuvre collective. C’est pourquoi certaines théories rencontrent des résistances, dues au fait que les scientifiques ne travaillent pas tous pareil (certains s’appuient avant tout sur les mathématiques, d’autres non…), mais aussi au fait que la science est tributaire de la religion, de l’économie et de la politique, et que ces disciplines sont loin de faire l’unanimité. Une forte influence du christianisme sur les sciences, par exemple, a été constatée : en tant que théologiens, certains ont résisté à de nombreuses découvertes faites à leur époque, et Newton s’appuyait dans ses travaux sur ses convictions chrétiennes. La politique et l’économie peuvent, elles, stimuler et faire régresser certains secteurs, mais peuvent aussi causer des distorsions dans la texture de la recherche (exemple de l’autorité scientifique sur les idées scientifiques dans les pays de l’es URSS), et la science peut même être utilisée à des fins politiques, au nom d’une idéologie. Mais si la science est si incertaine et influencée, il ne faut pas pour autant adoptée à son égard une attitude hypercritique comme le font certains épistémologues qui, de l’idée que les théories ne sont pas déduites des faits ni directement vérifiées par eux, passent à celle que les sciences sont des constructions arbitraires qui ne nous apprennent rien. De l’idée qu’il n’y a pas de méthode absolue et éternelle, ils passent à celle que ces méthodes sont sans valeurs. Ce qui est faux, même s’il faut admettre que les théories sont un consensus d’ordre social qui ont par conséquent un caractère fragile et contingent. Les critiques sont bien entendu nécessaires, afin de lutter contre un scientisme naïf, mais ce genre d’hypercritique excessive ne fait qu’engendrer des idéologies douteuses. Il s’agit alors d’admettre que les sciences existent, et il faut s’efforcer d’étudier soigneusement, en tenant compte de leurs différents contextes, les modalités des pratiques scientifiques sans sous estimer leur diversité et leur relativité, mais sans nier l’idéal de connaissance dont elles se réclament. modalités de la démarche scientifique Résumé de l’article : De la science académique à la science critique Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon - pages 255 à 263. Thèse défendue : L’évolution du contexte de la recherche scientifique fait se tourner vers une nouvelle conception de la science telle que la conçoit la science critique. Et si certains peuvent objecter que la science critique est utopique, c’est toujours un pas vers autre chose que la science académique vers laquelle on ne peut plus revenir. La science académique du XIXème siècle a subi de nombreux changements au cours du XXème siècle et s’est transformée en une science bien différente. Alors que la science académique se caractérisait par sa relative indépendance par rapport aux puissances économiques et politiques, et par la recherche « pure », elle est devenue – et surtout à partir de la Seconde Guerre Mondiale – une science industrialisée, assimilable à une force productive. En effet la recherche s’est étendue à une échelle plus importante et de recherche pure on est passé à une recherche de plus en plus orientée par des buts utilitaires, et du « monde savant » autonome, on est passé à un monde institutionnalisé, organisé et financé par des agents extérieurs. Cette industrialisation de la science a non seulement modifié le contexte du travail scientifique, mais il a également fait naître un climat de rivalité entre les scientifiques, affectant alors la qualité de leur travail. En effet, les chercheurs en compétition se révèlent faire des entorses à l’éthique de la science en pressant leurs recherches et en publiant des résultats incertains, de peur que d’autres ne les devancent, ce qui conduit ainsi à la publication d’articles au contenu douteux. Et le nouveau contexte qui intègre le travail scientifique à de nombreux domaines non scientifiques permet à des scientifiques de multiplier les activités en étant tour à tour chercheurs, professeurs, administrateurs, conseillers politiques… On est donc loin du modèle académique et le nouveau contexte encadrant le travail scientifique rend difficilement acceptable l’idée que la science puisse créer du progrès social. D’ailleurs, certains professeurs d’université demandent que soit élaboré un code de l’éthique de la science » et qu’on fasse réfléchir les futurs chercheurs sur le rôle de l’homme scientifique dans la société et sa responsabilité face à elle. C’est face à ce changement dans les modalités de la recherche scientifique qu’a émergé le mouvement de la « science critique ». Celui-ci veut se préoccuper de l’utilisation de la science en tolérant qu’elle prenne des initiatives dans les affaires publiques mais en voulant évaluer les conséquences de la recherche pour l’avenir de l’humanité ( sans pour savoir si c’est réellement possible). Cela impliquerait alors que le niveau de responsabilité individuelle et collective soit plus élevé. Cette idée semblait utopique à certains au départ, car elle suppose un changement radical de la mentalité et du statut social du chercheur. Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature/sciences humaines Résumé de l’article : Quand un philosophe enterre les sciences humaines Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon pages 194 à 204 Il s'agit ici d'étudier les rapports de la science et de la philosophie. M.Jérôme Grynpas s'est penché de façon approfondie sur la question et dénonce avec vigueur la dictature de la science et son impérialisme. Il s'attaque non seulement au scientisme mais à la science elle-même et aux sciences humaines en particulier, auquel il refuse tout fondement scientifique. Les sciences humaines sont selon lui un moyen de ne pas prendre position sur les grands problèmes de l'heure et de justifier nos façons d'agir par un "savoir" basé sur des statistiques, sondages d'opinion... Pour mieux assurer les ambitions de la philosophie, Grynpnas entend dissoudre la science en diverses branches distinctes. Ainsi la philosophie n'aurait plus qu'à faire à des sciences : les mathématiques qui relèvent d'une méthode déductive d'une part et les sciences naturelles qui relèvent d'une méthode à la fois déductive et inductive d'autre part. Mais le tout est de savoir si l'on peut substituer la science à la philosophie ? Peut-on prendre au sérieux ce qui n'est pas du domaine de la science ? La seconde opposition concerne les sciences naturelles et les sciences humaines. Grynpas soutient ainsi que les sciences humaines usurpent leur titre de science car le fait humain n'est pas scientifique, l'homme étant essentiellement liberté et transcendant les déterminismes d'où l'élaboration des faits qu'elles étudient ne peut se faire dans le respect des conditions requises, les consciences sont "irréductibles à la connaissance empirico-déductive". D'autre part, pour Grynpas, les sciences humaines pour être considérées comme des sciences, doivent étudier "le fait humain total", contrat qu’elles ne peuvent entièrement remplir. L'alternative est donc simple : soit la démarche est scientifique mais elle ne peut étudier "l'homme total", soit l'objet étudié est bien "l'homme total" mais la démarche ne saurait à priori être scientifique. Mais Grynpas va plus loin en affirmant que les affaires humaines ne relèvent que du philosophe. Ainsi les scientifiques se contentent d'étudier un aspect particulier de l'homme, l'économie, la démographie..., et laissent le soin au philosophe de construire un discours cohérent sur "l'homme total". Finalement Grynpas en arrive à la conclusion qu'il n'y a pas de sciences humaines mais seulement une herméneutique, c'est à dire une interprétation. Les faits étudiés ne sont en effet pas évidents et supposent une interprétation. Aucune "innocence scientifique" ne nous permet de discerner des faits nus et objectifs : le spécialiste des sciences humaines fait des choix volontaires en fonction de sa culture et de certains de ses préjugés idéologiques, il est donc nécessairement partial. Cependant Grynpas semble refuser de façon un peu trop théorique la scientificité des sciences humaines sans étudier suffisamment les éventuelles relations qu'elles pourraient entretenir avec les "déterminismes". De plus il s'empresse de dénoncer les abus des scientifiques, à raison certes, mais le dogmatisme et la simplification excessive dont il fait preuve irriteront à juste titre les scientifiques les plus compréhensifs. les procès de la science Résumé de l’article : La recherche : pour quoi ? Pour qui ? Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. page 288 De nombreux exemples de l’actualité comme l’usage de la bombe atomique ou les incessantes pollutions de la nature nous montrent bien qu’il est faux de croire que le développement des sciences entraîne nécessairement des conséquences bénéfiques. Mais alors, ce sont souvent les scientifiques qui sont accusés d’être responsables d’un nouveau type de civilisation qui détruirait la nature et menacerait l’avenir de l’Espèce : car même à leur insu, ils en sont les complices. De plus, l’enrôlement de la science au service du capital aujourd’hui peu rendre celle-ci dangereuse. Mais ces difficultés sont sans doute inévitables, c’est pourquoi il est essentiel que les chercheurs s’efforcent de discerner la signification effective de leurs activités, et qu’ils puissent prendre leurs responsabilités sur des problèmes posés en pleine lumière. Ils ont donc deux choix : prendre au sérieux leur situation et la regarder en face, ou subir passivement la pression des circonstances, à l’abri d’alibis de plus en plus fragiles. Science et découvertes Résumé de l’article : Une supercherie exemplaire : l'homme de Piltdown Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. pages 169 à 183 Le 21 novembre 1912, un crâne appartenant à un type très primitif d'humain, daté du quaternaire, baptisé Eoanthrope, fut découvert par le paléontologue anglais Charles Dawson. Cette découverte représentait un énorme progrès dans la recherche du chaînon manquant de la théorie de l'Evolution, ce qui comblait l'attente des évolutionnistes. Cet être présentait un cerveau proche de celui de l'homme moderne, synonyme d'une intelligence manifeste, mais n'avait pourtant pas encore perdu la mâchoire ancestrale et les dents propres à l'attaque, il constituait donc une combinaison attendue depuis longtemps en tant que preuve de cette étape nécessaire du développement de l'homme soutenue par Darwin. Mais cette découverte fut très rapidement mise en doute et fit l'objet de critiques, ainsi le crâne et la mâchoire sembleraient, par exemple, selon des spécialistes en anthropologie, ne pas avoir appartenu au même être. L'homme de Piltdown fit très vite l'objet d'une polémique au sein du monde scientifique, opposant "croyants" et détracteurs. C'est en 1953 que la fausseté des ossements fut officiellement reconnue suite à de nombreuses analyses. Le crâne était finalement celui d'un humain, et la mâchoire celle d'un orang-outang probablement, tous deux datés du Moyen-âge. Mais pourquoi une telle mascarade ? Plusieurs raisons sont envisagées : jalousie, revanche, ou encore la volonté d'apporter une preuve concrète attestant de la véracité de la théorie évolutionniste de Darwin. Mais l'homme de Piltdown est avant tout un intéressant sujet de réflexion pour l'historien et le sociologue des sciences, et une aventure épistémologique. Le cas de l'homme de Piltdown en dit long sur les rapports entre "faits" et "théorie". En effet, l'Eoanthrope est arrivé quand les paléontologistes espéraient trouver un homme-singe et il est parti quand les paléontologues étaient précisément gênés par cet homme-singe. Cet épisode est donc la vérification expérimentale de l'idée que les faits sont inséparables de la théorie, mais il reste à savoir si c'est le fait qui soutient