Le procès de la science - Ecs Chateaubriand promo 2007

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La science
I définitions
Abstraction-abstrait : Abstraire c’est séparer, isoler par la pensée ce qui n’existe
qu’avec autre chose ou au contraire rassembler ce qui n’existe pas séparément. C’est
un détour par la pensée qui serait un raccourci vers le vrai, comme un simplification
obligée.
Absurde : Ce n’est pas l’absence de sens. L’absurde est plutôt insensé qu’insignifiant.
Est absurde ce qui est contraire au bon sens ou au sens commun : contraire à la raison,
à la logique ou à l’humanité ordinaire.
Anthropocentrisme : C’est mettre l’homme au centre, non des valeurs, comme fait
l’humanisme, mais des êtres : parce que l’univers n’aurait été crée que pour nous, ou
tournerait autour de nous.
Anthropomorphisme : C’est donner forme d’homme à ce qui n’est pas humain,
spécialement aux animaux ou aux dieux.
A posteriori : Tout ce qui est postérieur à l’expérience et en dépend.
A priori : Tout ce qui dans l’esprit est indépendant de l’expérience et spécialement ce
qui la rend possible, qui doit donc logiquement au moins la précéder. A ne pas
confondre avec l’expression « a priori » dans le langage courant qui désigne une
hypothèse qui reste à vérifier, voire un préjugé ou un parti pris.
Axiome : Proposition indémontrable, qui sert à en démontrer d’autres.
Causalité : C’est une relation entre deux êtres ou deux événements, telle que
l’existence de l’un entraîne celle de l’autre et l’explique.
Principe de causalité : Il stipule que tout fait a une cause et que, dans les mêmes
conditions, la même cause produit les mêmes effets. C’est parier sur la rationalité du
réel et sur la constance des lois.
Cause : Ce qui produit, entraîne ou conditionne autre chose autrement dit ce qui
permet de l’expliquer : sa condition nécessaire et suffisante s’il en est une, ou
l’ensemble de ses conditions. Elle répond à la question « pourquoi ? ».
Cohérence : Le fait de se tenir ensemble, mais en un sens logique plutôt que physique :
est cohérent ce qui est dépourvu de contradiction. On remarquera que la cohérence
ne fait pas preuve ou ne prouve qu’elle-même.
Compréhension : Le fait de comprendre ou de contenir. Spécialement, en logique ou en
linguistique, l’ensemble des caractères communs aux individus d’une même classe, qui
vont servir à en définir le concept.
Concept : Le concept scientifique ou philosophique est une idée abstraite, définie et
construite avec précision : c’est le résultat d’une pratique et l’élément d’une théorie.
Contingent : On le définit ordinairement comme le contraire de la nécessité : est
contingent tout ce dont le contraire est possible, autrement dit tout ce qui pourrait
ou aurait pu ne pas être.
Contradictoire : Qui contredit ou se contredit. Spécialement en logique, deux
propositions sont contradictoires quand l’une est la négation de l’autre, ou quand elle
implique cette négation.
Conventionnalisme : ( différent de arbitraire ) Théorie de connaissance selon laquelle
les principes des sciences (axiomes) ne sont ni des jugements synthétiques à priori, ni
des généralisations de faits d’expériences comme le croient les empiristes, mais des
conventions posées par l’esprit et choisies par lui en vertu de leur commodité actuelle.
Corrélation : Rapport d’objets ou de termes dont l’un appelle l’autre par nécessité
physique ou logique.
Principe de corrélation : Principe selon lequel tout être organisé forme un ensemble,
un système unique et clos dont les parties se correspondent mutuellement et
concourent à une même action par une réaction réciproque.
Coupure épistémologique : Moment de l’abandon de l’humanisme, d’inspiration
hégelienne, qui coïncide avec celui d’une double fondation inédite, la science
historique et la philosophie du matérialisme historique. C’est le remplacement de
l’idéologie par la science.
Déductif/déduction : Déduire, c’est mener de propositions vraies ou supposées
(principes ou prémisses) à une ou plusieurs autres, qui en découlent nécessairement.
S’oppose à intuition et induction.
Démonstration en maths : Un raisonnement probant. Raisonnement par lequel la
vérité d’une proposition est établie. Elle en fait la validité universelle et établit une
conclusion nécessaire.
Déterminisme : (Différent de fatalisme) Conception selon laquelle les événements de
l’univers, y compris éventuellement ceux de l’histoire humaine, se produisent selon une
loi de succession nécessaire (chaîne de causalité). Il nie le hasard et le destin. La
nécessité des événements n’est pas absurde ni aveugle et elle donne prise à une action
technique possible.
Dogmatisme : conception philosophique selon laquelle il existe une vérité objective,
voire absolue, que l’on peut connaître avec certitude. S’oppose au scepticisme.
Empirique : Attaché à une expérience personnelle informulable et incommunicable.
Est empirique ce qui concerne l’expérience sensible ou dérivée d’elle : idée, définition,
connaissances, formule, etc…S’oppose au rationnel et expérimental.
Empirisme : Doctrine philosophique, par opposition au rationalisme innéiste, fait de
l’expérience la source et le fondement des idées et des connaissances.
Epistémologie : Discipline philosophique traitant des conditions, de la nature, de la
méthode et des résultats de la connaissance scientifique. Elle est critique et non
constitutive.
Evidence : Ce qui s’impose à la pensée, ce qui ne peut être contesté ou nié, ce dont la
vérité parait immédiatement et ne peut être mise en doute. Il n’y aurait pas
autrement de certitude, et c’est pourquoi il n’y en a jamais d’absolue.
Expérience : Notre voie d’accès au réel : tout ce qui vient en nous du dehors
(expérience externe), en tant que cela nous apprend quelque chose. (S’oppose à la
raison, mais aussi la suppose et l’inclut).
Expérimentation : Une expérience active et délibérée : c’est interroger le réel, au
lieu de se contenter de l’entendre (expérience) et même l’écouter (observation). Se
dit spécialement de l’expérimentation scientifique, qui vise ordinairement à tester
une hypothèse en la soumettant à des conditions inédites, artificiellement obtenues
(le plus souvent en laboratoire) et reproductibles.
Fait scientifique : On parle de fait scientifique quand il a été l’objet d’une
expérimentation, ou à tout le moins d’une observation rigoureuse ce qui suppose
presque toujours une théorie préalable et une technologie adaptée : c’est un fait
(bien fait) comme dit Bachelard, plutôt que tout fait.
Falsifiabilité : Est falsifiable tout énoncé possiblement réfutable par l’expérience.
Qualité des énoncés et des théories susceptibles d’être infirmés par des preuves
universellement recevables.
Fatalisme : Croyance en la fatalité de tout.
Fatalité : Le nom superstitieux du destin : tout serait écrit à l’avance, de sorte que
l’avenir serait aussi impossible à changer que le passé.
Finalisme : conception selon laquelle l’existence et la structure des phénomènes ne
peuvent être expliqués qu’à partir de leur état d’achèvement.
Il éclaire ce qui vient avant avec ce qui vient après. Le finalisme présuppose une
intention, donc un auteur.
Hasard : Ce n’est ni l’indétermination, ni l’absence de cause. Le hasard est une
détermination imprévisible et involontaire, qui résulte de la rencontre de plusieurs
séries causales indépendantes les unes des autres.
Hypothèse : C’est une supposition qui prend ordinairement place dans une démarche
démonstrative ou expérimental : une idée qu’on admet provisoirement comme vraie,
afin d’en déduire les conséquences et, éventuellement d’en confirmer ou d’en infirmer
la vérité.
Hypothético-déductive (méthode-) : Toute méthode qui part d’hypothèses pour en
déduire des conséquences, que celles-ci soient falsifiable ( dans les sciences
expérimentales) ou non.
Idéologie : Chez Destutt de Tracy (1754-1836) qui a forgé le mot, l’idéologie est une
science nouvelle ayant pour objet l’étude positive, libre de toute spéculation
métaphysique, des idées, de leur origine, de leur nature et de leurs lois, ainsi que
l’étude des rapports que les idées entretiennent avec les signes qui les représentent.
Idéalisme : Le mot peut désigner une certaine conception de l’être (une ontologie) ou
une certaine théorie de la connaissance (une gnoséologie). D’un point de vue
ontologique, est idéaliste toute doctrine pour laquelle la pensée existe
indépendamment de la matière. Au sens philosophique, c’est le contraire du
matérialisme.
D’un point de vue gnoséologique, l’idéalisme désigne plutôt une limite de la
connaissance : est idéaliste tout penseur pour lequel nous ne pouvons rien connaître
de la réalité en soi, soit parce qu’elle n’existe pas, soit parce que nous ne pouvons
connaître que ses représentations. C’est le contraire du réalisme au sens
gnéoséologique.
Induction : En logique, passage du singulier ou du particulier au général ou à
l’universel. Passage du fait (empirique) à ma moi (notionnelle).
Inférence : C’est passer d’une proposition tenue pour vraie à une autre qu’on juge en
conséquence l’être aussi, en vertu d’un lien nécessaire ou supposé tel. Le passage peut
être inductif ou déductif.
Loi : Au sens épistémologique, dans les sciences expérimentales, expression d’une
relation fonctionnelle constante entre les phénomène naturels telle qu’à toute valeur
donnée d’une variable, elle fait correspondre une valeur déterminée de la fonction. La
loi est un outil de prédiction.
Matérialisme : Au sens philosophique, système selon lequel la totalité du réel est de
nature matérielle ou bien un produit de la matière. Par essence, le matérialisme est
réaliste, anti-idéaliste et anti-spiritualiste.
Métaphysique : C’est une partie de la philosophie, celle qui porte sur les questions
fondamentales, disons sur les questions premières ou ultimes : l’être, Dieu, l’âme ou la
mort sont des problèmes métaphysiques.
Nécessaire :Au sens logique, qui ne peut ne pas être, ce qui ne peut être autrement
qu’il est, ce dont le contraire impliquerait contradiction (serait logiquement
impossible). Opposé à contingent.
Objectivité : C’est voir ou connaître les choses comme elles sont ou comme elles
apparaissent, indépendamment, si c’est possible, de notre subjectivité , et en tout cas
de ce que notre subjectivité peut avoir de particulier ou de partial.
Observation ; c’est une expérience, mais volontaire et attentive. Claude Bernard
distingue l’observation empirique, qui est faite sans idée préconçue, de l’observation
scientifique, qui suppose une hypothèse préalable, qu’il s’agit de vérifier. NB : C’est à
différencier de l’expérimentation.
Obstacle épistémologique : C’est une opinion, une représentation, ou une habitude
intellectuelle, héritée du passé, qui entrave la connaissance scientifique ou s’oppose,
de l’intérieur, à son développement. Ce sont des idées faussement claires qu’il faut
comprendre pour s’en libérer.
Opinion : Toute pensée qui n’est pas un savoir. S’oppose pour cela, spécialement aux
sciences.
C’est le fait de tenir quelque chose pour vraie, mais en vertu d’un jugement
objectivement insuffisant, et qu’on ait ou pas conscience de cette insuffisance.
Positivisme : c’est d’abord le système d’Auguste Comte, qui ne voulait s’appuyer que
sur les faits et les sciences : il renonce pour cela à chercher l’absolu et même les
causes (le pourquoi), pour s’en tenir qu’au relatif et aux lois (le comment).
LE positivisme s’est banalisé et désigne toute pensée qui prétend s’en tenir aux faits
et aux sciences, à l’exclusion de toute interprétation métaphysique ou religieuse,
voire de toute spéculation philosophique.
Postulat : Un principe qu’on pose sans pouvoir le démontrer. Ne se distingue de
l’axiome que par une évidence moindre.
Prédiction : C’est dire à l’avance ce qui sera quand on croit le savoir par des voies
mystérieuses ou surnaturelles (prédiction n’est pas prévision).
Prémisse : Une proposition considérée comme première (par rapport à ses
conséquences), et spécialement les deux première – la majeure et la mineur- d’un
syllogisme.
Présupposés : Ce qui dans le pensée ou dans le discours est admis comme préalable
valide, bien que ni démontré, ni prouvé, de manière que la démarche puisse aller
jusqu’à son terme.
Le présupposé n’a pas la rigueur du principe ni son universalité s’usage. Il est
circonstanciel.
Prévision : C’est voir avant. On voit les signes ou les causes de l’avenir qui font partie
du présent et on les interprète.
Principe : Un commencement théorique : le point de départ d’un raisonnement. Il est
de nature indémontrable ( sans quoi ce serait un théorème ou une loi).
II travail sur les manuels de philosophie
COURS DE PHILOSOPHIE Osier
La science et les sciences
Finalité de la démarche scientifique
L'unité des sciences
Comment organiser les sciences entre elles ? Aujourd'hui, à l'heure des
encyclopédies, le classement des différentes sciences est fait par ordre
alphabétique. Pourtant, certains ne peuvent s'empêcher de rêver d'un assemblage
des différentes sciences selon leurs liens et leur hiérarchie. Descartes a élaboré un
arbre philosophique dont les racines représentent le métaphysique, le tronc la
physique, et les branches les autres sciences dont les trois principales qui sont la
médecine, la mécanique et la morale. Cet arbre est cependant contesté par le fait que
la médecine et la morale restent inachevées non pas par manque de temps, mais à
cause d'obstacles épistémologiques. On est bien loin de la conception selon laquelle
toutes les sciences sont liées et qu'il est plus facile de les apprendre toutes à la fois
que de les isoler les unes des autres. Descartes concevait les sciences selon le modèle
des mathématiques, fonctionnant à partir de l'intuition et la déduction, or ce
raisonnement l'est plus tenable vis-à-vis de la morale, médecine, politique, histoire…
D'Alembert et Diderot proposeront un autre tableau systématique des connaissances
humaines, inspirés par F. Bacon. Pour eux, les perceptions des êtres se font de trois
façons. L'entendement fait soit un dénombrement de ses perceptions par la mémoire
(l'histoire), ou alors par l'usage de la raison les examine et les compare (la
philosophie), ou encore il les imitent et les contrefaits avec l'imagination (la poésie).
Mais la simplicité du tableau n'arrive pas non plus à recouper la complexité des
différentes sciences et de même que l'arbre est voué à l'échec.
On ne doit pour autant pas renoncer à une unité dans les sciences. Hegel et A. Comte
se sont nourris de ces deux échecs pour trouver l'unité perdue des sciences tout en
respectant la diversité et la spécificité de chacune. Selon Hegel, les sciences
connaissent un développement indépendant les une des autres. La tâche philosophique
est de se substituer à cette pluralité en les réunissant. Pour lui, cette réunion est
possible car le savoir est un, qu'il n'y a donc pas de frontières irréductibles, et que
les sciences fonctionnent toutes à partir de concepts. Pour retrouver leur unité, il
faut s'éloigner des détails et observer les généralités. On pourrait parler d'une
science unique comme un grand cercle se divisant en trois parties avec la logique
comme science de l'Idée en soi et pour soi, la philosophie de la Nature comme science
de l'Idée dans son être autre, et la philosophie de l'esprit en tant que l'Idée qui
revient de son être-autre à elle-même. On pourrait ainsi accéder au Savoir, une
connaissance si achevée qu'elle ne laisse rien à l'extérieur.
Comte (1798-1857) pense pouvoir accéder à l'exécution définitive du projet
encyclopédique par sa situation historique favorable. Car pour lui le savoir est achevé
et défini. Cette exécution était impossible auparavant, époque de crise avec pour
point culminant la révolution française. Deux lois justifient cette prétention : la loi
des trois étapes et la loi encyclopédique. La loi des trois étapes est le passage de
l'état théologique à l'état positif, au sujet des connaissances scientifiques, avec pour
intermédiaire l'état métaphysique. Des projections subjectives à l'objectivité, c'est
le triomphe de la positivité. La loi encyclopédique est une nouvelle classification des
sciences, la hiérarchie doit se faire selon le degré de simplicité, du simple au
complexe. La classification de Comte comprend six sciences, du plus simple au plus
compliqué : la mathématique, l'astronomie, la physique, la chimie, la physiologie et la
physique sociale. En effet, la physique sociale (ou sociologie) sera plus difficile à
élaborer que l'astronomie par la pluralité des méthodes, les intrusions de points de
vue subjectifs… Cette classification se substitue à d'autres empreintes de l'esprit
métaphysique. Ces deux lois se combinent entre elles. Comte n'absorbe pas la
philosophie dans le savoir, mais la considère plutôt comme une science des
généralités. Ce programme semble rappeler celui de Hegel qui limitait l'encyclopédie
aux débuts et aux concepts fondamentaux du savoir. En fait il n'en est rien. Comte
interdit tout passage d'une science à une autre et oblige à reconnaître la spécificité.
La philosophie ne doit pas être la doctrine de l'absolu mais au contraire du
relativisme. Il considérera par exemple comme un fol engouement les recherches au
sujet de la planète Uranus qui pour lui ne devrait intéresser que ses habitants. La
philosophie positive est une leçon de sobriété. Cependant, le dogmatisme relatif fixe
des limites arbitraires posant à nouveau le problème de l'unité pour tout ce qui
dépasse.
L'encyclopédie traduit le désir des hommes de savoir. On peut expliquer ces échecs
par le fait que la nature du désir est de renaître aussitôt satisfait. De plus on ne peut
jamais atteindre la réalisation effective du savoir. Les aventures des encyclopédies
philosophiques auront permis de donner une leçon de modestie en rappelant que la
connaissance humaine est au milieu, entre l'ignorance et le savoir.
Doit-on continuer à chercher l'unité des sciences? L'unité des sciences n'est ni dans
la métaphysique ni dans l'encyclopédie, mais dans les modalités de cette recherche.
Tous ceux que l'on a vu qui ont cru à l'unité de la science recherche une science, la
science des sciences dont l'objet serait justement toutes les autres sciences. Ce ne
serait plus une science du différent mais de l'identique, et ce ne serait donc plus une
science mais un savoir. La question qui s'est toujours posée est de savoir quand il y a
science, s'il y a unité. La forme moderne du problème n'est plus la figure du savoir
mais le savoir lui même comme science des sciences, possible, réel, nécessaire ?
Science antique / science moderne
La mathématique est un instrument de l’opposition entre les anciens et les
modernes :elle est déterminée (féconde, facile), alors que la logique aristotélicienne
apparaît pour les modernes comme difficile et stérile.
La mathématique est une science de tout, une science du tout, qui se substitue à la
logique car connaître et connaître mathématiquement ne font qu’un.
Pour Platon, la physique n’est pas une science car il n’existe pas pour lui de science de
ce qui devient.
Contrairement aux Anciens, les modernes privilégient l’ordre des raisons à l’ordre des
matières, c’est-à-dire qu’ils ne distinguent pas les analyses issues de chaque matière
théorique, mais ils hiérarchisent de la plus simple à la plus difficile. L’ordre
méthodique des raisons est l’œuvre de chaque sujet lorsqu’il entreprend une
recherche : chacun organise son analyse dans quelque domaine que ce soit.
Modalités de la démarche scientifique
« Nous parvenons à la connaissance par deux chemins, à savoir, par l’expérience ou par
la déduction » Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, II
Mais pour Descartes les expériences sont souvent trompeuses, il faut alors
privilégier la déduction, sans passer par la logique (caractère douteux des
syllogismes).
Le plus important réside au départ de la déduction, car la méthode peu sembler
correcte alors que le résultat s’avère faux, et tout cela à cause d’un préjugé faux.
Pour Descartes, l’intuition est le point de départ de toute proposition scientifique :
c’est le « concept d’un esprit pur et attentif » qui à elle seule organise la découverte
en fournissant des principes prédéfinis.
Leibniz remet en cause cette théorie du point de départ intuitif ; pour lui il faut
démontrer ces intuitions pour ne pas tomber dans l’erreur en se contentant de
l’évident. On évite alors le piège de l’imagination. Cette démonstration doit être
conduite par des lois, des règles définissant des procédures invariables d’opérations
indépendantes de la nature du sujet pensant : Leibniz fait donc de nouveau appel à la
logique, en tant que fondement même de la mathématique.
;
Pour Descartes, le champ d’application de la mathématique universelle est sans
limites, même dans la philosophie
Science/savoir
Une science qui serait son propre fondement ne serait plus une science mais un savoir,
car elle serait alors absolue. Cependant le désir de savoir ne peut être rempli, même
s’il hante toujours la conscience scientifique : la volonté de savoir polarise la vie des
sciences, mais le savoir est constitutionnellement hors d’atteinte et les sciences
seront toujours des connaissances limitées parce que délimitées.
La philosophie explicite toutes les formes que peut prendre ce désir de savoir, y
compris la prétention à le réaliser .
L’histoire
Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature/sciences de l’homme
Platon ne place pas l’histoire au sein de sa classification des sciences dans La
République. Le mot histoire a, pour Platon, le sens d »enquête ».
Kant rejoint Aristote pour rejeter l’histoire comme science, pour son ‘manque de
sérieux’ et la carence d’universalité de son objet.
Science / mythe
Le mythe se place entre l’histoire, dans le sens de l’enquête, et la science politique.
Cependant il ne s’agit pas d’un récit historique car il est imaginaire. Le mythe permet
de faire croire là ou l’on ne peut pas directement faire comprendre.
Science/philosophie
L’histoire est recherche de causalité comme les autres sciences, avec peut-être une
difficulté épistémologique supplémentaire : il lui faut non seulement expliquer pour
comprendre, mais expliquer la compréhension. Ainsi, le travail de l’historien ne peut
être réalisé avant que soit établi une analyse des évènements narrés. Or cela n’est
possible que par la philosophie.
Le premier obstacle épistémologique que l’on rencontre est celui du Tout et des
Parties. En effet, le travail de l’historien consiste-t-il à faire de l’histoire un fait
universel et donc porter une vision synoptique sur les évènements, ou au contraire à
considérer l’histoire comme une série de monographies en se basant alors sur des
détails ? Pour Polybe, il est clair que le détail n’est pas aussi fiable que l’expérience du
Tout. Mais qu’est-ce que ce fameux Tout que peut appréhender une vision
synoptique ? On peut déjà noter la différence avec la vision panoptique, car voir le
Tout n’est pas forcément tout voir. Or, de ce Tout peut découler de grosses
généralités dont les lacunes et les insuffisances peuvent être révélées par la force du
détail. Cependant, ce n’est pas pour autant qu’il faille renoncer à l’étude synoptique du
Tout. Le Tout n’existe peut-être qu’idéalement mais il est impensable de s’en passer,
car c’est lui qui permet au détail de prendre une valeur significative. De plus, il existe
des faits qui, pour être rendus intelligibles, doivent être insérés dans l’Histoire. De
même, l’impasse que l’on peut rencontrer due à l’ubiquité des agents de l’histoire, tels
que le peuple juif, va au contraire faire apparaître des points de vue nouveaux sur les
histoires partielles. Ainsi la seule difficulté va être d’éviter une juxtaposition
hasardeuse d’histoire partielles. Cet examen du rapport Tout /Parties montre que
l’histoire a vraiment besoin de philosophie.
C’est la philosophie de l’histoire qui va permettre à l’histoire de se constituer puisque
celle-ci aide à la construction de modèles dont la fonction de connaissance est
indispensable pour la considération du Tout, de plus l’historien ne peut renoncer à la
problématique de l’histoire universelle. Or, on peut noter que cette universalité de
l’histoire est plus un programme que la réalité.
L’étude du temps historique est aussi révélateur du rôle capital joué par les
catégories de la philosophie. L’histoire est l’étude du passé, on dit qu’ « il n’y a
d’histoire que du passé », se pose le problème de la définition de ce qu’il peut y avoir
dans le passé pour qu’il devienne objet de science. Il faut noter que l’intérêt
historique n’est pas nécessairement l’intérêt de l’histoire comme science. En effet, le
premier privilégie la mémoire d’un groupe, l’essentiel, alors que le deuxième cherche la
vérité. On dit de l’histoire qu’elle est une science rétrospective. Or ne dit-on pas qu’il
y a science là où il y a répétition idéale de l’identique ? Ainsi, un fait est qualifié de
scientifique lorsque sa réitération est possible. Peut-on alors parler de fait
historique ? Une occasion tombe toujours sous les mêmes paramètres donc malgré le
temps qui passe, on peut dire que les mêmes causes provoquent les mêmes effets.
Ainsi, les acteurs peuvent être différents, mais les scènes sont les mêmes. De là, on
peut dire que l’histoire est une science si l’on veut bien considérer que le laboratoire
n’est autre que le passé historique lui-même.
Manuel Philosophie
(Éditions Magnard)
Rubrique : Modalité de la démarche scientifique,
critères de scientificité
Piaget : si la connaissance physique peut s’éloigner toujours plus de la sensation, c’est
qu’elle n’en a jamais procédé : dès le départ, elle repose sur une schématisation.
Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Bachelard : la science commence pas une rupture avec l’objet de la connaissance
sensible. Elle cherche l’évidence rationnelle et non la satisfaction intime et échappe
ainsi aux fausses évidences désirées.
Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Bachelard : la connaissance scientifique n’est pas la connaissance sensible ; elle ne se
ramène pas à la sensation : elle domine rationnellement le sensible.
Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Bachelard : il n’y a pas de place en science pour une expérience première qui serait
donnée avant toute élaboration critique.
Page 409 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Piaget : la science rend l’objet indépendant des sujets ; en tenant compte -pour les
éliminer - des variation introduites par l’observateur scientifique.
Page 418 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Popper : l’objectivité dans les sciences est obtenue par le jeu social de la critique
entre savants, en vue de purifier la science des éléments subjectifs et
extrascientifiques.
Page - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard)
Moreau de Maupertuis : pour expliquer ce qui se passe sous nos yeux,
contentons-nous des causes qui sont à notre portée sans aller chercher les causes
trop lointaines.
Page 420 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Hume : la connaissance de la cause et de l’effet ne dérive pas de raisonnements a
priori mais naît entièrement de l’expérience, dont la répétition provoque une
accoutumance.
Page 422 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Hume : toutes les conclusion tirées de l’expérience sont donc des effets de
l’accoutumance et non des effets du raisonnement.
Page 422 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Kant : le concept de causalité exige que l’effet dérive de la cause de façon nécessaire
et universelle et donc a priori.
Page 423 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rudolph Carnap : quelle différence y a-t-il entre deux physiciens affirmant les
mêmes lois, l’un sous une forme conditionnelle et l’autre avec nécessité ? Le second
n’en saura et n’en prédira pas plus que le premier.
Page 423 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Comte : la science établit les relations constantes entre les phénomènes et permet
de les prévoir.
Page 424 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Meyerson : l’intelligence ne satisfait pas de décrire les faits ni d’établir les lois. Elle
en cherche l’explication rationnelle.
Page 424 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : finalités de la démarche scientifique
Aristote : les beautés secrètes autour de nous ne doivent pas nous être dérobées par
une répugnance infantile envers l’animalité.
