10. « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés »
Lorsque je dis cette phrase du Notre Père, je suis toujours un peu gênée d’affirmer avec
assurance que je pardonne à ceux qui m’ont offensée. Je me sens si peu capable de
pardonner du même pardon que le Seigneur. J’aimerais plutôt dire : pardonne-nous et
apprend nous à pardonner.
Pourtant, quand je relis les passages des Evangiles où Jésus enseigne à ses disciples
comment prier, je retrouve bien la formulation du Notre Père : « pardonne-nous comme
nous pardonnons. »
Comment la comprendre ?
J’entends cette expression comme une invitation à entrer pleinement dans le pardon de
Dieu. Baigner dans le pardon de Dieu mais ne pas en vivre entre nous, ce serait comme
avoir un pied dedans et un pied dehors. C’est le même pardon que Dieu nous donne à
vivre avec Lui et entre nous. L’un ne va pas sans l’autre.
Rappelez-vous cette parabole du débiteur impitoyable (Matthieu 18,23-35) : son maitre lui
a remis ses dettes mais lui se montre sans pitié avec un autre serviteur qui lui doit bien
moins d’argent. Le maître, apprenant cela, le jette en prison jusqu’à ce qu’il est remis
toutes ses dettes. Et il lui dit : « Ne fallait-il pas que toi aussi tu aies pitié de ton
compagnon, comme moi j’ai eu pitié de toi ? » (v.33)
Cette parabole me dit que si je n’accepte pas de vivre avec les autres dans la miséricorde,
je sors de la miséricorde pour moi aussi. Le pardon de Dieu ne peut faire son œuvre car je
bloque son passage entre nous et donc en moi. J’en fais l’expérience dans ma vie : quand
je ne pardonne pas, il y a quelque chose de verrouillé en moi comme un gros caillou
bloqué en travers du torrent qui empêche la vie de circuler en moi et entre nous.
Finalement, lorsque j’affirme dans le Notre Père « comme nous pardonnons », ce n’est pas
pour dire ce que je vis déjà mais pour le vivre davantage: Par cette parole je m’engage à
pardonner. En disant cette prière que le Christ nous a enseignée, je compte sur lui pour
agir en moi et m’ouvrir toujours plus au pardon.
Bénédicte Boisseau – Les mots de la foi.