la théorie ou si c'est la théorie qui impose au fait sa signification. De plus, l'exemple de l'homme de Piltdown illustre parfaitement la démarche tâtonnante d'une théorie, l'évolutionnisme dans ce cas précis, qui doit sans cesse s'adapter et se réorienter en fonction des différentes découvertes. Ainsi en 1912, l'Eoanthrope s'insérait bien dans la théorie de l'Evolution de l'époque mais en 1953 l'homme de Piltdown n'apparaît plus que comme une anomalie, tellement les connaissances ont entre temps évolué. L'expérience de l'homme de Piltdown permet également de tirer des leçons quant à la nécessité d'avoir systématiquement recours à son esprit critique et de prendre du recul face aux découvertes scientifiques. Science et mythe Résumé de l’article : L'évolutionnisme : entre le mythe et la science Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon pages 149 à 168 Théorie de Lamarck (français, 1744-1829) : La nature agit comme une cause qui complique progressivement l'organisation des corps vivants. Lamarck perçoit la nature comme un "escalier roulant" avec à un bout les infusoires, "animaux les plus simples et les plus imparfaits qui puissent se trouver dans la nature", et qui au fil du processus se perfectionnent pour devenir des mammifères, et donc les hommes, qui constituent "les animaux les plus parfaits à tous égards". Cela forme ainsi un cycle continuel, de l'organique à l'inorganique, la boucle est bouclée : générations spontanées, animaux de plus en plus perfectionnés, formation de corps bruts à partir des cadavres décomposés puis retour aux premiers principes et de nouveau générations spontanées. Cependant ceci constitue le fonctionnement idéal de la nature selon Lamarck, soumis à des anomalies et des déviations. Les circonstances suscitent en effet chez les animaux des besoins nouveaux et des adaptations, les habitudes amènent le développement, l'affaiblissement ou la disparition d'un organe et cette modification est transmise héréditairement. On établit couramment un parallèle entre cette théorie et la "sélection naturelle" de Darwin alors que ce sont des conceptions totalement différentes. - La sélection naturelle consiste, selon Darwin, en un tri des variations favorables, la diversification des animaux ne correspond donc pas à un ensemble d'anomalies par rapport à une distribution idéale mais constitue le mécanisme même de la sélection. - Peut-on véritablement parler d'évolutionnisme à l'égard de la théorie lamarckienne ? Car malgré certaines apparences, la nature de Lamarck est très conservatrice "l'ordre général doit subsister", en effet il conçoit le temps de façon cyclique ce qui implique une certaine stabilité. Théorie de Darwin (anglais, 1809-1882) Darwin était un formidable investigateur, accumulant les observations et les expérimentations. Il recherche l'intelligibilité et conçoit l'explication comme relative, régressive et particulière. Il accordait un véritable statut épistémologique à sa théorie : "Je crois à la sélection naturelle non pas parce que je peux prouver, en aucun cas particulier, qu'elle a changé une espèce en une autre, mais parce qu'elle groupe et explique bien quantité de faits dans la classification, l'embryologie [...]" Les thèses scientifiques de Darwin seraient dirigées contre la théologie créationniste, contre l'idée d'un Dieu créateur des espèces. Ainsi Darwin s'accorde avec Lamarck dans ce sens que le monde est "le résultat d'une loi et non d'une intervention miraculeuse". D'un point de vue idéologique, l'évolutionnisme constitue un exemple intéressant de formation d'un mythe philosophico-scientifique. L'évolutionnisme, aujourd'hui encore, n'est pas une affaire classée, mais un problème vivant ou la science n'est pas seule en cause. L'histoire des concepts scientifiques, des controverses philosophiques ou politiques est trop peu connue, car elle ne serait à priori d'aucune utilité tout au moins selon une certaine conception de la science et de sa valeur. On présuppose par là que la science est autonome, qu'elle progresse de façon linéaire et cumulative et qu'elle ne met en jeu aucune option philosophique ou politique, ayant pour seul et unique but la recherche de la Vérité. Mais l'absence d'histoire ne correspond qu'à une conception idéaliste et à une vision purement scientiste du savoir. Dans la pratique, cela contribue à minimiser l'esprit critique et à renforcer le culte abusif du spécialiste. Résumé de l’article Aux sources de l'astronomie. Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon Kepler manifeste l'ambition de découvrir le secret de l'ordre céleste. Il est convaincu, tout comme Einstein, que le nombre régit le monde et que sa tâche est de retrouver les proportions harmoniques choisies par Dieu. Il spécule à priori sur l'ordre du monde et place le soleil au centre de l'univers. Alors que Copernic avait établi un point mathématique fictif marquant l'orbite de la terre, Kepler donne une réalité physique à ce point : le soleil ! Sous certains aspects, Kepler reste sous l'influence des dogmes de son époque (corps célestes doués d'"âmes",christianisme...). Son paradoxe réside dans une union parfois incroyable entre l'imagination (théorique et mystique) et le souci de la stricte précision. S'appuyant sur les observations de Tycho Brahé (astronome danois), Kepler couvrit de calcul des centaines de pages de brouillon. Plusieurs fois, il crut toucher au but. Mais un écart de quelques minutes entre la théorie et l'observation remettait le succès en question. Kepler, par son culte de la précision, était déjà un moderne. Malgré les limites techniques de son époque et ses erreurs, il parvient à mettre au point une théorie physique intelligible et qui colle aux faits, ce qui constitue un prodige. Science et société. Résumé de l’article intitulé Sociologie et politique Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. pages 277 à 287 Thèse défendue : la sociologie est souvent mêlée à la politique, ainsi il est difficile de discerner une sociologie véritablement objective. Les auteurs de cet article ne récusent pas de thèse, en revanche ils exposent des points de vue opposés concernant cette intervention de la sociologie dans les décisions politique : certains blâment les sociologues en leur reprochant de vouloir jouer un rôle qui n’est pas le leur, d’autres les excusent en reconnaissant que leurs conseils en politique peuvent être nécessaires. Dans les pays développés, les sciences sociales telles que la sociologie occupent une place importante dans la prise de décisions politiques. Bien souvent, les sociologues ne sont pas simplement des spécialistes qui se contentent d’exposer leurs théories, ils sont également des conseillers politiques. En effet, il n’y a qu’un pas entre la simple analyse de la société et des faits sociaux à l’interprétation de ceux-ci et à la formulation de propositions de solutions aux situations analysées. Le problème est le même pour la science de l’économie : de plus en plus d’économistes se retrouvent intervenir dans la gestion d’affaires privées et publiques. Les théories développées par ces spécialistes à partir de leurs travaux sont en lien avec l’actualité des problèmes politiques. Ainsi on comprend qu’ils puissent exercer une certaine influence, mais le problème est que l’on ne peut pas garantir l’objectivité de leurs idées. De même pour les scientifiques en sciences exactes, la Science est aujourd’hui institutionnalisée et les chercheurs font partie de la communauté scientifique. Ainsi ils sont pris dans un réseau qui les dépasse et possèdent en outre un statut social et politique qui les amène à intervenir dans des affaires publiques en donnant des conseils. On peut donc craindre qu’il n’y ait finalement plus tellement d’objectivité dans l’utilisation des sciences, qu’il s’agisse des sciences exactes ou des sciences sociales, même si le phénomène est plus important pour ces dernières. Pour cela, certains parlent de technocratie car ils ont l’impression que des « spécialistes » se réclamant de compétences scientifiques jouent un rôle pratiquement politique en intervenant dans certaines décisions importantes. Une enquête réalisée aux Etats-Unis par une équipe de Harvard, sur un programme lancé par IBM en 1964, illustre un certain type de prospective. Son étude portait sur les effets des changements technologiques sur l’économie, la vie politique et la société en général. Les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que le système libéral faisait des ravages en stimulant la compétition entre les entreprises de biens et de services, et aussi entre les établissements d’éducation et de santé qui ne s’attachaient qu’au profit, sans que soient envisagés les impacts sur la société. Ce constat mène à l’idée qu’un système de planification serait préférable au « laisser-faire ». Mais tel projet n’est pas sans rencontrer des obstacles, notamment des conflits de valeurs pour la défense de l’intérêt général. Ce sont les choix politiques qui doivent déterminer les décisions qui seront prises. Les sciences sociales permettent d’envisager les conséquences qu’auraient ces différents choix sur la société, mais leur rôle s’arrête là. Certains contestent ce refus de l’intervention des sociologues en politique car ils se réfèrent au principe des sciences psychologiques et sociales, qui permet de comprendre que sociologie et politique entretiennent des rapports importants. Ce principe postule qu’une civilisation ne peut se maintenir que si un système de valeur commun et des contraintes communes sont acceptés. Ainsi un sociologue reste un sociologue lorsqu’il donne des conseils pour le maintien de l’ordre. IV Sujets de dissertaion 1) Modalités de la démarche scientifique. Doit-on fonder la recherche de la vÈritÈ scientifique sur les leÁons de l’expÈrience†? Peut-on dire que la connaissance scientifique est la connaissance commune devenue plus rigoureuse†? Qu’est-ce qui rend l’objectivitÈ difficile dans les sciences humaine†? Le point de vue de la conscience immÈdiate compatibles†? et celui de la science sont-ils A quoi reconnaÓt-on une science†? La science dÈcouvre-t-elle ou construit-elle son sujet†? En quel sens la science instruit-elle la raison†? N’est-il pas contradictoire de dire d’une connaissance scientifique qu’elle est ‡ la fois vraie et provisoire†? L'objectivitÈ de la science suppose-t-elle un dÈterminisme universel ? Les sciences peuvent-elles accorder une place aux idÈes de destin et de hasard†? Est-il possible d'Èriger en objet de science l'activitÈ du sujet qui fait la science ? L’erreur peut-elle jouer un rÙle dans la connaissance scientifique†? ¿ quoi reconnaÓt-on une fausse science ? Qu'est-ce qui fait obstacle au progrËs des sciences ? La logique est-elle une science ? Les thÈories scientifiques sont-elles de libres crÈations de l’esprit†? La science peut-elle se passer de l'idÈe de finalitÈ ? ´ La science est fille de l'Ètonnement. ª (Aristote.) S'il n'y a de science que du nÈcessaire, la thÈorie peut-elle se fonder sur l'expÈrience ? Science et probabilitÈ. Si l'erreur est humaine, comment la science est-elle possible ? La science, en acceptant d'Ítre relative et de ne point poursuivre l'absolu, se condamne-t-elle ‡ l'impuissance ? Les principes de la science sont-ils de simples conventions ? N'y a-t-il de science que de ce qui est mathÈmatisable ? 