Les objectifs de l'étude, les moyens
d'investigation, le calendrier
Commandée par le ministère de la Culture pour éclairer ses décisions, cette étude a pour but
d'établir un premier bilan des activités engagées au titre de l'opération "Architecture au
collège" initiée par la Cellule d'Action Éducative de la Direction de l'Architecture et du
Patrimoine depuis l'année scolaire 1998-1999.
Confiée au Groupe d'études sociologiques de l'Institut National de Recherche Pédagogique,
cette étude est l'investigation, menée par des sociologues, d'une forme de politique publique
en éducation caractérisée par le partenariat, de l'échelle interministérielle à celle de la classe.
La présence conjointe d'enseignants et d'étudiants en architecture dans les classes, but de
l'opération, est en effet le résultat d'une coopération entre un nombre élevé de partenaires qui
doivent coordonner leur action à chaque échelle et à chaque étape avant même que l'essentiel,
l'action auprès des élèves, ne soit engagé, ni même défini. Dans une telle chaîne partenariale,
la prise en compte de l'ensemble du dispositif est nécessaire puisque les relations établies à
chaque échelon, académique, régional, départemental, local influencent les autres.
Comprendre le sens que chacun des acteurs engagés dans cette chaîne donne à son
action est la visée principale de cette étude. S'il est facile de constater que la sensibilisation à
l'architecture est une formule dominante et commode, sous laquelle la plupart des acteurs,
enseignants et élèves, chefs d'établissement, intervenants architectes et enseignants des Écoles
d'architecture, personnels de la Culture, des Inspections, de l'Action culturelle, des Conseils
de l'Architecture, l'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE) range sa participation, il est
évident qu'elle ne recouvre pas la même signification pour chacun d'entre eux. La nouveauté
de la situation oblige à penser l'action autrement, en décalage avec les pratiques antérieures, à
interpréter les lignes directrices que suggèrent les textes nationaux pour tenter de leur donner
une définition utile. La double présence dans la classe, par exemple, interroge l'enseignant,
l'intervenant, les élèves et la largeur des consignes les incite à suivre des pistes différentes.
L'importance de cette interprétation se vérifie à chaque échelle et à chaque étape de
l'opération. L'étude porte donc essentiellement sur cette capacité des acteurs, dans l'ensemble
du dispositif, de l'incitation nationale à la mise en œuvre locale, à choisir leurs modes
d'inscription dans une chaîne d'action collective et leurs modes de participation individuelle. Il
s'agit là de traiter un problème classique de la sociologie contemporaine. L'investigation des
logiques qui inspirent les acteurs montrent la difficulté de parvenir à un accord sur les
finalités. Il faut passer de la notion d'accord à celle de coordination de l'action : comment des
personnes qui se réfèrent à des valeurs différentes peuvent-elles converger sur des dispositifs
communs (Derouet 1999) ? Pour approcher des positions aussi diverses, les informations ont
été recueillies selon les méthodes d'investigation habituelles du Groupe d'études