© Hervé BERNARD 1980-2007
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Regard sur l’image
© texte et images Hervé BERNARD 1980-2007
CHAQUE PARTIE DU LIVRE COMMENCE PAR UNE IMAGE
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« La plupart des gens apprennent à lire à l’école, mais pas à décrypter les images. Ils
pensent que la culture visuelle pousse dans les arbres. Les magazines, la TV, la mode,
l’architecture…Ils considèrent ces choses comme naturelles. Une belle preuve de non-
éducation visuelle. »
Interview du plasticien de Mike Kelley, par Bérénice Bailly, Le Monde du 29 juin 2006
« Ce que je dis pour ma part, c’est qu’on n’a pas besoin d’éduquer à l’image, c’est-à-
dire qu’on ne doit pas s’intéresser à une image, puis à une autre image, etc. ; les images
nous arrivent, on ne peut qu’éduquer un regard, et plus précisément construire un
regard. »
La compréhension des images nécessite-elle une éducation ?, interview de Marie-José
Montzain du 18/06/2003, propos recueillit par Laure Becdelièvre et Christophe Litwin,
extrait de l'entretien donné par Marie-José Mondzain le 18 juin 2003 pour
CineLycee.com.
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« Regard sur l’image ! »
point(s) de vue sur l’image
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PREAMBULE
Pour être diffusée, quelque soit sa forme : peinture, graphique, cinématographique,
vidéographique ou, même, simple photocopie, une image subit des transformations. Et,
ces transcriptions d’un support à l’autre entraînent des variations de teintes, de
contrastes (…) variations qui affecteront son sens. Dans un premier temps, j’explorerais
ces transformations assimilables à des transformations photographiques et leurs
influences sur l’interprétation des images. Influences d’autant plus importantes
qu’aujourd’hui, avec la multiplication des techniques de reproduction le domaine de la
photographie s’est étendu à l’image au sens large. C’est pourquoi, j’ai choisi, au-delà de
mon expérience de photographe, de traiter de l’image photographique dans la première
partie de ce livre. En effet, aujourd’hui, toute image passe par un stade photographique
à un moment de sa vie : la diffusion. Quelque soit la forme de cette diffusion :
imprimée, vidéo, télévisuelle, numérique ou cinématographique, celle-ci a toujours
recourt aux principes de la technique photographique.
Dans un second temps, j’aborderais les opérations de notre système visuel et de
perception ; leur portée sur notre lecture des images et, par conséquent, sur notre lecture
du monde.
Dans la troisième partie, je tenterai de comprendre les causes du rejet ou de l’idolâtrie
de l’image et aussi, comment l’image est un des fondements de la civilisation
occidentale.
À aucun moment, je n’ai l’ambition de donner un sens à telle ou telle couleur, à tel
angle de prise de vue, ou encore de faire un historique de la couleur ou une
nomenclature. Ce livre n'est surtout pas une histoire de l’image. J’aimerais juste éveiller
nos sens, c’est à dire ceux de l’observateur que chacun d’entre nous est. Pour cela, je
soulignerais la forte imbrication de la créativité et de la technique mais aussi, celle du
couple perception-culture…
J’observerai le fonctionnement de la perspective… Et je ferais des aller-retours entre la
couleur objective et la couleur subjective, pour constater que l’image, tout comme la
couleur, est à la fois objective et subjective. Vouloir séparer l’objectif du subjectif dans
ce domaine est au mieux utopique. La force de l’image réside peut-être dans son
empirisme, cette position entre-deux.
Tout au long de ce livre, je m’interrogerais aussi sur ce fameux effet de réel ”. Existe-
t-il ? Et si l’image telle que l’a pensée l’Occident, était victime d’elle-même et de son
immédiateté ? Je prolongerais cette visite par un regard sur notre regard pour constater
que lui aussi est situé dans cet entre-deux.