2) FinalitÈs de la dÈmarche scientifique. La recherche scientifique peut-elle Ítre dÈsintÈressÈe†? L’homme se rÈduit-il ‡ ce que nous en font connaÓtre les sciences humaines†? Science et technique vous paraissent-elles capables, ‡ elles seules, de rendre l’homme heureux†? La science peut-elle tenir lieu de sagesse†? L’objectivitÈ de la science est-elle moralement neutre†? Y a-t-il une contradiction entre l’Èvolution des sciences et leur prÈtention ‡ la vÈritȆ? A quoi servent les sciences ? Les sciences doivent-elles Ítre efficaces ? La science dÈsenchante-t-elle le monde ? Peut-on affirmer avec un philosophe†:†´†il n’y a de science proprement dite qu’autant qu’il s’y trouve de mathÈmatique ª†? Faut-il attendre de la science qu’elle nous rassure†? A quoi servent les sciences†? ConnaÓtre, est-ce le privilËge de la science†? La science est-elle raisonnable ? La science consiste-t-elle ‡ expliquer du visible compliquÈ par de l'invisible simple ? Toute science est-elle nÈcessairement dÈterministe ? Le progrËs des sciences a-t-il fortifiÈ ou affaibli la preuve des causes finales? Le but de la science est-il la rÈussite technique ? 3) DÈbat ÈpistÈmologique et mÈtaphysique†: science/rÈel. La science nous livre-t-elle le rÈel tel qu'il est ? La science peut-elle se comprendre elle-mÍme†? La science a-t-elle le monopole de la vÈritȆ? N’y a-t-il de connaissance que scientifique†? 4) DÈbat ÈpistÈmologique sur les rapports sciences de la nature/sciences de l’homme. Les sciences humaines pensent-elles l’homme†? Peut-on dire de l’histoire que c’est une science impossible mais un savoir indispensable†? Les sciences humaines sont-elles compatibles avec l’affirmation de la libertȆ? Les sciences humaines peuvent-elles adopter les mÈthodes des sciences de la nature ? La recherche du vrai dans les sciences doit-elle se passer du concours de l'imagination ? Pourquoi y a-t-il des sciences et non pas une science ? La science peut-elle Ítre immorale ? Les sciences de la nature comme modËle ? Les sciences morales peuvent-elles et doivent-elles Ítre calquÈes sur les sciences de la nature? Qu'est-ce qu'une science pure ? Qu'est-ce que les sciences exactes ? Faut-il parler de la science au singulier ou au pluriel ? Y a-t-il des limites ‡ une connaissance de l'homme par les sciences ? 5) Science / mythe. Peut-on considÈrer que la science et la philosophie nous dÈlivrent des mythes†? Y a-t-il un mythe de la science ? La science mettra-t-elle fin ‡ la superstition ? Les sciences de l'homme comme dÈmystification ? Les progrËs de la science doivent-ils faire disparaÓtre les mythes ? 6) Science / religion. Les progrËs des sciences expÈrimentales vont-ils ‡ l’encontre de la foi religieuse†? Science et croyance. Croire en la science, est-ce une forme de religion†? Science et religion sont-elles nÈcessairement incompatibles ? Peut-on dire que plus la science avance, plus la foi recule ? 7) Science / philosophie. La philosophie peut-elle se passer d’une rÈflexion sur les sciences†? Peut-on considÈrer que la science et la philosophie nous dÈlivrent des mythes†? La philosophie est-elle une science†? La science peut-elle se passer de mÈtaphysique ? Opposer la science et la philosophie, est-ce lÈgitime ? La science rend-elle la philosophie inutile ? La philosophie est-elle la somme des insuffisances de la science ? 8) Science / art. La poÈsie est-elle supÈrieure ‡ la science ? 9) Science / savoir. L'Èvolution des sciences contredit-elle leur prÈtention ‡ atteindre la vÈritÈ ? La science n'est-elle qu'une croyance argumentÈe ? Est-il paradoxal de croire en la science†? Y a-t-il contradiction entre la prÈtention des sciences ‡ la vÈritÈ et le fait qu'elles ont une histoire ? La science n'est-elle qu'une connaissance approchÈe ? La science nous instruit-elle ? Peut-on croire en la science? 10)Science et sociÈtÈ. La science est-elle une culture ? La science et la technique nous autorisent-elles ‡ considÈrer notre civilisation comme supÈrieure aux autres†? La science peut-elle rÈsoudre les problËmes politiques†? La science s'oppose-t-elle ‡ l'opinion ? Science, connaissance et Èducation. 11)Le procËs de la science†: Èloge, critique, avenir… L'autoritÈ de la science. La science en devenir. Le positivisme n'est-il qu'une apologie de la science ? La sagesse est-elle la science du bien et du mal ? Le progrËs des sciences et des techniques est-il le garant d'un monde meilleur? Est-il vrai de dire de la science qu'elle est par nature inachevable ? Pourquoi vouloir la science ? Peut-on nier la science ? La science peut-elle Ítre immorale ? Les sciences font-elles des miracles ? La science fait-elle de nous des dieux ? 12)Science / homme ( conscience, existence, droits, devoirs…) Des sciences pour maÓtriser l'homme ? Les sciences peuvent-elles nous dire ce que nous devons faire ? Les sciences et la sagesse ? Peut-il y avoir une science de l’inconscient†? ´ AccroÓtre sa science, c'est accroÓtre ses douleurs. ª (EcclÈsiaste.) La science peut-elle donner un sens ‡ l'existence? La science peut-elle nous apprendre nos devoirs ? Peut-il y avoir une science de la conscience ? La science peut-elle amÈliorer l'homme ? La science suffit-elle ‡ cultiver l'esprit ? 13)Science / bonheur. Le dÈveloppement des sciences conduit-il ‡ penser qu’il n’existe aucune vÈritÈ dÈfinitivement Ètablie†? La science doit-elle conduire au bonheur ? Citations Modalités de la démarche scientifique 1/ « Nous estimons posséder la science d'une chose d'une manière absolue [...] quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu'en outre il n'est pas possible que la chose soit autre qu'elle n'est. » Aristote, Seconds Analytiques, Ive s. av. J.-C. 2/ « La méthode de la science est une méthode de conjectures audacieuses et de tentatives ingénieuses et sévères pour réfuter celles-ci. » Karl Popper, La Connaissance objective, 1972. 3/ Popper, La falsifiabilité: « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience » 4/ " On voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c'est que seules elles traitent d'un objet assez pur et simple pour n'admettre absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement. " > Descartes, Règles pour la direction de l'esprit. 5/ «Accéder à la science, c'est spirituellement rajeunir; c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.» Bachelard 6/ « Celui qui cherche la vraie science doit la pêcher là où elle se trouve ». Montaigne 7/ "Un long circuit dans la science théorique est nécessaire pour en comprendre les données. En fait les données sont ici des résultats." Bachelard, Le rationalisme appliqué p.103 8/ « La science ne cherche pas à énoncer des vérités éternelles ou de dogmes immuables; loin de prétendre que chaque étape est définitive et qu'elle a dit son dernier mot, elle cherche à cerner la vérité par approximations successives » ABC de la relativité Russell, Bertrand Finalité de la démarche scientifique 1/ RUSSELL: «La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et à y substituer ce qu'on peut appeler la vérité "technique".» 2/ « Le but de la science est de prévoir et non, comme on l'a dit souvent, de comprendre l'Homme et sa destinée » Lecomte de Noüy, Pierre Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports sciences/ réel 1/ La métaphysique: « J'entends par cette science les vérités générales qui peuvent servir de principes aux sciences particulières. » Malebranche, Entretiens sur la métaphysique, 1688. 2/ « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale.-» (DESCARTES, Ibidem.) 3/ LE DOGMATISME ET LA RAISON "Le dogmatisme de la métaphysique, c'est-à-dire le préjugé d'avancer dans cette science sans une critique de la raison pure." Kant, Critique de la raison pure, 1781-1787. 4/ « On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire » Auguste Comte. 5/ "Dans ces conditions toute expérience sur la réalité déjà informée par la science est en même temps une expérience sur la pensée scientifique." Bachelard, Le rationalisme appliqué p.54 6/ « Non, la science n'est pas une illusion. Mais ce serait une illusion de croire que nous puissions trouver ailleurs ce qu'elle ne peut pas nous donner. » [ L'avenir d'une illusion (1927) ] Freud, Sigmund Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature/ sciences de l’homme 1/ "La connaissance historique n'a pas pour objet une collection, arbitrairement composée des faits seuls réels, mais des ensembles articulés intelligibles". R. Aron. Dimensions de la conscience historique. Plon. 2/ « La science sociale a presque horreur de l'événement. Non sans raison : le temps court est la plus capricieuse, la plus trompeuse des durées. » Braudel, Écrits sur l'histoire, 1969. 3/ « Au sens strict des termes, l'histoire ne répond pas à la définition de la science; elle ne consiste pas en démonstrations abstraites comme les mathématiques ; elle n'est pas vérifiable par l'expérimentation comme les sciences de la nature; enfin, elle n'aboutit pas à des lois qui permettent la prévision. » Léon E. Halkin, Éléments de critique historique, 1974. 4/ « La frontière qui sépare l'histoire et la science n'est pas celle du contingent et du nécessaire, mais celle du tout et du nécessaire. » Paul Veyne, «L'histoire conceptualisante», in Faire de l'histoire, 1974. 5/ « J'entends par histoire une recherche scientifiquement conduite, disons à la rigueur une science, mais complexe : il n'y a pas une histoire, un métier d'historien, mais des métiers, des histoires, une somme de curiosités, de points de vue, de possibilités... » Braudel, Écrits sur l'histoire, 1969. 6/ ARISTOTE: «Comme la politique utilise les autres sciences pratiques, qu'elle légifère sur ce qu'il faut faire et éviter, la fin qu'elle poursuit peut embrasser la fin des autres sciences, au point d'être le bien suprême de l'homme.» 7/ « Il faut n'appeler Science que l'ensemble des recettes qui réussissent toujours. Tout le reste est littérature. » Moralités Valéry, Paul 8/ « De toutes les sciences humaines, la science de l'homme est la plus digne de l'homme. » De la recherche de la vérité Malebranche, Nicolas 9/ «LA PSYCHOLOGIE ET LA SCIENCE "Il est certain que le travail de la psychologie moderne n'a pas été vain : elle a produit nombre de règles empiriques qui ont même une grande valeur pratique." Husserl, La Krisis, 1935. 10/ « De toutes les sciences humaines, la science de l'homme est la plus digne de l'homme. » [ De la recherche de la vérité ] Malebranche, Nicolas 11/ « La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c'est la science du ménage » MONTAIGNE Science antique/science moderne 1/ « La science antique portait sur des concepts, tandis que la science moderne cherche des lois. » [ ] Bergson, Henri Science/mythe 1/ « La science souveraine et au plus haut point organisatrice [...], c'est la science politique. » Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s. av. J.-C. 2/ « La vraie voie de l'amour, [...] c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que la science de la beauté absolue. » Platon, Le Banquet, Ne s. av. J.-C. Science/religion 1/ « Ce n'est pas de vivre selon la science qui procure le bonheur; ni même de réunir toutes les sciences à la fois, mais de posséder la seule science du bien et du mal. » Dialogues, De la Sagesse Platon 2/ « Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme auquel ils ont renoncé, verront d'un mauvais oeil qu'un savant poursuive et développe ou même qu'il modifie ses idées.» [ Essais de psychanalyse (1927), Au-delà du principe du plaisir, 1920 ] Freud, Sigmund Science/philosophie 1/ « La philosophie n'est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même comme une science, travaille en partie avec les mêmes méthodes, mais elle s'en éloigne dans la mesure où elle s'accroche à l'illusion de pouvoir livrer une image du monde cohérente et sans lacune. » Freud, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse, 1933. 2/ « Si le regard philosophique procure le recul nécessaire pour considérer la science, le regard scientifique procure le recul nécessaire pour considérer la philosophie. Aussi, leur dialogique binoculaire pourrait procurer le nouveau recul qui nous est nécessaire pour considérer la connaissance. » Edgar Morin, La Connaissance de la Connaissance, 1986. 