
Russell et la philosophie 2003 
 
Quelques remarques de Russell sur la philosophie 
 
Philosophie aride et générale 
Avant tout, la philosophie est générale, aride et abstraite. Elle est une « connaissance 
abstraite de l’universel » (Problèmes de Philosophie, 1912, p. 185 ; PP). Plus tard, en 1914, 
Russell déclare « la philosophie aspire à ce qui est général », et, par ce caractère, elle est, 
ajoute  Russell,  « une  étude  à  part  des  autres  sciences »  (La  Méthode  scientifique  en 
philosophie ou Notre Connaissance du monde extérieur, 1914, p.238 ; MSP). Cette généralité 
distingue  la  philosophie  des  sciences,  sauf  des  mathématiques.  Dans  le  même  texte,  il 
ajoute à propos des sciences qu’elles « ne peuvent établir des résultats philosophiques, et, 
inversement, ces résultats ne peuvent être tels que l’on conçoive qu’une autre science les 
contredise. »  (MSP  238-239).  Russell,  en  lisant  l’ouvrage  de  Couturat  De  l’Infini 
mathématique, avait  écrit en marge de sa main : « You use the test  of utility too  much », 
lorsque Couturat fait des choix philosophiques qui permettent l’extension des nombres en 
fonctions  d’arguments  philosophiques  ou,  qu’au  contraire,  il  fait  référence  aux 
mathématiques  pour  justifier  des  positions  philosophiques.  Il  faut  faire  une  séparation 
entre la philosophie et les sciences, ne pas supposer de critères d’utilité de l’une à l’autre. 
La généralité de la première sera un critère de distinction. « La philosophie ne devient pas 
scientifique  en  faisant  usage  des  autres  sciences,  à  la  manière  d’Herbert  Spencer,  par 
exemple.    La  philosophie  aspire  à  ce  qui  est  général,  et  les  sciences  spéciales,  tout  en 
suggérant d’amples  généralisations,  ne  peuvent  les  rendre  certaines.  Une  généralisation 
hâtive  comme  celle  de  l’évolution  chez  Spencer,  n’est  pas  moins  hâtive  parce  qu’elle 
généralise la théorie scientifique la plus  récente. La  philosophie est  une  étude à part  des