Page 466 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Schopenhauer : la vie, un monde parfait dans le détail mais sans finalité dans
l’ensemble ; bref, une affaire qui ne couvre pas ses frais.
Page 467 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Aristote : comment se débarrasser de la finalité ? Trois causes possibles : la
nécessité aveugle, la production artificielle, la finalité naturelle.
Page 472 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Leibniz : les corps vivants sont des machines dont la moindre partie est encore une
machine, ce en quoi ils surpassent les machines artificielles.
Page 474 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Descartes : Dieu nous a fait comme nous faisons les machines.
Page 474 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Jacques Monod : la biologie moléculaire a réactualisé le projet cartésien d’un modèle
mécanique du vivant.
Page 474 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Kant : la mécanique explique le fonctionnement des machines mais non leur production
: la force mécanique est motrice, la force organique est formatrice. Le corps de l’Etat
est plus proche de l’organisme vivant.
Page 475 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Descartes : expliquer le vivant par figure et mouvement car toutes les choses
artificielles sont aussi naturelles.
Page 477 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
René Bernard : la vie n’est pas seulement le groupement d’éléments chimiques, mais
l’idée directrice qui n’appartient ni à la physique ni à la chimie et qui organise
l’évolution du vivant.
Page 478 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Waddington : ce qui dans le vivant est en plus des éléments qui le composent, c’est la
structure (ou forme) spécifique qui les articule.
Page 479 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Darwin : comment se fait l’évolution du vivant ? La nature sélectionne parmi les
individus en lutte pour survivre, ceux qui présentent une variation avantageuse et
capable de se transmettre à leur postérité.
Page 480 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Jacquard : la génétique moléculaire corrige Darwin : nul ne procrée son propre
« type ».
Page 481 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
François Jacob : héritage ou hérédité ? L’hérédité donne à l’homme des potentialités
déterminées au changement. Le cerveau humain n’est ni une bande magnétique vierge,
ni un disque de phonographe.
Page 482-83 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : science antique / science moderne
Toulmin : la science moderne n’a par inauguré la prévision des phénomènes, elle en
fournit la rationalité et le caractère et nécessité.
Page 425 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : science et sensible
Aristote : il est impossible d’acquérir par la sensation la science de ce qui est
démontrable.
Page 410 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Aristote : nos connaissances proviennent de la sensation.
Page 411 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie (Magnard)
Isaac Newton : tous les mouvements et les corps sont situés les uns par rapport aux
autres et contenus hors de nous dans un espace absolu qui est la référence ultime de
toutes les relations de lieu.
Page 412 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Kant : l’espace n’est pas une propriété des choses mêmes, nu un réservoir qui les
contiendrait mais une forme à priori de notre réceptivité, qui fait que pour nous, les
choses sont hors de nous.
Page 413 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Maurice Merleau Ponty : plus que la simple forme de nos représentations, l’espace est
l’horizon de toutes nos expériences et notre véritable naissance au monde vécu.
Page 414 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Jules Lagneau : percevoir, c’est revenir au point de vue de l’individu sentant et s’y
tenir. Connaître, c’est sortir de soi et atteindre un objet qui existe. Il n’y a pas de
connaissance subjectives.
Page 415 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Freud : la science commence par la description des phénomènes et l’élaboration de ses
concepts doit les laisser ouverts à des modifications exigées par l’expérience.
Page 416 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Marx : la bonne méthode en science ne consiste pas à aller du concret à l’abstrait,
mais à produire un « concret » théorique par la synthèse de notions abstraites.
Page 417 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : science / mythe
Comte : l’esprit positif de la science abandonne la recherche des causes absolues,
recherche qui date de son enfance pour s’en tenir aux faits et à leur liaison,
l’imagination fait place à l’observation.
Page 406 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Lévi-Strauss : la magie et les rites postulent le déterminisme et préludent à la
science sans délaisser la réalité sensible.
Page 407 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
François Jacob : tout système d’explication, mythique ou scientifique, visant à
expliquer le visible par l’invisible, est le produit de l’imagination humaine ; mais la
science se soumet à l’épreuve de ses expériences.
Page 407 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : science / société
Max Planck : la science se contente de prolonger le monde du sens commun, en lui
apportant ordre et régularité, sans différence de nature. La science continue et
confirme le témoignage de nos sens sur la réalité du monde extérieur et sur la preuve,
sans rupture avec le sens commun.
Page 408 - ch 12 « à quoi reconnaît-on une science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : débat épistémologique sur les rapports entre sciences de la
nature et sciences de l’homme
Kant : les hommes n’obéissant pas, dans leurs actions à un dessein personnel
raisonnable, on ne peut dégager une loi de ce tissu de folie qu’est l’histoire humaine.
Mais l’idée que la nature réalise un plan dans l’histoire, à travers la liberté des
hommes, peut servir de fil conducteur à une philosophie de l’histoire.
Page 488 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Engels : la philosophie idéaliste de l’histoire substitut une providence mystérieuse à
l’enchaînement réel des faits. Dans l’histoire de la société, les sociétés humaines se
contredisent et le résultat leur échappe : la nécessité cachée à travers les hasards.
Page 489 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Durkheim / C. Seignobos : les documents produits par les témoins des événements
sont-ils la source la plus sûre ou la plus suspecte ?
Page 492 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Foucault : l’historien n’interroge plus le document pour chercher ce que son auteur
cherchait à dire : il l’analyse pour lui-même, comme un monument.
Page 493 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Fenelon : le bon historien n’est d’aucun temps ni d’aucun pays. Il est neutre.
Page 496 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Fustel de Coulanges : Nous jugeons les autres époques d’après nous-mêmes et le
présent trouble notre connaissance. Il faut observer les anciens en eux-mêmes, être
de leur temps.
Page 496 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Furet : le choix de l’historien ne doit pas être celui de ses opinions, mais de ses
concepts et de ses méthodes.
Page 497 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Antoine Augustin Cournot : il n’y a pas d’histoire, mais science quand tous les
événements qui se succèdent sont réductibles à des lois. Il n’y a pas d’histoire non
plus quand les événements se succèdent sans ordre, ni raison, ni hasard. L’histoire est
une suite ordonnée d’événements dont aucune théorie ne suffirait à expliquer la
succession.
Page 498 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Schopenhauer : l’histoire n’est pas une science en ce qu’elle ne traite que du
particulier et du fait individuel.
Page 499 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Paul Veyne : la science ne s’intéresse qu’à ce qui est nécessaire selon des lois
générales ; l’histoire à tout.
Page 499 – ch 16 : « l’historien est-il homme de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Auguste Comte : l’homme ne peut devenir objet de la science dont il serait aussi sujet.
Page 504 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Piaget : il y a trop d’interaction entre sujet et objet d’observation pour faire une
science de l’homme comparable aux autres sciences.
Pages 504 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Durkheim : les faits sociaux se distinguent de l’objet des autres sciences : ce sont des
actions et des représentations indépendantes de la conscience individuelle et
s’imposant à elle par coercition.
Page 505 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Lévi-Strauss : la sociologie est la science sociale de l’observateur ; l’anthropologie
est la science sociale de l’observé.
Page 505 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Dilthey : les sciences de l’esprit doivent recourir à une méthode propre différente
des sciences de la nature : nous expliquons la nature de l’extérieur ; nous comprenons
la vie psychique de l’intérieur.
Page 506 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Piaget : les sciences humaines se dissocient de la philosophie pour résoudre avec des
moyens précis des problèmes limités.
Page 508 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Lévi-Strauss : les sciences humaines risquent de perdre soit leur originalité, soit leur
scientificité.
Page 508 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Lévi-Strauss : ce qui empêche les sciences humaines de devenir de vraies sciences,
c’est l’insouciance dans la définition de leur objet, car cet objet se présente lui aussi
comme une structure d’éléments diversement combinés.
Page 509 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Granger : la rigueur mathématique peut convenir à l’objet des sciences humaines car,
en tant que science de l’ordre, elle s’applique aussi au qualitatif.
Page 510 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Bronislaw Kaspar Malinowski : les sciences humaines ont des motivations non
scientifiques, mais la science est leur instrument indispensable et opératoire.
Page 511 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Lévi-Strauss : la scientificité dans les sciences humaines : un peu de connaissance et
un peu d’efficacité.
Page 511 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Lacan : si la science de l’homme est la science de ce qui échappe spontanément à la
conscience d’un être doué de parole, elle doit prendre pour objet un manque, une
limite dans l’expérience que l’homme peut avoir de lui-même.
Page 512 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Foucault : les sciences humaines n’ont pas l’idée de l’homme come présupposé.
Page 513 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Lévi-Strauss : les sciences humaines encore à leur début doivent se garder de
répondre à l’intérêt trop impatient et trop subjectif que l’homme leur porte par
égocentrisme.
Page 513 - ch 17 : « quel est l’homme des sciences humaines ? - manuel Philosophie
(Magnard)
Aristote : le vivant, c’est d’abord une forme, comme celle, inerte de la statue ou du
cadavre. C’est l’âme qui anime le vivant.
Page 476 - ch 15 « le vivant est-il objet de science ? » - manuel Philosophie
(Magnard)
Rubrique : La science et les mathématiques
René Descartes : les mathématiques sont la science de l’ordre et de la mesure et
l’emporte sur les autres sciences qui lui sont subordonnées
Page 428 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Edmond Goblot : les sciences de la nature doivent tendre vers l’idéalité des
mathématiques
Page 428 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Francis Bacon : les mathématiques ne doivent pas être la reine des sciences mais leur
servante
Page 429 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
René Descartes : l’arithmétique et la géométrie sont bien plus que les autres
disciplines parce qu’elles consistent à tirer des conséquences par voie de déduction
rationnelle, sans prendre appui sur les expériences
Page 430 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Blaise Pascal : La méthode des démonstrations géométriques, méthodiques et
parfaites, doit être pris comme modèle. La géométrie est la seule des « sciences
humaines » à produire des démonstrations infaillibles fondées sur des définitions
nominales.
Page 430 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Hegel : le caractère démonstratif ne concerne que la forme du savoir mathématique
et nullement son contenu.
Page 431 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Platon : les géomètres dessinent des figures mais ils raisonnent sur des objets qu’on
aperçoit que par la pensée.
Page 435 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Henri Poincaré : comment les mathématiques sont-elles rigoureuses et fécondes ?
Elles ne sont pas analytiques, dire qu’elle sont synthétiques, a priori baptise la
difficulté sans la résoudre : le raisonnement mathématique est fécond en ce qu’il se
différencie du raisonnement logique.
Page 439 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Rubrique : Vrai / Faux dans la démarche mathématique
Aristote : entre le vrai et le faux, il n’y a pas d’intermédiaire.
Page 432 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Leibniz : Une proposition nécessaire est celle dont le contraire implique
contradiction.
Page 432 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Desanti : Leibniz montre que la non-contradiction est la propriété fondamentale pour
les systèmes déductifs.
Page 432 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Hume : les principes de la géométrie proviennent de l’apparence générale des objets
puisque toutes nos idées proviennent de nos impressions. Ainsi la géométrie ne peut
aspirer à l’entière certitude, à cause de l’imprécision qui caractérise le jugement des
sens.
Page 434 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
René Descartes : « je n’ai pas inventé les propriétés du triangle, et même si le
triangle auquel je pense n’existe pas dans le monde, ses propriétés sont immuables.
Page 435 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
John Stuart Mill : le nombre est un fait physique et les propositions arithmétiques
résultent d’une induction.
Page 436 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Gottlob Frege : les définitions des nombres ne sont pas un fait d’observation. Il est
nécessaire de posséder les lois de l’arithmétique pour procéder à une induction.
Page 437 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Kant : les propositions mathématiques sont à priori et synthétiques, c'est-à-dire
qu’elles relèvent de la pensée pure et qu’elles accroissent nos connaissances.
Page 438 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Gottlob Frege : les lois de l’arithmétique sont des jugements a priori et néanmoins
féconds. Elles ne sont pas des lois de la nature, mais des lois pour la nature.
page 438 – ch 13 : « les mathématiques sont-elles l’idéal de toute science ? » manuel Philosophie (Magnard)
Livre De Philosophie de Terminale L Edition Magnard
* Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports science/réel
Einstein avance la thèse qu'il est impossible de confronter directement les théories
que nous batissons avec la réalité elle-même dans L'évolution des idées en physique
(p350). Il s'oppose donc ici à l'empirisme qui veut tirer des vérités scientifiques de
l'observation seulement. En effet la réalité ne se montre pas à nous telle qu'elle l'est,
sinon il suffirait d'observer la nature pour en déduire des lois. L'expérience
quotidienne depuis notre enfance nous ont fait accumulé de fausses évidences que
Bachelard appellent des obstacles épistémologiques. Cf voir le texte de Bachelard Le
nouvel esprit scientifique (p358). Pour Wittgenstein, les limites du monde sont aussi
les limites du langage et de la logique. On ne peut donc rien dire sure ce qui excède
ces limites Ce qui signifie qu'il faut interdire d'en parler, si l'on veut respecter
l'usage correct du langage qui est d'exprimer les faits du monde. On voit aussi dans
les écrits de Voltaire Micromégas (p434) et de Démocrite Les Présocratiques (p442)
qu'il fut difficile de montrer la vérité aux gens. En effet par exemple Démocrite en
affirmant que les couleurs, les saveurs, la chaleur...sont des effets des atomes,
réalité matérielle ultime, mais que les atomes eux-même ne peuvent être ni colorés, si
salés, ni chauds, Démocrite inaugure la grande coupure entre réalité objective et
apparence subjective qui est au fondement de la science. Mais dans le même temps en
creusant le fossé entre objectivité et subjectivité, matière et esprit, il inaugure
également le problème de leur relation.
* Modalité de la démarche scientifique
Bachelard s'oppose au déterminisme (voir son texte Le Nouvel esprit scientifique
p358). En effet pour lui ce n'est qu'une étape des ciences. Elle doit alors passer par
le probabilisme mathématique (thèse de Boltzmann p359) ou encore le principe
d'incertitude (thèse d'Heisenberg p359).
Plusieurs méthodes se confrontent sur la modalité de la démarche scientifique. Tout
d'abord l'induction qui correspond à un mode de pensée dit empirique. Elle se base sur
l'expérience. Au contraire, Descarte prône un modèle rationaliste fondé sur la
déduction de type mathématique (voir son texte Règles pour la direction de l'esprit
p392). Il est ici rejoint par la thèse de Claude Bernard et de sa méthode
hypotético-déductive (voir son texte Introduction à l'étude de la médecine
expérimentale p368).
Popper lui propose une autre méthode mais qui se base également sur la raison : il faut
procéder par rejet d'hypothèses (voir son texte Misère de l'historicisme page 369).
Même si Kant et Hume démontre que la raison est une condition nécessaire mais
non-suffisante dans la démarche scientifique (Cf textes page392-393)
Eugène Ionesco lui affirme que l'erreur peut se glisser dans de faux raisonnements.
Il faut donc user de méthode pour la repérer et non d'intuition. Il y a d'ailleurs
différentes erreurs que l'homme peut commettre en raissonnant (sophismes). Pour
plus d'information sur ces types d'erreurs => voir texte d'Antoine Arnauld et Pierre
Nicole p390). Cf texte de Einstein Rhinocéros p378
* Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports sciences de la
nature/sciences de l'homme
La méthode scientifique repose sur des croyance, des valeurs, des habitudes
intellectuelles propres à une communauté scientifique. De sorte l'Histoire des
sciences n'est pas seulement l'affaire de la logique mais aussi de la sociologie. Ainsi
Thomas Kuhn dans son texte Structure des révolutions scientifiques p370 conteste
la prétendue neutralité de la démarche scientifique. Les sciences sont-elles alors
exemptes de préjugés ?
Les conflits entre interprétations dans les sciences humaines sont courant. Mais ce
n'est pas cette confrontation qui peut faire douter de leur valeur scientifique, plutôt
le fait 1) que les différentes hypothèses sont difficilement testables (voir le texte
de Popper page 368) et 2) qu'elles semblent issues de partis pris idéologiques. Un
texte est criant sur le fait que l'on peut rapprocher les sciences de la nature et les
sciences de l'homme : il s'agit d'un article tiré de Psychological science traitant de la
jalousie et de son rapport avec la biologie (p420).
* Finalité de la démarche scientifique
Que l'exigence démonstrative constitue une révolution intellectuelle fondatrice de
l'idée de science tout le monde l'admet, mais certains disent qu'elle s'est également
accompagné d'une révolution morale que l'on aurait oublié aujourd'hui. Le texte de
Pascal Mouy Les mathématiques et l'idéalisme philosophique l'illustre clairement
(p386). Ainsi que les texte qui suivent de Platon, Alain et Sénèque.
III Travail sur les ouvrages prétés
La science, épistémologie générale
MC. Bartholy, JP. Despin, G. Grandpierre
Débats épistémologiques sur les rapports science de la nature, science de l’homme
Classer les sciences est une nécessité épistémologique, le but n’étant pas d’affirmer
la suprématie d’une science sur une autre. Il faut classifier car il faut réfléchir sur
les différences et les liens de parenté des très nombreuses sciences.
Il existe trois critères de classification :
- Leur objet : sciences humaines (psychologie, sociologie,…), sciences de la
nature (physique, chimie…)
- leur méthode : science d’observation (astronomie, botanique…), science
expérimentale (physique, psychologie…)
- leur état : sciences taxinomique (science qui classe comme la zoologie…),
science déductive (physique classique, biologie moderne…)
Thèse de Robert Blanché dans L’epistémologie (p53-55) : critique des différentes
classifications
Une question particulière se pose : le statut des sciences de l’homme. Peut-on
considérer les sciences humaines comme des sciences ?
Le caractère scientifique des ces sciences est mis en doute, aussi bien par l’opinion
publique que par certains philosophes ou scientifiques. Il existe quatre critiques
principales :
- certains pensent que les sciences de l’homme ne sont pas des sciences car
l’homme ne peut pas être objet de science par essence (thèse de Pierre
Thuillier dans Jeux et enjeux de la science) car il est à la fois observateur et
observé et que les faits humains sont particuliers alors que la science est
sensée établir des généralités.
- la seconde critique est formulée par les empiristes. Ils admettent que ce sont
des sciences mais qu’elles sont inférieures aux sciences de la nature car il n’y a
pas d’expérimentation possible dans le domaine des sciences de l’homme.
- la critique épistémologique : il n’y a jamais d’objectivité absolue dans le
domaine des sciences de l’homme car il y a une grande diversité d’approche
- le courant althussérien qui refuse totalement les sciences de l’homme qu’il
considère uniquement comme des habillages théoriques de pratiques sociales.
Par exemple, élaboration d’indice de prix à des fins de propagande capitaliste,
évaluer les désirs du consommateur pour le manipuler, l’influencer, donc
surtout une critique de l’économie et de la sociologie.
Cependant, les sciences humaines s’appuient quand même sur une méthode
scientifique puisque l’homme n’y est jamais étudié en totalité c'est-à-dire qu’il y a un
découpage scientifique des phénomènes humains. La diversité d’approche permet une
certaine objectivité même si certaines se rapprochent comme la sociologie qui
attribue le suicide à des causes sociales et la psychiatrie à des causes psychiques. De
plus, les sciences humaines sont récentes, nées à la fin du XIXème siècle, c’est
pourquoi elles sont encore en construction.
Les fausse sciences
Il existe également des sciences que l’on pourrait qualifier de fausses sciences
comme l’astrologie, la radiesthésie (méthode de détection de certaines radiations
fondée sur la sensibilité) ou le yoga. Ces sciences exploitent la crédulité publique.
Nous allons nous intéresser aux traits communs de toutes ces fausses sciences et aux
différences par rapport à celles que l’on qualifie de « vraies sciences ».
Ces fausses sciences éveillent le goût et le culte du mystère tandis que les vraies
sciences développent l’exigence de la clarté. Les premières veulent expliquer
l’inexplicable (par exemple la télépathie ou la résurrection des morts). Une fausse
science cherche même sa légitimité dans les vraies sciences en se basant sur les
concepts les moins fiables de ces dernières afin d’établir des dogmes absolus. Elle
utilise également un jargon pseudo-scientifique, et il arrive même que des
scientifiques se laissent prendre à ces sciences et leur apportent leur soutien.
Science et société
Science et opinion
La science est une connaissance différente de celle de l’opinion (connaissance
commune), qui ne peut exister que s’il y a une rupture épistémologique. Il faut pouvoir
se libérer des préjugés.
Thèse de Bachelard dans La formation à l’esprit scientifique : l’opinion n’est motivée
que par un besoin social. Par exemple, l’huître est considérée comme un aphrodisiaque
par l’opinion, ce qui scientifiquement est faux. L’opinion cherche un effet ou une cause
finale, là ou la science cherche les causes efficientes (cause qui est à l’origine d’une
chose). La science se préoccupe de la légitimité de ce qu’elle avance sans se soucier
des effets alors que la société fait le contraire.
« L’opinion, en droit, a toujours tort. »
« L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissance. »
« On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier
obstacle à surmonter. »
Les conditions de la science
La science est une production sociale, elle est née avec l’avènement du système
marchand et du capitalisme car la bourgeoisie avait besoin d’un système de production
toujours plus performant. Pour Engels, l’essor de la science est parallèle à la montée
de la bourgeoisie. En effet, la bourgeoisie a des besoin pour développer sa production,
d’une science qui étudie « les propriétés physiques des objets naturels et les modes
d’action des forces de la nature » car avant, la science était au service de l’Eglise.
C’est un savoir producteur d’idées, de théories et d’expériences qui est donc soumis
aux mêmes conditions sociales que les autres productions. Trois types de travailleurs
sont nécessaires pour le fonctionnement du système. Le savant, travailleur de type
nouveau qui dégage des lois. L’ingénieur qui applique les théories et l’artisan qui
produit.
Il existe deux conceptions de la science. Selon Alexandre Koyré, la science a un
développement propre, indépendant de la société et le savant est détaché de la
société. Sinon, la science est au service de la technique car même les recherches
anodines et désintéressées peuvent toujours trouver une application technique. La
maxime du capitalisme par rapport à la science nous le montre bien : « ça peut
toujours servir ». De plus, la plupart du temps, la recherche est orientée dans le but
d’une exploitation sociale.
Science et technique
Définition de la technique : un ensemble d’opérations qui visent à satisfaire des
besoins. C’est un fait culturel caractéristique des sociétés humaines et qui requiert
l’utilisation d’instruments (outils, machines…) et qui se différencie donc du travail
manuel. La différence entre science et technique est que la science émet des énoncés
qui ne transforment pas la réalité. Elle reste un ensemble de connaissances. La
technique, au contraire, vise à transformer la réalité. Historiquement, la science est
indépendante de la technique. D’après Koyré, la technique a longtemps existé sans la
science, et vice versa. En effet, il y eut des inventions comme le télescope par
exemple donc les lois physiques ont été découvertes à posteriori par Galilée.
La technique influence la science car elle lui donne de nouveaux objets de recherche
et peut augmenter ses moyens de recherche.
Principes métaphysiques
La science repose sur des principes indémontrables. D’ailleurs, le premier objet de
l’épistémologie critique est de les mettre à jour et d’en faire l’examen.
Exemple : l’étude du mouvement
Selon Aristote et sa physique des qualités, le mouvement repose sur une cause
interne. Chaque corps a une place, et s’il bouge, c’est pour retourner à sa place. Cela
est la cause essentielle du mouvement. De plus, il existe des causes extérieures qui
empêchent les corps d’accomplir leur mouvement et des causes accidentelles qui les
libèrent et leur permettent de retourner à leur place. Cette théorie repose sur trois
principes :
- le principe substantialiste : la cause du mouvement est dictée par certaines
qualités des corps. Par exemple, les corps tombent car ils sont lourds.
- le principe finaliste : toute chose existe en vue d’une fin.
- le principe cosmologique : toute chose a une place et une fonction définie.
A l’opposé, on trouve Galilée et sa physique des quantités. Il nous montre qu’il est
possible de formuler une loi scientifique à partir de principes contestables. La
théorie d’Aristote avait des principes erronés qui conduisaient à un savoir erroné.
Galilée au contraire, avait des connaissances justes mais fondées sur des principes
erronés. Pour lui, la Nature aime les lois simples donc si les planètes suivent des
orbites circulaires, c’est que l’ovale est la forme symétrique la plus simple.
Modalités de la démarche scientifique
Etude des méthodes
-
la méthode inductive
L’induction est une démarche qui consiste à établir une conclusion générale à partir de
multiples observations. On fonctionne du particulier au général. C’est la démarche
favorite des empiristes car l’observation est le point de départ de la connaissance.
Mais une connaissance inductive ne peut jamais être considérée comme certaine car
on ne peut pas répéter des observations à l’infini. Selon Bachelard « il faut se méfier
d’une généralisation hâtive et mal placée ».
Critique de la méthode inductive :
Selon Hempel dans Eléments d’épistémologie, la science ne peut se passer
d’hypothèses. Au départ, il faut partir d’une hypothèse et ensuite seulement faire
une observation significative
« Il est nécessaire de hasarder des hypothèses pour orienter une recherche »
Hempel.
-
l’empirisme
Il se représente le fait scientifique comme un simple fait d’observation ou une simple
constatation.
Critique de l’empirisme :
Il est impossible, en faisant des observations uniquement dans la Nature, de prendre
en compte, déterminer et de contrôler toutes les conditions de l’évènement. Par
exemple, le pourcentage d’humidité dans l’air.
La deuxième critique porte sur la conception empirique du fait scientifique. Le savant
est sensé relier les faits observés par des relations et d’en faire ressortir des lois.
Mais le fait scientifique ne peut exister que par rapport à un ensemble de
connaissances : isolé, il ne nous apprend rien.
La construction du fait scientifique
Le savant étudie la Nature simplifiée et non pas telle qu’elle est. Par exemple, pour
étudier la chute des corps, on utilise une bille d’acier, un plan incliné et des
chronomètres. On peut donc dire que le fait scientifique observé est une simple
représentation de ce qui se passe dans la Nature. Le fait scientifique est le produit
d’une intention, d’un choix et est dépendant d’une interprétation faite en fonction de
l’hypothèse de départ et des connaissances déjà acquises.
Lois et théories
La notion de loi et toute la conception de la science qui en découle est apparue au
XVIIème siècle avec la science moderne. Avant Galilée, les savants n’exprimaient pas
le besoin de rassembler toutes leurs observations en lois. La notion de loi suppose que
« la Nature est un livre écrit en langage mathématiques. » (Galilée). Si on émet des
lois, on suppose qu’il existe un rapport entre la nature et la raison. Cette conception
instaure la stabilité, la possibilité et la validité d’une connaissance quantitative. Avec
la notion de loi, on pense que tout phénomène peut se mettre sous la forme du
« si…alors… », c'est-à-dire la loi.