3/ « La philosophie sans la science perd bientôt de vue nos rapports réels avec la création pour s'égarer dans des espaces imaginaires; la science sans la philosophie [..J, on ne voit pas qu'elle offre à la raison un aliment digne d'elle, ni qu'elle puisse être prise pour le dernier but des travaux de l'esprit. » Cournot, Sur les fondements de nos connaissances, 1851. 4/ « La règle de la science est celle qui a été posée par Bacon : obéir pour commander. Le philosophe n'obéit ni ne commande. Il cherche à sympathiser. » Bergson, La Pensée et le Mouvant, 1934. 5/ « De même que nous appelons libre celui qui est à lui-même sa propre fin et n'existe pas pour un autre, ainsi [la philosophie] est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin. » Aristote, La Métaphysique, ive s. av. J.-C. 6/ « Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra "une fois dans sa vie" se replier sur soi-même et, au-dedans de soi, tenter de renverser toutes les sciences admises jusqu'ici et tenter de les reconstruire. » Husserl, Méditations cartésiennes, 1929. 7/ « Nous ne serons jamais philosophes, si nous avons lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, et qu'il nous est impossible de porter un jugement ferme sur une question donnée : en effet, nous paraîtrons avoir appris non des sciences, mais de l'histoire. » Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, 1701 (posth.) 8/ « La philosophie peut se définir non comme la science de tout mais comme la science du tout. » (THIBAUDET.) 9/ « La philosophie est la science des problèmes résolus. » (BRUNSCHVICG.) 10 / « Tandis que le savant, astreint à cueillir des répétitions le long de ce qui ne se répète pas est obligé de ruser avec la nature, d'adopter vis-à-vis d'elle une attitude de défiance et de lutte, le philosophe la traite en camarade. La règle de la science est celle qui a été posée par Bacon : obéir pour commander. Le philosophe n'obéit ni ne commande. Il cherche à sympathiser. » (BERGSON, ibidem.) 11/ LA PHILOSOPHIE ET LA LIBERTÉ "Il est évident que nous n'avons en vue, dans la philosophie, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa propre fin et n'est pas la fin d'autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est sa propre fin." Aristote, Métaphysique, 384-322 av. J.C. 12/ LES MATHÉMATIQUES AU PLURIEL "La mathématique est la science la plus ancienne et la plus parfaite ; cependant, le nom multiple par lequel on la désigne indique le défaut d'unité de son caractère philosophique." Auguste Comte, Philosophie positive, 1842. 13/ « Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont. » [ Métaphysique ] Aristote Science/art 1/ « Science, d'où prévoyance; prévoyance, d'où action : telle est la formule très simple qui exprime, d'une manière exacte, la relation générale de la science et de l'art. » Comte, Cours de philosophie positive, 1830. 2/ Diderot • "Mettez dans un des côtés de la balance les avantages réels des sciences les plus sublimes et des arts les plus honorés, et de l'autre, […] ceux des arts mécaniques, et vous trouverez […] qu'on a bien plus loué les hommes occupés à faire croire que nous étions heureux que les hommes occupés à faire que nous le fussions en effet." > Denis Diderot, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772), article "Art". 3/ « C'est par l'expérience que la science et l'art font leur progrès chez les hommes. » Aristote 4/ « Rien ne peut être plus opposé à tous les arts et sciences que le goût de l'exploit, parce qu'il gauchit la nature, qui est le modèle premier de tout le beau et de tout le sublime. » [ Essai sur les maladies de la tête ] Kant, Emmanuel 5/ « La principale fonction de l'Art est de construire des types sur la base fournie par la Science. » Système de politique positive Comte, Auguste 6/ « Les arts, comme les sciences doivent leur naissance à nos vices: nous serions moins en doute sur leurs avantages, s'ils la devaient à nos vertus. » Discours sur les Sciences et les Arts - Seconde partie Rousseau, Jean-Jacques Science/savoir 1/ " Sans la croyance qu’il est possible de saisir la réalité avec nos constructions théoriques, sans la croyance en l’harmonie interne de notre monde, il ne pourrait pas y avoir de science. " > A. Einstein et L. Infeld, L’Évolution des idées en physique 2/ « La véritable science enseigne, par-dessus tout, à douter et à être ignorant. » Miguel de Unamuno, Le Sentiment tragique de la vie. 3/ « Le faux est susceptible d'une infinité de combinaisons; mais la vérité n'a qu'une manière d'être. » Discours sur les sciences et les arts Rousseau, Jean-Jacques 4/ « Toute chose est contradictoire en soi. » Science de la logique Hegel, Georg Wilhelm Friedrich Science et société 1/ « La science et son objet diffèrent de l'opinion et de son objet, en ce que la science est universelle et procède par des propositions nécessaires [...]. L'opinion s'applique à ce qui, étant vrai ou faux, peut être autrement qu'il n'est. » Aristote, Seconds Analytiques, ive s. av. J.-C. 2/ « La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. » Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, 1938. 3/ «L'homme est destiné par sa raison à former une société avec les autres et dans cette société à se cultiver, à se civiliser et à se moraliser parl'art et par les sciences» Kant 4/ « Il n'y a pas de science plus évidente et plus simple que la morale, pour l'ignorant. Il n'y en a pas de plus épineuse et de plus obscure pour le savant.» (DIDEROT, Essai sur les règnes de Claude et Néron.) Le progrès de la science, critiques, etc… 1/ « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. » Rabelais, Pantagruel. 2/ « Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la science. » Edgar Poe, Puissance de la parole. Science et technique 1/ « Historiquement, la technique a précédé la science, l'homme primitif a connu des techniques. » Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, 1954. 2/ « L'inventeur de l'arc n'avait aucune idée de la pesanteur, ni de la trajectoire. Cela conduit à juger que la technique, quoique réglée sur l'expérience, et fidèlement transmise de maître en apprenti, n'a pas conduit toute seule à la science. » Alain, Propos du 28 février 1931. 3/ « Plus les techniques progressent, plus la réflexion est en recul. » Gabriel Marcel, Les Hommes contre l'humain, 1951. 4/ RUSSELL: «La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité absolue, et à y substituer ce qu'on peut appeler la vérité "technique".» 5/ LA TECHNIQUE ET LE PROGRÈS "Plus le niveau de la technique est élevé, plus les avantages que peuvent apporter des progrès nouveaux diminuent par rapport aux inconvénients." Simone Weil, Oppression et liberté, 1934. 6/ LA TECHNIQUE ET LA RAISON "C'est la rationalisation des techniques qui fait oublier l'origine irrationnelle des machines." Canguilhem, La Connaissance de la vie, 1952. Science et pseudo science Friedrich NIETZSCHE / « Préludes de la science. — Croyez-vous donc que les sciences se seraient formées et seraient devenues grandes si les magiciens, les alchimistes, les astrologues et les sorcières ne les avaient pas précédées, eux qui durent créer tout d’abord, par leurs promesses et leurs engagements trompeurs, la soif, la faim et le goût des puissances cachées et défendues? Si l’on n’avait pas dû promettre infiniment plus qu’on ne pourra jamais tenir pour que quelque chose puisse s’accomplir dans le domaine de la connaissance?» V Travail sur les articles de presses des revues Sciences Humaines et Recherche Science et société - La Recherche N°397-mai 2006 p 44 électroniques RFID : les nouveaux mouchards L’identification par radiofréquence, qui permet de reconnaître des objets, des personnes et des animaux sans contact physique ni visuel, est promise à un bel avenir. A condition que les inquiétudes concernant le respect de la vie privée soient apaisées. - La Recherche N°397-supplément mai 2006 p 30 Des sciences, des hommes et la société Les sciences humaines au service de la société, doivent influencer activités scientifiques, biosciences, santé et high tech, production, chimie et matériaux… - La Recherche N°398-supplément juin 2006 Ville et mobilité durables La science au service de la société, de l’aménagement des villes. - La Recherche N°374-avril 2004 p 79 Les OGM végétaux En quelques pages, un résumé général de ce que sont les OGM, des avantages et des risques qui y sont liés, utile dans le contexte d’inquiétude qui agite certains pays comme la France. - Sciences humaines N°155-décembre 2004 p 54 La sociologie politique française On peut soumettre les faits politiques à une analyse rigoureuse. Tel est le présupposé qui a justifié la constitution d’une sociologie politique. Il faut cependant attendre l’après 2nde Guerre Mondiale pour que cette approche se développe en France, au point de sembler dominer la science politique elle-même. - Sciences humaines Numéro Spécial N°1 en 2002 p 96 La sociologie réflexive de Pierre Bourdieu (le sociologue du peuple) - Sciences humaines N°124 Dossier : Société du risque p 88 Principe de précaution mode d’emploi Le principe de précaution nous incite, face à des dommages potentiels graves, voire gravissimes, et ce dans un contexte d’incertitude scientifique, à prévenir le danger sans attendre d’avoir levé cette incertitude. Fraudes scientifiques - La Recherche N°361-mars 2003 p 46 La physique traumatisée par la fraude En 2001-2002 Hendrik Schön et ses collègues ont publié des articles qui présentaient des résultats extraordinaires, mais faux. - La Recherche N°369-novembre 2003 p72 Le sang des Yanomami Il est interdit de faire des expériences sur des êtres humains à leur insu et sans obtenir leur consentement plein et entier. Ce principe, en vigueur depuis 1947, a pourtant été violé chez les Yanomami d’Amazonie. Alors qu’ils étaient décimés par des épidémies, on leur a prélevé des milliers d’échantillons de sang en leur faisant croire à un objectif sanitaire. Aujourd’hui, ils réclament ce sang, toujours stocké dans des laboratoires américains. - La Recherche N°394-février 2006 p 30 Dossier L’avenir du clonage humain Partie 1 : Les conséquences du scandale Hwang Après des semaines de polémiques, l’équipe du Coréen Woo-Suk Hwang, « pape » du clonage humain, a été convaincue de fraude scientifique. La production de cellules souches embryonnaires issues d’embryons obtenus par clonage somatique redevient un objectif hypothétique pour une communauté de chercheurs qui aura du mal à surmonter le choc. Faut-il noyer le bébé (virtuel) avec l’eau du bain ? Ce serait faire une croix sur l’apport potentiel du clonage dans le cadre de la médecine régénérative. Un apport qui, en pratique, serait loin du fantasme d’autoréparation qui plane autour de cette technique. Science et morale - La Recherche N°394-février 2006 p 30 Dossier L’avenir du clonage humain Partie 3 : Comment se passer d’embryons ? - La Recherche N°398-juin 2006 p 77 Claude Hurriet : « La bioéthique n’est pas réservée aux pays développés. » Interrogation sur les frontières de la réflexion bioéthique. p 46 Les traces cérébrales de la morale Certains neuroscientifiques se penchent sur la question des bases cérébrales de la morale. Il semblerait que les émotions jouent un rôle important dans les décisions de nature morale. Ce qui va à l’encontre de la philosophie classique… - La Recherche N°386-juin 2005 p 16 Clonage onusien La déclaration de l’ONU du 8 mars 2005 sur le clonage des êtres humains ne bannit pas juridiquement le clonage reproductif au niveau international. -La Recherche N°382-février 2005 embryonnaires p38 Cellules souches, résultats Pour mieux comprendre ce qu’est une cellule souche, qui est au centre des débats actuels en bioéthique. Quelques allusions aux mesures prises en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis pour limiter les expérimentations. - La Recherche N°372-mars 2004 p 46 Ces improbables bébés médicaments La loi française a autorisé en 2004 – en l’encadrant – la conception in vitro d’enfants immunologiquement compatibles avec l’aîné malade. Mais cette solution extrême à la pénurie de donneurs en est-elle vraiment une ? - Sciences humaines Trimestriel N°2 de 2006 (mars/avril/mai) p 81 La moralisation du monde, à chacun sa bioéthique - Sciences humaines N°124 Dossier : Société du risque p 40 Les fondements moraux de la bioéthique La recherche en biologie humaine et la pratique médicale sont aujourd’hui suspectées d’entretenir des risques considérables pour les individus et le devenir de l’humanité : eugénisme etc… Est-ce une idée moralement inacceptable ou un risque biologique ? => Différence entre : prévention des risques et réflexion morale. Science et religion - La Recherche N° 396-avril 2006 p 30 Dossier Dieu menace-t-il Darwin ? 