Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest
Bamako 03-09 février 2003
Homélie de la messe d’ouverture
Mgr. Robert SARAH
Les grands moments de l’histoire du monde et de l’Eglise ont toujours été des
moments essentiellement fécondés par l’Esprit, des moments où la présence de l’Esprit du
Seigneur a été déterminante pour donner vie, consistance et orientation aux événements. Sans
l’Esprit Saint tout demeure dans un tohu-bohu, un grand désordre et une absence totale de vie,
d’énergie et de sens. Déjà, à la création du monde, la présence de l’Esprit a été vivifiante et
génératrice d’une profusion de vie, de fécondité et de lumière. A Nazareth, lors de la nouvelle
création, la Vierge Marie, la nouvelle Eve, la mère de la nouvelle humanité s’était totalement
abandonnée à l’action de l’Esprit. « L’Esprit Saint viendra sur toi, dit l’ange Gabriel à Marie
et la puissance du Très haut te prendra sous son ombre » (Lc. 1,35).
A la Pentecôte, dans la chambre haute où les Apôtres s’étaient réunis pour attendre que
mûrissent les fruits de la mort et de la résurrection du Christ, l’Esprit Saint était là comme une
lumière, une puissance d’amour et une force vitale qui fit naître une nouvelle communauté
humaine toute réconcilier avec Dieu et à l’intérieur d’elle-même, une communauté humaine
où les barrières sociales, linguistiques, continentales, religieuses ont été abolies (Ac 2,1-13).
Une communauté où avec beaucoup d’humilité, de douceur, de patience, on apprend à se
supporter les uns les autres avec amour et à garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix.
Dans notre vie personnelle, lorsque nous expérimentons la pauvreté et la faiblesse de
notre foi et de notre existence chrétienne et notre incapacité d’être des adorateurs en Esprit et
en vérité et de dialoguer intimement avec Dieu, l’Esprit fait de nous des fils et « vient au
secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut et en
contact avec Dieu » (Rm 8,26-27).
Conscients du rôle et de l’indispensable présence de l’Esprit en tout ce que Dieu veut
réaliser pour nous, par nous et en nous, nous voulons initier les travaux de notre Assemblée
plénière la venue sur nous de ce même Esprit de Dieu. Nous savons que sans son assistance
constante, notre réunion et nos travaux risquent de ressembler aux réunions et aux travaux
politique et les grands de ce monde. Sans l’Esprit Saint, il nous sera difficile d’avoir le regard
sur les événements et sur les hommes. Sans l’Esprit Saint, nous ne pouvons avancer dans
notre ministère apostolique pour parler au monde le mystère de l’Evangile avec la même
assurance, la même hardiesse et le même courage que les premiers Apôtres.
C’est pourquoi, ce matin nous voulons humblement reprendre l’hymne de la Pentecôte
et invoquer sur nous la venu de l’Esprit Saint :
« Veni, sancte spiritus ,
et emitte coelitus lucis tuoe radium.
Veni, Pater panperum,
veni dator munerum,
veni Lumen cordium »
« Viens Esprit de Dieu
et fais jaillir des cieux l’éclaire de ta splendeur,
viens, Père des pauvres,
viens Esprit généreux,
viens, Lumière des cœurs »