Les lois supposent un ordre immuable dans la nature, car quand on l’observe pour
dégager des théories, on suppose que les conditions et les faits y sont réguliers. La
nature est conçue comme une harmonie. Le comportement des choses et des êtres
suit nécessairement des règles. Pour établir une loi, il est nécessaire de codifier le
milieu naturel pour en tirer un ordre mathématique car c’est le plus parfait des
systèmes de signes. A l’aide des symboles mathématiques, il est possible de
recomposer en combinaisons variées les éléments qu’on étudie. Cependant une loi
scientifique ne se réduit pas à un énoncé vérifiable par l’observation ou
l’expérimentation, il existe d’autres conditions :
- Il faut pouvoir exprimer un rapport universel et nécessaire entre plusieurs
phénomènes pour fournir une explication causale même si la nature de la cause
-
est inconnue. Dans la pratique, cette règle est parfois un peu assouplie.
Il faut posséder un haut degré de généralité c'est-à-dire qu’une loi va toujours
plus loin que la somme des expériences ou observations qui la vérifient. Il en
découle deux conséquences. La première est que l’universalité de la loi ne peut
être induite des seules expériences ou observations. De plus, la loi doit
s’attendre à des évènements invérifiables, cela signifie qu’elle est un énoncé
dont on doit pouvoir déduire des énoncés particuliers en nombre limité.
Une théorie est un système logique explicatif qui relie de façon intelligible entre eux
tous les faits et les différentes lois qui appartiennent à un champ de connaissances.
Les théories sont animées par des idées très générales, ce qui fait qu’il est toujours
possible de les résumer de façon schématique en une formule, qu est en en sorte un
guide méthodologique applicable à tout le champ concerné. Une théorie tient sa force
de la confirmation que lui donnent à la fois l’absence de démenti des faits et sa
conformité avec le reste du savoir scientifique.
Cette définition pose deux problèmes :
- la théorie contient à la fois des observations et des expériences, il s’agit
dévaluer la place qu’il faut accorder à l’expérience et à la raison. Les empiristes
pensent qu’il faut accorder une place prépondérante à l’expérience et au
contraire le conventionnalisme considère que la théorie se réduit à une
hypothèse rationnelle. La question reste de savoir s’il faut considérer les
théories comme certaines ou seulement probables.
- Est-on capable de vérifier totalement une théorie par l’observation et
l’expérience ?
- Comment établir la frontière en science et métaphysique ? comment éviter que
la science ne s’égare dans la métaphysique par exemple à cause d’une
généralisation abusive ? Peut-on étendre le fonctionnement des sciences
exactes telle que la biologie aux sciences humaines ?
Vérification des théories
Le problème pour vérifier une théorie est que l’on met en présence en présence un
fait réel et son explication hypothétique. Les faits sont donc empreints de théorie, ce
qui peut fausser la vérification (thèse de Pierre Thuillier et de Georges Canguilhem).
Carl Popper, dans La logique de la découverte scientifique, met en avant les quatre
procédures de vérification d’une théorie :
- la comparaison logique des conclusions entre elles, ce qui permet de tester la
cohérence globale du système
-
la recherche de la forme logique de la théorie
la comparaison avec d’autres théories pour voir si celle-çi constitue un progrès
scientifique
- la mise à l’épreuve des conclusions par des applications empiriques
Cette thèse soulève différents problèmes :
- il est toujours difficile de déterminer si une théorie va être dès sa naissance
un progrès scientifique ou pas
- la cohérence interne d’une théorie ne prouve pas sa véracité mais seulement sa
validité, or la théorie doit être vraie avant d’être validée et non le contraire
(M. Schlick)
L’expérimentation
Définition de la notion d’expérience en science :
Une expérience n’apprend rien si il n’y a pas d’hypothèse de départ
L’expérimentation ne peut se concevoir que si elle est voulue et provoquée par
l’expérimentateur pour vérifier une loi ou mettre en évidence un phénomène. La
différence entre l’expérimentation et l’observation est le caractère volontaire de
l’expérimentation. Le savant soumet la nature à une interrogation pour obtenir une
réponse qu’elle soit négative ou positive. L’expérimentation est une activité
rationnelle : formulation d’une hypothèse et mise au point d’un dispositif
expérimental. Elle est selon Bachelard la manifestation même « du rationalisme
appliqué ». Mais est-il légitime pour autant de réduire l’observation scientifique à un
pur et simple enregistrement passif des faits (Claude Bernard). En réalité
l’observation est aussi active que l’expérimentation (utilisation d’instruments aussi
complexes et démarche analogue. De plus l’observation est toujours motivée par les
découvertes intérieures ou les recherches en cours. Il ne faut donc pas sous-estimer
la valeur quasi-expérimentale de l’observation. On ne peut pas parler de différence
de nature entre expérimentation et observation mais d’une différence de degré.
Les procédures expérimentales :
Les procédures expérimentales sont différentes selon l’état d’avancement des
recherches et la complexité des faits étudiés, il n’y a pas de procédure unique. Par
exemple les empiristes tentent de ramener l’expérimentation à une simple
manipulation des variables, le rôle de l’hypothèse n’apparaît pas. Carnap et Hempel
quant à eux décrivent la méthode expérimentale comme une série de tâtonnements
successifs.
Les grandes notions philosophiques
1. La connaissance, la raison, la science.
Michel Coudarcher / Mémo seuil
Modalités de la démarche scientifique
_ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une
simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater.
Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement
philosophique.
_ Chapitre 2 B, page 9 : le principe du raisonnement par l’absurde consiste à
démontrer
indirectement une proposition en prouvant que la proposition
contradictoire est fausse.
_ Chapitre 3, B page 13 : Pour Newton, il ne s’agit plus de faire ou plutôt d’imaginer
des hypothèses mais de partir de l’observation des phénomènes et d’en rechercher
les relations causales par induction analytique.
_ Chapitre 4 B, page 19 : L’interrogation socratique : méthode maïeutique et ironique
qui consiste en une pratique d’interrogation sur ce que parler veut dire.
_ Chapitre 5, Ba, page 26 : La révolution mathématique de Thalès, décrite par Kant,
qui illustre dans la seconde édition de la « Critique de la raison pure », l’accession des
mathématiques au statut de science.
_ Chapitre 5 B, page 28 : Eratosthène (III av J-C) a déterminé la mesure du méridien
terrestre d’une façon remarquablement très simple. Il inventa une méthode
rigoureuse.
_ Chapitre 5 C, page 28 : Euclide et l’idée de théorie démonstrative. Dans ses
« Eléments », il codifie la méthode de démonstration mathématique. C’est un effort
conscient pour se dégager de l’expérience sensible en énonçant clairement les
postulats. Einstein disait : « Qui n’aurait pas lu ou aimé Euclide ne saurait jamais ce
qu’est la science théorique. A la base, la rigueur de la démonstration mathématique
est l’existence d’une justification rationnelle.
à Exemple d’un postulat d’Euclide : « Par un point extérieur à une droite, on ne peut
mener qu’une seule parallèle à cette droite. »
A partir de là, s’enchaînent des théorèmes ou propositions, énoncés avant la
démonstration. Le corollaire tire les conséquences d’un théorème déjà démontré.
_ Chapitre 5, Cc page 31 : Le caractère synthétique a priori des jugements
mathématiques. Ils sont indépendants de toute expérience. Le raisonnement
mathématique n’est pas réductible à la simple logique, qui est purement analytique.
Kant dans l’introduction de la « Critique de la raison pure », montre que les jugements
mathématiques sont tous synthétiques.
_ Chapitre 6, B, page 32 : Selon l’article du « Vocabulaire » de Lalande, la théorie
rattache des conséquences à des principes. à Théorie, loi, hypothèse.
_ Chapitre 6, C page 33 : Lalande pense que l’induction ne peut se faire sans
hypothèse, autrement dit sans une théorie préalable à l’expérience qui la valide. Le
paradoxe est que la démarche expérimentale ne consiste pas à tirer l’idée du fait
(selon la thèse empiriste banale) mais le fait de l’idée.
_ Chapitre 6, C page 33 : Galilée fait l’expérience de la tour de Pise. Tout d’abord une
loi est qualitativement déterminée, ensuite on mesure, la loi est alors
quantitativement déterminée.
_ Chapitre 9 B, page 45 : une hypothèse n’est scientifique que si ce n’est pas une
simple idée en l’air. Si elle permet de construire des faits qui confirmeront ou
infirmerons l’idée. Elle s’achève nécessairement dans une expérimentation.
_ Chapitre 10, A, page 56 : La théorie scientifique est définie comme un système de
propositions mathématiques déduites d’un maximum de principes, pour représenter un
ensemble de lois expérimentales.
_ Chapitre 10, B page 56 : les principes de déduction sont des hypothèses au sens
mathématique. La déduction consiste en une combinaison des principes suivant les
règles de l’analyse mathématiques.
Finalités de la démarche scientifique
÷
La recherche de la vérité :
_ Chapitre 1 B-b, page 6 : qui y a-t-il de commun entre les différents types de
connaissance ? Toute connaissance est avant tout connaissance de la vérité.
_ chapitre 1 B-b, page 6 : comment concilier raison et expérience ? Tel est le
problème essentiel de la science. Le problème auquel veut répondre toute entreprise
scientifique digne de ce nom est proprement métaphysique : il est celui des rapports
de l’esprit et du réel, autrement dit celui de la vérité.
_ Chapitre 2, page 7 : Dans « Lettre à Marsenne », Descartes pose un curieux
problème qui montre qu’on ne peut pas établir une définition de la vérité car la
définition de la vérité suppose la vérité de la définition. (Critique du livre « De la
vérité » d’Herbert de Cherbury) La notion proprement métaphysique de vérité ne
peut donc être mise sur le même plan qu’une notion positive.
_ Chapitre 2, B, page 9 : la vérité comme conformité de l’esprit à la chose. La
référence ultime, c’est le réel en tant qu’objet extérieur que mon esprit ne peut
modifier et auquel il doit se soumettre.
_ Chapitre 7, page 35 : L’observation (tout le chapitre s’y occupe)
--------à problème actuel : Doit-on dire qu’il faut abandonner l’idée classique de vérité
absolue ? Cela équivaudrait à un retour du relativisme.
÷
La recherche de solutions :
_ Chapitre 10, page 60 : Jacques Monod insiste sur le caractère essentiellement
problématique de la connaissance scientifique et dit que la science a pour finalité
essentielle de trouver des solutions.
÷
La recherche de la connaissance :
_ Chapitre 1 B-b, page 6 : qui y a-t-il de commun entre les différents types de
connaissance ? Toute connaissance est avant tout connaissance de la vérité.
_ Chapitre 10 C-b, page 58 : Cournot dans « l’Essai sur les fondements de nos
connaissances et sur les caractères de le critique philosophique» dit que la science
est la connaissance logiquement organisée.
Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports
science/réel
_ Chapitre 1 B-b, page 6 : « l’expérience est le fait pour le sujet de recourir à
l’extériorité de l’objet ». A partir de là, deux questions se posent mais qui vont en
sens opposés. D’une part, l’illusion menace encore car en croyant atteindre l’objet,
c’est moi-même et ma perception que je saisis. D’autre part, la notion d’expérience
est plus large que la notion d’expérimentation.
_ Chapitre 1 B-b, page 6 : qui y a-t-il de commun entre les différents types de
connaissance ? Toute connaissance est avant tout connaissance de la vérité.
_ Chapitre 2, page 7 : Dans « Lettre à Marsenne », Descartes pose un curieux
problème qui montre qu’on ne peut pas établir une définition de la vérité car la
définition de la vérité suppose la vérité de la définition. (Critique du livre « De la
vérité » d’Herbert de Cherbury) La notion proprement métaphysique de vérité ne
peut donc être mise sur le même plan qu’une notion positive.
_ Chapitre 2, B, page 9 : la vérité comme conformité de l’esprit à la chose. La
référence ultime, c’est le réel en tant qu’objet extérieur que mon esprit ne peut
modifier et auquel il doit se soumettre.
_ Bilan, Chapitre 11, page 61 : La science est à la fois relative à notre pensée et assise
sur le réel. Elle exige l’universalité et est liée à la transparence de ses procédés
ouvrant la possibilité constante d’un dépassement.
Débat épistémologique sur les rapports science de la
nature/sciences de l’homme
Science antique/science moderne
_ Chapitre 4, page 18 : Pour que les Grecs, la pluralité des hypothèses était l’indice de
la fécondité de la raison capable de présenter différentes explications des mêmes
faits.
_ Chapitre 4 B, page 19 : L’interrogation socratique : méthode maïeutique et ironique
qui consiste en une pratique d’interrogation sur ce que parler veut dire.
Science/mythe
Science/religion
_ Chapitre 5 c, page 24 : Il y a une mystique du nombre et de la figure chez
Pythagore, dont des traces subsistent chez Platon. L’astronomie pythagoricienne est
liée à une astrologie et l’arithmétique à une « arithmologie », la géométrie a eu elle
aussi sa science occulte associée. à Voir les exemples de la décade (nombre sacré :
1+2+3+4)
àEt l’exemple du triangle sacré.
Science/philosophie
_ Chapitre 2 B, page 8 : des problèmes philosophiques
·
juger de la vérité d’un énoncer en
le référant à la réalité de la chose
supposerait que l’esprit soit déjà
en possession de la réalité de la
chose. Or n’est ce pas précisément
ce qui est mis en question ?
· un critère universel de la vérité ne
pourrait, par définition s’appliquer
au rapport de la connaissance avec
son objet.
_ Chapitre 3, page 13 : B : L’empirisme est-il nécessairement sceptique ? Newton
(« Principia mathematica ») et Locke (« Essai philosophique concernant l’entendement
humain » pensent que l’empirisme triomphant en physique, cherche à s’attendre à tous
les domaines de la pensée et à fonder dans l’expérience seule la certitude
philosophique.
Science/art
Science/savoir
_ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une
simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater.
Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement
philosophique.
_ Chapitre 1 B/, page 5 : Montaigne a délimité le problème des rapports de la raison
et de l’expérience dans la connaissance au dernier chapitre des « Essais » (III, 13).
« Il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance, quand la raison nous manque
nous employons l’expérience.
_ Chapitre 2 B, page 9 : le principe du raisonnement par l’absurde consiste à
démontrer
indirectement une proposition en prouvant que la proposition
contradictoire est fausse.
_ Chapitre 3, page 10 : L’expérience est-elle la seule source exclusive de la
connaissance, doit-elle être exclue au profit de la raison ou bien doit-on reconnaître
sa nécessité sans pour autant la couper de la raison ?
_ Chapitre 3, A-b, page 10 : Pour les sophistes, ce qui compte, ce n’est ni la vérité du
discours ni son rapport à la finalité mais son efficacité.
Science et société
_ Chapitre 3, A-b, page 11 : L’humanisme et l’individualisme, thèse de Platon : même
dans la plus parfaite démocratie, on ne peut soumettre au vote ce qui relève de la
science. Pour Protagoras, je peux dire ce que je veux, n’importe quoi puisque je laisse
aux autres la même liberté. Ce qui compte c’est que je l’emporte grâce à la séduction,
la tromperie et même pourquoi pas à ma sincérité.
Le procès de la science (et/ou de l’hégémonie de la science) :
les éloges, les critiques, absolus, relatifs
_ Chapitre 2 B, page 8 : des problèmes philosophiques
· juger de la vérité d’un énoncer en
le référant à la réalité de la chose
supposerait que l’esprit soit déjà
en possession de la réalité de la
chose. Or n’est ce pas précisément
ce qui est mis en question ?
· un critère universel de la vérité ne
pourrait, par définition s’appliquer
au rapport de la connaissance avec
son objet.
_ Chapitre 10 C-le problème du progrès.
·
La falsifiabilité. Selon Popper, le
critère de la scientificité d’une
théorie réside dans la possibilité
de la tester, de l’invalider ou de la
réfuter. L’enjeu de Popper n’est
pas entièrement épistémologique)
Science/sensation
_ Chapitre 3–d, page 12 : Empirisme et relativisme, si la science se ramène à la
sensation que reste t-il ? Plus de théorie, que de l’expérience. On aboutit à une
réduction de la réalité à l’apparence, de la science à l’opinion. L’existence de chaque
chose ne repose plus sur des critères.
_ Chapitre 4, page 17 : L’exemple des osselets nous montre que les idées
mathématiques font éclater les contradictions du sensible, comment leur application
à l’expérience fait apparaître que nous ne vivions que dans un songe confus en prenant
le sensible pour l’unique réalité.
_ Chapitre 7, page 39 : Le sensible, le phénomène et le réel. Le problème est de savoir
quelle est la part des sens dans l’élaboration de la pensée de l’objet. L’usage des sens
n’est pas absolument exclu de certains domaines scientifiques.
_ Chapitre 7, Cb : page 39 : comment l’expérimentation rend-elle à la fois sensible et
intelligible ce qui ne le serait pas sans elle ?
_ Chapitre 9 A, page 43 : Aristote est considéré comme le chef de file de l’empirisme.
Sa thèse est qu’il n’est pas possible par la sensation d’acquérir une connaissance
scientifique. La raison en est que la sensation porte sur telle chose déterminée dans
un lieu et à un moment déterminés. La sensation portant sur l’individuel n’est pas la
science qui porte sur l’universel.
Science / empirisme
_ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une
simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater.
Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement
philosophique.
_Chapitre 1 B/, page 5 : Montaigne a délimité le problème des rapports de la raison et
de l’expérience dans la connaissance au dernier chapitre des « Essais » (III, 13). « Il
n’est désir plus naturel que le désir de connaissance, quand la raison nous manque nous
employons l’expérience.
_ Chapitre 1 B-b, page 6 : « l’expérience est le fait pour le sujet de recourir à
l’extériorité de l’objet ». A partir de là, deux questions se posent mais qui vont en
sens opposés. D’une part, l’illusion menace encore car en croyant atteindre l’objet,
c’est moi-même et ma perception que je saisis. D’autre part, la notion d’expérience
est plus large que la notion d’expérimentation.
_ Chapitre 1 B-b, page 6 : comment concilier raison et expérience ? Tel est le
problème essentiel de la science. Le problème auquel veut répondre toute entreprise
scientifique digne de ce nom est proprement métaphysique : il est celui des rapports
de l’esprit et du réel, autrement dit celui de la vérité.
_ Chapitre 3, page 10 : L’expérience est-elle la seule source exclusive de la
connaissance, doit-elle être exclue au profit de la raison ou bien doit-on reconnaître
sa nécessité sans pour autant la couper de la raison ?
_ Chapitre 3, page 13 : B : L’empirisme est-il nécessairement sceptique ? Newton
(« Principia mathematica ») et Locke (« Essai philosophique concernant l’entendement
humain » pensent que l’empirisme triomphant en physique, cherche à s’attendre à tous
les domaines de la pensée et à fonder dans l’expérience seule la certitude
philosophique.
_ Chapitre 3 page 14 : Toutes les thèses de Hume concernant l’analyse de
l’expérience, dont l’empirisme et la réduction de la relation causale à l’habitude. à
L’exemple célèbre des
boules de billard.
à Le miracle de Jeans
_ Chapitre 4, page 17 : L’exemple des osselets nous montre que les idées
mathématiques font éclater les contradictions du sensible, comment leur application
à l’expérience fait apparaître que nous ne vivions que dans un songe confus en prenant
le sensible pour l’unique réalité.
_ Chapitre 6, A, page 33 : Le rapport de la théorie à l’expérience dans la connaissance
scientifique pose un problème. On pourrait croire que l’expérience collectionne les
faits et que la théorie les ordonne ensuite rationnellement. Or il n’en est rien. On ne
peut pas concevoir un rapport à la réalité empirique qui serait indépendant de toute
construction rationnelle.
_ Chapitre 6, C page 33 : Lalande pense que l’induction ne peut se faire sans
hypothèse, autrement dit sans une théorie préalable à l’expérience qui la valide. Le
paradoxe est que la démarche expérimentale ne consiste pas à tirer l’idée du fait
(selon la thèse empiriste banale) mais le fait de l’idée. à Le problème de l’induction.
_ Chapitre 7, page 35 : Le fait naturel et le fait expérimental.
à Le tube de Newton : après avoir fait le vide dans
un tube, on le retourne. Des objets de nature, de
densité, de formes très diverses, comme une bille
de plomb et une plume restent groupés dans leur
chute. Cela donne une des lois de Newton, « tous
les corps, qu’ils soient lourds ou légers, tombent à
la même vitesse.
à Alain, dans « Eléments de philosophie » note
qu’observer, c’est percevoir avec attention et
qu’expérimenter, c’est changer la chose pour voir
ce qui résultera du changement.
_ Chapitre 7, Cb : page 39 : comment l’expérimentation rend-elle à la fois sensible et
intelligible ce qui ne le serait pas sans elle ?
_ Chapitre 8, à partir de la page 40 : L’observation nous fait découvrir le problème de
la mesure. Les notions de grandeur et de mesure sont essentielles à la constitution
d’une expérimentation scientifique.
_ Chapitre 9 A, page 43 : Aristote est considéré comme le chef de file de l’empirisme.
Sa thèse est qu’il n’est pas possible par la sensation d’acquérir une connaissance
scientifique.
Science / raison
_ Chapitre 1 A/, page 5 : Alain dans « l’Ethique » prône l’expérience errante : une
simple connaissance des faits, que le hasard et les circonstances nous fait constater.
Il dit aussi que la déduction scientifique suppose l’intuition qui est proprement
philosophique.
_Chapitre 1 B/, page 5 : Montaigne a délimité le problème des rapports de la raison et
de l’expérience dans la connaissance au dernier chapitre des « Essais » (III, 13). « Il
n’est désir plus naturel que le désir de connaissance, quand la raison nous manque nous
employons l’expérience.
_ Chapitre 3, page 10 : L’expérience est-elle la seule source exclusive de la
connaissance, doit-elle être exclue au profit de la raison ou bien doit-on reconnaître
sa nécessité sans pour autant la couper de la raison ?
_ Chapitre 3, page 13 : Leibniz pense que la raison aperçoit la liaison des vérités. Ceci
est critiqué par Hume qui réduit « connaître » à « voir ».
_ Chapitre 6, A, page 33 : Le rapport de la théorie à l’expérience dans la connaissance
scientifique pose un problème. On pourrait croire que l’expérience collectionne les
faits et que la théorie les ordonne ensuite rationnellement. Or il n’en est rien. On ne
peut pas concevoir un rapport à la réalité empirique qui serait indépendant de toute
construction rationnelle.
_ Chapitre 9, B-b page 45 : la raison scientifique est la raison aux prises avec les
faits. Kant l’appelle « entendement ». Kant exprime ainsi l’idée de Newton.
Science et technique
_ Chapitre 9, 2-Technique et science : page 46 : Il faut distinguer dans le fait
scientifique ce qui appartirent à la simple technique et ce qui est proprement
scientifique.
à La loi de la chute des corps : notamment grâce au dispositif scientifiquement très
élaboré du plan incliné qui montre la généralisation de la loi du mouvement d’un corps
sous l’action d’une force constante.
DE LA PHILOSOPHIE – MICHEL GOURIRAT
chapitre : Qu’est ce que la philosophie ?
Tableau comparatif Philosophie / Science
Philosophie
Science
Nécessaire
au
maintien
et
au
développement de la science
Dépassée par les progrès scientifiques
et techniques
Entreprise purement spéculative, a pour
objet la connaissance pure
Non soumise à des fins utilitaires
Suit un processus d’assimilation hésitant
(beaucoup de temps entre la découverte
d’une théorie et son application
pratique)
Les sciences libèrent l’homme des
contraintes naturelles.
Soumise à des fins utilitaires
Suit un processus d’assimilation hésitant
(beaucoup de temps entre la découverte
d’une théorie et son application
pratique)
La technique moderne a hérité de la
philosophie le sens de l’efficacité
indirecte.
A pour ambition de rassembler dans Spécialisation
l’unité d’une pensée la totalité de la
culture de son temps
Dans des sociétés qui ne reposent pas Repose sur les leçons de l’expérience
exclusivement sur l’accumulation de
l’expérience (elle conteste la validité
absolue de l’expérience et cherche à la
dépasser en élaborant une science de
l’action)
Se développe dans les périodes de Se développe dans les périodes d’essor
stagnation et de retard
économique ou de dysfonctionnements
Bien universel et spirituel (qui ne peut Peut être marchandée (brevets)
être traitée de manière commerciale).
Contemple des objets plus bas que les
autres sciences
Moment avant la pratique
Moment de la production technique
Dépendante de son contexte et de son Objective
auteur
Les thèses philosophiques se réfutent Caractère
de
scientificité
de
mutuellement
non-contradiction (constructive)
Enseignement éphémère, par la parole
Enseignement séculaire
Incapacité philosophique
Applications pratiques
Hypnotisée
par
l’objet
de
sa Modifie son objet d’observation d’une
contemplation
façon active
Résumé du chapitre
Nous allons tenter de définir la philosophie en elle-même et non par comparaison avec
les autres formes de culture.
1 / NECESSITE
DE LA PHILOSOPHIE
La philosophie serait l’ensemble des œuvres littéraires qu’elle a produites, mais la
culture est vivante, la philosophie est donc aussi le moyen d’une éducation et d’un
développement de l’homme.
La philosophie est nécessaire au maintien et au développement de la science et de la
religion qui doivent faire une réflexion philosophique sur leurs propres fondements,
mais elle doit également exister comme entreprise indépendante. La nécessité de la
philosophie peut être remise en cause, car elle récuse la spécialisation de la pensée
scientifique et les élans mystiques. Même si la philosophie appartient à la culture
comme forme antérieure de la pensée, elle semble aujourd’hui être dépassée voire
abandonnée.
A / La nécessité absolue de la philosophie
Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être, or la philosophie a un début (VIème siècle
avt JC) et envisage sa fin : elle n’est donc qu’une entreprise historique, il n’y a pas de
nécessité éternelle de la philosophie.
B / La nécessité historique de la philosophie
Est nécessaire ce qui est conséquence inéluctable de causes rigoureusement
déterminées. La philosophie peut ainsi être tenue pour le résultat historique de
conditions historiques déterminées (état de la production artisanale, importance de
l’esclavage, relation étroite à la mer en Grèce au VIème siècle avt JC). Mais ces
conditions favorables ne prouvent pas la nécessité de la philosophie, aussi née de la
libre initiative humaine. La philosophie est dépassée par les progrès scientifiques et
techniques. Son existence de la philosophie n’est donc pas nécessaire : elle dépend de
libres décisions individuelles et sociales en sa faveur qui sont de moins en moins
probables.