5 articles : 1) Les dessous du « dessein intelligent » 2) 2005 : le procès de Dover En 2004, la ville de Dover en Pennsylvanie a décidé l’enseignement de la théorie du dessein intelligent dans les écoles. Onze parents d’élèves ont saisi la justice qui a tranché en leur faveur. 3) Pietro Corsi : « Une théologie pas une science » 4) Le papillon de la discorde Pour expliquer, ou réfuter, la sélection naturelle, évolutionnistes et créationnistes utilisent le même exemple, celui d’un papillon dont la couleur évolue avec l’environnement. 5) Le darwinisme évolue aussi 6) Des leçons pour la France - La Recherche N°391-décembre 2005 récrivent la Bible p 30 1) Ignorer la Bible serait une attitude obscurantiste Dossier Les archéologues Malgré les nombreuses découvertes archéologiques réalisées depuis plus d’un siècle au Proche-Orient, la Bible reste une source de premier ordre pour l’histoire de la région. A condition de ne pas s’attacher aux péripéties qu’elle rapporte, elle fournit en particulier des modèles utiles pour interpréter les données de terrain. 3) Terre promise, conquête de légende La conquête de la Terre promise par les Hébreux est une légende : les archéologues en ont apporté la preuve. Mais leurs découvertes permettent de donner une interprétation nouvelle aux textes bibliques qui la relatent. Ils reflèteraient aussi les différentes phases d’une crise de civilisation, dont on trouve de nombreux exemples ailleurs dans le monde et à d’autres époques. - La Recherche Hors Série n°14 Dieu, la science et la religion - Sciences humaines N°152 Août Sept. 2004p 14 Le christianisme est-il une science humaine ? - Sciences humaines Février 2006 p 24 Le Dessein Intelligent, les habits neufs du créationnisme - Sciences humaines Hors Série juin/juillet/août 2003 p 8 sciences humaines, « sciences des religions » Dieu et les Modalités de la démarche scientifique - La Recherche N°398-juin 2006 p 8 Les étoiles perdent leur référence L’étoile Véga n’a pas les caractéristiques qu’on lui attribuait. Mais comme elle sert à étalonner les instruments et les modèles stellaires, c’est tout un édifice théorique qu’il fait revoir. - La Recherche N°390-novembre 2005 physique p 42 L’équation ultime pour la Existe-t-il cette « théorie du tout » qui expliquerait simplement l’ensemble des phénomènes physiques ? De nombreux physiciens se sont en tout cas attelés à son élaboration. A la fin du siècle dernier, le développement de la théorie des cordes laissait penser à certains qu’ils y parviendraient facilement. C’était sans compter avec la complexité du monde. - La Recherche N°385-juin 2005 p 26 Ces hypothèses sont-elles bonnes ? Pour tirer le meilleur parti des données d’observations astronomiques, deux statisticiens développent une méthode de test adaptée à un grand nombre d’hypothèses, permettant d’évaluer la proportion d’entre elles qui sont exactes. - La Recherche Hors Série n°23 p 50 En quête d’une théorie ultime Voici près d’un siècle que les physiciens cherchent à échafauder une « théorie du tout » unifiant la mécanique quantique et la relativité. Parmi les candidates, la théorie des cordes fait figure de favorite. - La Recherche N°361-mars 2003 p 74 Yves Coppens : « L’East Side Story n’existe plus. » Comment le créateur de cette théorie est amené à la falsifier suite à la découverte d’un nouvel élément. - La Recherche N°376-juin 2004 p 30 Dossier Génome, postgénome, quel avenir pour la biologie ? Les biologistes vivraient-ils sous nos yeux un changement de paradigme ? Le réductionnisme génétique qui a caractérisé la biologie du XXème siècle cèderait la place à une vison plus globale de la cellule et de l’organisme. Un terrain sur lequel les physiciens et informaticiens pourraient intervenir avec profit. - Sciences humaines Hors Série N°42 2003 p107 La structure des révolutions scientifiques Explication de la théorie du philosophe Kuhn qui modélise la science comme un phénomène social, en opposition avec la vision de Karl Popper. Il montre que l'adoption d'une nouvelle théorie engage une communauté de chercheurs, qui se concentrent sur certains phénomènes et certaines déficiences de la théorie précédente. Cette communauté a ses propres publications, ses propres conférences et ses propres références. Plusieurs communautés peuvent coexister dans le temps dans un rapport de concurrence et de relative ignorance réciproque. Contrairement à ce qu'affirme Popper, une théorie n'est pas historiquement rejetée dès qu'elle est réfutée, mais seulement quand elle peut être remplacée, ce qui prend du temps, par un nouveau paradigme. - Sciences humaines Mars 2006 p 33 L’intelligence collective La bonne science est-elle un produit collectif ? Le travail scientifique doit-il être collectif ? - Sciences humaines N°152 2004 p 14 Les neurosciences à l’assaut du moi En étudiant les relations entre le cerveau, la mémoire, les émotions et la conscience, les sciences cognitives opèrent-elles une révolution ? Science et mythe - La Recherche N°372-février 2004 p 16 Salomon s’enfonce dans la légende Les recherches et découvertes des archéologues remettent en cause la véracité des écrits bibliques. - La Recherche N°387-avril 2005 p 26 Marguerite Neveux : « Le nombre d’or est une affabulation » Le fameux nombre d’or ne serait pas autant présent dans la nature et dans les travaux des hommes qu’on ne le pense. Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature / sciences humaines - La Recherche N°397-mai 2006 p 30 psychanalyse face aux neurosciences Dossier Freud et la science : la Dossier sur la polémique actuelle autour du statut de la psychanalyse, et de son rapport à la science et à la psychothérapie. 1) Dix questions sur l’avenir de la psychanalyse 2) L’inconscient au crible des neurosciences 3) Qu’a-t-il vraiment découvert ? - La Recherche N°386-mars 2005 p 59 Laurent Mucchielli : « Sciences dures et sciences molles ont une démarche commune » Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports science / réel - La Recherche N°390-novembre 2005 p 30 Dossier A la recherche du temps zéro Pseudo-sciences - La Recherche N°372-février 2004 p 65 Jayant V. Narlikar : « Croire au Big Bang est un acte de foi » Cet astrophysicien indien reproche à a cosmologie de ne pas être une science. - Sciences humaines N°134 janvier 2003 p 21 dossier : La littérature une science humaine ? Sciences sociales / littérature : la fin des hostilités ? Il est de plus en plus admis que la littérature peut faire progresser la connaissance, et même servir de modèle d’énonciation aux historiens, aux ethnologues et aux sociologues. Les intuitions sociologiques de Marcel Proust Proust est un sociologue de grand talent : la manière dont il a décrit le déclin de l’aristocratie demeure un trésor pour les historiens. Finalités de la démarche scientfique - La Recherche N°370-décembre 2003 p 34 L’univers est-il intelligible ? Einstein s’étonnait que le monde fût compréhensible. Mais l’est-il ? A l’heure où l’on nous parle de « fin de la science », la question n’est pas tranchée. Au contraire, tant en mathématiques qu’en physique et n biologie, la science se heurte à des trous noirs d’incompréhensibilité. - Sciences humaines N°129 juillet 2002 p 38 Au cœur de l’imaginaire technique Pour Patrice Flichy, spécialiste des médias et des systèmes de communication, on ne peut comprendre l’innovation technique si on dissocie l’étude du monde des conceptions de celui des usages. « L’enjeu d’une sociologie de la technique est de savoir comment se construit le lien social dans et par la machine ». Théories scientifiques - La Recherche N°360-février 2003 ordinateur ? p 30 Dossier Dieu est-il un 1) Les nouveaux démiurges Quelques scientifiques américains de haut niveau pensent que l’Univers sera un jour décrit comme un calculateur. 2) Quelques raisons d’en douter - Sciences humaines N°38 2002 Abécédaire des sciences humaines P 12 Bioéthique……….Réflexions sur le vivant ; P 41 Feyerabend………Une théorie anarchiste de la connaissance : P 59 Internet…………..Entre technologie et imaginaire ; P 63 Kuhn……………..Comment les théories scientifiques évoluent-elles ? P 99 Sciences politiques ; P103 Sociologie ; P 106 Techno-sciences. VI travail sur les volumes de l'université de tous les savoirs Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud Editions Odile JACOB Volume 1 : " Qu'est-ce que la vie ? " II . Diversité de la vie, évolution et préhistoire - La biodiversité, JC. Monoulou p.83 - La coévolution, C. Combes p.93 III . Première étape de réflexion et de critique : le savoir, la technique et l'éthique. - Mathématiques et réalité, P. Cartier p.179 - L'expérience dans les sciences : modèles et simulation, D. Parrochia p.193 - La théorie de l'évolution : que signifie darwinisme aujourd'hui ?, J. Gayon p.204 - Rationalité et raisonnement, G. Gaston Granger p.215 - Expertise scientifique et débat démocratique, P. Boistard p.223 - La technoscience : entre technophobie et technophilie, G. Hottois p.236 - Ethique de l'investigation scientifique sur l'être humain, A. Fagot-Largeault p.248 - Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?, J. Bouveresse p.263 - L'appropriation du vivant : de la biologie au débat social, B. Chevaussus-Au-Louis p.276 IV . Aspects du développement humain - L'embryon, cet inconnu, R. Frydman p.291 - Le développement de l'intelligence chez l'enfant, O.Hondé p.311 V . Où mène la génétique ? - Le clonage, JP. Renard p.344 - Les enjeux éthiques de la génétique, A. Kahn p.380 VI . Le cerveau, les comportements,et les passions - Les toxicomanies : l'identité des bases neurologiques et stratégies thérapeutiques d'aide : l'abstinence, B. Roques p.473 Volume 2 I. L’homme face à l’animal 1 L’intelligence de l’animal, par Jacques Vaudain, p. 26 VII. Comment nous soignerons-nous ? 2 Les bases génétiques des maladies et le diagnostic génique, par Jean-Louis Mandel, p. 441 3 Les thérapies géniques : espoirs et réalités, par Olivier Dans, p. 454 4 La médecine nucléaire, par Jean-Yves Devaux, p. 462 VI. Perspective sur les maladies 5 Virus et Sida, par Luc Montagnier, p. 343 6 Les maladies mentales et les dépressions : o par Jean Guyotat, p. 399 o par Jean-Louis Terra, p. 410 Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud Editions Odile JACOB Volume 4 IV. La Terre, les océans, le climat 7 L’action de l’homme sur le climat, par Hervé Le Treut, p. 481 VI. Des particules à l’antimatière : la matière et son organisation 8 La connaissance physique a-t-elle des limites, par Jean-Marc Levy-Leblond, p. 515 Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud Editions Odile JACOB Volume 5 Qu’est-ce que les technologies ? I. Enjeux de l’éducation et formation de demain 9 L’accès au savoir : permanences et mutations, par Pierre Caspar, p.17 Dont : Des mutations profondes ; Des avancées considérables …mais beaucoup de questions nouvelles. - L’enseignement des sciences, par Jean-Jacques Duby, p.47 - Enseigner : le devoir de transmettre et les moyens d’apprendre, par Philippe Meirieu, p.67 II. L’homme et l’informatique : machines, connexions et agents 10 Le nouvel ordre numérique, par Laurent Cohen-Tanugi, p.79 IV. Artifices 11 La vie artificielle, par Hugues Bersini, p.226 12 L’intelligence artificielle, par Jean-Paul Haton, p.236 13 Demain, quelles technologies pour quelle défense ? , par Jean-Yves Helmer, p.246 14 Les conflits et armées de demain, par Jacques Lanxade, p.255 V. Exploration et exploitation de l’espace : une aventure et ses enjeux 15 Les lanceurs spatiaux, par Hubert Curien, p. 269 16 L’homme dans l’espace et les vols habités, par Alène Ammar-Israël, p.276 17 Espace et domination, par Jacques Blamont, p.285 VI. Batteries, piles, atomes et moteurs biologiques : quelles énergies ? 