sont inexcusables. Les pays occidentaux ont une dette écologique à l’égard des pays du Sud.
En France, le système économique de notre mode de vie consomme l’équivalent de 2,7
planètes. Il est physiquement et matériellement impossible que tous les habitants du monde
vivent de la même façon.
À l’heure du bilan du protocole de Kyoto de 1998 sur le climat, et alors que se tiendra dans
les prochains jours à Copenhague une nouvelle conférence sous l’égide de l’ONU, les
résultats apparaissent tout à fait modérés. L’expérience du protocole de Kyoto montre la
faiblesse d’une convention internationale qui n’est pas retranscrite en droit interne ni adossée
à une procédure de sanction, en cas de manquement.
L’Union européenne s’est certes engagée en faveur de l’environnement en édictant, à la fin de
l’année 2008, l’objectif du triple 20 en matière énergétique : en 2020, les pays européens
devront avoir réduit de 20 % leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de
1990, les énergies renouvelables devront représenter 20 % des énergies utilisées dans l’Union
et les États membres devront avoir réalisé 20 % d’économie d’énergie. Mais cela ne suffit pas.
Selon les experts du climat, pour éviter un réchauffement supérieur à deux degrés, les pays
industrialisés doivent se fixer une fourchette de réduction de leurs propres émissions de 25 à
40 % d’ici à 2020, avec comme objectif de passer à 80 % avant 2050.
La bataille contre l’effet de serre, comme la transition des politiques énergétiques qu’elle
implique, ne peut se réduire à la somme des modifications de comportements individuels. Elle
ne pourra être remportée si nous n’assumons pas certaines ruptures avec le productivisme et le
retour à l’action des pouvoirs publics, au service de l’intérêt général. Au laisser-faire libéral
comme au mythe du marché régulé, nous voulons opposer la volonté politique. Les seules
mesures incitatives ou correctives avancées par le Gouvernement ne suffiront pas à stopper à
temps la marche du capitalisme, source de désastres écologiques.
Contrairement aux propos souvent fallacieux de ses détracteurs, la planification ne s’est pas
limitée historiquement à l’expérience du régime soviétique. La planification française n’a pas
été l’équivalent de l’abolition de l’initiative privée, de la restriction des libertés individuelles
et d’une vision comptable déshumanisée de l’activité économique.
Son plus bel exemple a été inscrit dans l’histoire nationale à l’initiative du général de Gaulle.
Conçu pour moderniser la France, le Plan a procédé de façon non pas autoritaire mais
incitative, non pas seulement à l’initiative de l’État mais par l’association du secteur privé et
des partenaires sociaux. À dix reprises, le Commissariat général au Plan s’est livré à
l’exercice de la planification jusqu’en 1992. Ensuite, l’idéologie du tout-marché a pris le pas.
Les autorités publiques refusent désormais de planifier, au motif qu’elles préfèrent
programmer de façon sectorielle.
Pourtant, de nos jours, de brillants économistes, comme James Galbraith, aux États-Unis,
prônent la nécessité d’une planification fondée sur la volonté de préserver l’environnement.
Ils contestent les idées reçues du libéralisme économique issues de l’ère Reagan et de la fin de
la guerre froide. Selon Galbraith, « il faudra nécessairement retirer du champ d’action des
entreprises privées un élément central de la vie économique – le contrôle des sources et des
usages de l’énergie – et le placer sous administration publique. »
La mise en sommeil du Plan, en 1992, a vu en revanche l’implication grandissante des
collectivités locales aux côtés de l’État dans la mise en œuvre territorialisée des politiques
nationales. Les contrats de plan État-régions, rebaptisés « contrats de projet » en 2007, sont
actuellement dans leur cinquième génération. Ils ont pour ambition de relayer les choix
stratégiques nationaux et communautaires en termes d’infrastructures. La création d’un Plan
écologique de la Nation rendrait à la délégation à l’aménagement du territoire et à l’action