C / La philosophie et la vie
La philosophie n’est pas nécessaire à la vie, dans le sens où il n’est pas impossible de
vivre sans elle. Cette entreprise purement spéculative ne peut se développer que
lorsque les besoins vitaux sont satisfaits. La philosophie enseigne une attitude
désintéressée et libère de l’ignorance, elle résulte et contribue à la fois de la
libération à l’égard des besoins.
Elle n’est pas soumise à des fins utilitaires comme les autres sciences, elle parait donc
moins nécessaire. Les sciences libèrent l’homme des contraintes naturelles, alors que
la philosophie n’est que spéculation. La liberté philosophique est le privilège de ceux
qui profitent de loisirs (les propriétaires d’esclaves en Grèce antique) ou alors à ceux
qui vivent dans le parasitisme (les Cyniques).
La philosophie suppose donc résolu le problème de l’indépendance économique du
philosophe.
La philosophie est un bien universel et spirituel (qui ne peut être traitée de manière
commerciale comme l’ont fait les Sophistes).
La philosophie se propose comme une tache, non contrainte mais bonne pour notre
liberté. Elle est donc nécessaire dans le sens de ce sans quoi le bien est impossible ;
elle est nécessaire à une vie vraiment humaine où l’homme se rend maître de son
destin par sa propre réflexion. La nécessité de la philosophie est donc conditionnelle.
2 / LA
PHILOSOPHIE COMME SAGESSE
La philosophie peut donc être considérée comme superflue (nécessité dans le sens
vital) ou absolument nécessaire (nécessité comme condition indispensable d’une vie
vraiment bonne). Si la véritable sagesse est de se rendre « maître et possesseur de la
nature », alors une philosophie purement spéculative sera inutile. Mais si l’on
considère le développement de l’homme comme fin, alors la véritable sagesse se
trouverait au-delà des besoins.
A / La fuite hors du monde
Pour l’homme asservi aux besoins, la philosophie amènerait à une sagesse individuelle
qui consiste à se retirer de la société pour développement personnel. Le philosophe se
confond alors souvent avec le mystique contemplatif qui fuit le monde et prône une
sagesse prudente et mesurée pour jouir uniquement des joies de la réflexion.
B / L’incapacité philosophique
Calliclès soutient que la philosophie n’a qu’une valeur de discipline culturelle, et est
incompatible avec le sérieux de l’age mur. La mort de Socrate illustre l’impuissance de
la philosophie.
Comme il est homme, le philosophe est tenté de prendre le parti de la jouissance et du
besoin.
La prétendue supériorité du philosophe qui ignore ce qui est à ses pieds est aussi
dérisoire que celle de Thalès, astronome, qui se laisse tomber dans un puits.
La philosophie n’est pas l’art de conduire sa vie avec sagacité et prudence (pur les
Grecs est prudent celui qui est prévoyant et avisé).
C / L’angélisme philosophique
Quand il cherche à déconcerter les paradoxes, le philosophe produit finalement la
stupeur de la pensée. Le philosophe ne se propose pas d’autre but que de connaître, il
reste hypnotisé par l’objet de sa contemplation plutôt que de le modifier d’une façon
active. La philosophie contemplative est donc conservatrice et réactionnaire, car
postérieure à la réalité. Elle serait aussi un phénomène de décadence car elle se
développe le plus souvent dans les périodes de stagnation et de retard.
3 / SIGNIFICATION
PRESENTE DE LA PHILOSOPHIE
La conscience moderne combat la philosophie au nom de l’esprit pratique et des
valeurs de l’action.
La philosophie est à la fois une essence intemporelle mais aussi un processus culturel
historiquement déterminé.
A / L’attitude philosophique
La philosophie a depuis longtemps cherché à se garantir du reproche d’inefficacité
qu’on lui fait, en objectant que le savoir théorique pouvait comporter une efficacité
pratique indirecte ou à long terme. A très longue échéance l’interprétation
philosophique du monde à été un élément décisif de sa transformation, même si c’est
plutôt la séparation entre philosophie et action qui est visible.
Le savoir scientifique suit un processus d’assimilation hésitant, et il s’écoule beaucoup
de temps entre la découverte d’une théorie et son application pratique, il en est ainsi
pour la philosophie. La théorie est nécessaire à l’action, même si l’expérience peut
parfois guider l’action mais à courte portée.
La « sagesse des nations » qui condense en proverbes l’expérience sert de base à la
philosophie qui elle apparaît quand l’homme exige les justifications plus profondes de
la conscience et de la pensée. Les sociétés où se développe la philosophie se
distinguent donc des autres en ce qu’elles ne reposent pas exclusivement sur
l’accumulation de l’expérience. La philosophie consiste à contester la validité absolue
de l’expérience et cherche à la dépasser en élaborant une science de l’action (qui ne
signifie pas agir) dans une morale.
Seule une réflexion théorique systématique peut rendre l’action humaine pleinement
rationnelle en éliminant les éléments de superstition et de routine (liés à
l’expérience).
Une sagesse n’est en effet qu’un art de vivre, une réglementation “artisanale” de
l’action humaine. La philosophie n’est pas l’art de la sagesse, car elle est abstraite et
insuffisamment pratique ; mais ce n’est pas pour autant qu’il faille revenir aux
sagesses qui sont historiquement antérieures à la philosophie et ne peuvent suffire
aux besoins des sociétés modernes.
La technique moderne a hérité de la philosophie le sens de l’efficacité indirecte (par
exemple les expériences spatiales). L’émerveillement philosophique est actif et
donne le mouvement nécessaire à la production de la connaissance scientifique et de
la domination technique du monde. L’émerveillement devant les pouvoirs de l’homme
est caractéristiques des sociétés européennes et est à l’origine de leur puissance
technique. Le développement technique l’époque contemporaine est si complexe que
l’on a dépassé son utilitarisme et on s’émerveille de nouveau devant le mystère et la
beauté du monde, ainsi le sens moderne du merveilleux reste philosophique.
B / La philosophie comme pensée
Le merveilleux moderne est plus philosophique que le merveilleux antique, plus
poétique et mystique. L’élévation philosophique est moins une élévation mystique
qu’une élévation de la pensée.
Une première tendance de la philosophie, où elle serait la contemplation des objets
plus bas que les autres sciences qui tendrait vers la vision de l’Etre éternel, la
rapproche de la religion et donne à la science une dimension purement contemplative
et mystique. Mais il n’est ni scientifique, ni philosophique d’établir entre les objets
des rapports de dignité, la philosophie s’intéresserait plutôt à la réalité familière
(proximité du philosophe).
La philosophie doit d’abord s’élever à la pensée pour redescendre ensuite en prenant
pour objet la vie ici et maintenant. Si la philosophie antique avait pour but d’élever la
pensée, la philosophie moderne “ramène du ciel sur la terre ” en prenant des objets
proches de la réalité quotidienne. Mais l’activité technique et scientifique moderne
est le résultat lointain de la critique philosophique, ce serait donc l’achèvement de la
philosophie. Cependant cette affirmation du dépassement de la philosophie reste
purement théorique.
La société scientifique et industrielle reste affecté de contradictions non résolues,
et le sentiment contemporain de crainte et d’admiration à l’égard de la science et de
la technique reste encore tragique, pré-philosophique, donc la philosophie n’est pas
achevée.
La philosophie trouve dans la décadence sociale (quand la pensée se replie sur
elle-même) les conditions intellectuelles et morales de son développement pour
satisfaire la conscience.
La philosophie antique n’a pu qu’opposer contemplation et action car il était alors
impossible de mettre en évidence une relation immédiate entre théorie et pratique
(Pythagore n’a jamais imaginé que ses théorèmes pouvaient avoir une conséquence
pratique). L’expérience de la société industrielle montre clairement que plus elle est
théorique, plus la science comporte d’efficacité pratique.
La théorie scientifique est un moment de la production technique. Pour le marxisme,
la théorie doit s’achever et s’abolir dans la pratique.
Pour Nietzsche, le philosophe écrit l’histoire humaine, dont l’homme d’action n’est que
l’acteur.
La philosophie n’est liée à la science qu’au moment théorique de l’action humaine pour
atteindre le niveau technique.
La philosophie est une construction d’idées que la conscience oppose à une réalité qui
la déçoit. Le philosophe ne dit pas ce qui doit être mais comment ce qui doit être
connu. La philosophie ne se préoccupe pas de savoir si elle présente une utilité
pratique, elle répond moins aux besoins de l’action qu’à celui du développement de la
pensée.
C / La philosophie comme forme de culture
L’ambition du philosophe de rassembler dans l’unité d’une pensée systématique la
totalité de la culture de son temps semble devenue aujourd’hui impossible à cause de
l’accroissement du savoir (spécialisation scientifique, division du travail intellectuel).
Il est donc tenté de se spécialiser au risque de devenir dilettante, touchant à tout, ou
séducteur, faisant croire qu’il sait ce qu’il ignore. Même quand il arrive à surmonter
ces pièges, le philosophe a seulement une vue philosophique insignifiante dans la
dispersion du jugement.
La philosophie constitue à la fois le rassemblement de la culture passée, et le point de
départ vers la culture à venir, vers le progrès et le renouvellement des sciences. Elle
domine la dispersion des savoirs en faisant abstraction des principes et en étant
universelle.
La science et l’érudition contemporaines ont fait progresser notre connaissance de
l’histoire de la philosophie.
Si comme le matérialisme historique, on considère la philosophie comme l’idéologie
d’une époque déterminée, alors le point de vue scientifique fait de la pensée une
simple chose, explicable par ses conditions objectives d’apparition, et à laquelle on ne
peut apporter qu’un intérêt extérieur.
Mais l’histoire de la philosophie ne contient que des philosophies mortes. De plus, les
thèses philosophiques n’ont cessé de se réfuter mutuellement, ce qui empêche la
philosophie de répondre à ce critère de scientificité.
Selon Hegel, l’expression “penser par soi-même” est un pléonasme. Comment penser
par les autres ?
Toute philosophie peut être enseignée, car elle est constituée en doctrine.
Si toute philosophie est de la philosophie, pour autant aucune philosophie n’est la
philosophie ; même si à son époque, chaque philosophie constitue la forme suprême de
la pensée. Il existe donc une contradiction entre le caractère nécessaire de chaque
philosophie et son caractère limité (à une époque), une philosophie doit donc être
réfutée par les suivantes, mais il est plus facile de réfuter une philosophie que de
comprendre comment à son époque elle résultait de besoins de l’esprit. Cependant
même quand elles sont réfutées par d’autres les philosophies se maintiennent, et
peuvent même être utilisées comme élément dans un ensemble plus vaste.
Il faut tout de même éviter l’écueil de l’éclectisme, qui tente de concilier toutes les
philosophies mais peut se transformer en mélange informe.
Selon Marx, toute philosophie est en fait une idéologie, c’est-à-dire un système
d’idées qui exprime et justifie des intérêts sociaux et est donc issue et dépendante
de son contexte et de son auteur.
La réfutation d’une philosophie justifiée par sa contradiction entre le caractère
universel de ses ambitions et le caractère limité de ses prises de positions est une
critique scientifiquement objective, mais par conséquent aussi unilatérale.
La philosophie reflète l’esprit de son époque, mais quand on la considère comme prise
de conscience abstraite, elle est aussi différente de la simple expression de l’esprit
son temps.
L’histoire scientifique de la philosophie, comme succession de faits, donne une base
empirique au développement de la pensée ; mais la pensée philosophique ne peut se
limiter à son histoire chronologique.
Même si nous pouvons les comprendre, les philosophies passées ne proposent pas de
réponses à nos problèmes contemporains.
Les œuvres ne sont que le résultat mort de la philosophie passée, la philosophie est
donc vivante dans l’activité opérante de la pensée.
L’enseignement de la philosophie est éphémère car il n’est que parole, il nécessite
donc la conviction propre du professeur et une participation active des auditeurs.
chapitre : science et philosophie
1ère rubrique : La constitution des sciences et de la philosophie dans la
pensée grecque (Aristote).
1) Les hommes ont par nature le désir de savoir et la première forme de
connaissance se fait par la sensation.
2) Ensuite, l’empirisme résulte des associations de la mémoire. Puis l’art
provient de l’empirisme. L’art est ici entendu au sens artisanal, on dit aussi les
arts et métiers.
3) Les premiers rudiments de la science se constituent alors dans le
prolongement des arts et métiers. La science est l’activité de théorisation,
même si elle conserve nécessairement une part d’empirisme, de liaison avec le
concret.
Donc l’art fournit la liaison, la transition de l’efficacité simplement
empirique au savoir scientifique.
4) Enfin, au-dessus du savoir scientifique se trouve le savoir
philosophique, seul à être universel, qui se définit par la recherche des
fondements des principes des sciences. La philosophie est dite « science
première » ou « unité supérieure du savoir ».
Notons que le terme « science première » est équivoque : en effet, selon
ce schéma la philosophie est apparue la dernière dans le développement
historique de la connaissance humaine . Mais cela s’explique par le fait que
justifier, fonder, consiste à renvoyer à des vérités plus hautes.
2ème rubrique : La philosophie, la science et leurs rapports.
1) Dans la pensée grecque : Platon.
Pour Platon, la philosophie est la recherche de la « sophie », forme
suprême du savoir. Dans le Théètète, il critique les thèses sensualistes et
empiristes qui limitent à la connaissance sensible le développement du savoir,
car ce sont des données variables dans le temps et subjectives (eau
froide/chaude…). Donc cela ne permet pas de constituer une science. Il
manifeste une volonté d’aller au-delà, pour atteindre la pensée pure, l’ordre de
la « vérité » et de « l’être » : c’est ce qui constituerait la philosophie.
Platon critique vivement les sciences qui sont incapables de réellement
remonter aux principes fondamentaux. L’analyse régressive utilisée par les
savants grecs (analyse = décomposer pour remonter au simple, puis synthèse =
partir des notions simples pour retrouver par déduction, mais fondées par le
raisonnement, les propositions qui servaient de point de départ à l’analyse) en
revient à des fondements qui ne peuvent eux-mêmes être fondés : toujours des
précédents, qui ont des précédents, etc… Platon dit dans République :« Ce dont
on ne sait pas le commencement, et dont le milieu et la fin impliquent ce début
qu’on ignore, quel moyen que ce simple accord de la pensée avec elle-même
devienne jamais une science ? ».
Il ouvre donc à quelque chose au-delà, la science proprement dite qui
serait la philosophie, consistant à ne « jamais se servir du sensible, mais
seulement d’idées prises en elles-mêmes, pour elles-mêmes et par elles-mêmes
».
La tâche de la critique socratique est d’avoir mis en évidence le côté
négatif de tout savoir, ses incertitudes et ses limites : c’est ce qui donne
naissance au scepticisme antique.
Cependant paradoxe chez Platon qui critique les sciences et affirme la
science absolue : cela est dû à la brièveté énigmatique de ses textes qui posent
sans le résoudre le problème du passage de la pensée scientifique à la
philosophie.
Pour résumer, la définition de la philosophie a évolué ainsi :
« Science première » qui examine les principes des sciences pour en
contester le caractère limité et contradictoire : mais alors elle risque
de se limiter à un contenu problématique et purement critique.
Plutôt alors savoir positif du principe de toute connaissance, ou forme la
plus rigoureuse du savoir.
Mais même, nommer la philosophie science est contradictoire car le «
désir de savoir » s’ éteint dans le savoir. Contradiction ultime de la
philosophie qui ne peut vivre qu’en cherchant sa propre destruction
dans la science absolue, en même temps que son couronnement.
Position moderne du problème.
Aujourd’hui on a tendance à penser que la technique, et la science qui
en est le fondement théorique, répondent à tous les besoins matériels et
intellectuels de l’homme, qui ne ressentirait plus la nécessité de
l’interrogation philosophique, relevant alors de la « préhistoire de l’esprit
humain ».
La différence essentielle entre science antique et science moderne est
l’introduction de la méthode expérimentale, qui consiste à partir
d’observations à établir des hypothèses que l’on démontre ensuite par le
raisonnement, puis à en tester la validité grâce à l’expérience,
l’expérimentation. Elle s’accompagne d’une modification profonde dans la
conception de la vérité. Pour la science antique la vérité est ce qui est justifié
(recherche des fondements); pour la science moderne elle repose sur la
vérification expérimentale, la confrontation théorie/réalité des faits. Elle
est donc indépendante de la philosophie (contrairement à la recherche des
fondements propres à la science antique).Donc, le développement des
sciences aboutirait à leur émancipation de la philosophie, qui ne serait liée qu’à
leur début, ne serait qu’une étape de leur développement. Une fois fondée,
c’est-à-dire disposant de ses principes et de sa méthode, une science dispose
librement du domaine de la réalité qui lui appartient en propre.
Conséquence pour la place accordée à la philosophie :
Au premier abord elle n’a plus qu’une place diminuée dans la mesure où
scientisme et technocratie proclament la validité universelle de la
science et de la technique et renvoient la philosophie à la
préhistoire de la pensée.
Elle réagit alors en se spécialisant dans des domaines exclus de la
science : la vie ou la conscience par exemple. Mais rapidement elle
est rejointe et chassée par la biologie et les sciences humaines qui
portent justement sur ces domaines.
Elle n'a alors plus qu'à se prononcer sur les valeurs. Mais à nouveau
l’idée d’une « philosophie des valeurs » semble illusoire car les
sciences humaines ou la biologie se prononcent aussi sur des
valeurs (normal/anormal, fonctionnel/inadapté…). Et une
philosophie qui se contenterait alors de se prononcer sur ce qui
devrait être et jamais ce qui est présenterait le paradoxe d’être
une moralité sans validité pratique puisque sans liaison avec la
réalité.
Par conséquent elle va se présenter comme rassemblant la culture, les
connaissances des différentes sciences ; mais le philosophe
apparaît alors comme le second après le savant ou le technicien, il
est compilateur de connaissances théoriques, touche-à-tout, mais
concrètement incompétent donc au second plan ( en effet si l’on
est malade on appellera un médecin et non un philosophe).
La philosophie contemporaine tente alors de s’ouvrir une dernière
issue qui consiste à dénigrer la connaissance scientifique, jugée
analytique et abstraite. Bergson et Merleau-Ponty la qualifient
respectivement de « superficielle » et « de survol », et
préconisent plutôt un « retour aux choses mêmes » : ce sont les
courants de pensée appelés le bergsonisme et la phénoménologie.
La phénoménologie est la connaissance de la réalité telle qu’elle se
présente dans les apparences d’une expérience immédiate qui
récuse les analyses et interprétations de la connaissance
scientifique.
Le bergsonisme est la philosophie de l’intuition, c’est-à-dire
négation pure et simple de la science au profit d’une connaissance
immédiate.
Ces deux approches sont des tentatives pour réhabiliter la
philosophie comme connaissance primordiale, car il s’agit d’un
accès à une réalité plus originelle, fondamentale ( à l’opposé du «
superficiel » de la science).
3) La dualité scientisme/intuition :
Finalement, on semble assister à une opposition entre scientistes (selon
lesquels la philosophie est une étape du savoir définitivement dépassé par les
sciences) et philosophes de l’intuition (négation pure et simple de la science au
profit d’une connaissance immédiate).
Si le scientisme domine dans les mentalités, on peut retenir des
philosophies de l’intuition le rappel du fait qu’à la base de toute connaissance se
trouve l’intuition sensible . Il faut donc ancrer la philosophie au monde sensible,
non au monde pur des idées.
D’un autre côté, la contradiction des philosophes de l’intuition consiste à
vouloir retrouver « le contact de l’être à l’état brut », alors que la conscience
cultivée (dont ils font preuve même en disant cela) est le pouvoir de disposer
d’un grand nombre de connaissances résultat d’acquisitions antérieures, se
faisant précisément grâce à la science qu’ils prétendent nier. En outre, la
science moderne est de plus en plus fidèle au concret et c’est elle seule qui
permet par l’abstraction de saisir la réalité dans la différenciation concrète de
ses éléments, là où l’intuition n’est qu’une approche globale, indifférenciée.
Donc, contrairement à l’opinion commune, l’abstraction n’est pas « vide », elle
vise à connaître le concret véritable, de manière très précise, pour passer du
concret perçu au concret pensé.
On peut donc, à la différence des scientistes, affirmer que la science
n’est pas achevée et a toujours besoin d’une réflexion philosophique sur la
nature et la validité de ses principes, et donc affirmer la validité de la
philosophie, mais sans nier la valeur de la science, à la différence des
philosophes de l’intuition.
4) Définition contemporaine de la philosophie et de son rôle.
Une fois admise cette position, deux problèmes se posent encore:
Premièrement celui de l’existence d’une philosophie indépendante de la
réflexion accomplie par les sciences sur leurs propres fondements. En effet, il
semblerait sinon que le travail philosophique se fasse à l’intérieur de chaque
science, par les savants eux-mêmes. La philosophie serait alors, à l’image des
sciences, spécialisée et divisée. La définition contemporaine de la philosophie
et du rôle qui lui est assigné reprend alors la position d'Aristote, qui affirmait
les droits de la culture contre ceux de la science pour sauvegarder la
philosophie. Le philosophe se caractérise alors par une importante culture
générale et une attitude d’esprit cultivé. Il a pour fonction de juger de la
conformité d’un exposé scientifique aux règles de la pensée vraie, rigueur que
la spécialisation des sciences amènerait à négliger. Par exemple, dans la théorie
des ensemble le fait de dire que l’ensemble des nombres entiers et l’ensemble
des entiers pairs peuvent être mis « en correspondance », ce qui donne à
penser qu’ils ont « la même taille »,alors qu’un principe mathématique
fondamental affirme que le tout est plus grand que la partie (l’ensemble des
entiers pairs est en effet une partie de l’ensemble des entiers) peut paraître
absurde, voire inexact. Cela est en fait dû à des distinctions telles que
raisonner en termes finis ou infinis. Finalement la science présenterait parfois
des irrégularités dans le raisonnement aboutissant à la définition d’un nouveau
rôle de la philosophie : ramener la science à l’exactitude en fondant de
nouveaux principes si nécessaire lorsque de nouvelles découvertes sont
apportées par l’empirisme, car cela est indispensable au progrès des sciences
et à leur validité.
La philosophie n’est donc pas un point de vue supérieur car elle est aussi
enracinée dans l’expérience individuelle de la vie du philosophe, mais elle
s’efforce de dépasser et d’intégrer cet aspect empirique à travers les
exigences de la méthode et la recherche des principes.
Deuxièmement, la subjectivité de la philosophie est parfois soulignée.
Ainsi aujourd’hui, l’opposition entre science et philosophie (globalement
marquée par une suprématie des sciences) s’appuie sur le rappel de l’humilité
dont doit faire preuve la philosophie, qui n’est jamais que l’expression d’une
opinion particulière d’un individu. Cependant, elle revendique le fait d’être
certes une entreprise individuelle, mais pas solitaire, et de chercher dans la
culture les moyens de dépasser la particularité du point de vue.
Finalement, la philosophie n’est pas opposée aux sciences (elle-même
revendique le fait d'en être une en refusant d’être considérée comme de la
littérature); elle veut même la science absolue. C’est pourquoi elle est
nécessaire au progrès des sciences. Elle n’a pas été rendue superflue par le
progrès des sciences, mais au contraire l'accompagne et lui est nécessaire.
3ème rubrique : La démarche scientifique.
1) L'induction et la déduction.
La démarche des sciences modernes repose essentiellement sur la
méthode expérimentale, qui mobilise deux procédés : l’induction et la
déduction. Ce sont des démarches complémentaires, mais on peut se demander
laquelle précède, fonde l’autre.
Pour les empiristes, le critère de la vérité étant le fait, la démarche
fondamentale est l’induction. Mais cela suggère qu'il serait impossible de
fonder véritablement la généralisation scientifique et de rendre compte de la
vérité des sciences.
Claude Bernard lui dit qu’il serait impossible de s’élever du fait
particulier à l’idée générale si l’idée n’était pas contenue dans le fait. Pour lui,
l’induction précède la déduction dans l’ordre de la recherche ; mais le véritable
ordre est que l’induction implique une déduction. Les informations des sens ne
seraient que des « exemples » des idées, un fait ne vaudrait que par l’idée qui
s’y rattache. Par exemple, à la base des mathématiques se trouvent des
axiomatiques faites de relations logiques intuitives que l’on ne peut pas
ramener à des mots plus simples : ainsi le fondement du raisonnement par
récurrence ; si une proposition est vraie pour zéro et si lorsqu’elle est vraie
pour un nombre quelconque elle est aussi vraie pour son successeur, alors cette
proposition est vraie pour tous les nombres. On ne considère ici que les
nombres entiers naturels. Mais on remarque ensuite que le raisonnement est
encore valable « à d’autres échelles », d’autres domaines, ce qui permet de
passer de l’intuitif au purement logique, et constitue le progrès de la science.
L’intuition n’a donc ici fourni qu’un exemple, une illustration d’un raisonnement
plus global. Remarquons tout de même que cette analyse vaut surtout pour les
mathématiques ( qui semblent présenter une simplicité idéale) car les autres
sciences sont bien souvent confrontées à la complexité du réel.
2) Critère de la vérité et nature des principes.
Ce double mouvement (induction / déduction) a pour conséquence une
grande ambiguïté en ce qui concerne le fondement de la vérité:
Dans le contrôle expérimental ce sont les faits.
Mais dans la méthode expérimentale, le raisonnement joue également
un rôle important , les faits n’ont de sens que lorsqu’ils peuvent être rattachés
à des principes : donc le seul critère réel est le raisonnement.
Cela implique également deux interprétations de la nature, origine et du
statut des principes :
Soit ils sont considérés comme des vérités absolument, purement
logiques, faisant appel à la pensée, la raison.
Soit ils sont dégagés de leur implication dans l’expérience donc induits,
et leur validité est alors relative au nombre d’expériences, observations ayant
été faites.
La deuxième interprétation est une découverte de la science moderne.
En effet, dans la science antique, les principes sont considérés comme des
vérités éternelles de la raison, et on n’a donc plus besoin de la philosophie. Mais
au 19ème siècle a lieu une première remise en cause dans le domaine des
mathématiques, puis au 20ème siècle cette crise des fondements s’étend à la
physique puis aux autres sciences.
C’est en fait l’extension de l’expérience scientifique (avec la méthode
expérimentale) qui a provoqué cette crise des principes dans la science.
Donc finalement l’idéal platonicien est à la fois toujours vivace et toujours pas réalisé
: la réflexion sur la nature et la validité des principes est très présente dans la
science contemporaine. On en revient donc plutôt à la position d’Aristote qui
définissait la philosophie comme la « science des principes » au sens de la recherche
de ces principes, plutôt qu'à celle de Platon pour qui la philosophie est ou doit être la
science absolue des principes du savoir.
les procès de la science
Résumé de l’article intitulé Pour une analyse critique de la science et de
ses fonctions t par Sonia et Maurice Dayan, maîtres-Assistants, UER de
Psychologie de l’Université de Paris V, UER de Sciences Sociales de
l’Université Paris X.