18 L’énergie nucléaire, par Bertrand Barré, p. 310 VII. Matériaux en tous genres : l’ancien et le nouveau 19 Les biomatériaux, par Laurent Sedel, p.383 20 Les matériaux intelligents, par Joël de Rosnay, p.391 Dont : Les matériaux intelligents de demain : vers l’homme symbiotique. VIII. Les pollutions et leurs remèdes 21 Pollutions et épuration des eaux, par Lothaire Zilliox, p. 503 22 Ozone et qualité de l’air, par Gérard Mégie, p.515 (cf. conclusion et enjeux) 23 Chimie polluante, chimie non polluante, chimie dépolluante, par Guy Ourisson, p.555 24 Les ambiguïtés des politiques de développement durable, par Pierre Lascoumes, p.561 IX. La société du risque et de l’extrême 25 Risques liés à l’informatisation : dépendance ou confiance ? , par Jean-Claude Laprie, p.585 26 Responsabilité, risque et précaution, par Gilles J-Martin, p.593 (N.B. : ce qui est intéressant dans ce volume, ce sont tous les enjeux et les questions qui se posent autour de ces technologies et de leurs avancées, l’impact de la science et de l’innovation scientifique sur l’homme, son environnement, à court et à long terme…) RESUME D’ARTICLES : VII. Matériaux en tous genres : l’ancien et le nouveau Les matériaux intelligents, par Joël de Rosnay, p.391 Un matériaux intelligent possède des fonctions qui lui permettent de se comporter comme un capteur (détecte des signaux), un actionneur (agit sur son environnement), ou parfois comme un processeur (traite, compare, stocke les informations). C’est un matériau capable de modifier spontanément ses propriétés physiques, comme sa forme, sa couleur, sa connectivité, en réponse à des excitations naturelles ou provoquées, venant de l’extérieur ou de l’intérieur du matériau (température, électricité…). Par exemple les alliages à mémoire de forme, qui sont les plus connus, se déforment à froid et retrouvent leur forme initiale à partir d’une certaine température par suite d’un changement de phase. D’autres matériaux intelligents peuvent être microscopique et agir au niveau biologique. Ils peuvent intégrer les cellules et servir alors pour créer des médicaments, pour établir un diagnostic rapide ou encore effectuer des analyses génétiques. Parmi les matériaux biologiques intelligents sont également nées des puces que l’on peut implanter dans le corps humain et qui sont susceptibles de traiter de nombreux désordres métaboliques (rétine artificielle, audition artificielle, simulateurs ou défibrillateurs cardiaques). Aujourd’hui, un des principaux objectifs des chercheurs dans le domaine des matériaux intelligents est d’arriver à fabriquer des bio-ordinateurs à ADN, qui permettrait de traiter en un temps record des problèmes d’une grande complexité, et des mémoires de masse utilisant des protéines photosensibles. O n peut imaginer à l’avenir de combiner des systèmes de traitement d’information fonctionnant à partir de molécules, avec des molécules de textiles intelligents. Il deviendrait alors possible de porter sur soi des ordinateurs où les systèmes de communication permettront à l’homme d’entrer en interface avec les réseaux qui l’entourent. Nous sommes en train de passer progressivement de l’ordinateur et du téléphone portables à l’ordinateur et au téléphone mettables. Pourquoi en effet compacter , dans des boitiers de plus en plus petits, les circuits électroniques et informatiques puissants servant dans les téléphones ou les ordinateurs de poche plutôt que de les tisser dans les vêtements que nous portons ? C’est le principe fondamental choisi par les laboratoires qui travaillent sur ce que l’on appelle les wearable computers. Les outils de communication seront portés de plus en plus près du corps et en interface directe avec lui. Ainsi, grâce à la discipline émergente appelée « biotique », mariant biologie et informatique dans des matériaux intelligents, l’homme entrera en symbiose avec les réseaux ‘information qu’il a extériorisés de son propre corps. Les systèmes nerveux planétaires qui se mettent en place, constituent un superorganisme dont nous sommes les neurones. A nous de faire en sorte que cet homme symbiotique vive en harmonie avec l’organisme planétaire qu’il a créé. I. Enjeux de l’éducation et formation de demain L’enseignement des sciences, par Jean-Jacques Duby, p.47 Nous vivons aujourd’hui mieux, plus longtemps, en meilleure santé à l’aube du XXIè siècle qu’à celle du XXè ; et il faut être aveugle ou de parti pris pour ne pas reconnaître que ce mieux-vivre ne serait pas sans le progrès des connaissances scientifiques et des techniques qu’elles engendrent. Il faut d’abord des créateurs de science, scientifiques et chercheurs qui fassent avancer les connaissances, et il faut aussi des utilisateurs de science comme des ingénieurs, des gestionnaires et des travailleurs, aptes à comprendre, analyser et raisonner. Cependant, ce qui reste pour le moins le plus indispensable au progrès scientifique, c’est une société de citoyens éclairés, capables non seulement d’utiliser des connaissances scientifiques pour déchiffrer le monde qui les entoure, mais aussi et surtout de comprendre et de juger les changements qui y sont apportés par les progrès scientifiques et techniques. De ce triple besoin de créateurs, d’utilisateurs de science et de citoyens éclairés, découlent trois objectifs qui s’imposent aujourd’hui à l’enseignement des sciences : -former des scientifiques, chercheurs, spécialistes des disciplines, l’objectif de l’enseignement de toute discipline étant de transmettre des connaissances acquises en les faisant progresser et les rendant accessibles à l’ensemble de la société. -former des utilisateurs de la science car aujourd’hui ce ne sont plus seulement les ingénieurs et les gestionnaires qui doivent être formés aux méthodes et outils scientifiques, ce sont tous les travailleurs dans toutes les branches d’activité. -former des citoyens capables de comprendre et de juger les enjeux de la science car il est nécessaire que les citoyens sachent ce qu’ils peuvent attendre du progrès des connaissances, ses retombées positives, ses risques éventuels. Chaque citoyen doit donc disposer d’une culture générale scientifique de base, le minimum de ce qu’il faut savoir pour comprendre les enjeux, mesurer les risques, décider pour soi-même et participer aux choix collectifs : comment peut-on porter un jugement éclairé sur le nucléaire si l’on ignore ce qu’est la radioactivité ? L’enseignement des sciences est donc alors examiné non pas en terme de nature ou de niveau des connaissances, mais en fonction de ces trois objectifs. Ce sont ici les responsabilités sociales qui sont prises en compte quant à l’enseignement des sciences. L’enseignement des sciences doit nous permettre d’utiliser des connaissances scientifiques pour déchiffrer le monde qui nous entoure, pour comprendre, juger, et encore plus pour participer aux changements qui y sont apportés par les progrès scientifiques et techniques et évaluer les risques potentiels. Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud Editions Odile JACOB Le renouvellement de l’observation dans les sciences 27 Cartographie du cerveau et de la pensée, par Bernard Mazoyer, p. 39 28 L’apport de l’informatique dans la visualisation des observables cachés en science et en médecine, par Jacques Demongeot, p. 71 29 Comment la science représente le réel ?, par Gilles Gaston Granger, p.85 30 Observer l’art : entre voir et savoir, par Daniel Arasse, p. 97 travaux non archivés Modalités de la démarche scientifique : 1) La formation des concepts scientifiques Le concept est le produit de l’entendement opérant par abstraction. Il est nécessaire au savoir scientifique en organisant l’intuition sensible et empirique pour accéder au système scientifique de la vérité. Il s’engendre en dépassant l’obstacle épistémologique (l’expérience immédiate), animiste (croyance en l’omniprésence d’un liquide vital), de la libido. Exemple : Constitution du concept de capacité électrique. Le concept naît en opposition aux théories antérieures. Exemple : concept de l’homme (l’homme n’est plus une entité supranaturelle). 2) Théorie et expérience Selon l’empirisme, le physicien devrait raisonner sur les phénomènes sans hypothèse préliminaire. C’est une illusion car la sphère sensible ne peut fonder seule la connaissance : « Si toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience » (Kant). Il n’y a pas de phénomène pur donc l’expérimentation doit être couplée à la théorie. Le théoricien prédit un phénomène et l’expérience peut modifier la théorie ou l’expérience remet en cause la théorie régnante. 3) Les principes régulateurs de la science et le problème du déterminisme : l’ordre du désordre. La science a substitué aux notions de causes (déterminisme), le concept de loi qui permet une prévision. Cependant, le déterminisme est au cœur de la loi physique avec l’Ordre-Roi (Cf Laplace) selon lequel l’ordre souverain des forces de la nature est absolu. Ainsi, déterminisme et principe de conservation de la matière furent longtemps à la base de la science classique de Kepler ou Newton. Cette conception est remise en cause au 19e siècle avec le déterminisme probabilitaire et la dissolution de la matière en énergie. Ainsi, l’entropie désigne une dégradation de la qualité (de l’énergie) et de l’ordre (perte de structures). Heisenberg montre qu’il est impossible de prévoir rigoureusement l’évolution d’un phénomène microphysique. L’ordre cosmologique est aussi disloqué : l’univers n’est pas ordonné mais est un nuage incertain et une dispersion sans structure. Cependant le désordre est organisateur : le cosmos s’organise en se désintégrant. L’univers de Copernic et Galilée a disparu. La science contemporaine réhabilite la finalité écartée par la science moderne avec la cybernétique (science de la régulation et de la communication dans la machine) et la néguentropie (on peut produire de l’ordre au détriment de l’ordre de l’environnement). L’immuabilité de la matière est aussi mise en cause par les théories relativistes (la transformation de la matière en énergie) et de la microphysique des particules (les quarks sont des particules fondamentales inaccessibles à l’expérimentation et dont l’assemblage permet de recréer toutes les autres particules). 