Nous avons le plaisir de vous annoncer la soutenance de thèse de Préhistoire de Ronan Orain : "Environnements et climats des Homininés en Italie centrale et méridionale au Pléistocène moyen : Apports de l’analyse pollinique" qui se déroulera le mercredi 1er octobre 2014 à 13h30 à l'amphithéâtre de l'Institut de Paléontologie Humaine, 1 rue René Panhard, 75013 PARIS devant un jury composé de : Mme Anne-Marie Sémah, Directrice de recherche (IRD, UMR CNRS-7159), Directrice de Thèse M. Vincent Lebreton, Maître de Conférence HDR du MNHN, Co-Directeur de Thèse Mme Elda Russo Ermolli, Chercheur HDR, Université de Naples (Italie), Co-Directeur de Thèse Mme Adèle Bertini, Chercheur HDR, Université de Florence (Italie), rapporteur M. Chris Hunt, Professeur, Université de Belfast (Royaume-Uni), rapporteur M. Jacques-Louis de Beaulieu, Directeur de recherche (CNRS UMR-6116), rapporteur Mme Nathalie Combourieu-Nebout, Directrice de recherche (CNRS UMR-8212), examinateur M. Carlo Peretto, Professeur, Université de Ferrare (Italie), examinateur La soutenance sera suivie d'un pot à l'Institut de Paléontologie Humaine. Résumé : Au Pléistocène moyen, un ensemble de populations humaines, porteur de nouvelles traditions techniques du Paléolithique inférieur de Mode 2, occupe l’Italie. Les sites de Notarchirico, La Pineta, Loreto, Fontana Ranuccio, Guado San Nicola témoignent d’occupations préférentielles des vallées des Apennins centrales et méridionales. La palynologie constitue un outil puissant pour extraire les informations paléoécologiques, paléoenvironnementales et paléoclimatiques des archives sédimentaires contemporaines de ces occupations. Ainsi, la séquence pléistocène moyen du bassin de Boiano (Molise, Italie) documente les dynamiques environnementales survenues dans ce bassin des Apennins méridionales. La palynologie a permis d’affiner la chronostratigraphie des dépôts du bassin de Boiano en enregistrant ainsi les changements de végétation survenus entre les stades isotopiques 13 et 9. La séquence pollinique constitue le premier enregistrement des stades 11 et 9 en Italie. Les dynamiques de végétation restituées décrivent la succession d’un interglaciaire méditerranéen au MIS 13, d’un glaciaire intense au MIS 12, puis d’un nouvel interglaciaire tempéré et humide au MIS 11. Enfin, après un hiatus correspondant au MIS 10, un interglaciaire méditerranéen correspondant au MIS 9 termine la séquence. Les interglaciaires sont caractérisés par la succession de forêts caducifoliées, accompagnées de quelques taxons sclérophylles lors des épisodes méditerranéens, puis de forêts de conifères d’altitudes. Le seul épisode glaciaire est quant à lui marqué par des milieux ouverts et un développement limité de la steppe. Les reconstitutions environnementales basées sur les diagrammes polliniques et les reconstructions des paramètres climatiques à partir de l’Approche par la Coexistence montrent que l’humidité climatique est le paramètre clé variant le plus entre les différentes phases climatiques enregistrées au sein des différentes séquences des Apennins Méridionales. Cependant, une forte représentation des Cyperaceae tout au long de la séquence témoigne du maintien d’une importante humidité édaphique locale conditionnée par la morphologie du bassin. Cette constante a influencé le développement de la végétation locale, faisant du bassin de Boiano une zone refuge pour les taxons exigeants en humidité. Carya persiste ainsi jusqu’au MIS 9, son enregistrement le plus récent en Europe occidentale. Dans le même temps, Picea se maintient à la faveur de cette humidité locale et de niches d’altitude sur les reliefs voisins. A l’opposé, ces conditions singulières limitent le développement de taxons inféodés à des sols plus secs. Ainsi, Quercus est peu abondant à Boiano, alors qu’il est généralement largement dominant dans les assemblages du Pléistocène moyen italien. La forêt méditerranéennee est aussi peu représentée durant les interglaciaires. Enfin, Fagus ne se développe que tardivement à Boiano par rapport au reste de l’Italie méridionale. La densité de sites préhistoriques d’Italie centrale et méridionale pourrait s’expliquer par les ressources que représente la biodiversité faunistique et floristique de ces écosystèmes privilégiés, mais aussi par les possibilités pour les groupes humains de se maintenir dans la région durant les phases glaciaires, probablement dans les zones refuges locales. Ces espaces protégés ont pu permettre une persistance des écosystèmes les plus exigeants, offrant aux Homininés une opportunité de conserver leurs comportements malgré la pression climatique dont les effets sur les environnements auraient été modérés. Abstract: During the Middle Pleistocene, a set of human populations, characterized by the Lower Palaeolithic Mode 2 traditions, occupied Italy. Sites such as Notarchirico, La Pineta, Loreto, Fontana Ranuccio and Guado San Nicola point to preferential settlements in the valleys of Central and Southern Apennines. Palynology represents a powerful method to extract palaeoecological, palaeoenvironmental and palaeoclimatic data from sedimentary archives that are contemporaneous of these occupations. Thus, the infilling sequence of the Boiano basin (Molise, Italy) documents the environmental dynamics that occurred in this part of the Southern Apennines during the Middle Pleistocene. Palynology clarified the chronostratigraphy of the deposits by highlighting the vegetation changes between isotope stages 13 and 9, providing the first records of MIS 11 and MIS 9 in Italy. The reconstructed vegetation trends show the succession of a Mediterranean interglacial during MIS 13, an intense glacial phase during MIS 12 and a temperate and wet interglacial