(Auto)critique de la science – textes réunis par J.M. Lévy-Leblond et
A. Jaubert – Editions du Seuil – Coll. Points sciences. Pages 30 à 40
.
Conception courante de la science
Pour le grand public, le terme « science » désigne l’ensemble de
connaissances « pures » et « appliquées » produites collectivement par des
méthodes rigoureuses, objectives et universelles. La science s’oppose ainsi aux
connaissances basées sur la spéculation, la subjectivité, la relativité et la
contingence.
Au sens étroit du terme, la science désigne les disciplines qualifiées de
« sciences exactes », plus précisément les mathématiques, la physique, la
biologie… Au sens large, se rajoutent l’ensemble des connaissances appliquées, les
sciences sociales et humaines.
La science, si on la réduit aux sciences exactes, est indépendante des
systèmes économiques et sociaux, de l’idéologie imprégnant une aire
socioculturelle donnée. En revanche les sciences humaines en sont imprégnées et
pour cela font l’objet de critiques qui récusent leur statut de sciences.
·
Critiques de la science
Concernant la science et la technique, des critiques sont généralement
portées sur l’utilisation des découvertes scientifiques. Il se peut qu’elles
atteignent la recherche fondamentale car son cours peut être orienté par la
recherche appliquée.
Certaines critiques portent sur le contenu même du savoir scientifique. Ce
sont généralement des critiques émanant de mouvements tels que le scepticisme
philosophique ou le romantisme, qui sont inspirés par l’irrationalisme.
L’irrationalisme est un refus de la structure sociale et politique. Mais sa critique
des contenus du savoir, de même que la critique des utilisations, reste extérieure
à la science.
·
Un exemple important : l’idée d’objectivité
L’objectivité expérimentale est née avec la révolution galiléenne au XVIème
siècle, lorsque celle-ci a introduit la mesure du temps homogène.
Pour l’épistémologie contemporaine, l’activité scientifique se caractérise
par la construction d’objets tels que les mathématiques, la logique, ou une simple
référence à une réalité, à partir desquels on peut ensuite fabriquer des réseaux
de relations. Ces relations doivent pouvoir être réexploitées pour déduire de
nouveaux résultats ou explorer un nouveau champ scientifique. Des opérations
répétables doivent pouvoir être menées sur ces objets et ces relations, et de
cette répétabilité dérive l’idée du contrôle objectif obligatoire ainsi que la
représentation d’un déterminisme régissant tout phénomène observable. Le
progrès ou l’extension des connaissances scientifiques amène à la rectification du
savoir ( contradiction de certaines théories qui s’avèrent fausses, renforcement
de la validité d’autres théories…)
On peut en déduire certaines conséquences :
Ø Il n’y a pas une science mais des sciences et le savoir qu’elles apportent
n’est jamais un savoir définitif.
Ø L’objectivité est déterminée par la valeur des objets construits et la
puissance des modèles utilisés.
Ø Le scientifique peut faire des erreurs et des choix arbitraires dans
l’orientation de sa recherche malgré sa volonté de rester objectif.
Ø On peut seulement parler de vérité scientifique quand les modèles et les
prédictions faites à partir d’eux ne se contredisent pas.
Ø Pour les sciences expérimentales, la validité d’une hypothèse vient de ce
que les résultats ne la contredisent pas.
En ce qui concerne l’objectivité de la science et du savant, la science est
considérée comme étant objective car elle amène des vérités indépendantes
de l’histoire de ceux qui la font, et le savant est objectif car il est astreint à
découvrir des vérités en faisant abstraction de sa subjectivité.
De l’ensemble de règles relatives à la consistance interne et à
l’application des modèles construits pour un type défini d’expérience, on passe
à une notion de l’objectivité qui se présente comme la rationalisation des
croyances : la croyance à l’unité des connaissances, à leur caractère absolu et
anhistorique, et à l’indépendance de la réalité que l’on désire connaître par
rapport aux moyens de la connaissance ; la croyance dans la puissance de la
science mesurée par le progrès technique ; et enfin la croyance à l’impartialité
du savant. Cette image de la science fournit un modèle de l’objectivité qui fait
croire à la science oeuvrant dans l’intérêt général.
Ce modèle scientifique de l’objectivité, lié à l’idée d’universalité,
s’applique non seulement à l’intérieur des communautés scientifiques mais aussi
dans la société tout entière.
Dans les communautés scientifiques, les chercheurs et les enseignants
dépassent leurs différences de statut et de fonction pour ne faire qu’un dans
l’œuvre scientifique. Ils se considèrent d’abord hommes de science, avant de
regarder leur grade, leur rôle ou leur classe sociale.
Dans la société profane, l’objectivité prend davantage les traits du
mythe que ceux du modèle. D’abord, avec le rôle important joué par le
positivisme dans la notion de l’information : en voulant adopter l’attitude
scientifique qui consiste à s’en tenir simplement aux faits, les journalistes
superposent les faits et un éventail complet d’opinions diverses à leur propos,
pour en donner ensuite une interprétation qu’ils croient objective. Ensuite,
parce que dans la société, ce sont les spécialistes qui détiennent le savoir
objectif et on peut les consulter sur de nombreuses questions, mais il existe
des domaines comme l’enseignement ou les problèmes du tiers-monde où ils
doivent céder leur place aux politiques.
·
La science et l’Etat
L’Etat se sert de la science pour asseoir sa légitimité : il veut présenter son
ordre politique comme étant en relation avec l’ordre naturel dessiné par la science,
et sur un autre plan, les gouvernants s’entourent de « conseillers scientifiques »
pour asseoir le pouvoir politique sur un simulacre de science : l’Etat peut ainsi
apparaître comme l’incarnation de la rationalité pratique, et être considéré apte à
s’élever au-dessus des intérêts de classe et à les arbitrer.
Et en contrepartie, l’Etat entend favoriser le développement de la science
en soutenant la Recherche et en octroyant les moyens qui y sont nécessaires.
Science et religion
Résumé de l’article intitulé La nouvelle église universelle, tiré d’un
numéro de la revue Survivre daté de 1971
(Auto)critique de la science – textes réunis par J.M. Lévy-Leblond et A.
Jaubert – Editions du Seuil – Coll. Points sciences. Pages 40 à 50.
Thèse défendue par les auteurs : Elle récuse les thèses de tous ceux favorables au
scientisme. Pour ses auteurs, le scientisme repose sur des principes fondés à partir
de quelques mythes principaux, or ces mythes sont des erreurs donc le scientisme
doit être combattu.
A travers ses nombreux succès, la science a accru son pouvoir sur la vie
quotidienne sociale et a même crée sa propre idéologie, qui possède plusieurs
caractéristiques d’une nouvelle religion et que l’on appelle scientisme.
Si la science a tant étendu son pouvoir sur le grand public, c’est du fait que
celui-ci connaît mal et ne comprend pas ce qu’est véritablement la science. Cette
méconnaissance venant de l’enseignement dogmatique qui lui a été dispensé, et ayant
comme conséquence que la plupart des gens ont environ le même rapport avec la
science qu’avec une magie noire : pour eux elle a un statut d’autorité indiscutable.
Le scientisme affirme que les mythes sur lesquels il est fondé sont véridiques,
sauf qu’il n’emploie pas le terme « mythes » car il prétend être basé sur la Raison
elle-même. Les prêtres et les grands prêtres de cette « religion » sont les
scientifiques, et particulièrement les plus savants d’entre eux. Mais le scientisme ne
propose pas de dogme explicite auquel se référer, ce dogme est implicite.
sont :
Les principaux mythes sur lesquels sont fondés les principes du scientisme
Mythe 1 : La seule connaissance réelle et véritable est la connaissance
scientifique, et cette connaissance est universelle.
Commentaire apporté à ce mythe : Seules personnes ayant reçu une éducation
scientifique à un niveau universitaire peuvent alors prétendre à une « connaissance
véritable ».
Mythe 2 : La vérité est identique à la connaissance (scientifique). Seul ce qui
peut être exprimé de façon cohérente en termes quantitatifs ou reproduit dans des
conditions de laboratoire est valable.
Commentaire : On accepte alors la guerre, puisque les aspects tels que
l’économie ou la stratégie peuvent être insérés dans diverses théories scientifiques.
Par contre, on n’accorde pas de valeur à ce que la guerre peut signifier pour les
individus car on tombe alors dans le champ du subjectif.
Mythe 3 : Le scientisme a une conception « mécaniste » de la nature : la réalité
dans son intégralité ( la Nature + les expériences humaines) est exprimable en
langage mathématique et en termes de systèmes de particules élémentaires (atomes,
molécules).
Mythe 4 : La connaissance doit être subdivisée en de nombreuses spécialités
et pour une question faisant intervenir un ou plusieurs domaines scientifiques, seule
l’opinion des experts a de la valeur.
Commentaire : Ce mythe pose le fondement du pouvoir de l’expert. Mais il
revient à mutiler la réalité car n’importe quelle question touchant à la réalité concrète
implique une analyse de nombreux aspects appartenant à de nombreux champs de la
science. On ne peut pas réduire une telle question à un petit nombre d’aspects
séparés.
Mythe 5 : Seules la science et la technologie issue de la science peuvent
résoudre les problèmes de l’homme.
Commentaire : Ce mythe établit la technocratie comme pouvoir collectif.
Mythe 6 : Seuls les experts « savent » et sont qualifiés pour prendre part aux
décisions.
Commentaire : Dans le champ des décisions sociales et politiques, la réalité est
trop complexe pour qu’un expert seul soit compétent. La solution apportée par le
scientisme est alors d’introduire un « expert des décisions » chargé de récolté l’avis
de différents experts avant d’assumer lui-même la prise de décision.
L’attrait puissant pour ces mythes s’explique par le fait qu’ils introduisent des
simplifications énormes dans la complexité fluctuante des phénomènes naturels et de
l’expérience humaine, puis par le fait qu’ils se prétendent basés sur la seule Raison
dont la suprématie sur les sens et les émotions est depuis longtemps reconnue, et
enfin parce que grâce à ses succès et à son rôle impérialiste grandissant, la méthode
expérimentale et déductive s’est identifiée à la Raison elle-même.
Or il faut combattre le scientisme car ces mythes paralysent les experts et
les profanes en creusant le fossé entre la pensée, l’émotion et l’action humaine, en
réduisant les experts à de simples cerveaux spécialisés. D’autre part, le scientisme
fournit la justification principale à la course insensée au « progrès » (scientifique et
technique), or on se rend compte, à partir des années 1970, que cette course à
conduit à une crise écologique que le scientisme est incapable de surmonter. Le
scientisme est donc l’idéologie la plus dangereuse et la plus puissante.
Une des voies les plus efficaces pour combattre le scientisme serait un combat
de l’intérieur par les scientifiques devenus conscients des erreurs et des dangers du
scientisme. Dans les années 1970, des groupes scientifiques répartis dans divers pays
se sont engagés dans des critiques plus ou moins radicale du scientisme. La motivation
de ces critiques venant d’une répulsion intellectuelle ou morale face aux limites et aux
implications du scientisme.
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon.
Comment se constituent les théories scientifiques ? p.13
Qu’est ce que l’épistémologie ?
Tout d’abord, l’épistémologie est une discipline qui étudie la genèse et la structure
des connaissances scientifiques, mais elle ne veut en aucun cas imposer de dogmes ou
de méthodes aux scientifiques.
L’épistémologie fait donc l’étude de la production de connaissances scientifiques
(logique, linguistique…), mais aussi des rapports entre science et société, science et
institutions, science et religion, ou entre diverses sciences. Au contraire des
scientifiques qui « font » la science, les épistémologues « définissent » ce qu’est la
science (on peu par conséquent qualifier les épistémologues de mi – scientifiques, mi –
philosophes), sans pour autant revêtir un caractère supérieur aux sciences (une sorte
de science des sciences) : l’épistémologie reste une discipline modeste.
Rapports entre théorie et expérience
Pour spécifier ces rapports, commençons par étudier la vision de Newton sur ce
sujet : pour lui, la théorie se déduit des phénomènes. Il adopte donc une méthode
empirique et analytique, exclut l’imagination, et procède à une recherche de bas en
haut (on remonte de l’observation aux théories). Mais l’empirisme sous estime l’aspect
dynamique et constructif de la recherche, car en réalité, une théorie scientifique
doit être réfutable, et le test expérimental doit toujours être possible, or on ne
teste rien quand ce n’est jamais contredit : le propre d’une théorie scientifique n’est
donc pas d’être vraie, mais de pouvoir être fausse (de pouvoir être falsifiée).
Car la théorie n’est pas un simple reflet des «faits » : il n’y aurait en fait pas
d’ « explications », tout au plus des hypothèses spécialisées reflétant les « faits »
étudiés. Et les « lois » ne seraient pas des constats mais plutôt des définitions
fournissant un cadre de référence pour organiser et orienter les recherches ; ce
sont des conventions relatives.
Ceci rend donc les vérifications expérimentales ni directes ni absolues, car aucune
théorie ne donne à elle seule les résultats portant sur les faits de l’expérience, et car
aucune expérience scientifique ne se fait sans l’aide de plusieurs théories. C’est pour
cela que des tests de cohérences sont alors nécessaires.
Le rôle du contexte idéologique et social
Une des principales difficultés rencontrées par les scientifiques est de s’accorder
entre eux, car la science est avant tout une œuvre collective. C’est pourquoi certaines
théories rencontrent des résistances, dues au fait que les scientifiques ne travaillent
pas tous pareil (certains s’appuient avant tout sur les mathématiques, d’autres non…),
mais aussi au fait que la science est tributaire de la religion, de l’économie et de la
politique, et que ces disciplines sont loin de faire l’unanimité. Une forte influence du
christianisme sur les sciences, par exemple, a été constatée : en tant que théologiens,
certains ont résisté à de nombreuses découvertes faites à leur époque, et Newton
s’appuyait dans ses travaux sur ses convictions chrétiennes. La politique et l’économie
peuvent, elles, stimuler et faire régresser certains secteurs, mais peuvent aussi
causer des distorsions dans la texture de la recherche (exemple de l’autorité
scientifique sur les idées scientifiques dans les pays de l’es URSS), et la science peut
même être utilisée à des fins politiques, au nom d’une idéologie.
Mais si la science est si incertaine et influencée, il ne faut pas pour autant adoptée à
son égard une attitude hypercritique comme le font certains épistémologues qui, de
l’idée que les théories ne sont pas déduites des faits ni directement vérifiées par
eux, passent à celle que les sciences sont des constructions arbitraires qui ne nous
apprennent rien. De l’idée qu’il n’y a pas de méthode absolue et éternelle, ils passent à
celle que ces méthodes sont sans valeurs. Ce qui est faux, même s’il faut admettre que
les théories sont un consensus d’ordre social qui ont par conséquent un caractère
fragile et contingent. Les critiques sont bien entendu nécessaires, afin de lutter
contre un scientisme naïf, mais ce genre d’hypercritique excessive ne fait
qu’engendrer des idéologies douteuses.
Il s’agit alors d’admettre que les sciences existent, et il faut s’efforcer d’étudier
soigneusement, en tenant compte de leurs différents contextes, les modalités des
pratiques scientifiques sans sous estimer leur diversité et leur relativité, mais sans
nier l’idéal de connaissance dont elles se réclament.
modalités de la démarche scientifique
Résumé de l’article : De la science académique à la science critique
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon - pages 255 à 263.
Thèse défendue : L’évolution du contexte de la recherche scientifique fait se tourner
vers une nouvelle conception de la science telle que la conçoit la science critique. Et si
certains peuvent objecter que la science critique est utopique, c’est toujours un pas
vers autre chose que la science académique vers laquelle on ne peut plus revenir.
La science académique du XIXème siècle a subi de nombreux changements au
cours du XXème siècle et s’est transformée en une science bien différente.
Alors que la science académique se caractérisait par sa relative indépendance
par rapport aux puissances économiques et politiques, et par la recherche « pure »,
elle est devenue – et surtout à partir de la Seconde Guerre Mondiale – une science
industrialisée, assimilable à une force productive. En effet la recherche s’est
étendue à une échelle plus importante et de recherche pure on est passé à une
recherche de plus en plus orientée par des buts utilitaires, et du « monde savant »
autonome, on est passé à un monde institutionnalisé, organisé et financé par des
agents extérieurs.
Cette industrialisation de la science a non seulement modifié le contexte du
travail scientifique, mais il a également fait naître un climat de rivalité entre les
scientifiques, affectant alors la qualité de leur travail. En effet, les chercheurs en
compétition se révèlent faire des entorses à l’éthique de la science en pressant leurs
recherches et en publiant des résultats incertains, de peur que d’autres ne les
devancent, ce qui conduit ainsi à la publication d’articles au contenu douteux. Et le
nouveau contexte qui intègre le travail scientifique à de nombreux domaines non
scientifiques permet à des scientifiques de multiplier les activités en étant tour à
tour chercheurs, professeurs, administrateurs, conseillers politiques…
On est donc loin du modèle académique et le nouveau contexte encadrant le
travail scientifique rend difficilement acceptable l’idée que la science puisse créer du
progrès social. D’ailleurs, certains professeurs d’université demandent que soit
élaboré un code de l’éthique de la science » et qu’on fasse réfléchir les futurs
chercheurs sur le rôle de l’homme scientifique dans la société et sa responsabilité
face à elle.
C’est face à ce changement dans les modalités de la recherche scientifique qu’a
émergé le mouvement de la « science critique ». Celui-ci veut se préoccuper de
l’utilisation de la science en tolérant qu’elle prenne des initiatives dans les affaires
publiques mais en voulant évaluer les conséquences de la recherche pour l’avenir de
l’humanité ( sans pour savoir si c’est réellement possible). Cela impliquerait alors que
le niveau de responsabilité individuelle et collective soit plus élevé. Cette idée
semblait utopique à certains au départ, car elle suppose un changement radical de la
mentalité et du statut social du chercheur.
Débat épistémologique sur les rapports sciences de la
nature/sciences humaines
Résumé de l’article : Quand un philosophe enterre les sciences humaines
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon pages 194 à 204
Il s'agit ici d'étudier les rapports de la science et de la philosophie.
M.Jérôme Grynpas s'est penché de façon approfondie sur la question et dénonce avec
vigueur la dictature de la science et son impérialisme. Il s'attaque non seulement au
scientisme mais à la science elle-même et aux sciences humaines en particulier, auquel
il refuse tout fondement scientifique. Les sciences humaines sont selon lui un moyen
de ne pas prendre position sur les grands problèmes de l'heure et de justifier nos
façons d'agir par un "savoir" basé sur des statistiques, sondages d'opinion...
Pour mieux assurer les ambitions de la philosophie, Grynpnas entend
dissoudre la science en diverses branches distinctes. Ainsi la philosophie n'aurait plus
qu'à faire à des sciences : les mathématiques qui relèvent d'une méthode déductive
d'une part et les sciences naturelles qui relèvent d'une méthode à la fois déductive et
inductive d'autre part. Mais le tout est de savoir si l'on peut substituer la science à la
philosophie ? Peut-on prendre au sérieux ce qui n'est pas du domaine de la science ?
La seconde opposition concerne les sciences naturelles et les sciences
humaines. Grynpas soutient ainsi que les sciences humaines usurpent leur titre de
science car le fait humain n'est pas scientifique, l'homme étant essentiellement
liberté et transcendant les déterminismes d'où l'élaboration des faits qu'elles
étudient ne peut se faire dans le respect des conditions requises, les consciences
sont "irréductibles à la connaissance empirico-déductive". D'autre part, pour
Grynpas, les sciences humaines pour être considérées comme des sciences, doivent
étudier "le fait humain total", contrat qu’elles ne peuvent entièrement remplir.
L'alternative est donc simple : soit la démarche est scientifique mais elle ne peut
étudier "l'homme total", soit l'objet étudié est bien "l'homme total" mais la
démarche ne saurait à priori être scientifique.
Mais Grynpas va plus loin en affirmant que les affaires humaines ne relèvent
que du philosophe. Ainsi les scientifiques se contentent d'étudier un aspect
particulier de l'homme, l'économie, la démographie..., et laissent le soin au philosophe
de construire un discours cohérent sur "l'homme total".
Finalement Grynpas en arrive à la conclusion qu'il n'y a pas de sciences
humaines mais seulement une herméneutique, c'est à dire une interprétation. Les
faits étudiés ne sont en effet pas évidents et supposent une interprétation. Aucune
"innocence scientifique" ne nous permet de discerner des faits nus et objectifs : le
spécialiste des sciences humaines fait des choix volontaires en fonction de sa culture
et de certains de ses préjugés idéologiques, il est donc nécessairement partial.
Cependant Grynpas semble refuser de façon un peu trop théorique la
scientificité des sciences humaines sans étudier suffisamment les éventuelles
relations qu'elles pourraient entretenir avec les "déterminismes". De plus il
s'empresse de dénoncer les abus des scientifiques, à raison certes, mais le
dogmatisme et la simplification excessive dont il fait preuve irriteront à juste titre
les scientifiques les plus compréhensifs.
les procès de la science
Résumé de l’article : La recherche : pour quoi ? Pour qui ?
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. page 288
De nombreux exemples de l’actualité comme l’usage de la bombe atomique ou
les incessantes pollutions de la nature nous montrent bien qu’il est faux de croire que
le développement des sciences entraîne nécessairement des conséquences
bénéfiques. Mais alors, ce sont souvent les scientifiques qui sont accusés d’être
responsables d’un nouveau type de civilisation qui détruirait la nature et menacerait
l’avenir de l’Espèce : car même à leur insu, ils en sont les complices. De plus,
l’enrôlement de la science au service du capital aujourd’hui peu rendre celle-ci
dangereuse. Mais ces difficultés sont sans doute inévitables, c’est pourquoi il est
essentiel que les chercheurs s’efforcent de discerner la signification effective de
leurs activités, et qu’ils puissent prendre leurs responsabilités sur des problèmes
posés en pleine lumière. Ils ont donc deux choix : prendre au sérieux leur situation et
la regarder en face, ou subir passivement la pression des circonstances, à l’abri
d’alibis de plus en plus fragiles.
Science et découvertes
Résumé de l’article : Une supercherie exemplaire : l'homme de Piltdown
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. pages 169 à 183
Le 21 novembre 1912, un crâne appartenant à un type très primitif d'humain,
daté du quaternaire, baptisé Eoanthrope, fut découvert par le paléontologue anglais
Charles Dawson. Cette découverte représentait un énorme progrès dans la recherche
du chaînon manquant de la théorie de l'Evolution, ce qui comblait l'attente des
évolutionnistes. Cet être présentait un cerveau proche de celui de l'homme moderne,
synonyme d'une intelligence manifeste, mais n'avait pourtant pas encore perdu la
mâchoire ancestrale et les dents propres à l'attaque, il constituait donc une
combinaison attendue depuis longtemps en tant que preuve de cette étape nécessaire
du développement de l'homme soutenue par Darwin.
Mais cette découverte fut très rapidement mise en doute et fit l'objet de
critiques, ainsi le crâne et la mâchoire sembleraient, par exemple, selon des
spécialistes en anthropologie, ne pas avoir appartenu au même être. L'homme de
Piltdown fit très vite l'objet d'une polémique au sein du monde scientifique, opposant
"croyants" et détracteurs.
C'est en 1953 que la fausseté des ossements fut officiellement reconnue
suite à de nombreuses analyses. Le crâne était finalement celui d'un humain, et la
mâchoire celle d'un orang-outang probablement, tous deux datés du Moyen-âge.
Mais pourquoi une telle mascarade ? Plusieurs raisons sont envisagées :
jalousie, revanche, ou encore la volonté d'apporter une preuve concrète attestant de
la véracité de la théorie évolutionniste de Darwin.
Mais l'homme de Piltdown est avant tout un intéressant sujet de réflexion
pour l'historien et le sociologue des sciences, et une aventure épistémologique. Le cas
de l'homme de Piltdown en dit long sur les rapports entre "faits" et "théorie". En
effet, l'Eoanthrope est arrivé quand les paléontologistes espéraient trouver un
homme-singe et il est parti quand les paléontologues étaient précisément gênés par
cet homme-singe. Cet épisode est donc la vérification expérimentale de l'idée que les
faits sont inséparables de la théorie, mais il reste à savoir si c'est le fait qui soutient
la théorie ou si c'est la théorie qui impose au fait sa signification. De plus, l'exemple
de l'homme de Piltdown illustre parfaitement la démarche tâtonnante d'une théorie,
l'évolutionnisme dans ce cas précis, qui doit sans cesse s'adapter et se réorienter en
fonction des différentes découvertes. Ainsi en 1912, l'Eoanthrope s'insérait bien
dans la théorie de l'Evolution de l'époque mais en 1953 l'homme de Piltdown
n'apparaît plus que comme une anomalie, tellement les connaissances ont entre temps
évolué. L'expérience de l'homme de Piltdown permet également de tirer des leçons
quant à la nécessité d'avoir systématiquement recours à son esprit critique et de
prendre du recul face aux découvertes scientifiques.
Science et mythe
Résumé de l’article : L'évolutionnisme : entre le mythe et la science
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon pages 149 à 168
Théorie de Lamarck (français, 1744-1829) :
La nature agit comme une cause qui complique progressivement l'organisation des
corps vivants. Lamarck perçoit la nature comme un "escalier roulant" avec à un bout
les infusoires, "animaux les plus simples et les plus imparfaits qui puissent se trouver
dans la nature", et qui au fil du processus se perfectionnent pour devenir des
mammifères, et donc les hommes, qui constituent "les animaux les plus parfaits à
tous égards". Cela forme ainsi un cycle continuel, de l'organique à l'inorganique, la
boucle est bouclée : générations spontanées, animaux de plus en plus perfectionnés,
formation de corps bruts à partir des cadavres décomposés puis retour aux premiers
principes et de nouveau générations spontanées.
Cependant ceci constitue le fonctionnement idéal de la nature selon Lamarck, soumis
à des anomalies et des déviations. Les circonstances suscitent en effet chez les
animaux des besoins nouveaux et des adaptations, les habitudes amènent le
développement, l'affaiblissement ou la disparition d'un organe et cette modification
est transmise héréditairement.
On établit couramment un parallèle entre cette théorie et la "sélection naturelle" de
Darwin alors que ce sont des conceptions totalement différentes.
- La sélection naturelle consiste, selon Darwin, en un tri des variations favorables, la
diversification des animaux ne correspond donc pas à un ensemble d'anomalies par
rapport à une distribution idéale mais constitue le mécanisme même de la sélection.
- Peut-on véritablement parler d'évolutionnisme à l'égard de la théorie lamarckienne
? Car malgré certaines apparences, la nature de Lamarck est très conservatrice
"l'ordre général doit subsister", en effet il conçoit le temps de façon cyclique ce qui
implique une certaine stabilité.