4) La connaissance du vivant La biologie étudie le vivant, la logique de son organisation et non la vie ou le principe vital qui ne sont pas des instruments scientifiques. Les étapes de la connaissances du vivant sont parcourues par quatre secousses vers une structure d’ordre plus élevé : Au début du 19e siècle, Cuvier élabore le concept d’organisation : le corps n’est plus une juxtaposition d’organes mais un ensemble coordonné. Les organes sont en relation et visent un même but. Avec Lamarck puis Darwin, apparaît l’idée que tous les êtres vivants sont liés à travers le temps, il n’y a pas d’espèce immuable. Darwin abolit le providentialisme de Lamarck selon qui le vivant s’élève vers une harmonie préétablie par une transcendance. Darwin s’appuie sur l’opposition établie par Malthus entre puissance reproductrice et forces externes pour élaborer la théorie de la sélection naturelle qui repose sur les lois des grands nombres (on étudie la variation d’une population et non d’un individu). Le temps probabilitaire et statistique ouvre la biologie à l’expérimentation. Lorsque Mendel établit l ‘existence des chromosomes, la biologie atteint la rigueur mathématique. Puis Morgan découvre les gènes, confirmant ainsi la théorie de Darwin (évolution par mutations). Enfin, la découverte de l’ADN élargit encore la connaissance du vivant. Sexualité et mort sont des moyens de l’évolution grâce à l’hérédité. Le vivant se définit par plusieurs caractères : La téléonomie : tout être vivant a un dessein, un projet, son activité est cohérente, orientée. Cette finalité s’insère dans les lois implacables de la matière (les protéines sont des agents téléonomiques) et de la physico-chimie. Les constituants élémentaires s’organisent eux-mêmes en édifices complexes. Le vivant se construit lui-même : les structures sont autonomes, indépendantes à l’égard des agents externes. IL y a autoconstruction, autoconservation et autorégulation. Le vivant a le pouvoir de se reproduire et de transmettre l’information correspondant à sa propre structure : c’est la reproduction invariante. Science de la nature / sciences humaines 5) La constitution des sciences de l’homme Les sciences humaines étudient les attitudes, comportements et signes humains surtout à travers les interrelations sociales. La notion de nature humaine est ancienne mais avant le 19 e siècle, l’homme fut d’abord un symbole analogique du monde (à l’origine de la finalité d’Aristote…) puis à l’époque classique (17e-18e siècle), l’homme n’est pour la pensée cartésienne qu ‘un objet de pensée parmi d’autres. Ce n’est qu’au 19e siècle que l’on s’intéresse aux lois internes de l’activité humaine et à l’essence de l’homme. Ainsi, la sociologie (science positive des faits sociaux et des institutions) apparaît en 1839 avec Combe, la psychologie (étude de l’âme et de la subjectivité) à la fin du siècle avec Fechner, la psychanalyse en 1900 avec Freud… Pour Foucault, le domaine de l’épistémè est ouvert selon trois dimensions qui forment le trièdre du savoir : les sciences mathématiques et physiques caractérisées par un enchaînement discursif de propositions démontrées, les autres sciences (du langage, de la vie, de la production…) et la réflexion philosophique. Les sciences humaines n’y sont pas incluses mais sont en rapport avec les autres formes de savoir. L’Homme est à la fois objet et sujet donc les sciences humaines ne peuvent se dégager de l ‘espace social, sont incapables de bâtir des théories sur des objets précis. De plus, il ne peut pas y avoir d’expérimentation. L’homme est donc étranger au champ authentique des relations formelles et de l’expérience qui constituent la science. Les sciences humaines ne sont donc pas vraiment des sciences mais plutôt un savoir. Culture Une science sans âme ? Il semble bien que la science ne fasse pas ou plutôt plus partie de la culture. Le problème de la place de la culture scientifique peut ainsi faire le lien entre le manque de culture scientifique et le manque d’enthousiasme du public. Il existe en effet une véritable « rupture entre la science et les citoyens » (d’après le docteur Schwartzenberg, ministre et éminent chercheur français) comme tendent à le confirmer les lettres piégées envoyées à des chercheurs américains par le terroriste Unabomber. Tout d’abord, les objets techniques ne sont pas perçus dans notre société comme des objets de connaissance : un tiers des européens estiment que dans la vie de tous les jours, la science ne sert à rien. La technoscience est, de plus, devenue autonome : la technique est arrivée à un tel point d’évolution qu’elle se transforme et progresse sans intervention décisive de l’homme. Ensuite, cette image négative de la science est aussi due au manque de communication entre des scientifiques qui ne vivent pas la science comme une culture et le grand public. Cela débouche sur l’inculture scientifique qui peut être un frein à la démocratie et ouvrir la voie à la technocratie. En effet, la science échappe au débat public alors qu’il faudrait un contrôle effectif des développements techniques, un partage du pouvoir. Améliorer la culture scientifique apparaît donc nécessaire. Cela passe par une vulgarisation scientifique qui pose problème aux scientifiques qui ne veulent pas toujours être concrets et aborder les véritables problèmes. Par ailleurs, on n’arrive jamais à vulgariser la science de manière satisfaisante car le langage scientifique est trop complexe. Cependant, il faut une plus grande communication publique pour arriver à une science plus complète, plus citoyenne, « une science pour les hommes de notre temps » (René Lenoir).De plus, on peut déduire de ce débat que la science ne peut être que modeste car comme le dit Popper, « il existe toutes sortes de sources de la connaissance mais aucune d’entre elles ne fait autorité ». Le chant du signe L’idée de culture scientifique provoque incrédulité chez les acteurs de la connaissance. En effet, la langue utilisée en science est symbolique donc on pourrait penser que la science s’oppose à la culture. Néanmoins, la science, même la plus formalisée, dit, communique. Certains auteurs comme Chaïm Perelman dans le champ de l’argumentation ont avancé que la démonstration relevait du genre rhétorique de l’argumentation. Cela dit, ce n’est pour autant renoncer à la quête de la vérité et réduire la science à un art de convaincre : une des conditions de la rigueur scientifique est la réforme constante de la langue commune pour isoler des concepts univoques. On peut ainsi parler d’un « devenir culture » du savoir scientifique. Si l’on souhaite que les sciences restent des cultures, il faut une reconnaissance de la nature subjective de toute argumentation car la science ne peut se passer d’une démarche discursive puisqu’ « un énoncé excède toujours l’usage particulier qu’on en fait » (Austin). En effet, la désignation exclusive (le rapport exclusif entre un signe et sa signification ce qui conduit à une dépersonnalisation du discours) est une illusion. Même si le signe est circonscrit à un raisonnement particulier, on peut douter de son univocité parfaite car l’énonciation est subjective. C’est bien le statut du sujet qui est en question : en énonçant le savoir scientifique, le sujet parle, donc pense; or le sujet pensant n’est-il que le support des énoncés qu’il produit ? Si le sujet est aussi leur producteur, alors tout énoncé est subjectif et sa possibilité d’être interprété par un autre sujet pensant rentre dans les conditions de possibilité de sa vérité. Tout discours est donc nécessairement inscrit dans une subjectivité. Il y a donc culture scientifique lorsqu’un savoir scientifique de sa pérennité, de sa visée universelle mais aussi de son évolution. Mais la dimension cultuelle d’un savoir scientifique ne réside-t-elle pas véritablement dans la perpétuelle évolution de son langage ? Selon Gödel, un langage n’est « valable » que s’il peut être traduit : chaque élément d’un système de signes doit désigner un référent mais se désigne aussi lui-même. La « signifiance » (ce par quoi un signe se désigne lui-même en même temps qu’il désigne un objet) serait donc une des causes fondamentales de l’ambiguïté du signe et de la science. Il n’y a donc pas de savoir sans sujet du savoir. La culture scientifique consiste en la conscience de la perpétuelle reformulation nécessaire à la rationalité des énoncés. Le falsificationisme Introduction au falsificationisme Pour le falsificationiste, l'observation est guidée par la théorie. Les faits d'observation ne permettent cependant pas d'établir la vérité d'une théorie. Il considère les théories comme des conjectures qui doivent être confrontées rigoureusement à l'observation et à l'expérience. Il faut éliminer les théories incapables de résister aux tests de l'observation ou de l'expérience et les remplacer par d'autres conjectures. La science progresse par conjectures et réfutations. Seules les théories les mieux adaptées "survivent". On ne s'autorisera jamais à dire d'une théorie qu'elle est vraie, mais on tendra à affirmer qu'elle est la meilleure disponible, qu'elle dépasse toutes celles qui l'on précédée. La logique en faveur du falsificationisme Selon le falsificationisme, on peut montrer que certaines théories sont fausses en faisant appel aux résultats d'observation et d'expérience. Si des déductions logiques fondées uniquement sur des énoncés d'observation vrais ne nous permettent en aucun cas d'aboutir à des lois universelles et à des théories, elles peuvent nous conduire à conclure à la fausseté de lois et de théories universelles. La fausseté d'énoncés universels peut être déduite d'énoncés singuliers appropriés. Le falsificationiste exploite à fond cette propriété logique. La falsificité comme critère de délimitation pour les théories Le falsificationiste voit en la science un ensemble d'hypothèses visant à décrire avec précision ou à expliquer le comportement d'une partie du monde ou de l'univers. Mais toutes les hypothèses ne sont pas à retenir. Toute hypothèse ou tout système d'hypothèses doit satisfaire une condition fondamentale pour acquérir le statut de loi ou de théorie scientifique. Pour faire partie de la science une hypothèse doit être falsifiable. Une hypothèse est falsifiable si la logique autorise l'existence d'un énoncé ou d'une série d'énoncés d'observation qui lui sont contradictoires, c'est à dire qui la falsifieraient s'ils se révélaient vrais. Le falsificationiste exige que les hypothèses scientifiques soient falsifiables. Et c'est uniquement en énonçant une série d'énoncés d'observation logiquement envisageables qu'une loi ou une théorie acquiert une valeur informative. Or si une théorie a un contenu informatif, elle doit courir le risque d'être falsifiée. Degré de falsifiabilité, clarté et précision Une bonne loi ou théorie scientifique est falsifiable justement parce qu'elle fait des assertions définies sur le monde, autrement dit qu'elle a une haute valeur informative. Pour le falsificationiste, plus une théorie est falsifiable, meilleure elle est. Plus une théorie énonce d'assertions, plus nombreuses seront les occasions de montrer que le monde ne se comporte pas de la façon prévue par la théorie. Une très bonne théorie énonce des assertions de portée très générale sur le monde; elle est par conséquent hautement falsifiable, et elle résiste aux falsifiactions chaque fois qu'elle est soumise à un test. Des théories hautement falsifiables doivent être préférées à celles qui le sont moins, donc, tant qu'elles n'ont pas été falsifiiées. Cette réserve est importante pour le falsificationiste. Les théories qui ont été falsifiées doivent être rejetées sans ménagement. Nous tirons des enseignement de nos erreurs. La science progresse par essais et erreurs. Comme la logique empêche de tirer des lois et des théories universelles des énoncés d'observations, mais autorise à dire qu'ils sont faux, les falsifications deviennent les points de repère essentiels, les réussites saisissantes, les facteurs de croissance majeurs dans la science. Falsification et progrès Le progrès de la science vu par le falsificationiste peut être résumé de la manière suivante. La science commence par des problèmes en rapport avec l'explication du comportement de certains aspects du monde ou de l'univers. Les hypothèses falsifiables sont proposées par le scientifique en tant qu'elles apportent des solutions au problème. Les conjectures sont ensuite critiquées et testées. Certaines seront rapidement éliminées. D'autres s'avèreront plus fructueuses. Ces dernières doivent être soumises à une critique encore plus serrée et à des tests. Lorsqu'une hypothèse qui a surmonté avec succès une batterie étendue de tests rigoureux se trouve falsifiée, un nouveau problème surgit, très éloigné, il faut l'espèrer du problème original résolu. Ce nouveau problème suscite de nouvelles hypothèses, que suit un renouvellement de la critique et de l'expérimentation. Et