during MIS 11. Finally, following a hiatus corresponding to MIS 10, a Mediterranean interglacial episode dated to MIS 9 ends the sequence. Interglacial phases are characterized by the succession of deciduous forests, with a few xerophyte taxa during Mediterranean episodes, then altitude coniferous forests. The only glacial phase records open environments with limited steppe development. Pollen based environmental reconstructions and climate quantifications through the Coexistence Approach method illustrate that humidity is the most important key factor along climate phases recorded among the sequences from the Southern Apennines. However, all over the sequence, the record of high amounts of Cyperaceae indicate the maintenance of important edaphic humidity, favored by the basin morphology. The continuous presence of wet conditions influenced the local vegetation development. The Boiano basin thus constituted a refuge area for taxa requiring important humidity. Carya persisted until MIS 9, its latest record in Western Europe. In the meantime, Picea maintained thanks to local humidity and propitious altitude niches on the surrounding reliefs. On the other hand, these conditions limited the development of taxa requiring dry soils. Thus, Quercus is never abundant at Boiano, whereas it is often the dominant taxon in the other Middle Pleistocene interglacial records of southern Italy. Mediterranean vegetation is also rather scarce during interglacial phases. Finally, the development of Fagus occurred later at Boiano with respect to the other basins of southern Italy. The density of prehistoric sites in central and southern Italy could be explained by the abundance and diversity of resources that the regional biodiversity offered in the local ecosystems, but also by the opportunity for human populations to regionally persist during the glacial phases in refuge areas. These protected environments could have led to the persistence of humidity requiring ecosystems, from which hominines could have maintained their behaviors despite the climate changes whose effects on local environments would have been weakened. Riassunto: Nel Pleistocene medio un gruppo di popolazioni umane, portatrici delle nuove tradizioni tecniche del Paleolitico inferiore di Modo 2, occupano l’Italia. I siti di Notarchirico, La Pineta, Loreto, Fontana Ranuccio, Guado San Nicola attestano un’occupazione preferenziale delle valli degli Appennini centrali e meridionali. La palinologia rappresenta un efficiente strumento al fine di estrarre informazioni paleoecologiche, paleoambientali e paleoclimatiche dagli archivi sedimentari contemporanei alle sopracitate occupazioni. La sequenza del Pleistocene medio del bacino di Boiano (Molise, Italia) documenta le dinamiche ambientali succedutesi in quest’area degli Appennini meridionali. La palinologia ha permesso di affinare la cronostratigrafia dei depositi del bacino di Boiano registrando inoltre i cambiamenti della vegetazione avvenuti tra gli stati isotopici 13 e 9. La sequenza pollinica costituisce la prima testimonianza in Italia degli stadi 11 e 9. Le dinamiche di vegetazione rese dal presente lavoro, descrivono lo sviluppo di una fase interglaciale mediterranea durante il MIS 13, seguita da un intervallo glaciale intenso caratterizzante il MIS 12 e da un successivo periodo interglaciale temperato e umido durante il MIS 11. Infine, dopo uno iato che corrisponde al MIS 10, segue un interglaciale mediterraneo coincidente con il MIS 9, il quale chiude la sequenza. Gli interglaciali sono caratterizzati dapprima dallo sviluppo di foreste caducifoglie, accompagnate da alcuni taxa sclerofilli durante gli episodi mediterranei, poi succedute da foreste di conifere d’alta quota. L’unico evento glaciale è invece contraddistinto da paesaggi aperti e da uno sviluppo limitato della steppa. Le ricostruzioni ambientali basate sui diagrammi pollinici e le restituzioni dei parametri climatici dedotti tramite la Coexistence Approach, mostrano come l’umidità climatica sia il parametro chiave maggiormente variabile tra le diverse fasi climatiche. Inoltre, un’importante rappresentazione delle Cyperaceae durante tutto il corso della sequenza testimonia il mantenimento di una notevole umidità edafica, condizionata dalla morfologia del bacino. Questa costante ha influenzato lo sviluppo della vegetazione locale, rendendo il bacino di Boiano una zona-rifugio per i taxa particolarmente esigenti in umidità. È così che Carya persiste sino al MIS 9, rappresentando la sua testimonianza più recente in Europa occidentale. Parallelamente, anche Picea perdura, grazie alla suddetta umidità locale e alla presenza di nicchie in alta quota sui rilievi limitrofi. Tali particolari condizioni, al contrario, limitano lo sviluppo di taxa necessitanti di suoli più asciutti. Pertanto Quercus è piuttosto scarso a Boiano, quando invece è generalmente dominante -nelle associazioni del Pleistocene medio italiano. La foresta mediterranea è altresì poco rappresentata durante gli interglaciali. Infine, Fagus si sviluppa solo tardivamente a Boiano, rispetto al resto dell’Italia meridionale. La densità di siti preistorici in Italia centrale e meridionale può essere spiegata con la presenza, in questi ecosistemi privilegiati, di risorse contraddistinte da un’importante biodiversità faunistica e florale. Ciò implica che durante le fasi glaciali i gruppi umani avrebbero avuto la possibilità di sostentarsi, sfruttando probabilmente le zone rifugio. Queste aree protette hanno permesso la persistenza degli ecosistemi tra i più esigenti, offrendo agli Ominini un’opportunità di conservare i loro comportamenti nonostante la pressione climatica, i cui effetti sull’ambiente sarebbero stati (comunque) moderati