Théorie de Darwin (anglais, 1809-1882)
Darwin était un formidable investigateur, accumulant les observations et les
expérimentations. Il recherche l'intelligibilité et conçoit l'explication comme
relative, régressive et particulière. Il accordait un véritable statut épistémologique à
sa théorie : "Je crois à la sélection naturelle non pas parce que je peux prouver, en
aucun cas particulier, qu'elle a changé une espèce en une autre, mais parce qu'elle
groupe et explique bien quantité de faits dans la classification, l'embryologie [...]" Les
thèses scientifiques de Darwin seraient dirigées contre la théologie créationniste,
contre l'idée d'un Dieu créateur des espèces. Ainsi Darwin s'accorde avec Lamarck
dans ce sens que le monde est "le résultat d'une loi et non d'une intervention
miraculeuse".
D'un point de vue idéologique, l'évolutionnisme constitue un exemple intéressant de
formation d'un mythe philosophico-scientifique. L'évolutionnisme, aujourd'hui
encore, n'est pas une affaire classée, mais un problème vivant ou la science n'est pas
seule en cause. L'histoire des concepts scientifiques, des controverses
philosophiques ou politiques est trop peu connue, car elle ne serait à priori d'aucune
utilité tout au moins selon une certaine conception de la science et de sa valeur. On
présuppose par là que la science est autonome, qu'elle progresse de façon linéaire et
cumulative et qu'elle ne met en jeu aucune option philosophique ou politique, ayant
pour seul et unique but la recherche de la Vérité. Mais l'absence d'histoire ne
correspond qu'à une conception idéaliste et à une vision purement scientiste du
savoir. Dans la pratique, cela contribue à minimiser l'esprit critique et à renforcer le
culte abusif du spécialiste.
Résumé
de
l’article
Aux
sources
de
l'astronomie.
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon
Kepler manifeste l'ambition de découvrir le secret de l'ordre céleste. Il est
convaincu, tout comme Einstein, que le nombre régit le monde et que sa tâche est de
retrouver les proportions harmoniques choisies par Dieu. Il spécule à priori sur
l'ordre du monde et place le soleil au centre de l'univers. Alors que Copernic avait
établi un point mathématique fictif marquant l'orbite de la terre, Kepler donne une
réalité physique à ce point : le soleil ! Sous certains aspects, Kepler reste sous
l'influence
des
dogmes
de
son
époque
(corps
célestes
doués
d'"âmes",christianisme...). Son paradoxe réside dans une union parfois incroyable
entre l'imagination (théorique et mystique) et le souci de la stricte précision.
S'appuyant sur les observations de Tycho Brahé (astronome danois), Kepler couvrit
de calcul des centaines de pages de brouillon. Plusieurs fois, il crut toucher au but.
Mais un écart de quelques minutes entre la théorie et l'observation remettait le
succès en question. Kepler, par son culte de la précision, était déjà un moderne.
Malgré les limites techniques de son époque et ses erreurs, il parvient à mettre au
point une théorie physique intelligible et qui colle aux faits, ce qui constitue un
prodige.
Science et société.
Résumé de l’article intitulé Sociologie et politique
Jeux et enjeux de la science - Essais d'épistémologie critique - Pierre
Thuillier - Coll. Science nouvelle - Ed. Robert Laffon. pages 277 à 287
Thèse défendue : la sociologie est souvent mêlée à la politique, ainsi il est difficile de
discerner une sociologie véritablement objective.
Les auteurs de cet article ne récusent pas de thèse, en revanche ils exposent des
points de vue opposés concernant cette intervention de la sociologie dans les
décisions politique : certains blâment les sociologues en leur reprochant de vouloir
jouer un rôle qui n’est pas le leur, d’autres les excusent en reconnaissant que leurs
conseils en politique peuvent être nécessaires.
Dans les pays développés, les sciences sociales telles que la sociologie occupent
une place importante dans la prise de décisions politiques. Bien souvent, les
sociologues ne sont pas simplement des spécialistes qui se contentent d’exposer leurs
théories, ils sont également des conseillers politiques. En effet, il n’y a qu’un pas entre
la simple analyse de la société et des faits sociaux à l’interprétation de ceux-ci et à la
formulation de propositions de solutions aux situations analysées. Le problème est le
même pour la science de l’économie : de plus en plus d’économistes se retrouvent
intervenir dans la gestion d’affaires privées et publiques.
Les théories développées par ces spécialistes à partir de leurs travaux sont en
lien avec l’actualité des problèmes politiques. Ainsi on comprend qu’ils puissent
exercer une certaine influence, mais le problème est que l’on ne peut pas garantir
l’objectivité de leurs idées.
De même pour les scientifiques en sciences exactes, la Science est aujourd’hui
institutionnalisée et les chercheurs font partie de la communauté scientifique. Ainsi
ils sont pris dans un réseau qui les dépasse et possèdent en outre un statut social et
politique qui les amène à intervenir dans des affaires publiques en donnant des
conseils.
On peut donc craindre qu’il n’y ait finalement plus tellement d’objectivité dans
l’utilisation des sciences, qu’il s’agisse des sciences exactes ou des sciences sociales,
même si le phénomène est plus important pour ces dernières. Pour cela, certains
parlent de technocratie car ils ont l’impression que des « spécialistes » se réclamant
de compétences scientifiques jouent un rôle pratiquement politique en intervenant
dans certaines décisions importantes.
Une enquête réalisée aux Etats-Unis par une équipe de Harvard, sur un
programme lancé par IBM en 1964, illustre un certain type de prospective. Son étude
portait sur les effets des changements technologiques sur l’économie, la vie politique
et la société en général. Les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que le système
libéral faisait des ravages en stimulant la compétition entre les entreprises de biens
et de services, et aussi entre les établissements d’éducation et de santé qui ne
s’attachaient qu’au profit, sans que soient envisagés les impacts sur la société. Ce
constat mène à l’idée qu’un système de planification serait préférable au
« laisser-faire ». Mais tel projet n’est pas sans rencontrer des obstacles, notamment
des conflits de valeurs pour la défense de l’intérêt général. Ce sont les choix
politiques qui doivent déterminer les décisions qui seront prises. Les sciences sociales
permettent d’envisager les conséquences qu’auraient ces différents choix sur la
société, mais leur rôle s’arrête là.
Certains contestent ce refus de l’intervention des sociologues en politique car
ils se réfèrent au principe des sciences psychologiques et sociales, qui permet de
comprendre que sociologie et politique entretiennent des rapports importants. Ce
principe postule qu’une civilisation ne peut se maintenir que si un système de valeur
commun et des contraintes communes sont acceptés. Ainsi un sociologue reste un
sociologue lorsqu’il donne des conseils pour le maintien de l’ordre.
IV Sujets de dissertaion
1) Modalités de la démarche scientifique.
Doit-on fonder la recherche de la vÈritÈ scientifique sur les leÁons de l’expÈrience†?
Peut-on dire que la connaissance scientifique est la connaissance commune devenue
plus rigoureuse†?
Qu’est-ce qui rend l’objectivitÈ difficile dans les sciences humaine†?
Le point de vue de la conscience immÈdiate
compatibles†?
et celui de la science sont-ils
A quoi reconnaÓt-on une science†?
La science dÈcouvre-t-elle ou construit-elle son sujet†?
En quel sens la science instruit-elle la raison†?
N’est-il pas contradictoire de dire d’une connaissance scientifique qu’elle est ‡ la fois
vraie et provisoire†?
L'objectivitÈ de la science suppose-t-elle un dÈterminisme universel ?
Les sciences peuvent-elles accorder une place aux idÈes de destin et de hasard†?
Est-il possible d'Èriger en objet de science l'activitÈ du sujet qui fait la science ?
L’erreur peut-elle jouer un rÙle dans la connaissance scientifique†?
¿ quoi reconnaÓt-on une fausse science ?
Qu'est-ce qui fait obstacle au progrËs des sciences ?
La logique est-elle une science ?
Les thÈories scientifiques sont-elles de libres crÈations de l’esprit†?
La science peut-elle se passer de l'idÈe de finalitÈ ?
´ La science est fille de l'Ètonnement. ª (Aristote.)
S'il n'y a de science que du nÈcessaire, la thÈorie peut-elle se fonder sur
l'expÈrience ?
Science et probabilitÈ.
Si l'erreur est humaine, comment la science est-elle possible ?
La science, en acceptant d'Ítre relative et de ne point poursuivre l'absolu, se
condamne-t-elle ‡ l'impuissance ?
Les principes de la science sont-ils de simples conventions ?
N'y a-t-il de science que de ce qui est mathÈmatisable ?
2) FinalitÈs de la dÈmarche scientifique.
La recherche scientifique peut-elle Ítre dÈsintÈressÈe†?
L’homme se rÈduit-il ‡ ce que nous en font connaÓtre les sciences humaines†?
Science et technique vous paraissent-elles capables, ‡ elles seules, de rendre
l’homme heureux†?
La science peut-elle tenir lieu de sagesse†?
L’objectivitÈ de la science est-elle moralement neutre†?
Y a-t-il une contradiction entre l’Èvolution des sciences et leur prÈtention ‡ la
vÈritȆ?
A quoi servent les sciences ?
Les sciences doivent-elles Ítre efficaces ?
La science dÈsenchante-t-elle le monde ?
Peut-on affirmer avec un philosophe†:†´†il n’y a de science proprement dite qu’autant
qu’il s’y trouve de mathÈmatique ª†?
Faut-il attendre de la science qu’elle nous rassure†?
A quoi servent les sciences†?
ConnaÓtre, est-ce le privilËge de la science†?
La science est-elle raisonnable ?
La science consiste-t-elle ‡ expliquer du visible compliquÈ par de l'invisible simple ?
Toute science est-elle nÈcessairement dÈterministe ?
Le progrËs des sciences a-t-il fortifiÈ ou affaibli la preuve des causes finales?
Le but de la science est-il la rÈussite technique ?
3) DÈbat ÈpistÈmologique et mÈtaphysique†: science/rÈel.
La science nous livre-t-elle le rÈel tel qu'il est ?
La science peut-elle se comprendre elle-mÍme†?
La science a-t-elle le monopole de la vÈritȆ?
N’y a-t-il de connaissance que scientifique†?
4) DÈbat ÈpistÈmologique sur les rapports sciences de la nature/sciences de
l’homme.
Les sciences humaines pensent-elles l’homme†?
Peut-on dire de l’histoire que c’est une science impossible mais un savoir
indispensable†?
Les sciences humaines sont-elles compatibles avec l’affirmation de la libertȆ?
Les sciences humaines peuvent-elles adopter les mÈthodes des sciences de la nature
?
La recherche du vrai dans les sciences doit-elle se passer du concours de
l'imagination ?
Pourquoi y a-t-il des sciences et non pas une science ?
La science peut-elle Ítre immorale ?
Les sciences de la nature comme modËle ?
Les sciences morales peuvent-elles et doivent-elles Ítre calquÈes sur les sciences de
la nature?
Qu'est-ce qu'une science pure ?
Qu'est-ce que les sciences exactes ?
Faut-il parler de la science au singulier ou au pluriel ?
Y a-t-il des limites ‡ une connaissance de l'homme par les sciences ?
5) Science / mythe.
Peut-on considÈrer que la science et la philosophie nous dÈlivrent des mythes†?
Y a-t-il un mythe de la science ?
La science mettra-t-elle fin ‡ la superstition ?
Les sciences de l'homme comme dÈmystification ?
Les progrËs de la science doivent-ils faire disparaÓtre les mythes ?
6) Science / religion.
Les progrËs des sciences expÈrimentales vont-ils ‡ l’encontre de la foi religieuse†?
Science et croyance.
Croire en la science, est-ce une forme de religion†?
Science et religion sont-elles nÈcessairement incompatibles ?
Peut-on dire que plus la science avance, plus la foi recule ?
7) Science / philosophie.
La philosophie peut-elle se passer d’une rÈflexion sur les sciences†?
Peut-on considÈrer que la science et la philosophie nous dÈlivrent des mythes†?
La philosophie est-elle une science†?
La science peut-elle se passer de mÈtaphysique ?
Opposer la science et la philosophie, est-ce lÈgitime ?
La science rend-elle la philosophie inutile ?
La philosophie est-elle la somme des insuffisances de la science ?
8) Science / art.
La poÈsie est-elle supÈrieure ‡ la science ?
9) Science / savoir.
L'Èvolution des sciences contredit-elle leur prÈtention ‡ atteindre la vÈritÈ ?
La science n'est-elle qu'une croyance argumentÈe ?
Est-il paradoxal de croire en la science†?
Y a-t-il contradiction entre la prÈtention des sciences ‡ la vÈritÈ et le fait qu'elles
ont une histoire ?
La science n'est-elle qu'une connaissance approchÈe ?
La science nous instruit-elle ?
Peut-on croire en la science?
10)Science et sociÈtÈ.
La science est-elle une culture ?
La science et la technique nous autorisent-elles ‡ considÈrer notre civilisation comme
supÈrieure aux autres†?
La science peut-elle rÈsoudre les problËmes politiques†?
La science s'oppose-t-elle ‡ l'opinion ?
Science, connaissance et Èducation.
11)Le procËs de la science†: Èloge, critique, avenir…
L'autoritÈ de la science.
La science en devenir.
Le positivisme n'est-il qu'une apologie de la science ?
La sagesse est-elle la science du bien et du mal ?
Le progrËs des sciences et des techniques est-il le garant d'un monde meilleur?
Est-il vrai de dire de la science qu'elle est par nature inachevable ?
Pourquoi vouloir la science ?
Peut-on nier la science ?
La science peut-elle Ítre immorale ?
Les sciences font-elles des miracles ?
La science fait-elle de nous des dieux ?
12)Science / homme ( conscience, existence, droits, devoirs…)
Des sciences pour maÓtriser l'homme ?
Les sciences peuvent-elles nous dire ce que nous devons faire ?
Les sciences et la sagesse ?
Peut-il y avoir une science de l’inconscient†?
´ AccroÓtre sa science, c'est accroÓtre ses douleurs. ª (EcclÈsiaste.)
La science peut-elle donner un sens ‡ l'existence?
La science peut-elle nous apprendre nos devoirs ?
Peut-il y avoir une science de la conscience ?
La science peut-elle amÈliorer l'homme ?
La science suffit-elle ‡ cultiver l'esprit ?
13)Science / bonheur.
Le dÈveloppement des sciences conduit-il ‡ penser qu’il n’existe aucune vÈritÈ
dÈfinitivement Ètablie†?
La science doit-elle conduire au bonheur ?
Citations
Modalités de la démarche scientifique
1/ « Nous estimons posséder la science d'une chose d'une manière absolue [...] quand
nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons
que cette cause est celle de la chose, et qu'en outre il n'est pas possible que la chose
soit autre qu'elle n'est. » Aristote, Seconds Analytiques, Ive s. av. J.-C.
2/ « La méthode de la science est une méthode de conjectures audacieuses et de
tentatives ingénieuses et sévères pour réfuter celles-ci. » Karl Popper, La
Connaissance
objective,
1972.
3/ Popper, La falsifiabilité: « un système faisant partie de la science empirique doit
pouvoir
être
réfuté
par
l'expérience
»
4/ " On voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus
certaines que les autres sciences : c'est que seules elles traitent d'un objet assez pur
et simple pour n'admettre absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et
qu'elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par
raisonnement. " > Descartes, Règles pour la direction de l'esprit.
5/ «Accéder à la science, c'est spirituellement rajeunir; c'est accepter une mutation
brusque
qui
doit
contredire
un
passé.»
Bachelard
6/ « Celui qui cherche la vraie science doit la pêcher là où elle se trouve ». Montaigne
7/ "Un long circuit dans la science théorique est nécessaire pour en comprendre les
données. En fait les données sont ici des résultats." Bachelard, Le rationalisme
appliqué
p.103
8/ « La science ne cherche pas à énoncer des vérités éternelles ou de dogmes
immuables; loin de prétendre que chaque étape est définitive et qu'elle a dit son
dernier mot, elle cherche à cerner la vérité par approximations successives » ABC de
la
relativité
Russell,
Bertrand
Finalité de la démarche scientifique
1/ RUSSELL: «La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité
absolue, et à y substituer ce qu'on peut appeler la vérité "technique".»
2/ « Le but de la science est de prévoir et non, comme on l'a dit souvent, de
comprendre
l'Homme
et
sa
destinée »
Lecomte
de
Noüy,
Pierre
Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports sciences/ réel
1/ La métaphysique: « J'entends par cette science les vérités générales qui peuvent
servir de principes aux sciences particulières. » Malebranche, Entretiens sur la
métaphysique,
1688.
2/ « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la
métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont
toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la
mécanique
et
la
morale.-»
(DESCARTES,
Ibidem.)
3/ LE DOGMATISME ET LA RAISON "Le dogmatisme de la métaphysique,
c'est-à-dire le préjugé d'avancer dans cette science sans une critique de la raison
pure." Kant, Critique de la raison pure, 1781-1787.
4/ « On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire »
Auguste
Comte.
5/ "Dans ces conditions toute expérience sur la réalité déjà informée par la science
est en même temps une expérience sur la pensée scientifique." Bachelard, Le
rationalisme
appliqué
p.54
6/ « Non, la science n'est pas une illusion. Mais ce serait une illusion de croire que
nous puissions trouver ailleurs ce qu'elle ne peut pas nous donner. » [ L'avenir d'une
illusion (1927) ] Freud, Sigmund
Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature/ sciences de l’homme
1/ "La connaissance historique n'a pas pour objet une collection, arbitrairement
composée des faits seuls réels, mais des ensembles articulés intelligibles". R. Aron.
Dimensions
de
la
conscience
historique.
Plon.
2/ « La science sociale a presque horreur de l'événement. Non sans raison : le temps
court est la plus capricieuse, la plus trompeuse des durées. » Braudel, Écrits sur
l'histoire, 1969.
3/ « Au sens strict des termes, l'histoire ne répond pas à la définition de la science;
elle ne consiste pas en démonstrations abstraites comme les mathématiques ; elle
n'est pas vérifiable par l'expérimentation comme les sciences de la nature; enfin, elle
n'aboutit pas à des lois qui permettent la prévision. » Léon E. Halkin, Éléments de
critique
historique,
1974.
4/ « La frontière qui sépare l'histoire et la science n'est pas celle du contingent et du
nécessaire, mais celle du tout et du nécessaire. » Paul Veyne, «L'histoire
conceptualisante»,
in
Faire
de
l'histoire,
1974.
5/ « J'entends par histoire une recherche scientifiquement conduite, disons à la
rigueur une science, mais complexe : il n'y a pas une histoire, un métier d'historien,
mais des métiers, des histoires, une somme de curiosités, de points de vue, de
possibilités...
»
Braudel,
Écrits
sur
l'histoire,
1969.
6/ ARISTOTE: «Comme la politique utilise les autres sciences pratiques, qu'elle
légifère sur ce qu'il faut faire et éviter, la fin qu'elle poursuit peut embrasser la fin
des autres sciences, au point d'être le bien suprême de l'homme.»
7/ « Il faut n'appeler Science que l'ensemble des recettes qui réussissent toujours.
Tout
le
reste
est
littérature. »
Moralités
Valéry,
Paul
8/ « De toutes les sciences humaines, la science de l'homme est la plus digne de
l'homme. »
De
la
recherche
de
la
vérité
Malebranche,
Nicolas
9/ «LA PSYCHOLOGIE ET LA SCIENCE "Il est certain que le travail de la
psychologie moderne n'a pas été vain : elle a produit nombre de règles empiriques qui
ont même une grande valeur pratique." Husserl, La Krisis, 1935.
10/ « De toutes les sciences humaines, la science de l'homme est la plus digne de
l'homme. » [ De la recherche de la vérité ] Malebranche, Nicolas
11/ « La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c'est la science du
ménage »
MONTAIGNE
Science antique/science moderne
1/ « La science antique portait sur des concepts, tandis que la science moderne
cherche
des
lois. »
[
]
Bergson,
Henri
Science/mythe
1/ « La science souveraine et au plus haut point organisatrice [...], c'est la science
politique. » Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s. av. J.-C.
2/ « La vraie voie de l'amour, [...] c'est de partir des beautés sensibles et de monter
sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau
corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles
actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre
chose que la science de la beauté absolue. » Platon, Le Banquet, Ne s. av. J.-C.
Science/religion
1/ « Ce n'est pas de vivre selon la science qui procure le bonheur; ni même de réunir
toutes les sciences à la fois, mais de posséder la seule science du bien et du mal. »
Dialogues,
De
la
Sagesse
Platon
2/ « Seuls les croyants qui demandent à la science de leur remplacer le catéchisme
auquel ils ont renoncé, verront d'un mauvais oeil qu'un savant poursuive et développe
ou même qu'il modifie ses idées.» [ Essais de psychanalyse (1927), Au-delà du principe
du
plaisir,
1920
]
Freud,
Sigmund
Science/philosophie
1/ « La philosophie n'est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même
comme une science, travaille en partie avec les mêmes méthodes, mais elle s'en
éloigne dans la mesure où elle s'accroche à l'illusion de pouvoir livrer une image du
monde cohérente et sans lacune. » Freud, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse,
1933.
2/ « Si le regard philosophique procure le recul nécessaire pour considérer la science,
le regard scientifique procure le recul nécessaire pour considérer la philosophie.
Aussi, leur dialogique binoculaire pourrait procurer le nouveau recul qui nous est
nécessaire pour considérer la connaissance. » Edgar Morin, La Connaissance de la
Connaissance,
1986.
3/ « La philosophie sans la science perd bientôt de vue nos rapports réels avec la
création pour s'égarer dans des espaces imaginaires; la science sans la philosophie
[..J, on ne voit pas qu'elle offre à la raison un aliment digne d'elle, ni qu'elle puisse
être prise pour le dernier but des travaux de l'esprit. » Cournot, Sur les fondements
de
nos
connaissances,
1851.
4/ « La règle de la science est celle qui a été posée par Bacon : obéir pour commander.
Le philosophe n'obéit ni ne commande. Il cherche à sympathiser. » Bergson, La Pensée
et
le
Mouvant,
1934.
5/ « De même que nous appelons libre celui qui est à lui-même sa propre fin et
n'existe pas pour un autre, ainsi [la philosophie] est aussi la seule de toutes les
sciences qui soit libre, puisque seule elle est à elle-même sa propre fin. » Aristote, La
Métaphysique,
ive
s.
av.
J.-C.
6/ « Quiconque veut vraiment devenir philosophe devra "une fois dans sa vie" se
replier sur soi-même et, au-dedans de soi, tenter de renverser toutes les sciences
admises jusqu'ici et tenter de les reconstruire. » Husserl, Méditations cartésiennes,
1929.
7/ « Nous ne serons jamais philosophes, si nous avons lu tous les raisonnements de
Platon et d'Aristote, et qu'il nous est impossible de porter un jugement ferme sur
une question donnée : en effet, nous paraîtrons avoir appris non des sciences, mais de
l'histoire. » Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, 1701 (posth.)
8/ « La philosophie peut se définir non comme la science de tout mais comme la
science du tout. » (THIBAUDET.)
9/ « La philosophie est la science des problèmes résolus. » (BRUNSCHVICG.)
10 / « Tandis que le savant, astreint à cueillir des répétitions le long de ce qui ne se
répète pas est obligé de ruser avec la nature, d'adopter vis-à-vis d'elle une attitude
de défiance et de lutte, le philosophe la traite en camarade. La règle de la science est
celle qui a été posée par Bacon : obéir pour commander. Le philosophe n'obéit ni ne
commande.
Il
cherche
à
sympathiser.
»
(BERGSON,
ibidem.)
11/ LA PHILOSOPHIE ET LA LIBERTÉ "Il est évident que nous n'avons en vue, dans
la philosophie, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons homme libre
celui qui est à lui-même sa propre fin et n'est pas la fin d'autrui, ainsi cette science
est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est sa propre fin."
Aristote,
Métaphysique,
384-322
av.
J.C.
12/ LES MATHÉMATIQUES AU PLURIEL "La mathématique est la science la plus
ancienne et la plus parfaite ; cependant, le nom multiple par lequel on la désigne
indique le défaut d'unité de son caractère philosophique." Auguste Comte, Philosophie
positive,
1842.
13/ « Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les
choses
sont
ce
qu'elles
sont. »
[
Métaphysique
]
Aristote
Science/art
1/ « Science, d'où prévoyance; prévoyance, d'où action : telle est la formule très
simple qui exprime, d'une manière exacte, la relation générale de la science et de
l'art.
»
Comte,
Cours
de
philosophie
positive,
1830.
2/ Diderot • "Mettez dans un des côtés de la balance les avantages réels des sciences
les plus sublimes et des arts les plus honorés, et de l'autre, […] ceux des arts
mécaniques, et vous trouverez […] qu'on a bien plus loué les hommes occupés à faire
croire que nous étions heureux que les hommes occupés à faire que nous le fussions en
effet." > Denis Diderot, Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts
et
des
métiers
(1751-1772),
article
"Art".
3/ « C'est par l'expérience que la science et l'art font leur progrès chez les
hommes. »
Aristote
4/ « Rien ne peut être plus opposé à tous les arts et sciences que le goût de l'exploit,
parce qu'il gauchit la nature, qui est le modèle premier de tout le beau et de tout le
sublime. » [ Essai sur les maladies de la tête ] Kant, Emmanuel
5/ « La principale fonction de l'Art est de construire des types sur la base fournie
par
la
Science. »
Système
de
politique
positive
Comte,
Auguste
6/ « Les arts, comme les sciences doivent leur naissance à nos vices: nous serions
moins en doute sur leurs avantages, s'ils la devaient à nos vertus. » Discours sur les
Sciences et les Arts - Seconde partie Rousseau, Jean-Jacques
Science/savoir
1/ " Sans la croyance qu’il est possible de saisir la réalité avec nos constructions
théoriques, sans la croyance en l’harmonie interne de notre monde, il ne pourrait pas y
avoir de science. " > A. Einstein et L. Infeld, L’Évolution des idées en physique
2/ « La véritable science enseigne, par-dessus tout, à douter et à être ignorant. »
Miguel
de
Unamuno,
Le
Sentiment
tragique
de
la
vie.
3/ « Le faux est susceptible d'une infinité de combinaisons; mais la vérité n'a qu'une
manière d'être. » Discours sur les sciences et les arts Rousseau, Jean-Jacques
4/ « Toute chose est contradictoire en soi. » Science de la logique Hegel, Georg
Wilhelm
Friedrich
Science et société
1/ « La science et son objet diffèrent de l'opinion et de son objet, en ce que la
science est universelle et procède par des propositions nécessaires [...]. L'opinion
s'applique à ce qui, étant vrai ou faux, peut être autrement qu'il n'est. » Aristote,
Seconds
Analytiques,
ive
s.
av.