le processus se poursuit ainsi indéfiniment. On ne peut jamais dire d'une théorie qu'elle est vraie, même si elle a surmonté victorieusement des tests rigoureux, mais on peut heureusement dire qu'une théorie actuelle est supérieure à celle qui l'ont précédé au sens où elle est capable de résister à des tests qui avaient falsifié celles qui l'ont précédé. Le falsificationisme sophistiqué, les prédictions nouvelles et le progrès de la science Degré de falsifiabilité relatif plutôt qu'absolu Nous avons mentionné certaines conditions qu'une hypothèse doit satisfaire pour mériter d'être prise en considération par un scientifique. Une hypothèse doit être falsifiable, elle est d'autant meilleure qu'elle est falsifiable, mais elle ne doit cependant pas être falsifiée. Les falsificationistes plus sophistiqués ont conscience que ces conditions, seules, sont insuffisantes. Il faut une condition supplémentaire pour reflèter la nécessité qu'à la science de progresser. Une hypothèse doit être plus falsifiable que celle qu'elle vise à remplacer. Ainsi, plutôt que de se demander si une théorie est falsifiable, en quoi elle l'est et si elle a été falsifiée, on se posera la question : la théorie proposée peut-elle effectivement remplacer celle qu'elle concurrence ? La confirmation vue par les falsificationistes L'auteur a insisté sur le fait que la science devait progresser en proposant des conjectures audacieuses, hautement falsifiables, pour tenter de résoudre des problèmes. En outre, il proposait de considérer que les avancées significatives dans la science se produisent lorsque ces théories audacieuses sont falsifiées. Cependant il serait trompeur de fixer son attention exclusivement sur les instances falsifiables, car on aboutirait à une représentation erronée de la position falsificationiste la plus sophistiquée. C'est une erreur de considérer que le fait que des conjectures audacieuses, hautement falsifiables, soient falsifiées, représente des moments d'avancée significatives dans la science. Les progrès significatifs ont lieu lors de la confrontation de conjectures audacieuses ou de la falsification de conjectures prudents. Au contraire, la falsification d'une conjecture audacieuse ou la confirmation d'une conjecture prudente nous apprennent peu. Comparaison des points de vue inductiviste et falsificationiste sur la confirmation La vision falsificationiste de la confirmation diffère notablement de la vision inductiviste en raison de l'accent que met la première sur le procès de développement de la science. Selon le point de vue inductiviste, la signification de certaines instances qui confirment une théorie est déterminée seulement par la relation logique entre des énoncés d'observation confirmé set la théorie en question. Le contexte historique dans lequel se fait la preuve ne compte pas. Cela contraste fortement avec le point de vue falsificationiste qui fait varier le sens des confirmations avec le contexte historique dans lequel elle se produisent. Une confirmation donnera ses lettres de noblesse à une théorie si elle résulte du test d'une prédiction nouvelle. Autrement dit, une confirmation sera jugée significative si le savoir acquis contemporain rendait jusque là son savoir improbable. Les confirmations qui portent sur des conclusions passées ne sont pas significatives. Les limites du falsificationisme Ladépendance de l'observation par rapport à la théorie et la faillibilité des falsifications. Les thèses falsificationistes souffrent du fait que les énoncés d'observation dépendent d'une théorie et sont falsifiables. Si l'on dispose d'énoncés d'observation vrais, alors on ne peut déduire logiquement la fausseté de certains énoncés universels, mais on ne peut en déduire la vérité d'aucun énoncé universel. Ce raisonnement est irrécusable, mais il est fondé sur l'hypothèse que nous disposons d'énoncés d'observation parfaitement sûrs. Or cela ne se produit jamais. Tous les énoncés d'observation sont faillibles. Par conséquent, si un énoncé universel constituant une théorie entre en conflit avec un énoncé d'observation, il est possible que ce soit l'énoncé d'observation soit fautif. La logique n'empêche pas de rejeter systématiquement la théorie en cas de conflit avec l'observation. Ce point de vue est défendu par Popper. La complexité des situations de tests réalistes Etant donné qu'une théorie doit être soumise à un test expérimental, il faut recourir à quelque chose de plus que les énoncés constitutifs de la théorie en question : les hypothèses auxiliaires, que sont par exemple les lois et les théories gouvernant l'utilisation des instruments utilisés. En outre, pour déduire une prédiction dont la validité doit être testée expérimentalement, on sera amené à rajouter des conditions initiales, comme la description du dispositif expérimental. Et si la prédiction se révèle fausse, c'est la théorie à tester qui peut être prise en défaut, mais la prédiction incorrecte vient peut être d'une hypothèse auxiliaire ou de quelque partie de la description des conditions initiales. Ainsi il est possible de falsifier une théorie de façon probante, parce que l'on ne peut éliminer la possibilité que l'échec de la prédiction provienne de n'importe quelle partie de la situation complexe soumise à test, autre que la théorie elle même. Les raisons historiques de l’inadéquation du falsificationisme Il est un fait historique embarrassant pour les falsificationistes : si les scientifiques avaient adhéré strictement à leurs principes méthodologiques, les théories que l’on considère généralement comme les plus beaux exemples de théories scientifiques n’auraient jamais pu être développées, car elles auraient été rejetées dès leurs premiers balbutiements. Pour n’importe quelle théorie scientifique classique, que ce soit au moment de sa formulation ou à une époque ultérieure, on peut trouver des comptes rendus d’observation, généralement acceptés à l’époque, qui furent jugés contradictoires avec la théorie. Ces théories n’ont pourtant pas été rejetées, et il en est heureux pour la science qu’il en ait été ainsi. En voici un exemple dans l’histoire. Dans les années qui suivirent sa formulation, la théorie de la gravitation de Newton fut falsifiée par des observations de l’orbite de la lune. Cinquante ans environ s’écoulèrent avant que l’on écarte cette falsification en la mettant au compte d’autres facteurs que la théorie newtonienne. Plus tard, cette même théorie se trouva en désaccord avec les valeurs précises trouvées pour la trajectoire de la planète mercure, et les savants ne l’abandonnèrent pas pour autant. Pourtant on ne parvint jamais à expliquer cette falsification d’une façon qui aurait préservé la théorie de Newton. Rationalisme et relativisme Le rationaliste extrémiste pose l'existence d'un critère simple, éternel, universel permettant d'évaluer les mérites comparés de théories rivales. Par exemple, un inductiviste pourra considérer comme un critère universel le degré auquel une théorie est appuyée inductivement par des faits acceptés, alors qu'un falsificationiste établira son critère sur le degré de falsifiabilité de théories non falsifiées. Quelle que soit la formulation détaillée que le rationaliste donne au critère, l'une de ses caractéristiques majeures sera son universalité et son caractère ahistorique. La distinction entre la science et la non-science est claire pour le rationaliste. Seules les théories qui peuvent être clairement évaluées à l'aide du critère universel et qui surmontent le test méritent le qualificatif de scientifiques. Ainsi un rationaliste inductiviste peut-il décréter que l'astronomie n'est pas une science parce-qu'elle ne peut être induite des faits d'observation,alors qu'un falsificationiste décrète que la marxisme n'est pas scientifique parce-qu'il n'est pas falsifiable. Le rationaliste considérera comme évident le fait de privilégier le savoir qui s'accorde avec le critère d'universalité. Le relativisme nie l'existence d'une norme de rationalité universelle, ahistorique, qui permettrait de juger qu'une théorie est meilleure qu'une autre. Ce qui est jugé meilleur ou pire du point de vue des théories scientifiques varie d'un individu à l'autre ou d'une communauté à l'autre. Le but de la quête du savoir dépendra de ce qui est important ou mis en valeur par l'individu ou la communauté en question. Par exemple, on attribuera le plus souvent un statut élevé à la recherche de la maîtrise matérielle de la nature dans les sociétés capitalistes occidentales, mais elle sera peu considérée dans une culture où on conçoit le savoir comme un moyen d'accéder au bonheur ou à la paix. La maxime de Protagoras, philosophe grec de l'Antiquité, "l'homme est la mesure des choses", exprime un relativisme au sujet des individus, tandis que lorsque Kuhn écrit qu'il n'y a "aucune autorité supérieure à l'assentiment du groupe intéressé", il exprime un relativisme au sujet des communautés. Les différentes caractéristiques du progrès et les divers critères de jugement des mérites des théories seront toujours relatifs à l'individu ou aux communautés qui y souscrivent. La position de Kuhn est conforme avec les caractéristiques du relativisme. Le fait qu'une théorie soit ou non meilleure qu'une autre doit être jugé relativement aux normes de la communauté appropriée, et ces normes varient selon la situation historique et culturelle de la communauté. Le relativisme de Kuhn est mis en relief dans la conclusion de la postface de La Structure des révolutions scientifiques. "Comme le langage, la connaissance scientifique est intrinsèquement la propriété commune d'un groupe, ou alors elle n'est pas. Pour la comprendre, il nous faudra connaître les caractéristiques particulières des groupes qui la créent et l'utilisent." Kuhn nie être relativiste. Répondant à cette accusation, il écrit : " Les théories scientifiques de date récente sont meilleures que celles qui l'ont précédées, sous l'aspect de la solution des énigmes dans les contextes souvent forts différents auxquels elles s'appliquent. Ce n'est pas là une position relativiste, et elle précise en quel sens je crois fermement au progrès scientifique." L'objectivisme L'objectivisme met l'accent sur le fait que certaines composantes du savoir, depuis les propositions simples jusqu'aux théories complexes, ont des propriétés et des caractéristiques qui dépassent les croyances et les degrés de connaissance des individus qui les conçoivent et les prennent en compte. L'objectivisme s'oppose à l'individualisme, c'est à dire le fait de considérer la connaissance en termes de croyances individuelles. L'individualiste voit la connaissance comme un agencement particulier de croyances possédées par les individus et qui se situent dans leurs esprits ou cerveaux. Ce point de vue est certainement renforcé par l’usage commun. Si je dis : « je connais la date à laquelle j’ai écrit ce paragraphe, mais vous, vous ne la connaissez pas », je me réfère à quelque chose qui fait partie de mes croyances et qui est absent de votre esprit ou de votre cerveau. Si je vous demande : « connaissez-vous la première loi de Newton ? », ma question porte sur ce avec quoi vous, individu, êtes familiarisé. Il est clair que l’individualiste qui accepte cette façon de comprendre le savoir en terme de croyance n’acceptera pas toutes les croyances comme authentique savoir. Si je crois que la première loi de Newton s’exprime ainsi : les pommes tombent vers le bas », je suis tout simplement en train de faire fausse route et ma croyance erronée ne constituera pas un savoir. Pour qu’une croyance puisse faire partie d’un savoir authentique, on doit pouvoir la justifiée en montrant qu’elle est vraie, ou probablement vraie, en faisant appel à une preuve appropriée. « le savoir, de ce point de vue, est une croyance vraie convenablement prouvée, ou s’exprime par quelque formule similaire »