Finalement, ce livre est celui d’un créateur d’images (fixes ou animées) qui a été aussi
journaliste-technique sur l’image. Comprendre la différence entre une image numérique
et une image argentique m’a conduit à tenter de comprendre comment l’image
fonctionne. C’est donc une synthèse de ces deux expériences qui m’ont amenée à
réfléchir sur la perception visuelle et l’image.
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INTRODUCTION
L’IMAGE
Physiquement, l’image est un amas, un treillis de points lumineux collecté par la rétine.
Dans ce sens le monde est toujours une image pour l’homme car toute notre perception
visuelle devient une image au fond de l’œil.
Étymologiquement l’image est ce qui imite, qui prend la place de ”, dans le sens de
remplacer ; tandis que le sens latin de ce mot désigne la statue. Mettre en image, c'est
donc immobiliser, figer et regarder une chose qui est à la place d’une autre.
Que l'on photographie filme ou peint, on fige non seulement les évènements : objets,
personnages (…) mais aussi le point de vue physique adopté. Cette immobilisation est
donc spatiale et temporelle mais aussi le point de vue physique adopté comme le montre
notamment le travail de Rodtchenko (vues de Moscou…). Doublement spatiale : prise
de position physique qui donnera l’angle et prise de champ visuel en fonction de la
focale peu importe que celle-ci soit une focale réelle dans le cas de la photographie et
du cinéma ou une focale imaginée dans le cas de la peinture ou du dessin. Ces deux
immobilisations spatiales produiront le cadre qui, en tant que découpage ou encore
fenêtre sur la réalité –ce n’est encore qu’une question de point de vue– est lui aussi,
un échantillonnage spatial. Ces deux questions sont, à mon sens, commune à la peinture
qu’elle soit figurative ou abstraite comme je le montrerais dans la première partie.
Selon le Petit Robert, en français, le premier sens du mot image (1170) est :
« reproduction inversée qu’une surface polie donne d’un objet qui s’y réfléchit ».
Toujours selon ce dictionnaire, le second sens (1597) est : « reproduction exacte ou
analogique d’un être, d’une chose » et c’est seulement au XVIe siècle que ce mot
désignera la « représentation mentale d’origine sensible ».
Plus généralement donc, l’image désigne avant tout ce qui appartient au domaine de la
représentation, vaste domaine, d’une imprécision totale quant aux modes, aux moyens
de cette représentation. Ainsi, le domaine de l’image concerne aussi bien la peinture, le
dessin que la photo, la télévision ou encore, une image mentale ou verbale comme
l’allégorie. Une image figure donc une chose différente d’elle-même. Pourtant, cette
représentation se fait avec le minimum de similarité –avec l’objet ou l’idée exprimée–
nécessaire à l’identification qui, dans ce cas là, est du type A=B ou A=±B. Avec ces
deux égalités extrêmement restrictives toutes les autres définitions et notamment les
images verbales, sont écartées. Cependant, ces deux égalités sont erronées comme le
montre David Marr pour qui une image, ne représente jamais la réalité (cf. deuxième
partie de cet ouvrage).
Cette réplique, dans le sens copie de la réalité, n’existe pas car elle passe toujours par le
filtre d’un système d’interprétation :
- la perspective,
- le noir et blanc, la couleur…
- le réalisme, la poésie ou la langue… Cette dernière est d’ailleurs
extrêmement imprécise quand il s’agit de décrire les couleurs.
Leurres supplémentaires, quelques uns de ces filtres, comme le noir et blanc et la
couleur auraient, selon certains praticiens de l’image, des valeurs naturelles. Où peuvent
se situer les valeurs naturelles du noir et blanc qui n’existe pas, isolé, dans la perception
visuelle humaine, sauf déficience de notre système perceptif. Quant aux valeurs de la
couleur, elles changent avec l’éclairage ambiant et la technique de reproduction… À
ces filtres viennent s’ajouter les grilles de lecture appliqués sur l’image par des
professions : physiciens, médecins, chercheurs ou encore par les différentes cultures et
époques.
VITRAIL DE L’ÉGLISE DE LADON, LOIRET
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