J.-C.
2/ « La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose
absolument à l'opinion. » Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, 1938.
3/ «L'homme est destiné par sa raison à former une société avec les autres et dans
cette société à se cultiver, à se civiliser et à se moraliser parl'art et par les sciences»
Kant
4/ « Il n'y a pas de science plus évidente et plus simple que la morale, pour l'ignorant.
Il n'y en a pas de plus épineuse et de plus obscure pour le savant.» (DIDEROT, Essai
sur les règnes de Claude et Néron.)
Le progrès de la science, critiques, etc…
1/ « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. » Rabelais, Pantagruel.
2/ « Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la
science. »
Edgar
Poe,
Puissance
de
la
parole.
Science et technique
1/ « Historiquement, la technique a précédé la science, l'homme primitif a connu des
techniques. » Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, 1954.
2/ « L'inventeur de l'arc n'avait aucune idée de la pesanteur, ni de la trajectoire. Cela
conduit à juger que la technique, quoique réglée sur l'expérience, et fidèlement
transmise de maître en apprenti, n'a pas conduit toute seule à la science. » Alain,
Propos
du
28
février
1931.
3/ « Plus les techniques progressent, plus la réflexion est en recul. » Gabriel Marcel,
Les
Hommes
contre
l'humain,
1951.
4/ RUSSELL: «La science nous incite donc à abandonner la recherche de la vérité
absolue, et à y substituer ce qu'on peut appeler la vérité "technique".»
5/ LA TECHNIQUE ET LE PROGRÈS "Plus le niveau de la technique est élevé, plus les
avantages que peuvent apporter des progrès nouveaux diminuent par rapport aux
inconvénients."
Simone
Weil,
Oppression
et
liberté,
1934.
6/ LA TECHNIQUE ET LA RAISON "C'est la rationalisation des techniques qui fait
oublier l'origine irrationnelle des machines." Canguilhem, La Connaissance de la vie,
1952.
Science et pseudo science
Friedrich NIETZSCHE / « Préludes de la science. — Croyez-vous donc que les
sciences se seraient formées et seraient devenues grandes si les magiciens, les
alchimistes, les astrologues et les sorcières ne les avaient pas précédées, eux qui
durent créer tout d’abord, par leurs promesses et leurs engagements trompeurs, la
soif, la faim et le goût des puissances cachées et défendues? Si l’on n’avait pas dû
promettre infiniment plus qu’on ne pourra jamais tenir pour que quelque chose puisse
s’accomplir dans le domaine de la connaissance?»
V Travail sur les articles de presses des revues
Sciences Humaines et Recherche
Science et société
- La Recherche N°397-mai 2006 p 44
électroniques
RFID : les nouveaux mouchards
L’identification par radiofréquence, qui permet de reconnaître des
objets, des personnes et des animaux sans contact physique ni visuel, est
promise à un bel avenir. A condition que les inquiétudes concernant le
respect de la vie privée soient apaisées.
- La Recherche N°397-supplément mai 2006 p 30 Des sciences, des hommes
et la société
Les sciences humaines au service de la société, doivent influencer
activités scientifiques, biosciences, santé et high tech, production,
chimie et matériaux…
- La Recherche N°398-supplément juin 2006 Ville et mobilité durables
La science au service de la société, de l’aménagement des villes.
- La Recherche N°374-avril 2004 p 79 Les OGM végétaux
En quelques pages, un résumé général de ce que sont les OGM, des
avantages et des risques qui y sont liés, utile dans le contexte
d’inquiétude qui agite certains pays comme la France.
- Sciences humaines N°155-décembre 2004 p 54 La sociologie politique
française
On peut soumettre les faits politiques à une analyse rigoureuse. Tel est
le présupposé qui a justifié la constitution d’une sociologie politique. Il
faut cependant attendre l’après 2nde Guerre Mondiale pour que cette
approche se développe en France, au point de sembler dominer la science
politique elle-même.
-
Sciences humaines Numéro Spécial N°1 en 2002 p 96 La sociologie
réflexive de Pierre Bourdieu (le sociologue du peuple)
-
Sciences humaines N°124 Dossier : Société du risque
p 88 Principe de précaution mode d’emploi
Le principe de précaution nous incite, face à des dommages potentiels
graves, voire gravissimes, et ce dans un contexte d’incertitude
scientifique, à prévenir le danger sans attendre d’avoir levé cette
incertitude.
Fraudes scientifiques
- La Recherche N°361-mars 2003 p 46 La physique traumatisée par la
fraude
En 2001-2002 Hendrik Schön et ses collègues ont publié des articles qui
présentaient des résultats extraordinaires, mais faux.
- La Recherche N°369-novembre 2003 p72 Le sang des Yanomami
Il est interdit de faire des expériences sur des êtres humains à leur
insu et sans obtenir leur consentement plein et entier. Ce principe, en
vigueur depuis 1947, a pourtant été violé chez les Yanomami d’Amazonie.
Alors qu’ils étaient décimés par des épidémies, on leur a prélevé des
milliers d’échantillons de sang en leur faisant croire à un objectif
sanitaire. Aujourd’hui, ils réclament ce sang, toujours stocké dans des
laboratoires américains.
- La Recherche N°394-février 2006 p 30 Dossier L’avenir du clonage humain
Partie 1 : Les conséquences du scandale Hwang
Après des semaines de polémiques, l’équipe du Coréen Woo-Suk Hwang,
« pape » du clonage humain, a été convaincue de fraude scientifique. La
production de cellules souches embryonnaires issues d’embryons
obtenus par clonage somatique redevient un objectif hypothétique pour
une communauté de chercheurs qui aura du mal à surmonter le choc.
Faut-il noyer le bébé (virtuel) avec l’eau du bain ? Ce serait faire une
croix sur l’apport potentiel du clonage dans le cadre de la médecine
régénérative. Un apport qui, en pratique, serait loin du fantasme
d’autoréparation qui plane autour de cette technique.
Science et morale
- La Recherche N°394-février 2006 p 30 Dossier L’avenir du clonage humain
Partie 3 : Comment se passer d’embryons ?
- La Recherche N°398-juin 2006 p 77 Claude Hurriet : « La bioéthique n’est
pas réservée aux pays développés. »
Interrogation sur les frontières de la réflexion bioéthique.
p 46 Les traces cérébrales de la morale
Certains neuroscientifiques se penchent sur la question des bases
cérébrales de la morale. Il semblerait que les émotions jouent un rôle
important dans les décisions de nature morale. Ce qui va à l’encontre de
la philosophie classique…
- La Recherche N°386-juin 2005 p 16 Clonage onusien
La déclaration de l’ONU du 8 mars 2005 sur le clonage des êtres humains
ne bannit pas juridiquement le clonage reproductif au niveau
international.
-La Recherche N°382-février 2005
embryonnaires
p38
Cellules souches, résultats
Pour mieux comprendre ce qu’est une cellule souche, qui est au centre
des débats actuels en bioéthique. Quelques allusions aux mesures prises
en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis pour limiter les
expérimentations.
- La Recherche N°372-mars 2004 p 46 Ces improbables bébés médicaments
La loi française a autorisé en 2004 – en l’encadrant – la conception in
vitro d’enfants immunologiquement compatibles avec l’aîné malade. Mais
cette solution extrême à la pénurie de donneurs en est-elle vraiment
une ?
- Sciences humaines Trimestriel N°2 de 2006 (mars/avril/mai) p 81
La moralisation du monde, à chacun sa bioéthique
-
Sciences humaines N°124 Dossier : Société du risque
p 40 Les fondements moraux de la bioéthique
La recherche en biologie humaine et la pratique médicale sont aujourd’hui
suspectées d’entretenir des risques considérables pour les individus et le
devenir de l’humanité : eugénisme etc…
Est-ce une idée moralement inacceptable ou un risque biologique ? =>
Différence entre : prévention des risques et réflexion morale.
Science et religion
- La Recherche N° 396-avril 2006 p 30 Dossier Dieu menace-t-il Darwin ?
5 articles :
1) Les dessous du « dessein intelligent »
2) 2005 : le procès de Dover
En 2004, la ville de Dover en Pennsylvanie a décidé l’enseignement de la
théorie du dessein intelligent dans les écoles. Onze parents d’élèves ont
saisi la justice qui a tranché en leur faveur.
3) Pietro Corsi : « Une théologie pas une science »
4) Le papillon de la discorde
Pour expliquer, ou réfuter, la sélection naturelle, évolutionnistes et
créationnistes utilisent le même exemple, celui d’un papillon dont la
couleur évolue avec l’environnement.
5) Le darwinisme évolue aussi
6) Des leçons pour la France
- La Recherche N°391-décembre 2005
récrivent la Bible
p 30
1) Ignorer la Bible serait une attitude obscurantiste
Dossier Les archéologues
Malgré les nombreuses découvertes archéologiques réalisées depuis plus
d’un siècle au Proche-Orient, la Bible reste une source de premier ordre
pour l’histoire de la région. A condition de ne pas s’attacher aux
péripéties qu’elle rapporte, elle fournit en particulier des modèles utiles
pour interpréter les données de terrain.
3) Terre promise, conquête de légende
La conquête de la Terre promise par les Hébreux est une légende : les
archéologues en ont apporté la preuve. Mais leurs découvertes
permettent de donner une interprétation nouvelle aux textes bibliques
qui la relatent. Ils reflèteraient aussi les différentes phases d’une crise
de civilisation, dont on trouve de nombreux exemples ailleurs dans le
monde et à d’autres époques.
- La Recherche Hors Série n°14 Dieu, la science et la religion
- Sciences humaines N°152 Août Sept. 2004p 14 Le christianisme est-il une
science humaine ?
- Sciences humaines Février 2006 p 24 Le Dessein Intelligent, les habits
neufs du créationnisme
- Sciences humaines Hors Série juin/juillet/août 2003 p 8
sciences humaines, « sciences des religions »
Dieu et les
Modalités de la démarche scientifique
- La Recherche N°398-juin 2006 p 8 Les étoiles perdent leur référence
L’étoile Véga n’a pas les caractéristiques qu’on lui attribuait. Mais comme
elle sert à étalonner les instruments et les modèles stellaires, c’est tout
un édifice théorique qu’il fait revoir.
- La Recherche N°390-novembre 2005
physique
p 42
L’équation ultime pour la
Existe-t-il cette « théorie du tout » qui expliquerait simplement
l’ensemble des phénomènes physiques ? De nombreux physiciens se sont
en tout cas attelés à son élaboration. A la fin du siècle dernier, le
développement de la théorie des cordes laissait penser à certains qu’ils y
parviendraient facilement. C’était sans compter avec la complexité du
monde.
- La Recherche N°385-juin 2005 p 26 Ces hypothèses sont-elles bonnes ?
Pour tirer le meilleur parti des données d’observations astronomiques,
deux statisticiens développent une méthode de test adaptée à un grand
nombre d’hypothèses, permettant d’évaluer la proportion d’entre elles
qui sont exactes.
- La Recherche Hors Série n°23 p 50 En quête d’une théorie ultime
Voici près d’un siècle que les physiciens cherchent à échafauder une
« théorie du tout » unifiant la mécanique quantique et la relativité. Parmi
les candidates, la théorie des cordes fait figure de favorite.
- La Recherche N°361-mars 2003 p 74 Yves Coppens : « L’East Side Story
n’existe plus. »
Comment le créateur de cette théorie est amené à la falsifier suite à la
découverte d’un nouvel élément.
- La Recherche N°376-juin 2004 p 30 Dossier Génome, postgénome, quel
avenir pour la biologie ?
Les biologistes vivraient-ils sous nos yeux un changement de paradigme ?
Le réductionnisme génétique qui a caractérisé la biologie du XXème
siècle cèderait la place à une vison plus globale de la cellule et de
l’organisme. Un terrain sur lequel les physiciens et informaticiens
pourraient intervenir avec profit.
-
Sciences humaines Hors Série N°42 2003 p107 La structure des
révolutions scientifiques
Explication de la théorie du philosophe Kuhn qui modélise la science
comme un phénomène social, en opposition avec la vision de Karl Popper.
Il montre que l'adoption d'une nouvelle théorie engage une communauté
de chercheurs, qui se concentrent sur certains phénomènes et certaines
déficiences de la théorie précédente. Cette communauté a ses propres
publications, ses propres conférences et ses propres références.
Plusieurs communautés peuvent coexister dans le temps dans un rapport
de concurrence et de relative ignorance réciproque. Contrairement à ce
qu'affirme Popper, une théorie n'est pas historiquement rejetée dès
qu'elle est réfutée, mais seulement quand elle peut être remplacée, ce
qui prend du temps, par un nouveau paradigme.
-
Sciences humaines Mars 2006 p 33 L’intelligence collective
La bonne science est-elle un produit collectif ? Le travail scientifique
doit-il être collectif ?
-
Sciences humaines N°152 2004 p 14 Les neurosciences à l’assaut du moi
En étudiant les relations entre le cerveau, la mémoire, les émotions et la
conscience, les sciences cognitives opèrent-elles une révolution ?
Science et mythe
- La Recherche N°372-février 2004 p 16 Salomon s’enfonce dans la légende
Les recherches et découvertes des archéologues remettent en cause la
véracité des écrits bibliques.
- La Recherche N°387-avril 2005 p 26 Marguerite Neveux : « Le nombre d’or est
une affabulation »
Le fameux nombre d’or ne serait pas autant présent dans la nature et
dans les travaux des hommes qu’on ne le pense.
Débat épistémologique sur les rapports sciences de la nature / sciences humaines
- La Recherche N°397-mai 2006 p 30
psychanalyse face aux neurosciences
Dossier Freud et la science : la
Dossier sur la polémique actuelle autour du statut de la psychanalyse, et
de son rapport à la science et à la psychothérapie.
1) Dix questions sur l’avenir de la psychanalyse
2) L’inconscient au crible des neurosciences
3) Qu’a-t-il vraiment découvert ?
- La Recherche N°386-mars 2005 p 59 Laurent Mucchielli : « Sciences
dures et sciences molles ont une démarche commune »
Débat épistémologique et métaphysique sur les rapports science / réel
- La Recherche N°390-novembre 2005 p 30 Dossier A la recherche du temps zéro
Pseudo-sciences
- La Recherche N°372-février 2004 p 65 Jayant V. Narlikar : « Croire au Big
Bang est un acte de foi »
Cet astrophysicien indien reproche à a cosmologie de ne pas être une science.
-
Sciences humaines N°134 janvier 2003 p 21 dossier : La littérature une
science humaine ?
Sciences sociales / littérature : la fin des hostilités ?
Il est de plus en plus admis que la littérature peut faire progresser la
connaissance, et même servir de modèle d’énonciation aux historiens, aux
ethnologues et aux sociologues.
Les intuitions sociologiques de Marcel Proust
Proust est un sociologue de grand talent : la manière dont il a décrit le
déclin de l’aristocratie demeure un trésor pour les historiens.
Finalités de la démarche scientfique
- La Recherche N°370-décembre 2003 p 34 L’univers est-il intelligible ?
Einstein s’étonnait que le monde fût compréhensible. Mais l’est-il ? A
l’heure où l’on nous parle de « fin de la science », la question n’est pas
tranchée. Au contraire, tant en mathématiques qu’en physique et n
biologie, la science se heurte à des trous noirs d’incompréhensibilité.
-
Sciences humaines N°129 juillet 2002 p 38 Au cœur de l’imaginaire
technique
Pour Patrice Flichy, spécialiste des médias et des systèmes de
communication, on ne peut comprendre l’innovation technique si on
dissocie l’étude du monde des conceptions de celui des usages. « L’enjeu
d’une sociologie de la technique est de savoir comment se construit le
lien social dans et par la machine ».
Théories scientifiques
-
La Recherche N°360-février 2003
ordinateur ?
p 30
Dossier Dieu est-il un
1) Les nouveaux démiurges
Quelques scientifiques américains de haut niveau pensent que l’Univers
sera un jour décrit comme un calculateur.
2) Quelques raisons d’en douter
-
Sciences humaines N°38 2002 Abécédaire des sciences humaines
P 12 Bioéthique……….Réflexions sur le vivant ;
P 41 Feyerabend………Une théorie anarchiste de la connaissance :
P 59 Internet…………..Entre technologie et imaginaire ;
P 63 Kuhn……………..Comment les théories scientifiques évoluent-elles ?
P 99 Sciences politiques ;
P103 Sociologie ;
P 106 Techno-sciences.
VI travail sur les volumes de l'université de tous
les savoirs
Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud
Editions Odile JACOB
Volume 1 : " Qu'est-ce que la vie ? "
II . Diversité de la vie, évolution et préhistoire
- La biodiversité, JC. Monoulou p.83
- La coévolution, C. Combes p.93
III . Première étape de réflexion et de critique : le savoir, la technique et l'éthique.
- Mathématiques et réalité, P. Cartier p.179
- L'expérience dans les sciences : modèles et simulation, D. Parrochia p.193
- La théorie de l'évolution : que signifie darwinisme aujourd'hui ?, J. Gayon p.204
- Rationalité et raisonnement, G. Gaston Granger p.215
- Expertise scientifique et débat démocratique, P. Boistard p.223
- La technoscience : entre technophobie et technophilie, G. Hottois p.236
- Ethique de l'investigation scientifique sur l'être humain, A. Fagot-Largeault p.248
- Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ?, J. Bouveresse p.263
- L'appropriation du vivant : de la biologie au débat social, B. Chevaussus-Au-Louis
p.276
IV . Aspects du développement humain
- L'embryon, cet inconnu, R. Frydman p.291
- Le développement de l'intelligence chez l'enfant, O.Hondé p.311
V . Où mène la génétique ?
- Le clonage, JP. Renard p.344
- Les enjeux éthiques de la génétique, A. Kahn p.380
VI . Le cerveau, les comportements,et les passions
- Les toxicomanies : l'identité des bases neurologiques et stratégies thérapeutiques
d'aide : l'abstinence, B. Roques p.473
Volume 2
I.
L’homme face à l’animal
1 L’intelligence de l’animal, par Jacques Vaudain, p. 26
VII. Comment nous soignerons-nous ?
2 Les bases génétiques des maladies et le diagnostic génique, par Jean-Louis
Mandel, p. 441
3 Les thérapies géniques : espoirs et réalités, par Olivier Dans, p. 454
4 La médecine nucléaire, par Jean-Yves Devaux, p. 462
VI.
Perspective sur les maladies
5 Virus et Sida, par Luc Montagnier, p. 343
6 Les maladies mentales et les dépressions :
o par Jean Guyotat, p. 399
o par Jean-Louis Terra, p. 410
Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud
Editions Odile JACOB
Volume 4
IV.
La Terre, les océans, le climat
7 L’action de l’homme sur le climat, par Hervé Le Treut, p. 481
VI.
Des particules à l’antimatière : la matière et son organisation
8 La connaissance physique a-t-elle des limites, par Jean-Marc Levy-Leblond, p.
515
Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud
Editions Odile JACOB
Volume 5
Qu’est-ce que les technologies ?
I.
Enjeux de l’éducation et formation de demain
9 L’accès au savoir : permanences et mutations, par Pierre Caspar, p.17
Dont : Des mutations profondes ; Des avancées considérables …mais beaucoup de
questions nouvelles.
- L’enseignement des sciences, par Jean-Jacques Duby, p.47
- Enseigner : le devoir de transmettre et les moyens d’apprendre, par Philippe
Meirieu, p.67
II.
L’homme et l’informatique : machines, connexions et agents
10 Le nouvel ordre numérique, par Laurent Cohen-Tanugi, p.79
IV.
Artifices
11 La vie artificielle, par Hugues Bersini, p.226
12 L’intelligence artificielle, par Jean-Paul Haton, p.236
13 Demain, quelles technologies pour quelle défense ? , par Jean-Yves Helmer,
p.246
14 Les conflits et armées de demain, par Jacques Lanxade, p.255
V.
Exploration et exploitation de l’espace : une aventure et ses enjeux
15 Les lanceurs spatiaux, par Hubert Curien, p. 269
16 L’homme dans l’espace et les vols habités, par Alène Ammar-Israël, p.276
17 Espace et domination, par Jacques Blamont, p.285
VI.
Batteries, piles, atomes et moteurs biologiques : quelles énergies ?
18 L’énergie nucléaire, par Bertrand Barré, p. 310
VII.
Matériaux en tous genres : l’ancien et le nouveau
19 Les biomatériaux, par Laurent Sedel, p.383
20 Les matériaux intelligents, par Joël de Rosnay, p.391
Dont : Les matériaux intelligents de demain : vers l’homme symbiotique.
VIII. Les pollutions et leurs remèdes
21 Pollutions et épuration des eaux, par Lothaire Zilliox, p. 503
22 Ozone et qualité de l’air, par Gérard Mégie, p.515 (cf. conclusion et enjeux)
23 Chimie polluante, chimie non polluante, chimie dépolluante, par Guy Ourisson,
p.555
24 Les ambiguïtés des politiques de développement durable, par Pierre Lascoumes,
p.561
IX. La société du risque et de l’extrême
25 Risques liés à l’informatisation : dépendance ou confiance ? , par Jean-Claude
Laprie, p.585
26 Responsabilité, risque et précaution, par Gilles J-Martin, p.593
(N.B. : ce qui est intéressant dans ce volume, ce sont tous les enjeux et les questions
qui se posent autour de ces technologies et de leurs avancées, l’impact de la science
et de l’innovation scientifique sur l’homme, son environnement, à court et à long
terme…)
RESUME D’ARTICLES :
VII.
Matériaux en tous genres : l’ancien et le nouveau
Les matériaux intelligents, par Joël de Rosnay, p.391
Un matériaux intelligent possède des fonctions qui lui permettent de se
comporter comme un capteur (détecte des signaux), un actionneur (agit sur son
environnement), ou parfois comme un processeur (traite, compare, stocke les
informations). C’est un matériau capable de modifier spontanément ses propriétés
physiques, comme sa forme, sa couleur, sa connectivité, en réponse à des excitations
naturelles ou provoquées, venant de l’extérieur ou de l’intérieur du matériau
(température, électricité…). Par exemple les alliages à mémoire de forme, qui sont les
plus connus, se déforment à froid et retrouvent leur forme initiale à partir d’une
certaine température par suite d’un changement de phase. D’autres matériaux
intelligents peuvent être microscopique et agir au niveau biologique. Ils peuvent
intégrer les cellules et servir alors pour créer des médicaments, pour établir un
diagnostic rapide ou encore effectuer des analyses génétiques. Parmi les matériaux
biologiques intelligents sont également nées des puces que l’on peut implanter dans le
corps humain et qui sont susceptibles de traiter de nombreux désordres
métaboliques (rétine artificielle, audition artificielle, simulateurs ou défibrillateurs
cardiaques). Aujourd’hui, un des principaux objectifs des chercheurs dans le domaine
des matériaux intelligents est d’arriver à fabriquer des bio-ordinateurs à ADN, qui
permettrait de traiter en un temps record des problèmes d’une grande complexité, et
des mémoires de masse utilisant des protéines photosensibles. O n peut imaginer à
l’avenir de combiner des systèmes de traitement d’information fonctionnant à partir
de molécules, avec des molécules de textiles intelligents. Il deviendrait alors possible
de porter sur soi des ordinateurs où les systèmes de communication permettront à
l’homme d’entrer en interface avec les réseaux qui l’entourent. Nous sommes en train
de passer progressivement de l’ordinateur et du téléphone portables à l’ordinateur
et au téléphone mettables. Pourquoi en effet compacter , dans des boitiers de plus en
plus petits, les circuits électroniques et informatiques puissants servant dans les
téléphones ou les ordinateurs de poche plutôt que de les tisser dans les vêtements
que nous portons ? C’est le principe fondamental choisi par les laboratoires qui
travaillent sur ce que l’on appelle les wearable computers. Les outils de communication
seront portés de plus en plus près du corps et en interface directe avec lui.
Ainsi, grâce à la discipline émergente appelée « biotique », mariant biologie et
informatique dans des matériaux intelligents, l’homme entrera en symbiose avec les
réseaux ‘information qu’il a extériorisés de son propre corps. Les systèmes nerveux
planétaires qui se mettent en place, constituent un superorganisme dont nous sommes
les neurones. A nous de faire en sorte que cet homme symbiotique vive en harmonie
avec l’organisme planétaire qu’il a créé.
I.
Enjeux de l’éducation et formation de demain
L’enseignement des sciences, par Jean-Jacques Duby, p.47
Nous vivons aujourd’hui mieux, plus longtemps, en meilleure santé à l’aube du XXIè
siècle qu’à celle du XXè ; et il faut être aveugle ou de parti pris pour ne pas
reconnaître que ce mieux-vivre ne serait pas sans le progrès des connaissances
scientifiques et des techniques qu’elles engendrent. Il faut d’abord des créateurs de
science, scientifiques et chercheurs qui fassent avancer les connaissances, et il faut
aussi des utilisateurs de science comme des ingénieurs, des gestionnaires et des
travailleurs, aptes à comprendre, analyser et raisonner. Cependant, ce qui reste pour
le moins le plus indispensable au progrès scientifique, c’est une société de citoyens
éclairés, capables non seulement d’utiliser des connaissances scientifiques pour
déchiffrer le monde qui les entoure, mais aussi et surtout de comprendre et de juger
les changements qui y sont apportés par les progrès scientifiques et techniques. De
ce triple besoin de créateurs, d’utilisateurs de science et de citoyens éclairés,
découlent trois objectifs qui s’imposent aujourd’hui à l’enseignement des sciences :
-former des scientifiques, chercheurs, spécialistes des disciplines, l’objectif de
l’enseignement de toute discipline étant de transmettre des connaissances acquises
en les faisant progresser et les rendant accessibles à l’ensemble de la société.
-former des utilisateurs de la science car aujourd’hui ce ne sont plus seulement les
ingénieurs et les gestionnaires qui doivent être formés aux méthodes et outils
scientifiques, ce sont tous les travailleurs dans toutes les branches d’activité.
-former des citoyens capables de comprendre et de juger les enjeux de la science
car il est nécessaire que les citoyens sachent ce qu’ils peuvent attendre du progrès
des connaissances, ses retombées positives, ses risques éventuels. Chaque citoyen
doit donc disposer d’une culture générale scientifique de base, le minimum de ce qu’il
faut savoir pour comprendre les enjeux, mesurer les risques, décider pour soi-même
et participer aux choix collectifs : comment peut-on porter un jugement éclairé sur
le nucléaire si l’on ignore ce qu’est la radioactivité ?
L’enseignement des sciences est donc alors examiné non pas en terme de nature ou de
niveau des connaissances, mais en fonction de ces trois objectifs. Ce sont ici les
responsabilités sociales qui sont prises en compte quant à l’enseignement des
sciences. L’enseignement des sciences doit nous permettre d’utiliser des
connaissances scientifiques pour déchiffrer le monde qui nous entoure, pour
comprendre, juger, et encore plus pour participer aux changements qui y sont
apportés par les progrès scientifiques et techniques et évaluer les risques potentiels.
Université de tous les savoirs sous la direction d’Yves Michaud
Editions Odile JACOB
Le renouvellement de l’observation dans les sciences
27 Cartographie du cerveau et de la pensée, par Bernard Mazoyer, p. 39
28 L’apport de l’informatique dans la visualisation des observables cachés en
science et en médecine, par Jacques Demongeot, p. 71
29 Comment la science représente le réel ?, par Gilles Gaston Granger, p.85
30 Observer l’art : entre voir et savoir, par Daniel Arasse, p. 97
travaux non archivés
Modalités de la démarche scientifique :
1) La formation des concepts scientifiques
Le concept est le produit de l’entendement opérant par abstraction. Il est nécessaire au
savoir scientifique en organisant l’intuition sensible et empirique pour accéder au système
scientifique de la vérité. Il s’engendre en dépassant l’obstacle épistémologique (l’expérience
immédiate), animiste (croyance en l’omniprésence d’un liquide vital), de la libido. Exemple :
Constitution du concept de capacité électrique. Le concept naît en opposition aux théories
antérieures. Exemple : concept de l’homme (l’homme n’est plus une entité supranaturelle).
2) Théorie et expérience
Selon l’empirisme, le physicien devrait raisonner sur les phénomènes sans hypothèse
préliminaire. C’est une illusion car la sphère sensible ne peut fonder seule la connaissance : « Si
toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de
l’expérience » (Kant). Il n’y a pas de phénomène pur donc l’expérimentation doit être couplée à la
théorie. Le théoricien prédit un phénomène et l’expérience peut modifier la théorie ou l’expérience
remet en cause la théorie régnante.
3) Les principes régulateurs de la science et le problème du déterminisme :
l’ordre du désordre.
La science a substitué aux notions de causes (déterminisme), le concept de loi qui permet
une prévision. Cependant, le déterminisme est au cœur de la loi physique avec l’Ordre-Roi (Cf
Laplace) selon lequel l’ordre souverain des forces de la nature est absolu. Ainsi, déterminisme et
principe de conservation de la matière furent longtemps à la base de la science classique de Kepler
ou Newton. Cette conception est remise en cause au 19e siècle avec le déterminisme probabilitaire
et la dissolution de la matière en énergie. Ainsi, l’entropie désigne une dégradation de la qualité (de
l’énergie) et de l’ordre (perte de structures). Heisenberg montre qu’il est impossible de prévoir
rigoureusement l’évolution d’un phénomène microphysique. L’ordre cosmologique est aussi
disloqué : l’univers n’est pas ordonné mais est un nuage incertain et une dispersion sans structure.
Cependant le désordre est organisateur : le cosmos s’organise en se désintégrant. L’univers de
Copernic et Galilée a disparu. La science contemporaine réhabilite la finalité écartée par la science
moderne avec la cybernétique (science de la régulation et de la communication dans la machine) et
la néguentropie (on peut produire de l’ordre au détriment de l’ordre de l’environnement).
L’immuabilité de la matière est aussi mise en cause par les théories relativistes (la transformation
de la matière en énergie) et de la microphysique des particules (les quarks sont des particules
fondamentales inaccessibles à l’expérimentation et dont l’assemblage permet de recréer toutes les
autres particules).
4) La connaissance du vivant
La biologie étudie le vivant, la logique de son organisation et non la vie ou le principe vital
qui ne sont pas des instruments scientifiques. Les étapes de la connaissances du vivant sont
parcourues par quatre secousses vers une structure d’ordre plus élevé :
 Au début du 19e siècle, Cuvier élabore le concept d’organisation : le corps n’est plus
une juxtaposition d’organes mais un ensemble coordonné. Les organes sont en relation
et visent un même but.
 Avec Lamarck puis Darwin, apparaît l’idée que tous les êtres vivants sont liés à travers
le temps, il n’y a pas d’espèce immuable. Darwin abolit le providentialisme de Lamarck
selon qui le vivant s’élève vers une harmonie préétablie par une transcendance. Darwin
s’appuie sur l’opposition établie par Malthus entre puissance reproductrice et forces
externes pour élaborer la théorie de la sélection naturelle qui repose sur les lois des
grands nombres (on étudie la variation d’une population et non d’un individu). Le temps
probabilitaire et statistique ouvre la biologie à l’expérimentation.
 Lorsque Mendel établit l ‘existence des chromosomes, la biologie atteint la rigueur
mathématique. Puis Morgan découvre les gènes, confirmant ainsi la théorie de Darwin
(évolution par mutations).
 Enfin, la découverte de l’ADN élargit encore la connaissance du vivant. Sexualité et
mort sont des moyens de l’évolution grâce à l’hérédité.
Le vivant se définit par plusieurs caractères :
 La téléonomie : tout être vivant a un dessein, un projet, son activité est cohérente,
orientée. Cette finalité s’insère dans les lois implacables de la matière (les protéines sont
des agents téléonomiques) et de la physico-chimie. Les constituants élémentaires
s’organisent eux-mêmes en édifices complexes.
 Le vivant se construit lui-même : les structures sont autonomes, indépendantes à l’égard
des agents externes. IL y a autoconstruction, autoconservation et autorégulation.
 Le vivant a le pouvoir de se reproduire et de transmettre l’information correspondant à
sa propre structure : c’est la reproduction invariante.
Science de la nature / sciences humaines
5) La constitution des sciences de l’homme
Les sciences humaines étudient les attitudes, comportements et signes humains surtout à
travers les interrelations sociales. La notion de nature humaine est ancienne mais avant le 19 e
siècle, l’homme fut d’abord un symbole analogique du monde (à l’origine de la finalité
d’Aristote…) puis à l’époque classique (17e-18e siècle), l’homme n’est pour la pensée cartésienne
qu ‘un objet de pensée parmi d’autres. Ce n’est qu’au 19e siècle que l’on s’intéresse aux lois
internes de l’activité humaine et à l’essence de l’homme. Ainsi, la sociologie (science positive des
faits sociaux et des institutions) apparaît en 1839 avec Combe, la psychologie (étude de l’âme et de
la subjectivité) à la fin du siècle avec Fechner, la psychanalyse en 1900 avec Freud…
Pour Foucault, le domaine de l’épistémè est ouvert selon trois dimensions qui forment le
trièdre du savoir : les sciences mathématiques et physiques caractérisées par un enchaînement
discursif de propositions démontrées, les autres sciences (du langage, de la vie, de la production…)
et la réflexion philosophique. Les sciences humaines n’y sont pas incluses mais sont en rapport
avec les autres formes de savoir.
L’Homme est à la fois objet et sujet donc les sciences humaines ne peuvent se dégager de
l ‘espace social, sont incapables de bâtir des théories sur des objets précis. De plus, il ne peut pas y
avoir d’expérimentation. L’homme est donc étranger au champ authentique des relations formelles
et de l’expérience qui constituent la science. Les sciences humaines ne sont donc pas vraiment des
sciences mais plutôt un savoir.
Culture
Une science sans âme ?
Il semble bien que la science ne fasse pas ou plutôt plus partie de la culture. Le problème de la place
de la culture scientifique peut ainsi faire le lien entre le manque de culture scientifique et le manque
d’enthousiasme du public. Il existe en effet une véritable « rupture entre la science et les citoyens »
(d’après le docteur Schwartzenberg, ministre et éminent chercheur français) comme tendent à le
confirmer les lettres piégées envoyées à des chercheurs américains par le terroriste Unabomber.
Tout d’abord, les objets techniques ne sont pas perçus dans notre société comme des objets
de connaissance : un tiers des européens estiment que dans la vie de tous les jours, la science ne sert
à rien. La technoscience est, de plus, devenue autonome : la technique est arrivée à un tel point
d’évolution qu’elle se transforme et progresse sans intervention décisive de l’homme.
Ensuite, cette image négative de la science est aussi due au manque de communication entre des
scientifiques qui ne vivent pas la science comme une culture et le grand public. Cela débouche sur
l’inculture scientifique qui peut être un frein à la démocratie et ouvrir la voie à la technocratie. En
effet, la science échappe au débat public alors qu’il faudrait un contrôle effectif des
développements techniques, un partage du pouvoir.
Améliorer la culture scientifique apparaît donc nécessaire. Cela passe par une vulgarisation
scientifique qui pose problème aux scientifiques qui ne veulent pas toujours être concrets et
aborder les véritables problèmes. Par ailleurs, on n’arrive jamais à vulgariser la science de manière
satisfaisante car le langage scientifique est trop complexe.
Cependant, il faut une plus grande communication publique pour arriver à une science plus
complète, plus citoyenne, « une science pour les hommes de notre temps » (René Lenoir).De plus,
on peut déduire de ce débat que la science ne peut être que modeste car comme le dit Popper, « il
existe toutes sortes de sources de la connaissance mais aucune d’entre elles ne fait autorité ».
Le chant du signe
L’idée de culture scientifique provoque incrédulité chez les acteurs de la connaissance. En effet, la
langue utilisée en science est symbolique donc on pourrait penser que la science s’oppose à la
culture. Néanmoins, la science, même la plus formalisée, dit, communique. Certains auteurs
comme Chaïm Perelman dans le champ de l’argumentation ont avancé que la démonstration
relevait du genre rhétorique de l’argumentation. Cela dit, ce n’est pour autant renoncer à la quête de
la vérité et réduire la science à un art de convaincre : une des conditions de la rigueur scientifique
est la réforme constante de la langue commune pour isoler des concepts univoques.
On peut ainsi parler d’un « devenir culture » du savoir scientifique. Si l’on souhaite que les
sciences restent des cultures, il faut une reconnaissance de la nature subjective de
toute argumentation car la science ne peut se passer d’une démarche discursive puisqu’ « un
énoncé excède toujours l’usage particulier qu’on en fait » (Austin). En effet, la désignation
exclusive (le rapport exclusif entre un signe et sa signification ce qui conduit à une
dépersonnalisation du discours) est une illusion. Même si le signe est circonscrit à un raisonnement
particulier, on peut douter de son univocité parfaite car l’énonciation est subjective. C’est bien le
statut du sujet qui est en question : en énonçant le savoir scientifique, le sujet parle, donc pense; or
le sujet pensant n’est-il que le support des énoncés qu’il produit ? Si le sujet est aussi leur
producteur, alors tout énoncé est subjectif et sa possibilité d’être interprété par un autre sujet
pensant rentre dans les conditions de possibilité de sa vérité. Tout discours est donc nécessairement
inscrit dans une subjectivité. Il y a donc culture scientifique lorsqu’un savoir scientifique de sa
pérennité, de sa visée universelle mais aussi de son évolution.
Mais la dimension cultuelle d’un savoir scientifique ne réside-t-elle pas véritablement dans la
perpétuelle évolution de son langage ? Selon Gödel, un langage n’est « valable » que s’il peut être
traduit : chaque élément d’un système de signes doit désigner un référent mais se désigne aussi
lui-même. La « signifiance » (ce par quoi un signe se désigne lui-même en même temps qu’il
désigne un objet) serait donc une des causes fondamentales de l’ambiguïté du signe et de la science.
Il n’y a donc pas de savoir sans sujet du savoir. La culture scientifique consiste en la conscience de
la perpétuelle reformulation nécessaire à la rationalité des énoncés.
Le falsificationisme
Introduction au falsificationisme
Pour le falsificationiste, l'observation est guidée par la théorie. Les faits d'observation ne
permettent cependant pas d'établir la vérité d'une théorie. Il considère les théories comme des
conjectures qui doivent être confrontées rigoureusement à l'observation et à l'expérience. Il faut
éliminer les théories incapables de résister aux tests de l'observation ou de l'expérience et les
remplacer par d'autres conjectures. La science progresse par conjectures et réfutations. Seules les
théories les mieux adaptées "survivent". On ne s'autorisera jamais à dire d'une théorie qu'elle est
vraie, mais on tendra à affirmer qu'elle est la meilleure disponible, qu'elle dépasse toutes celles qui
l'on précédée.
La logique en faveur du falsificationisme
Selon le falsificationisme, on peut montrer que certaines théories sont fausses en faisant appel aux
résultats d'observation et d'expérience. Si des déductions logiques fondées uniquement sur des
énoncés d'observation vrais ne nous permettent en aucun cas d'aboutir à des lois universelles et à
des théories, elles peuvent nous conduire à conclure à la fausseté de lois et de théories universelles.
La fausseté d'énoncés universels peut être déduite d'énoncés singuliers appropriés. Le
falsificationiste exploite à fond cette propriété logique.
La falsificité comme critère de délimitation pour les théories
Le falsificationiste voit en la science un ensemble d'hypothèses visant à décrire avec précision ou à
expliquer le comportement d'une partie du monde ou de l'univers. Mais toutes les hypothèses ne
sont pas à retenir. Toute hypothèse ou tout système d'hypothèses doit satisfaire une condition
fondamentale pour acquérir le statut de loi ou de théorie scientifique. Pour faire partie de la science
une hypothèse doit être falsifiable. Une hypothèse est falsifiable si la logique autorise l'existence
d'un énoncé ou d'une série d'énoncés d'observation qui lui sont contradictoires, c'est à dire qui la
falsifieraient s'ils se révélaient vrais. Le falsificationiste exige que les hypothèses scientifiques
soient falsifiables. Et c'est uniquement en énonçant une série d'énoncés d'observation logiquement
envisageables qu'une loi ou une théorie acquiert une valeur informative. Or si une théorie a un
contenu informatif, elle doit courir le risque d'être falsifiée.
Degré de falsifiabilité, clarté et précision
Une bonne loi ou théorie scientifique est falsifiable justement parce qu'elle fait des assertions
définies sur le monde, autrement dit qu'elle a une haute valeur informative. Pour le falsificationiste,
plus une théorie est falsifiable, meilleure elle est. Plus une théorie énonce d'assertions, plus
nombreuses seront les occasions de montrer que le monde ne se comporte pas de la façon prévue
par la théorie. Une très bonne théorie énonce des assertions de portée très générale sur le monde;
elle est par conséquent hautement falsifiable, et elle résiste aux falsifiactions chaque fois qu'elle est
soumise à un test. Des théories hautement falsifiables doivent être préférées à celles qui le sont
moins, donc, tant qu'elles n'ont pas été falsifiiées. Cette réserve est importante pour le
falsificationiste. Les théories qui ont été falsifiées doivent être rejetées sans ménagement. Nous
tirons des enseignement de nos erreurs. La science progresse par essais et erreurs. Comme la
logique empêche de tirer des lois et des théories universelles des énoncés d'observations, mais
autorise à dire qu'ils sont faux, les falsifications deviennent les points de repère essentiels, les
réussites saisissantes, les facteurs de croissance majeurs dans la science.
Falsification et progrès
Le progrès de la science vu par le falsificationiste peut être résumé de la manière suivante. La
science commence par des problèmes en rapport avec l'explication du comportement de certains
aspects du monde ou de l'univers. Les hypothèses falsifiables sont proposées par le scientifique en
tant qu'elles apportent des solutions au problème. Les conjectures sont ensuite critiquées et testées.
Certaines seront rapidement éliminées. D'autres s'avèreront plus fructueuses. Ces dernières doivent
être soumises à une critique encore plus serrée et à des tests. Lorsqu'une hypothèse qui a surmonté
avec succès une batterie étendue de tests rigoureux se trouve falsifiée, un nouveau problème surgit,
très éloigné, il faut l'espèrer du problème original résolu. Ce nouveau problème suscite de
nouvelles hypothèses, que suit un renouvellement de la critique et de l'expérimentation. Et le
processus se poursuit ainsi indéfiniment. On ne peut jamais dire d'une théorie qu'elle est vraie,
même si elle a surmonté victorieusement des tests rigoureux, mais on peut heureusement dire
qu'une théorie actuelle est supérieure à celle qui l'ont précédé au sens où elle est capable de résister
à des tests qui avaient falsifié celles qui l'ont précédé.
Le falsificationisme sophistiqué, les prédictions nouvelles et le progrès de la science
Degré de falsifiabilité relatif plutôt qu'absolu
Nous avons mentionné certaines conditions qu'une hypothèse doit satisfaire pour mériter d'être
prise en considération par un scientifique. Une hypothèse doit être falsifiable, elle est d'autant
meilleure qu'elle est falsifiable, mais elle ne doit cependant pas être falsifiée. Les falsificationistes
plus sophistiqués ont conscience que ces conditions, seules, sont insuffisantes. Il faut une condition
supplémentaire pour reflèter la nécessité qu'à la science de progresser. Une hypothèse doit être plus
falsifiable que celle qu'elle vise à remplacer. Ainsi, plutôt que de se demander si une théorie est
falsifiable, en quoi elle l'est et si elle a été falsifiée, on se posera la question : la théorie proposée
peut-elle effectivement remplacer celle qu'elle concurrence ?
La confirmation vue par les falsificationistes
L'auteur a insisté sur le fait que la science devait progresser en proposant des conjectures
audacieuses, hautement falsifiables, pour tenter de résoudre des problèmes. En outre, il proposait
de considérer que les avancées significatives dans la science se produisent lorsque ces théories
audacieuses sont falsifiées. Cependant il serait trompeur de fixer son attention exclusivement sur
les instances falsifiables, car on aboutirait à une représentation erronée de la position
falsificationiste la plus sophistiquée. C'est une erreur de considérer que le fait que des conjectures
audacieuses, hautement falsifiables, soient falsifiées, représente des moments d'avancée
significatives dans la science. Les progrès significatifs ont lieu lors de la confrontation de
conjectures audacieuses ou de la falsification de conjectures prudents. Au contraire, la falsification
d'une conjecture audacieuse ou la confirmation d'une conjecture prudente nous apprennent peu.
Comparaison des points de vue inductiviste et falsificationiste sur la confirmation
La vision falsificationiste de la confirmation diffère notablement de la vision inductiviste en raison
de l'accent que met la première sur le procès de développement de la science. Selon le point de vue
inductiviste, la signification de certaines instances qui confirment une théorie est déterminée
seulement par la relation logique entre des énoncés d'observation confirmé set la théorie en
question. Le contexte historique dans lequel se fait la preuve ne compte pas. Cela contraste
fortement avec le point de vue falsificationiste qui fait varier le sens des confirmations avec le
contexte historique dans lequel elle se produisent. Une confirmation donnera ses lettres de noblesse
à une théorie si elle résulte du test d'une prédiction nouvelle. Autrement dit, une confirmation sera
jugée significative si le savoir acquis contemporain rendait jusque là son savoir improbable. Les
confirmations qui portent sur des conclusions passées ne sont pas significatives.
Les limites du falsificationisme
Ladépendance de l'observation par rapport à la théorie et la faillibilité des falsifications.
Les thèses falsificationistes souffrent du fait que les énoncés d'observation dépendent d'une théorie
et sont falsifiables. Si l'on dispose d'énoncés d'observation vrais, alors on ne peut déduire
logiquement la fausseté de certains énoncés universels, mais on ne peut en déduire la vérité d'aucun
énoncé universel. Ce raisonnement est irrécusable, mais il est fondé sur l'hypothèse que nous
disposons d'énoncés d'observation parfaitement sûrs. Or cela ne se produit jamais. Tous les
énoncés d'observation sont faillibles. Par conséquent, si un énoncé universel constituant une
théorie entre en conflit avec un énoncé d'observation, il est possible que ce soit l'énoncé
d'observation soit fautif. La logique n'empêche pas de rejeter systématiquement la théorie en cas de
conflit avec l'observation. Ce point de vue est défendu par Popper.
La complexité des situations de tests réalistes
Etant donné qu'une théorie doit être soumise à un test expérimental, il faut recourir à quelque chose
de plus que les énoncés constitutifs de la théorie en question : les hypothèses auxiliaires, que sont
par exemple les lois et les théories gouvernant l'utilisation des instruments utilisés. En outre, pour
déduire une prédiction dont la validité doit être testée expérimentalement, on sera amené à rajouter
des conditions initiales, comme la description du dispositif expérimental. Et si la prédiction se
révèle fausse, c'est la théorie à tester qui peut être prise en défaut, mais la prédiction incorrecte
vient peut être d'une hypothèse auxiliaire ou de quelque partie de la description des conditions
initiales. Ainsi il est possible de falsifier une théorie de façon probante, parce que l'on ne peut
éliminer la possibilité que l'échec de la prédiction provienne de n'importe quelle partie de la
situation complexe soumise à test, autre que la théorie elle même.
Les raisons historiques de l’inadéquation du falsificationisme
Il est un fait historique embarrassant pour les falsificationistes : si les scientifiques avaient adhéré
strictement à leurs principes méthodologiques, les théories que l’on considère généralement
comme les plus beaux exemples de théories scientifiques n’auraient jamais pu être développées,
car elles auraient été rejetées dès leurs premiers balbutiements. Pour n’importe quelle théorie
scientifique classique, que ce soit au moment de sa formulation ou à une époque ultérieure, on peut
trouver des comptes rendus d’observation, généralement acceptés à l’époque, qui furent jugés
contradictoires avec la théorie. Ces théories n’ont pourtant pas été rejetées, et il en est heureux pour
la science qu’il en ait été ainsi. En voici un exemple dans l’histoire.
Dans les années qui suivirent sa formulation, la théorie de la gravitation de Newton fut falsifiée par
des observations de l’orbite de la lune. Cinquante ans environ s’écoulèrent avant que l’on écarte
cette falsification en la mettant au compte d’autres facteurs que la théorie newtonienne. Plus tard,
cette même théorie se trouva en désaccord avec les valeurs précises trouvées pour la trajectoire de
la planète mercure, et les savants ne l’abandonnèrent pas pour autant. Pourtant on ne parvint jamais
à expliquer cette falsification d’une façon qui aurait préservé la théorie de Newton.
Rationalisme et relativisme
Le rationaliste extrémiste pose l'existence d'un critère simple, éternel, universel permettant
d'évaluer les mérites comparés de théories rivales. Par exemple, un inductiviste pourra considérer
comme un critère universel le degré auquel une théorie est appuyée inductivement par des faits
acceptés, alors qu'un falsificationiste établira son critère sur le degré de falsifiabilité de théories
non falsifiées. Quelle que soit la formulation détaillée que le rationaliste donne au critère, l'une de
ses caractéristiques majeures sera son universalité et son caractère ahistorique.
La distinction entre la science et la non-science est claire pour le rationaliste. Seules les théories qui
peuvent être clairement évaluées à l'aide du critère universel et qui surmontent le test méritent le
qualificatif de scientifiques. Ainsi un rationaliste inductiviste peut-il décréter que l'astronomie n'est
pas une science parce-qu'elle ne peut être induite des faits d'observation,alors qu'un falsificationiste
décrète que la marxisme n'est pas scientifique parce-qu'il n'est pas falsifiable. Le rationaliste
considérera comme évident le fait de privilégier le savoir qui s'accorde avec le critère
d'universalité.
Le relativisme nie l'existence d'une norme de rationalité universelle, ahistorique, qui permettrait de
juger qu'une théorie est meilleure qu'une autre. Ce qui est jugé meilleur ou pire du point de vue des
théories scientifiques varie d'un individu à l'autre ou d'une communauté à l'autre. Le but de la quête
du savoir dépendra de ce qui est important ou mis en valeur par l'individu ou la communauté en
question. Par exemple, on attribuera le plus souvent un statut élevé à la recherche de la maîtrise
matérielle de la nature dans les sociétés capitalistes occidentales, mais elle sera peu considérée
dans une culture où on conçoit le savoir comme un moyen d'accéder au bonheur ou à la paix. La
maxime de Protagoras, philosophe grec de l'Antiquité, "l'homme est la mesure des choses",
exprime un relativisme au sujet des individus, tandis que lorsque Kuhn écrit qu'il n'y a "aucune
autorité supérieure à l'assentiment du groupe intéressé", il exprime un relativisme au sujet des
communautés. Les différentes caractéristiques du progrès et les divers critères de jugement des
mérites des théories seront toujours relatifs à l'individu ou aux communautés qui y souscrivent.
La position de Kuhn est conforme avec les caractéristiques du relativisme. Le fait qu'une théorie
soit ou non meilleure qu'une autre doit être jugé relativement aux normes de la communauté
appropriée, et ces normes varient selon la situation historique et culturelle de la communauté. Le
relativisme de Kuhn est mis en relief dans la conclusion de la postface de La Structure des
révolutions scientifiques. "Comme le langage, la connaissance scientifique est intrinsèquement la
propriété commune d'un groupe, ou alors elle n'est pas. Pour la comprendre, il nous faudra
connaître les caractéristiques particulières des groupes qui la créent et l'utilisent." Kuhn nie être
relativiste. Répondant à cette accusation, il écrit : " Les théories scientifiques de date récente sont
meilleures que celles qui l'ont précédées, sous l'aspect de la solution des énigmes dans les contextes
souvent forts différents auxquels elles s'appliquent. Ce n'est pas là une position relativiste, et elle
précise en quel sens je crois fermement au progrès scientifique."
L'objectivisme
L'objectivisme met l'accent sur le fait que certaines composantes du savoir, depuis les propositions
simples jusqu'aux théories complexes, ont des propriétés et des caractéristiques qui dépassent les
croyances et les degrés de connaissance des individus qui les conçoivent et les prennent en compte.
L'objectivisme s'oppose à l'individualisme, c'est à dire le fait de considérer la connaissance en
termes de croyances individuelles.
L'individualiste voit la connaissance comme un agencement particulier de croyances possédées par
les individus et qui se situent dans leurs esprits ou cerveaux. Ce point de vue est certainement
renforcé par l’usage commun. Si je dis : « je connais la date à laquelle j’ai écrit ce paragraphe, mais
vous, vous ne la connaissez pas », je me réfère à quelque chose qui fait partie de mes croyances et
qui est absent de votre esprit ou de votre cerveau. Si je vous demande : « connaissez-vous la
première loi de Newton ? », ma question porte sur ce avec quoi vous, individu, êtes familiarisé. Il
est clair que l’individualiste qui accepte cette façon de comprendre le savoir en terme de croyance
n’acceptera pas toutes les croyances comme authentique savoir. Si je crois que la première loi de
Newton s’exprime ainsi : les pommes tombent vers le bas », je suis tout simplement en train de
faire fausse route et ma croyance erronée ne constituera pas un savoir. Pour qu’une croyance puisse
faire partie d’un savoir authentique, on doit pouvoir la justifiée en montrant qu’elle est vraie, ou
probablement vraie, en faisant appel à une preuve appropriée. « le savoir, de ce point de vue, est
une croyance vraie convenablement prouvée, ou s’exprime par quelque formule similaire »
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